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"....Je suis du ciel et de la terre
Je dis que Dieu est mon parent..."
C'est Jésus qui parle dans le poème "Paix et joie" de Charles Le Quintrec (Albin Michel, Paris, 1981)
Les radicaux des NOMS PROPRES en HEBREU :
Il existe en hébreu dans les noms propres des séries de noms ayant un radical commun comme par exemple "Ezer" qui a le sens de 'secours' et des noms où l'association entre le parent et la divinité constitue la structure même du nom. Ainsi les patronymes Abiel (cf. Is. 9,1) et Ammiel (cf. I Ch. 3,5) qui se décomposent en "abhî / ammî'-êl" soit "mon père/mon oncle est Dieu". L'ordre des deux racines peut être inversé comme dans Eliab (cf. Nb 16,1) soit 'Dieu est mon père', ce qui semble dénoter une parité entre les deux termes. Et cette équivalence est bien réelle dans un cas bien précis : le père de Bethsabée est appelé Eliam (cf. 2S 11,3) ou Ammiel (cf. 1Ch 3,5). Si les radicaux sont interchangeables, on peut décemment penser que leur sens l'est aussi. Et dans la signification de 'dieu', il s'agit non plus du nom commun mais de "El" son nom propre, car on rencontre des noms comme Eliel (cf. 1Ch. 6,19) signifiant "mon dieu est Dieu" ou "mon dieu est El" ce qui semble plus logique que la simple tautologie "mon dieu est dieu".
(=> "L'idée de Dieu chez les Hébreux nomades..." D. Faivre; L'Harmattan, Paris, 1996).
Traduction ou signification du nom biblique AMMIEL :
Il y aurait environ un peu plus de deux mille noms bibliques, ce qui est finalement peu pour le volume de pages de l'Ecriture Sainte. D'une manière assez générale Ammiel ou Amiel, Amyel... en tant que nom de personne hébraïque et biblique est traduit par "Dieu est membre de la (ma) famille" ou "Dieu est un allié dévoué" (d'ailleurs en français le qualificatif d' 'allié' désigne une parenté imprécise mais bien effective). Un site chrétien peut même écrire "Assurément Yahou-Christ (Dieu-Christ) est notre Eliam" faisant référence bien entendu à Jésus, le fils de Dieu et sauveur, rédempteur de l'humanité selon leur croyance et au nom du Messie qu'il est pour tous les chrétiens, le retournement du nom Amiel en Eliam correspondant à l'un des noms proposés pour ce Messie que les juifs eux attendent toujours. L'orthographe Ghammiel a été trouvée dans quelques dictionnaires de la Bible aux XVII et XVIIIèmes S.
L'expression "MON PEUPLE (dit) DIEU" dans la BIBLE :
Si le nom propre individuel Amiel concerne quelques personnages il en va tout autrement de l'expression signifiée par ce nom. Parlant de "son peuple" Dieu s'exprime souvent dans l'Ancien mais aussi dans le Nouveau Testament. On trouve cette locution dans l'Exode lorsqu'il parle à Moïse, dans le Livre des Rois, chez Isaïe, Jérémie, Osée (Lo-Ammi, "non-mon peuple") Ezéchiel, Ruth, les Psaumes (dont ceux de David) et, pour ce qui est des Evangiles, chez St Jean, enfin dans les Lettres des Apôtres, St Pierre comme St Paul. On peut dire que Amiel constitue un quasi-synonyme de l'expression nommant Israël, ["Mon peuple" (Ammi) dit Dieu]. Et les Israéliens de nos jours comme de ce temps-là auraient pu être des "amieliens" si Jacob ne s'était pas battu avec le représentant divin pour une raison de nos jours inconnue en plus !
Utilisations modernes du nom biblique AMIEL :
- C'est en effet un nom générique que notre nom Amiel, utilisé ici pour désigner un personnage hébreu par excellence (avec celui d'Azaria) prétexte à une histoire du peuple hébreu montée en fresque historico-religieuse et jouée à la façon des pièces du moyen-âge sur le même sujet. Une Association a même pris le nom de ces deux personnages, "l'Association Amiel & Azaria" présente en effet "Sh'ma, l'histoire d'un peuple" dans les paroisses catholiques du diocèse de Lille. Amiel & Azaria sont deux jeunes hébreux avides de connaître leur histoire, celle de leur peuple; ils vont à la rencontre du vieux Siméon et lui demandent un résumé de l'histoire du 'peuple de Dieu'. Voilà un incroyable défi pour Siméon qu'il relève et c'est un grand spectacle porté par 80 comédiens amateurs, haut en couleurs, ponctué de danses, musiques, chants, théâtre, scènes de la vie courante de l'époque hébraïque, réalisé par cette association de Bondues (59) pour l'édification des hommes d'aujourd'hui.
