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On sait que beaucoup de cathares furent 'tisserands', c'était d'ailleurs l'un de leurs surnoms, un métier ne contrevenant pas à leur croyance, solitaire et discret. Lors des interrogatoires par l'inquisition, les greffiers n'indiquaient que très rarement la profession de ceux qu'ils interrogeaient, ce détail n'étant sans doute pour eux qu'accessoire. Dans la déposition de Jean Gandil (interrogé en 1244, ce qu'il dit se passant vers 1239), on trouve indirectement une telle indication: On sait par lui que Raymond Amiel était 'laboureur' à Montmaur (11), il le dit même deux fois de suite, et cet Amiel vendait dans sa maison son blé, sa production, qui lui permettait de vivre tant bien que mal. De toutes façons l'éventail des professions était sans doute assez limité et cantonné aux stricts besoins de la pauvre et simple société paysanne: manger, se vêtir et se loger.
QUELQUES AMIEL de la VALLEE de SEIX (09) :
On connait quelques Amelius de cette vallée ariégeoise au début du XIIIème S.: Amelius d'Acxcessa (Seix) et Amelius Rubens (le rouge) qui étaient possiblement de la même famille; en effet le 2ème est témoin d'un don du 1er (avec son frère) de la moitié d'un champ (pendant 20 ans ! seulement) à la Commanderie Templière de Salau à charge pour le commandeur de pourvoir pendant ces temps à leur existence, leurs besoins en cas de maladie ou de misère et sans oublier leur mort (passage très important essentiel même pour l'homme du moyen-âge). Cet acte est daté de Septembre 1226.
Tant d'AMIEL à MONTSEGUR :
Amiel Aicart, nom formé de deux appellations individuelles (Aicart étant lui d'origine germanique) est bien connu par ceux qui s' intéressent aux derniers jours de Montségur; c'est le nom de l'un de ceux qui serait parti nuitamment de la forteresse, avec Hugo Poitevin et autre Sabatier, vers le 14 mars 1244, la veille de la reddition, emportant mystérieusement un précieux "trésor" pour le cacher dans quelque grotte du Sabarthès voisin, certains parlent de Lombrives où se serait caché ledit Amiel lui-même (?) Par contre le nom de Pierre Amiel, s'il est surtout connu au même endroit au même moment c'est surtout celui de l'Archevêque de Narbonne qui assista à la chute du bastion ultime et ordonna le bûcher des quelques deux cents réfugiés cathares du Pog ariégeois. Mais un autre Amiel (?) semble cité dans l'œuvre d'une grande spécialiste de la religion cathare, Zoé Oldenbourg. Selon elle il faut remonter au début du siège de la forteresse, en mai 1243; cet Amiel, avec Clamou, Peytavi, et le diacre Clamens, serait descendu du nid d'aigle le 13 Mai, ils auraient traversé prudemment les lignes ennemies fraichement installées et se seraient rendu à Caussou; soit pour déjà mettre à l'abri un précieux dépôt, soit pour apporter une forte somme d'argent à Pierre-Roger de Mirepoix, le défenseur de Montségur, pour les besoins de son armée (cf. Zoé Oldenbourg "Le Bûcher de Montségur" NRF, 1959); l'auteur citant la chronique dit que "Tous étaient porteurs de biens fort importants" (cf. "Guide de la France Templière" A. Lemeyre, Tchou, 1975); vu les similitudes des faits pour ces deux dates, on pourrait penser que Mme Oldenbourg a confondu ces évènements, pourtant elle en parle de façon bien distincte dans son récit du siège.
DES AMIEL de LIMOUX coupables D'HERESIE :
Un document des Arch. de l'Aude (46206,GG220) donne une longue liste de 156 limouxins coupables d'hérésie établie en 1246, ce qui peut sembler beaucoup mais le texte est bien là. Ces pauvres bougres (mot à considérer selon son sens cathare) nomment dans cette pièce des procureurs pour aller défendre leur cause auprès du pape Innocent IV. Beaucoup ont soit leur surnom indiqué soit leur métier, soit encore le lieu où ils vivent. Parmi eux on trouve les noms de : Petrus Amelius Maurati (le maure?), Petrus Amelius Asterius (dit l'étoile?), Guillelmus Amelius de Gaiano (de Gaja, sans doute de nos jours Gaja-et-Villedieu 11), Amelius de Flaciano (de Flassian, ancienne localité aujourd'hui quartier de Limoux), Johannes de Amilavo (habitant de Millau ou Milhavet ?) .
AMIEL DE BRASSAC:
L'autre écriture de son nom étant "Ameli de Brassaco" il est certain qu'Amiel était son patronyme et Brassac le lieu dont il était originaire. Ce personnage est cité comme sympathisant cathare en 1237, par Jean Blanc qui est interrogé par l'inquisition en 1244. Sachant que ce dernier était, lui, d'Hautpoul (81) on peut supposer qu'Amiel était de Brassac dans les Monts de Lacaune (81).
AMIEL DE VAURO: (voir autre article sur un même nom)
Désigné aussi comme "Amelii de Vauro", il s'agit bien par Amiel de son patronyme; Vauro désigne probablement Lavaur(81) le lieu où il habitait. Il est cité avec plusieurs "Miel" qui paraissent donc avoir perdu malencontreusement, par suite des greffiers civils ou religieux, l'initiale amielienne. Dans la même maison de Pierre Amiel de Lavaur vivent le fils et la fille de ce "Pierre Miel" ("Mello" même, dans le texte); c'est ce que raconte, pardon avoue, Arnaude de La Motte dans sa 'déposition' à l'inquisition de Montauban (82) faite en 1244 mais situant les faits vingt ans auparavant, soit en 1224! Quelle mémoire! Fut-elle vraiment certaine de ce qu'elle racontait? surtout des noms? On peut raisonnablement en douter.
