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**Les AEMILIUS de l'HISTOIRE ROMAINE employés dans la LITTERATURE EUROPENNE** :
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**Le Duc d'Aumale** au XIXème S. usera encore du caractère devenu quasi proverbial des Aemilii de la République dans ses "Ecrits Politiques" publiés à Bruxelles en 1868, en un moment où le régime impérial de Napoléon III commençait à être discuté; de même le poète **Jean Moréas**, le Ronsard du Symbolisme comme le nomma Anatole France, publiant en 1891 le recueil "Le Pèlerin passionné", composera à la manière des temps archaïques de la langue française, un "Eglogue à Aemilius" sorte de complainte moyenâgeuse utilisant ces "Trésors du passé" qu'il voulait ressusciter, mais cet Aemilius n'est pas pour lui une réminiscence de l'antiquité romaine, il s'adresse plus prosaïquement par analogie à Emile Meyerson, philosophe et surtout compagnon de café, silencieux et dévoué, l'ami indéflectible : //Aemilius, Aemilius, voici bruire l'heure au roseau que mon souffle avive, l'heure de lamenter// (recueil "Poèmes et Sylves" 1886-1896); la référence à l'antiquité imposait la traduction latine du pré(nom) Emile. Un autre auteur **Charles des Guerrois **publiera lui aussi dans le même style d'ancien français un poème "Aux fentes du passé" dans lequel il se lamente sur les restes visibles de l'antiquité romaine : //Pas un toit des Romains pour porter témoignage / Des grands noms, des grands faits du prodigieux âge, / Plus rien des Scipions, rien des Emiliens; / Des monuments tombés ont péri les liens.// (recueil "Demi-tons à demi-voix", Paris, Lemerre, 1891). **Anatole France** citera quant à lui dans "Thaïs" (L. I, "Le Lotus", 1890) le philosophe néo-platonicien Amelius, conjointement avec Porphyre et l'ancêtre Platon, s'en était alors fini des références aux Aemilii de la République. D'autres œuvres d'auteurs mineurs de ce siècle sont notés dans les pages suppléments.
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T'unir aux Scipions, t'ajouter aux Emiles,
Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".//
Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".//
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Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".//
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// "Au lieu que ton destin veuille te joindre aux Camilles,
T'unir aux Scipions, t'ajouter aux Emiles,
Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".//
T'unir aux Scipions, t'ajouter aux Emiles,
Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".//
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T'unir aux Scipions, t'ajouter aux Emiles,
Marius et Cinna, l'exemple des Tyrans,
Ont pour toi plus d'éclat et des charmes plus grands".
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//Sans l'affect apparent la voix est inutile;
La royale Amilly, si belle, et si subtile,
S'abuse comme toi en la dévotion//.
La royale Amilly, si belle, et si subtile,
S'abuse comme toi en la dévotion//.
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La royale Amilly, si belle, et si subtile,
S'abuse comme toi en la dévotion//.
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Les écrivains les plus célèbres puiseront dans les vieux auteurs latins de toutes disciplines pour référer leurs dires à ce que disaient bien avant eux les Anciens. Il ne peut être question de passer en revue tous les auteurs classiques ni toutes leurs œuvres mais un échantillon d'entre eux peut permettre de se faire une idée de l'impact qu'eut l'antiquité dans l'esprit et la réflexion de ceux qui comptèrent comme grands auteurs dans notre littérature, française s'entend, à travers le seul nom aemilien.
**Montaigne **dans son œuvre philosophique des Essais utilisera pareillement les vieilles références latines. Lui aussi parlera de Aemilius Paulus Macedonicus (Essais; I, XIX) à la suite de Ciceron (Tusculanes; V, 40), de Plutarque (Vie de Paul-Emile; LVI, trad. Amyot, Ed. G. Walter, La Pleiade, I, p.606-607), et de Tite-Live (Histoire Romaine; XXXIX-XLV). Il a également utilisé le nom d'un Marcus Aemilius Paulus qui est connu pour avoir imposé à ses fils la limitation des frais consécutifs à ses propres obsèques (Essais; Ed. Musart, 1847, p.32). Dans le Chap. XIX de ces mêmes Essais intitulé du fameux "Que philosopher c'est apprendre à mourir" le nom d'un Aemilius Lepidus vient illustrer comment on peut aussi mourir bêtement par inattention; il s'agit de Q. Aemilius Lepidus consul en -21 qui décéda suite à un banal accident : son pied heurta le seuil d'une porte ! La référence de ce fait divers malheureux se trouve dans l'Histoire Naturelle de Pline (VII, 181). Dans les Essais toujours (L. III, Ch. XIII) il citera encore Pline (Hist. Nat. L. XXXIII) pour illustrer la signification de la phrase que ce dernier prête à Aemilius Paulus Macedonicus et devenu un proverbe depuis, traduit par deux phrases similaires : "Vous ne savez pas où le bât blesse" ou "A chaque pied, son soulier" (cf. compléments à ce sujet).