- Un talmud porte le nom de El Am, traduction moderne des années 1960, afin que "Dieu soit accessible à (pour) tous" est-il indiqué pour expliquer ce nom si proche du notre.
DATATION des AMIEL indiqués ci-après :
La 1ère mention d'un Amiel, celle du Prince de Dan correspond au temps de Moïse et est à situer au 13ème S. avant notre ère; celle du père de Machir est à mettre au 11ème S. toujours avant notre ère comme aussi celle du père de Bethsabée, beau-père du roi David; celle du portier du Temple est à rapporter au 10ème S. avant J. C. selon :
(=> "Who's who in the Old Testament" Joan Cornay; Weindenfeld & Nicolson, London, 1971).
Le dernier, Amihel, correspond au retour de Babylone qui se fit en 538 avant notre ère.
Beaucoup de recensions des noms propres bibliques existent; on peut se référer par exemple à "Jewish Encyclopedia" (1906), "Who's who in the Jewish Bible" de D. Mandel (The Jewish Publications Society, Philadelphia, 2007) ou "Onomasticos dos personagens e dos lugares biblicos" de F. Renato Villela (Bibl. 24 horas, Sao Paulo 2009).
AMIEL, PRINCE DE LA TRIBU DE DAN (Nombres: 13; v.12 et suiv.):
Nous avons vu, avec l'Exode, période essentielle de l'histoire biblique des Hébreux, ce que recouvre cette fuite hors d'Egypte conduite par Moïse l'Egyptien. La recherche de sa date probable, d'après sa situation possible dans le temps conduisant à estimer quand ce Prince Amiel, contemporain de l'évènement, a pu vivre.
- Une exégèse juive de l'Exode conduit au deuxième demi-XIVème S. avant notre ère, l'on a pu conclure plutôt au deuxième demi-XIIIème S. Le Prince Amiel (traduction habituelle du titre tribal que l'on donne en français, il s'agit plutôt sans doute du chef de cette tribu de Dan tout simplement), intervient dans l'Exode, avec les onze autres responsables de tribu (le peuple d'Israël comportant douze tribus), alors que ce peuple évadé d'Egypte est dans le Sinaï, en vue de l'un des premiers retours en Terre Promise (thème incessant qui rythme la vie du peuple de Dieu jusqu'à nos jours).
- Un mot sur Dan, nom de tribu et son territoire : Il fait référence au 5ème fils de Jacob, fils de sa servante Bilha, selon la Bible. C'est une tribu assez sulfureuse, en tous cas particulière; Jacob la comparera à un serpent, une vipère cornue, ce qui fait bien penser à une attribution diabolique, non ? En tous cas cette tribu n'est pas citée dans l'Apocalypse de St Jean ce qui a pu faire dire aux Pères de l'Eglise de Rome que c'est de son sein que viendrait l'Anté-Christ. Le symbole qui lui fut attribué est en effet un serpent, quelque fois une balance. Son territoire était dans ce qui deviendra la Samarie, dans le royaume du nord donc; c'est la région entourant Tel-Aviv, la capitale actuelle d'Israël. C'est d'elle toutefois qu'est issu Samson, le plus célèbre des Juges de l'Ancien Testament. Enfin c'est une tribu qui, selon certains, aurait fui (mais quand?) bien loin d'Israël, en Nubie ! Le peuple nubien correspondant actuel a été reconnu comme son descendant en 1975 par les autorités religieuses juives.
- Le Talmud indique une date précise pour ce qui va suivre, celle du 29 sivan 2449 (depuis la Création du Monde par Dieu selon le calendrier juif, soit -1312 av. JC. mais on a conclu que la date probable est environ un demi-siècle plus tard, vers -1260), et un lieu précis, celui de Ritma. La marche en était alors à la 14ème étape du séjour dans le désert du Sinaï depuis Kadech Barnéa. Ce lieu parait être l'oasis de Tell El Qudeirat proche d'un groupe de sources dans le nord du désert de Sinaï et dans l'ouest du Néguev; du temps de l'Exode il s'agissait du désert de Zin, partie du désert de Paran; enfin c'est là que Myriam, sœur de Moïse mourut et fut enterrée.