AMIEL DE CAMPOLONGO :
A première vue il pourrait s'agir d'un Amiel de Camplong (localité audoise du Lézignanais) mais ce n'est pas le cas. Cet Amiel désigné ainsi était de Campo Longo, tènement situé sur la commune d'Airoux, en plein Lauragais audois, à mi-chemin de Labastide d'Anjou et Castelnaudary. Il s'agit probablement du même mais ce n'est pas prouvé, toujours est-il qu'un sceau d'un Amiel de Canlong conservé dans les sceaux de France est connu : "une tour apposé par emprunt" à un acte où les habitants de Laurac (le Grand) jurent fidélité au nouveau seigneur, le roi de France, en mars 1243. Près d'un siècle après sera noté dans un acte de 1335 le nom d'un autre Amiel de Campolongo, lui de St Martin-la-Lande, localité également proche de Castelnaudary.
(=> ref voir ci-après)
PIERRE AMIEL, Consul de PEXIORA :
En latin son nom est indiqué ainsi : Petrus Amelius consules de Podio Siurano. Ce lieu signifiant le pech ou mont sûr est de nos jours le village de Pexiora, entre Castelnaudary et Bram, en Lauragais. A proximité du centre de l'hérésie au début du siècle, cette micro-région autour de Fanjeaux dont Dominique arpenta souvent les chemins lors de ses pérégrinations évangélisatrices n'est plus au temps de ce consul, en 1272, qu'une simple division de la Baylie ou Baillage de Laurac (Bajula de Lauraco, partie LXXXVIII du terrier), dans le cadre de la vaste réorganisation territoriale mise en place après la prise de possession du comté en 1249 par le comte de Poitiers suite à l'infâme traité qui entérina la mainmise du roi de France sur la région languedocienne. Comme consul cet Amiel est le représentant des habitants. Un état des lieux très précis du comté de Toulouse, village par village, fut dressé afin de mettre en place les institutions royales notamment fiscales et judiciaires dans le cadre de sénéchaussées notamment.
(=> "Saisimentum comitatus Tholosani" ou terrier de Toulousain publié par Y. Dossat Bibl. Nat. 1966, f° 193 v° & 195 v°).
ADEMAR AMEILHEM:
Ce personnage au nom amielien compliqué écrit aussi Amelein, Ameilhen ou Amelhein, "dit Chouneyroux" du lieu où il habite, en Périgord (de nos jours lieu situé à Antonne, commune d'Antonne-et-Trigognant 24) est le bénéficiaire de l'affranchissement de tous ses biens par son seigneur Nicolas de Belet le 18 des Kalendes de Juillet 1319. Ce curieux patronyme occitan dans sa conception a des sonorités dans ses finales, ariégeoises (vallée retirée de Sentein) voire de Galice espagnole où l'on retrouve les mêmes sonorités en "-ein" et qui signe une marque voire une origine probablement wisigothe.
La même revue note le nom plus précoce, en 1290, de Gérald Amelhein, au même endroit, dans un acte de Helies de Belet le 6 des ides de Mars. Il doit s'agir de la génération précédente des deux familles.
(=> "Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord" Vol. 1 & 2, 1874)
GUILLERMUS AMELIUS (BEAUCAIRE):
Il est l'un des dix témoins figurant sur un privilège ou permission de pêcher dans les marais de Beaucaire, daté du 14ème des Kalendes de Février 1221 accordé par le roi de France Philippe Auguste aux habitants de Beaucaire.
AMIEL, CATHARES (MAS-SAINTES-PUELLES):
On sait par des témoignages postérieurs de dépositions inquisitoriales, qu'il y avait des cathares au Mas Stes Puelles, vieille bourgade proche de Castelnaudary en Lauragais, bien avant le début du XIIIème S. Bernat Amielh confesse par exemple en 1209 à Toulouse qu'il a "vu des hérétiques marcher dans les rues du Mas Stes Puelles", un demi-siècle plus tôt (~1140) mais il est cependant évident par ce qui suit qu'il se trompe de quelques dizaines d'années probablement, s'il s'agit du même! Très vieux, il réitèrera en effet cette affirmation, le 3 mai 1245, dans le cloître St Sernin de Toulouse devant les inquisiteurs qui décidément n'oubliaient rien dans leurs notes qu'ils classaient soigneusement et vérifiaient à l'occasion. Ceux qui suivent appartiennent bien sûr tous au XIIIème S. , ils sont nombreux et l'orthographe de leurs patronymes est un véritable dictionnaire quasi-complet des formes et adaptations trouvées pour Amiel au moyen-âge en langue occitane. Je les cite tel que leurs noms ont été orthographiés dans le registre d'inquisition du Lauragais (campagne 1245-1246 l'inquisiteur étant Bernard de Caux - MS 609 de la Bibl. Munic. de Toulouse publié par J. Duvernoy - et 1253).
-"Raymondus de Na Amelha" fils de Petrus Wilelmus Garnerius, très prolixe cite notamment :
-"Petrus d'Alamanels" gendre de ce Petrus W. Garnerius, son beau-frère donc.
Un autre fils de ce Garnerius s'appelait Arnaldus Garnerii, ce qui semble montrer que le patronyme "de Na Amelha" porté par le premier cité, est probablement le patronyme de son épouse "Na Amelha", forme curieuse de dénomination patronymique par le patronyme de l'épouse (décédée?) et non par celui du père 'Garnerius'. Mais cet Arnaldus est aussi nommé Arnaldus de Na Mamel, à moins qu'il s'agisse d'un autre ? Il nie dans sa déposition, avoir, trente ans plus tôt (!), adoré un parfait....quelle mémoire !
De plus on connait une concubine à ce Raymondus (peut-être était-il en effet veuf de celle dont il portait le patronyme?), du nom de "Na Barona", chez qui il logeait dans la 1ère moitié du XIIIème S. les hérétiques qu'il protégeait, dont un certain Bertrand Marty, illustre parfait et évêque cathare, chef des bonshommes de Monségur au moment du siège de l'hiver 1243-1244. Le nom de Barona se transmettra comme patronyme sous la forme de Baro jusqu'à nos jours.