**Blaise Pascal** parlera aussi de ce très connu Aemilius Paulus Macedonicus dans ses illustrations de "Vanités" : suivant les classements : Vanité n°3/38, Pensées 409 & 410, Grandeur 13, sur la 'grandeur de l'homme' a propos de Persée auquel Aemilius reprochera de ne pas se donner la mort lui-même en réponse au malheureux vaincu qui demandait à ne pas figurer à son Triomphe. Pascal argumente que si Aemilius ait pu, à juste titre, être heureux de ne plus être consul (on n'était consul que pour un an !) Persée pour sa part aurait dû être malheureux de n'être plus roi (car lorsqu'on est roi c'est pour la vie) !
**Rabelais** sera l'un des premiers peut-être à utiliser le nom d'un Aemilius pour parler d'éducation; ce sera le cas dans son "Pantagruel" (Livre V, 1532) mais aussi dans "Gargantua" (~1533), notamment dans cette phrase extraite du chapitre XV dont le titre est "Comment Gargantua fut mis sous d'autres pédagogues" : //Le tout fut par icelui préféré avec gestes tant propres, prononciation tant distincte, voix tant éloquente et langage tant orné en latin, que mieux ressemblait un Gracchus, un Ciceron ou un Aemilius du temps passé, qu'un jouvenceau de ce siècle.// Il fait là référence à un célèbre orateur qui devient chez lui un instructeur dans l'éducation de son héros Gargantua : il s'agit de Marcus Aemilius Lepidus surnommé Porcina que l'on connait notamment grâce à Ciceron ("Brutus", 25, § 95); il fut l'exemple oratoire, sans pour autant avoir été l'éducateur à proprement parler, d'un acteur célèbre de la politique romaine, Tibérius Gracchus, l'un des deux frères Gracques dont les tentatives de démocratisation sont bien connues. Cet Aemilius servira aussi, dans l'antiquité, d'exemple à C. Carbo.
**Le Duc d'Aumale** au XIXème S. usera encore du caractère devenu quasi proverbial des Aemilii de la République dans ses "Ecrits Politiques" publiés à Bruxelles en 1868, en un moment où le régime impérial de Napoléon III commençait à être discuté; de même le poète **Jean Moréas**, le Ronsard du Symbolisme comme le nomma Anatole France, publiant en 1891 le recueil "Le Pèlerin passionné", composera à la manière des temps archaïques de la langue française, un "Eglogue à Aemilius" sorte de complainte moyenâgeuse utilisant ces "Trésors du passé" qu'il voulait ressusciter, mais cet Aemilius n'est pas pour lui une réminiscence de l'antiquité romaine, il s'adresse plus prosaïquement par analogie à Emile Meyerson, philosophe et surtout compagnon de café, silencieux et dévoué, l'ami indéflectible : //Aemilius, Aemilius, voici bruire l'heure au roseau que mon souffle avive, l'heure de lamenter// (recueil "Poèmes et Sylves" 1886-1896); la référence à l'antiquité imposait la traduction latine du pré(nom) Emile. Un autre auteur **Charles des Guerrois **publiera lui aussi dans le même style d'ancien français un poème "Aux fentes du passé" dans lequel il se lamente sur les restes visibles de l'antiquité romaine : //Pas un toit des Romains pour porter témoignage / Des grands noms, des grands faits du prodigieux âge, / Plus rien des Scipions, rien des Emiliens; / Des monuments tombés ont péri les liens.// (recueil "Demi-tons à demi-voix", Paris, Lemerre, 1891). **Anatole France** citera quant à lui dans "Thaïs" (L. I, "Le Lotus", 1890) le philosophe néo-platonicien Amelius, conjointement avec Porphyre et l'ancêtre Platon, s'en était alors fini des références aux Aemilii de la République. D'autres œuvres d'auteurs mineurs de ce siècle sont notés dans les pages compléments.