- C'est à la fin de cette étape que le guide Moïse se décide, sur les demandes pressantes du peuple, à nommer douze éclaireurs chargés d'aller plus avant explorer cette terre tant attendue qui était alors occupée par les Canahanéens; c'est ce que l'on lit en Nombres 13, 1-2. La terre en vue était bien celle qui, il y a longtemps, depuis les premiers Patriarches, Noé et Abraham, fut donnée en héritage aux douze fils de Jacob; mais durant de longues années elle fut occupée autoritairement par la force de trente et une tribus canahanéennes en des cités fortifiées. Qu'en était-il alors de la Promesse divine ? Beaucoup d'hébreux doutaient encore de Dieu. C'est bien son peuple, le peuple de Dieu, qui demande en vérité à Moïse que des explorateurs soient envoyés avec la mission d'évaluer la qualité et la quantité des ressources agricoles alimentaires et la disposition des habitants actuels, avant de se lancer dans son occupation effective. Moïse nomme alors ces douze chefs, un par tribu, et le texte saint donne ces douze noms selon l'habitude juive, en les nommant par leur nom individuel suivi du nom de leur père, Amiel étant le fils de Guémali, il est nommé Amiel Ben Guémali, le "fils du conducteur de chameau", chef de la tribu de Dan.
Mais Moïse craint cependant que ces envoyés ne se détournent de leur mission qui est de faire un état des lieux de la terre convoitée sans pour autant explorer en détail s'il est ou non possible de la conquérir. Il espère qu'au moins l'un d'eux s'en tiendra à la mission confiée tandis que les autres iront sans doute au-delà.
- Les voilà partis pour quarante jours examiner cette terre de Canahan et le 9 du mois d'av ils sont de retour. Quel rapport font-ils ? Pour dix d'entre eux c'est un rapport accablant, leurs dires ne manquèrent pas de provoquer des frayeurs parmi le peuple : Le lait et le miel coulent dans ce pays, et voici son fruit. (cf la grappe ci-après) Mais tout ceci est sans valeur, car le peuple qui l'habite est redoutable, et ses villes sont puissamment fortifiées et très grandes (Nb. 13, 25-28). Les explorateurs avaient en effet rapporté sur demande de Moïse, une formidable grappe de raisin cueillie dans la vallée d'Eschkol (Nb. 13, 23). L'aspect impressionnant de la grappe, qu'ils durent ramener portée à deux sur une perche, entraina de profondes lamentations, les hébreux aveuglés n'y voyant pas ce signe de fertilité et de bénédiction divine accordé à cette terre mais surtout la puissance de ceux qui l'occupaient (Nb. 13, 31-32). Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous. Et ils critiquèrent le pays qu'ils avaient exploré...(Nb. 13, 31-32). Seuls deux missionnaires firent un rapport positif et s'en tinrent à ce qui leur avait été demandé; ils seront les seuls avec la tribu de Lévi (il semble que ce soit en réalité celle qui a suivi Moïse, celle à qui sera confié le service du Temple, elle seule donnera des prêtres) à pénétrer en terre d'Israël. Les dix autres envoyés dont Amiel prince de Dan mourront par la volonté divine pour avoir fait un mauvais rapport.
- Ce ne sera qu'au terme des quarante années d'errance dans le désert, punition divine pour expier les quarante jours d'exploration défavorables, qu'enfin les rescapés de cette épopée (la tribu de Lévi, elle, dans sa totalité) auront le privilège d'entrer et s'installer sur la terre de leurs pères. On repérera leurs habitats très dispersés, tranchant avec les cités antérieures, essentiellement en Samarie. Moïse ne pénètrera pas sur la terre promise, il meurt à son seuil; c'est Josué qui guidera le peuple de Dieu dans cette reconquête.
AMIEL (ELIAM) l'un des TRENTE BRAVES de DAVID : (2 Samuel, 23; 34 & 39)
Jusqu'au XIXème S. (cf. le Dictionnaire de la Bible de E. Spol, Gaume, Paris, 1876) on estimait que ce personnage n'était pas le même que le suivant : bien que donné aussi comme le fils d'Ahitophel et natif de Gilo, il était pour les anciens seulement l'un de Trente Braves de l'armée de David selon le 2ème Livre de Samuel (chap.23, v. 34) : Parmi les Trente, il y avait (v. 24)... Eliam, fils d'Achitophel le Guilonite. Il ne peut s'agir pourtant que du même personnage en raison d'une part de l'équivalence d'Eliam et d'Amiel en hébreu et d'autre part de la relation certaine faite avec son père, conseiller de David, lequel, en ce qui le concerne, fut loin d'apprécier la relation adultère que le roi qu'il admirait tant eut avec sa propre petite-fille Bethsabée (voir article sur Ahitophel sur page précédente). Le même passage biblique indique en fin de liste (v. 39), Urie le Hittite, le 1er mari de Bethsabée, valeureux guerrier lui aussi; fidèle à David ce dernier le fera tuer au combat pour cacher son adultère (voir article sur Bethsabée et David sur page précédente).