-"Ramundum Amielh" ou "Amelii, ou "den Amielh" et son frère,
-"Gallardum Amielh", qui est , lui, cité avec un
-"Willelmus Amielh de Soulha" (de Souilhe, village proche du Lauragais audois); ce dernier, interrogé, n'a rien à dire ! On trouve encore les noms de :
- Ber(nardus) d'en Amiel cité par Willelmus de Silva (la Selve, Gaja la Selve 11),
-"Poncius Damiel" ou "d'Amiel", (il y eut un P. Amiel hérétique en 1210),
-"Johannes Amielh", dont l'épouse Gaillarde est aussi citée en 1245, comme ayant participé à un prêche cathare à St Michel de Lanès vers 1230 par Pierre de St Michel (de Lanès) devant les inquisiteurs Ferrer & Pons; et puis aussi :
-"Petrus Amielh" indiqué 'frater Gallardi' donc frère du Gaillard indiqué ci-dessus, qui, lui, est bien repéré comme hérétique.
- Bernarde dels Amaniels dont est cité la 'domo', l'habitation.
Tous les Amiel cités sont seulement des personnes interrogées par l'inquisition dans ce village en juin 1245. On peut parler donc d'un nom important de ce lieu pour ces Amiel en ce XIIIème S. Ils écoutaient avec d'autres des prédications hérétiques sans qu'on put toutefois les accuser d'adorer ces prédicateurs.
Quelques mots sur le patronyme plus compliqué "d'Alamanels" que l'on vient de noter : Il a pour équivalents dans le même registre: Dalamanel, Amanels, Amaniels, Amanielhs, et "dels Amaniels", toutes formes indiquées dans le registre pour parler de deux frères Petrus et Willelmus de ce patronyme, et de Bernarde l'épouse de Petrus; on y trouve aussi un Arnaldus de Na Mamel qui a sans doute perdu un 'i' dans une transcription trop rapide de son interrogatoire !. Ces Alamaniel forment en tous cas un groupe familial local au nom original et me semble t-il unique qu'il convenait de noter; un seul chercheur onomasticien a donné une origine possible à ce nom comme étant la réitération du nom Amiel (voir page onomastique). On note enfin un R(aymond) Aleman lequel est cité pas moins de 15 fois (!) mais dont le curieux nom, pouvant signifier alémanique (?), ne semble pas en lien avec ces Alamaniel; toutefois une famille de petite noblesse nommée Alaman de la même époque est citée dans la région tarnaise et son origine est curieusement mise à Penne où l'on sait que l'une des familles nobles fut celle des Amiel de Penne, y aurait-il un lien entre les deux... ?
Concernant le patronyme Amiel avec sa "particule" locale lauragaise, on trouve indifféremment den Amielh ou den Amelh, de Na Amelia pour une femme et épouse, den Amièl aussi (ce qui est fort juste en graphie occitane, l'accent grave correspondant à l'émission de voix, qu'à fait disparaître le français !)...
(=> "De Manso Sanctarum Puellarum", in "Manuscrit 609 de la Bibliothèque Municipale de Toulouse" cf rèf. notice suivante; "Revue Archéologique du Midi de la France" Vol. I, Rives & Faget, Toulouse, 1866-67 ).
Les Amiel continueront à habiter le Mas après la conquête royale française : Le terrier du Toulousain mis en place par l'administration du nord et destiné à travers le cadastre local précis à la levée fiscale comme au quadrillage judiciaire nous informe par ex. que Bernard Amiel était propriétaire en 1272 de plusieurs terres dans ce territoire, une vigne, un jardin et des terres labourables. Sans doute est-ce lui qui, en 1287, confessera son hérésie et en périra. Plus tard le Mas sera aussi une nouveau foyer d'hérétiques, de protestants....
(=> "Liber reddituum Serenissimi Domi regis Franciae" ou Terrier de Toulousain publié par Yves Dossat, f° 193 v° & 195 v°)
AMIEL, un nom de MIREVAL, et du LAURAGAIS :
Quelques Amiel de ce village peuvent être notés grâce aux témoignages inquisitoriaux; Paula, femme de Ramundus Johanis nomme son 1er mari, décédé, Alzeus Amelii; Gualharda Amelii, elle aussi veuve, cite son défunt époux, Petrus Amelii, ainsi que son beau-père, Magister (Maître) Gualhardus Amelii (Gaillard Amiel). Lors de la tournée inquisitoriale de 1246, Poncius Amelii, senex notarius (notaire senior) de Miravalle, témoigne qu'il a vu Isarn de Castres, hérétique notoire, "disputer" avec un vaudois, Bernardo Prun; c'est à cette même occasion que Bernardus Amelii junior dit qu'il a vu des mendiants discuter théologie près de l'hospice de Laurac; ont aussi été entendus alors Rossa, "amita" de Dias Amelii, hérétique de Labécède (Lauragais).
(=> en partie "Annales du Midi" Vol. 53 à 55 (n°212 à 218) Ed; Privat Toulouse 1941).
Le Cartulaire de Prouille (près de Fanjeaux) conserve le nom d'un autre habitant de Mireval, Arnaldus Amelii, qui y est propriétaire en 1332, et l'on voit qu'il possède aussi des terres à Villasavary (actes I, 191 & 196 du Cartulaire). Le nom de Poncius Amelii, le notaire de Bram, y est noté, il est présent aussi comme témoin dans le compromis acté entre Prouille et la maison d'Arfons du 5 Septembre 1290 (II,206); certains documents disent qu'il fut cathare et qu'il faisait lui-même l'éducation de ses filles dans cette foi mais c'était avant la Croisade. Ramundus Amelii est lui, propriétaire à Gaja (la Selve) (II,29); un autre Ramundus, de Fendeille lui, vend des 'réates' à Prouille le 28 Juin 1315 (I,114) et est aussi propriétaire à Arborens en 1306 (II,22).
(=> "Cartulaire de Prouille" Vol.2 J. Guiraud 1907).
