"Aemiliaeque domus proceres"
soit 'Les grands de la maison Aemilia'
Mamilius, poète du siècle d'Auguste (citation in 1, 794).

SOMMAIRE - INDEX ONOMASTIQUE : Les auteurs latins ont parlé des Aemilii * Les prénoms et leur abréviation * Statistiques consulaires de la République * Notes d'épigraphie * Les monnaies d'Aemiliens de la République * Amilus ou Amilo en Maurétanie * Les noms de famille de la gens Aemilia * Cognomen et agnomen, quelles différences ? * La rivière Aemilianus en Sicile * Le fleuve mythique Ameles * Un fabricant de garum * Les cistophores d'Aemilius Regillus * L'Afrique Proconsulaire et les Aemilii * Aimilios d'Egine sculpteur grec de l'Antiquité * Les Aemilii ont écrit * Marcus Aemilius Lepidus et les corses * Les esclaves affranchis et les Aemilii *

Les auteurs latins ont parlé des AEMILII :
J'ai cité auparavant les auteurs qui ont narré les différentes "origines" merveilleuses bien que mythiques de la gens Aemilia; mais dans la suite du temps il serait peut-être plus simple de lister ceux qui n'ont pas au moins cité une fois l'un de ses membres ! Voici toutefois un panorama succin de ceux qui en ont parlé : Pline (4 33), Ciceron (Bruto; De divina; Tuscul. 5; Offic. 2; Catilin. 4...), Tite-Live (Hist. liv. 35,39,44), Justin (liv. 33), Velleius Paterculus (liv. 1), Aurelius Victor (De Viris Illus. c.56), Plutarque (Vita..), Florus, Eutrope, Orose, Cassiodore, Polybe...
Les PRENOMS (PRAENOMEN) et leur ABREVIATION:
Il ne peut s'agir que des prénoms masculins:
"Ap" Appius ; "Cn" Cnaeus ou Gnaeus ; "L" Lucius ; "M" Marius ; "Ser" Servius ; "T" Titus ; "A" Aulus ; "D" Décimus ; "Mam" Mamercus ; "N" Numerius ; "Q" Quintus ; "Sp" Spurius ; "C" Caïus ou Gaîus ; "K" Kaeso ; "P" Publius ; "Ti" Tibérius ; "V" Vibius ;
A ces prénoms de base il faut ajouter les numéros d'ordre relatifs à l'ordre de naissance pour un même prénom soit de Secundus à Décimus (2 à 10) sauf le n° 9 (nonus) qui n'existe pas car le préfixe "non" était connoté négatif. Ces prénoms n'étaient utilisés que par les proches.
Le prénom Mamercus est exclusif à la gens Aemilia en référence à ses origines mythiques (voir plus bas les noms de famille de la gens). Celui de Tibérius parait très porté par les Aemilii Lepidii et les Claudii Nerones d'où le nom de l'empereur Tibère.
Les prénoms féminins sont toujours formés sur le nom de la famille mis au féminin (Aemilii => Aemilia) suivi si nécessaire de l'ordre de naissance comme ci-dessus (+ Prima pour l'aînée).
Pour ce qui concerne uniquement la famille Lepidi dont est issu le triumvir de la fin de la république, le fils aîné s'appelle généralement Marcus et les plus jeunes Lucius et Quintus (prénom qui donnera la patronyme français Quinton par ex.) mais une autre branche de ces Lepidi préfèrera celui de Manius ou à l'occasion seulement celui de Marcus !
Statistiques consulaires de la république :
Un exemple permet de se faire une idée précise de la notoriété de la gens Aemilia à Rome : Entre -233 et -133 il y a eu 55 familles tant patriciennes que plébéiennes qui ont donné des consuls à la République; les Cornelii sont les champions du genre avec 23 places, mais les Aemilii viennent en second ex-aequo avec les Fulvii qui donnent 11 consulats. Ils sont parmi les 11 familles qui, à elles seules, occuperont plus de la moitié des charges consulaires possibles (200 sur un siècle). Et ce classement est déjà vérifié pour le siècle précédent !
Notes d'EPIGRAPHIE :
- Les caractères romains inscrits sur les monuments d'épigraphie dessinent en général la lettre 'u' en forme de 'v' car c'est une lettre assez courante et il était plus facile de la graver ainsi; donc pour Aemilius on lira AEMILIVS, pour SCAURUS on lira SCAVRVS.
