-1- Le Messie depuis longtemps entrevu dans l'Ancien testament :
Le nom de Menachem Ben Amiel est bien révélateur de son rôle messianique : Menachem signifie 'le consolateur', Ben Amiel c'est le fils du peuple de Dieu, le messie est bien le libérateur du peuple juif.
Le judaïsme orthodoxe se basant indirectement sur les prophètes croit en la venue de ce Messie, même si son attente est longue car il est l'espoir des hommes en un monde meilleur. Bien que sa figure, sa forme, son apparence ou la forme de son action ne fasse pas, bien entendu l'unanimité; il peut être un enfant, un juge descendant de David ou un grand guerrier, dépendant du mérite d'Israël, un mendiant, il peut aussi être horrible et beau selon le Sefer Zeroubavel, qui reprend son nom déjà introduit dans la page précédente au moment de la 2ème destruction du Temple en +70, celui de Menahem Ben Amiel.
Mais ce nom fut entre temps cité par un grand rabbin du nom d'Eliezer plus connu sous le nom d'Hyrcan, au IIème S. comme je le dis dans la page Amiel juifs histoire ancienne. Et le midrash Pirké de ce rabbin insiste sur la notion de souffrance compensée par le triomphe final du Messie de ce nom en s'appuyant sur les révélations des Psaumes. On lit dans le Ps. 92;11 Tu exalteras ma corne comme celle d'un buffle. Comme les cornes du buffle dépassent celles de tous les autres animaux et qu'il peut ainsi blesser tout autour de lui, ainsi peut agir Menahem Ben Amiel : ses "cornes" sont plus hautes que celles de tous les rois et il blessera le temps venu vers toutes les directions; Moïse dit De son taureau premier-né, il a la majesté; ses cornes sont les cornes du buffle; avec elles il blessera tous les peuples, jusqu'aux extrémités de la terre. (Deut. 33, 17). Car tous les rois de la terre se soulèveront contre lui pour le tuer, en effet il est écrit Les rois de la terre se soulèvent et les princes se liguent contre l'Eternel et contre son Messie. (Ps 2,2) (Pirké Rabbi Eliezer, 22a, ii). Le Messie peut être trouvé dans nombre de Psaumes mais les rabbins interprèteront comme le concernant les mêmes psaumes dont les exégètes chrétiens liront classiquement les souffrances de leur Messie, à savoir surtout les Psaumes 22 & 89. Tous croient que ces psaumes prédisent sa venue : les juifs le voient venir quand les chrétiens ont la preuve qu'il est venu (§ d'après "Les psaumes du judaïsme rabbinique" D. C. Mitchell, Revue Théologique de Louvain, 36, 2005, pp. 166-181).
Le Sefer Zeroubavel, ouvrage pseudo-épigraphique du VIIème S. revient donc sur ce Messie Ben Amiel, en fait l'apologie, le qualifiant aussi de directeur de l'Académie Céleste des Justes, de roi philosophe ...
Ajoutons enfin que beaucoup de courants juifs diffèrent sur l'interprétation du Messie, certains même reconnaissent Jésus parmi eux, d'autres ne l'admettant qu'au rang des prophètes (comme les musulmans); et certains quitteront même pour cette raison la religion de leurs pères pour embrasser l'une des deux autres religions du Livre !
-2- Le MEPRISE mais aussi BEAU MESSIE MENACHEM BEN AMIEL :
C'est on l'a vu par cet antagonisme lexical qu'est qualifié le messie Ben Amiel, horrible pouvant être comparé à méprisé (ce qu'a été Jésus pour les chrétiens d'ailleurs). Voici ce que dit le texte du Sefer Zoroubavel :
"...Je me suis retourné et quelqu'un m'a touché. J'ai vu un homme méprisable et paralysé...et il m'a dit : Sois sans crainte, vous avez été amenés ici pour que je puisse vous voir...C'est Rome, (1) où je suis tenu en prison jusqu'à ce que ma fin vienne. Quand j'ai entendu cela, j'ai caché mon visage; Pourquoi avez-vous peur ? J'ai entendu des rumeurs. Vous êtes le Messie. Il m'apparut alors comme d'une incomparable beauté et d'une belle jeunesse. Un ange m'expliqua : Menahem le fils d'Amiel viendra soudainement au cours du mois de Nisan et se verra à la vallée d'Arbel. (2). Tous les sages d'Israël viendront à lui et le fils d'Amiel va leur dire: Je suis le Messie que Dieu a envoyé comme bonne nouvelle pour vous sauver de vos ennemis. (3) Et les sages le mépriseront tout comme vous l'avez méprisé. Il sera furieux et revêtu de vengeance il viendra aux portes de Jérusalem avec le prophète Elie, il ressuscitera Néhémie Ben Hushiel mort en combattant (4), et enfin ils croiront en Menahem Ben Amiel".
