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Mythe mélanésien de l'île de Vanuatu.
Parmi l'une des plus anciennes recensions patronymiques :
On doit au bénédictin Dom Jacques-Joseph de Villevielle d'avoir constitué ce qu'il a nommé "Le Trésor Généalogique" de la France, ouvrage d'érudition publié en 1736 en 93 volumes, par lequel à travers les références d'innombrables pièces d'archives publiques et privées, il a établi le classement alphabétique des noms de famille ayant laissé quelque trace écrite dans les mémoires administratives, notariales, fiscales... ce qui nous intéresse au plus haut chef bien entendu. J'ai pour ma part classé par ordre d'apparition onomastique les noms qui nous concernent. En voici le résultat dénotant déjà une certaine variété :
- Amelii : Bernard d'Amelii et autres reçurent permission de construire tours et forteresses en la ville de Maciolans (région de Béziers) en 1175. Dans la même région, Guillaume Amelii est témoin de l'acte par lequel les chevaliers d'Avène reconnurent devoir le château de ce lieu au vicomte de Béziers, en juin 1195. Hélie d'Amelii damoiseau de St Sau, diocèse de Périgueux, reconnait un legs à l'abbaye St Martin de Limoges en août 1355. Noble Trophime Amelii, licencié en droit, Bailly d'Apt et juge, remet à la cathédrale et à plusieurs monastères les biens légués à eux par acte notarial reçu en avril 1427.
- Ameli : Aimery Ameli et son épouse Marguerite de la Porte font un accord avec Hélie de la Porte par lettres passées le jeudy après la St Barnabé de 1352.
- Amelly : Hersende d'Amelly et Drocon son fils font un don à l'abbaye de St Fuscien en 1105 (région d'Amiens).
- Amelini : Gilles Amelini et Sicard Alama furent autorisés par les comte et comtesse de Toulouse à donner à fief leurs forest de Gaudelour, Villemur (Tarn)... en juin 1268.
- Amielh : Raimond d'Amielh, chevalier, hérite par testament de 1286 de Déodat de Barras.
- Amelho : Noble Etienne Amelho, de Arlent (diocèse de Clermont) tient en fief noble ce qu'il possède au Mas de Cops par acte du 10 février 1397.
- Amelle : Thierry d'Amelle, chevalier est cité dans la constitution d'une dot avant son mariage, en 1287 (nom écrit aussi Amele, idem cf. Amelles).
- Amelles : Huwe d'Amelles, chevalier, sire d'Avillers (près de Mirecourt, en Lorraine) donne plusieurs biens en mars 1310.
Parmi les balbutiements de l'onomastique moderne :
Alors que l'onomastique naissait comme science, ses premiers chercheurs, souvent amateurs, lançaient leurs premières explications, des thèses qui ne demandaient qu'à être discutées. Ainsi la Revue d'Alsace (vol. 22, 1ère année, T. I, 1872, Colmar) dans un article sur un essai de toponymie de la vallée de la Moselette en vient à parler de la terminaison de certains noms propres (p.275) et indique une opinion d'un modeste chercheur : "Mr Mougel croit que beaucoup de noms propres de familles qui ont la finale en 'iel' : Amiel, Gabriel etc..., ont leur origine dans les environs de Grenoble." Nous savons que c'est là une affirmation très hasardeuse et le rédacteur, prudent comme il sied à tout homme sage, fait suivre tout aussitôt son laïus par cette demande honnête : "Nous serions heureux de recevoir les communications de ceux de nos lecteurs qui se seraient occupés de ces études." Voilà qui est prudent et scientifique et, près de un siècle et demi plus tard, nous en savons bien plus....mais encore entre temps :
- La Revue Catholique d'Alsace de 1931 p.228 fait état pour sa part d'une curieuse assimilation : Parlant de l'origine du nom Amelric (Amalric sans doute que nous savons goth) il est, selon l'auteur de l'article à relier à un groupe hébraïque "omial-aricq" qui a la même consonance avec cette précision qu' " 'omial' c'est l'homme de Dieu, l'Amiel de l'Ecriture". Une analogie existe il est vrai entre cet 'omial' et les caractères phéniciens qui transcrivent notre nom dans ce premier alphabet. C'est par cette orthographe que le nom biblique Amiel est traduit en anglais en tous cas. C'est enfin une relation qui se retrouve dans le patronyme Amoiel, nom qui fait le pont entre Amoyal ou Amoyel d'Afrique du nord avec Amiel selon certains du moins. C'est original sans doute mais...unique donc fragile.
- La Revue des Langues Romanes (Vol. 71-72 de 1951, p.89) doutait quant à elle de l'une des trop simples hypothèses qui consistait à voir en "ami" l'origine de ce patronyme, une origine qui était alors en vogue, constatant que les actes médiévaux ne connaissent que la forme Amelius qui ne semble avoir aucun rapport avec 'ami' et où je (l'auteur) serais porté à voir une variante du gentilice latin Aemilius. C'était en effet bien vu ...mais très incomplet encore.
Sémantique et philologie : le thème "am" :
La traditionnelle étymologie qui a essayé de donner depuis longtemps l'origine des mots va, vers la fin du XIXème S. céder la place à des recherches linguistiques plus scientifiques. Parmi celles-ci la sémantique historico-philologique qui constitue une discipline autonome et empirique et non plus une partie de la philosophie spéculative ou de la rhétorique qui avait cours dans la plupart des études sémantiques avant le XIXème S.. La sémantique linguistique étant une discipline historique, son matériel lui est fourni par les langues mortes et les premiers stades des nouvelles langues vivantes. Et la première démarche méthodologique sera celle du lexicographe historique et du philologue et non plus du seul étymologiste, notamment en ce qui nous concerne, l'onomastique.
Ainsi par ex. le phonogramme "am" exprimant le phonème /ä/ que l'on a dans la première syllabe de notre nom Amiel : si l'autre phonogramme "el" ne pose aucun problème dans les vieilles langues du Proche-Orient et désigne la divinité (Dieu chez les hébreux et les juifs) en revanche "am" est forgé d'après une racine universelle exprimant, dans ces vieilles langues comme dans les langues bâties sur l'origine indo-européenne, "l'homme", désignant "celui qui est" ? Cette racine très ancienne, originaire du centre de l'Asie donc, c'est h és-mi que l'on retrouve depuis le hittite d'Asie Mineure ésmi jusqu'au latin sum en passant par le sanscrit asmi, l'avestique ahmi, l'arménien [em], le grec ancien eimi ou l'albanais jam comme tout autant dans les langues germaniques : en vieil anglais eom, en gothique im ou norrois em et même en anglais moderne dans "I am" (je suis) ou en français moderne "nous sommes", ce dernier étant peut-être calqué sur le latin déjà vu comme également pour l'occitan som "je suis" ou sem "nous sommes". On le retrouve encore dans les langues celtiques telles que le gaulois immi, imi ou le vieil irlandais am ! Pour le centre de l'Europe peuvent être cités le vieux lituanien esmi ou le vieux slave [jesmi]....Pour ce qui concerne l'origine latine de notre nom il se peut fort que le substantif aemulo qui est évoqué entre autres solutions soit tiré du vieux grec indiqué ci-dessus eimi puisqu'il s'agit là d'un homme qui en imite un autre...? C'est un mot dont la prononciation est proche du vieux latin aïmi qui a donné précocement les Aïmilios dont le nom fut écrit ainsi durant la majeure partie de la République, avant les plus connus Aemilios (graphie du latin classique).
