" Nous sommes son peuple et le troupeau de son pâturage"
Psaume 100,3
De l'Egypte en Palestine, du dieu Aton à l'Eternel, d'Akhenaton à Aï : Moîse et l'Exode, le Prince Amiel et l'arrivée des Hébreux en Canaan
- Questions générales :
La datation des récits bibliques a toujours préoccupé non seulement les religieux mais aussi les historiens. Encore au XIXème S. on s'attachait à établir une chronologie biblique depuis non seulement le Déluge mais même la Création du Monde. De nos jours nous savons que cela relève plutôt du mythe. De Babylone et de la région de Sumer dont la Bible elle-même dit que les premiers hébreux sont originaires, il a été patiemment composé une origine aux peuples de la région du Proche-Orient et en ce qui concerne les hébreux différents récits mythiques ont été réunis par des lettrés durant la captivité à Babylone (au début du VIème S. jusqu'en -538) ce qui forma les premiers textes de la Torah. On retrouve la trame générale des débuts terrestres de l'homme chez tant de peuples qu'il serait bien malvenu de ne pas prendre ces mythes avec considération, ils sont aussi notre histoire, c'est ce que nous avons fait dans la Ière partie de notre travail. Mais comment faire la part de la vérité cachée dans tout ce qui est raconté dans le Pentateuque ?
Beaucoup d'historiens pensent actuellement que l'histoire biblique commence véritablement avec Moïse. La période des temps d'Abraham et de la pérégrination depuis la Mésopotamie jusque avant la présence en Egypte étant encore sujette à beaucoup de caution de la part des spécialistes de ces temps si anciens. De toutes façons notre premier Amiel n'apparaît que dans l'Exode (voir Amiel, Prince de Dan). Nous pouvons sans doute cerner la période où il a vécu en cernant celle de ce retour des hébreux sur la terre qui leur est donnée ainsi que les tenants et aboutissants de la nouveauté monothéiste, peut-être directement liée à l'Egypte et à l'Exode.
--Voyons d'abord les textes bibliques eux-mêmes.
L'Exode ne semble donc avoir été mis par écrit que vers le VIème S. avant JC. Si les évènements qui y sont relatés ont une importance essentielle pour ceux qui les ont durement vécu, les Hébreux, il n'en est pas de même pour les autres. Aucun hiéroglyphe égyptien, aucun texte n'en parle. De plus comme pour forcer cette importance le texte nous dit qu'il a concerné six cent mille personnes qui auraient donc pris le chemin fuyant l'Egypte traversant le Désert du Sinaï pour aborder sur la terre de lait et de miel. Plus prosaïquement cette aventure n'a pu concerner qu'autour d'un millier d'individus. Bien entendu l'épopée en prend un coup mais la réalité s'en trouve renforcée. Car il y a bien une réalité probable à ce sujet (même si on frôle ici le mythe, cf ce que j'ai déjà dit ci-dessus) et donc une vérité.
- -Que nous dit l'archéologie égyptienne sur la période de cet Exode?
Vu le peu de ressources à ce sujet, peu de renseignements, seule une fourchette très large peut être donnée de la vie de Moïse et de l'installation des Hébreux en Palestine, le XIIIème S. avant notre ère. L' Exode cite le nom du pharaon Ramsès, mais il y eut plusieurs pharaons de ce nom. Dans la période dite ramésséide , il peut s'agir de Ramsès II (pharaon de -1279 à -1213 ?, mais les spécialistes des datations des règnes ne sont pas du tout d'accord); Ramsès III parait lui avoir régné trop tard (même en considérant les différentes dates de règne estimées qui se situent toutes dans une fourchette assez étroite) pour correspondre avec les autres données certaines que nous verrons. La période de Ramsès II correspond de plus avec la fin du contrôle qu'exerçaient les égyptiens sur la Palestine, ce qui semble une condition incontournable pour ce retour. Enfin, il y a un dernier moment tout à fait favorable, mais bien trop tardif comme on va le voir, celui correspondant à une période intérieure égyptienne de grande faiblesse politique liée aux perturbations de peuples et rois asiatiques vers - 1190, qui aurait pu favoriser la fuite sans trop de risques. Mais s'agit-il bien d'une fuite ?
