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Aemilius genitor nobis : ego nomine eodem,
Qui sun, qua secta, stirpe, lare et patria,
Adscripsi, ut nosses, bone vir, quicumque fuissem,
Et notum memori me coleres animo.
Adscripsi, ut nosses, bone vir, quicumque fuissem,
Et notum memori me coleres animo.
Ausone écrivant à son cher Syagrius (Préfaces, 2) :
Aemilius est mon père, je porte le même nom
Je vais dire qui je suis, quelle fut ma vie, mon origine, ma famille, ma patrie,
Afin que tu apprennes à me connaitre, excellent homme,
Et que mon souvenir conserve une place en ton cœur.
Je vais dire qui je suis, quelle fut ma vie, mon origine, ma famille, ma patrie,
Afin que tu apprennes à me connaitre, excellent homme,
Et que mon souvenir conserve une place en ton cœur.
et il ajoute : Ce que nous aimons, nous, c'est le nom de la souche même, du chef de la famille, et non du parentage.
Préambule sur l'ECRITURE DE LA LANGUE LATINE et sa PRONONCIATION :
La langue latine primitive s'est patiemment transformée en latin classique. Ce n'est qu'au début du IIème S. avant notre ère que son écriture se fixe. Il est communément admis que son acte de naissance dans les sources documentaires connues se trouve dans cette plaque trouvée en Espagne, datée de l'an de Rome 565, soit de -188 dont le texte est un décret de Aemilius Paulus Macedonicus qui était alors Proconsul de l'Espagne Ultérieure entre -191 et -188. J'en parle par ailleurs bien sûr (voir compléments romanité 2) mais au plan linguistique il est à remarquer, (comme je le rappelle plus bas dans les différentes écritures latines des noms aemiliens) qu'on y trouve encore l'emploi des diphtongues "aï" et "oï", le nom de la gens aemilienne y étant toujours inscrit Aïmilios. (rèf. "Synthèses romaines : Langue latine, droit romain..." J. H. Michel, G. Viré; Latomus, 1998). J'ajoute que ce n'est peut-être pas un hasard si cette langue devient "adulte" à cette époque-là : il me semble que ce 2ème S. précédant notre ère fut pour la République Romaine celui de son âge d'or, juste avant la décadence provoquée par les ambitieux successifs qui, jusqu'à César n'auront pour la plupart que le désir de supplanter leurs adversaires pour essayer de s'approprier un pouvoir régalien; c'est le siècle de grandes constructions à Rome comme en Italie, celui de la découverte et de la connaissance de l'héritage intellectuel de la Grèce, de l'expansion définitive hors de la péninsule italienne aussi.
Pour autant la vieille habitude ne disparaîtra pas de sitôt puisqu'elle subsistera jusqu'à la fin du IIIème S. de notre ère ! Dans leurs vers Virgile et surtout Lucrèce substituent sans aucun scrupule à la diphtongue "ae" les deux vieilles syllabes longues "a" et "i"; bien que la prononciation vulgaire les eut alors réunies, la prononciation ancienne, qui les faisait sentir séparément, pouvait donc encore être employée sans pour autant choquer les oreilles délicates de ces antiques 'modernes' ! On pouvait donc encore prononcer [a/ï mi li ous] pour un plus moderne et quasi [é mi li ous]] !!
AMIEL du NOM LATIN AEMILIUS :
Et si l'ANCETRE était une AEMILIA ? :
Il y eut auparavant l'histoire hellène d'Antiope. Est-ce sur ce modèle qu'aurait surgi par simple jeu de mots mais pour une très sérieuse raison une Aem-ilia, que l'on put faire fille d'Enée, le Troyen, et ainsi relier non seulement la famille des Aemilii avec Albe la ville précédant Rome dans le Latium, mais aussi avec la culture grecque pour laquelle les romains ont fini par succomber ? Cette création mythique serait alors aussi l'ancêtre féminine pour une fois de la gens, ce qui est à remarquer dans une si vieille civilisation. C'est en tous cas une question très actuelle dont le détail se trouve dans la partie qui parle de ces origines de la gens Aemilia
Origine des noms-gentilices suivant leur suffixe :
Les familles patriciennes romaines ont généralement le nom de leur gens qui finit en '-ius', marquant par là l'origine de ce nom ancestral et les terminaisons en '-eius', '-aius', '-aeus' ou '-eus' n'en sont que des variations; Aemilius est dans ce cas. D'autres, comme -acus (ex: Avidiacus) sont d'origine gauloise, ceux en '-enus' ou '-ienus' viennent d'Ombrie ou du Picenum, les noms en '-na' (comme Cecinna) sont étrusques tout comme beaucoup de ceux en 'nius'. Certains en 'inius' proviennent des provinces de l'ouest. Ceux en "i(e)dius' sont d'origine osque. D'autres encore ont été formés d'après des noms de villes, Verrès lui se démarque totalement et fut peut-être à l'origine un surnom (cf Mommsen et R. Forsch 1,51).
(=> "Dictionnaire des Antiquités Grecques & Romaines" W. Smith & W. Gayte Marindin ED. 1890).
