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"Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c'est le présent tel qu'il a survécu de la mémoire humaine."
Marguerite Yourcenar "Les yeux ouverts" 1980.


LES SOURCES DOCUMENTAIRES :
- Diverses :
On a dit qu'elles sont riches; elles sont aussi diverses et ceci pour plusieurs raisons : il est certain que nombre d'actes, de chartes, de contrats, de décisions, ont été perdus avec le temps et les bouleversements dont l'histoire n'est pas avare; souvent des incendies, des pillages, se sont ajoutés aux guerres et exactions de toutes sortes mais un certain nombre toutefois ont bravé le temps, cachés, oubliés; ils forment souvent la richesse d'archives privées et surtout d'archives départementales voire nationales. La plupart de ces actes divers ont été enregistrés dans ce que l'on appelle un chartrier, sorte de sommaire décrivant ces actes et les résumant à l'essentiel; c'est le cas pour nombre d'abbayes ou monastères, de châteaux, de villes et communautés, confréries; pour ce qui relevait de la royauté c'est ce que l'on trouve dans la layette (coffre de chartes); pour ce qui concerne l'église romaine il y a le trésor immense des archives vaticanes qui, en leur temps ont été à Avignon bien entendu; au XIIIème S. et pour ce qui nous concerne particulièrement il ne faut pas sous-estimer la richesse des registres d'inquisition si précis, si locaux; ces relevés d'interrogatoires sont une mine d'informations pour ce qui touche à la vie rurale dans le Haut-Languedoc durant tout ce siècle agité dans la région et les débuts du XIVème S.
- Leur contenu :
Dans ce que l'on nommait autrefois le "grenier de l'histoire", dans ce trouve-tout d'antiquaire voire de simple brocante, dans ces documents divers il est question selon le cas, de dons, d'achats de terres, d'actes d'allégeance, de mariages, testaments, reconnaissances; ce peut être des relevés cadastraux que l'on nommait compoix, des actes de fondation de communautés civiles comme religieuses, des censiers qui indiquaient les contributions imposées aux chefs de familles suivant leurs revenus, des remontrances seigneuriales comme communautaires, civiles comme religieuses, des procès eux aussi civils comme religieux, sans compter sur les décisions seigneuriales diverses et variées, etc....On ne peut enfin mettre totalement à part les œuvres de l'esprit, comme celles des troubadours et les auteurs qui ont "raconté" la Croisade contre les Cathares, les compositeurs de chansons de geste, les chroniques des "historiens" de l'époque, même si ces dernières sont souvent partisanes, ne mettant en exergue que la position du commanditaire ou simplement de la puissance suzeraine sous la protection de laquelle ils se plaçaient !
- Des imprécisions :
Si pour nombre d'actes les dates de leur rédaction sont expressément indiquées, il n'en va pas de même pour connaitre avec précision les dates encadrant la vie de la plupart des personnages de cette lointaine époque, tout comme celles qui encadrent leurs diverses fonctions quand ils en ont; mis à part les très haut placés dans la hiérarchie ecclésiale ou civile il est difficile en effet de suivre assez précisément ces Amiel du haut moyen-âge. D'autant plus que l'orthographe de leurs noms est également très variable. De telles imprécisions peuvent il est vrai être contournées par des croisements d'informations diverses permettant de préciser les périodes de vie et d'action de ces hommes mais il en va ici comme pour les découvertes archéologiques, il faut y tomber dessus et avoir le déclic adéquat grâce à de solides connaissances que je n'ai pas pour ma part; je fais confiance aux nombreux historiens régionaux pour nous apporter leurs lumières dans ces arcanes de l'histoire de nos lointains prédécesseurs.
-Les origines des Amiel nobles du sud de la France:
Selon le spécialiste des généalogies du moyen-âge Ch. Settipani, les premiers Aemilii nobles occitans puis toutes les familles qui en descendent (et il y en a beaucoup) ont comme aïeul commun, l'arrière petit-fils d'un Antonius de Béziers dénommé Simplicius Aemilii (~875 - après 908), un nom qui en effet va souvent être mentionné (cf. "La noblesse di Midi Carolingien - Etudes sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IXè au XIème S., Toulousain, Périgord, Limousin, Poitou, Auvergne" Vol. 5 de Occasional Public of the Oxford Unit for prosopographical research, Occas. Publ. UPR, 2004). Cet Antonius de Béziers dont ils descendent donc, est l'un des quatre enfants d'un descendant du duc Eudes d'Aquitaine nommé Wandresigil des Marches. Enfin le duc Eudes a pour ancêtre, selon toujours Mr Settipani (même rèf.) un certain Aemilius de Laon, le père de St Rémi, personnage que l'on a déjà évoqué dans une page précédente, ce qui revient finalement à rattacher tout ce beau monde non seulement à la romanité finissante mais aussi à la francité naissante de la moitié nord de la France ! On en pensera ce que l'on voudra bien entendu....mais le roman national français est sans doute ainsi satisfait !
- Les noms ! :
Ce qui est le plus important pour nous, ce sont évidemment les noms qui sont cités dans tous ces documents, des noms aux orthographes si changeantes, parfois surprenantes, toujours intéressantes à relever et à étudier suivant les familles, les époques et les lieux, et je ne m'en suis pas privé : c'est un bonheur de faire ainsi revivre ces noms et finalement ceux qui les ont portés. Je n'en boude pas pour autant les circonstances pour lesquelles ces noms sont cités et comme Verlaine dans sa mélancolique "Chanson d'automne" pourrai-je soupirer en pensant à ceux des Amiel, dont probablement de mes ancêtres, qui ont vécu en ce temps-là: "Je me souviens, / Des jours anciens, / Et je pleure".....
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