--Des recherches et nouvelles hypothèses sur ce qui l'a précédé?
- Pourtant le plus souvent on ne lit dans l'Exode que le mot "pharaon" sans article ni précision supplémentaire du nom individuel; quelques auteurs actuels on rapproché le nom du pharaon Aï II de celui d'Adonaï, décomposant ce dernier en Adon (proche d'Aton) et Aï. Pourquoi ? On sait que le nom Adonaï correspond à la désignation de Dieu dans les textes sacrés encore de nos jours et se traduit en français par Seigneur, noms tout aussi courants dans la traduction du Nouveau Testament; pour ce qui est d'Aï il s'agit du pharaon qui a succédé au fils d'Akhenaton, un certain Toutankhamon. Aï était surnommé "Père divin" car il était l'oncle d'Akhenaton (cf. la signification d'Amiel !), peut-être faut-il y voir par une sorte d'assimilation analogique l'Adonaï biblique, le Seigneur des juifs comme des chrétiens, le "Dieu Père" ou plutôt "Dieu le Père", l'ancêtre tribal, le dieu de son peuple (re-cf. Amiel). Il se trouve d'ailleurs que, confortant cette hypothèse stupéfiante, la découverte fameuse du tombeau de Toutankhamon confirme cela : lors de la découverte par H. Carter en 1923, mis à part le fabuleux trésor inestimable de son mobilier funéraire intact, l'on s'aperçut d'une similitude troublante de certaines inscriptions hiéroglyphiques avec l'écriture hébraïque (ancienne) ! Certaines ressemblant à s'y méprendre, forme, prononciation probable, valeur symbolique même...à l'alphabet hébreu. De plus sur un mur dudit tombeau figurait le double cartouche (nom) d'Aï, dont le nom hiéroglyphique ressembla à ce lui de ....Dieu, lu dans l'Ancien Testament en araméen et prononcé Adonaï.
Aton-Aï a été le régent d'Egypte à la mort d'Akhenaton car Toutankhamon était bien trop jeune pour régner et lorsqu'il régna ce fut pour une période assez courte d'une dizaine d'années, ce qui permit à Aï de régner véritablement après lui; on lui affecte le nom d'Aï II pour distinguer cette période de sa régence antérieure. Aton-Aï a commencé alors une synthèse religieuse entre le vieil Amon et l'éphémère Aton de son neveu; on a découvert dans la tombe d'Aï les "Hymnes à Aton" qui prouvent son attachement à Akhénaton; il s'agit bien d'une religion monothéiste à laquelle il adhéra lorsqu'il était l'un des plus hauts dignitaires de la cour. Mais il a aussi contrôlé toutes les pratiques religieuses sous l'éphémère règne de Toutankhamon dont il fut le maître spirituel et le tuteur. Et ce n'est que sous le règne du suivant, Horemheb, que le retour définitif à Amon sera effectif; pour autant la religion d'Aton ne disparaitra pas totalement. Il se pourrait selon cette hypothèse qu'Aton-Aï ait été le 'cerveau' de l'Exode des hébreux tout comme il aurait "nettoyé" auparavant le monothéisme délirant d'Akhenaton des monstrueuses pratiques sexuelles d'inceste, de nudité ... pour le transmettre purifié au peuple sémite qu'il engagera à l'exil ? Il est possible que le seul moyen d'éradiquer le culte d'Aton fut finalement l'expulsion de ceux qui suivaient ce culte, les hébreux (soumis ?) et relégués à Akhetaton; Ay leur donna de quoi partir et ils durent cheminer vers le pays alors égyptien de Canaan. On sait que Ay était très respecté et vénéré comme une incarnation divine, il est surnommé le "Divin Père Aÿ" dans la version araméenne de l'Ancien Testament; Dieu est effectivement appelé Ay, le 'seigneur Ay', Adonaï, est bien son nom courant chez les juifs.