Une hypothèse originale comparant plusieurs noms de gentes romaines en -ilius comme les Rutilius, Quintilius, Caecilius et Aemilius a conduit à faire dériver ces "patronymes" d'un simple nom individuel tels que : Rut(i)us, Quintus, Caecus et Aemus; concernant nos Aemilius des recherches ont été donc faites sur Aemus (voir page Nominalis qui précède).
Et si AEMILIUS venait de la langue des Sabins? :
Mais des recherches plus récentes indiquent que ce nom latin Aemilius parait avoir été la forme de l'italique Aemedius qui a donné en italien le nom Emidio, lequel est l'équivalent de Emilio, ce dernier traduisant Aemilius comme on le sait. C'est apparemment à une particularité de la langue et des dialectes sabelliques (cette vieille langue des Sabins, l'un des premiers peuples qui ont formé Rome) que l'on devrait cette origine: Cette langue présente en général un "d" pour le "l" latin; les sabins disaient par ex. "dingua" pour "lingua" ou "Kapitodium" pour "Capitolium" selon Marius Victorinus; c'est ce qui explique aussi les noms d'hommes sabins en -dius au lieu des noms d'hommes latins qui sont en -lius. Des formes qui perdureront dans la romanisation jusqu'au VIème S. en France et Italie, et même jusqu'au VIIIème S. en Espagne.
(=> "Introduction à la chronologie du latin vulgaire : Etude de philologie historique" F. George Mohl; Georg Olms, 1974).
Quid de l'origine du prénom exclusif à la gens : MAMERCUS ?
Il faut se rappeler que le prénom Mamercus fut un prénom insigne de la gens Aemilia. Il fut aussi porté comme cognomen par la même et unique gens. Or Mamercus peut aussi être d'origine sabine, formé d'après le nom du dieu de la guerre, Mars; l'une des sous-familles est celle des Paulii et l'on retrouve ce nom à peine déformé dans le nom d'au moins deux villes sabelliques, Pollentia (dans le Picentin) et Pollusca (au pays des Volsques); le nom de la famille s'écrivit pendant longtemps Paullii.
(=> "L'Histoire Romaine à Rome" de J.J. Ampère T. III Paris, Levy, 1862).
Des études plus affinées encore et plus modernes indiquent qu'en admettant à la suite de Festus que le nom Mamercus fut osque (c'est la langue des Samnites, il y désignait le dieu Mars également, voir la citation ci-après), l'on en a par les variantes régionales de Mamerticos en zone sicilienne et samnite ou Mamercius une possible confirmation; mais Mamurce apparait dans pas moins de onze inscriptions étrusques, Mamerce dans trois autres.
D'autre part Aimile lui aussi impliqué dans le latin Aemilius, semble bien étrusque aussi, et il a dû signifier exactement "bronzier", formé peut-être sur "aya-mule ou mulie" signifiant "fondeur de bronze" réalisant des alliages; ce mot originel est devenu 'aimule' puis 'aimile' sous l'effet de l'accent initial. Mamerce peut être vu aussi comme une forme intensive de Marce (soit marteleur) ce qui équivaut à forgeron donc. Voilà un rapport possible entre ces deux noms que portaient les Aemilii. Selon l'historien Schulze Il est singulier qu'à Rome, seules les membres de la gens Aemilia ont porté le prénom Mamercus. Traditionnellement ils se surnommaient ainsi et s'en justifiaient en prétendant que leur famille descendait d'un ancêtre de ce nom, fils du vieux roi Numa ou du moins de son ami, le philosophe Pythagore (cf. Münzer, art. Mamercus & Pierre Grimal dans le Dict. de la Mythologie Grecque et Romaine, paris, 1951). L'histoire de Rome a bien conservé le nom de Mamur(t)ius Veturinus soit Mamurce l'Ancien, nom d'origine étrusque d'un excellent artisan métallurgiste qui a, selon la légende, forgé onze boucliers métalliques sur le modèle de "l'ancile" sacré envoyé par les dieux, tombé du ciel, pour le roi Numa; une œuvre d'exception pour lequel cet homme très habile ne voulut aucun paiement, seulement l'assurance que son nom passe à la postérité (affirmation qui a sans douté été rajoutée suite à la mention de ce nom dans un archaïque "Chant des Saliens"). Ce chant liturgique était si ancien que déjà au IIème S. Cicéron avoue ne plus en comprendre les paroles et nous non plus, du moins de ce qui nous en est parvenu; il était chanté par les prêtres dansants, uniquement des patriciens, pour honorer les dieux Mars et Quirinus. Sans doute plus sérieusement s'agit-il de voir en ce mot 'mamurce' l'appellation étrusque de l'artisan travaillant au marteau et spécialement du forgeron, métier comparable en ce temps-là aux maître-verriers de l'ancien régime par ex.
Donc les plus archaïques Aemilii auraient été des "bronziers", des métallurgistes qui, dès avant l'essor de la Rome latine, firent la prospérité et le renom technique de l'Etrurie. On ne peut s'étonner dans ce cas de la référence légendaire aux reproductions de l'ancile pour le roi Numa, comme entre ces reproductions et les clipeatae, ces figures gravées sur des boucliers qu'emploieront les Aemilii pour flatter leur ego démesuré en les placardant sur leur Basilique comme autant de marques de notoriété. (cf. "L'Antiquité classique" Vol. 28, Univ. de Liège, De Meester, 1959). De la renommée acquise en Etrurie puis confirmée à Rome, leur avenir social propre, leur statut de patricien leur sera ainsi assuré pour pas mal de siècles. Rappelons ici deux citations d'historiens antiques les concernant:
Festus affirme bien que "Mamercus praenomen oscum est, ab eo, quod hi Martem Mamertem appellant" soit : Le prénom Mamercus est osque, venant de Mars qu'ils nomment Mamerto.