Il est certain que la notoriété redécouverte des Aemilii à la Renaissance et pendant plus de trois siècles est redevable au lustre réel de la gens Aemilia notamment des derniers temps de la république. Les trois grands axes de colonisation hors de l'Italie, débutés avec la fin des Guerres Puniques, à l'est avec la Grèce, à l'ouest avec l'Espagne, au sud sur les côtes d'Afrique, ouvriront les conquêtes vers l'Orient comme vers l'Europe de l'Ouest faisant de Rome la maitresse incontestable de la Méditerranée et de l'Europe du sud. Mais la longue unité romaine qui s'ensuivra ne dépassera pas (du moins pour sa partie occidentale) le Vème S. de notre ère, ce qui n'est déjà pas si mal. L'unité italienne redeviendra alors un rêve jusqu'à la fin du XIXème S.; c'est à ce moment-là qu'**Alphonse Karr** (in "Dans la lune", Lévy, Paris, 1883) parle de trois rêves pour les habitants de la botte dont celui de refaire l'ancienne république de Rome, et il en appelle dans une syntaxe rappelant une citation de Cicéron que j'ai noté et expliqué, à de nouveaux grands hommes parmi eux, des italiens "mais qui n'ont pour l'instant à leur disposition ...ni Fabius,..., ni Paulus Aemilius ni aucun Scipion, ni..., ni...." une grandeur désormais définitivement éteinte qui tranche tant avec ce qu'en disait deux mille ans plus tôt l'illustre avocat, et bien que l'Italie soit arrivée enfin à voir le jour et pris sa juste place dans le concert des nations.
Plusieurs vestales de la gens Aemila sont aussi rappelées, évidemment parce qu'elles ont laissé une trace dans les commentaires de l'histoire antique (voir les compléments biographiques romains). Dans ce rappel moderne d'une vestale Aemilia c'est l'exemple d'une pieuse servante de la déesse Vesta qui est emprunté par l'auteur pour regretter que son amie du moment se comporte de la même façon, toute confite en dévotion. Voici ce passage :
//Sans l'affect apparent la voix est inutile;
**Montaigne **dans son œuvre philosophique des Essais utilisera pareillement les vieilles références latines. Lui aussi parlera de Aemilius Paulus Macedonicus (Essais; I, XIX) à la suite de Ciceron (Tusculanes; V, 40), de Plutarque (Vie de Paul-Emile; LVI, trad. Amyot, Ed. G. Walter, La Pleiade, I, p.606-607), et de Tite-Live (Histoire Romaine; XXXIX-XLV). Il a également utilisé le nom d'un Marcus Aemilius Paulus qui est connu pour avoir imposé à ses fils la limitation des frais consécutifs à ses propres obsèques (Essais; Ed. Musart, 1847, p.32). Dans le Chap. XIX de ces mêmes Essais intitulé du fameux "Que philosopher c'est apprendre à mourir" le nom d'un Aemilius Lepidus vient illustrer comment on peut aussi mourir bêtement par inattention; il s'agit de Q. Aemilius Lepidus consul en -21 qui décéda suite à un banal accident : son pied heurta le seuil d'une porte ! La référence de ce fait divers malheureux se trouve dans l'Histoire Naturelle de Pline (VII, 181). Dans les Essais toujours (L. III, Ch. XIII) il citera encore Pline (Hist. Nat. L. XXXIII) pour illustrer la signification de la phrase que ce dernier prête à Aemilius Paulus Macedonicus et devenu un proverbe depuis, traduit par deux phrases similaires : "Vous ne savez pas où le bât blesse" ou "A chaque pied, son soulier" (cf. compléments à ce sujet).