- Moïse parait être né peu avant la mort d'Akhenaton (en -1337 ou une décade avant) ou sous le court règne de son jeune fils et futur successeur, Toutankhamon (mort en -1327 selon certains). Le père de Moïse se nommait Amram ce qui signifie "l'oncle est élevé, grand" ce qui désigne à mots couverts Dieu lui-même (ne pas confondre avec Abram); ce sont des qualificatifs utilisés avant l'utilisation des noms de Dieu, Amram est en quelque sorte un ancêtre étymologique d'Am(i)el. Précisons aussi que le nom de naissance du célèbre Toutankhamon fut Toutankhaton ce qui confirme le revirement opéré par Aï. On sait que Moïse fut élevé par la fille d'Akhenaton, laquelle devint l'épouse du fils du pharaon, son frère, selon la Bible et l'histoire; cette reine, Ankhesenpaaton, fille et épouse de roi, épousa ensuite le suivant, Ay II, son oncle. Certains pensent qu'elle put être même encore l'épouse du suivant, Horemheb, à la fin du XIVème S. avant notre ère ! Toujours est-il que dans l'espace d'un siècle qui sépare l'initiateur originel du culte exclusif et Moïse, tandis que le culte unique d'Aton fut aussi vite détruit qu'il fut magnifié, le monothéisme qu'il créera a pu voyager de son probable berceau originel égyptien jusqu'en Palestine, dans la foi progressivement définie et installée du peuple hébreu.
- La représentation religieuse d'Akhenaton aura des rappels sous Ramsès I, Séthi I et surtout Ramsès II, il sera conservé disséminé dans les noms bibliques de Dieu. Il se pourrait bien dans la suite de cette réflexion que Moïse ait effectué pour le nom divin une synthèse des noms de Yhw, d'Aton, d'Amon, d'El et d'Aï qui aurait culminé en celui de Yhwh mais nommé communément Adonaï. Les rédacteurs de l'Exode en auraient fidèlement restitué les péripéties historiques et spirituelles dans le Pentateuque mais en dissimulant le nom véritable du révélateur du monothéisme, celui d'Akhenaton. Une transmission orale de sept siècles ayant donc précédé cette mise par écrit définitive mais il a pu y avoir des relations éparses entre-temps. (cf. "La libération de l'homme" T. I Vol I J.Y. Jezequel, Publibook, 2012; "Moïse et le retour des dieux: Aux origines du conflit entre polythéisme et monothéisme" G. Huber, L'Harmattan, 2011). Maintenant on peut se poser à la suite la question de savoir pourquoi Aton-Aï aurait agi ainsi : Sans doute pour se débarrasser d'encombrants monothéistes (les hébreux ayant été entièrement au service d'Akhenaton dans sa ville d'Akhetaton) dans l'océan de la tradition polythéiste traditionnelle égyptienne; leur départ habilement suggéré pour la Palestine les plaçant de plus comme tampon ou rempart face aux dangereux Hittites d'Asie Mineure, les ennemis du nord pour l'Egypte.
- De quoi finalement est-on certain ?
Les archéologues ont quand même quelques jalons comme les "Lettres d'Amarna", celles d'un roi vassal de l'Egypte à la lecture desquelles il ressort que les Hébreux ne sont pas encore en Palestine vers -1350. L'on ne parle d'eux dans cette région que sur la stèle de Mérenptah datée de -1207; ils n'y sont de plus mentionnés qu'en fin de la liste des peuples, prenant place sur l'avant-dernière ligne de cette stèle, en 27ème position seulement; il y est dit "Isiraal est détruit, sa semence même n'est plus". Par semence on peut soit comprendre que toutes leurs ressources agricoles leur ont été enlevées, soit que les hommes pouvant procréer ont été soit tués soit emmenés. Il semble donc qu'à cette fin du XIIIème S. avant. J.C. bien qu'ils n'aient eu encore qu'une importance mineure (pour les Egyptiens au moins) en Palestine... ils y étaient ! Il semble d'après des collectes systématiques de tessons de poterie en surface d'un type spécifique qu'ils se "multiplièrent" comme l'on dit dans la Bible d'une façon remarquable durant les XII et XIèmes S. avant notre ère, l'embryon initial devenant par là le grand peuple des Israélites, de cet Israël biblique qu'unifiera peu avant l'an Mil av. J.C. le fameux roi David. Epoque dont on reparlera.
- Et ce Dieu unique qui semble une nouveauté dans la région?