Varron, écrivain latin du Ier S. av. JC. dit, quant à lui, que les Aemilius et la gens Aemilia tiennent leur nom d'un ancêtre nommé Aemilius (Varron, "De lingua latina" VIII,4), ce qui, avouons-le, n'est pas une surprise.
- Les différentes notations :
Suivant les supports et la place qui peut être accordée aux noms (monuments, dédicaces, tombeaux, monnaies) le nom Aemilius ou l'une de ses formes latines peut être écrit Aim, Aimi, Aimili, Aimilius, Aimilia pour les plus vieilles notations, Aem, Aemi, Aemil, Aemilius, Aemilia, Aemilii pour les formes d'un latin plus affirmé. La diphtongue "ae" aurait été un affaiblissement de "ai" [aï] (on a en effet écrit "quai Aimilius aiquos" pour "quae Aemilius aequos", 'qui est également Aemilius') ce qui peut confirmer une vieille diction grecque dans laquelle il y eut beaucoup de formes en 'i', puis cette diphtongue s'est transformée en un son simple [ê] qui finira par l'emporter dans la langue parlée. Au point de vue de la romanisation, il n'y a pas lieu de distinguer donc [ae] et [ê]; les règles de l'un s'appliquent à l'autre : [Ae]milius donnera [E]milius, pour autant les traces initiales resteront par le roman Amilius, Amelius, lesquels continueront jusqu'à nos jours avec Amiel et ses apparentés.
- L'évolution de la nomination latine romaine :
Sous l'Empire on verra une évolution notable de la nomination; on ne s'en tiendra plus à l'adjonction à la tria nomina (prénom, nom gentilice, nomen familial dans la gens) d'un simple agnomen; il y aura notamment des noms à rallonge, suite de nombreux qualificatifs surnominaux et finalement peut-être devant cette inflation, l'arrivée d'un phénomène linguistique particulier : les signum et supernomina.
* Les supernomina : Bon là on voit de quoi il s'agit, ce sont les surnoms dont la nomination retrouve régulièrement l'usage dans toutes les langues, ces surnoms dont les origines sont les suivantes : éthiques, vocables de fonction ou de situation sociale, noms d'esclaves, d'affranchis, historiques, hypocoristiques, péjoratifs, quelques cas de métonymie, et puis surtout pour ce qui nous intéresse ici des noms chrétiens ou juifs ! Ces derniers seront ces noms de baptême dont l'église fera nos prénoms, et dont l'usage double fera du second souvent un patronyme. Linguistiquement ces supernomina sont d'origine grecque, latine ou donc barbare.... Les gentilices de la République défunte seront réduits au seul cognomen (nom de la famille dans la gens) et par leurs dérivés en ius/ia seront finalement utilisés comme des agnomen (surnoms). Grandeur et décadence de la nomination latine ?
* Les signa: On les voit dans le domaine funéraire où ils figurent au génitif pluriel dans les épitaphes. Au sens strict ils ont trois caractéristiques : la plupart sont des dérivés en -ius, ils sont toujours employés au masculin même s'il s'agit d'une femme et ils sont précédés de la formule introductive 'signa' ou 'signum'. Enfin il y a des signum détachés du nom.
* Les supernomina ont une origine gréco-orientale et ils furent utilisés surtout parmi les gens ordinaires, simples tandis que les signa furent l'apanage des classes sociales aisées, celles qui sont cultivées, qui connaissent le grec appris dans leur jeunesse et qui se plaisent donc à le montrer dans leurs inscriptions par l'usage du terme dédié de 'signum'.
* Pour être simple que s'est-il passé ? : Un bouleversement, car on va assister après la chute de l'empire, à l'emploi du nom gentilice aemilien comme nom individuel puis comme prénom (nom dit plus tard 'de baptême'), ensuite double prénom (prénom + futur patronyme). Curieusement déjà sous l'empire cela fut bizarrement le cas ! Par une sorte de glissement des termes de la nomination le nomen fut réutilisé comme cognomen car ce dernier prenait une certaine importance comme on vient de le voir; mais il a aussi été réutilisé comme praenomen comme on peut le constater par ex. par un Amelius "praenommé" ainsi dans une inscription de Dacie datée de seulement l'an 270 ! (cf. CIL III, 1228 Apulum). Voici sa traduction (fragment de colonne funéraire): "D. M. Ici (gît) une fillette de l'âge de cinq ans. Aemilius Hermès la mit au monde, l'appela du nom de sa mère, Plotia, et du prénom de son père, Aemilia. C'est ainsi que finit sa vie, (elle) que la mort arracha au seuil de sa vie". Il y a lieu d'ajouter que l'on trouve de semblables notations chez les historiens comme par ex. chez Ammien Marcellin où les termes gentilices sont probablement des praenomen (cf. XXVIII, 4,7 par ex.).