LES FORMES FRANCAISES DU NOM LATIN AEMILIUS :
Depuis plus de mille ans que le nom latin aemilien est repris par une myriade d'auteurs et mis à la sauce française, toutes les formes orthographiques possibles ont, il me semble, été utilisées; en tous cas phonétiquement les auteurs 'françois' ont eu pas mal d'imagination pour retranscrire le beau nom antique, ne serait-ce que pour donner dans la langue moderne une traduction des auteurs latins qui ont tant écrit sur le nom aemilien.
- Par exemple une traduction d'Appien datée de 1569 (Livre XI "Des guerres des romains" faite par Claude de Seyssel) indique Aemile pour Aemilius, on voit par là la forme française qui donne son suffixe au nom mais en revanche sa racine n'a pas encore été francisée, alors que l'on est déjà à l'époque de la Renaissance.
Les multiples traductions du nom biblique AMIEL :
Suivant les langues et les époques, du grec aux langues actuelles, la Bible a eu de multiples traductions; si l'on peut comprendre que le texte lui-même ait subi de nombreuses relectures, il est par contre assez curieux que les noms propres, de personnes comme de lieux aient subi, eux aussi, des orthographes variées, lesquelles, souvent, ne me semblent pas justifiées. Il en va ainsi pour notre nom biblique Amiel que l'on peut trouver 'traduit' par Ammiel, Hamiel, Amyel, Am'iEl voire Amiyel et donc Omial (il s'agit bien d'une forme d'Amiel comme on l'a dit ci-dessus mais principalement semble t-il de l'ange Amiel !) ...Amil est aussi vu dans une traduction effectuée par des spécialistes des langues orientales à la fin du XIXème S.
AMIEL NOM ET PRENOM OCCITAN:
- "Lou Trésor dou Felibrige" de Frédéric Mistral, Prix Nobel, (éd. Vve Remondet-Aubin, 1879) qui est un des tous premiers dictionnaires provençal-français, cite bien notre nom comme étant un vieux patronyme régional; il donne exactement ses origines (avec plusieurs variantes Amiell et Ameil, Amiehus * quasi inexistante, catalane Amill, ou italienne Ameglio) comme "venant du bas-latin Amelius et du latin Aemilius; c'est bien le nom propre Amiel ou Amielly, nom de famille provençal (zone mistralienne) dont le féminin est Amielo" (en phonétique sans doute voir plus loin). Comme porteurs connus il cite ensuite Gausbert Amiels, le troubadour gascon du XIIIème S. et termine en indiquant que le nom romain Aemilius se rencontre dans de nombreuses inscriptions trouvées à Nîmes. L'édition revue par Ramoun Berenguié (réédition 1968) complète la notice en ajoutant le féminin Amiela (graphie exacte cette fois).
* Amiehus : forme ne se trouvant, très rarement de plus, que dans des textes en bas-latin ou en langue romane provençale : le cartulaire de St Paul de Romans-sur Isère (Drôme) cite une seule charte (n°51 de l'éd. de C-U Chevalier) avec le nom d'un garant nommé Amiehus Monios datée de 1202.
- L' Institut d'Estudis Occitans indique, lui, sur son site qu'Amiel comme premièrement prénom avant de devenir (en fait re-devenir selon l'histoire) patronyme eut les formes suivantes dans la zone occitane: Amiel commun en languedocien et gascon, le Languedoc connait aussi la forme Amelh tandis qu'en provençal ce sont les formes Amièlh et Emili qui prédominent. On notera ici la seule graphie exacte en occitan de notre nom, car le 'e' muet n'existant pas dans cette langue, le nom habituellement écrit Amiel devrait se prononcer [Amiél], il devrait s'écrire Amièl pour être valide, ce qui n'est jamais rencontré ! Il serait bien devenu patronyme dans ces régions au XIème S. Comme nom de baptême ou prénom il n'est quasiment plus usité dès le commencement du XVème S., c'est le cas par exemple en Dauphiné (cf. Bulletin de la Soc. d'Etudes des Hautes-Alpes 9ème année; Gap, 1890).
Propagation du nom AMIEL depuis les zones de l'Occitan :
- On trouvera des Amiel et compagnie dans une infinité de communautés, chez les aristocrates comme chez les paysans, les laboureurs, les serfs ou les cagots des Pyrénées, les juifs ou les marranes, les catholiques ou les cathares puis chez les protestants, il sera localisé surtout de la Garonne à la Provence, et du Limousin aux Pyrénées.
- On le trouvera par exemple avec beaucoup de noms catalans (dont il a une forme) mais aussi conjointement avec des noms comme Counozouls, Fontcouverte, Mestre, Monier ou Ycart dans un recensement de 1382 de la communauté de Rabouillet (66) en Fenouillèdes, zone en contact avec l'Aude, l'Ariège et les plaines catalanes. Il sera diffusé dans les marches de la langue d'oc, en Poitou comme en Charentes en Auvergne jusqu'à la région de Clermont-Ferrand tout aussi tôt et même jusqu'en Ile-de-France.
- Les exemples foisonnent dans son aire de prédilection dans les documents; les cartulaires de la région comme par ex. celui des Templiers de Vaour, dans la région de Penne d'Albigeois contiennent un bon nombre d'Amiel dès le moyen-âge central, avec les formes: Amelius, Amilius, Amiel, Ameil, Amel et Amil; dans celui de La Selve (en Rouergue) on a au XIIème S. les formes Ameils (Ameils de Solatgue, époux de Na Guiza en 1200), Ameilz (de Miramon), Amel, Amilz ou Amell et Amiel (de Cazalonga) ! Dans la même région rouergate on trouve Amielz de Cannac pour un don à Ste Marie de Rodez en 1110, acte écrit en occitan comme un Amielz dans la région contigue du Gévaudan pour un don cette fois rédigé en latin !! Peu ou prou en face, en Provence, rive gauche du Rhône, dans la Drôme, la forme Ameilz, y est aussi connue; des recherches récentes disent qu'elle "pourrait provenir d'Amelius (à l'ablatif pluriel), nom d'homme bien attesté dès l'époque paléo-chrétienne selon Le Blant in Inscriptions Chrétiennes II (n° 588, p.381; n° 609, 33, p.437; nouveau recueil n° 338, pp 391-392) et Grégoire de Tours in Hist. Francorum (v.28)" c'est une citation intéressante aussi pour ces références (Revue Drômoise vol. 87 à 89 de la Soc. d'Arch. et de Stat. de la Drôme, 1990).