¤ Une originalité hébraïque de Moïse ? :
On sait bien que cette croyance en un dieu unique est assez rare dans le monde d'alors même si l'on pense au mazdéisme perse que les juifs ne découvriront semble t-il que lors de leur exil à Babylone. D'ailleurs le monothéisme aura beaucoup de mal à s'imposer même chez les Hébreux, les nombreuses péripéties entre Dieu, les idoles (dont le Veau d'Or par exemple) d'un côté et le peuple élu de l'autre, décrites dans l'Ancien Testament en sont une preuve éclatante. Il est vraisemblable qu'une très longue période d'hénothéisme (bipolarisation polythéisme/monothéisme) fut nécessaire pour imposer le dieu unique; d'ailleurs l'Ancien Testament parle des autres dieux, disant d'eux non qu'ils n'existent pas, mais qu'ils sont inefficaces et qu'il est recommandé de ne s'attacher qu'au principal qui deviendra propre à ce peuple, un dieu national. Bien que l'on reconnaisse longtemps l'existence des autres divinités, progressivement on ne les tolèrera plus et on leur deviendra hostile; du coup ce dieu national El, Yahvé, sera vu comme supérieur et unique, une étape décisive qui se fit avec Moïse. Et dans ce que l'on considère souvent comme son œuvre, il se trouve ici et là dans les premiers Livres de la Torah certains termes ambigus faisant des références discrètes et isolées aux cultes polythéistes, dont la pratique sera bien difficile à éliminer. Mais alors que cette unicité du créateur, nécessairement omnipotent, va lentement s'imposer à eux via nombre de grands hommes intermédiaires et médiateurs entre "la divinité et son peuple" (faut-il que je rappelle que là est la signification hébraïque de notre nom Amiel ?), on ne peut donc cependant ignorer la seule exception dans la croyance polythéiste dans ces temps anciens en Egypte, celle d'Akhénaton, "le serviteur d'Aton", autre nom du pharaon Aménophis IV (~-1372 à -1337) !
¤ Une originalité égyptienne d'Akhenaton ? :
Ce pharaon qui détone par rapport à ses prédécesseurs comme à ses successeurs avait un tempérament mystique. Il mit en place vers le milieu du XIVème S. av. notre ère une révolution en matière religieuse: Avec l'appui de la reine Néfertiti son épouse, il instaura le culte du dieu unique dont le nom fut Aton, dont il fut le Grand-Prêtre et au nom duquel il changea son nom, transporta sa capitale de Thèbes (la ville d'Amon) à Akhétaton (Amarna), un changement de ville pour un changement très subtil de nom de ce dieu, qui de principal devint unique. Mais ce culte original, révolutionnaire, ne survécut pas à son initiateur. Se pourrait-il toutefois que cette notion de l'unicité divine n'ait pas été perdue pour autant ? C'est ce que peuvent penser certains tandis que d'autres estiment que ce sont les Hébreux qui auraient apporté ce Dieu unique dans leurs "bagages" en venant en Egypte, et touché l'âme mystique de ce pharaon dont le comportement religieux tranche tant de celui de tous les autres. Il se peut en tous cas et plus prosaïquement qu'il s'appuya sur cette idée pour lutter contre le pouvoir envahissant des prêtres d'Amon.
Le récit de l'Exode nous apprend à propos toujours de ce dieu unique que son nom (toute créature, divine à plus forte raison, a un nom, je le rappelle assez!), nom divin est révélé à Moïse dans le désert d'Egypte, "à la montagne de Dieu, l'Horeb" (Exode, 3,1); un autre moment aussi essentiel fut celui de l'invention (dans le sens de découverte, dévoilement) des fameuses Tables de la Loi jointe à la promesse de l'Alliance Divine, cette fois au cours de l'Exode (Exode 19 et 20), au Mont Sinaï,dans le désert du même nom; il faut dire ici que souvent on confond les deux monts et donc ces évènements. Dans ces rencontres de Moïse avec Dieu, il se pourrait en tous cas que l'idée du dieu unique ait été récupérée par Moïse pour les hébreux sur l'idée originale du pharaon.