AMIEL (ELIAM) PERE DE BETHSABEE et ANCETRE DE JESUS (Chroniques 1: 3,vers.5) :
Amiel est donc le fils d'Ahitophel lequel était de Gilo. Sa fille est la belle Bethsabée dont je conte évidemment la trop incroyable histoire biblique par ailleurs. Il est l'un des personnages des Ecritures nommé aussi par son nom retourné, Eliam. L'Ancien Testament ne parle que peu de cet Amiel; sans doute rengorgea-t-il son émoi devant l'adultère de sa fille en raison de son attachement au roi, il est, on vient de le voir, l'un des Trente Braves (une œuvre moderne en fait même son ami !); ce ne fut pas le cas de son propre père; l'Ecriture parle en contrepartie beaucoup de ce dernier en tant que grand-père de Bethsabée. Ahitophel semble en effet ne pas avoir avalé quant à lui l'élimination royale d'Urie, le mari de Bethsabée couplé de plus, si j'ose dire, à l'incroyable adultère de David. Il est probable que ce brave homme, bien que conseiller très écouté du roi, voulut se venger de cet affront en soutenant le fils et adversaire de David nommé Absalom. Et ses conseils seront alors autant des preuves de sa prudence la plus profonde que des raffinements de vengeance; voyant que David dominait son adversaire il préféra se donner la mort, une mort réfléchie comme le fut sa haine, une mort comparable à celle d'un stoïcien de l'antiquité profane.
Par Bethsabée sa fille, cet Amiel, comme son propre père Ahitophel, sont par le fils de celle-ci, Salomon, et le fils de ce dernier Nathan, les ancêtres pré-davidiens de Jésus, via Marie sa mère qui descend de ce Nathan selon ce qu'en dit le Nouveau Testament (cf. Evangile selon St Mathieu, Prologue, 1; 6).
Bien que le personnage suivant ait lui aussi vécu à la même période du roi David il parait certain, vu son origine différente qu'il s'agit d'un autre Amiel.
AMIEL, PERE DE MACHIR (2 Samuel) :
Cet Amiel-là était originaire de Lodabar, il vécut lui aussi selon la Bible au temps du roi David et son nom est cité surtout comme étant le père de Machir. Lodabar désigne une ville où les habitants avaient selon la signification de ce terme vu comme un surnom, une attitude généreuse, pleine de bonté envers les nécessiteux et les personnes en difficulté; de sorte que leur bon cœur était ainsi loué proverbialement. Et Machir, fils de cet Amiel certifiera par son acte généreux cette affirmation proverbiale : Il recueillera chez lui un certain Miphibaal, dernier descendant du roi Saül. David voulut savoir s'il se trouvait encore un descendant de ce roi; on lui fit connaître l'existence de cet homme, pauvre homme perclus des deux pieds (paralysé, impotent) dont Machir eut pitié et qu'il prit chez lui (Samuel 2; 9, v.4&5). Il fut désormais le pensionnaire de David jusqu'à la fin de sa vie. Le nom de Machir, fils d'Amiel est rencontré un peu plus loin dans les mêmes écrits de Samuel (Samuel 2; 17, v.27) pour indiquer qu'il contribua généreusement à recevoir David et ses troupes alors qu'ils arrivaient à Mahanaïm, lors de la guerre qui opposa David à Absalom dont je parle précédemment (Mahanaïm étant proche de la tribu de Manassé à laquelle appartenait cet Amiel).
AMIEL, FILS D'OBED-EDOM (Chroniques 1 : 26; v.5) :
Ce quatrième Amiel textuellement cité dans l'Ancien Testament est l'un des fils d'Obed-Edom, descendant de la tribu de Lévi, la seule habilitée à fournir les prêtres et serviteurs religieux, et de Koré (on a déjà rencontré ce nom de lieu dans les pages consacrées au Messie Ben Amiel); il fut établi, désigné comme l'un des portiers du Temple de Dieu, sous le règne toujours de David. Il faut préciser que ce Temple ne désigne pas encore Le Temple de Jérusalem, car si David l'a projeté, c'est son fils Salomon qui présidera à sa construction sous la direction du fameux architecte Hiram selon les dimensions et instructions très précises que laissera David; le temple du temps de David désignait simplement l'Arche d'Alliance qui était encore pérégrine, voyageant avec le peuple de Dieu, abritée ça et là chez l'habitant. Les portiers désignaient donc ceux qui gardaient l'Arche appelée aussi la Demeure (de Dieu) selon des règles très précises et les "instruments de son service" ou à la rigueur ceux qui gardaient effectivement les accès aux tentes constituant le sanctuaire de campagne voire les portes des maisons qui accueillaient la précieuse présence divine, le service religieux demandant un nombre très important de lévites.
HANNIEL ou HAMYEL ? (Nombres) :
Les traductions dans les langues actuelles peuvent parfois aboutir à des difficultés. Sans pouvoir trancher je remarque par exemple qu'un passage du livre des Nombres peut conduire à deux appellations différentes bien que proches (Nombres, 34,23): On y lit "des fils de Joseph et du lignage de Manassé (ou tribu des fils de) un chef (H)anniel (en français) mais Hamyel en anglais), le fils d'Ephod".