NOTE sur les LIMITES LINGUISTIQUES FRANCAIS - OCCITAN :
L'Isère à l'est comme la Charente à l'ouest sont à la limite des parlers occitans et des parlers d'oïl. Au moyen-âge comme on l'a dit la "rustica romana linguae" dont est issu directement l'occitan était parlé dans toute la moitié sud de la France, des Pyrénées à la Loire. Mais la politique française dirigée depuis Paris, qu'il s'agisse de la royauté ou des républiques successives, n'a eu de cesse d'imposer la langue française comme on le sait; par des mesures martiales les autres langues sont progressivement éliminées par la République unificatrice mais surtout jacobine et parisienne. Le dauphinois est dans cette large zone lexicale que l'on nomme le franco-provençal; inclusive de l'arpitan, parlé depuis le Forez jusqu'à la Franche-Comté, dans le lyonnais jusqu'à Mâcon, en Savoie (savoyard) ce parler déborde largement en Suisse (cantons de Genève, Vaud, Neufchâtel, Fribourg et Valais !) comme dans le Piémont en Italie. C'est géographiquement le pendant est de la même zone côté ouest, du parler des Charentes et Poitou, le saintongeais, mais qui est, lui, malheureusement à peu près éteint de nos jours, réduit à un vulgaire patois; la langue française conquérante l'a définitivement éliminé, ce qui n'est pas le cas de l'arpitan. On remarquera à ce sujet que les territoires linguistiques du saintongeais comme de l'arpitan bien que de taille différente sont situés dans les deux seules zones de passage entre la France du nord et celle du sud (seuil du Poitou et seuil de Bourgogne). Enfin si les dernières croupes nord du Massif Central (dialecte auvergnat de l'occitan) limitent cette influence française néfaste pour l'autre langue majeure de la France, l'occitan, on note dans la zone centrale de cette limite linguistique entre oc et oïl, un espace linguistique en forme de croissant tout à fait original, car on y parle encore un savant mélange des deux langues (Indre, Creuse surtout et Cher). Cet idiome finalement est un mélange étrange constitué sur un fond occitan qui a subi la forte influence française; ce qui prouve bien en passant l'hégémonie organisée et imposée depuis des siècles de la langue du nord. Ce même phénomène peut être observée dans la zone entre Rennes et Nantes sur laquelle le breton a reculé devant le français en un parler mélangeant les deux langues. Dans l'idiome du croissant nord-occitan encore parlé de nos jours, mais par peu de gens, la conjugaison, l'essentiel du vocabulaire et les marques du pluriel sont ceux de l'occitan quand la prononciation et le lexique moderne sont ceux du français ! Les dialectes occitans étant quant à eux toujours parlés des Pyrénées jusqu'à Montluçon et Vichy et des Landes aux Alpes du Piémont italien. Ceci confirme la géographie des différentes traductions linguistiques de notre nom sur le territoire français CQFD.
Tant de formes pour AMIEL :
Pour la petite histoire je ne peux passer sous silence le rapprochement d'une des formes de notre nom, Amel, avec le mot occitan amel qui autrefois s'écrivait ambel (amb el) et signifie 'avec lui'; ce mot au pluriel prend évidemment un 's' et comme elz's (eux), il devient amelz voire amelz's (avec eux) (cf. Revue des langues romanes, 1898, p.268), une forme aussi trouvée pour Amiel ! En Lauragais on ajoute un 'i' et on dit [amélis] !!! De même le mot mielhs qui signifie 'mieux' en français, terme qui, si l'on y adjoint le préfixe 'A' pour en faire un patronyme occitan, correspond parfaitement à son correspondant français Amieux que l'on voit, dans cette langue comme étant bien un dérivé d'Amiel !
On peut citer dans l'histoire noble Raymond Amel Amelz, Amelius cité ainsi dans "Les châteaux de l'ancien Rouergue" (H.Y de Freissinet de Valady, vol. 2, 1935), Amel, Amelz de Favars, seigneur de ce village de Corrèze au N immédiat d'Aubazine et Beynat, région riche en toponymes relatifs à notre nom, ou dans les Deux-Sèvres, Amelz de Glandes cité en 1196 pour une donation de son fief de Vauvert sis à Benet, en Vendée.
Suivant les époques, les langues, les lieux, Amiel s'est écrit très différemment donc. Régulièrement, encore de nos jours, les anglo-saxons utilisent Amel pour Amiel, comme le fit le français du moyen-âge : Amel, homme de Girart de Roussillon ou des Amelon(s) seigneurs de Brandoine (et ducs) dans les chansons de geste. Les cartulaires du sud comme du nord de la France confirment ces notations diverses; suivant les greffiers, notaires et gratte-papiers de toutes époques, on pourra écrire (et lire) Amel, Ameil, Amil voire Meil dans le toponyme ardéchois de St Barthélémy-du-Meil, commune du Chaylard qui s'est aussi nommée auparavant Amil. On verra aussi le curieux Bois-Sire-Amé du Berry qui nous vient de loin ou la graphie Amelh pour citer le cardinal Pierre Amiel de Brénac.
Attardons-nous un instant sur cet Amé du centre de la France; car le lieu Amé du Berry n'est pas une exception locale, ce raccourci d'Amiel est modelé sur une autre signification du terme correspondant à "ami" (déclinaison déjà vue pour Amiel) ou aimé (voir plus loin) et correspond au vieux terme du moyen-âge français utilisé dans des expressions comme "fiel amé", "nostre bien amé", "nostre amé et féal", désignant un homme fidèle à son suzerain et qui en retour deviendrait son 'ami' ou 'aimé' ? (le terme même de 'féodalité' ayant pour origine cette fidélité demandée au vassal en échange de l'appui, de l'aide apportée) : Pas tout à fait quand même ! On peut dire que le sens d'amé est proche de celui d'ami ou aimé sans toutefois se confondre avec eux; sans faire référence à la langue des oiseaux il s'agit de voir effectivement un 'proche' du seigneur dans cet amé; analogiquement cette proximité peut être vue lexicalement par les mots famille et familier qui, bien qu'ayant la même origine ne sont pas assimilables dans leurs définitions. Ce sera bien sûr une autre façon de nommer des Amiel comme on le voit par Amé de La Trémouille qui en vérité est un Amiel de La Trémouille. On trouve ce nom aussi écrit Amey en français, plutôt dans les pays d'oïl mais il n'est pas inconnu en Provence.
Dans la littérature du moyen-âge le troubadour Raimon Jourdain, vicomte de St Antonin, voisin des Amiel de Penne, utilisera pour parler d'eux soit Ameilz, soit Ameil ou Amel. Ainsi derrière tant d'Ameil, Ameilz, Amelh, Ameill, Amilz, Amel(l), Amé voire Ami faut-il voir des Amiel, sans compter toutes les additions relatives à la toponymie qui sont présentes dans des noms dérivés.....La forme Amielli fut commune autant dans le sud que le centre de la France à cette époque du moyen-âge; ce nom à la consonance très italienne est encore alors un pont linguistique entre le latin Aemilius, le roman Amelius ou Amilius, l'occitan Amiel ou Ameil(h) et le moderne français. On trouve aussi la forme "Amiel_li" en vieux parler d'oïl mais il s'agit alors de préciser de quel Amiel il s'agit; par ex. Amiel li Fierier, (Amiel le fier ?) bourgeois de Tournai vers 1200, ce qui n'a rien à voir !
RESUME des DIFFERENTES ORIGINES et SIGNIFICATIONS du NOM AMIEL:
Certaines de ces origines onomastiques sont vérifiées, d'autres sont ce qu'en disaient les auteurs antiques et leur sémantique propre, la dernière n'est à ce qu'il m'a été donné de voir que supposée mais elle me semble logique et probable.
* de l'hébreu Amiel ayant successivement signifié (toujours d'une manière plus large): homme, homme libre s'entend sur les tablettes cunéiformes, chez les sémites oncle puis père puis parent chez les juifs et enfin peuple pour la première syllabe "Am", la syllabe finale "El" a toujours signifié Dieu - un dieu au-dessus de la pléiade divine originellement - (le nom Amiel est un nom théophorique), toutefois ce nom de Dieu devenu unique a pu s'exprimer par un autre vocable dérivant d'un autre appellatif de Dieu (comme Amiyah, de Yahvé, l'un des noms même de Dieu), la voyelle "i", appelée yod en hébreu relie les deux syllabes principales tout en permettant de les énoncer séparément et peut correspondre aussi à l'appartenance de l'un de ces deux termes, "mon parent, mon dieu". Enfin en hébreu les syllabes sont interchangeables, on pourra lire et dire Eliam pour Amiel.
Cette première et très antique origine n'a apparemment rien à voir avec les autres qui suivent et elle a suivi son propre cheminement historique indépendamment de celles-là.
* du grec ancien "aïmulos" : rusé ou de "aimulia": affable, gentil, de caractère doux, terme repris par le latin ayant abouti au nom gentilice aemilien. C'est d'ailleurs l'opinion d'un certain Frank Hamlin, aemilien lui-même comme on peut le constater.