- Dieu révèle son nom à Moïse mais qu'en fut-il retenu ? : Permanence des vieux mythes :
Moïse questionne Dieu sur son nom dans l'Exode (3, 13) il emploie le terme d'Elohei soit un pluriel et la réponse (3, 14) reprend ce pluriel pour l'introduire, "les dieux" lui répond(ent) "Ahyah Ashr Ahyah" qui est traduit par "Je suis celui que je suis" ou "...qui suis" ou encore "...ce que je suis" dans laquelle il est fait abstraction du nom Ashr ! On voit que le nom Yhwh ou Ahyh par lequel on passe de Yahvé à "Je suis" sont très proches, les changements de lettres hébraIques sont mineurs. Il en a été de même pour Ashéra, l'Asher sémitique : on a trouvé à Ougarit son nom accolé à celui de Yahvé; au dieu-père est donc accolé la déesse-mère, les deux associés étant les principes mêmes de l'humanité. Il peut donc être tout à fait envisagé que "les dieux" regroupés dans ce principe de la vie ordonnèrent en réalité à Moïse de dire à son peuple que "les noms des dieux" étaient Yhwh ET Ashr, père de tous ET mère de tous les humains. Ce qui induirait une société moins patriarcale qu'on ne le pense pour cette époque-là. Jérémie dut peut-être insister pour que le patriarcat s'impose plus tard en nommant seulement le dieu-père dans la bouche de Moïse. On sait en effet que Moïse reçut "deux tables de pierre" sur la montagne (les Commandements), des pierres qui font penser à la mythologie de plusieurs autres habituellement vénérées dans la région, dont la "pierre noire sacrée" (plus connue ensuite par la "pierre noire d'Emèse" notamment adorée par l'empereur romain Eliogabale, curieux nom paraissant venir d'El, dieu (ou repris éventuellement du dieu grec Helios, soleil ?) et Gabal, montagne, (or El fut aux origines dieu de la montagne !) ou la pierre noire enchâssée par Mahomet dans la Kaaba à La Mecque toujours vénérée des musulmans; cette table "pierre double" sacraliserait ainsi le couple divin Yahvé ET Astarté; il se trouve que Moïse détruira ces originaux, voudrait-on signifier par là la fin du couple divin ? Dans l'Apocalypse biblique (Epilogue, 22, 16) Jésus dira "Je suis le rejeton ET la postérité de David, l'étoile brillante du matin". Non seulement il ne dit pas "de la postérité" mais il ajoute aussi une curieuse allusion astronomique : L'étoile brillante du matin; c'est celle de Vénus, déesse mythologique grecque de l'Amour, de la Beauté et de la Sexualité (de la Procréation); cette "aster" grecque (étoile) c'est Ashérah l'hébraïque, Astarté-Vénus, l'épouse divine de Yahvé, la déesse-mère bien oubliée par la plupart mais dont nous avons souvent croisé le nom. Pourtant sans elle il n'y aurait pas de vie, c'est un peu comme dans la théorie de la relativité d'Einstein chaque force est nécessaire pour créer cette vie : la matière vivante est créée par l'interaction de l'énergie (El) avec la lumière (Asherah). Comme si cela ne suffisait pas, le texte apocalyptique termine en parlant de "L'Esprit et la Fiancée" (Epilogue, 22, 17) invitant ceux qui sont assoiffés à venir se désaltérer gratuitement (des paroles bibliques), ce qui, après deux derniers avertissements, clôture non seulement le texte apocalyptique mais aussi.... la Bible chrétienne!
(=> "Je suis qui je suis" Etudes Nazaréennes et Esséniennes P. Gott; site internet thenazarenenway.com).
-Comment expliquer cette singularité monothéiste ? :
On peut remarquer qu'il y a de singulières correspondances avec l'Egypte pharaonique :
* entre les Hébreux et les Hyksôs, ces bergers "rois du désert" menés par un certain Yacub (Jacob ?); Jacob est dans l'Ancien testament le petit-fils d'Abraham, celui qui a amené le peuple hébreu en Egypte.
* entre le monothéisme égyptien tardif à la gloire d'Aton et le monothéisme hébreu des origines à la gloire d'Adon (cf. ci-dessus)
* entre la fuite du peuple hébreu hors d'Egypte et la disparition à la même époque probable de la population de la capitale du seul pharaon monothéiste Akhenaton; à sa mort Akhet-Aton fut désertée et détruite par ses successeurs, dont Toutankhamon; remarquons aussi que le nom de Akhet-Aton signifie "le jardin (jusqu'à l'horizon) d'Aton", le fameux Jardin d'Eden biblique en conserverait-il la trace?
