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INDEX ONOMASTIQUE : Amiel vu par le prénom Emile suivant les langues du monde * Amieil et Ameil, Amielh (Amelh, Ameille), Amiell, Amielly, Amiele, Amiet, Amier, Amiez et les Mil-.... * Ameilhe (Amelhe) Amielle, Lamielle * Namiel, Denamiel, Danamiel, Alanamiel, Damiel * Quelques formes d'Amiel sous Philippe le Bel * Amielet * Amilien * Amamiel * Alamel(le), Alamellon * Amilhastre (Amillastre) * Amilhac et ses dérivés en -at, -a * Amelin, Melin et consorts * Hamelin * Hamiel, Ameel et dérivés propres * Amelien * Amelier, Ametller, Ameillé * Amelis * Amelot et autres de même forme * Amyeu, Amieu et Amieu(l)x; note sur les limites linguistiques français - occitan * Lamiela * Lamiel * Milhau et dérivés * Amilhac, Amilhau et autres de forme française en ll * Mill, Milan, Milian, Mac Milan * Les faux amis en Mil- et les amis d'Emile * Les autres formes d'Amiel chez les juifs d'Afrique du Nord * Des Amiel aux patronymes doubles et même quadruples ! * Les prénoms Emile et Emilie (et sa variante Amélie) *
NB : Pour ces deux pages sur les patronymes apparentés à Amiel, le site des recensions patronymiques de Jean Tosti m'a été très instructif.
AMIEL vu par le prénom EMILE à travers ses traductions dans les LANGUES du MONDE :
Ce sont essentiellement les langues occidentales, par les colonisations européennes (dont celle de la religion catholique) et les migrations qui ont amené le prénom Emile (en français) à être traduit dans beaucoup de langues occidentales. Citer ces traductions n'a que peu d'intérêt en soi; par contre il y a quelques évidences: l'immense majorité des quelques 35 langues vues si elles donnent une terminaison adaptée à chacune d'elles (-i, -a, -ia, -o, -io, -ana, -on, -in, -et, -os, -y, -es, -ig, -ib...) conservent par contre la racine 'Em' quelquefois abrégée en 'Mil-' ou 'Mel-'. La racine 'Am-' n'est conservée qu'en Français, Occitan (Languedocien & Provençal), en Belgique (et en flamand curieusement, Amele par ex.), en anglais (et américain) avec les Amy, hormis bien entendu le latin gardien des origines par Amelius, Amilius et surtout Aemilius, Aemilia à partir desquels se sont basées l'espagnol et l'italien comme les langues anglo-saxonnes pour cette traduction, bien plus fidèles aux origines lexicales que les autres, comme j'ai eu auparavant l'occasion de le faire remarquer dans le Monde des Amiel pour la traduction des noms de l'Antiquité.
AMIEIL et AMEIL, AMIELH (AMELH, AMEILLE) AMIELL AMIELLY AMIELE AMIET AMIER AMIEZ et les MIL-... :
Amiel est donc un patronyme polymorphe dont chaque forme orthographique s'est adaptée au parler de chaque région ou peuple. Les anglo-saxons auront par ex. des Hamiel (rare toutefois). Echantillon des autres formes orthographiques régionales françaises du nom AMIEL, adaptées au parler ancien de ces coins de France: ainsi Amieil et Ameil sont plutôt auvergnats bien qu'Ameil exista aussi en Aunis-Saintonge au XVIIIème S., Amielh plutôt provençal tout comme Amielly, Amiell est catalan, Amiele est originaire de l'est, Amiet et Amiez sont des formes alpines que l'on trouve aussi en Suisse. Ces formes sont assez courantes encore de nos jours dans ces régions.
- Bien que plutôt provençal on trouve des Amielh parsemés dans tout le territoire occitan, par ex. Amielh en Béarn à Amplaing et Amelh à Toulouse au XVème S.; on le trouve bien avant sous la forme Amolhii dans le Cartulaire de Foix vers 1320-1330 (f° 47 v° & 48) avec Petrus Amolhii, Bernardus Amolii & magister Ramundus Amelii cités dans un acte du 17 Août 1323. Un siècle encore plus tôt le lendemain de l'Ascension de 1267, Roger-Bernard de Foix restitue à "Peyre Amielh, filh de Guilhem, la villa de Prades" lequel lui en rend aussitôt hommage, texte écrit en occitan.
- Amiel, en Savoie est relié quelquefois à une vieille forme germanique Amicheldis trouvée au Xème S. dans le cartulaire de St André par ex. Plus tard cette vieille forme évoluera en Amieldis, Amielda. L'auteur consulté indiquant que c'est par le roman que l'on parviendra aux formes Amiel, Amiet, Amier, Amiez...