(1) Rome est l'un des endroits du périple salvateur, c'est toujours au VIIème S. un des lieux essentiels de l'humanité qui ne peut être passé sous silence; auparavant Ben Amiel aurait passé quelques temps à Korah, la Samarie des Evangiles de Jésus (tiens, tiens!) un nom qui peut tout aussi bien rappeler le nom de Koré vu page précédente; il aurait commencé son œuvre au Ier S. (tiens comme Jésus et lui aussi !) son action s'étendrait sur 19 siècles (nous sommes pas loin de la fin annoncée, encore récemment voyez l'actualité de fin 2012). Enfin le reste de la phrase rappelle étrangement le sort de St Pierre dont Jésus transmit la charge d'administrer son Eglise ! (2) voir développement au sujet de ce lieu. (3) c'est exactement les paroles de Jésus pour les chrétiens. (4) c'est le nom d'un autre Messie qui intervient dans la même apocalypse de Zeroubavel.-3- HEFZIBAH, mère de BEN AMIEL :
Ce Livre apocalyptique présente une énigme dans la littérature juive concernant les relations entre judaïsme et chrétienté. En effet c'est sans doute le seul traité messianique hébreu dans lequel le rôle central dans le processus messianique est confié à une femme, présentée non seulement comme la mère du Messie mais agissant comme véritable envoyée divine. La vaste littérature consacrée à ce sujet ne fait pas beaucoup de place à la gent féminine tout comme la société en général d'ailleurs. Et pourtant donc ici cette place est non seulement significative mais aussi principale. Hefzibah y est décrite comme la custode de l'instrument miraculeux, la directrice sacrée de la rédemption des hommes, ayant en main l'insigne bâton patriarcal (en bois d'amandier !) succédant après tant de générations depuis Adam, à ce rôle de conduite de l'humanité jusqu'à son fils qui enfin la délivrera à jamais du Mal. Avec le Messie fils de Joseph et son propre fils le Messie fils de David elle est placée au centre de la Triade qui règlera les derniers temps. On la voit avec eux combattre Amilos et lorsque le Messie fils de Joseph est tué, elle résiste avec les 'revenants' du peuple juif, empêchera Amilos de conquérir Jérusalem, jusqu'à ce que son fils, le Messie fils de David, Menahem Ben Amiel prenne le commandement et parvienne à vaincre Amilos (encore un nom qui rappelle étrangement le nôtre et signifierait l'ensemble des ennemis du peuple de Dieu ! ?).
Ce rôle apocalyptique féminin exceptionnel est décrit comme la conclusion d'un processus universel. Le texte commence la narration des évènements à venir par présenter Hefzibah comme originaire de Rakat, la cité de la tribu de Nephtali. Sa relation au roi David par son fils Ben Amiel la relie à toutes les grandes figures de l'histoire biblique, depuis Adam, à Noé, Shem, puis à Abraham, Isaac, Jacob, Joseph et Moïse, Aaron et Josué et enfin David. On la voit vaincre et tuer deux grands rois, Nof roi du Yemen et Sargon roi d'Antioche. Le texte comporte tant d'éléments originaux qu'il est une nouveauté en bien des points. Sa date de rédaction n'est pas unique sans doute ce qui est certain cependant c'est que c'est la première fois que l'on voit dans ce genre d'écrits, que l'on place après la douzaine de traditions juives talmudiques, un directoire, sorte de triumvirat, pour réaliser la Rédemption. Un tel rôle, avec une telle organisation n'est pas connu auparavant ni même cité. Pour ce qui concerne le Messie, fils de Joseph, Ben Shusiel, son nom semble avoir été une pure invention de son auteur; quant au nom de Ben Amiel, on ne voit pas trop à quel Amiel père il faut le rattacher. Pour ce qui est des noms des rois ils sont complètement différents de ceux mentionnés dans des apocalypses antérieures et semblent avoir été forgés d'après des éléments bibliques. La ville de Rakat est elle aussi inconnue. Tout cela pour dire que non seulement l'auteur innove mais aussi qu'il tient à nous présenter une version véritablement nouvelle des traditions messianiques hébraïques pour une fois très dramatique et assez détaillée (ceci ajoutant à cela).