D'où pourrait provenir ce nom d'Aton ? Aton, l'Adon hébreu comme on l'a vu pourrait dériver du vieux dieu Atoum adoré à Memphis, en Basse Egypte, patrie de la mère d'Akhenaton. Ou bien par une parenté d'origine étroite avec Amon qu'il a tenté de remplacer, s'agit-il de l'un des noms courants désignant le soleil, Râ (comme Amon) ? C'est en tous cas un mot dérivé d'une racine verbale "être loin" qui se prononçait à peu près [yati'n] puis [yati]; mais il y a un superlatif dans la représentation des deux soleils : des seuls rayons de Râ on passe avec Aton à un disque solaire complet, il devient total et un, universel; de même le pouvoir royal du pharaon suivra ce dieu omnipotent et unique. Déjà sous Aménophis III (le père d'Akhenaton) Aton tend à supplanter Amon mais c'est bien avec le fils que l'on passera de l'hénothéisme au monothéisme historique. Aménophis IV ou Amenhotep (des noms se référant à Amon) devenant pharaon, il change son nom en Akhenaton et transfère la capitale à "l'horizon du disque solaire"; il crée Akhetaton (devenue Amarna) à une date si précise selon les vieux textes que l'on a pu calculer astronomiquement quand cela s'est passé : Le dessin d'un hiéroglyphe représentant Akhet, l'horizon, dans une échancrure précise du lieu où parut le soleil-dieu, c'était le 21 Février -1351, à 5h30 du matin ! Les références à Amon seront effacées ou détruites, on gomme le pluriel à "dieux", le culte présidé par Akhenaton sera celui de la lumière vivifiante tous les jours dès l'aube recommencée. Mais cette révolution religieuse ne durera que le temps de ce pharaon; heureusement elle demeurera avec les Hébreux et Dieu sera magnifié par les juifs, puis par les chrétiens et enfin par les musulmans.
- Yahvé, le dieu unique de Moïse :
Il est fort probable que ce nom de Dieu fut déjà connu dans le panthéon des dieux sumériens sous le nom d'Enki ou Ea que l'on prononçait curieusement Eyah, c'est lui qui sauve les hommes du, d'un déluge, le dieu des eaux et qui partagea la création du monde avec Enlil; divisés entre créateur et sauveur, il furent donc les divinités Enlil et Enki; c'est par Abraham d'abord qu'il fut supérieur puis plus tard surtout par Moïse qu'il acquit son unicité. C'est bien Moïse qui imposera l'attachement exclusif à Yahvé et le rejet des autres dieux. Pourtant la monolâtrie ne sera pas le fait des seuls hébreux; Kamosh sera le dieu unique des Moabites, Mardouk celui des Babyloniens, on l'a vu et peu de siècles plus tard Ahura-Mazda celui des Perses. Toutefois chez les hébreux, leur dieu n'était pas seulement réductible à un sacré impersonnel unique et agissant, ils finirent par le considérer comme le Dieu unique du Monde et de l'Univers. Et là c'est bien le monothéisme et non plus la simple monolâtrie. La non-représentation de Dieu qu'ils s'imposèrent y fut sans doute pour beaucoup (un dieu représenté, statufié et qui n'a aucun pouvoir visible est impuissant, il ne peut exister) tout comme la libération du joug babylonien qui fit par contre éclater la puissance de Yahvé, réunissant en lui Enlil, Enki et Anu, leur père, dieu du ciel comme l'environnement angélique emprunté au mazdéisme perse.
- Ce nom de Yhwh est exactement celui d'un toponyme :
'YwH' est inscrit sur une liste dans le temple de Soleb, ce toponyme est indiqué comme appartenant au "Pays des Shasou". Ce temple fut construit par le pharaon Amenhotep III qui a régné entre - 1390 et - 1352 (mais les spécialistes de ces datations vont de - 1410 pour le début à - 1340 pour la fin !). Ce toponyme enfin peut provenir d'un culte comme aussi le contraire. Ces listes du temple de Soleb furent établies à partir de documents remontant au XVème S. av. J.C. On doit donc déduire que ce fameux et étrange nom de lieu "YWH au Pays de Shasou" remonte au moins à cette époque très éloignée. Où place-t-on ce pays de Shasou ? Il désigne une région montagneuse de Sé'Ir dans la région d'Edom, région située à l'est de l'Arabah. L'Arabah est une partie de la vallée du grand rift entre la Mer Morte au N. et le golfe d'Aqaba au S. C'est de nos jours une partie de la frontière entre Israêl et la Jordanie.