* du grec latinisé "aemilos" : beau parleur, à l'expression facile par la filiation pythagoricienne (cf. Plutarque). Un Bulletin philologique & historique récent abonde en ce sens et cite quelques patronymes rattachés comme Ameilh, Ameil et Ameuil (Comité des Trav. Hist. & Sc.; Imp. Nat. 1974, p.16)
* du latin "aemulia" : désignant l'émulation, celle-ci pouvant aller dans la définition jusqu'à la rivalité en passant par trois degrés : émule (qui cherche à égaler, qui prend pour modèle), semblable (comparable à son modèle) et rival (envieux, jaloux, désirant surpasser son modèle), ce qui à la fin finit par rejoindre la signification grecque d'haïmulos (rusé, adroit). Cette origine lexicale latine a bien pu aboutir au même nom gentilice aemilien. L'émulation a très bien été définie il me semble par Mme Augusta Amiel-Lapeyre dans ses "Pensées" : "Eprouver le besoin de ressembler à quelqu'un, c'est déjà lui ressembler" !
A l'origine purement grecque puis romaine (latine, gallo-romaine, hispano-romaine), se sont greffées les sous-origines chrétienne et wisigothe ou enfin, éventuellement occitane :
*du nom de martyrs et saints : La nomination moderne commencée au XIème S. étant l'héritière de celle du haut moyen-âge, le nom individuel de ce temps-là fortement christianisé, est souvent trouvé dans les noms des martyrs des temps apostoliques, ce qui est le cas pour le nom individuel Amiel, originairement repris depuis les noms latins de nombreux martyrs et saints des premiers siècles (voir dossiers spéciaux listant ces personnages religieux).
* du wisigoth "amal" : laborieux, travailleur ou plus sûrement "amali" : nom dérivé du dieu babylonien adopté par les goths, Amal, qui a abouti au nom de l'ancêtre de leurs chefs, et sera porté par leurs rois, les Amali. La consonance des deux termes Ameli(i, us) adapté par la langue romane du latin Aemili(i, us) et Amali au temps de l'invasion barbare wisigothique et de la chute de l'Empire romain, leur installation durable et prégnante dans la Septimanie, autour du Golfe du Lion, permettra aux nouveaux maîtres de se prévaloir du fabuleux héritage de civilisation conservé de leurs prédécesseurs latins, devenant ainsi, quelque part, leurs héritiers 'légitimes' jusqu'à en porter un glorieux nom, si courant depuis les premiers gallo-romains.
* de l'occitan "amelh(a)" désignant l'amande, fruit de l'arbre très méditerranéen répandu sur toute l'ancienne 'Provincia Romana', du latin amygdalum (dont l'origine est elle-même grecque) que l'on retrouve quelquefois citée pour des toponymes (Millau : d'Amigdalis) ou le français amygdale et auquel ont pu être assimilés certains porteurs du nom; le patronyme est toujours présent par cette orthographe Amelha (et ses variantes) dans cette région. (voir ci-dessus "Amiel nom et prénom occitan").
Mais ce ne sont là que les grandes lignes de ces origines; il faut aller plus avant dans chacune d'elles pour mieux les cerner.
ORIGINE GRECQUE via AIMULIA et AIMULIOS et non AMELEIA:
La racine des mots Aimulia et Aimulios est soit [omios] qui signifie 'genre' ou [omos] qui signifie 'pareil à', 'semblable': Ces deux significations peuvent s'accorder avec le latin aemilios correspondant à 'affable', 'gentil' ou 'rusé' pour le 'genre', et d' 'émule' pour 'pareil à', 'semblable' (cf. l'anglais 'same' et article suivant), propension pouvant s'exacerber jusqu'à la 'rivalité'.
Par contre le mot grec ameleia qui a pu produire le nom Ameleios a, selon l'étymologie donnée pour le disciple de Plotin, Amel(e)ius (faussement traduit ainsi en latin) la signification d'insouciant, disposition pouvant aller jusqu'à la négligence. Les auteurs latins n'ont jamais retenu cette origine pour la prestigieuse gens romaine, et pour cause, le philosophe oui, et pour cause aussi !
La prononciation d'Aimilios en grec variera avec le temps; du Vème S. au Ier av. J.C. on dira en Attique: [a_imili/os]; au Ier S. av. J.C. en Egypte grecque on prononcera plutôt {E:Milios] et après la début de notre ère on aura uniformément [Emilios]; le latin suivra en prononçant et écrivant jusqu'au Ier S. av. J.C. Aïmilios, Aïmilius puis seulement Aemilius, dont la prononciation tendra vers [émilius] (d'où sa future prononciation et écriture en langue d'oïl); la langue romane, pré-occitane, s'en tiendra, pour sa part, à sa filiation latine.
D'AEMIUS A AEMILIUS OU DU FALISQUE AU LATIN:
De très savantes études scientifiques d'onomastique tentent voire permettent de remonter aux origines du nom de la gente latine et romaine dont notre patronyme tire l'une de ses propres origines, celle de Aemilius.
La Revue Internationale d'Onomastique de 1958 (Vol. 10, Ed. d'Artrey) donne tout d'abord comme équivalent à Aemilius les termes Aimilius et Emelius, ceux (féminins) de Hemelia et Amelia et dont l'origine est à voir selon Perin comme un Nom. vir. ex antiquissima clarissimaque gente patricia nom d'hommes de la très ancienne et brillantissime grande famille patricienne; la graphie la plus ancienne est Aimilius que l'on tire du grec Aimilios selon la plupart (dont Forcellini "Onom.), ce que l'on savait par quelques citations anciennes mais ce qui est confirmé par les études onomastiques modernes donc. Walde (Lat. Etym. Wôrt.) le rattache quant à lui au sanscrit 'sama' et grec traduit par semblable (comme déjà indiqué cf. article précédent). L'article considère ensuite que ces noms ont deux origines possibles:
=1= Ils pourraient être d'abord des hypocoristiques formés par la population romane sur le thème germanique 'amal-' (voir ci-dessus dans le résumé des origines du nom Amiel, le point * concernant le wisigoth "amal")
=2= Mais le Thésaurus Linguae Latinae (Vol. I, p. 966 & suiv.) indique quant à lui ses propres origines, ignorant cette première possibilité, plus tournées naturellement sur le bassin méditerranéen, plus anciennes aussi :
- "cognomen vir. graec. "Aymilios" tout en citant des exemples (qui strictement pour le 1er n'en est pas un du point de vue historique !) dans Venance Fortunat poète du Vième S. (Carm. I, II, 5) "...hic praesul Amelius arcem burdigallensis" sur le supposé évêque bordelais de ce nom; ou dans les actes du concile d'Orléans de 533, (Conc. Aurel. 358 p. 84,12) "Amilius" (Amelius), citant ce même évêque qui est, en réalité, de Paris (mais c'est ici un détail historique que j'ai traité ailleurs). Il s'agit là de l'origine grecque pointée au * du grec ancien "aimulos" (voir ci-dessus ce point).