A Bram, localité proche de Fanjeaux, centre de l'hérésie en Lauragais, Raymond Amiel qui était un croyant cathare accueillait chez lui des parfaits et prédicateurs vers 1240. Il se trouve qu'un homonyme (ou le même ?) est connu dans le même temps à Fanjeaux; on sait qu'il se rendit à Montségur vers 1230 y a adoré les hérétiques parfaits et parfaites, et a mangé avec eux (cf. "Mourir à Montségur. L'épopée cathare" M. Roquebert, Privat, Toulouse, 1989).
Le cas de PIERRE AMIEL : sympathisant ou hérétique ? :
Malgré le nombre considérable de documents concernant la période cathare au XIIIème S. il est quand même assez rare de voir cité un même personnage aussi ordinaire autant de fois.
Pourtant, de cet homme on ne peut affirmer qu'une seule certitude, il était un habitant du Lauragais des alentours de Fanjeaux - Bram et il vivait durant la 1ère moitié du XIIIème S. Beaucoup d'Amiel sont rencontrés alors dans ce coin, sans doute fut-il parent de l'un d'eux. Son nom est cité comme sympathisant cathare par un déposant car il aurait assisté à un prêche de Bertrand Marty à Génerville (village au sud de Fanjeaux) vers 1232 (cf. Fonds Doat, 23, f°144 v°). Puis une dizaine d'années plus tard cette fois le même nom est cité parmi les sympathisants qui assistèrent au prêche du même évêque cathare à St Martin-Lalande (près de Castelnaudary) en 1243.(cf. HGL Devic & Vaissette, T. VI, Paya, Toulouse, 1843). Quelques années avant, en 1240, alors qu'on l'accusait d'hérésie il s'en défendit en disant que même s'il avait fréquenté vers 1220 les hérétiques et en particulier l'un des plus influents alors, Isarn de Castres, jamais il n'avait été lui-même hérétique car il n'avait jamais observé les abstinences, alimentaires en particulier, de cette religion; c'était pour lui une preuve mais aux yeux de l'inquisition, une preuve bien mince et il est certain que sa "mise en examen" fut prolongée et son cas décortiqué; sans doute fut-il jugé et eut-il une condamnation légère après laquelle il abjura. Enfin on retrouve ce nom par hasard sur des feuilles d'un registre d'inquisition qui furent utilisées pour couvrir un registre notarial de Fanjeaux (par économie de papier sans doute on réutilisait de vieux documents désormais périmés). Ces dépouilles du vieux registre de l'inquisition contenaient des aveux obtenus en 1243 et concernaient le Lauragais, particulièrement Fanjeaux, Mas-Stes-Puelles et St Gaudéric. On y trouve donc son nom et, chose rare, il y est qualifié de "tisserand" et de relaps surtout, car il est retombé dans l'hérésie après y avoir renoncé une 1ère fois, on ne peut que supposer ce qu'il advint de lui : le bûcher ! (cf. "La canso" Bulletin n°8, décembre 2009, Conseil Général de l'Aude). Beaucoup de cathares seront comme lui tisserands, une occupation qu'ils pratiquèrent dans le sous-sol de leurs maisons, l'élevage des moutons et le travail de la laine occupaient beaucoup de monde alors. Ce métier si commun fut même une autre façon de parler d'eux sans les nommer expressément.
Les AMIEL dans le Cartulaire de PROUILLE :
Il y a quelque quarante-six références de notre nom dans ce cartulaire; l'abbaye de Prouille, créée par Dominique de Guzman monta en puissance territoriale durant tout le XIIIème S. Outre les terres qui lui furent attribuées par les croisés, après la victoire définitive de la royauté l'afflux de dons sera très important, les nobles et simples propriétaires locaux se sentant alors tenus d'effectuer de tels dons pour entrer en grâce auprès de l'église. J'ai détaillé les noms trouvés dans un dossier spécial.
AMIEL, CATHARES DU LAURAGAIS:
Outre les Amiel du Mas Stes Puelles, de Mireval et du Lauragais interrogés comme témoins ou sympathisants ou ayant eu des affaires avec la monastère de Prouille, on trouve dans le registre de la "tournée inquisitoriale" conservée dans le Manuscrit 609 cité plus haut des Amiel dans d'autres villages du Lauragais (à cheval sur les dép. 31, 11, 81):
- à Rainavila (Renneville 31): "Arnaut Amelii", "Willelma d'en Amielh", "Bernarda d'en Amiel", "Amelii den Hucs", "N'Amielh,
- à Vazegia (Baziège 31): "Willelm Amielh",
- à "Barellas" (Barelles, village à l'origine de la ville neuve de Villefranche-de-Lauragais 31, aujourd'hui simple quartier): "Petrus Amelii
- à "La Guarda" (Lagarde 31): "R(aymundus) Amelli".
- à Folcarde (31): autre Raymundus Amelii; il jure et abjure l'hérésie devant l'archiprêtre de Crozilhas, un chanoine d'Avignonet et l'inquisiteur.
- à Villepinte (11): Bernarda Amelia, fille de Bernardi Amelii.
- à Castel Novo d'Arii (Castelnaudary 11) : Poncius Amelii est cité dans une déposition car il a été vu rentrer de nuit dans la ville par le Portail du Mercadal, avec deux autres compères, Petrus Salomon et Petrus Syrven.
- à Villesiscle (11): Petrum Amelii est vu, avec d'autres, de nuit à Fanjeaux. Sont aussi interrogés, avec une cinquantaine d'habitants, Wilelmus Amelii et son épouse, Huga.
- à Avellaneto, près de Trébons et Bareilles (31): Petrus Amelii.
- à St Martin Lalande (11): c'est la maison d'une Amelia qui est dénoncée comme abritant des hérétiques.
- à Laurac (11) sont vus Amelium de Peirac et son frère et sont auditionnés avec plusieurs autres seigneurs Amelium de Cavanac, Bernard de St Martin et autre d'Auriac; Amiel de Campolongo y est vu; Bernardus Amelii est entendu avec une trentaine d'habitants de la petite capitale du Lauragais.