- Le nom d'Aemilius ou l'une de ses formes comme Aemilii par ex. sera tellement écrit et gravé (comme d'autres d'ailleurs) que l'on adoptera aussi des abréviations désignant expressément ce nom sur les monuments comme sur les monnaies; ces abréviations sont : AEM, AEMI, AEMIL suivant la place disponible.
- Nota bene : Il ne faut pas confondre ces abréviations avec A. M. ou A. MILL qui désignent soit Ante Meridian (avant midi au soleil) et Ad Milliarum (mesure de distance, 'au milliaire' n° nn depuis la ville XX).
Les MONNAIES d'AEMILIENS de la REPUBLIQUE :
Plusieurs représentations d'Aemiliens sont connues par des monnaies; l'avers comporte un portrait de profil soit du personnage ou d'une divinité et son nom est inscrit sur le pourtour; le revers présente un fait remarquable (construction, bataille, triomphe...), marqueur du personnage ou un rappel de l'histoire mythique de sa gens ou de sa famille. On peut citer par exemple le denier de L. Aemilius Lepidus Paullus de -62 en argent qui représente sur l'avers la Concorde et sur le revers Aemilius vainqueur de Persée, debout sur la droite devant un trophée, et à gauche, Persée, roi de Macédoine vaincu, et ses deux fils attachés. Sur une autre datée de -58 et d'un M. Aemilius, on voit au recto la représentation de Rome devant laquelle se tient agenouillé le roi Arétas, ce roi de Pétra vaincu, tenant un dromadaire par la bride; au verso est Jupiter dans un quadrige. Le denier de Lucius Aemilius Buca, questeur de Sylla, daté de -44 porte sur l'avers une tête diadèmée de Vénus et sur le revers la représentation anépigraphe (sans mention) du "Songe de Sylla" où l'on voit le futur dictateur couché à gauche recevant la visite de Séléné qui descend d'une montagne, l'Olympe pour lui remettre la foudre; derrière est la Victoire, les ailes déployées; cette scène faisant référence au rêve qu'aurait fait ledit Sylla quant à l'issue heureuse de sa lutte avec Marius le lendemain même, en -88, devant Rome. Cet Aemilius Buca fut aussi le monétaire de César et ses deniers précédèrent immédiatement ceux de César; il semble aussi avoir été le parent de Sylla, ceci expliquant cette illustration.
- Des trésors monétaires romains ont été retrouvés un peu partout; en Gaule et plus particulièrement en Pays d'Aude, partie de cette fameuse 1ère Provincia, autour du Golfe du Lion gaulois, le médailler du Musée des Beaux-Arts de Carcassonne en a conservé une belle collection. On y trouve bien sûr surtout des monnaies impériales mais il y a aussi quelques spécimens du temps de la fin de la République, quelques dizaines d'années seulement après leur établissement. J'en cite trois qui concernent des aemiliens, toutes trouvées à St Frichoux, à quelques km à l'est de Carcassonne : l'une ayant au revers C. Aemilius Buca proche parent de celui indiqué ci-dessus, avec une Vénus Victrix tenant une victoire ailée et la haste (bronze); deux de Marcus Aemilius Lepidus dont l'une date d'entre -43 et -36 et porte au revers : M. Lep. Imp. Simpulum, Aspergillum, Secespita, Apex (quinaire) et l'autre figurant au revers une victoire couronnant un trophée suivi de M. Lep. Imp. (quinaire trouvé en 1857).