- "Aemilius...hoc simplicius est praenomen Aemius vel Aemus...Aimius" où l'on apprend qu'il s'agirait simplement d'un prénom celui d'un Aemius ou Aemus, Aimius. Or ce prénom est inconnu en latin. Il ne peut être qu'originaire d'une langue parlée antérieurement à la domination progressive latine hors du Latium. On a retrouvé plusieurs inscriptions épigraphiques dont l'une à Putéoli (CIL, X, n°1589) qui cite un Aemius inscrit pour un Aemilius, d'autres en Etrurie et en Campanie (dont CIL, XI, n°2159) qui attestent du prénom pré-latin. Des chercheurs reconnus comme Kaspers ou Schulze font descendre ainsi le nom Aemilius (Amilius) de ce prénom. Beaucoup d'italiens aussi voient en Amelius (et ses dérivatifs modernes) une forme diminutive du vieil étrusque ayant donné Amius en latin primitif; ce vieil étrusque étant Amnci, Amni ou Amanas. L'origine lointaine pourrait donc être étrusque, de la langue de ce peuple haut de civilisation qui a précédé le peuple romain. ((cf "La porte orientale" Vol. 2 Compagnia Giuliani e Dalmati 1932; "Un nome al giorno origine e storia di nomi de persona italiani" Vol. 2 C. Tigliavini 1972; G. Giacomelli (1976; 173) et Hirata (1967; 33)). Schulze explique imparfaitement Aemilius en le considérant comme le diminutif d'Aemus, Aemius, nom de personne peu fréquent attesté notamment à Chiusi depuis le IIIème S. av. J.C mais aussi au siècle suivant, dans des inscriptions en Gaule et ailleurs. Plus précisément l'étude anthroponymique de M. Lejeune sur "Atteste à l'heure de la romanisation" (1978, L.S. Olschki), un lieu où la présence des Aemilii est certifiée, indique que, comme diminutif on pourrait considérer Aemilius comme un 'fils' d'un Aemius ou Aïmos, c'est cet ajout de filiation introduit à l'intérieur même du prénom qui aurait conduit au nom gentilice, explication subtile mais tout à fait logique; la modification patronymique au moment de l'institution du nom de la gens aurait constitué une hyper-romanisation, née du souci de se démarquer, pour soi-même et pour ses descendants, de tout provincialisme. Cette possibilité est d'autant plus séduisante qu'elle peut convenir à d'autres noms de gentes 'maïores' comme les Julii par exemple...?
Mais l'on peut préciser encore la véritable langue d'origine de ce prénom Aemius ou Aemus, Aïmos : de très récentes études montrent qu'il s'agit de la langue falisque, parlée par le petit peuple étrusque de ce nom dont le territoire était sur la rive droite du Tibre, coincé entre le Latium et l'Etrurie étrusque elle-même. On ne sera pas dès lors étonné que ce prénom, dont on ne connait pas la signification malheureusement, ait été rapidement intégré par les Romains. Aemius est en effet un praenomen attesté dans le falisque moyen et tardif "a(im)iosio" ainsi qu'ensuite en latino-falisque (les deux langues étaient proches originellement déjà), car cette famille de mots est rattachée à "imitor" et donc à "aemulator" mots latins ainsi qu'à "imago" (cf. le hittite 'himma : substitut, pourtant c'est une langue bien lointaine) selon Vincent Martzloff. On le trouve dans des inscriptions des territoires des falisques et à Capène en particulier (ville étrusque sur le Tibre). Quelquefois on peut tomber sur l'inscription " a[i?]m (comme praenomen ou adjectif patronymique) qui peut correspondre autant à un Aemus qu'à un Aemius. On ne trouve enfin ce prénom dans aucune autre langue antique de la région sauf assez loin, en Vénitien : <a>-i-mo-i-. Bien qu'Aemius ait pu être la base du vieux gentilice latin Aemilius, un gentilice abrévié 'aïm' est toutefois attesté aussi en langue samnitique (le Samnium est une contrée au sud des Apennins) dans "m.t.g.aim.h(n)", mais s'agit-il d'un équivalent? (cf "The latin dialect of the Ager Faliscus..." Vol. 1 pp. 237,238 Gabriel C.L.M. Bakkum; Amsterdam Univ. Press 2009). - "Aemilius...hoc simplicius est praenomen Aemius vel Aemus...Aimius" où l'on apprend qu'il s'agirait simplement d'un prénom celui d'un Aemius ou Aemus, Aimius. Or ce prénom est inconnu en latin. Il ne peut être qu'originaire d'une langue parlée antérieurement à la domination progressive latine hors du Latium. On a retrouvé plusieurs inscriptions épigraphiques dont l'une à Putéoli (CIL, X, n°1589) qui cite un Aemius inscrit pour un Aemilius, d'autres en Etrurie et en Campanie (dont CIL, XI, n°2159) qui attestent du prénom pré-latin. Des chercheurs reconnus comme Kaspers ou Schulze font descendre ainsi le nom Aemilius (Amilius) de ce prénom. Beaucoup d'italiens aussi voient en Amelius (et ses dérivatifs modernes) une forme diminutive du vieil étrusque ayant donné Amius en latin primitif; ce vieil étrusque étant Amnci, Amni ou Amanas. L'origine lointaine pourrait donc être étrusque, de la langue de ce peuple haut de civilisation qui a précédé le peuple romain. ((cf "La porte orientale" Vol. 2 Compagnia Giuliani e Dalmati 1932; "Un nome al giorno origine e storia di nomi de persona italiani" Vol. 2 C. Tigliavini 1972; G. Giacomelli (1976; 173) et Hirata (1967; 33)). Schulze explique imparfaitement Aemilius en le considérant comme le diminutif d'Aemus, Aemius, nom de personne peu fréquent attesté notamment à Chiusi depuis le IIIème S. av. J.C mais aussi au siècle suivant, dans des inscriptions en Gaule et ailleurs. Plus précisément l'étude anthroponymique de M. Lejeune sur "Atteste à l'heure de la romanisation" (1978, L.S. Olschki), un lieu où la présence des Aemilii est certifiée, indique que, comme diminutif on pourrait considérer Aemilius comme un 'fils' d'un Aemius ou Aïmos, c'est cet ajout de filiation introduit à l'intérieur même du prénom qui aurait conduit au nom gentilice, explication subtile mais tout à fait logique; la modification patronymique au moment de l'institution du nom de la gens aurait constitué une hyper-romanisation, née du souci de se démarquer, pour soi-même et pour ses descendants, de tout provincialisme. Cette possibilité est d'autant plus séduisante qu'elle peut convenir à d'autres noms de gentes 'maïores' comme les Julii par exemple...?
(=> autres ref. internationales sur cette origine onomastique "Die Demostrativpronomina der indogermanischen sprachen : eine ..." N° 6 p.114 K. Brugmann 1904; "Abhandlungen der Philologish-Historischen Klasse der Konigl..." Vol.22 parties 5&6 p.114; "Antroponomia portuguesa" J. Leite Vasconcellas 1928 p.46; "Congreso Hispanico de Latin Medieval: Congreso de Leon Actas III p.260 M. Perez Gonzalez 2002).
NOTA : Voir aussi dans la page suivante sur l'origine latine la possibilité de l'origine sabine d'Aemilius par le nom sabellique d'Aemidius.
FORME ANTIQUE AMEIUS:
On trouve encore très tardivement, après même l'Antiquité, au moyen-âge, des textes où Ameius, Ameium sont écrits pour Amelius; un Ameius d'Amblard est, avant 1108, détenteur de dîmes dans la région de Romans (26), jusqu'à un D. Gulielmus Ameius qui est, lui, un étudiant anglais (Anglus) de l'Université de Padoue au... XVIIème S. ! Bizarrement une localité Ameius existe en Palestine (12 km d'Ekron et au sud de Kabab) dénommée autrefois Nicopolis (ville de la victoire), résultat éventuel d'une résurgence hébraïque du vieux nom biblique sous cette forme latine? . Toujours est-il que Ameius est bien un dérivé orthographique du latin Amelius: une inscription antique indique ainsi le nom de "Sex. Ameius Sex. fil. "( ref A ci-dessous) à rapprocher de "C. Ameilius C. L. Zophilus" et d' "Ameilia Junia Viria", (ref B) fruit peut-être de gravures erronées, ignorantes ou tardives mais bien significatives...?