- à Gaja-la-Selve (11): Petrus Amelii et son uxor (épouse) Suavia.
- à Monte Aliano (Lavaur 81) : Petrum Amelii.
- à Tarrabel (31): Willelmus (aussi nommé peu après Guillelmi) Amelii dit ce qu'il a vu en 1246 ainsi que Petrus Amelii.
- à Gauré (Tribus Vilis 31) aucun Amelii ! mais le texte cite quand même l'inquisiteur : Fr. Amelii !
- à Ste Foy d'Aigrefeuille (31) est indiqué Amelius de Bosqueto, "miles" (soldat) et sa mère, Dulcia qui est hérétique.
- à Monte-Acuto (Montaigut 31): Ermengardam uxor Raymundi Amelii; un autre Ramundus, de Montmaur, est cité aussi.
- aux Cassés (11) est citée la maison de Raymundi Amelii, habitant Le Vaux.
- à Juzes (31): Bernardus Amelii.
- à Montmaur (11): Ramundus Amelii, de la paroisse d'Airos (Airoux).
- à St Paul de Cadaious (81) : Vitalis Amelii est auditionné avec une trentaine d'habitants.
- à Castelnaudary (nouveau passage) : le témoignage précédent est vérifié et précisé sur Poncius Amelii venant de nuit de Lasbordes pour entrer dans la ville.
Il faut remarquer donc la très grande variété de graphie des patronymes en ce temps-là, certains sont en langue romane ou vernaculaire, d'autres pourtant dans le même texte en latin (ou plutôt une des formes latines, en général Amelii), mais tous ceux indiqués ici font référence au patronyme unique d'Amiel, y compris les plus compliqués Alamaniel comme on l'a vu (Mme Brenon, historienne médiéviste, éminente spécialiste des cathares inclue bien, elle aussi, ce patronyme comme provenant d'Amiel).
(=> "Manuscrit 609 de la Bibl. Munic. de Toulouse concernant le Lauragais 1245-1246, 1253, copie Jean Duvernoy 254 folios, titre "Confessiones de V° Libro Lauraguesi Fratris Bernardi de Cantio transcripto in hoc libro usque ad CLXVIII F. .."). Soit: Aveux recueillis en Lauragais par l'inquisiteur de Toulouse Bernard de Caux (et son confrère Jean de St Pierre). On pourrait en citer encore hors de ce manuscrit comme Raymond Amiel de Labège (près de Castanet et Toulouse) qui fut un parfait ou Jean Amiel condamné au bûcher.
Y ont comparu les hommes de plus de 14 ans et les femmes de plus de 12 ans soit ici 5500 personnes. L'enquête inquisitoriale totale a donc "intéressé" près de 20.000 habitants du Lauragais (et du sud de l'Agout, Tarn) en quelques années, juste après la chute de Montségur, il fallait frapper fort pour finir de trancher après la tête, les membres de l'hérésie. Statistiquement parlant il est intéressant de noter que cette zone géographique est relativement restreinte, que le nombre d'habitants y est de ce fait très important et les résultats significatifs, que ce que l'on peut déduire est non seulement représentatif mais aussi assez unique comme renseignements pour ce temps-là et pour cette classe sociale, la plus basse : on y trouve le nom Amiel cité 61 fois sous cette forme romano-occitane et 38 fois sous la forme Amelii latine sans compter les formes avec 'lh', 'd', 'den' et les composés!
Voilà une preuve incontestable de l'enracinement occitan au milieu du XIIIème S. de notre patronyme, un enracinement qui trouve pour moi, sa source non seulement :
-1- dans la Septimanie wisigothe sur laquelle s'est installé et développé la féodalité matrice de l'ancien régime, mais aussi bien plus tôt
-2- dans la romanité gallo-romaine des quatre premiers siècles de notre ère, débutée dans les régions méridionales de Gaule déjà dans la fin du deuxième siècle qui précède notre ère, aussi
-3- dans la diffusion chrétienne du prénom tiré du martyrologe voire enfin
-4- dans la relation avec l'amandier méditerranéen qui égayait le midi et procurait des fruits pour l'hiver.
C'est là véritablement que sont les racines de l'immense majorité des Amiel d'aujourd'hui, je ne le répèterai jamais assez, dans ces régions méridionales qu'ils n'ont toujours pas quitté de nos jours, là où ils sont les plus nombreux actuellement par rapport aux autres patronymes portés, sur un territoire si restreint à l'échelle de l'Europe et infime à celle du monde.
RAYMOND AMIEL (SALSIGNE):
Son témoignage est réclamé par un autre habitant de Salsigne, Guillaume Villanière, qui "subit une confession" entre les mains de l'inquisition à Carcassonne. Il viendra effectivement donner son témoignage avec un autre du nom de Pierre Buade, le jour même, soit le 11 Octobre 1252 : il confirme l'absence du présumé sympathisant cathare à un prêche, assurant une garde au château voisin du seigneur local, à Cabaret, l'un des quatre fiers châteaux de Lastours (11).
(=> "Registre du greffier de l'Inquisition de Carcassonne" et note personnelle).
GUILLAUME AMIEL (CARCASSONNE):
En 1139 un Guillaume Amiel fait donation à la Commanderie Templière de Douzens de fiefs dans le territoire de Montredon, communauté si proche de Carcassonne que le village est toujours un hameau de la ville. Tout près et tout autant intégré est le territoire de St Jean de Brucatel, qui était alors une ferme et un moulin sur l'Aude, au bas de la colline de Grazailles, sous le futur Pont-Rouge. Ce lieu de Brucatel (ou Brucafel) appartenait déjà alors aux templiers de Douzens. C'est peut-être cet Amiel ou son fils de même nom qui devint l'un des premiers consuls de Carcassonne.