(=> "Dictionnaire Etymologique des noms de lieu de la Savoie" A. Gros; Lafontaine de Siloë, Montmélian, 2004)
- En Suisse et dans les Alpes, il y a lieu d'ajouter aussi les noms formés d'après le nom Amiel par aphérèse, soit les Millet, Millets, Millettes, Miliette, qui sont des toponymes, hypocoristiques de Aemilius ou Maelius tout comme Millien, Milly, venant de Miliacum. éventuellement Milon, mais là l'origine germanique peut primer, vu la région.
(=> "Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs" H. Suter; site internet Décembre 2009).
- Toujours dans les Alpes et en Suisse les patronymes Millasson (aussi Millius resté très latin et Millason) ainsi que Millioud ont soit l'origine latine aemilienne comme les précédents soit avoir un lien avec le millet.
(=> "Patronymes romands", recension de Ch. Montandon, site internet suisse-romande)
AMEILHE (AMELHE) AMIELLE LAMIELLE :
Formes féminisées directement sur le masculin Ameilh (Amelh) et Amiel.
Ces noms apparaissent ensemble dans le livre terrier d'Aubière (63) à la date de 1548; mais on trouve dans l'histoire, une Amielle de Rhé, épouse du seigneur et capitaine Savari de Mauléon, qui lui apporte la seigneurie de l'Ile de Ré (17) en dot vers 1200 ("Lettres de Jean Besly 1612-1647" in Arch. Hist. du Poitou T.IX; Oudin, Poitiers, 1880), une femme Amielle, épouse de Pons Baron qui vend au monastère de Fontfroide des jardins à Gaussan (11) dès 1181 ou dans le nord Amielle de Thouars dont la famille est liée aux De La Trémouille, près de Tours (petite-fille d'une Ameline) citée dans la charte du Prieuré de St Nicolas de la Chèze dans la 1ère moitié du XIIIème S. On peut citer encore Marthe Amielle épouse de Fouquet de Candolle dans la 2ème moitié du XVème S. Le prénom devient patronymique après quelques siècles ("Hist. Univ. de la Noblesse de Provence" T.I; Girard, Avignon, 1757).
Pour le dérivé Amelhe c'est une forme que l'on trouve déjà dans les registres d'inquisition cathare, par ex. Raymonde Amelhe qui reçoit des parfaites dans sa maison de Bram, (il faut comprendre encore l'épouse d'un Amelh), ou un peu plus tard, au XIVème S., une Guillaumette Amelhe, nourrice du petit vicomte de Creyssels ~1350, en Aveyron.
Un sieur Lamielle est signalé à Paris en 1692 où il fait commerce de curieux "tableaux cylindriques". Il y a des Lamielle en Haute-Saône (Arpenans par ex.).
Certains onomasticiens affirment (pour l'époque récente) qu'éventuellement il faut y voir le résultat d'une pratique observée dans les registres des XVII & XVIIIèmes S. dans lesquels les curés chargés de rédiger les actes d'état-civil autant dans les régions d'oïl ou d'oc féminisèrent les noms de famille qui leur paraissaient masculins lorsqu'il s'agissait de les affecter aux femmes ou aux filles : certains y eurent constamment recours et d'autres jamais ! et il ne semble pas qu'il y ait eu de règles pour cette féminisation. C'est une pratique que l'on trouve ensuite, au XIXème S. chez les romanciers : "La Maheude" par ex. épouse du mineur Maheu dans "Germinal" de Zola ou "L'Amiel" voire "Lamiel", "Lamielle" chez Stendhal. Cela devient normal lors de l'accession de la femme au rang de chef de famille (patronyme transmis à ses enfants) par suite de veuvage comme de non-mariage notamment quand elle possède des biens propres ou hérités. Le langage populaire l'employait encore il n'y a pas si longtemps que cela encore. Et on peut enfin retrouver cette pratique dans la création des surnoms. Les formes d'après Amiel sont toutefois rares de nos jours. Voir plus bas aussi Lamiel.