AMILUS ou AMILO en MAURETANIE:
Diversement écrit selon les auteurs antiques aussi Amulus et Amilio, Amilos, c'est un fleuve africain cité notamment par Pline (cf. Dict. hist. de Moreri de 1740, T. I). Dans le monde antique d'alors la Maurétanie était la région nord-africaine bordant la Méditerranée et allant du Maroc à l'Algérie où commence alors la Numidie. Est-ce un rappel du gouvernorat exercé en Afrique par certains Aemilius, tout comme le nom de famille Numidia (voir plus bas) ou tout autre chose ? On disait qu'il était situé au milieu des forêts de Mauritanie (pourquoi pas, il y en avait peut-être encore ?) et les éléphants, d'après une légende toutefois, légende attribuée à Juba II, y venaient s'y purifier à chaque nouvelle lune (Pline, VIII, 1,2). Un savant historien du XIXème S., Malte-Brun a étudié les auteurs antiques qui en parlent; d'après ses recoupements il voit dans ce nom la rivière Zilia, en raison de la présence d'éléphants et la description d'un voyageur, le périple de Sylas (§ 112); Zilia ou Amilos coulant dans la région de Tingi, la Tingi Colonia Aug. ou Tingitane, c'est la région de Tanger, face à Gibraltar, au Maroc (cf. Annales des voyages, de la géographie, de l'histoire et de l'archéologie" V. A Malte-Brun, année 1867; Paris, Challamel Ed. 1868). Un autre auteur de la même époque identifie pour sa part ce fleuve avec l'Oued Melloulou qu'il nomme Amilou, un affluent de la rive gauche de la Moulouya (cf. Géographie comparée de la Maurétanie Tingitane - Académie des Inscr. & Belles-Lettres 1877). Peut-être enfin, faut-il voir simplement dans ce nom antique le mot berbère amilus (!) signifiant boue ou vase, ce qui correspond assez bien avec un tel oued nord-africain selon l'Encyclopédie Berbère, 4, Alger-Amzwar (Edisud, Aix-en-Provence, 1986, p.593). Pourtant cette originalité n'en est pas une, il y a d'autres oued similaires !
Les NOMS des FAMILLES de la GENS AEMILIA :
Quelques origines des noms particuliers de famille portés dans la gens ou tribu des Aemilii:
- BARBULA : de 'barbe', caractéristique chez les latins de la jeunesse.
- BUCA : d'une ville de la région italiote du 'Samnium' d'où cette famille était originaire par ses ascendants. Selon certains auteurs anciens les Aemilii étaient d'origine sabine (les Sabins étant généralement reconnus comme un des peuples à l'origine du peuplement de Rome); or ces Samnites furent eux aussi une émanation de Sabins.
- LEPIDE : signifie littéralement agréable, charmant, à rapprocher avec l'une des significations également du nom commun d'origine grecque aemilios. Avec les Lépides les Aemilii furent les plus distingués des grandes familles de la République.
- LIVIANUS : dérivé de Livia, nom de gens, mis en position de nom d'adopté; ainsi le consul de -77 nommé Mamercus Aemilius Lepidus Livianus fut un membre de la gens Livia adopté par les Aemilii.
- MACEDONICUS : surnom provenant d'un nom attribué pour un Triomphe, celui décerné à Lucius Aemilius Paullus Macédonicus (Paul-Emile en français !) pour sa victoire sur le roi de Macédoine Persée en -168.
- MAMERCUS : c'est un nom et un prénom quasi exclusif à la gens Aemilia; un nom d'origine osque dérivé du nom du dieu Mamers qui correspond au dieu Mars romain, le dieu de la guerre. En latin il devint effectivement un praenomen rare (abrégé en MAM) et aussi un surnom spécial à la gens aemilienne, Mamercinus, ce qui semble prouver le lien ténu avec l'origine fabuleuse et mythique de la gens (cf. onomastique latine).
- NUMIDIA : c'est un vieux nom de famille datant au moins du IIIème S. av. J.C. Son origine pourrait se trouver dans le nom de Numa Pompilius, le 2ème roi de Rome après Romulus, dont plusieurs auteurs antiques disent que la gens Aemilia en descend (avec d'autres). Toutefois ce nom a été utilisé par d'autres gentes et semble se rapporter plus vraisemblablement à la région nord-africaine de Numidie qui deviendra romaine après la chute de Carthage et dont on sait qu'elle vit de nombreux Aemilii locaux.
- PAULLUS (plus tard PAULUS) : littéralement 'de petite taille', ce nom bien que non exclusif à la gens Aemilia est le plus souvent associé à elle. La forme tardive est postérieure à la République soit à la fin du Ier S. av. J.C.
- PORCINA : de porc (quelle comparaison peu flatteuse que celle-ci soit physique ou morale !); par ex. Marcus Aemilius Lepidus Porcina consul en -137.
- PRIVERNAS : 'de ou appartenant à Priverne' c'est le nom d'une ville des Volsques, peuple du Latium, ancienne, appelée de nos jours Piperno. Ce fut par ex. le surnom donné à Lucius Aemilius Mamercinus Privernas consul entre -341 & -329, pour sa victoire sur cette ville en -329.
- PAPUS : surnom dérivé d'un praenomen (prénom) rare et obsolète, d'origine osque et dont on a malheureusement perdu le sens.
- REGILLE : signifie royal, majestueux, magnifique. Sans lien sans doute avec la ville de Régille, ce nom indique plutôt le statut de la famille de ce nom, sorte de 'professionnels du pouvoir', des régisseurs.