Et, encore une fois le plus important dans ces innovations c'est Hefzibah et son rôle central. Bien que son nom soit biblique on ne connait aucune relation entre ce nom et celui d'Amiel ou celui de Menahem. Première femme notable à représenter directement Dieu dans la sphère judaïque par sa figure dominante dans le drame apocalyptique, elle en est même la directrice. Evidemment on ne peut écarter une influence chrétienne dans l'invention d'un tel personnage tout comme celui de la triade menant les opérations; mais il y a aussi des différences notables entre Hefzibah et Marie, la mère du Christ: que l'on sache pas de virginité chez elle, on ne sait que peu de chose de la naissance de Ben Amiel (cf l'histoire racontée dans l'article de la page précédente et l'affirmation angélique de Michael ci-après notée) et son rôle messianique parait lui avoir été attribué par Dieu antérieurement et indépendamment de son fils Ben Amiel, ce qui n'est pas le cas de Marie, enfin elle dirige le "directoire" de la Rédemption combat et écrase les ennemis de Dieu, ce que ne fait pas non plus la douce Marie.
(=> d'après "In toward the Millenium. Messianic expectations from the Bible to Waco" Peter Schafer & Mark. R. Cohen Brill 1998).
-4- RESUME DE L'APOCALYPSE DE ZERUBAVEL :
L'archange Michael apparait à Zerubavel et lui dit ce qu'il a fait au nom de Dieu sur la Terre depuis la bonne nouvelle annoncée à Sarah enceinte d'Isaac, le combat et la victoire sur Sennachérib et lui annonce les combats à venir notamment contre Amilos, fils de Satan et contre les dirigeants des nations qui le suivent. Michael est on le sait le Commandant des Armées de Dieu. Il est aussi celui qui a guidé Abraham au pays de Canaan, qui a racheté Isaac, qui a lutté avec Jacob. Il a guidé le peuple de Dieu dans le Désert pendant 40 ans. Il est celui qui est apparu à Josué à Guigal; l'un de ceux qui fit pleuvoir le feu et le soufre sur Sodome et Gomorrhe.
Il annonce à Zeroubavel ce qui se passera à la fin des temps, il est un ange 'metatron' car "Dieu a mis son nom en lui". Il lui dit ensuite : "C'est le Messie du Seigneur, (il a) été caché dans cet endroit jusqu'à ce que l'heure arrive (pour sa manifestation). C'est le Messie de la lignée de David, et son nom est Menahem Ben'Amiel. Il est né sous le règne de David, roi d'Israël, et un vent l'a porté et déposé en cet endroit, en attendant que la fin des temps arrive".Zeroubavel posa une question au métatron, le légat civil ou le viguier religieux de Dieu comme l'on veut, à laquelle Michael répondit ceci : Le Seigneur donne un bâton pour l'accomplissement des actes salvateurs de Hephzibah, la mère de Menahem Ben'Amiel. Une grande étoile brille devant elle et toutes les étoiles vont sans bruit sur son passage."