NAMIEL, DENAMIEL, DANAMIEL, ALANAMIEL, DAMIEL :
- Formes typiquement occitanes du nom Amiel faisant intervenir en préfixe la désignation correspondant à Monsieur en français, soit 'en', 'n' en abrégé; 'den' correspondant à 'de la parenté de Mons.". Cette notation résulte en effet de l'abréviation du terme occitan "mossen" lui-même contraction de "mossenher" correspondant au français "monseigneur", lequel a été aussi contracté dans cette langue en "monsieur" et noté "Mons.". Certains estiment que le pronom indéfini français 'on' dérive de ce 'n' occitan et serait un raccourci du mot 'personne' ou 'homme'. Louis Fédié, historien audois soutient dans son "Etude historique sur le Haut Razès" publiée en 1878 que ce Den est un héritage onomastique de la courte occupation sarrazine du VIIIème S. qui aurait laissé des traces dans la région languedocienne; l'origine pour lui serait à voir dans le qualificatif Ben qui désigne dans la nomination sémitique (hébraïque et non uniquement arabe pourtant) le "fils de" mais il est bien le seul. Du temps de l'hérésie cathare on voit par exemple Galhardus Amiel avoir pour frères Petrus et Ramundus "den Amiel". La forme De Namiel encore présente en Espagne est relativement ancienne aussi; un Arnaud de Namiel fut consul de Carcassonne en 1329 (dans une assemblée de conseillers et juristes laïques assistant les inquisiteurs); ou peu avant la Révolution, François de Namiel, de la paroisse de Trein, dans la vallée d'Ustou en Ariège.... Le nom Denamiel est encore au seuil du XXème S. cantonné à l'Ariège et zones limitrophes. (voir dossiers spéciaux, notice sur Suzanne Denamiel, mère de Claude Simon Prix Nobel de Littérature).
- La contraction correspondante au féminin "na" résulte de l'abréviation du latin "domina" (épouse du seigneur, sa dame) dénomination ayant donné madame en français et abrévié Mme. Dans ce qui nous concerne, notre nom de base commençant par la même voyelle, "a", il est impossible de savoir s'il s'agit dans Namiel ou Denamiel de voir en eux plutôt un qualificatif d'origine masculine ou féminine, la séparation initiale par un blanc ou une apostrophe (N'Amiel, D'En Amiel, De Namiel, Den' Amiel) ayant disparu avec le temps. La forme Alanamiel parait aussi correspondre à cette explication d'une dame Amiel.
- La forme Danamiel résulte d'une orthographe phonétique de Den' Amiel, le nom étant écrit par un greffier d'oïl et prononcé par un homme du sud, occitan, selon l'origine ci-dessus (-en- = -an- et prononcé [an]). C'est une forme rare trouvée dans les Pyrénées Orientales mais aussi dans la Vienne, la Gironde (régions au contact des deux parlers), et en Espagne.
- Damiel est bien sûr la contraction de "d'Amiel"; on a pu écrire par exemple dans les vieux documents Dammiel de Penne pour les seigneurs de ce lieu en Albigeois au moyen-âge ou "moulin Damyel" pour citer le "Moulin d'Amiel" d'Omerville (60) en 1466. C'est un patronyme anglo-saxon de nos jours.
Quelques formes d'AMIEL sous PHILIPPE LE BEL :
Les documents relatifs aux Etats Généraux tenus sous ce roi au début du XIVème S. ont conservé les formes suivantes :
AMEIL (Bernard, Guillaume, Laurent et Raymond notés en latin Amelii), Martinus Amelhii, Pierre d'Amelho, Amelin, prieur de Fontgombaud et Amelius de Vallibus, recteur de l'église de Fraussilha (Frausseilles) en Languedoc.
AMIELET :
Avec Lamielet ce sont deux patronymes rares d'origine occitane datant du moyen-âge, portant la marque diminutive dans leur suffixe. Ils étaient attribués originellement comme surnom à un enfant mâle, soit plus chétif qu'un aîné, soit le dernier de la famille. Ces noms sont encore présents de nos jours en Haute-Garonne. Il a existé au moyen-âge leur forme au féminin soit Amieleta et L'Amieleta comme surnoms d'épouses d'Amielet.
AMILIEN :
C'est la version patronymique du prénom Emilien qui, contrairement à lui a conservé la forme romane lui venant de l'agnomen romain Aemilianus; on le trouve dans le Limousin, Poitou et en Vendée. Dans ces régions frontières modernes entre occitan et français, il n'est plus Amilian mais il n'est pas encore Emilien.
AMANIEL :
Amaniel est la réitération (répétition) du nom Amiel avec la même particule initiale, la partie originelle muant en "-aniel" ; on peut aussi trouver les formes Ammaniel et Damaniel, Dalamaniel.
(=> "Dictionario de nombres de personas" José Maria Albaigès Olivart 3ème édition Univ. de Barcelona 1993).
ALAMEL (LE), ALAMELLON:
D'origine ardéchoise, ce patronyme (et diminutifs) est un proche parent du plus amielien "Alamiel" soit plus prosaïquement 'à l'Amiel', nom d'une propriété passée dans d'autres mains?? et pour ce cas ayant perdu en route le 'i'. Pour le diminutif il y a lieu de le rattacher à "Mellon". Les Alamelle (le féminin provenant de Amelh ?) sont présents en Provence et en Languedoc.