(=> "Supernomina. A study in latin epigraphy" in "Commentationes Humanorum Litterarium" I. Kajunto, Soc. Scientiarum Feunica 40, 1, Helsinki, 1966; ex. repris par Paul Veyne in "Le prénom de Naucellus" en 1964)
Du MIMETISME dans la NOMINATION chez les PEUPLES ROMANISES :
Ce mimétisme souvent constaté dans l'antiquité et ensuite (cf. l'article sur les noms wisigoths) est nommé acculturation volontaire. Il tend à prendre le nom du vainqueur ou du moins du puissant de la région où l'on vit ou nait. Souvent c'est par une parenté de sonorité et accessoirement de sens que cela se fait entre des racines autochtones et latines. Il s'agit donc d'une homophonie voire d'une construction linguistique. Cette acculturation est habituelle, délibérée. En Afrique romaine A. Birley (Names at Leptis Magna; Lybian Studies 19 - 1988, p. 1-19 spécial. p. 3-6 & 15) propose d'associer les noms de fréquence marquée comme Amicus ou Aemilius à une homophonie lybico-punique. Il existait dans cette antiquité romaine des anthroponymes à "double voire triple entrée" linguistique et/ou phonétique dans l'onomastique. Ce jeu de mots habilement élaboré (la langue des oiseaux est là aussi) et compris au passage d'une langue à l'autre n'est pas à éluder dans la romanisation des peuples de l'Empire. Et ces choix onomastiques, loin de prouver une résistance au vainqueur, manifestent à contrario une volonté délibérée de latinisation intégrée à des données locales qu'elle n'effaçait pas, un souci d'acquérir une dénomination nouvelle sans rupture avec ses racines culturelles, sans abandon de son héritage linguistique au sein d'une identité régionale vivante (cf. "L'onomastique dans l'Empire Romain..." in "Noms", p. I à VIII). S'adapter à la situation nouvelle sans perdre ses racines, phénomène largement répandu alors d'intégration volontaire sans pour autant perte de personnalité. Un procédé qui a longtemps perduré ensuite (cf. concept de l'allégeance) mais qui est perdu de vue dans nos sociétés modernes, à tort.
(=> D'après l'article de M-T Raepsaet-Charlier "Réflexions sur les anthroponymes à double entrée" - L'Antiquité Classique, 2005 n°1, pp. 225-231).
Des ANAGRAMMES d'AMIEL bien particuliers :
- Mélia : Ce prénom, anagramme de notre nom, est bien à relier au latin Aemilia dont il est un diminutif moderne via Emilia, ceci bien que certains veulent y voir une hypothétique relation mythologique avec ...le miel ! On peut tout autant et à plus juste raison y voir l'agglutination du latin roman Sancta Amelia en une Sancta Melia !
- Emila : Autre anagramme cette fois occitan; prononcé dans cette langue [émilo] il correspond au français Emile, dont on sait qu'il est la traduction dans cette dernière langue du latin Aemilius !
D'un PAULUS à ST PAUL L'Apôtre :
Nous avons vu que le nom Aemilius s'est grandement diffusé dans l'Empire Romain par imitation des colonisateurs bien avant la propagation de la nouvelle religion monothéiste à vocation universelle. Lorsque la chrétienté sera définitivement installée dans les cœurs le souvenir des temps apostoliques va 'ressusciter' toute une pléiade de noms individuels de martyrs et saints des premiers siècles (dont pas mal d'Aemilius). Dans les pays d'Aude on verra ressurgir un certain Sergius Paulus qui aurait été gouverneur de Chypre alors que le futur St Paul y aborda pour sa mission évangélisatrice. Et ce Sergius Paulus membre d'une gens apparentée aux Aemilii (Paulus le prouve) sera converti par Saül, c à d Paul !
Certains pères de l'Eglise ont pu évoquer l'idée selon laquelle l'Apôtre des Gentils, c'est lui, Paul, qui avait en réalité le prénom juif de Saül, ait pu être un aemilien, ce qui semble tout à fait farfelu et relève plutôt d'un amalgame du à ce qui suit. Par contre, l'hypothèse de St Jérôme, l'un des tous premiers exégètes du Nouveau Testament, qui suggère que St Paul aurait changé son nom juif par ce nom latin si proche pour honorer l'un de ses tous premiers romains patriciens convertis à la nouvelle religion du Christ du nom de Sergius Paulus, Gouverneur de Chypre, est, elle, tout à fait plausible. Il est vrai aussi que St Luc lui-même utilise ce nom de Paul à la place de celui de Saül pour la 1ère fois lorsqu'il parle de cette conversion (Actes des Apôtres 13:9). Quand à St Augustin il joue, lui, sur l'étymologie même du nom Paul, notant qu'en latin ce nom désigne la petitesse, suggérant que Paul désirait être considéré comme le dernier, le plus petit des apôtres (réf: Première Lettre aux Corinthiens de St Paul, 15:9) et non en référence au nom de l'arrogant roi de l'Ancien Testament Saül. Toute spéculation mise à part, ce nom bien romain et illustre de Paul lui a plutôt bien servi dans tous ses périples d'évangélisation, depuis l'Asie Mineure jusqu'en Espagne, en passant par la Narbonnaise et notamment Narbonne où l'on a longtemps pensé qu'il plaça comme premier évêque son premier puissant romain converti, Sergius Paulus, St Paul Serge, à qui est toujours consacré dans cette ville, une vieille basilique dont l'Eglise veut désormais qu'elle ne porte que le nom d'un Paul qui ne serait venu évangéliser le coin qu'au milieu du IIIème S ! (voir article sur Sergius Paulus dans page premiers chrétiens).