**Blaise Pascal** parlera aussi de ce très connu Aemilius Paulus Macedonicus dans ses illustrations de "Vanités" : suivant les classements : Vanité n°3/38, Pensées 409 & 410, Grandeur 13, sur la 'grandeur de l'homme' a propos de Persée auquel Aemilius reprochera de ne pas se donner la mort lui-même en réponse au malheureux vaincu qui demandait à ne pas figurer à son Triomphe. Pascal argumente que si Aemilius ait pu, à juste titre, être heureux de ne plus être consul (on n'était consul que pour un an !) Persée pour sa part aurait dû être malheureux de n'être plus roi (car lorsqu'on est roi c'est pour la vie) !
**Rabelais** sera l'un des premiers peut-être à utiliser le nom d'un Aemilius pour parler d'éducation; ce sera le cas dans son "Pantagruel" (Livre V, 1532) mais aussi dans "Gargantua" (~1533), notamment dans cette phrase extraite du chapitre XV dont le titre est "Comment Gargantua fut mis sous d'autres pédagogues" : //Le tout fut par icelui préféré avec gestes tant propres, prononciation tant distincte, voix tant éloquente et langage tant orné en latin, que mieux ressemblait un Gracchus, un Ciceron ou un Aemilius du temps passé, qu'un jouvenceau de ce siècle.// Il fait là référence à un célèbre orateur qui devient chez lui un instructeur dans l'éducation de son héros Gargantua : il s'agit de Marcus Aemilius Lepidus surnommé Porcina que l'on connait notamment grâce à Ciceron ("Brutus", 25, § 95); il fut l'exemple oratoire, sans pour autant avoir été l'éducateur à proprement parler, d'un acteur célèbre de la politique romaine, Tibérius Gracchus, l'un des deux frères Gracques dont les tentatives de démocratisation sont bien connues. Cet Aemilius servira aussi, dans l'antiquité, d'exemple à C. Carbo.
**Le Duc d'Aumale** au XIXème S. usera encore du caractère devenu quasi proverbial des Aemilii de la République dans ses "Ecrits Politiques" publiés à Bruxelles en 1868, en un moment où le régime impérial de Napoléon III commençait à être discuté; de même le poète **Jean Moréas**, le Ronsard du Symbolisme comme le nomma Anatole France, publiant en 1891 le recueil "Le Pèlerin passionné", composera à la manière des temps archaïques de la langue française, un "Eglogue à Aemilius" sorte de complainte moyenâgeuse utilisant ces "Trésors du passé" qu'il voulait ressusciter, mais cet Aemilius n'est pas pour lui une réminiscence de l'antiquité romaine, il s'adresse plus prosaïquement par analogie à Emile Meyerson, philosophe et surtout compagnon de café, silencieux et dévoué, l'ami indéflectible : //Aemilius, Aemilius, voici bruire l'heure au roseau que mon souffle avive, l'heure de lamenter// (recueil "Poèmes et Sylves" 1886-1896); la référence à l'antiquité imposait la traduction latine du pré(nom) Emile. Un autre auteur **Charles des Guerrois **publiera lui aussi dans le même style d'ancien français un poème "Aux fentes du passé" dans lequel il se lamente sur les restes visibles de l'antiquité romaine : //Pas un toit des Romains pour porter témoignage / Des grands noms, des grands faits du prodigieux âge, / Plus rien des Scipions, rien des Emiliens; / Des monuments tombés ont péri les liens.// (recueil "Demi-tons à demi-voix", Paris, Lemerre, 1891). **Anatole France** citera quant à lui dans "Thaïs" (L. I, "Le Lotus", 1890) le philosophe néo-platonicien Amelius, conjointement avec Porphyre et l'ancêtre Platon, s'en était alors fini des références aux Aemilii de la République. D'autres œuvres d'auteurs mineurs de ce siècle sont notés dans les pages compléments.