Et arrivé là on peut alors légitimement se demander si la Bible n'a pas au moins raison pour ce nom sacré. Et se poser la question par conséquent s'il n'y a pas quelque fondement à l'histoire biblique précédant ce retour en Palestine. Abraham, les pérégrinations auraient-ils pu avoir une réalité malgré le fait qu'il n'y ait aucune preuve historique?
- En conclusion, que peut-on dire sur cette datation ?
Moïse a vécu 120 ans selon l'Ecriture, et Jeanne Calment nous a prouvé que c'est possible encore de nos jours. Il ne peut avoir vécu qu'entre ~ - 1330 ou 40 et ~ - 1230 ou 20. Dans ce cadre l'Exode peut avoir débuté vers - 1290 ou - 1270. Dans le cheminement vers la Terre Promise il y eut la douloureuse période pendant laquelle les Hébreux ont erré pendant 40 années, suite au mauvais rapport (les peuples qui occupent la région convoitée sont inattaquables) qu'ont fait 10 des envoyés des 12 tribus dont Amiel au peuple à propos de leur future installation. La longue punition divine fut on le sait toutefois tempérée par la manne que fournit tous les jours la Providence Divine pour que son peuple ne meure pas de faim dans ce milieu hostile. Cette errance put commencer vers - 1280 ou - 1270 pour s'achever donc vers - 1240 ou - 1230. Moïse meurt dit le texte sacré avant d'entrer en Palestine, donc avant les années - 1230. Rappelons-nous la date de la stèle de Mérenptah, elle cadre avec la date finale d'arrivée enfin des Hébreux chez eux, soit dans les années - 1230. S'il y a eu des Hébreux en Palestine auparavant, ce qu'affirment les textes, même si l'on a ce jalon exceptionnel du nom de Yhwh sur ces mêmes lieux, il est encore difficile de le prouver historiquement. Notre premier Amiel connu aurait donc vécu avant - 1240 ou -1230 (date approximative de sa disparition) et vu qu'il était un jeune homme puisque Prince de tribu, on peut penser qu'il soit né vers - 1260 ou - 1250 ? Mais c'est une simple conjecture!
Il n'en sera pas de même pour les autres Amiel bibliques qui vécurent dans le temps du grand roi David, donc avec certitude autour de l'an mille avant J.C.
L'avis de Sigmund Freud sur Moïse, l'Exode et le monothéisme :
Le théoricien de la psychanalyse n'a pas oublié qu'il était juif par ses origines; pour étayer sa thèse du meurtre du père inhérent au complexe d'Œdipe il a cherché dans l'histoire comment ce comportement humain a pu être utilisé par les peuples eux-mêmes aux fins de cohésion entre leurs membres (René Girard nous en dit bien plus par sa théorie mimétique). La Bible, Ancien Testament (comme Nouveau d'ailleurs) fut la source qu'il essaya de combiner avec les plus récentes recherches en son temps à ce sujet au travers notamment du personnage essentiel de Moïse, de son action pour la propagation originale du monothéisme dans le peuple hébreu et de sa disparition qu'il donne comme brutale par assassinat. Il a écrit "Moïse et le monothéisme" en deux jets: une première partie plutôt historique et une seconde plus psychologique; notre intérêt s'est focalisé sur la 1ère partie.