AMIHEL (Rois & Esdras) :
Souvent autrefois dans les copies du moyen-âge et encore de nos jours chez les anglo-saxons le nom Amiel biblique est écrit Amihel. S'il fallait des preuves de la similitude des deux noms en voici deux: dans un commentaire du Livre des Rois qui indique Pro Ammihel, Veteres Libri non panci Amihel; alii Ammiel, ut habet Vulgatus....; cf. ad Num XIII, 13 signifiant bien qu'Amihel ou Ammihel des vieux livres sont l'équivalent d'Ammiel de la Vulgate, dont l'une des références est dans Nombres XIII, 13 (c'est le prince de Dan); et dans la définition de Amihel : populus meus Dei in Onomastica Sacra (Vol. 41, n°1; 1914). Cette orthographe se retrouve par exemple pour une traduction du Livre d'Esdras, l'historien du retour de la captivité du temps de Cyrus, roi de perse, qui libéra les juifs : Or, au second mois de la 2ème année de leur retour à Jérusalem,...., Zorobabel et Josué....établirent des Lévites, depuis (l'âge) de 20 ans et au-dessus, pour hâter l'œuvre du seigneur (la reconstruction du Temple). Et Josué et ses fils et ses frères, Amihel et ses fils et ses frères, ...comme un seul homme, s'appliquèrent à presser ceux qui travaillaient au Temple de Dieu. Cet Amihel est ailleurs dans le même Livre d'Esdras appelé généralement Cadmiel (Esdras 3,9 et 2,40), je ne vois pas d'explication à ces différences notables que je me dois cependant de constater et noter.
(=> traduction d'Esdras in "Les anges de la Bible..." Tome II Alex. Guillemin; Paris, Lyon, Pelagaud, 1854).
Il n'y a pas lieu enfin de le confondre avec Amiel portier du Temple sous David dont parlent les Chroniques I ci-dessus, les périodes sont tout à fait différentes : sous David, le Temple n'est pas encore une réalité architecturale tandis qu'au retour de captivité il s'agit de sa 1ère reconstruction, à partir de -538.
Cette forme peut aussi être rapprochée de Salamihel (voir plus bas) trouvée dans les Nombres de multiples fois (1,6; 2,12; 7,36; 7,41; 10,19), Amihel étant présent aussi dans Samuel 2 (9,4; 9,6) et Chroniques I (3,5; 26,5).
BEN-AMI, FILS DE LOT (Genèse) :
Ce nom qui peut rappeler un Ben-Amiel, l'un des noms du Messie, est celui que l'une des filles de Lot eut avec son propre père, par suite de la destruction de Sodome & Gomorrhe par Dieu et l'élimination de tout homme en âge de procréer; le texte biblique dit "Elle le nomma Ben-Ami " c'est-à-dire "fils de mon peuple", donc fils du peuple de Dieu, Ben-Amiel en vérité, mais Dieu était alors en courroux et ne pouvait être relié à son peuple dans ce nom d'où la troncature du suffixe divin; bien que ce ne soit donc pas textuellement indiqué, il faut voir ici une interprétation du nom qui est pourtant exprimée ou plutôt selon la version des Septante, ces fameux soixante dix juifs, premiers traducteurs de l'hébreu en grec, le texte primitif, original a pu avoir été : "Elle le nomma Amon en disant : Celui-ci est le fils de mon peuple (cf. Genèse, XIX, 38). Il est par contre certain que ce nom est resté à ses descendants, les "enfants d'Amon" ou Ammonites.(cf. "Dictionnaire historique & critique, dogmatique & moral de la Ste Bible" L. E. Rondelet T. I; Boudet, Paris, 1776).
Un lieu biblique AMIEL (Josué) :
Ce nom biblique d'Amiel est un hapax (unique pour cette citation); il résulterait de la traduction des Septante encore. Au moins deux traductions très différentes ont été données à ce terme géographique suivant la base de traduction considérée: C'est Amiel que l'on lit en grec (1) du moins d'après le texte du Codex Vaticanus (noté B); mais le texte traduit d'après le Codex Alexandrinus (noté A) donne Amad, nom constamment repris, notamment en français. Pour nous ce sera Amiel bien sûr; Amiel appartient au territoire de la tribu d'Asher dans la description des affectations de la Terre Promise à la fin de la vie de Josué (Josué 19,26), successeur de Moïse; il s'agit donc d'une très vieille appellation d'un lieu habité. Et l'on sait, par la description qui en est faite dans ce passage, qu'Amiel se situait entre Elmelech et Messal ou Masal, dans la région actuelle de Tyr, pas très loin du Mont-Carmel, à l'extrême nord d'Israël, voire au sud du Liban (alors Phénicie); c'est un lieu bien évidemment disparu de nos jours. Mais la nouvelle Israël s'en est souvenue : Un village nommé New-Amiel a été créé dans la même région, au sud-est d'Haïfa vers 1950 (voir page toponymie moyen-orient).