(=> "Paul & his letters" J.B. Polhill Broodman & Holman Publ. Nashville Tennessee 1999).
La propagation chrétienne du nom latin AEMILIUS :
On l'a vu, le nom individuel Amelius peut avoir pour origine le nom chrétien d'Aemilius par suite des nombreux martyrs de la foi des premiers siècles. Mais il se peut que la signification même de ce nom aemilien comme on le voit d'ailleurs dans la biographie antique d'Aemilius disciple de Plotin, le philosophe chrétien néo-platonicien, soit directement en cause dans les choix de ce nom chez les adeptes de la nouvelle religion. Pourquoi ? Ameleia en grec aurait signifié "négligence" ou au moins "indifférence, insouciance" d'où le terme 'améléô', ne pas s'inquiéter, négliger, car 'mélété' c'est le soin, l'inquiétude aussi, le préfixe privatif indiquant bien le contraire; on peut penser que les chrétiens des premiers temps aient voulu le joindre, à l'instar de Plotin, à leur nom usuel, car, en effet, de nombreux documents les concernant, nous montrent que, chez eux, il y avait un absolu mépris de la parure, de l'apparence, et même des soins du corps. (cf. "Documents inédits sur l'histoire de France: Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la gaule antérieure au VIIème S." Paris, Hachette).
Du latin AEMILIUS au roman AMELIUS : La NOMINATION au MOYEN-ÂGE :
-1- Selon l'onomastique, beaucoup de noms d'hommes sont devenus des patronymes durant le moyen-âge. La Revue Internationale d'Onomastique (Vol. X, 1958) précise ainsi l'origine latine et même grecque : Aemilius, Aimelius, Emelius : Perin cite Aemilius : "Nom. vir. antiquissima clarissimaque gente patricia". La graphie la plus ancienne étant Aimilius, qu'onomastiquement Forcellini tire du grec Aïmilios. C'est la nécessité de préciser le nom individuel unique, remis en usage par les envahisseurs barbares au VIème S., par l'ajout d'un second nom, que l'on est parvenu (ou revenu selon les pratiques romaines) au système prénom + nom patronymique (+ "de" et nom de lieu, et + surnom éventuellement). Amilius, 1er dérivé roman d'Aemilius latin devient fréquent à/c déjà du VIème S. (cf. Les Rutènes Alex. Albenque; Picard, 1948) et se maintient jusqu'à ce qu'il soit supplanté par la forme Amelius qui se généralise fin IXème S. début Xème. La forte progression démographique qui suit l'An Mille est souvent avancée pour expliquer cette nécessité de double nom avec sans doute aussi la mise en place de la féodalité, la montée en puissance des organisations seigneuriales comme des organisations ecclésiales, remplaçant le vieux fonds romain, lesquelles dénominations doubles devenant nécessaires pour bien repérer les individus dans les actes et leurs parents, héritiers. Notons pour mémoire que pour quelques chercheurs, Amilius pourrait être une latinisation (-ius) du nom celto-germanique Amilo (cf. par ex. G. Villette in Bull. de la Soc. Archéol. d'Eure-et-Loir, Vol. 19, 1974, p.35), hypothèse que l'on peut comprendre si, en bon français l'on veut à tout prix se rattacher (et rattacher sa langue) plutôt à des origines purement anglo-saxonnes qu'à des origines méditerranéennes et accessoirement latines ou, et c'est mon opinion, si l'on suit l'hypothèse que cette appellation ait pu être agglomérée au latin pré-roman Amilius par les wisigoths en Septimanie! mais on va y voir à coup sûr un parti-pris anti-français ! (voir notice plus bas, "D'Amelius à Amiel via les Amali).
