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Ce n'est pas une histoire belge comme on a l'habitude d'en entendre de nos jours; celle-ci est historique, rapportée très sérieusement par un auteur qui étudie le temps passé d'un coin de La Hesbaye, région proche de Liège, en terre flamande donc.
Le seigneur de Lexhy, descendant du premier connu qui se nommait Libert de Warfusée (!), Otto de Lexhy qui vivait au début du XIIème S. eut pour fils Ameil de Lexhy qui fut un chevalier décédé après 1190. Il s'agit plus d'un conte que d'une véritable histoire concernant son fils de même nom Ameil dit Le Jeune, narrée dans le "Miroir des Nobles d'Hemricourt", une seigneurie féodale qui dépendait et de la cour de Liège et de celle de Hesbaye dont le 1er seigneur fut un Thomas, lequel, avec son frère Ameil, partit en 1213 à la bataille de Steppes; mais laissons la magie du récit agir:
Un jour du mois d'août, par une grande chaleur, resté seul en son manoir, Sire Ameil eut la pensée d'aller vers l'heure de midi à la fontaine de Lexhy qui se trouvait au milieu du petit bois derrière son château. Le village était désert, tous les habitants étant occupés dans les champs aux travaux de la moisson. Arrivé à la fontaine, il y trouva une jeune femme assez bien vêtue et la plus belle qu'il eut jamais vue. Il l'aborda aussitôt, lui demandant quelle était sa condition. Elle répondit qu'elle était une demoiselle étrangère, allant en pèlerinage, et qu'elle s'était arrêtée là pour se rafraîchir, en attendant sa servante qu'elle avait envoyé à la ville chercher des provisions. Plus Ameil la regardait plus il se sentait enflammé d'amour pour elle; il l'invita à se reposer dans son château, ce qu'elle n'accepta qu'après beaucoup de sollicitations; elle y fut bien reçue, et, le lendemain, en prenant congé du seigneur, elle lui demanda s'il savait bien à qui il avait eu affaire. Mais ceci est une version édulcorée du récit original que j'ai retrouvé voilà comment ce passage est écrit : il la pressa de contenter ses désirs, elle s'en défendit d'abord par quelques discours affectés, et témoigna de s'éloigner bien fort de la conclusion, mais enfin le chevalier la réduisit à sa volonté, la mena à son logis, et lui fit tant de caresses qu'il l'obligea de coucher avec lui et il en eut tout ce qu'il put souhaiter. La nuit s'étant passée de la sorte, la demoiselle remercia Ameil de ses caresses et lui demanda s'il savait bien à qui il avait eu affaire. Le châtelain étonné répondit que non - Et de toi, diray, fit-elle, sache que tu as festé le diable ! - Le diable ! répartit l'intrépide chevalier, par la digne mort de Notre Seigneur, ce dont tu pourras bien te vanter en arrivant en enfer, qu'il n'y eut jamais au monde diable mieux crochu que tu as été cette nuit ! - A ces mots elle disparut, mais, en partant, elle creva l'œil droit au châtelain lequel resta borgne toute sa vie et fut, pour cela, nommé "Ameil à l'œil".
L'infortuné seigneur qui blasonnait son écu "vairé d'argent et d'azur au lion rampant de gueules" mourut le 15 mars 1263 et fut inhumé au Val des Ecoliers Outre-Meuse; il eut toutefois une descendance, selon le même "Miroir", Ameil III de Lexhy son fils, puis par ce dernier Wauthier de Lexhy son petit-fils mais cette descendance est loin d'être partagée. La famille est ensuite parfaitement connu jusqu'au milieu du XVIème S. ou le dernier seigneur Henry de Lexhy n'aura aucun hoir (héritier) de sa femme Agnès épousée en 1544.
(=> "Le Miroir des Nobles de Hesbaye" de Jacques de Hemricourt et les compléments de Ch. Fr. Jalheau, à Liège, chez Bassompierre, 1791).
AMEL DIT DE FIZE :
Je cite ici un des nombreux Amel de l'aire belge, puisqu'il est certain que cette forme Amel fut bien employée au moyen-âge et aussi dans la moitié sud de l'aire française comme équivalent linguistique d'Amiel dans les actes en latin.
Maitre Amel dit de Fize fut un clerc apparenté à Henri de Haccourt, abbé de St Laurent de Liège; fils d'Amel de Wonck, chevalier et bourgeois de Liège, lequel était le frère de cet abbé, il est cité comme collecteur apostolique du diocèse de Liège en mars 1247, et à cette date le pape Innocent IV lui réserva un bénéfice vacant (une fonction avec revenus assurés) dans ce même diocèse. Il est par la suite cité plusieurs fois comme chanoine entre 1254 & 1268. Il fut Official du grand Prévôt Jean de Condé dans les années 1270 puis doyen de St Denis de Liège en 1272. Il continuera à avoir des fonctions juridiques jusqu'en 1288.
(=> "Les maitres universitaires du diocèse de Liège..." Ch. Renardy; les Belles Lettres, Paris, 1981).