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Les formes en Mel- appartiennent pour la plupart au pays d'oïl, surtout du nord et de la Belgique. Ce thème présent dans Melon, Melet, Melard (t), Melin, Melot (-te ou -ll-) est issu avec aphérèse soit du germanique Amali, soit du latino-roman Amelius (cf. Först 89) soit via Amele du latin Aemilius et donc Amelius roman directement (cf. Först 93). Ces patronymes avec leurs sous-dérivés comme Melardi (-y), Mellet, Melinon, (-gnon), sont bien connus dans le nord de la France et en Belgique tout comme d'autres Melens, Melice (-se, -sse), Melisen, Ameel (-e, -s) Amelin (-ot, -oot).
(=> "Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles" J. Germain & J. Herbillon; Racine, Bruxelles, 2007).
MELIES (LL) : (prononcer [méliès])
Le célèbre et tout premier truqueur du cinéma, Georges Méliès, auteur, producteur, réalisateur, acteur de 500 (petits) films, personnage d'origine audoise par son grand-père, porte un patronyme connu par des toponymes spécifiquement audois et localisés dans le secteur de Limoux, Chalabre, secteur aussi de sa famille paternelle (voir ces toponymes). Parmi les dérivés de ce nom citons : Melly, Mélis, Melliès, Miele surtout, fréquent en Allemagne et à rattacher au nom suivant. La forme Mely est présente en Moselle et dans le Nord (en Belgique ce nom est celui d'une agglomération).
MELIUS :
C'est un nom allemand qui correspond au français Méliès, tous deux associés à une même origine, celle d'Amelius. Dans les variantes de ce nom on peut classer Miels, Mielies, Miele qui se trouvent aussi dans la même zone linguistique. Un site germanophone cite le nom d'un chevalier romain du nom de Spirius Melius qui aurait été tué en 438 : il ne peut s'agir que du nom germanisé d'un plus probable Amelius et d'un plus latin Aemilius.
MEILLE, MILLOT, MILLIAU, MILLE, MILLET, MILLEY :
- Meille : du lieu éponyme trouvé dans le Var, la Savoie et les Landes (Escalans-Ste-Meille) lesquels toponymes semblent venir d'un hypocoristique d'Emilie. Curiosité linguistique dont l'origine est à trouver dans une mauvaise traduction en français du latin Sancta Aemilia dit et entendu [sanctémeilla] puis écrit par les scribes Sainte Meille. (voir page toponymie occitane).
- Millot : diminutif d'Emile, répandu surtout en Bourgogne; variantes avec Milliot (59,71) et Milhot dans le Lyonnais (ce qui est curieux car cette graphie est comme on l'a vu spécifiquement occitane, or bien que Lyon ne soit pas strictement en Occitanie, la région est toutefois dans la 'marche' linguistique.
- Milliau(d) : s'il est méridional c'est un originaire de Millau (12) ou Milhaud (30); s'il est breton c'est un nom formé sur 'mil' qui signifie soldat (qui a donné militaire par ex.)
- Mille : aphérèse d'Emile fréquent en Picardie.
- Millet : patronyme très fréquent en France, ce peut être un diminutif d'Emile mais aussi évoquer la céréale !
- Milley : porté dans l'Aube et le Doubs, il peut désigner un habitant de l'un des nombreux Milly (voir toponymie).
MELIGNON et MELINAND :
De même origine ce sont des diminutifs en langue française de Melin, lui-même étant une aphérèse d'Amelin, lequel a pour base le fameux surnom aemilien.
AMEUIL(LE) :
Rare patronyme de langue française dérivé du médiéval et qui a pour origine le grec Aimulia via le latin Aemilius; il est porté quasi uniquement dans la Vienne et Haute-Vienne et comme son voisin Ameil auvergnat ou le plus lointain Amieux des Hautes-Alpes et de l'Isère, c'est une variante régionale d'Amiel.
MILLOCHAU :
Patronyme des plaines de l'Ile-de-france mais aussi trouvé autour du Golfe du lion en moindre part dont l'origine est identique à Ameuil.
AMIELI :
Bien que proche du très roman Amelii, Amieli en constitue une première évolution mettant d'accord avec le latin d'origine par le déplacement d'un 'i', et qui aboutira à Amiel. C'est pourtant un rare patronyme du moyen-âge dans les pays occitans; si l'on trouve un Bermond Amieli, notaire provençal au XIVème S. , on peut voir de même que la forme existait depuis au moins le milieu du XIème S., avec l'exemple de Poncius Amieli, témoin carcassonnais d'un accord rédigé en latin entre les viguiers de Malviès et leur seigneur, l'abbé de Lagrasse, Dalmace, en 1071.