(=> ref A: "Syntagma inscriptionum latinarum antiquorum ..." Th. Reinesius Francfort 1682.)
(=> ref B : "Antiquae Inscriptiones quum graecae, tum latinae ..." M. Gudius et autres 1731; "Corpus Inscriptiones Latinarum" de 1872).
AMILINOS, HEMILINUS, AMILIS:
Parmi les multiples adaptations au moyen-âge du nom latin romanisé citons :
- Amilinos : diminutif d'Amelius, utilisé rarement au Moyen-âge et qui aurait plutôt dû être Amilinus.
- Hemilinus : correspond à une orthographe originale utilisée au haut moyen-âge dans les chartes , dont l'origine est dans le surnom Emilianus, Emilien forgé d'après le nom Emilius, Emile.
- Amilis : prénom féminin du haut moyen-âge porté par exemple par l'épouse du seigneur Etienne de Meun vers l'an Mil; correspond au latin Aemilia. (cf. "Histoire du Berry" T. I Liv. I & III G. Thaumas de la Thaumassière in Revue du Berry, 1865).
Le GOTHIQUE AMAL :
L'origine gothique de notre nom via la similitude homophonique Amali-Ameli a authentiquement donné plusieurs prénoms et noms patronymiques toujours portés dans la région languedocienne. Les plus connus sont dérivés du prénom wisigoth Amalaric, lui-même forgé sur Amal+ric (soit roi des Amali): Le prénom Aymeric est au sud ce que Amaury est au nord de la France, le 1er étant la traduction occitane, le second son correspondant français; les patronymes dérivés courants en Occitanie étant une suite des déclinaisons avec aphérèses successives, Amalric, Malric, Alric, Reich, Rech, Rey. L'italien produira le très parlant Amerigo, synthèse des deux origines par Amel + ric, (Amal déformé en Ame(l)), ce qui conduira comme on le sait, par l'utilisation de ce prénom porté par le grand navigateur Vespucci, à nommer un continent entier en lui attribuant le nom d'Amérique. Mais pour ce qui concerne plus particulièrement la filiation Amali > Ameli c'est il faut le reconnaitre moins évident et moins su. On peut en avoir une idée en rapprochant plutôt d'Amali la forme pyrénéenne (gasconne) d'Amiel : Amalain. L'onomastique de cette région qui couvre aussi celle des pentes sud de la chaîne pyrénéenne indique : "Les appellatifs anthroponymiques de base latine détectables en Gascogne avec le suffixe gallo-latin -acus, correspondent pour le moins, à ceux qui comportent le suffixe latin -anus dans la géographie basque espagnole comme dans Aemilius > Amillac (Aemiliacus) de Gascogne = Amalain (Aemilianus) en Navarre..." (province contigüe); plus loin est notée encore cette précision pour Amillano : "Il est clair que l'origine anthroponymique doit être trouvée dans Aemilianus > Amillano, de la même façon qu'Amalain de Navarre correspond à Amillac (Aemilianus) en Gascogne" (avec cette référence LEEE, 246).
(=> en partie d'après "Etymologie de quatre cents prénoms usités en France" E. Ferrière, Alcan 1898, pour ce qui concerne Amalric et ses dérivés; pour ce qui est d'Amalain d'après une "Critica a los etimologias del "Diccionario de apellidos vascos" (de M. Narbarte) par L. M. Mujika Urdangarin, Revista Intern. de los Estudios Vascos, Ano 40, T. XXXVII n°2 (1992), p. 457-458).
L'Institut Historique de Provence (vol. 11, Marseille, 1934) indique par ailleurs que les noms tel que Amiel, Ameil, Ameuil sont bien (aussi) d'origine gothique, provenant des Amales, ce qui veut dire "les célestes" c'est-à-dire "race de héros célèbres parmi les goths".
AMIEL ou AMEIL(H) de l'OCCITAN AMANDE :
Bien qu'il soit assez difficile de trouver des références à cette autre probable origine de notre nom en voici une de poids puisqu'elle concerne l'origine des noms de lieux du 'noyau' occitan de présence ancestrale de notre patronyme : Lucien Ariès, dans son ouvrage récent "Les noms de lieux du Lauragais", parlant de celui d'Amiel connu à Montgeard (31) avec le lieu-dit "Les Amiels" et citant son précédent ouvrage sur "Les noms de personnes du Lauragais", réaffirme que, pour lui, Amiel aurait pour (unique) origine le mot occitan "ameilha" désignant l'amande, tout comme ses diminutifs Amilhot ou Amillau. Nous savons que ce n'est pas son unique origine pour notre part.
Sur le plan des parlers occitans régionaux, outre le fait que l'écriture provençale note souvent ce nom par Amielh ou Ameilh, ce qui correspond bien à l'ameilher, l'amandier et à l'ameilha, l'amande, il se trouve qu'en Corrèze on trouve, pour le même mot, amellier (probable influence d'oïl pour -ll-) et ameili à Tulle tout comme plus bas à Figeac: emelli, toutes variantes locales venant bien du roman amelh, amell, amello, l'amande.
Enfin dans les statuts municipaux d'Agen du 17 janvier 1248, rédigés en langue vernaculaire, en occitan, parmi les nombreux 'cap d'ostal' chefs de maison présents et qui approuvent figurent les noms de R(aimond) de Milho et à sa suite R(aimond) d'Amelho. La Revue de l'Agenais (vol.103, Soc. Académ. d'Agen, 1977) qui en parle, indique que ce nom a intrigué les onomasticiens, autrefois les anciens disaient qu'il signifiait 'noyau d'amande', explication peu vraisemblable pour la Revue des Langues Romanes (vol.103, 1999, p.227) mais que l'on approuvera du moins en partie : on ne voit pas de noyau dans une amande sauf l'amande elle-même mais l'amande est bien l'une des explications lexicales de notre nom vue d'après l'occitan.
AMé AMI AIMé, d'AMIEL et d'AMEDEE :
On a pu voir ci-dessus notamment par le toponyme Bois-Sire-Amé (18) que la concision d'Amelius- Amiel en langue d'oïl ait pu conduire à Amé et Ami. Le court prénom d'Amé peut aussi se présenter comme un diminutif d'un autre prénom celui d'Amédée comme aussi du nom commun ancien utilisé pour et par "aimé" ('mon fiel amé', aimé, ami expression courante dans les actes en oïl). Ainsi les premiers de la longue série des comtes puis princes de Savoie des Amédées se sont-ils à l'origine nommés Amé(s). Amé est un nom de saint et un patronyme français de nos jours encore.
Autre exemple d'utilisation d'Amiel pour Amédée, plus direct celui-ci : Une généalogie manuscrite dit qu'un certain Monet de Fabri fut le père d'Amédée ou Amiel, ancêtre des barons puis marquis de Rians, seigneurs de Peiresc; le frère de ce Monet, Raymond, nomme dans son testament daté de 1464 le dit Amiel ou Amédée, son neveu, comme son 2ème fils, remplaçant dans le rôle de père son frère décédé probablement trop tôt (cf. "Généalogies des maisons de Fabri et d'Ayrenx" J. de Bourrousse de Laffore; Bordeaux, Gounouilhou, 1884).