Il est certain que la notoriété redécouverte des Aemilii à la Renaissance et pendant plus de trois siècles est redevable au lustre réel de la gens Aemilia notamment des derniers temps de la république. Les trois grands axes de colonisation hors de l'Italie, débutés avec la fin des Guerres Puniques, à l'est avec la Grèce, à l'ouest avec l'Espagne, au sud sur les côtes d'Afrique, ouvriront les conquêtes vers l'Orient comme vers l'Europe de l'Ouest faisant de Rome la maitresse incontestable de la Méditerranée et de l'Europe du sud. Mais la longue unité romaine qui s'ensuivra ne dépassera pas (du moins pour sa partie occidentale) le Vème S. de notre ère, ce qui n'est déjà pas si mal. L'unité italienne redeviendra alors un rêve jusqu'à la fin du XIXème S.; c'est à ce moment-là qu'**Alphonse Karr** (in "Dans la lune", Lévy, Paris, 1883) parle de trois rêves pour les habitants de la botte dont celui de refaire l'ancienne république de Rome, et il en appelle dans une syntaxe rappelant une citation de Cicéron que j'ai noté et expliqué, à de nouveaux grands hommes parmi eux, des italiens "mais qui n'ont pour l'instant à leur disposition ...ni Fabius,..., ni Paulus Aemilius ni aucun Scipion, ni..., ni...." une grandeur désormais définitivement éteinte qui tranche tant avec ce qu'en disait deux mille ans plus tôt l'illustre avocat, et bien que l'Italie soit arrivée enfin à voir le jour et pris sa juste place dans le concert des nations.
Plusieurs vestales de la gens Aemila sont aussi rappelées, évidemment parce qu'elles ont laissé une trace dans les commentaires de l'histoire antique (voir les compléments biographiques romains). Dans ce rappel moderne d'une vestale Aemilia c'est l'exemple d'une pieuse servante de la déesse Vesta qui est emprunté par l'auteur pour regretter que son amie du moment se comporte de la même façon, toute confite en dévotion. Voici ce passage :
//Sans l'affect apparent la voix est inutile;
Deletions:
**Montaigne **dans son œuvre philosophique des Essais utilisera aussi les vieilles références latines. Lui aussi parlera de Aemilius Paulus Macedonicus (Essais; I, XIX) à la suite de Ciceron (Tusculanes; V, 40), de Plutarque (Vie de Paul-Emile; LVI, trad. Amyot, Ed. G. Walter, La Pleiade, I, p.606-607), et de Tite-Live (Histoire Romaine; XXXIX-XLV). Il a aussi utilisé le nom d'un Marcus Aemilius Paulus qui est connu pour avoir imposé à ses fils la limitation des frais consécutifs à ses propres obsèques (Essais; Ed. Musart, 1847, p.32). Dans le Chap. XIX de ces mêmes Essais intitulé du fameux "Que philosopher c'est apprendre à mourir" le nom d'un Aemilius Lepidus vient illustrer comment on peut aussi mourir bêtement par inattention; il s'agit de Q. Aemilius Lepidus consul en -21 qui décéda suite à un banal accident : son pied heurta le seuil d'une porte ! La référence de ce fait divers malheureux se trouve dans l'Histoire Naturelle de Pline (VII, 181). Dans les Essais toujours (L. III, Ch. XIII) il citera encore Pline (Hist. Nat. L. XXXIII) pour illustrer la signification de la phrase que ce dernier prête à Aemilius Paulus Macedonicus et devenu un proverbe depuis, traduit par deux phrases similaires : "Vous ne savez pas où le bât blesse" ou "A chaque pied, son soulier" (cf. compléments à ce sujet).
**Blaise Pascal** parlera aussi de ce très connu Aemilius Paulus Macedonicus dans ses illustrations de "Vanités" : suivant les classements : Vanité n°3/38, Pensées 409 & 410, Grandeur 13, sur la 'grandeur de l'homme' a propos de Persée auquel Aemilius reprochera de ne pas se donner la mort lui-même en réponse au malheureux qui demandait à ne pas figurer à son Triomphe. Pascal argumente que si Aemilius ait pu, à juste titre, être heureux de ne plus être consul (on n'était consul que pour un an !) Persée pour sa part aurait dû être malheureux de n'être plus roi (car lorsqu'on est roi c'est pour toujours) !