- SCAURUS : c'est avoir en ce temps-là les chevilles enflées, grosses, non pas dans un sens moderne mais sans doute le simple caractère physique du premier de cette famille à qui on l'a attribué.
Cognomen et agnomen, quelles différences ? :
Ces deux types de surnoms, venant dans la nomenclature juste après les noms de gens et de famille (voire après les indications de filiation) ne sont pas tout à fait semblables : le cognomen c'est le surnom en général tandis que l'agnomen est d'un genre particulier. Le 1er est souvent lié à l'adoption, il rappelait le nom de la famille génétique, imprescriptible et il pouvait devenir comme les noms principaux, héréditaire. Le 2ème est uniquement personnel, lié par ex. à une victoire militaire justifiant un triomphe. Les deux formes ne sont pas nécessairement propres à une famille ou à une gens, on peut donc les retrouver chez des individus qui n'ont aucun lien.
La rivière AMELIANUS en Sicile :
C'est l'un des anciens noms latins d'une rivière coulant dans le voisinage du volcan de l'Etna, en Sicile, que l'on appelle dans les temps modernes l'Indicello. Selon le géographe Strabon son nom est l'Amenanus et il la fait couler à Catane, disant aussi qu'elle fut souvent à sec; Etienne le Géographe lui donne quant à lui un suffixe à consonnance grecque en la nommant Amelianos et selon Pindare elle se nommait l'Amena. C'est un historien sicilien Fr. Thomas Fazelli qui rapproche ces noms au XVIIIème S. pour désigner le même cours d'eau.
(=> "Grand Dictionnaire Géographique & Critique" T.I, Bruzen de la Martinière 1726). A ne pas confondre avec le nom suivant.
Le fleuve mythique AMELES :
C'est en effet le nom d'un fleuve mythique dont l'eau ne pouvait "être retenue dans un vase", ce qui semble quand même normal. On le plaçait aux Enfers (pourquoi pas ?). Platon lui-même en fit mention (in "De rep. l.10) et Ortelius pense qu'il pouvait s'agir d'un autre nom de l'Alibas.
(=> "Grand Dict. Géographique et Critique de Bruzen de La Martinière T. I "A" à La Haye (Gosse), Amsterdam (Uytwerf & Changuion), Rotterdam (Betnan) 1726).
Un fabricant de GARUM :
Le "garum" était une préparation de sucs de poissons en saumure très apprécié par les romains, sorte de nioc-nam des temps antiques. Comme pour le vin ou les huiles d'olive ce produit était conservé et transporté dans des amphores. On connait le nom d'un producteur de Pompéi : Umbricius Aemilius Scaurus.
Les CISTOPHORES d' AEMILIUS REGILLUS :
Ce sont des monnaies d'Asie Mineure en argent sur lesquelles figurait la ciste mystique de Bacchus, le dieu du vin et des fêtes, très ornementées de serpents et de couronnes de lierre. Ce genre de monnaie fut souvent dans le butin que les Romains ramenaient. La général romain L. Aemilius Regillus en rapporta pour sa part 131.300 exemplaires lors de sa victoire navale sur le roi de Syrie (cf. Tite-Live, XXXVII, 58) Antiochus-le-Grand à Myonnèse en -190 pour laquelle il eut droit au Triomphe.
L'AFRIQUE PROCONSULAIRE et les AEMILII :
La colonie de Cirta prise au roi Massinissa fut attribuée par César à Sittius en guise d'honoraires; c'est Constantine de nos jours en Algérie. L'autre entité d'alors dans la région fut Africa Nova qui correspond à la région tunisienne. Les "bellum civiles" ou guerres civiles gagnèrent ces deux provinces d'Afrique, provinces où les gouverneurs prirent position pour les différents belligérants. Les Sittiens de Cirta auraient adopté celle d'Octave, alors allié de Lepide. Il se peut que, selon ce qu'en pense Pflaum, les Sittiens contraints de choisir une 'tria nomina' pour leur nouvelle installation, optèrent pour le gentilice AEMILIUS, celui de Lepide. Ce qui expliquerait leur forte présence dans la région de Cirta, à Thibilis (Announa de nos jours), Tigisis (Aïn El Bordi), Sigus, Milev (le Mila d'alors) et Chullu (Collo) ou le nom du fleuve Amilus dont je parle plus haut.
