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Le passé est passé, mais retiens les leçons qu'il t'a enseigné.
Henri-Frédéric Amiel
Cette page est la suite selon les mêmes classements que précédemment pour cette période essentielle à l'histoire régionale et à celle des Amiel qui la vécurent, souvent douloureusement, ce qui explique la partie concernant l'Inquisition contre les Cathares mais aussi leurs sympathisants et souvent leurs voisins villageois.
Seigneurs occitans
Religieux occitans, catholiques ou pas
Personnages non occitans
Bourgeois occitans
Personnages fonctionnaires et ordinaires
Les Amiel et l'Inquisition
En guise de conclusion sur cette période essentielle non seulement pour notre nom chez lui mais aussi à propos de l'importance de l'histoire de ce temps-là, notamment en ce qui concerne la civilisation occitane et la guerre de conquête française voici comment quelques historiens, dont on ne peut suspecter l'honnêteté intellectuelle ont traité ou jugé la période :
Près de mille ans avant que la Révolution Française n'impose son aura, notamment par sa langue, sur l'Occitanie, déjà au VIIIème S. on appela les gens du sud des "Francs" bien que l'on parlât encore de "Pays des Goths" et que ses habitants s'exprimaient pour la plupart en une langue romane qui deviendra l'occitan. Seul un historien plus honnête parle d'eux pour ce qu'ils sont, c'est Richer qui vivait encore en 998, auteur d'une Histoire des Francs.
Au XVIème S. on appellera la province selon Rabelais, Languegoth mais c'est Languedoc qui finira par s'imposer. C'est en ce siècle que seront publié au moins une traduction par Arnaud Sorbin et un résumé par Jean Gay de L'Hystoria composée par le franciman Pierre des Vaux de Cernay sur la croisade contre les cathares qui explicitent le point de vue du nord, des français, mais aussi une étude lucide et honnête sur leur doctrine et le sort qui leur fut réservé par les mêmes français, par Jean Chassanion.
L'historien suisse Sismondi écrivit en 1823 dans son "Histoire des Français" de très belles lignes sur l'Occitanie à cette époque charnière telles que celles-ci : Les Provençaux (il faut entendre les occitans) arrivés au terme de leur civilisation, regardaient les Français du nord comme des barbares. Chez eux le commerce et les arts avaient fait des progrès rapides. Leurs villes étaient riches et industrieuses, et chaque jour elles obtenaient de leurs seigneurs de nouveaux privilèges...Les villes étaient gouvernées selon des formes à peu près républicaines par des consuls nommés par le peuple...Jamais la poésie n'avait été cultivée avec plus de zèle...Les Provençaux s'efforçaient de se constituer en corps de nation et de se séparer absolument des français, auxquels ils étaient inférieurs dans l'art de la guerre, mais sur lesquels ils l'emportaient par tous les progrès de la civilisation... mais : Cette belle région fut abandonnée aux fureurs de nombreuses hordes de fanatiques, sa population fut moissonnée par le fer....son commerce fut détruit, ses arts repoussés dans la barbarie, et son dialecte dégradé d'une langue poétique à celui d'un patois.
Frédéric Mistral est l'un des redécouvreurs de cette langue romane mais aussi un fin connaisseur de l'âme des gens du midi, il note dans son poème Calendar (1867) que, lors de cette croisade les villes libres de Provence comprirent admirablement que sous le prétexte religieux se cachait un antagonisme de race; et quoique très catholiques (ces gens) prirent parti contre les croisés. ...Ces populations, de tous temps sympathiques entre elles par une similitude de climat, d'instincts, de moeurs, de croyances, de législation et de langue, se trouvaient à cette époque prêtes à former un Etat de Provinces Unies. Leur nationalité, révélée par les troubadours, avait mûri rapidement au soleil des libertés locales....C'est toujours un grand malheur quand par surprise la civilisation doit céder le pas à la barbarie....La sève autochtone qui s'était épanouie en une poésie neuve, élégante, chevaleresque, la hardiesse méridionale qui émancipait déjà la pensée et la science, l'élan municipal qui avait fait de nos cités autant de républiques, la vie publique enfin circulant à grands flots dans toute la nation, toutes ces sources de politesse, d'indépendance et de virilité étaient taries, hélas! pour bien des siècles. Il faudra en effet des siècles pour qu'enfin des historiens commencent à s'intéresser sérieusement à cette période cruciale pour toute la moitié sud de la France. Ce n'est qu'au XXème S. que des études abouties sont publiées.
Voici comment en parle l'historien allemand moderne K. Hampe dans "Le haut Moyen-Âge" (traduit par Melle Desanti, Gallimard) :
La royauté française s'installe ainsi dans le sud du pays, et l'unité nationale fut renforcée par la destruction d'une civilisation pénétrée de beauté et avide de jouissance qui s'était développée à part... Les longues dévastations et l'intrusion des français, éléments étrangers, ont eu pour résultat de donner le coup de grâce à ce monde chatoyant, dans lequel se reflétait à la fois l'Antiquité, l'Orient et le Moyen-Âge féodal.
Enfin notre Alain Decaux, de l'Académie Française, qui ne peut être suspecté de connivence avec le sud, commettra cette diatribe sur ces destructions humaines, matérielles et culturelles absolument immorales, texte paru, tenez-vous bien dans "L'Education Nationale" (1966) :
Pratiquement la guerre s'est faite aussi bien contre les catholiques du Midi que contre les cathares qui n'étaient qu'une minorité. En réalité les catholiques du Midi ont pris parti pour la liberté de leur province contre les envahisseurs nordiques. Ce ne fut pas une guerre civile, le Comte de Toulouse n'était pas français. On apprendra, et cela pourra choquer, que les français se sont conduits comme des occupants. Ils ont massacré, tué, violé. En l'occurrence les français ce sont les SS. C'est très désagréable d'entendre cela mais c'est la vérité.
Après de tels témoignages de la réalité de ce que fut cette époque dans la région languedocienne, comment supporter, encore une fois, les tentatives actuelles de négation du catharisme; tentative d'oubli de ce qu'il a représenté, militairement et religieusement, politiquement et culturellement, pour le plus grand bienfait du catholicisme comme de la politique royale puis républicaine, et ce jusqu'à nos jours !