AMILHASTRE (AMILLASTRE) :
Ce patronyme d'origine languedocienne provient bien d'un dérivé d'Aemilius. Il est très rare de nos jours, plutôt porté sous la forme française (double 'l') en Haute-Garonne et Ariège.
AMILHAC et dérivés en -AT, -A:
Présent en occitanie seulement (en raison de la forme 'lh' pour 'll' typique de la langue), et en Lauragais en particulier, avec ses autres formes comme Amilhat, Amilat et même Amila (cf le père Amila) voire Amilhastre, sorte de superlatif indiqué ci-dessus. La forme initiale en -ac révèle l'origine toponymique gallo-romaine -acum.
AMELIN, MELIN et consorts :
Très courant en France nord, à relier au suivant, ce patronyme, comme lui, est originaire des pays de langue d'oïl, forgé d'après le latin Aemilianus, le cognomen d'Aemilius via le roman Amelinus. C'est une forme qui produit en français un diminutif, Amelin c'est un petit Amiel de la moitié nord de la France! Le personnage le plus connu qui ait porté ce nom est Jean d'Amelin, traducteur de Tite-Live ("Conciones" ou harangues publiées à Paris en 1554) œuvre au sujet de laquelle Ronsard a écrit quelques beaux vers de louange, louant aussi la rédaction d'une Histoire de France dont nous avons perdu le manuscrit tout comme nous n'avons plus ses autres œuvres en français ou en latin. Plusieurs familles seigneuriales méridionales (Limousin, Périgord) l'ont aussi porté et pour la petite histoire une dynastie de maîtres-pâtissiers de Compiègne, connue du XVI au XVIIIème S. fournisseurs attitrés de l'Hôtel de Ville!
Il existe une forme féminine Ameline qui a donné quelques personnages dans l'histoire (dont l'inventeur des pièces d'anatomie artificielles pour l'enseignement médical vers 1830) ainsi que les formes Melin et Melinand par aphérèse de l'initiale, tous de la France d'oïl.
HAMELIN :
Ce patronyme de la langue française que l'on pourrait relier à celui de Hamel, Duhamel, c'est-à-dire 'hameau' (patronymes courants dans le nord et l'est de la France) est en réalité un dérivé en langue d'oil de l'occitan Amiel. Il est même employé quelquefois pour ce patronyme: ainsi l'évêque de Couserans, Amiel de Lautrec est aussi désigné par Ameil ou Hamelin (ex: H.G.L. vol.4 n°1 Ed Privat 1872).
En demeurant en zone linguistique nord bien que l'origine de hameau soit la plus fréquemment donnée, il y a cependant quelques exceptions en toponymie comme Hamelincourt qui dérive d' "Amelani curtis" qui devint Amelencourt puis Amelincourt avant de finir avec un 'h', Le Hamelet et Le Hamel proviendraient de même d'un Amellus ou Amelus ou même Emy traduisant une probable origine latine qui, comme pour Emile bien français, a conservé le 'E' et non pas le 'A' d'Aemi(lius). Voir ci-après compléments.
HAMIEL, AMEEL et dérivés propres :
- Plus spécifiquement anglo-saxon ce patronyme que l'on trouve toutefois en français est chez les anglais aussi un prénom ce qui signe son origine; peut-être faut-il rapprocher l'origine du 'h' initial dans la signification précédente de Hamelin ? Ce nom a plusieurs dérivés comme Hamel, Hamil ou Hamill. Cette orthographe se retrouve aussi chez les personnes de confession juive en Israël.
- Il faut préciser encore ici que, dans la suite de ce qui est noté pour Hamelin, on trouve d'anciennes formes pour Hamel qui sont Hamiel ou Hamielle encore à la fin du XIVème S. en Wallonie et Bruxelles (français) et le correspondant flamand Ameel, Ameels, Ameele voire Vandenameele (mais qui pourrait aussi bien faire penser à Duhamel, 'du hameau' bien français selon la plupart). (cf. "Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles" J. Germain & J. Herbillon; Lanno Uitgeverij, 2007).
- On peut tout autant remarquer que l'orthographe comportant ce 'h' initial, qui n'a pas de valeur vocale, fait penser aux Hamilius de la même région (Luxembourg); cette possible parenté signifierait peut-être une transformation régionale du 'AE' latin d'Aemilius en 'Ha', ce qui emporterait alors par l'ancienneté l'origine de cette forme sur celle bien plus récente provenant de 'hameau'. Se reporter pour un large développement à ce sujet : page générale onomastique - page Amiel du latin à Amali wisigoth.