Quelques STATISTIQUES sur le NOM AMIEL dans le MONDE :
Les données à ce sujet varient suivant les sources mais on peut dire sans trop se tromper qu'il existe environ 7000 à 7500 porteurs du patronyme Amiel dans le monde, ce qui est peu finalement, et que tous sont des occidentaux, le nom est occidental quelque soit son origine et celles de ses porteurs. Si l'on en croit le site "namespedia" le wiki des noms, Amiel est nom de famille pour les 3/4 des porteurs et donc prénom pour le 1/4 restant. On le trouve dans 31 pays et il est utilisé plus de 1840 fois dans au moins 25 pays. Le prénom est à 92% masculin mais aussi donc féminin pour 8% !
- Le nom de famille est essentiellement porté en France pour 65 à 70% d'entre eux (~4900 à 5200), 17 % aux USA (~1000 à 1200), 4,5% en Israël, 2% au Canada, seulement 0,5 à 1 % en Grande-Bretagne (Grand Londres, sud-ouest de l'Angleterre, nord du Pays de Galles), en Argentine, en Uruguay, et quelques-uns seulement au Maroc, en Norvège, au Brésil ou en Australie. En Europe on peut détailler par pays ces Amiel selon le nom d'abonné au téléphone par exemple (selon l'évaluation du bloggeur Gilles Amiel): Allemagne (2), Belgique (18), Espagne (54), Grande-Bretagne (9), Italie (6), Luxembourg (2); compte-tenu qu'il s'agit là souvent de familles ces Amiel européens sont environ 3 à 400.
- Par contre si l'on considère le prénom (et en ce cas il est propre en général aux personnes juives) on voit que c'est aux USA que ce prénom est, et de loin, le plus porté, avec plus de 73 % !, Israël arrivant très loin derrière avec seulement 6 %, la France n'en ayant quant à elle que moins de 3,4 % ! Pour mémoire je retiendrai qu'il fut celui d'au moins deux personnes à remarquer :
- Major Amiel Weeks Whipple, ingénieur militaire américain (1818 - 1863) qui de par sa formation de topographe fit les relevés pour la frontière américano-mexicaine en 1853-54, devint Brigadier Général lors de la Guerre Civile et finit Major Général des Volontaires de l'Union en 1863, le jour même de son décès. Ce patronyme Weeks est assez courant outre-Atlantique, tout comme en moindre mesure notre nom employé comme prénom; je me dois de citer à ce sujet d'autres Weeks qui eurent le prénom Amiel en faveur sans qu'ils soient pour autant d'authentiques parents du Major : Il y a notamment un Amiel Weeks de Dorchester et deux jeunes Amiel Weeks Jr au XVIIème S. ("Geo : Weekes : Genealogy of the family of George Weeks, of Dorchester, Mass., 1635 - 1650" de Robert Dobb Weekes; Press of L. J. Hardham, 1885 . "New England Families, genealogical and mémorial..." de W. R. Cutter; Clearfield Co, 1997).
- Monseigneur Amiel-François Bessière, prélat algérien, d'origine française nait en 1869 à St Chinian (34); ordonné prêtre en 1892, il est nommé évêque de Constantine (Algérie alors département français) le 2 janvier 1917 et sacré en juillet de la même année. Il meurt en cette qualité en octobre 1923.
- Plus récent et actuel, je citerai pour la forme pseudo-latine de son prénom à la française, Mgr Emilius Goulet, prélat canadien qui fut archevêque de St Boniface au Manitoba de 2001 à 2009.
- Les régions du monde où le nom est le plus porté : Les régions de France où le nom patronymique Amiel est le plus porté sont Midi-Pyrénées en tête puis Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cote d'Azur mais le nom est diffusé dans quasiment tous les départements, mobilité aidant; aux Usa où notre nom n'est que le 66 millième porté (!) c'est en Californie, New-York et Floride que l'on trouve les plus nombreux mais les états des côtes est et ouest, ceux proches des grands lacs et quelques états du sud ont aussi des Amiel, et tous ne sont sans doute pas d'origine juive (voir Amiel Amérique); ils sont blancs à 80 % mais aussi hispanos pour 13%, noirs pour un peu plus de 4% et ~2,5% de multiraciaux si l'on se réfère aux statistiques officielles en la matière, permises à juste titre chez eux. Au Canada l'on compterait environ une quarantaine de familles de notre nom et suivant l'origine de leurs ancêtres du vieux continent il s'y trouve des Amiel anglo-saxons comme des Amiel parlant québécois, ils habitent autant Montréal que Vancouver, sont d'origine religieuse juive ou protestante....
- Quelques précisions supplémentaires : En France il y a lieu de noter leur présence, à l'instar des autres patronymes régionaux, à Paris et Ile-de-France en raison des migrations intérieures attirant vers la capitale et sa couronne; pour l'Espagne c'est essentiellement en Catalogne qu'ils se trouvent (Girona) et à Valencia; pour l'Europe alémanique les quelques Amiel sont dans le Scwarzwald-Baar (Allemagne) et Innsbruck-Land, Wien-Umgebung (Autriche), Widnau (Suisse) mais aussi en Suisse francophone (Genève, Marly, Aigle ou Lausanne); aux Pays-Bas la dizaine de porteurs du nom est dans le centre-ouest du pays, à Heemstede, Alphen-aan-den-Rijn; en Grande-Bretagne enfin (45 porteurs) ils se répartissent sur 7 comtés, Grand Londres (7), Somerset (3), puis West Midlands, Cambridgeshire, Suffolk, Dorset & Gwynedd pour un seul. En Amérique enfin : Aux Etats-Unis, voici dans quels états ils se trouvent (par ordre décroissant et suivant les abonnés au téléphone entre ()): New-York (29), Floride (35), Californie (17), Arizona (9), Michigan & Wisconsin (5), Georgie (4), Illinois & texas (3), Missouri (2); on peut ajouter qu'il y en a quelques uns dans les Grandes Plaines centrales. Au Canada c'est surtout au Québec francophone qu'ils se trouvent mais quelques anglophones sont aussi présents, côte ouest, sur le Pacifique (Vancouver); en Argentine beaucoup sont à Buenos-Aires bien sûr mais autant à Santa Fe, puis viennent Misiones et Entre Reinacuteos. En Israël enfin il y a ~780 abonnés au téléphone de notre nom mais ce chiffre comprend aussi ceux qui ont Amiel en position de prénom et il est très porté en tant que tel par les juifs de notre temps comme on l'a vu ! Comme quoi les statistiques peuvent parfois être trompeuses.
- La présence des Amiel sur les réseaux sociaux : Facebook recense : 1246 Amiel en France, 747 aux Usa, 120 en Israël, 73 au Royaume-Uni, 53 au Canada, et 160 autres disséminés en Europe, Amérique centrale et du sud et quelques uns en Afrique ou Australie.
NOTA : Il faut je pense prendre tout cela avec circonspection et relativité; de toute façon ces éléments ne sont valables que pour le temps où ils ont été calculés ou évalués et ils ne peuvent donc constituer qu'une information statistique temporaire qui ne peut refléter qu'un instant, une photographie des porteurs du nom Amiel.
