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"Il a neigé à Marseille" ! Ainsi ces voyageurs en train venant de Paris n'en croyaient pas leurs yeux; parmi eux des journalistes-reporters vont écrire un papier à ce sujet avec ce titre. L'un d'eux paraitra dans le numéro 336 du journal "Le Matin" du 26 Janvier 1885. Au terme du voyage le journaliste de ce quotidien vient avec des connaissances se réchauffer et se réconforter aux "Colonies", un établissement hôtelier situé près de la gare St Charles, tenu par un Amiel qui, en vrai méridional (un Raimu de la trilogie de Pagnol du siècle suivant) va leur en servir une belle, tout en leur servant un très bon repas (brandade, rizotto accompagné de vin de Cassis entre autres). C'est une histoire vraie comme toutes les choses que l'on raconte ici, et une histoire en rapport avec ce temps exceptionnel. C'est l'histoire d'une jeune et belle suédoise descendue à l'hôtel de Mr Amiel, mais qui était très affaiblie et à qui ses médecins avaient conseillé de faire un séjour au soleil et à l'air du Midi. Chacun sait, encore de nos jours, combien une cure au bord de la Méditerranée peut être salutaire, vu ceux qui, tous les ans, viennent ici recharger leurs batteries. Mais la belle étrangère une fois arrivée dut s'aliter, et son état empira de jour en jour ! Le médecin qui vint la visiter quotidiennement n'avait aucun espoir; //Parole// s'interrompit Amiel, //c'était à le souffleter!// Cela se passait il y a déjà une semaine à peine, quand l'incroyable survint: le froid arrivait, annonçant sans doute la neige; le docteur dit alors //C'est la fin !// Et une fois encore Amiel s'interrompit //Croyez-vous, messieurs, que j'ai pleuré !// Et rapidement on comprit que le froid allait s'installer et durer. //Vif, glacial, comme il est ici quand il s'y met// dit Amiel. Personne n'osait plus monter dans la chambre de la pauvre malade : à chaque instant on s'attendait à la triste nouvelle. Mais deux jours passèrent et elle sembla reprendre vigueur; //le sang revenait à ses joues, elle avait parlé, elle avait même souri !... Les dernières révoltes de la vie// avait prédit le médecin. Et la neige tomba, //comme on n'en avait jamais vu en Provence !//. C'est alors que le miracle se produisit et là il faut laisser l'hôtelier conter lui-même ce qu'il advint : //C'est alors, monsieur,// s'écria Amiel// qu'on vit vraiment la force de notre climat, la puissance irrésistible de notre Midi ! Vous croyez qu'elle est morte, n'est-ce pas, et qu'elle dort maintenant sous la neige, dans quelque coin du cimetière. Ah! Pas maï ! Elle est guérie, monsieur, elle est fraîche, elle est toute rose, et c'est la neige de Marseille qui l'a remise, notre froid du Midi qui l'a guérie ! Encore deux jours de bon mistral, deux jours sans chaleur et ce sera fini, mais fini de la bonne manière. Elle pourra repartir! S'en aller chez elle !//. "A ce moment", écrivit le journaliste, "l'horizon brumeux s'éclaircissait un peu, le vent tombait sensiblement; à travers les nuages, un maigre rayon jaunâtre se montrait." //Ah, le gueux !// s'écria Amiel, en s'élançant pour abaisser le store. "Et aucun de nous", termine le narrateur, "n'eut envie de rire, en voyant cet homme du midi qui montrait le poing au soleil ...".
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon une féministe allemande dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours de cette féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzsche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
C'est encore dans le climat anti-juif de la fin du XIXème S. que se passe cette histoire qui fit aussi pas mal de bruit à l'époque. Un juif étranger (soit deux tares accumulées !) fut de plus élevé à la dignité (impensable !) de Grand Officier de la Légion d'Honneur, en 1881, un scandale de plus pour les antisémites mais le personnage est très lié à un scandale financier celui-là. Et là ce sont les quotidiens La Croix et le Times qui m'ont aidé dans la rédaction du résumé d'une histoire assez floue le concernant.