- Par ex. on note à Watreloos, quasiment en même temps, un Pierre du Hamiel, échevin en 1505 & 1520 qui portait le nom du haneau dont il venait, celui de "Del hameel" ou "du Hamiel" que l'on trouve écrit en 1553 ainsi (cf. Histoire de Watreloos, A. Prouvost, 1865). A Douai, Jehan du Hamiel fut bailli, c'était un gentilhomme issu de la maison seigneuriale de cette ville et il fut à l'origine de la branche de Tortequesne d'Hamel (tiens, le "i" a alors disparu ! bizarre, bizarre).
AMELIEN :
Traduction française pour le cognomen Aemilianus, cet anthroponyme peut être traduit ainsi. On trouve par exemple un Amélien dans un échange de terres daté de 941; les époux Amélien possédaient l'alleu de Savanenc, ils l'échangèrent avec celui de Laura (de la paroisse ou territoire de Vieux, en Albigeois (cf. H.G.L.; Fonds Doat 105, f°5; Gallia Christiana). Curieusement la ville nouvelle de Vieux sera créée plus tard par Amélius, évêque d'Albi. (cf. "Monographies communales..." E. A. Rossignol, 1865).
Il est porté dans les mêmes zones que sa variante Amilien (cf. ce patronyme).
AMELIER AMETLLER AMEILLé :
Le nom Amelier peut être la traduction française du latin Amelii, mais il est aussi bien connu dans le sud: c'est un patronyme de l'Aveyron par exemple. Il est cité à Albi dans un procès pour infanticide commis par une femme adultère, épouse de Jean Amelier, de Rodez, vite expédié en Juillet 1396 et dont l'issue pour la malheureuse fut le supplice puis la mort, pendue aux fourches patibulaires. C'est un toponyme relatif par l'occitan à l'amandier qui se dit [amètliè] et par une des origines possibles de notre nom relative elle aussi à l'amande (amelha, ameillo) il est lié à celui-ci. On peut citer par ex. "les vignes de l'Amelier" vers Castres en 1585 dans des mémoires de batailles religieuses, Avignon où existe depuis des siècles une rue de l'Amelier, ou dans l'Aude, une "borio des Ameliers" signalée par l'abbé Sabarthés dans son Dictionnaire du département. Enfin un troubadour du XIIème S. nommé Guillem Amelier, de Toulouse a porté ce patronyme.
La même origine se trouve dans le catalan Ametller et l'occitan Ameillé qui sont des patronymes de ces deux zones.
- Il ne faut pas les confondre toutefois avec le français Ameiller qui est un verbe signifiant "mettre bas pour une vache" et pourtant aussi un patronyme, disons vétérinaire ?!
AMELIS :
Ayant sans doute pour origine le latin Amelii romanisé et mis au pluriel pour exprimer la même déclinaison latine on le trouve porté au moyen-âge dans toute la France (Le Mans, Brie, Hautes-Alpes, Dauphiné) et en Belgique (Tirlemont, en Brabant), il est cité chez les troubadours (Gérard de Roussillon parle d'un Mons-Amelis) comme chez les poètes français.
AMELOT et autres de même forme :
Ce sont des formes françaises avec suffixe diminutif. Amelot est un diminutif d'Amel et Ameele, cet Amiel belge et flamand. Melot porté dans l'ouest et les Ardennes, centre et Belgique est une aphérèse d'Amelot bien entendu tout comme le féminin Melotte ou Meloteau (-tt). D'autres variantes encore avec Ameloot, Amolot, Amiot (-yot) qui sont du nord.
AMYEU, AMIEU et AMIEU(L)X; note sur les limites linguistiques français - occitan :
S'il n'est pas apparenté à Amiel, ce patronyme porté du Lyonnais à la Drôme, de l'Ardèche à la Savoie peut, je pense, avoir pour origine le prénom marqueur des Ducs de Savoie, celui d'Amédée. Toutefois il a pu être ici et là employé par certains greffiers sous l'Ancien Régime pour désigner un Amiel (voir Amyeu Cabirol à Gaillac (81) en 1364 ou Jehanne Amyeu à Orange (84) ~1550). Pour Amieu(x) si proche, il est bien une forme dauphinoise (Isère) d'Amiel.
La forme Amieulx proche en est-elle pour autant issue ? Peut être pas ! Apparentée à Amel vu dans le nord (et qui représente bien des Amiel de cette région), c'est une forme que l'on voit au XVème S. par exemple avec un chevalier Amel ou Amieulx de Cohem, rétribué à Compiègne en 1430 ou un Amieulx de Nédonchel écuyer dans un titre de rente daté de 1400, des archives d'Arras. Cet exemple bien particulier m'invite à vous parler des limites linguistiques entre les parlers d'oïl et les parlers d'oc, entre les moitiés nord et le sud de la France.