Des patronymes composés et des surnoms avec AMIEL :
Autour du patronyme Amiel vu un peu comme une racine, on trouve, en France, d'innombrables noms composés et des surnoms lesquels servent à préciser de quel Amiel il s'agit, tant dans certains coins il y en eut, surtout à une époque pas si éloignée où il n'y avait pas de carte d'identité et où pourtant il était nécessaire déjà de pouvoir identifier clairement les individus pour un tas de raisons (justice, commerce, armée, héritages ....). Souvent donc est ajouté au nom patronymique de base, un autre nom relatif soit à une branche familiale secondaire, soit au lieu d'origine familial (chez les nobles locaux surtout, introduits par la locution "de" mais on trouve aussi cette forme pour les non-nobles); un exemple rare d'un noble ou d'un bourgeois qui se prenait pour un noble, celui de cet Amiel de Tréville, simple contrôleur des contributions directes, qui demande en 1853 de se renommer "d'Amiel de Tréville" donc avec un titre nobiliaire supplémentaire, sur son nom principal, se rajoutant à celui d'un fief dont sa famille n'a peut-être jamais été doté ni eu de relation (Arch. Nat. art BB/11/620 à BB/11/689; titre 635 dossier 9966X5). Souvent aussi et dans les milieux populaires on attribuera volontiers un surnom (auparavant cette pratique sera celle des nobles au moyen-âge) sous la forme : Amiel "dit" Machin; Machin pouvant recouvrir un trait de caractère, un détail physique de celui à qui il était attribué. Quelquefois comme cela se fait couramment en langue occitane, c'est par un diminutif que sera exprimé ce trait personnel. Voici un florilège de tous ces patronymes à rallonge :
- Amiel dit Luzignan : famille originaire de ce lieu de Charente qui est connu dans la province de Québec (Canada); on a même l'exemple chez eux d'un Amiel dit Luzignan qui épousa une Thérèse "Roger dit Latouche" à la fin du XVIIème S. à Boucherville (Québec).
- Amiel dit La Roquette : au XVIIème S. à St Bonnet de Joux (71);
- Amiel dit Gaillard : au XIXème S. à Oloron Ste Marie (64);
- Bernard Amiel dit Jeune : noble ariégeois noté ainsi en 1223 pour le distinguer de son père qui avait le même nom dans une donation de Raymond VII de Toulouse au Comte de Foix (le père est nommé dans un acte de 1201); le nom exact des deux étant Bernard Amiel de Pailhès (un patronyme déjà précisé par l'inclusion du nom du fief principal de la famille);
- Amiel de Barrigue (13), Amiel de Ste Julie (04) ... autres patronymes familiaux de nobles locaux qui ont perduré longtemps;
- Amiel dit Aroucaille : soit "de la rocaille" à Miglos (09); Amiel dit Brueys (13) soit des bruyères; Amielh dite Vesque (13); Amiel dit Dedieu, pensionné en 1834;
- Amiel dit Bouilhon : (un occitan à coup sûr) intendant militaire en 1576 puis bien connu comme commerçant à Tunis en 1591;
- le joyeux Amiel dit Belhumeur, l'amusant Amiel La Beaugossite (à Dafina, Maroc, XXème S.), voire même Amiel dit Poupou (XXème S., pétanqueur de Coursan (11) qui sans doute finissait toujours second comme un certain Poulidor ?);
- Amiel dit Mercier : marchand de Tarascon (09) au début du XIVème S. accusé d'émission de fausse monnaie;
- Amiel dit Bazala : éminent résistant de Lozère lors de la 2ème guerre mondiale; c'était son surnom de guerre par lequel il fut connu;
- Amiel d'Arrac au début du XIXème S (64); un simple Amiel Fils, audois de la 2ème moitié du XVIIème S.; l'incroyable Amiel La Ruche du début du XIXème à Paris; Amielou, diminutif d'une belle forme attendrissante au XVIIème S en Provence qui sera trouvé plus tard avec les Amiello, Amieles ou Amielth dans la même région.
- Amiel dit Perrier : émigré et qui fit fortune en Amérique durant le XIXème S.; Amiel dit de Curbans au début du XIIIème S. en Provence dont le terme 'dit' disparaitra avec le temps;
- Amiel dit Belamour : colon de St Domingue fin XVIII-début XIXème S.;
- Amiel dit Le Bâtard des Baux : seigneur de la famille des Baux, au surnom très parlant, dont je parle par ailleurs (XIVème S.);
- Amiel dit Bascau et Amiel dit Palmouli (Dumoulin en français) : ariégeois de la vallée d'Oust; avec Amiel dit Mandagne, Amiel dit Patut, dit Pertech et Amiel dit Pichoury ils sont des militaires listés lors des recrutements entre 1857 & 1899;
- Amiel dit Milo : charcutier de Casablanca (Maroc), israélite, au XXème S. dont le surnom est une tautologie;
- Amiel dit Le Roue (Roux ?) : de Niaux (09) cité ainsi au XVIIIème S. pour le différencier de Amiel Piquet (maigre?) et d'Amiel Poncet ou Pancet (gros?);
- Amiel dit Monnoy (Pierre) : de La Roque de Fa (11) au début du XIXème S.
- Amiel dit Le Marquis : au XVIIIème S. dans l'Hérault ou Amiel dit Tougnet à la même époque, de Cornebarrieu (31).....
et pour terminer la combinaison de "Amiel-Fourtas dit Moine" : patronyme ariégeois.
AMIEL, un patronyme attribué :
C'est sans doute un rare cas d'attribution du patronyme Amiel à une ancienne esclave peu après l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848. Le contre-amiral gouverneur de la Guyane prend un arrêté en mai 1857 qui autorise la "nommée Reine" âgée d'environ 42 ans, ancienne domestique sur l'habitation (domaine) Le Pactole, près du Canal Torcy, et domiciliée au Quartier de Sammary, "à prendre le nom patronymique d'Amiel". Pourquoi avoir choisi ce nom ? En examinant d'autres documents de la même époque de ce lieu on s'aperçoit que le nom du greffier est Amiel. Le gouverneur avait bien hésité à accorder cette dénomination mais il l'accorda sur la foi d'un certificat produit par cet Amiel par lequel le fonctionnaire ne s'opposait pas à ce que son nom soit accordé à ladite Reine; et c'est une ordonnance de 1836 qui réglait ainsi cette question "sans avoir à en référer à ceux des Amiel qui demeurent ailleurs" qu'en Guyane (ce qui de toutes façons aurait été impossible). L'émancipation des esclaves provoque l'obsolescence de cette règlementation et le ministre chargé des colonies nommé Hamelin (clin d'œil à notre nom !) le fait connaitre au gouverneur et lui renvoie dès juillet 1857 le dossier pour réexamen. On ne sait ce qu'est devenu Reine ni quel fut son nom patronymique définitif.
(=> "Bulletin Officiel de la Guyane Française" Année 1857; Cayenne, Imp. du Gouvernement).
Je profite de ce fait divers pour évoquer notre nom dans ce même lieu : En 1874 on trouve dans les mêmes archives un permis de recherches et d'exploitation aurifère pour un Amiel Charles de son prénom portant sur pas moins que 4000 ha, sur la rive droite du fleuve Sammary. Je doute qu'il ait fait fortune; l'or est toujours recherché en Guyane de nos jours, souvent sans aucun permis mais avec beaucoup de dégâts pour la nature amazonienne !
Les SURNOMS à travers les siècles: Ex. des AMIEL de BARBENTANE :
Le dépouillement des archives communales de cette commune provençale permet de voir que l'attribution d'un surnom était courant depuis toujours sans doute. Si l'on considère l'état-civil des Amiel on trouve dans l'ordre des dates les surnoms: Leigarra (Légaré? en 1578); La Broche (1579); La Breisse (La Breicha, la sorcière, 1584); Le Manchet (1591); Le Vaillant (1614); Berenguier (Béranger, 1618); La Bonne (diminutif de Bonnet, parent, 1624); De Canade (résidant du quartier de ce nom, 1629); Durban (lieu d'origine, Durban est aussi connu en Ariège, Aude & Gers, 1665); Mas Amiel (du nom de sa propriété, 1832); et même encore au XXème S : Lou Gri (homme costaud); Lou Panto (le farceur, cf. pantomime); Pas Français (au choix : sa nation ou pas de danse); Pepeto (heureux !); Zézette (diminutif de son père, Joseph, Zézé); sans compter un Amielhe surnommé Mondragonne (son employeur, en 1591).