**Rabelais** sera l'un des premiers peut-être à utiliser le nom d'un Aemilius pour parler d'éducation; ce sera le cas dans son "Pantagruel" (Livre V, 1532) mais aussi dans "Gargantua" (~1533), notamment dans cette phrase extraite du chapitre XV dont le titre est "Comment Gargantua fut mis sous d'autres pédagogues" : //Le tout fut par icelui préféré avec gestes tant propres, prononciation tant distincte, voix tant éloquente et langage tant orné en latin, que mieux ressemblait un Gracchus, un Ciceron ou un Aemilius du temps passé, qu'un jouvenceau de ce siècle.// Il fait là référence à un célèbre orateur dont il fait un instructeur dans l'éducation de son héros Gargantua : il s'agit de Marcus Aemilius Lepidus surnommé Porcina que l'on connait notamment grâce à Ciceron ("Brutus", 25, § 95); il fut l'exemple oratoire, sans pour autant avoir été l'éducateur à proprement parler, d'un acteur célèbre de la politique romaine, Tibérius Gracchus, l'un des deux frères Gracques dont les tentatives de démocratisation sont bien connues. Cet Aemilius servira aussi, dans l'antiquité, d'exemple à C. Carbo.
**Le Duc d'Aumale** au XIXème S. usera encore du caractère devenu quasi proverbial des Aemilii de la République dans ses "Ecrits Politiques" publiés à Bruxelles en 1868, en un moment où le régime impérial de Napoléon III commençait à être discuté; de même le poète **Jean Moréas**, le Ronsard du Symbolisme comme le nomma Anatole France, publiant en 1891 le recueil "Le Pèlerin passionné", composera à la manière des temps archaïques de la langue française, un "Eglogue à Aemilius" sorte de complainte moyenâgeuse utilisant ces "Trésors du passé" qu'il voulait ressusciter, mais cet Aemilius n'est pas pour lui une réminiscence de l'antiquité romaine, il s'adresse plus prosaïquement par analogie à Emile Meyerson, philosophe et surtout compagnon de café, silencieux et dévoué, l'ami indéflectible : //Aemilius, Aemilius, voici bruire l'heure au roseau que mon souffle avive, l'heure de lamenter// (recueil "Poèmes et Sylves" 1886-1896). Un autre auteur **Charles des Guerrois **publiera lui aussi dans le même style d'ancien français un poème "Aux fentes du passé" dans lequel il se lamente sur les restes visibles de l'antiquité romaine : //Pas un toit des Romains pour porter témoignage / Des grands noms, des grands faits du prodigieux âge, / Plus rien des Scipions, rien des Emiliens; / Des monuments tombés ont péri les liens.// (recueil "Demi-tons à demi-voix", Paris, Lemerre, 1891). **Anatole France** citera quant à lui dans "Thaïs" (L. I, "Le Lotus", 1890) le philosophe néo-platonicien Amelius, conjointement avec Porphyre et l'ancêtre Platon, s'en était alors fini des références aux Aemilii de la République.
Il est certain que la notoriété redécouverte des Aemilii à la Renaissance et pendant plus de trois siècles est redevable au lustre réel de la gens Aemilia notamment des derniers temps de la république. Les trois grands axes de colonisation hors de l'Italie, débutés avec la fin des Guerres Puniques, à l'est avec la Grèce, à l'ouest avec l'Espagne, au sud sur les côtes d'Afrique, ouvriront les conquêtes vers l'Orient comme vers l'Europe de l'Ouest faisant de Rome la maitresse incontestable de la Méditerranée et de l'Europe du sud. Mais la longue unité romaine qui s'ensuivra ne dépassera pas (du moins pour sa partie occidentale) le Vème S. de notre ère, ce qui n'est déjà pas si mal. L'unité italienne redeviendra alors un rêve jusqu'à la fin du XIXème S.; c'est à ce moment-là qu'**Alphonse Karr** (in "Dans la lune", Lévy, Paris, 1883) parle de trois rêves pour les habitants de la botte dont celui de refaire l'ancienne république de Rome, et il en appelle à de nouveaux grands hommes parmi eux; des italiens "mais qui n'ont pour l'instant à leur disposition ...ni Fabius,..., ni Paulus Aemilius ni aucun Scipion, ni..., ni...." une grandeur désormais définitivement éteinte qui tranche tant avec ce qu'en disait deux mille ans plus tôt Cicéron, et bien que l'Italie soit arrivée enfin à voir le jour et pris sa juste place dans le concert des nations.