Il faut savoir que c'est dès la fin du XIIème S. que les libertés communales se mettent en place en Occitanie, en raison notamment de la place croissante du commerce dans les villes et de l'aisance financière des commercants, à la source de la bourgeoisie urbaine, laquelle revendiquera une place éminente dans la conduite des affaires de la cité; des chartes accordées par les seigneurs aux communautés sont signées et appliquées. La communauté des habitants choisit ses représentants; ainsi à Carcassonne, le mouvement commence par une charte donnée aux habitants du Bourg par le vicomte Trencavel; elle prévoyait l'élection annuelle de 12 prud'hommes, parmi ceux-ci on trouve le nom de "Guillaume Amiel" dès 1184; puis est octroyée par le seigneur vicomte en 1192 la charte consulaire et le même Guillaume sera élu comme Consul de Carcassonne cette année-là, ce qui en fait bien l'un des premiers de la ville.
(=> "Carcassonne et sa région" Féd. Hist. du Languedoc Méditerranéen & du Roussillon 1970).
GUILLEM AMIEL hérétique de CARCASSONNE :
Ce sympathisant cathare fut convaincu d'hérésie par le tribunal inquisitorial de Carcassonne qui siégeait dans une des tours de l'enceinte de la Cité nommée toujours ainsi et condamné à la prison de ce tribunal (située dans le faubourg de St Gimer, au pied de la Cité) en 1329. Il y eut dans la cité, près de la Porte d'Aude, une maison de l'inquisition, mais cette prison, nommée le "mur" était hors les murs; on vient tout juste d'en retrouver la porte d'entrée, enfouie dans le talus de la Cité, à l'aplomb de ladite tour.
SIMON AMIEL, notaire royal à CARCASSONNE (11) :
En 1314, Simon Amiel notaire royal à Carcassonne, obtient par adjudication et pour 10 ans , avec ses associés, les revenus de la "menue leude" de la "notairie des cens et lods" et des amendes inférieures à 80 sols tournois.
BERNARD AMIEL à VILLEGLY (11):
Cet homme était maître-tuilier et possédait sa tuilerie à Villegly (près et au nord de Carcassonne) à la fin du XIVème S. Fouquet de Merle, un franciman vu le nom, devenu seigneur du lieu y prélevait parait-il 25 tuiles par fournée comme droit.
AMIEL du TOULOUSAIN (31):
Cet Amiel dont on n'a que le patronyme fut l'un des "miraculés" reconnus par "Le Livre des Miracles de N. D. de Rocamadour" au XIIème S. Ce miracle est consigné avec ce titre "De quodam ruente ab arbore" (Volume II du Livre, Miracle n° XLIX), en voilà le résumé: Amiel était monté dans un noyer pour gauler les noix; il voulait gauler les plus hautes branches, et par imprudence son pied glissa dans le vide; il tomba d'une hauteur de plus de 60 pieds; mais la vierge veillait sur lui et le sauva: Il ne fut blessé dans aucun de ses membres si ce n'est à une main où il éprouva une douleur bien vite passée. Son corps était aussi sain que son âme.
(=> "Les miracles de N. D. de Rocamadour au XIème S. d'après les manuscrits de la B. N." V. Mary Champion, 1908).
AMIELS, d'ESPALION (12):
Cet homme fut en 1248 notaire de la Baronnie de Calmont d'Olt (12). Il en est le premier connu, le suivant que l'on connaisse n'a oeuvré qu'en 1361, ce qui en fait une exception remarquable.
RAYMOND AMIEL à AVIGNON (84):
Bourgeois d'Avignon, il est sollicité en 1267-68 par le sénéchal de la ville pour frapper des monnaies pour le Comtat Venaissin. La frappe des monnaies au moyen-âge appartenait aux seigneurs comtes des provinces en concurrence avec la puissance royale. En 1267 Charles d'Anjou, comte de Provence, qui possédait des biens indivis avec Alphonse de Poitiers (frère du roi et successeur du comte de Toulouse après la défaite des occitans) fit fabriquer pour la Provence une nouvelle monnaie, que son sénéchal fit, sur son ordre, proclamer comme seule devant avoir cours légal à Avignon. C'était là une atteinte aux droits du nouveau comte toulousain qui s'empressa d'ordonner au sénéchal du Comtat Venaissain (Avignon) de faire battre avec un coin spécial (matrice) une monnaie qui aurait aussi cours en sa ville d'Avignon. Mais cet ordre ne fut pas suivi d'effet. Jean de Prinay, le sénéchal du comtat fit en novembre de la même année 1267 un accord avec Raymond (Jean selon d'autres) Amiel, batteur de monnaie, lequel s'engageait à frapper 20 milliers de monnaie, dont 10 de billons et 10 de gros tournois, pareils à ceux du roi. Une lettre conservée aux Archives Nationales datée du "samedi après les Brandons" 1267 l'indique mais peut-être le roi Louis IX s'opposat-il lui-même à cette émission. Toujours-est-il qu'Alphonse quelque temps après prescrivit de ne frapper pour Avignon qu'une monnaie de billon semblable par son aloi et son poids à la monnaie tournois royale. Et, encore une fois, cette disposition ne fut pas suivie d'effet....
(=> "Revue numismatique" J de Witte & A. de Longpérier T. XIII Paris 1868; et surtout "St Louis & Alphonse de Poitiers : Etudes sur la réunion des provinces..." E. Boutaric, Plon, Paris, 1870).
GUILLAUME AMIEL à TARASCON (09):
En 1305, ce bourg ariégeois était devenu le rendez-vous des faux-monnayeurs de la région et progressivement la justice viendra tempérer cet état de fait en jugeant ces brigands dont un "Guillaume Amiel, dit Mercier" (vendeur de tissus), tous 'marchands' et habitant Tarascon.
(=> "Cartulaire de l'abbaye de Boulbonne" pp 147-148 et "Hist. Gén. du Languedoc" T. IV p116.).