(=> "The Exodus Itinerary Sites..." M. D. Oblath; Studies in Biblical Literature, 55; Peter Lang Publ. N-Y, 2004)
(=> (1) "A new english translation of the Septuagint" A. Pietersma & B. Wright (depuis le grec); Oxford University Press, Oxford & N-Y, 2007).
L'ouvrage "La Bible d'Alexandrie" de Monique Alexandre (Cerf, 1997) précise bien que ce toponyme est unique, qu'il se lit 'am'ad et peut se traduire en Amièl.
Il faut aussi noter des noms plus composés avec comme base ce "peuple de mon Dieu"; en voici quelques uns :
SAR-AMIEL, titre princier accordé à SIMON MACCHABEE :
Cette expression affectueuse, honorifique et déférente exclusive a été utilisée pour le titre qui fut donné à Simon Macchabée (Macch. I 14, 28), titre qui fut gravé sur une stèle de bronze en son honneur, placée sur le Mont Sion. Il fut qualifié en effet de "Sar-Amiel" soit "Prince du Peuple de Dieu". le terme de 'sar' désignait dans les vieilles langues de la région tête, et donc chef, venant d'une racine correspondant à la notion de commencement; c'est un titre de pouvoir donc et il était ajouté au nom du personnage qui en était doté par ex. Nabuchodono-Sor; ce titre nous est parvenu par celui de 'tsar' chez les dirigeants de l'Europe de l'est, en anglais par celui de 'sir', vocable déférent correspondant au français 'sire', de messire, monseigneur.
Il faut dire qu'il fut le dernier des cinq frères de sa famille, les Macchabées à s'opposer pendant près de vingt ans par la révolte juive qu'ils ont mené face aux grecs Séleucides et à l'invasion de la Palestine par le roi de Syrie Antiochus IV Epiphane au IIème S. avant notre ère, révolte qui débute en -166. C'est aussi une révolte religieuse qui oppose comme toujours les tenants de la tradition, les Macchabées et les modernistes prêts à s'ouvrir à la culture grecque, inlassable querelle des anciens et des modernes. Le dernier espoir national juif sera finalement dans les mains de Simon et il fut couronné de succès : En -142 le roi Séleucide (grec) s'allia à lui et lui accorda pour sa nation l'autonomie, signant avec lui un traité d'indépendance, traité négocié aussi avec la Syrie, lui restituant également l'indépendance politique pour la Judée. Le conseil des juifs, le Sanhédrin, en accord avec tout le peuple assemblé en un lieu qui portera le nom de Saramiel (ou Asaramel) lui confiera en remerciement la charge de Grand Prêtre et Souverain Sacrificateur (1 Mach. 14,28). Il obtint surtout aussi la reconnaissance dynastique de la part de la République Romaine, accordée officiellement par le Sénat à la Délégation du Grand Prêtre qui était à Rome, en -139 (1 Mach. 15, 15 à 24). Le valeureux Simon avait bel et bien rendu la liberté au peuple de son dieu, il méritait d'en être son Prince et chef (-142 à -134); chef militaire mais aussi reconnu par les grecs Ethnarque de Judée " à perpétuité jusqu'à ce que se lève un prophète digne de foi", Stratège de la côte Phénico-philistique (soit de Tyr à la frontière égyptienne), il fut donc le "gouverneur héréditaire" de sa nation juive (1 Mach. 14,25) et sous son gouvernement la Judée redevint très prospère tout comme la religion juive traditionnelle reprit avec vigueur. Mais il fut malheureusement assassiné par son gendre. Son 2ème fils Jean Hyrcan Ier (-134 à -104) lui succéda. Il est par là à l'origine de la dynastie juive des Hasmonéens (du nom de l'ancêtre familial). Cette dynastie règnera un siècle, jusqu'en -37, époque qui verra dans la région l'effet des guerres civiles romaines qui achèveront (dans tous les sens du terme) la République. L'historien juif Flavius Josèphe a noté lui aussi tout cela dans sa Guerre des Juifs.