-2- Pourtant comment faire fi en particulier du processus d'évolution latino-roman ci-dessus pour ce nom typiquement roman et donc latin d'origine ? Ce nom est bien dérivé d'Aemilius, lequel Aemilius fut porté dans le monde romain républicain par des patriciens il y a plus de vingt siècles, puis par les gallo-romains, hispano-romains et autres de l'Empire, souvent des gens ordinaires d'ailleurs, pendant les cinq premiers siècles de notre ère, par piété familiale ancestrale puis par imitation admirative chez les colonisés, par d'authentiques descendants de la gens latine puis par les autochtones et leurs envahisseurs, wisigoths au sud de la Gaule, ostrogoths en Italie, et il est enfin parvenu ainsi jusqu'à la nouvelle organisation féodale de la société, à compter du IXème S. La différenciation du nom Amelius en-deçà et au-delà de la Loire, aboutissant à Amiel au sud et Emile au nord de cette limite approximative est significative de la différence linguistique majeure entre langue d'oc et langue d'oïl qui existait déjà avant l'arrivée des Franks; mais elle fut renforcée par leur arrivée, surtout dans la partie septentrionale de la Gaule romanisée; la Loire étant la limite habituellement donnée des deux influences à partir de la fin de ce IXème S.; on peut dire qu'à partir du début du Xème S. l'occitan s'est définitivement formé sur les seuls débris de la vieille langue latine, devenant une langue à part entière alors que les parlers d'oïl nouvellement germanisés mettront plusieurs siècles pour former la langue française, laquelle n'est que le parler d'oïl de ce Val de Loire si cher à François Ier, au XVIème S. A la limite des deux influences, mais en restant en pays d'oc, dans la région du Limousin, une étude des noms trouvés dans les actes à partir de l'an mil jusqu'en 1130 fait apparaitre un phénomène anthroponymique particulier, se limitant à une dizaine seulement de noms dits "noms-leaders"; parmi ceux-ci figure celui d'Amelius; mais bien entendu c'est une observation qui n'est valable que pour le milieu aristocratique régional; il montre toutefois que la prédominance linguistique romane et donc latine montait encore au XIIème S. au moins jusqu'aux limites sud du bassin de la Loire.
-3- D'autre part la propagation du nom individuel amelien doit sans doute aussi beaucoup à l'influence majeure de l'église; nombre de martyrs des temps apostoliques et de saints du haut-moyen-âge ont porté ce nom latin et porter le nom d'un saint (il s'agit alors d'un hagiopatronyme) ne pouvait que rejaillir, à l'exemple des croyances antérieures, que favorablement sur ceux qui en étaient revêtus. Pourtant les saints aemiliens ne seront plus en vogue comme prénom, ce dès le moyen-âge tardif: si l'on considère la fréquence dans le corpus des prénoms en usage en Languedoc entre 1345 et 1444 c'est Jean, Pierre et Guillaume qui arrivent en tête; il faut croire qu'alors ce fut désormais un patronyme le plus souvent (voir point 4 suivant). Pourtant on peut voir qu'à Marseille au cœur de ce même moyen-âge, mais au XIIIème S., le prénom Amelius parait encore bien porté avec les Foulques, Rostang, Olivier ou Isnard ou les plus curieux Montoliveus ou Rabastencus ! Toujours est-il qu'en règle générale le nom de baptême devient un marqueur à la fois religieux, social et familial gravant l'église comme puissance incontournable dans la société du moyen-âge; cette véritable "révolution anthroponymique" catholique semblant toutefois s'être accomplie cette fois plus rapidement en France du nord et Angleterre qu'en Occitanie et Italie.
-4- Comment expliquer ce peu d'engouement pour le prénom Amelius en Languedoc ? Une étude de la fréquence des prénoms (noms de baptême) portés en 1271 dans le comté de Toulouse, effectué d'après le Saisimentum (ou prise de possession du comté par le comte de Poitiers suite à l'annexion par le roi de France consécutivement à la Croisade albigeoise) place quasiment Amelius en dernière position (24 occurrences), les plus portés étant Guillaume (247 occ.), Pierre (206), Raymond (189), Bernard et Arnaud (159); on peut en déduire que notre nom était déjà devenu essentiellement patronymique dans sa propre région de prédilection (cf. article de l'abbé Galabert in Bull. de la Soc. Archéol. du Tarn&Garonne, T.19, Montauban, 1891). D'ailleurs en tant que patronyme, Odette Bedos se référant au Dictionnaire de la langue toulousaine de Jean Doujat publié en 1638, indique que le nom Amiel y est le 1er cité pour les noms d'origine latine (précisant que cette langue fut celle de toute la région sud depuis -120 jusqu'au Vème S. de notre ère) (cf. revue "Couleurs Lauragais" n° Août 2001).
-5- Bien sûr il faut y ajouter sans doute les autres origines : Quelques juifs portant le nom d'origine hébraïque Amiel, descendants de ceux qui suivirent les Romains dans leurs installations coloniales, les pays d'Aude se souviennent encore de ce peuple pérégrin dans la toponymie notamment et dans la fameuse kabbale dont Narbonne fut le centre au moyen-âge, mais je n'ai trouvé que peu de juifs de notre nom au moyen-âge. Enfin pour ma part j'ajoute la pure origine romane faisant référence à cet arbre méditerranéen si commun dans le paysage encore de nos jours, l'amandier et surtout son fruit, l'amande dont la traduction en la vieille langue vernaculaire correspond au patronyme Ameilh.
-6- Comment s'est passé toute cette transition onomastique majeure ? . Le Manuel de Diplomatique d'Arthur Giry (Hachette, Paris, 1894) l'explique en s'appuyant sur les appellations des individus dans les chartes conservées dans la recension qu'en ont fait les nombreux cartulaires des établissements religieux comme civils; l'auteur a pu repérer des périodes, des zones et des transformations à cet égard. C'est à partir surtout de la 2ème moitié du XIIème S. que, dans le sud de la France, on utilisera souvent deux noms pour nommer les personnes, afin de pouvoir les distinguer car plusieurs portent le même unique nom individuel jusque là. On trouvera par ex. un "Poncius Amelius" dans le Cartulaire de Lérins dès 990 (Pons Amiel) ou un "Amelius Simplicius" en 997 dans le Plantaurel entre Garonne et Ariège. Ces doubles noms se répandront ensuite dans la moitié nord.