- Il y a quelques mois, raconte le Times, au milieu d'annonces d'un journal mondain, figurait une offre ainsi rédigée : "Monsieur qui voudrait entreprendre action très délicate et risquée, à l'étranger, bien rétribuée doit écrire à F....24, Poste Restante, Bureau 42, Paris". Un ancien commissaire de police, sans emploi (certains disent qu'il avait été licencié) nommé Marius Amiel, offrit aussitôt ses services. Il entra en contact avec un inconnu qui lui offrait pas moins de 50.000F s'il parvenait à assassiner le célèbre industriel juif Dr Cornélius Herzl (c'est le nom de l'impétrant décoré). Amiel se mit rapidement à la disposition de l'annonceur et commença par demander un premier acompte de 15.000F. Un fois cet argent remis le roublard s'enfuit en Amérique, au mépris de sa parole, sans rien tenter contre le fameux docteur ! Le médecin échappait à la mort, mais au fait quel put être le motif de son crime, si crime il y eut pour 'mériter' cette mort ? C'est en réalité une histoire qui semble bien avoir été montée de toutes pièces sous couvert d'antisémitisme ambiant, pourquoi ? Certains ont évoqué la possibilité d'une découverte qui aurait pu valoir beaucoup d'argent; les plus clairvoyants étant ceux qui y virent une réclame de grande ampleur destinée à ramener sur l'ancien docteur (qui avait pris goût à la célébrité en développant certaines techniques promises à un grand avenir, voir plus bas) une fructueuse attention publique!. Et le Dr Hertzl sut manier l'opinion des français comme celle de ses dirigeants politiques. (La Croix n°2140 du 22 Mai 1890).
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon une féministe allemande dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours de cette féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzsche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
C'est encore dans le climat anti-juif de la fin du XIXème S. que se passe cette histoire qui fit aussi pas mal de bruit à l'époque. Un juif étranger (soit deux tares accumulées !) fut de plus élevé à la dignité (impensable !) de Grand Officier de la Légion d'Honneur, en 1881, un scandale de plus pour les antisémites mais le personnage est très lié à un scandale financier celui-là. Et là ce sont les quotidiens La Croix et le Times qui m'ont aidé dans la rédaction du résumé d'une histoire assez floue le concernant.
- Il y a quelques mois, raconte le Times, au milieu d'annonces d'un journal mondain, figurait une offre ainsi rédigée : "Monsieur qui voudrait entreprendre action très délicate et risquée, à l'étranger, bien rétribuée doit écrire à F....24, Poste Restante, Bureau 42, Paris". Un ancien commissaire de police, sans emploi (certains disent qu'il avait été licencié) nommé Marius Amiel, offrit aussitôt ses services. Il entra en contact avec un inconnu qui lui offrait pas moins de 50.000F s'il parvenait à assassiner le célèbre industriel juif Dr Cornélius Herzl (c'est le nom de l'impétrant décoré). Amiel se mit rapidement à la disposition de l'annonceur et commença par demander un premier acompte de 15.000F. Un fois cet argent remis le roublard s'enfuit en Amérique, au mépris de sa parole, sans rien tenter contre le fameux docteur ! Le médecin échappait à la mort, mais au fait quel put être le motif de son crime, si crime il y eut pour 'mériter' cette mort ? C'est en réalité une histoire qui semble bien avoir été montée de toutes pièces sous couvert d'antisémitisme ambiant, pourquoi ? Certains ont évoqué la possibilité d'une découverte qui aurait pu valoir beaucoup d'argent; les plus clairvoyants étant ceux qui y virent une réclame de grande ampleur destinée à ramener sur l'ancien docteur (qui avait pris goût à la célébrité en développant certaines techniques promises à un grand avenir, voir plus bas) une fructueuse attention publique!. Et le Dr Hertzl sut manier l'opinion des français comme celle de ses dirigeants politiques. (La Croix n°2140 du 22 Mai 1890).
Deletions:
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon Malwida personnage dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours d'une féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzsche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
C'est encore dans le climat anti-juif de la fin du XIXème S. que se passe cette histoire qui fit aussi pas mal de bruit à l'époque. Un juif étranger (soit deux tares accumulées !) fut de plus élevé à la dignité (impensable !) de Grand Officier de la Légion d'Honneur, en 1881, un scandale de plus pour les antisémites mais le personnage est très lié à un scandale financier celui-là. Et là c'est le quotidien La Croix et le Times qui m'ont aidé dans la rédaction du résumé d'une histoire assez floue le concernant.