HANAMIEL (Jérémie 32 6-15) :
Dans les traductions françaises c'est plus généralement par Hanamel que ce rare nom biblique est traduit; les traductions anglo-saxonnes, acceptées aussi par les juifs de langue anglaise, mais aussi les traductions espagnoles ou autres comme indonésiennes penchent pour Hanamiel; on a vu ce qu'il faut penser de la présence ou non du 'i'. C'est un personnage accessoire cité dans une courte histoire que l'on peut presque assimiler à une parabole dans un texte du prophète Jérémie. En voici le résumé: Hanamiel est un cousin du prophète, il est le fils de son oncle Sallum et il lui vend en bonne et dûe forme une terre située à Anatot par un contrat écrit et scellé; or la période n'est pas très stable comme souvent en ces temps anciens, le peuple juif n'a pas confiance en son Dieu pour être son rempart, mais Jérémie lui, sait que l'Alliance conclue est indestructible et il met toute sa confiance en Yahwé. La preuve il n'hésite pas à acheter cette terre d'une façon ferme et définitive.
SALAMIEL (Nombres):
Salamiel est cité souvent dans les Nombres comme je l'ai indiqué plus haut mais particulièrement dans Nombres, X, 19. Il est le fils de Surisaddaï, prince de la Tribu de Siméon (Job, v.1), dans la liste des princes d'Israël présents après l'érection du Tabernacle et pendant les jours de dédicace de l'Autel. Il sortit d'Egypte à la tête de 59300 hommes (Nombres I, 6, on a vu ce qu'il faut penser de ces nombres) portant des armes, et fit son offrande au Tabernacle selon son rang comme chef de sa tribu. Salamiel offrit un plat d'argent qui pesait 130 sicles et un vase de même de 70 sicles selon le poids du sanctuaire, tous deux pleins de farine, mêlée à de l'huile pour procéder au sacrifice; mais aussi un petit vase d'or de 10 sicles plein de parfum à brûler, un bœuf de son troupeau, un bêlier et un agneau d'un an pour le sacrifice rituel de l'holocauste; et un bouc pour le péché; et pour les "hosties des pacifiques" deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux d'un an. Ce fut là l'offrande de Salamiel, fils de Surisaddaï (v. 37 à 41 du chap. VII des Nombres selon la Bible de 1768, celle de 1685 indiquant quant à elle le chap. VI). Il ne faut pas le confondre avec le suivant, Galamiel.
GALAMIEL - De l'ANCIEN vers le NOUVEAU TESTAMENT :
- La Torah cite un premier Galamiel, fils de Phadassur, prince de la tribu de Manassé, aussi nommé Gamaliel (Nombres I, 10) mais on connait par l'Ecriture du Nouveau Testament un autre personnage de ce nom qui sera un grand maître rabbinique du temps de Jésus. Docteur de la Loi, honoré par tout le peuple, il était présent lors du procès de Jésus devant le tribunal religieux juif nommé le Sanhédrin en tant que Grand-Prêtre; il en sera le président lorsque Simon-Pierre, le futur St Pierre y comparait. Les Actes des Apôtres rapportent de lui cette phrase : Si mon affaire n'est pas de Dieu, elle tombera d'elle-même d'ici deux ou trois ans; si elle est de Dieu, rien ne pourra la briser. Une phrase qui sera reprise quinze siècles plus tard par le protestant Luther pour son propre discours. Ce Gamaliel fut assez célèbre en son temps, celui de Jésus. Outre les Actes des Apôtres qui en font le maître du futur Paul (22, 3), et qui louent sa tolérance très originale dans ce milieu des dirigeants juifs de ce temps (5, 34), il est mentionné plusieurs fois dans la Michna où il est nommé Galamiel L'Ancien. Une tradition attestée par les "Recognitions Clémentines" (I, 65-67) voulait qu'il fut devenu chrétien. Le récit "Moi, Galamiel ....." s'inspire des évangiles canoniques, principalement du 4ème, mais il est plus circonstancié et pittoresque, c'est le récit des évènements qui se seraient passé après la mort de Jésus, dont Galamiel aurait été le témoin direct.
(=> "Revue de l'Histoire des Religions" Vol. 163 à 165. M. Vernes J. Révolle & L. Marilier; 1963, PUF).
- Ce personnage si différent détonait dans ce tribunal. Il intervint en faveur des Apôtres que l'on venait d'arrêter par la phrase citée plus haut signifiant qu'il ne faut pas se substituer à Dieu en matière de religion, ce qui conduira à séparer les choses religieuses des affaires de l'Etat, une idée très novatrice tant à cette époque que bien plus tard à la Renaissance pour les pouvoirs de chacune de ces deux époques (qu'ils fussent religieux comme civils), une idée quasi révolutionnaire même dans le milieu religieux de son temps! Une idée exprimée par Jésus surtout.