-7- Comment cette évolution eut-elle lieu de façon pratique? La revue "Le Moyen-Age" vol. 30 (La Renaissance du Livre 1919) indique pour sa part pour le nom Amiel : ...on le retrouve aux IX-XIème S. et encore plus tard au XIII et XIVème S. mais surtout dans le sud de la Loire; il a survécu dans la langue parlée sous différentes formes et est même resté comme nom de famille (Amel, Ameil, Amiel). En détail et plus précisément: Au Xème S. donc, au sud de la France, on commence à ajouter au nom individuel unique le nom du père ou de la mère, précédé du mot "filius" qui l'introduit un peu à la manière antique (romaine ou même hébraïque, voyez les noms bibliques). Et il faut noter que cette filiation est aussi souvent cognatique (maternelle) qu'agnatique (paternelle), ce qui est vous en conviendrez, remarquable pour l'époque; mais n'oublions pas que cela se passe dans une société très ouverte, qui n'a, de plus, rien oublié de sa romanité juridique, une société bigarrée qui s'occitanise progressivement, une société où la femme peut égaler l'homme (voyez ce que j'en dis ailleurs). Le nom du père ou de la mère est, dans ce nom doublé, mis au génitif ce qui permet de supprimer l'indication de filiation "filius", dans un second temps. Cet usage deviendra général au XIIème S.; un "Guillelmus filius Amelio deviendra plus simplement Guillelmus Amelii, (puis plus généralement Amelius) en français Guillaume Amiel ou Geraldus filius Aemilio en 1017 deviendra dans un document postérieur Geraldus Aemilii. Toutefois ce système simplifié tardera à s'imposer au nord du pays où l'on gardera longtemps le terme "filius".
-8- A cette dénomination double nouvelle pourra s'ajouter ensuite une dénomination relative au lieu de naissance ou de vie de la personne permettant de la situer géographiquement. Ce complément de lieu en quelque sorte, s'introduira par la préposition "de" le nom de lieu sera mis à l'ablatif et il s'agira rarement d'un adjectif ethnique. C'est encore dans le Midi que l'on rencontrera les plus anciens ex. de cette pratique : En 1011 un "Bernardus Amelius de Arca" soit Bernard Amiel d'Arques, est le 1er seigneur connu de cette seigneurie des Corbières Occidentales, en Pays d'Aude (HGL, Ed. Privat, T. V, col. 306 &401). Dès 1020 ces pratiques sont habituelles en Languedoc et se rencontreront ailleurs ensuite. L'Hist. Génér. de Languedoc déjà citée donne encore dans son T. V (col. 373) le nom de "Petrus Amelius de Petra Pertusa" soit Pierre Amiel de Peyrepertuse (pierre percée en fr.) en 1020. Toutefois il n'y a pas lieu de rattacher ce qualificatif géographique systématiquement à un lieu nécessairement possédé par celui qui le porte. Il peut souvent être un qualificatif féodal et donc de noblesse mais ce n'est pas toujours vrai; on a aussi souvent le cas de roturiers qui ont bénéficié de telles marques toponomastiques.
-9- Les caractéristiques physiques ou morales, fonctions, métiers ou simplement sobriquets à l'origine de nombreux patronymes: Non seulement les roturiers ont pu avoir été affublés de telles marques, quelquefois pas très valorisantes il faut bien le dire, mais aussi les barons des premiers temps féodaux et même les rois. Je ne sais pas s'il faut classer dans ces origines le nom Amiel par sa signification occitane d' "amande" ? Comme je l'ai indiqué dans l'article que je consacre à cette signification de notre nom dans "Le Monde des Amiel", cette correspondance lexicale est d'autant plus à envisager que la culture de l'amandier couvre une large zone autour du bassin méditerranéen laquelle se trouve être aussi la région d'élection de notre nom, que ce soit en Catalogne, en Languedoc ou en Provence (et en Italie). L'origine commune de Millau (12) fait référence à ce Fabius Aemilianus Allobrogicus de -120 qui vint le 1er coloniser le Golfe du Lion et la vallée du Rhône, bien avant César; pourtant quelques auteurs lui donnent plutôt pour origine plus modeste le latin "ab amigdalis" soit 'des amandes'; la réalisation de cette hypothèse en tant que patronyme pourrait avoir subi le cheminement suivant : d' amygdalis on serait passé à Ametlal dans une des 1ères forme romanisées (sans doute pas la toute 1ère, inconnue) puis à Amellau (forme adoucie) puis Amell (forme réduite), Amelh (forme savante) et enfin Ameil et Amiel plus généralement. Mais tout ce que je viens de raconter ne fut ni régulier ni fixe.