L'Isère est à la limite des parlers occitans et alpins et des parlers d'oïl. Au moyen-âge comme on l'a dit la rustica romana linguae dont est issu directement l'occitan était parlé dans toute la moitié sud de la France, des Pyrénées à la Loire. Mais l'histoire française dirigée depuis Paris, non par la royauté mais par les Républiques successives n'a de cesse d'imposer une seule langue comme on le sait; par des mesures martiales les autres langues sont progressivement éliminées. Le dauphinois est dans cette large zone lexicale que l'on nomme le franco-provençal; inclusive de l'arpitan, parlé depuis le Forez jusqu'à la Franche-Comté, dans le lyonnais jusqu'à Mâcon, en Savoie (savoyard) et qui déborde largement en Suisse (cantons de Genève, Vaud, Neufchâtel, Fribourg et Valais !) comme dans le Piémont en Italie. C'est géographiquement le pendant est de la même zone côté ouest, du parler des Charentes et Poitou, le saintongeais, mais qui est lui malheureusement à peu près éteint de nos jours, réduit à un vulgaire patois; la langue française conquérante l'a définitivement éliminé, ce qui n'est pas le cas de l'arpitan. On remarquera à ce sujet que le saintongeais comme l'arpitan sont parlés dans les deux seules zones de passage entre la France du nord et celle du sud (seuil du Poitou et seuil de Bourgogne). Enfin si les dernières croupes nord du Massif Central (auvergnat) limitent cette influence française néfaste pour l'autre langue majeure de la France, l'occitan, on note dans la zone centrale de cette limite linguistique entre oc et oïl, un espace linguistique en forme de croissant tout à fait original, car on y parle encore un savant mélange des deux langues (Indre, Creuse surtout et Cher). Cet idiome finalement est un mélange étrange constitué sur un fond occitan qui a subi la forte influence française; ce qui prouve bien en passant l'hégémonie organisée et imposée depuis des siècles de la langue du nord. Dans cet idiome encore parlé de nos jours, mais par peu de gens, la conjugaison, l'essentiel du vocabulaire et les marques du pluriel sont ceux de l'occitan quand la prononciation et le lexique moderne sont ceux du français ! Les dialectes occitans étant quant à eux parlés toujours parlés des Pyrénées jusqu'à Montluçon et Vichy et des Landes aux Alpes du Piémont italien. Ceci confirme la géographie des différentes traductions linguistiques de notre nom sur le territoire français CQFD.
LAMIELA :
Patronyme remontant au moyen-âge pouvant avoir pour origine lexicale le surnom de "L'Amiela" ce qui, en occitan, signifie 'l'épouse d'Amiel' et était prononcé 'l'amièlo'. C'est un patronyme porté encore en catalogne espagnole.
LAMIEL :
Contrairement au précédent, cette forme pourtant également agglutinée, qui via le féminin d'Amelius a par ailleurs pu selon la déclinaison latine donner Amelia ou même Amélie, est très rare jusqu'à la fin du XIXème S. Nouveauté dans la palette patronymique, on ne le rencontrera donc que dans le courant du XXème S. dans les départements 31-81 et 72, 75, puis, d'une façon diffuse dans le reste du Languedoc-nord, l'ouest breton et faiblement dans le Centre. C'est un des rares patronymes inédits modernes de notre parentèle onomastique. Je ne pense pas qu'il faille voir ici une influence littéraire stendhalienne, par suite de la publication posthume de son dernier roman 'Lamiel' (voir notice) en tous cas pas comparable à celle de 'L'Emile' de Rousseau un siècle plus tôt. Le patronyme étroitement apparenté à Lamiel avec le suffixe -le parait quant à lui plus ancien (voir plus haut), mais il ne parait pas possible de savoir si l'un est une conséquence orthographique de l'autre.
MILHAU & ses dérivés :
Pour tous les dérivés de ce nom il y a lieu de remarquer qu'il s'agit de voir en eux le nom romain d'Aemilius conçu avec l'aphérèse (le 'a' initial est éludé). Ils sont d'origine toponymique : que ce soit les Millau (d, t), Millhau (d), leurs dérivés Millavois (français), Milhavès (occitan), les Milhave(t), ou les Millac, Milhac... correspondant à ces lieux d'origine gallo-romaine: Millau (12), Milhaud (30), Milhavet (81),dont la marque toponymique latine est en '-avum' et Millac (Milhac) (86 - 24 - 46) dont la marque est en '-acum'.
Ce nom n'est pourtant pas une exception à ce que j'ai indiqué concernant l'origine exclusive du patronyme Amiel et de ses parentés comme n'étant jamais d'origine toponymique car la racine même est celle du nom de gens romaine insigne.
NB : Notons ici que ces noms à référence toponymique furent adoptés (voire imposés) par ou pour des juifs mais en tout état de cause avant le décret de Napoléon du 20 juillet 1808 qui interdit alors la référence à une ville.