- Il y a quelques mois, raconte Le Times, au milieu d'annonces d'un journal mondain, figurait une offre ainsi rédigée : "Monsieur qui voudrait entreprendre action très délicate et risquée, à l'étranger, bien rétribuée doit écrire à F....24, Poste Restante, Bureau 42, Paris". Un ancien commissaire de police, sans emploi (certains disent qu'il avait été licencié) nommé Marius Amiel, offrit aussitôt ses services. Il entra en contact avec un inconnu qui lui offrait pas moins de 50.000F s'il parvenait à assassiner le célèbre industriel juif Dr Cornélius Herzl (c'est le nom de l'impétrant décoré). Amiel se mit rapidement à la disposition de l'annonceur et commença par demander un premier acompte de 15.000F. Un fois cet argent remis le roublard s'enfuit en Amérique, au mépris de sa parole, sans rien tenter contre le fameux docteur ! Le médecin échappait à la mort, mais au fait quel put être le motif de son crime, si crime il y eut pour 'mériter' cette mort ? C'est en réalité une histoire qui semble bien avoir été montée de toutes pièces sous couvert d'antisémitisme ambiant, pourquoi ? Certains ont évoqué la possibilité d'une découverte qui aurait pu valoir beaucoup d'argent; les plus clairvoyants étant ceux qui y virent une réclame de grande ampleur destinée à ramener sur l'ancien docteur (qui avait pris goût à la célébrité en développant certaines techniques promises à un grand avenir, voir plus bas) une fructueuse attention publique!. Et le Dr Hertzl sut manier l'opinion des français comme celle de ses dirigeants politiques. (La Croix n°2140 du 22 Mai 1890).
Additions:
Un Amiel est directement lié à la découverte exceptionnelle que fit par hasard un employé municipal. Etant tombé sur l'entrée de la cavité, bouchée depuis les temps préhistoriques le brave fonctionnaire montra ce qu'elle contenait à l'un des seuls hommes de science locaux, le docteur et maire Amiel. Celui-ci après un (rapide) examen en conclut qu'il s'agissait d'ossements humains et il les fit ensevelir dignement en terre chrétienne dans le cimetière communal. Plusieurs années plus tard cette découverte vint aux oreilles de Edouard Lartet qui procéda non seulement à l'exhumation des ossements déjà trouvés, mais à la fouille systématique de la grotte. Toute une faune assez extraordinaire pour l'époque y fut reconnue : des animaux disparus depuis des millénaires vécurent là au pied des Pyrénées, lion, hyène, rhinocéros, éléphant. Il faut noter que l'on eut là le tout premier gisement rigoureusement constaté (en 1861) d'une hibernation (c'est ce que l'on déduisait) humaine contemporaine de ces animaux, bien antérieurement à ce que l'on supposait encore en ce temps-là de la présence humaine sur la terre.
Cette découverte majeure confortait les écrits de Lartet qui remettait en cause dès 1852 les fondements bibliques, écrits corroborés par Darwin; Lartet, scientifique originaire du Gers, aurait fondé (en concurrence avec le dernier cité dans cet article !) par là ni plus ni moins une nouvelle science concernant la connaissance de nos ancêtres de la Préhistoire; ceci peu après une époque où le Secrétaire de l'Académie des Sciences qui venait de mourir était un fixiste et créationniste convaincu, le célèbre Georges Cuvier. Mais le vrai fondateur de la discipline est le seul Dr Tournal, pharmacien narbonnais, qui trouva pour la 1ère fois au monde, bien avant le temps de Darwin et Lartet, dès 1827, dans l'Aude, à Bize-Minervois, les tous premiers os humains fossilisés et prouva par comparaison avec les os d'animaux contigus qu'ils étaient d'un âge sans commune mesure avec les quelques milliers d'années qu'en déduisaient les exégètes de la Bible. Pourtant la reconnaissance officielle lui préfèrera, avec Lartet, un homme du nord de la France nommé Boucher de Perthes. Où va donc se loger la gloriole française et surtout le mépris par les français du nord de ceux du sud !
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon Malwida personnage dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours d'une féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzsche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
Cette découverte majeure confortait les écrits de Lartet qui remettait en cause dès 1852 les fondements bibliques, écrits corroborés par Darwin; Lartet, scientifique originaire du Gers, aurait fondé (en concurrence avec le dernier cité dans cet article !) par là ni plus ni moins une nouvelle science concernant la connaissance de nos ancêtres de la Préhistoire; ceci peu après une époque où le Secrétaire de l'Académie des Sciences qui venait de mourir était un fixiste et créationniste convaincu, le célèbre Georges Cuvier. Mais le vrai fondateur de la discipline est le seul Dr Tournal, pharmacien narbonnais, qui trouva pour la 1ère fois au monde, bien avant le temps de Darwin et Lartet, dès 1827, dans l'Aude, à Bize-Minervois, les tous premiers os humains fossilisés et prouva par comparaison avec les os d'animaux contigus qu'ils étaient d'un âge sans commune mesure avec les quelques milliers d'années qu'en déduisaient les exégètes de la Bible. Pourtant la reconnaissance officielle lui préfèrera, avec Lartet, un homme du nord de la France nommé Boucher de Perthes. Où va donc se loger la gloriole française et surtout le mépris par les français du nord de ceux du sud !