DESAMIEL :
Forme francisée disparue à rapprocher de l'occitan Denamiel (voir page précédente). Tout comme les toponymes occitans "En Amiel" sont à relier aux Denamiel, de même Désamiel se référait aux toponymes "Les Amiel(s)", forme française ayant exactement la même signification de "appartenant à la maison Amiel" (maison ayant la signification plus exacte de 'maisonnée', c'est-à-dire soit de la famille Amiel, propriétaire de la métairie, soit dépendant matériellement de cette famille), ce que l'on appelait en langue d'oïl "la mesnie", ce que le chef de maison tenait en sa main, un peu comme du temps des romains où c'est à la famille élargie aux affidés et employés que l'on se référait pour la nomination des membres sous la protection desquels ils se trouvaient. Il peut paraitre surprenant de voir qu'au moyen-âge de simples hommes aient pu être propriétaires de terres; c'est oublier qu'en Languedoc et plus généralement dans la moitié sud de la France, pays dits durant tout l'Ancien régime fort justement "de droit écrit", souvenir lointain mais bien vivant des temps gallo-romains, il est courant qu'il en soit ainsi.
D' ALAMIEL à AMELOU via ALAMELON :
Pouvant rappeler aussi quelques Alamaniel du moyen-âge (cf. ce nom du Mas Stes-Puelles, 11), les patronymes Alamiel et Dalamiel sont plus courants sous la forme Alamel et Dalamel dont l'origine parait être ardéchoise et provençale. De la même famille sont sans doute les Alamelon et autre Alamelou (aussi -ll ou accent) et leurs raccourcis Amelon, Amelou. Ce dernier a une étymologie tout à fait provençale lui attribuant la signification de 'petite amande' alors qu'en languedocien ce mot prend le sens d'une 'olive en forme d'amande' une olive oblongue, anguleuse à ses extrémités, "amygdalienne" disait-on, correspondant bien à une amande. Je ne rappellerai jamais assez l'une des origines probables de notre nom par cette amande et l'arbre qui la porte, car Amiel est bel et bien un "nom amygdalé", en 'forme linguistique', comme pourrait dire Salvador Dali, d'amande. Cette olive oblongue réunit donc sous son nom deux arbres emblématiques de la Méditerranée, l'amandier et l'olivier ainsi que des patronymes fort proches.
Enfin, Amelon peut aussi constituer une variante d'Amelong, un diminutif ou cas-régime d'Amel ou Ameel (voir page précédente).
AMILLE AMILLARD :
Amillard est un superlatif dérivé d'Amille venant d'Aemilius, et orginaire du Poitou.
AMALOU :
Ce patronyme dérive soit d'Amal wisigoth soit du latin aemulus, présent surtout dans les Bouches-du-Rhône et l'Hérault; il est à l'origine du toponyme de Lamalou-les-Bains, station thermale de ce dernier département.
BECHAMEIL plus connu par BECHAMEL :
Voilà un nom célèbre par une seule référence, celle de la fameuse "sauce" de ce nom que l'on qualifie de "reine des sauces". Son nom lui vient de Louis de Béchameil ou Béchamiel (1639 - 1703), marquis de Nointel, majordome et maitre d'hôtel du roi Louis XIV et fin gourmet. Il ne l'a cependant pas inventée mais quand même bien améliorée. On lui attribue aussi l'invention du "vol au vent" et du "ragoût à la financière". Son nom original de Béchameil ou Béchamiel fut malencontreusement imprimé Béchamelle dans le livre de Vincent de la Chapelle "Le cuisinier moderne" publié en 1735, nom qui devint finalement Béchamel dès la fin de ce siècle. La linguistique nous expliquera que cet appellatif culinaire est un onomastisme nominal qui emprunte le signifiant du nom propre "Béchameil" puis se transforme en Béchamelle avant de se lexicaliser complètement en effet sous sa forme actuelle à la fin du XVIIIème S. Mais ce nom est remarquable également par son étymologie : Il est constitué d'Amiel ou son équivalent du Massif Central Ameil comme on l'a vu, et du préfixe Bech. Ce Bech ou Bec est, dans le midi, l'ancien nom de baptême Beco, Bego ou Begon, lui-même étant tiré du nom commun becum, bec. Il s'agirait donc là de l'association de deux prénoms romans. Le "bec" désigne d'autre part en français quelqu'un à la parole facile, une langue pointue ou "bien pendue", comme dans l'expression "il n'est bon bec que de Paris" de François Villon, un bec fin qu'a été à juste titre le marquis ! Enfin Bec a une valeur toponymique double : c'est dans un premier temps un village ou un domaine; la famille de notre gourmet célèbre était peut-être originaire de ce Béchamiel localisé dans le Puy-de-Dôme; en Corrèze proche on trouve la localité de Chaumeil et, à Nyons dans la Drôme le moulin de Chameil. Dans un deuxième temps on ne peut que rapprocher ce Bechamiel du toponyme Peuchamiel localisé en Corrèze encore, lieu dit de Beynat, où même un lac porte le nom amiélien, certes écorné en Miel; ce Peuchamiel d'origine pouvant être devenu par corruption Péchameil puis adoucissement Béchamiel, cqfd.