AIMILIOS D'EGINE SCULPTEUR GREC de l'ANTIQUITE :
C'est Pausanias, un géographe, écrivain voyageur du IIème S. qui signale dans la relation de son Periegesis, voyage historique de la Grèce (Vol. I, Liv. V, Ch. XVII) que dans le Temple de Junon à Elis, en Grèce, on voyait des statues de la déesse ainsi que celles de Jupiter, Thétis et les Saisons sculptées par plusieurs artistes dont l'un se nommait Aemilios; il s'agissait de très précieuses statues chryséléphantines (d'ivoire et d'or). Mais cet Aemilios à l'orthographe si latine, n'était pas un romain (Rome en était encore à ses balbutiements on verra cela par l'époque de cet Emile très antique plus loin) mais un grec d'Egine (ville au centre du Péloponnèse), contemporain de Théoclès, Dorichydas et Médon. L'auteur précise qu'il sculpta notamment les statues des Heures, assises sur des trônes avec leur mère Thétis auprès; à leur pieds étaient des paniers pleins de fruits et de fleurs. Pausanias très précis dans ses descriptions ajoute que les œuvres lui paraissent d'un goût fort ancien (pour les plus vieilles) mais les plus récentes ne leur sont sans doute postérieures que de deux siècles; ce qui conduit à placer dans cette période ce sculpteur aïmilien dont l'ancienneté prouve que le nom était porté en Grèce bien avant qu'il ne le soit à Rome et dont il provient peut-être ?! On peut conclure que les plus anciennes puissent dater de la 1ère Olympiade; le temple de Junon d'Elis était en effet étroitement lié à l'Olympisme antique; il abritait notamment des portraits de jeunes filles ayant emporté la victoire de la course du stade à Olympie (comme quoi ces jeux ne furent pas que masculins en passant) et surtout le "Palet d'Iphitus" sur lequel étaient écrites en cercle les lois et privilèges des Jeux Olympiques. La 1ère Olympiade a eu lieu selon toute vraisemblance en -776; Dorichydas a vécu vers le milieu du VIème S. av. J.C, on le cite avec la 60ème Olympiade qui eut lieu en -540; Aïmilios d'Egine est cité avec lui et les autres que j'ai indiqué plus haut comme ayant été les élèves d'une école de dessin qui fut établie en ce même siècle à Sycione sous la protection d'un riche personnage éclairé du nom de Clysthène qui voulut protéger les artistes; cette école, où enseignèrent Scylis et Dipnée du temps où Aimilios fut élève, donna en effet de véritables maîtres dans cet art dont cet artiste aïmilien. (cf. "Etudes sur l'histoire des arts..." Vol. I de P. Toussaint Dechazelle; Paris & Lyon, Cormon & Blanc, 1834). Devant les formes multiples utilisées pour rendre le nom et qui ont causé de nombreuses interrogations il me semble qu'il faut s'en tenir au grec Aïmilios; mon argument prenant sa référence dans l'antériorité probable du qualificatif grec sur son correspondant latin ayant donné le nom fameux romain.
Les AEMILLI ont ECRIT :
Voici d'après le Corpus Scriptorum Latinorum ceux des aemiliens qui ont laissé en leur temps des traces de leurs écrits, surtout des lettres (epistolae) :
- Marcus Aemilius Lepidus (-89 à -13 ou 12) : Epistolarum fragmenta;
- Autre du même nom ? (-80 à -12) : Orationes et Epistol. Ad Quirites contra Sulla dominiationem. Orationes incertae.
- autre encore du même nom mais plus ancien : Epistolae (vers -180).
- Lucius Aemilius Mamercus, (~-480), le tout premier consul qui aurait laissé quelques lettres ?
- Aemilius Parthenianus : fut lui un historien du 2ème S. de notre ère.
- Aemilius Paulus Macedonicus (~- 229 à -160), le grand Paul-Emile en français qui fut aussi un lettré, a laissé des Epistolae mais aussi des écrits d'histoire et de droit (Hist., Leg.).
- Lucius Aemilius Regillus (~-190) fils du suivant, a laissé des Epistolae.
- Marcus Aemilius Regillus qui vécut vers -215 a lui aussi écrit des lettres.
- on pourrait ajouter bien sûr ceux dont je parle ailleurs en détail comme Aemilius Macer, Aemilius Probus ou Marcus Aemilius Scaurus et son fils...