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon Malwida personnage dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours d'une féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzsche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
Deletions:
Il faut savoir que le procès évoqué eut lieu à la Cour d'Assises de Versailles. A Versailles habitait depuis quelques années déjà Gabriel Monod, Professeur de Lettres à l'Université de Paris, Membre de l'Institut de France à l'Académie des Sciences Morales & Politiques, fondateur de la Revue Historique et surtout partisan de l'innocence de Dreyfus en particulier mais aussi de la défense des juifs en tant que juifs. On a pu parler en ce temps-là de la Villa Amiel comme étant devenue "le siège des dreyfusards" c'est dire comment cet homme était considéré; il est en vérité "l'un des tout premiers et des plus courageux défenseurs de cette innocence" selon Malwida personnage dont je parle plus loin. Mr Monod n'hésita pas à abriter Emile Zola dans cette villa lorsque le procès se déroula, mettant à sa disposition une chambre pendant tout le mois de Février 1898. Cette villa abrita aussi plusieurs séjours d'une féministe allemande nommée Malwida Von Meysenburg alors assez âgée, amie de Mme Monod; c'est une intellectuelle connue par les échanges épistolaires qu'elle eut avec le philosophe allemand Nietzche mais aussi comme l'amie et la seconde mère (c'est lui qui le dit) de Romain Rolland. Ce dernier indique d'ailleurs que c'est dans cette villa Amiel, demeure de son maître et ami Monod qu'il vit son amie pour la première fois, et plusieurs fois ensuite (Mémoires & Fragments du Journal de Romain Rolland).
Additions:
Un Amiel est directement lié à la découverte exceptionnelle que fit par hasard un employé municipal. Etant tombé sur l'entrée de la cavité, bouchée depuis les temps préhistoriques le brave fonctionnaire montra ce qu'elle contenait à l'un des seuls hommes de science locaux, le docteur et maire Amiel. Celui-ci après un (rapide) examen en conclut qu'il s'agissait d'ossements humains et il les fit ensevelir dignement en terre chrétienne dans le cimetière communal. Plusieurs années plus tard cette découverte vint aux oreilles de Edouard Lartet qui procéda non seulement à l'exhumation des ossements déjà trouvés, mais à la fouille systématique de la grotte. Toute une faune assez extraordinaire pour l'époque y fut reconnue : des animaux disparus depuis des millénaires vécurent là au pied des Pyrénées, lion, hyène, rhinocéros, éléphant. Il faut noter que l'on eut là le tout premier gisement rigoureusement constaté (en 1861) d'une hibernation (c'est ce que l'on déduisait) humaine contemporaine de ces animaux, bien antérieurement à ce que l'on supposait encore en ce temps-là de la présence humaine sur la terre. Cette découverte majeure confortait les écrits de Lartet qui remettait en cause dès 1852 les fondements bibliques, écrits corroborés par Darwin; Lartet, scientifique originaire du Gers, aurait fondé (en concurrence avec le dernier cité dans cet article !) par là ni plus ni moins une nouvelle science concernant la connaissance de nos ancêtres de la Préhistoire; ceci peu après une époque où le Secrétaire de l'Académie des Sciences qui venait de mourir était un fixiste et créationniste convaincu, le célèbre Georges Cuvier. Mais le vrai fondateur de la discipline est le seul Dr Tournal, pharmacien narbonnais, qui trouva pour la 1ère fois au monde, bien avant le temps de Darwin et Lartet, dès 1827, dans l'Aude, à Bize-Minervois, les tous premiers os humains fossilisés et prouva par comparaison avec les os d'animaux contigus qu'ils étaient d'un âge sans commune mesure avec les quelques milliers d'années qu'en déduisaient les exégètes de la Bible. Pourtant la reconnaissance officielle lui préfèrera, avec Lartet, un homme du nord de la France nommé Boucher de Perthes. Où va donc se loger la gloriole française et surtout le mépris par les français du nord de ceux du sud !
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//SOMMAIRE - INDEX ONOMASTIQUE// :