INDEX ONOMASTIQUE :
Un Amiel assassiné au bagne de Guyane * Joseph Amiel jugé et condamné * L'Institution Amiel * La Société des Emiles à Paris * Des sœurs Amiel voleuses ? * Lieutenant Amiel rescapé suisse de la Bérésina * Pierre Amiel déserteur *
Un Amiel assassiné au bagne de Guyane * Joseph Amiel jugé et condamné * L'Institution Amiel * La Société des Emiles à Paris * Des sœurs Amiel voleuses ? * Lieutenant Amiel rescapé suisse de la Bérésina * Pierre Amiel déserteur *
Un AMIEL assassiné au BAGNE de GUYANE :
Un ancien responsable du Bagne parle de ce qu'il a vécu; il raconte par exemple qu'un condamné, espagnol d'origine, nommé Fernandez, ayant vu quelques litres d'eau dans un baril de tafia (alcool) vide, laissé en dehors du magasin aux vivres, but de ce liquide chauffé par le soleil et tomba dans un état d'ivresse furieuse. Armé d'un couteau de boucher, il tua en peu de temps un de ses congénères nommé Amiel et un surveillant nommé Probst, un valeureux soldat qui avait pourtant échappé aux balles russes en Crimée pour venir expirer en Guyane sous les coups d'un forçat. Le forçat coupable de ce double meurtre fut exécuté à Cayenne. Cela se passa dans le camp de transportation de St Augustin, avant 1855.
(=> "Guyane et son comté" souvenirs racontés dans la "Revue de Paris" 1ère année, T. 8; Paris 1864).
JOSEPH AMIELH Jugé et condamné :
Joseph Amielh, de Thoard (04) fut jugé coupable d'attentat à la pudeur sur sa propre fille et condamné à 10 ans de réclusion par la Cour d'Assises de Digne en 1857.
L' INSTITUTION AMIEL : (à ne pas confondre avec l'institution d'Isidore Amiel de la rue St Jacques à Paris)
Une "Institution Amiel" fonctionna durant le XIXème S. dans la vallée de Montmorency, au nord de Paris; elle n'admettait qu'un nombre limité d'élèves et selon Louis Ratisbonne qui y fut scolarisé entre 1825 et 1830 environ, "son chef s'était fait le paternel ami de ses élèves". Elle eut pour professeurs des bourgeois parisiens comme un député de la Seine du nom de Dreyfus qui fut professeur de mathématiques entre 1871 et 1873. Le comte Amable Charles Franqueville parle de cette institution qui marqua sa jeunesse dans ses "Souvenirs 1840-1919", une maison d'éducation qu'il quitte en août 1857 avec joie, à ce qu'il parait en le lisant ! Le "paternel ami" n'était plus là ?
La société des EMILES à PARIS : NB: Les mots employés ci-après pour qualifier ces émiles sont ceux de l'époque et ne sauraient préjuger en aucun cas d'une quelconque opinion de ma part.
"Les Emiles" c'est le nom donné aux pédérastes que l'on appela longtemps vulgairement "tantes". Ces Emiles formaient une "société" dans le Paris du IIème Empire; leurs statuts furent même imprimés en 1864 ! La police impériale fit une descente dans leurs locaux et imposa la fermeture d'un établissement de vins situé à la Barrière de l'Ecole où ils avaient pris l'habitude de se "réunir". De haut-fonctionnaires ministériels (Guerre, Affaires Etrangères) furent compromis. Une chanson fut propagée à cette occasion. Les "patients" (qui subissaient) s'habillaient en femmes pour recevoir chacun(e) leur "Emile" et se livrer aux turpitudes lubriques dont un dessinateur osa reproduire les "poses". Plusieurs dénonciations parvinrent à la Préfecture de Police; la plus amusante est celle d'un voisin qui, voyant arriver une masse de soldats dans la maison légère, et apprenant qu'on y avait apporté des uniformes (de préfet, sénateur, évêque) crut à un complot qui se fomentait contre l'empire et le dénonça comme tel.
(=> "La sultane Rozréa" p. 21, extrait du "Dictionnaire érotique moderne" lettre E. , Alfred Delvau; éd. de 1874).
Cette curieuse mais "active" société fait suite à une secte des Ebugors (anagramme de bougres ce qui, pour moi, constitue une véritable insulte à l'histoire, les bougres étant selon certains ces boulgres ou bulgares, ces hérétiques de Bulgarie qui auraient inspiré par leur ascèse notamment sexuelle les hérétiques dits albigeois aux XII-XIII-XIVèmes S. en Languedoc). A cette société des 'émiles' de l'Empire de Napoléon III succèdera en Allemagne la communauté des 'spéciaux', lesquels auront aussi pour but outre leurs 'activités' ordinaires d'affirmer des droits à une homosexualité cependant élitiste et esthétique, à l'encontre de toute intervention étatique, ecclésiale, médicale et bien sûr morale.
Bien que l'hypothèse n'ait pas été émise je pense que ce nom d'émiles leur vient, via Flaubert notamment qui en parle dans ses "Œuvres de Jeunesse" (et d'autres) de cet Amillus romain à propos duquel, 18 siècles auparavant, de célèbres auteurs antiques, historiens écrivirent, notamment Val. Martial qui lui consacra une épigramme et dont une énième traduction plus hard que les précédentes citées (voir article sur cet Amillus dans partie empire romain) dit "Amillus, les portes fermées, tu te fais breloquer par tes vigoureux..." (trad. de A. Paphos datée de 1807).