-10- L'hagiopatronyme : Seul ce nom provenant du nom individuel d'un saint, nommé plus couramment nom de baptême car attribué lors de la consécration du nouveau-né à Dieu, puis prénom car ce qualificatif désignait bien qu'il se plaçait immédiatement avant le nom, sera fixé. Le nom proprement dit sera accessoire pendant assez longtemps finalement et il est bien difficile de donner systématiquement une qualification au nom Amelius dans les noms composés des personnes du haut moyen-âge; je cite des cas où paraissant être un futur patronyme il restera prénom tout comme l'on peut trouver des Amelius qui portant ce nom en position de prénom présomptif transmettront pourtant ce même nom à leur descendance. L'immobilisation patronymique sera donc elle aussi longue, et ne parlons pas de la stabilisation orthographique familiale qui ne s'est faite que récemment avec les adjonctions à l'Etat-Civil au XIXème S. (le Livret de Famille date de 1877!). Vous pouvez d'ailleurs vous rendre compte de la longue liste des patronymes proches orthographiquement de notre nom Amiel et de ceux qui sont apparentés à eux dans la page dédiée car on ne pouvait s'en remettre souvent qu'au nom prononcé par celui qui le portait, souvent avec un accent qui n'était pas celui du scripteur, "traduit" donc plus ou moins phonétiquement par le greffier ou l'officier de l'état-civil qui le "transcrivait" sur le papier. Mais on peut dire que c'est encore dans le Midi que cette immobilisation graphique est la plus ancienne et il faut attendre pour le royaume la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts promulguée par François Ier en 1539 pour voir encadré l'usage et la transmission (et non pas encore la graphie) du nom patronymique comme nom héréditaire.
-11- Malheureusement de récentes lois voulant coller à l'évolution désordonnée de notre société commencent à mettre à mal ce précieux, long et fragile édifice de la nomination des individus dans notre pays. Les parents ont désormais des droits supérieurs à cette ordonnance qui a fait ses preuves en plus de 450 ans, sans parler du droit farfelu sur le choix des prénoms pour lequel tout ou presque est autorisé ou des évolutions concernant le statut de la famille et du mariage, de la procréation....toutes évolutions qui à n'en pas douter auront des impacts forcément négatifs et regrettables sur ce même domaine, détruisant là un des 'ciments' de la société. Notre société actuelle, en plein désarroi, met sans le reconnaître, en vigueur des lois plus destructrices que libérales; nos gouvernants de quelque bord qu'ils soient ont perdu ce sens de la "mesure" que le philosophe grec Protagoras avait pourtant indiqué comme un des "propres", l'une des spécificités de l'homme il y a plus de 24 siècles ! Mais la paix sociale doit sans doute avoir ce prix sociéto-libéral dont chacun n'est pas pleinement conscient dans l'immédiat, mais qui aura par contre de graves conséquences irrémédiables sur le long terme, il faut le réaffirmer, ne serait-ce que pour ceux qui, dans quelques décennies, se pencheront pour leur travail ou pour leur intérêt personnel sur le passé proche que nous écrivons en ce moment. Voilà même qu'en cette année 2016 on songe à donner la possibilité à ceux qui ne sont pas contents de leur prénom (et ils ont sans doute raison comme on l'a dit !) de pouvoir en changer très simplement, en Mairie, exit le juge ! Toujours plus de droits et toujours moins de devoirs, curieuse conception de la justice ...
A voir en complément l'origine générale historique des noms de France et leur traduction en langue française.
La suite des nominations depuis le latin pour AMELIUS :
-1- Le simple exemple d'un évêque mentionné dans le Thésaurus de 538 et ensuite, montre les alternances des nominations concernant notre nom : Amelius, Amellius, Amilius, Emilius, Amiel, Emile. L'existence d'Amelius, Amilius dès l'époque classique est assuré pour le français; une forme connue depuis au moins Horace, poète du Ier S. av. J-C. et son Ludus Amelius (école de gladiateurs des Aemilii) cité dans son Art Poetique (32, 34) (et dont un des plus anciens commentateurs fut un certain C. Aemilius en passant). On connait d'autres alternances avec A- comme avec E- succédant à l'AE latin, forme d'ailleurs qui n'a jamais connu l'AE liés comme on le pensait jusqu'il n'y a pas très longtemps. Le "Roman de Troie" de Benoît de Ste Maure, poète du XIIème S. normand ou tourangeau, qui traite de la guerre de Troie, cite un Emelius nommé aussi Emeleus, Emmenius, Emelin roi de Pigris (Pyrgi sans doute en Elide, Grèce). La forme Amilien, semi-française et semi-occitane, entre Emile et Amiel venant de Aemilianus, l'Emilien latin condense enfin le nom dans sa forme romane. Toutefois, la forme romane Amelii s'est conservée telle quelle jusqu'à nos jours : un internaute portant ce précieux patronyme figé dans le temps depuis tant de siècles, m'a informé qu'elle est bien vivante au centre de l'Italie, dans les Apennins, sur le versant nord de la région des Abruzzes, dont acte.
-2- La correspondance entre Amelius et l'improbable Amulius que l'on a déjà rencontré pour la mythologie romaine est pourtant bien vérifié dans la nomination latine au moyen-âge par exemple dans l'histoire de Pelissanne (13) : une grande partie de la ville dépendait jusqu'en 1002 d'un certain Amulius; il en donne une partie à cette date à l'abbaye de Montmajour; puis en 1069 c'est Socia, sa fille, qui donne 1/4 de ce qui est encore en sa possession, avec l'accord de son père qui est alors nommé Amelius. CQFD.