J'ai indiqué par ailleurs ce qu'il faut penser de ce bâton, son histoire biblique comme aussi ce que va en faire cette femme-courage rare dans les textes juifs; se reporter à ces passages, ainsi qu'au déroulement des évènements qui toucheront le peuple de Dieu : sa détresse, notamment la venue de Menahem Ben'Amiel, son apparence, ses paroles, sa colère de ne pas être compris (Isaïe 59,v.17), reçu comme Messie, mais enfin aussi l'exécution de la prophétie d'Isaïe (Isaïe, 11,v.13). Une vague de mer ramènera ceux qui avaient fui en se jetant dans les flots lors des luttes contre Amilos et ils seront déposés dans l'heureuse vallée de Josaphat près de l'Oued Sittim, véritable oasis terrestre. Plusieurs tremblements de terre sont annoncés; enfin le seigneur Dieu descendra sur le Mont des Oliviers (tiens cela nous rappelle quelqu'un !) et, sur un coup de trompette, on verra la destruction des autels aux faux dieux (encore quelque chose qui rappelle un autre personnage, Jésus). Le Messie tuera le satanique Amilos, le peuple saint sortira de sa torpeur et verra la délivrance de son Seigneur. Equipé comme un guerrier il les écrasera, on le sait, dans la vallée d'Arbel. Une dernière bataille finira d'écraser les malfaisants de Satan. Alors le peuple pourra fêter la victoire définitive de Dieu sur Satan: Menahem Ben'Amiel accompagné de Néhémie et de tout Israël, tous se rendront à Jérusalem; une offrande sera faite au Seigneur qui l'acceptera en leur nom (cf. Mal. 3,4), une colonne de feu et un nuage de fumée s'élèveront vers le ciel. Dieu "posera sa vénération" sur le Mont des Oliviers qui se fissurera et on verra sortir tous les exilés. Michaël montrera sur sa demande à Zeroubavel l'extension future de Jérusalem en tant que nation, de la Méditerranée à l'Euphrate, du Liban au Sinaï, puis continuera ses annonces comportant des précisions: Menahem Ben'Amiel verra "renaitre en lui" le "rameau de Jessé", c'est donc bien un descendant de David; dix rois surgiront des nations au moment de ces derniers bouleversements dont l'horrible Amilos, fils de Satan, souverain de tous les autres contre qui se battra l'armée de Dieu. Il imposera des idoles, et leur culte sur quatre autels, notamment la statue de Bélial, sa mère, statue dont il est né, sorti; son apparence vaut d'être décrite : il a des cheveux dorés, il est vert jusqu'à la plante des pieds, il a deux têtes, ses yeux sont profonds (il rappelle quelque part ces monstres sortis des eaux des mythes que l'on a vu). Menahem le tuera on le sait avec le seul souffle de sa bouche, faut-il y voir une analogie avec le Verbe divin ?! (cf. Isaïe 11,4) et Israël reprendra enfin possession de son royaume. Voilà ce que vit Zeroubavel fils de Sheatiel futur gouverneur de Juda, alors que Israël vivait en exil à Babylone; ce texte fut mis par écrit après l'exil par Zacharie Ben'Anan et Elijah. (=> Beaucoup de livres anglo-saxons sur ce sujet commentent cette apocalypse, très connue donc chez eux. Voici les références d'un livre récent : "The star of Bethlehem" traduit en anglais par son auteur allemand Dieter Koch publié à Zurich en 2014).
Le Messie BEN AMIEL sera bien connu ensuite :
Ce nom insigne sera en effet cité dans le Zohar qui est l'œuvre maîtresse de la Kabbale juive; cette dernière constituant l'exégèse ésotérique de la Torah ou Pentateuque. On peut lire par exemple qui était Hephzibah : "Celle qui apportera du bien à Sion, la femme de Nathan fils de David, qui est la mère du Messie, Menachem Ben Amiel" (Zohar, III, 173b). Cet Amiel serait donc l'un des petits-fils d'Amiel père de Bethsabée étant donné que ce Nathan est le 3ème fils qu'eut David avec elle, frère cadet de Salomon. Et ce nom Hephzibah de la mère du Sauveur juif est indiqué dans la Aggadah, laquelle se base semble t-il sur le nom éponyme trouvé chez Isaïe (62'4) et dans Rois 2 (2,11). Précisons que Marie, mère de Jésus est la descendante de ce Nathan, c'est par elle que Jésus est de la descendance de David et non par son père Joseph, c'est ce qui est trouvé habituellement en raison de la transmission de la judéité peut-être; pourtant l'évangéliste Luc fait descendre Jésus de Nathan toujours mais par son père Joseph....? Quoi qu'il en soit il est de la lignée de David.
Le nom du Messie sera également trouvé dans une autre source celle du Megillat (rouleau) d'Ahima'as. Ce texte fut écrit en quelques mois seulement en 1054; il raconte l'histoire de sa famille par son auteur Ahimma'as depuis la destruction du Second temple, en 70 et l'exil de juifs (dont sa famille) en Italie au Ier S. A la fin de ce texte figurent des spéculations sur l'inévitable attente du Messie et c'est bien Menahem Ben Amiel qui est attendu encore au XIème S. et encore de nos jours.....?