Ce phénomène social toucha au XIXème S. le monde de la haute administration parisienne mais aussi particulièrement celui des armées. Le général Trochu fit même une allusion à cette drôle de société des émiles à la tribune de l'Assemblée Nationale. L'histoire de 1864 citée au début n'est que l'aboutissement de nombreuses plaintes adressées au Conseil Supérieur de la Guerre durant tout le IIème Empire par plusieurs chefs de corps, "touchant" les jeunes officiers et sous-officiers qui étaient accusés de propager dans l'armée les habitudes de sodomie tandis que, d'un autre côté (si l'on peut dire) ils étaient "soutenus" par de hauts personnages de l'Etat.
(=> "La société des Emiles" in "La sultane Rozréa..." J. Duflos, 1871, p. 17).
Le substantif argotique d' "émile" sera noté par Lorédan Larchey dans son Dictionnaire d'argot, et un plus célèbre Aristide Bruant, ce chansonnier fera, quant à lui, des allusions à ce sujet, ce qui ne pouvait que susciter le bonheur des spectateurs des "caf'conc" , les cafés-concerts qui fleuriront à Paris à la fin du XIXème S.
Des sœurs AMIEL voleuses ? :
C'est une des nombreuses affaires dont furent friands les journaux de l'époque; passant aux Assises de la Haute-Garonne en décembre 1841 elle a de quoi nourrir la curiosité souvent malsaine de l'opinion dont les lecteurs du Journal de Toulouse. Sur les bancs du tribunal Eulalie & Marie Amiel, deux jeunes sœurs qui, sans doute de connivence, ont volé; la première nommée a directement volé le maitre de maison chez qui elle était domestique, l'autre indirectement pour avoir pratiqué le recel de ce vol; son livret de Caisse d'Epargne (système d'épargne populaire créé une vingtaine d'années auparavant) présentant un solde de 1506F alors que 10 mois avant il n'y avait que 811F. Le patron lésé voulut récupérer son bien et se décida pour une régularisation à l'amiable avec son ex-employée (oui, quand même il l' a renvoyée !): Marie lui rendrait la somme volée par un retrait sur le livret coupable mais au moment d'effectuer le retrait Eulalie accusa ledit patron de sa sœur, Mr Tourrou, de vouloir la spolier et ni une ni deux, elles déposent plainte contre lui. Evidemment l'affaire ne pouvait finir que devant la justice. Qui croire ? Au cours des débats les deux sœurs protesteront en vain de leur innocence, en appelleront "Au nom de Dieu!" contre des témoins à charge mais les laborieux efforts de leurs avocats n'y feront rien : elles seront jugées coupables de vol et de recel à l'encontre de Mr Tourrou; la peine sera de 10ans de réclusion pour Eulalie et de 8 pour Marie, le recel étant donc plus sanctionné alors que le vol lui-même.
'=> "Le Journal de Toulouse politique et littéraire" du 31 décembre 1841, p. 1 & 2).
Lieutenant AMIEL rescapé suisse de la BERESINA :
Les relations armées entre la France et la Suisse sont une longue tradition; déjà en 1477, les premiers suisses sont enrôlés pour servir le royaume; à la Révolution les Gardes Suisses défendront vaillamment le roi Louis XVI en se faisant tuer. Confronté à Napoléon Ier et son rêve d'Empire, la Confédération Helvétique capitulera devant lui, il en deviendra le "protecteur" et les suisses devront comme tout autre nation soumise surtout fournir des troupes fraiches durant tout le règne. Les Régiments Suisses iront combattre pour l'empereur en Espagne, en Flandres et enfin en Russie. Ils seront là lors de la désastreuse Bataille de la Bérésina; cette immense défaite dont la langue française a conservé une expression signifiant combien elle fut énorme, coûta la vie à la plupart d'entre eux. Les 4 Régiments totalisaient début 1812, 8200 hommes (dont 1980 au 3ème rég.). La Bataille se déroula entre le 27 et le 29 novembre 1812; le 3ème régiment n'eut que 60 rescapés soldats, 3 capitaines et le Lieutenant Amiel. "Braves Suisses !" s'écria le général de division Merle sous le commandement de qui étaient ces troupes, en passant devant leur bivouac, "vous méritez tous la Légion d'Honneur." Effectivement sur le rapport qu'il en fit à l'Empereur, sa majesté accorda immédiatement 62 décorations. Mais après la débandade du retour en catastrophe vers la France après avoir investi un Moscou désert et incendié dans le froid de l'hiver suivant, les régiments supplétifs étrangers furent dissous dès le 2 avril 1815; Napoléon étant défait et exilé sur l'Ile d'Elbe, le décret impérial ne fut jamais enregistré ni exécuté. Rares furent ceux qui obtinrent effectivement la fameuse décoration, souvent pour services postérieurs (en 1813 ou 1814 donc), ce fut le cas du Lieutenant Amiel. (cf. Le 3ème régiment suisse; Les Amis du Patrimoine Napoléonien).
PIERRE AMIEL Déserteur :
L'affiche publiant le jugement de Pierre Amiel qui fut condamné pour désertion en 1816, placardée pour qu'il soit connu de tous, a été conservée. On peut y lire que cet homme né à Barbentane (13) en 1794, soldat fusilier à la Légion de Vaucluse sous Louis XVIII alors qu'il avait 22 ans, passa devant le Conseil de Guerre de la 8ème division militaire de Marseille et fut astreint à la peine de cinq ans de "travaux publics" comme quoi nos gouvernants actuels n'ont rien inventé là aussi en matière judiciaire!