Les AMIEL à MONTAILLOU (09) :
L'historien E. Leroy Ladurie fit paraître en 1979 une étude qui fut remarquée alors: "Montaillou, village occitan" car elle avait trait à la vie d'un petit village ariégeois perdu aux confins quasi inaccessibles de l'Aude et de l'Ariège au XIIIème S. Le livre parait alors que la France du nord de la Loire venait de découvrir un pan entier d'une histoire de France totalement méconnue d'elle grâce à la diffusion d'une série dramatique intitulée "Les Cathares" ("La Caméra explore le temps", 1966) de Stellio Lorenzi, le réalisateur culturel de la télévision française alors nationale. S'appuyant sur le registre d'inquisition de Jacques Fournier qui vint enquêter jusque là entre 1294 et 1324 dans ce foyer "infesté d'hérésie" selon lui, l'historien cite plusieurs Amiel : Amiel Authié, Amiel de Rieux (ou de Rives) qui sont des pérégrins parfaits cathares évangélisant mais aussi des habitants de ce lieu haut-perché comme cette famille, maison ou maisonnée dont Jean-Pierre Amiel était le chef (cap d'ostal en occitan) : ils étaient originaires d'Ascou (en Ariège) et le père Pierre avait dû quitter le village avec son épouse Rixende car, selon une rumeur, il était lépreux; il y avait aussi dans cette maison Bernadette Amiel. L'Inquisition était donc venu faire son œuvre même dans ce bout du monde, pourchassant ici aussi les hérétiques dans ces lieux reculés.
Les AMIEL dans la VALLEE D'ASCOU (09) :
Ce sont probablement les mêmes que les précédents mais les faits rapportés sont antérieurs: le bonhomme Peire Authier parcourt, non loin du Pays d'Aillou, la vallée d'Ascou, en Ariège toujours, sous le col de Pailhères qui conduit au Donezan audois, c'est le même coin que Montaillou. Une nuit d'août nous raconte l'auteur, historienne reconnue, le prédicateur est surpris au foyer de Joan Amiel et de sa mère Rixende par un voisin indiscret qui n'hésite pas à soulever un bardeau du toit pour mieux voir et entendre. Le bonhomme porte un capuchon bleu ainsi que celui qui l'accompagne...Avec la maîtresse de maison il se montre courtois, louant la qualité du pain qu'elle a pétri et des poissons qu'elle a cuisinés. Dans la conversation entendue il parlera d'un voisin qui l'a éconduit, Guilhem d'Ascou; l'ancien notaire qu'il fut parle de cet homme avec un humour familier, dans un occitan coloré que l'inquisiteur peinera à traduire en son latin : "es tinhous e eissaurelhat" (c'est un teigneux essorillé), car ce soir "tot m'a embanassat" (il m'a proprement écorné). Après quoi il se livre à quelques charges contre les curés du coin ! C'est là l'écho furtif d'un village de montagne assez isolé, chez des paysans croyants avec qui l'ancien notaire de l'intelligentsia du Sabarthés parait très à l'aise.
(=> "Le dernier des cathares, Peire Autier" Anne Brenon; Paris, Perrin, 2006).
PIERRE AMIELH DE VALERNES:
Ce bourgeois de la ville de Valernes (04) fut l'un des députés à l'assemblée du Baillage de Sisteron tenue en 1391, sorte de Conseil Général de l'époque.
ETIENNE AMIEL, CABISCOL à NARBONNE (11):
La fonction de cet homme est d'enseigner (cap: tête, maître; iscol pour escola, école, en langue d'oc); il est indiqué ainsi dans une liste de témoins d'un acte de 1271 des Arch. Munic. de Narbonne (AA 107, f° 43) qui concerne les Universités en Languedoc. Il s'agit d'un écolâtre, sans doute chanoine et sa charge, la capiscolia (pour laquelle il perçoit une prébende, un salaire) est de "tenir école" par lui-même ou par un maître qu'il institue à sa place, au bénéfice d'adolescents. Les mêmes archives (AA 108, f° 32 v°) indiquent un autre Amiel, prénommé S., lui aussi "cabiscol" un peu plus tôt, en 1248 -1249.
AMELII et AMIEL à MARSEILLE:
- Le Cartulaire de l'Abbaye St Victor de Marseille cite un nombre important d'Amiel: Souvent ils sont de simples témoins des actes, leur nom étant positionné en fin du texte et chacun suivi de l'indication 'firmavit' (confirme) comme cet Amelius Guntardus qui est ainsi cité avec son parent Alius Amelius dans un acte de 1072; on trouve les noms de Pontius Amel, Amelius Abbé de Marseille et des Amelius évêques : ceux d'Albi, de Senez, d'Uzès, Amelius fils de Guidonis.
- Evidemment il s'y trouve les noms de hauts personnages comme celui d'Amelius (de Fos) frère de Rostaing Ier (de Fos) Archevêque d'Aix ("Amelius frater de Rostagnus Aquensis Archiepiscopus") qui donne des salines et des "stagno" (sagnes : marais herbus ?) de Heiras (Hyères) le 5 juillet 1075. Toute une cohorte de gens ordinaires enfin comme Amelius proepos. Forojul (Fréjus), Amelius prêtre, Petrus Amelii, Pontius Amelii, Rainaldus Amelius, Ugo Amelii, Willelmus Amelii et autre Willelmus Amelii fils de Petri Saumadae".
En 1006, avec son épouse Leodgarda, un Amelius fait une donation à St Victor de terres situées au comitatus (comté) d'Aix, dans la Villa Miliciana (un nom qui ne nous étonnera pas !); donation composée de champs cultivés et incultes (pacages), de vignes, jardins et tout ce que contient la manse.
- "Amelius Fossanus" (Amiel de Fos) "cum sua uxora Garsia nomine" (avec son épouse nommée Garcie) figurent dans une charte du 15 octobre 1039 et Bernardus Amelius prêtre est l'un des donateurs dans un acte datable entre 1067 et 1070 de l'église Ste Marie du lieu nommé Silvianiana avec des terres et un moulin.