- Le personnage de Moïse fait l'objet d'une véritable enquête : son nom qui est égyptien, son origine sociale qu'il pense véritablement égyptienne et de haute naissance, sa période d'existence qu'il donne comme un contemporain d'Akhenaton (qu'on venait de redécouvrir) et à qui il survécut par sa fuite hors d'Egypte, son but enfin, celui de conserver l'originalité religieuse exclusive d'un culte en un seul dieu et son assassinat probable pour lui. Le récit biblique ayant pris les libertés nécessaires pour d'une part se raccorder à la période abrahamique et amener le lecteur au culte du seul dieu. A la fin du XIXème S. un égyptologue nommé Ahmed Osman, a même assimilé Moïse à Akhenaton (hypothèse quand même controversée); mais il est vrai que la tombe retrouvée de ce dernier n'a sans doute jamais contenu sa dépouille, que son nom fut effacé par Ramsès II de la mémoire historique, écrite, inscrite, gravée...et qu'alors le nom de Moïse apparait, vers -1300; il est exact encore que de récentes découvertes d'écrits d'Akhenaton coïncident avec des textes majeurs bibliques attribués à ... Moïse. Pourtant cet Akhenaton est aussi connu pour avoir eu des conceptions très libres de la vie, assez débridées pour ce temps-là, obscènes même; ses détracteurs voyant en lui un tyran, un despote fanatique, un malade mental et même, le comble....un athée !! Bien que l'on sache les voies divines impénétrables, que souvent Dieu s'est servi des pires parmi les hommes ou femmes pour montrer sa bienveillance, comment un tel pharaon aurait-il pu être ce Moïse ? On comprend que la mémoire orale des hébreux ait voulu oublier ce vil pharaon, si cette hypothèse était vérifiée !?
- A propos du monothéisme, cette révolution religieuse qui, en excluant d'autre dieux mit à mal et la société égyptienne du temps de son exclusivité promue par le pharaon Akhénaton et la société hébraïque pendant plusieurs siècles, voici ce qu'il dit "Il est surprenant de voir ce Dieu 'se choisir' tout à coup un peuple pour le faire sien (revoyez ce que j'en dis à propos de la signification de notre nom Amiel NDLR) et déclarer en être le Dieu. C'est là, je le crois bien, un cas unique dans l'histoire des religions humaines. Ailleurs Dieu et le peuple sont inséparables et ne forment qu'un de toute éternité (c'est souvent 'l'ancêtre' NDLR) : Il arrive parfois, comme on sait, qu'un peuple élise un nouveau dieu, jamais un dieu ne choisit un nouveau peuple".
- Le dieu unique égyptien promulgué par Aménophis IV (Akhénaton) a-t-il pu être conservé par ce personnage spécial que fut Moïse en emportant son culte hors d'Egypte ? C'est fort probable pour Freud et l'Exode pour lui ne s'est pas fait dans les conditions décrites dans le Livre éponyme saint. Moïse et sa suite de Lévites hébreux ont rencontré vers ce pays de Shasou (dont on ne connaissait pas encore l'existence avant-guerre Freud n'en parlant pas) d'autres hébreux (?) qui adoraient un dieu des volcans, terrible, le nommé Yahvé. C'est là avec l'apport du dieu unique égyptien que l'on en fit Yahwé, le Dieu unique, parfait, omnipotent, mais surtout aussi le dieu de la Vérité et de la Justice selon ce qu'était Aton; en effet les hiéroglyphes qui parlent d'Akhénaton indiquent qu'il est "celui qui vit en Maat", Maat étant ces principes de justice et de vérité: Ces fondamentaux, qui sont semblables à ceux d'El, sont bien à l'origine de ce monothéisme promis à un grand avenir, puisqu'il est à la base des trois plus importantes religions des hommes sur toute la planète.
- Le meurtre de Moïse expliquerait d'après Freud, l'espace de temps de 40 ans que le Livre de l'Exode a comblé en le mettant sur le compte de l'errance du peuple hébreu à travers le Sinaï comme punition par Dieu le Père de son infidélité filiale; Moïse l'ancêtre étant détrôné tout comme ses prédécesseurs du titre paternel, ce qui sera aussi le cas bien plus tard d'un certain crucifié, Jésus, descendant de David (unificateur des deux royaumes juifs), qui, lui, en plus put se prétendre Fils de ce Dieu ! Pour les chrétiens, ce meurtre du père est achevé par la Résurrection de ce fils qui n'est autre qu'une des formes ou personnes de ce Dieu unique lui-même, vivant pour l'éternité...mais là aussi on ferait bien de lire René Girard pour en comprendre un peu plus (cf. "Des choses cachées depuis la fondation du monde").