MARCUS AEMILIUS LEPIDUS et les Corses :
Cet Aemilien fut un consul du IIIème S. av. J-C qui, en -232 aborda les côtes de l'île de Corse avec des navires chargés de butin ramené de Sicile. Bien mal lui en a pris car il fut, selon une certaine 'tradition locale' ancestrale, assailli et dépouillé en règle de ses rapines par les habitants du coin, dès son accostage; en somme le voleur officiel fut volé à son tour par des voleurs officieux !
Les ESCLAVES AFFRANCHIS et les AEMILII :
Les esclaves n'ont qu'un nom individuel en rapport en général à la culture où ils sont nés; il peut s'agir bien sûr d'une caractéristique physique ou morale mais surtout une référence au pays ou peuple dont ils sont originaires ou d'une référence religieuse à un dieu local... Cette main d'oeuvre était d'un prix d'achat sur le marché aux esclaves très variable, dépendant du sexe, de l'âge, de l'état général et de la notoriété de l'acheteur (cf ci-après); mais cette force de travail était nécessaire dans beaucoup de secteurs de la vie des romains : domesticité, administration publique et privée, enseignement, pour les mieux lotis mais encore agriculture, industrie, mines, transports, entretien des équipements publics, construction...pour ceux qui considérés comme bêtes de somme le sont moins ou pas du tout! Ceux qui sont proches de leur patronus peuvent espérer un affranchissement dont ils devront cependant souvent s'acquitter du prix ! Ce changement d'état était réglementé par le droit bien sûr, par ce que l'on nomme la manumissio qui pouvait prendre plusieurs formes : devant un magistrat, par l'inscription au cens, ou par testament notamment; le signe affirmant cet acte consistait en l'apposition des mains sur la tête de l'affranchi, ce que peut nous rappeler quelque geste rituel chrétien ou cathare postérieur. Mais pour autant ce nouveau statut pour eux d'hommes (et femmes) libres ne sera pas exactement comparable à celui des citoyens d'origine. Ils demeurent fortement rattachés à leur ancien maître et lui doivent leurs devoirs comme tout libre affidé ou parent. Et dans ce cadre ils vont prendre en général non seulement son nom (de gens) mais aussi son prénom, leurs ancien nom individuel étant relégué à la position de cognomen.
Donc bien qu'étant passé d'un état de bien à celui de personne ces citoyens spéciaux eurent un statut juridique propre qui peut faire penser à celui d'une caste de la société romaine. A ce sujet M. Aemilius Scaurus, consul de -115 proposa une loi sur le vote de ces affranchis dont on ignore malheureusement le contenu mais on a là une preuve supplémentaire que la gens Aemilia n'a jamais cessé durant la République à s'intéresser au sort de la plèbe et qu'elle en fut souvent proche malgré son aura patricienne.
Pline dans son Histoire Naturelle (7, XXXIX) cite d'ailleurs l'achat à Rome, entre les années -115 et -90 par ce même consul d'un esclave sans doute exceptionnel qui était quand même grammairien, ce qui ne courait pas les offres ordinaires, nommé Daphnis qu'il eût pour le coût exorbitant et c'est un record, de 700.000 sesterces !! Et l'on en sait un peu plus sur la destinée de ce véritable "bijou" : à la mort de Scaurus son maître, il fut revendu pour le même prix (!) à un certain Q. Lutatius Catulus (de la gens Lucilla ?) qui, lui, l'affranchit peu après !! On peut penser qu'alors son nom devint Q. Lutatius Daphnisius. Cet homme "précieux" avait été initialement acheté par un poète nommé Accius lui-même descendant d'esclave affranchi et l'on pense que son prix atteint un tel sommet hors de proportion, lors de sa vente, en raison de la notoriété elle-aussi exceptionnelle de son acheteur Scaurus, dont Cicéron lui-même dit dans son "Oratore" qu'il était "prince du Sénat" et "sénateur de la ville".
Un autre ex. spécial nous est fourni par M. Aemilius Avianus de la gens Avia (adopté par la gens Aemilia) dont parle encore Cicéron, cette fois dans ses lettres (Fam, XIII). Il cite notamment deux de ses esclaves affranchis nommés C. Avianus Evander (Fam, XIII) des années -50 et C. Avianus Hammonius (Fam, XIII, 21,2) vers -46 qui sont d'origine grecque. Par la lettre Fam VII (18,3) on sait que le triumvir Aemilius Lepidus eut un affranchi du nom de M. Aemilius Philemon, sans doute encore un grec.
NB : Je citerai d'autres affranchis aemiliens dans la partie Empire.
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