- Amelius Gerard avec son frère donnent en 1070 les églises de Villeneuve et Castellon du diocèse de Toulouse pour y établir un monastère; un Amelius de Madalgas "donavit Sto Victori mansuram unam..." donne une maison également vers 1070....
- Les annales de la Confrérie du St Esprit fondée à Marseille dès la fin du XIIème S. eut parmi ses recteurs des Amiel; on trouve les noms de Guillaume Amiel (dit de Castres, vu ailleurs) et Durand Amiel (Durand est bien un prénom alors) en avril 1214; ce Durand Amiel sera à nouveau recteur en février 1219.
Les AMIEL devant la JUSTICE de l' UNIVERSITE de TOULOUSE (31) :
Au moyen-âge les Universités jouissaient de privilèges importants dont celui de rendre la justice pour leurs ressortissants. Ainsi à Toulouse la Cour Royale de Justice remet à l'Université, en Février 1318, l'examen de plusieurs cas d'homicide dont celui perpétré par Amiel de Couserans (région de St Lizier en Ariège) sur Jean de Camplong et le 5 Avril suivant c'est un jeune de Portet (sur Garonne, 31) nommé Arnaud Amiel dont le cas sera examiné par la même justice.
Les AMIEL de l'Abbaye de BONNEFONT (Comminges) :
Le cartulaire de cette abbaye du Comminges conserve les noms de Amiel Ras (noté aussi Amelh), d'Amelius moine et sacriste de l'abbaye, d'Amelius de Serris qui est prêtre et le nom générique Amelii.
(=> "Recueil des actes de l'abbaye de Bonnefont en Comminges" C. Samarran & Ch. Higounet, 1970, Bibl. Nationale).
Les AMELIUS à MIREPOIX (09) :
Amelius Aurus (ou Aurum, surnom relatif à l'or? l'or fut autrefois très recherché dans la rivière Ariège) est l'un des 45 témoins assistant à la reconnaissance par Pierre-Roger de Mirepoix et 34 co-seigneurs de la Charte de Franchises accordé par eux aux habitants de la bastide (nouvelle ville voulue par le seigneur) de Mirepoix récapitulant les coutumes et privilèges qui leur sont garantis, signée le 20 Mai 1207 (cf : cartulaire de Mirepoix T. II). On sait que le seigneur croisé à qui sera transmis la seigneurie, un Lévis, donnera une autre charte de franchises.
Le cartulaire de la bastide mirapescienne livre aussi les noms de Bernardus Amel(l)ii, d'Antonius Amelii avec ceux de Guillelmus, Martinus, Petrus et Stephanus Amelii et enfin celui, curieusement écrit de l' "Ameliorum Tenencia" qui est en vérité la "tenure des Amiel", un toponyme que j'indique dans la page dédiée, dont on sait que cette terre est proche de la ville mais sans pouvoir la localiser.
La refondation française eut lieu en 1287 et dans la longue liste des habitants de cette nouvelle époque ayant signé la charte de refondation figurent les noms de Martinus & Raimondus Amelii. Passé le désastre de 1289 qui vit la destruction totale de la ville par suite de l'inondation provoquée par la rupture du lac naturel de Puivert et sa reconstruction, il ne cessera d'y avoir des Amiel dans cette bourgade ariégeoise bien entendu.
BERNARD & JEAN AMELIUS de NARBONNE, ELIE AMIEL abbé de LAGRASSE (11) :
Bernard Amelius était juriste à Narbonne; avec son fils Jean ils seront témoins d'un acte relatif à Fanjeaux (11) conservé dans le cartulaire du monastère dominicain de Prouille, situé au bas de la ville, à la fin du XIIIème S.
Elie Amiel, peut-être parent de Bernard ci-dessus aussi consul de Narbonne, fut, quant à lui, abbé de la riche abbaye de Lagrasse à la même époque.
AMELIUS RECORT de CAUSSOU (09) :
Ce simple paysan de la Haute-Vallée de l'Ariège, près de l'Andorre, peu avant Ax-les-Thermes, fut un sympathisant cathare qui accueillit régulièrement dans sa maison des parfaits en route ou venant de Monségur où lui-même sait-on se rendait souvent; ceci pendant le 2ème quart du XIIIème S.
AMELII DE CARRERIIS (23) :
Ce nom d'origine comme souvent toponymique indique le lieu de Charrières, village compris de nos jours dans la commune de St Moreil (23). Cet homme fut un simple frère de l'ordre mineur cité dans le cartulaire de Vigeois, (un Amelius en fut abbé quelques années après cette citation, voir Amelius de Monac) dans les années 1160.
GERAUD AMIEL de VILLALIER (11) : Voir "Guiraud Amiel de Villalier" chevalier qui est le même (partie 'seigneurs occitans').
Alors que les croisés avaient fait le tour des refuges cathares du Razès, entre 1226 et 1229, il y eut bien sûr des résistants occitans qui furent déclarés 'faydits' soit rebelles à l'autorité royale. Parmi ceux-ci Géraud Amiel de Villalier qui finit par se faire prendre et mourut dans les prisons royales comme d'autres, alors que certains purent avoir la vie sauve par la clandestinité voire l'exil, en Catalogne, dans les Pyrénées du versant sud ou en Italie du nord.
(=< d'après "L'épopée cathare : 1216 - 1299, Le lys et la croix" M. Roquebert Privat 1970).
GUILLELMUS AMELII, Châtelain de MONTHAUT (11) :
Les 'castlans' ou châtelains furent institués pour garder les nombreux 'castra' ou châteaux au XIIème S. On en trouve quelques exemples dans le Cartulaire des Trencavel : Guilhem d'Alaigne par exemple, inféode en 1173 un 'honor' à un certain Guillelmus Amelii, contre une garde de deux mois par an du château de Monthaut, possession de cette famille dont ils prêtent serment aux vicomtes carcassonnais.
AMELIUS RUBEY :
Cet homme fut notaire de Foix aux alentours de 1300.