AMILHAC AMILHAU & autres, de forme française en LL :
Les patronymes formés comme Amillac (lh) sont eux plus fidèles à l'origine gallo-romaine d'Aemilius : Il n'y a pas d'aphérèse et ils sont aussi issus d'un toponyme mais indirectement eux aussi : l'origine initiale est bien un domaine d'Aemilius ! On associera à ce nom ceux d'Amillaud (lh), Amillat (lh), Amillard (t). Pour Amilhaud, le 'd' final du suffixe analogique -aud se retrouve dans d'autres noms et est typique de l'Aveyron et du Cantal.
Toponymiquement Amilhac est par ex. un lieu-dit de Servian (34) cité dès 1178 (Amiliacum villa), le 'll' français apparaissant à la fin du même siècle traduit en occitan par 'lh' qui est la forme conservée.
MILL, MILAN, MILIAN, MAC MILAN :
Ces patronymes anglo-saxons sont bien dérivés du latin Aemilius. Pour Mill référence est faite au français Mille, aphérèse d'Emile, qui anciennement aurait eu la forme Mille; rapproché de l'origine grecque signifiant flatteur, charmant il est apparenté à Milo et Miles. Millan, Milian, sont des formes abréviées d' Emilian, origine leur venant d'Aemilianus latin, il sont directement à relier à Mac Milan. Ce Mac Milan est un patronyme anglo-saxon d'origine écossaise comme on peut le subodorer, dérivé de Mac préfixe écossais désignant un clan, une tribu et de Milan, qui est l'aphérèse d'Aemilian, il s'agit donc du "fils de" Milan. Il peut aussi être écrit Mac Millan sous cette forme générique; en irlandais on aura la forme Mac Mullan. Anciennement on trouve l'appellation de "Clann an Mhaoîl" ou Mhaolain, Maolan. Les Mac Milan sont de nos jours constitués de trois branches, la principale étant les Mac Millan of Mac Milan & Knap; dispersés dans tout le Commonwealth et aux Usa ils restent en contact grâce au très officiel Clan Mac Milan International. Les clans en Ecosse c'est toujours très sérieux !
(=> d'après "Surnames of the United Kingdom : A concise etymological dictionary" H. Harrison; 1996).
Ce patronyme est très connu dans les pays anglo-saxons dans les domaines de la politique, de la finance, de la science ou du sport.
Le plus connu d'entre eux fut sans doute le Premier Ministre britannique des années 1950. Parmi les nombreuses appellations claniques qui lui sont rattachables figure le patronyme Melon que l'onomastique française rattache quant à elle directement à Amelius.
Les faux amis en MIL- sauf MILLIAT & les amis d'EMILE :
Tous les patronymes en MIL- n'ont pas pour origine le nom de gens latine aemilien; l'aphérèse ne peut être retenu pour les patronymes (et toponymes) suivants :
- Milhars, Milhas (-ll) qui viennent de l'unité romaine de mesure des distances nommé le 'mille' car correspondant à mille pas;
- Millas, Millasseau qui viennent du nom donné au maïs en gascon, nom porté comme surnom par des cultivateurs de ce végétal (introduit en France à la Renaissance);
- Milhard (-ll), Millat (-lli) qui eux, cultivaient (ou commerçaient avec) le 'millet'; c'est alors le nom du champ semé de cette plante, un céréale se contentant de terres pauvres et de sécheresse relative, cultivée dans tout le sud de la France sous l'ancien régime. Les dérivés étant ici Millet (lh), Millerat, Milleron (t), Milliet (z)...Remarquons toutefois que ce terme en tant que toponyme Milliat est pourtant donné dans l'Ain comme venant d'un Aemiliacum, un domaine d'un Aemilius , pour lequel il est bien indiqué que ce nom latin a pour origine le grec Aimulia, donc un homme au caractère gai, enjoué (cf. "Bulletin de la Soc. des naturalistes et des archéologues de l'Ain" Vol. 22 à 27; 1908).
En revanche il y a tout lieu d'inclure les dérivés du prénom français Emile, correspondant au nom-prénom occitan Amiel (voir tous les saints aemiliens) qui ont donné autant de noms patronymiques. Le nom Emile lui-même contrairement à son homologue occitan n'a quasiment pas donné de patronyme (Emile comme nom de famille est concentré sur le Massif Central, de la Hte-Vienne à l'Ain et est rare). En Auvergne, notamment dans le Cantal on trouve le nom de Mily, équivalent avec aphérèse d'Emile qui est déjà une graphie française, couramment écrit aussi Mili ou Mile et sur lesquels ont été formés dans ces régions montagneuses, des "caps d'ostal", des noms de maîtres de maisons, des patronymes. C'est à partir de là aussi, et en allant vers le nord que, par la même aphérèse l'on trouve plutôt des 'amis d'Emile' tel Mille et ses dérivés comme Milin, Milien (via Emilien qui lui, vient du surnom romain formé d'après Aemilius, soit Aemilianus), Milles, Mil(l)ot, et Milou (eh oui!)...