NB : Le nom de Béchamiel est noté ainsi dans "Menu mystique. The Diner's Guide to fine foods & drink..." de N. Odya Krohn, 1983; en France on écrit invariablement Béchameil pour parler du maitre d'hôtel; toutefois le nom de Béchamiel est souvent indiqué pour ce qui concerne Louis-Hiacinthe Béchamiel, son fils, comte de Noyelles, qui fut militaire ou Madeleine de Béchamiel, épouse d'un ministre de Louis XIV.
PEUCHAMIEL, PUYAMIEL :
L'un comme l'autre se rattachent au toponyme corrézien correspondant (voir page toponymes occitans non languedociens). Ce sont d'autres formes, plus authentiques dirons-nous du patronyme Bechamiel ci-dessus; peu portés tous deux.
MELIA :
Nom venant des Baléares, îles espagnoles qui furent très longtemps possession des rois de Catalogne. C'est sans doute vers une origine catalane qu'il faut chercher ses premiers porteurs. Il s'agit d'un diminutif d'Aemilianus latin avec de plus aphérèse de la 1ère syllabe et non d'un Amelia raccourci.
MELION, MILIEN, MILIAN, MILOT :
- Melion : sans doute un hypocoristique d'Emilion, vieille forme française pour Aemilianus, Emilianus, Emilian.
- Milien : aphérèse d'Emilien, porté dans le Pas-de-Calais.
- Milian : aphérèse d'Emilian, du latin Aemilianus.
- Milot : aphérèse et diminutif d'Emile porté dans le Loiret et le Nord; variante Milo porté dans le Pas-de-Calais.
EMIEL :
Patronyme de la Creuse, c'est une variante locale et semi-française/semi occitane d'Amiel lequel comme on le sait appartient à cette dernière. Il s'écrit aussi Aimiel ou Aymiel car en français ces graphies sont homophoniques et confirment d'ailleurs l'origine donnée. Diminutif : Emielot porté dans la Vienne proche.
EMILIE :
Le prénom si connu et porté énormément dans les pays anglo-saxons est en zone française aussi un patronyme mais il est spécifique aux terres lointaines de La Réunion et de la Guyane où ce genre de nomination fut habituel, à l'instar des orphelins du territoire métropolitain qui recevaient quasi-systématiquement comme nom de famille un prénom courant (Michel ou Jean par ex.); il vient évidemment du prénom latin des filles de la gens Aemilia.
MIEL :
Parait avec aphérèse du 'A' correspondre à Amiel; c'est le cas vérifié au Québec parmi les variations des noms acadiens d'origine française dont la famille connue des Amiel-Lusignan qui quelquefois se nomment ainsi, Miel. Voir aussi ce nom comme toponyme de Corrèze.
COSTAMIEL, VALAMIEL :
Formés sur la juxtaposition de préfixes topographiques (costa, val(le)) avec le nom Amiel, ces toponymes sont devenus des patronymes espagnols (le second étant aussi portugais).