- Le nom de Galamiel selon les formes de la langue juive pourrait faire référence à plusieurs relations : on pense dans un 1er temps au nom Galama ou Gamala, nid d'aigle de la montagne dominant le lac de Kinnereth, ville dont Juda le Gaulonite était originaire et peut-être, selon certains, Jésus lui-même, par une lecture inhabituelle des Evangiles; mais il peut tout autant avoir été adapté, forgé d'après le nom du "peuple de mon Dieu", Amiel. Le radical 'gal' mis en préfixe signifie le plus souvent un tas (de pierres), ou une vague, une source. Ce radical a lui-même pour origine la racine primaire 'galal' qui est un verbe se traduisant par rouler, couler, se jeter, ce nom individuel pourrait alors signifier le "flot épais et compact du peuple de mon Dieu" ?
- De plus le grand-père de ce concepteur original des rapports entre religion et société, nommé Hillel, avait déjà en son temps, une approche considérée comme bien plus tolérante qu'une autre, rivale, celle de Shamaï. Après la destruction du second temple (en +70) la maison de Hillel, Beth Hillel, l'emporta. Etant la seule à avoir survécu à ce malheur, elle devint la porte-parole de tout le judaïsme. Sa doctrine devint l'un des principaux fondements de la loi juive telle qu'elle est consignée dans la Mishna, lequel écrit allait lui-même servir de base talmudique. L'influence de Galamiel fut déterminante pour l'imposition de cette école. L'estime dont il jouissait fut si grande qu'il fut le 1er à être appelé Rabban, titre supérieur à celui de Rabbi. Depuis la mort de R(abban) Galamiel l'ancien, la gloire de la Loi s'est éteinte, et avec elle, sont ruinés la pureté et la pharisianisme c'est-à-dire littéralement 'la séparation' dit la Mishna (Sota 9,16).
- Car cet homme juif était un pharisien, tolérant, adepte de la "séparation" de la religion d'avec l'Etat, maître spirituel, religieux de St Paul, Paul de Tarse; c'est lui-même qui le clame aux foules de Jérusalem; il a été éduqué "aux pieds de Galamiel" auprès de qui "il buvait ses paroles dans la soif" comme le dit la Mishna (Avot 1,4). Les pharisiens vus par la chrétienté n'ont pas bonne presse; pourtant ce sont des témoins de la foi juive dont la richesse spirituelle est sous-évaluée, dont l'expérience intérieure et l'enseignement ne sont pas conformes à l'image qu'en donnent les Evangiles. L'enseignement était encore oral, la loi elle-même était aussi orale : on devait mémoriser et n'oublier aucune parole, ne perdre aucune goutte de la transmission. Contrairement aux Evangélistes qui écrivirent chacun leur "vie de Jésus" d'une manière inspirée, Galamiel tenait à la loi orale et, encore une fois, il enseigna à ses disciples une religion plus tolérante et ouverte dans l'interprétation de la loi hébraïque (sort des veuves, règles du divorce, remariage protégeant les femmes par exemple !). On peut ainsi concevoir qu'il ait pu entretenir certains rapports avec les premiers disciples du Christ et l'on comprend pourquoi l'Eglise comme le tribunal juif tinrent à s'en tenir à distance en les dénigrant: les Actes des Apôtres citent l'épisode de la mise à mort que le Sanhédrin voulait automatique pour ces adeptes d'une religion sortant du cadre judaïque et juridique bien établi et le fait que ce moderne mit en garde de voir ce tribunal agir contre Dieu; et les apôtres furent relâchés ! (Actes, 5, 34-40). Cet enseignement de tolérance porta ses fruits en la personne de Paul, pour parler aux foules juives de l'enseignement de Jésus cette fois (Actes 22, 4-21). Et il ira jusqu'à exacerber, surpasser l'enseignement de son maître juif pour pouvoir propager l'enseignement de Jésus (Romains, 10, 1-4) hors du cadre juif. S'il était resté simplement son disciple nul doute que Saül aurait été un grand maître rabbinique mais le message christique lui imposait l'universalité.
- On sait que Siméon, fils de Galamiel et peut-être ex-condisciple de Paul, jouera quant à lui un rôle majeur dans le soulèvement des juifs contre Rome, "bon sang ne saurait mentir" pourrait-on dire ! Après l'an 70, Galamiel II, son petit-fils, restaurera quant à lui l'autorité du Sanhédrin; le propre petit-fils de ce dernier nommé Jehuda Hanasi, sera pour ce qui le concerne, le compilateur de la Mishna, pierre de fondement de la pensée juive jusqu'à nos jours!
Paul avait retenu de son maître juif qu'il fallait surtout prendre garde de ne pas être trouvé en train de combattre contre Dieu; le Saül d'avant la conversion, combattant les disciples non-juifs de Jésus se mit sagement à leur côté, cessant de lutter contre Dieu, devenant lui-même le disciple Paul, le 'petit'; le nouvel apôtre travailla à côté de Dieu (Corinthiens I, 3,9) pour répandre la Bonne Nouvelle de Jésus rédempteur auprès de tous les hommes sans distinction de religion antérieure.
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