Plusieurs vestales de la gens Aemila sont aussi rappelées, évidemment parce qu'elles ont laissé une trace dans les commentaires de l'histoire antique (voir les compléments biographiques romains). Dans ce rappel moderne d'une vestale Aemilia c'est l'exemple d'une pieuse servante de la déesse Vesta qui est employé par l'auteur pour regretter que son amie du moment se comporte de la même façon, toute confite en dévotion. Voici ce passage : //Sans l'affect apparent la voix est inutile;
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**Shakespeare**, le grand auteur anglais (s'il a bien existé !) fera intervenir plusieurs fois un Aemilius dans ses pièces sur l'antiquité romaine, dans "Titus et Andronicus" qui se passe durant les premiers temps de la République ou "Coriolan", oeuvres bien connues, mais aussi dans d'autres tragédies comme "Jules César" (avec le personnage sournois du triumvir partisan de César, Marcus Aemilius Lepidus) ou "Antoine et Cléopâtre" dont on connait mieux l'époque des premiers soubresauts anti-républicains. Plusieurs Aemilia apparaitront aussi; on peut même dire souvent : dans une tragédie "Othello ou le Maure de Venise", une comédie "The Comedy of Errors" qui est la plus courte qu'il ait écrit mais aussi la plus farcesque, dans le conte tragicomique "The Winter's Tale" et surtout dans un conte pseudo-historique intitulé "The Two Noble Kinsmen". Un mot sur cette dernière œuvre : Il se peut que tout ne soit pas de sa main, le thème est en anglais dérivé des fameux Contes de Canterbury connus chez nous au moins de nom mais surtout de la "Théséide" ou "Noces d'Aemilia" œuvre de l'italien Boccace au XIVème S. dont je parle dans la page suivante et qui fut aussi reprise en français.
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Quelques exemples :
- "Le Tour de Gaule par deux enfants" raconte, analogiquement avec son modèle moderne (Le tour de France...) l'histoire de deux jeunes orphelins, Lucius (14ans) et Aemilius (7ans), qui entreprirent en 186, du temps de l'empereur Commode, un voyage entre Argentomagus (Strasbourg) et Fréjus pour retrouver leur oncle, commandant d'une galère. Ils ne prennent pas bien sûr le chemin le plus courtet l'on visite ainsi la Gaule avec eux (G. Coulon, M. Riu & J. Trolley, La Martinière, 2004).
- Aemilius est, dans un autre roman de G. Coulon, un enfant né à Rome qu'il quitte pour suivre son père, architecte, en Gaule. Dans "Du rififi au Pont du Gard" le père supervise les travaux de construction du fameux aqueduc. Un jour le chantier doit s'arrêter, les bœufs amenant sur des chariots les énormes pierres nécessaires à l'ouvrage sont tous mourants. C'est le début de l'enquête pour le jeune Aemilius.
- Dans un autre titre de la même série, "Quel cirque à Lugdunum" l'auteur G. Coulon pourra parler de l'endroit de spectacles si prisé alors.
- "Le Tour de Gaule par deux enfants" raconte, analogiquement avec son modèle moderne (Le tour de France...) l'histoire de deux jeunes orphelins, Lucius (14ans) et Aemilius (7ans), qui entreprirent en 186, du temps de l'empereur Commode, un voyage entre Argentomagus (Strasbourg) et Fréjus pour retrouver leur oncle, commandant d'une galère. Ils ne prennent pas bien sûr le chemin le plus courtet l'on visite ainsi la Gaule avec eux (G. Coulon, M. Riu & J. Trolley, La Martinière, 2004).
- Aemilius est, dans un autre roman de G. Coulon, un enfant né à Rome qu'il quitte pour suivre son père, architecte, en Gaule. Dans "Du rififi au Pont du Gard" le père supervise les travaux de construction du fameux aqueduc. Un jour le chantier doit s'arrêter, les bœufs amenant sur des chariots les énormes pierres nécessaires à l'ouvrage sont tous mourants. C'est le début de l'enquête pour le jeune Aemilius.
- Dans un autre titre de la même série, "Quel cirque à Lugdunum" l'auteur G. Coulon pourra parler de l'endroit de spectacles si prisé alors.