Les autres formes d'AMIEL chez les JUIFS d'AFRIQUE DU NORD :
Il est patent de trouver quelques formes spécifiques pour des AMIEL sépharades, toutes apparentées à la forme générique AMOYEL avec aphérèse ou pas, variation en -ouyel...venant de Amoiel lequel a pour origine Ammiel, conséquence d'une filiation bien indiquée par un changement de voyelles assez fréquent dans ces régions.
(=> "Les juifs de l'Afrique du Nord: démographie & onomastique" M. Eisenbeth, Imp. du Lycée 1936; "Les juifs du nord de l'Afrique: noms & surnoms" Isma'il Hamid Soc. d'Etudes Géograph. Marit. & Coloniales, 1928; Académie des Sc. Coloniales, Comptes-rendus des Séances Vol. 10 & 11 1927).
Des AMIEL aux noms patronymiques doubles et même quadruples ! :
Comme pour tout patronyme il arrive que notre nom Amiel partage avec un autre le nom patronymique de beaucoup de familles. Mais il y en a un spécialement caractéristique de la vieille formation patronymique : c'est l'exemple des PONS-AMIEL. Voilà un nom double constitué de deux prénoms très en usage au haut moyen-âge; tous deux d'origine latine, il semble qu'aucun n'ait pu prendre le pas sur l'autre, pour reléguer le perdant au rang de prénom; ex-aequo ils ont été conservés au même niveau pour former le nom de famille, lequel s'est conservé tel quel jusqu'à nos jours, mais est très rare toutefois.
Le patronyme peut éventuellement mais rarement être constitué de la juxtaposition de trois noms; c'est pourtant le cas pour :
- "Chambellan-Amiel de Mérindol", le titre de Marquis de Mérindol ayant été inclus dans le nom précédent Chambellan-Amiel. Cette famille existe toujours sous cette appellation.(cf. "Liste des marquis français" in "Annuaire de la Noblesse de France & des Maisons Souveraines de l'Europe" édité en 1935).
- "Amiel de Ménard de la Rozais", quasi unique dans lequel Ménard vient du germain Maginhard, un descendant d'un ancêtre robuste et aguerri et Rozais, toponyme francique désignant l'endroit où poussent des roseaux; c'est donc une famille au nom très français !
Les prénoms EMILE & EMILIE (et sa variante AMELIE) :
En raison de l'une des origines latine et chrétienne de notre nom celui-ci a surtout été popularisé par le prénom dérivant de l'un des multiples saints aemiliens. Que ce soit au masculin ou au féminin le prénom est bien connu dans les langues occidentales. Toutefois si le prénom francisé Emile s'est beaucoup popularisé par la référence à l'Emile de Rousseau entre les XVIII et milieu du XXème S. il est de nos jours en perte de vitesse. Ce n'est absolument pas le cas pour son homologue féminin : le prénom Emilie, popularisé lui aussi par une œuvre littéraire, du moins en France, "Les conversations d'Emilie", roman de Madame d'Epinay publié en 1773, son succès est constant depuis, non seulement en France mais surtout dans les pays anglo-saxons (Angleterre & anciennes colonies, Etats-Unis) sous sa forme Emily bien sûr; de plus celles qui l'ont porté et qui sont devenues célèbres sont nombreuses, ce qui accentue le phénomène remarquable de sa diffusion (l'une des sœurs Brönte, l'écrivain Emily Brönte ou l'aviatrice américaine Emily Eckhart entre autres). Si cela était nécessaire son intérêt fut renouvelé en 1979 par la comédie musicale très connue et diffusée "Emilie jolie" et dans les années 1980 par ex. plus de 10000 petites filles ont été appelées Emilie chaque année en moyenne. Au seuil de ce nouvel millénaire Emilie figure encore et toujours parmi les 100 prénoms féminins les plus attribués.
Un mot sur la variante d'Emilie, le moins célèbre prénom Amélie, plus directement en lien avec son appellation masculine Amiel : Amélie a été très en vogue durant le XVIIIème S. et même bien avant dans la classe aristocratique de toute l'Europe alors que son homologue qui avait eu son heure de gloire au moyen-âge n'était quasiment plus porté. Il me faut citer ici à ce sujet le roman de Julie de St Olmont paru au début du XIXème S. en 3 volumes quand même (in 12) qu'elle intitula "Amélie de Tréville" comme quoi cette dame connaissait bien encore cette vieille famille du Lauragais !