DEMAMIEL MAMIEL :
- Il faut peut-être voir dans le patronyme Demamiel une déformation de Denamiel du à l'accentuation de la prononciation de la syllabe 'Den' sur sa finale soit [dènn]; car ce nom est connu en France dans les mêmes régions que Denamiel, soit les Pyrénées-Orientales et Ariège. On le trouve aussi sous la forme De Mamiel comme ce lieutenant du roi de l'état militaire de 1777. Il est toutefois bien plus porté dans les pays anglo-saxons et connu par nombre de toponymes dans le même cadre (Canada : Demamiel Creek en Colombie-Britannique; Australie : Demamiel Road ou Street; Floride, Angleterre).
- Pour Mamiel forme raccourcie il ne parait pas qu'elle en dérive mais ? Une famille Mamiel fut très connue dans les Annales du parlement de Metz au XVII et XVIIIèmes S.; un Mamiel de Pontoise émigra au Canada où il fut intendant de l'Ile d'Orléans; des Mamiel furent enfin propriétaires et esclavagistes dans les Caraïbes au XVIIIème S. (un lieu-dit Morne Mamiel existe toujours sur la commune des Abymes, en Guadeloupe (avec une habitation classée MH).
MAZAMIEL MASSAMIEL :
Patronymes très rares dont on ne peut quasiment rien dire sauf qu'ils dérivent tous deux d'un évident Mas Amiel, maison, domaine d'une famille Amiel et qu'ils appartiennent à la zone linguistique occitane.
PLAMIEL :
Peut-être contraction de Plan Amiel désignant un toponyme indiquant une pièce de terre plane ou aplanie appartenant à un Amiel. Probablement aussi de la zone occitane.
BONAMIEL :
L'origine de ce patronyme semble italienne et plus connue sous la forme correspondante de Buonamiel plus italienne. Je ne pense pas qu'il puisse se relier au thème juif que l'on a pu voir comme Benamiel ou Buonamite mais qui sait ?.
FRAMIEL et consorts :
Ce patronyme quasi inconnu dans la documentation peut être trouvé dans les "Chroniques de Froissart" qui écrivit durant la Guerre de Cent Ans. Le personnage y est un seigneur français qui est envoyé, avec d'autres, en ambassade pour "seignefyer la triève en Escosse". Mais le récit des aventures de cette longue guerre comporte plusieurs manuscrits; les noms y sont très souvent écrits différemment. Ainsi ce nom Framiel peut avoir les formes de Framel, voire Fraisiel, Fresvel ou Fresnel ! (cf. Œuvres de Froissart publiées avec les variantes des différents manuscrits par J. Froissart & A. Scheler, Académie Royale des Sc. Lettres & Beaux-Arts de Belgique 1870). Ce patronyme Framiel ou Framel peut être apparenté à Framelh ou Framelle que l'on ne trouve également qu'exceptionnellement dans les textes (cf. page Amiel temps modernes, article sur Briatexte) qui est semble t-il le résultat d'un Fra(ter) Amiel (un frère Amiel, en religion ou pas) par agglutination : Fra Amiel donnant Framiel.
MEHL, MEHLE :
Patronymes anglo-saxons dérivés d'Amelis, Amilius par latinisation soit du germain Amal via les Amali soit directement du latin Aemilius romanisé en Amelius.
MILION, MILLION; MILON, MIALON :
Il s'agit d'hypocoristiques d'Emile présents en Haute-Savoie et Haut-Rhin pour les trois premiers, en Haute-Loire et départements limitrophes pour Mialon. Pour Milon il faut indiquer qu'il peut s'agir aussi du germanique Milo (bon, généreux) comme du breton mil, soldat du moins en zone de parler d'oïl! Mialon est lui dérivé de Milon et il s'est propagé par la vallée du Rhône jusqu'à l'Hérault; cette variante régionale rappelle en ce cas l'origine probable pour la zone de langue romane d'oc, celle d'un dérivé avec aphérèse du latin Aemilius.
MELON :
Son origine est bien difficile à cerner. Bien sûr on pense au fruit mais cela est douteux; il y a bien un St Mellon (Mellonus) qui fut évêque ancien de Rouen mais le nom est du Centre. Il y a bien aussi le toponyme qui correspond à une meule de foin (ou molon) et qui représente un sommet arrondi par métaphore (melon en Aquitaine). Ce nom (et toponyme) existe aussi en Espagne (Melon, en Galice, province d'Orense) ainsi qu'en Belgique (en tant que dérivé d'Amel par aphérèse) et en Italie du nord (Melone, Meloni, Mellone, Mellon). Lien ténu qui peut faire douter d'une origine aemilienne mais qui devait, je crois, être signalé.