Je vous ai indiqué précédemment outre les origines archéo-linguistiques des racines de notre nom, ses origines hébraïque, latine et éventuellement wisigothe, toutes origines dont nous reparlerons; mais il en est deux dernières, disons en marge de toute recherche scientifique, dont je me dois de vous parler au risque de passer pour un hérétique auprès des chercheurs spécialistes de patronymie. Toutefois une hérésie étant un choix en grec, il me semble qu’il est utile sinon nécessaire de vous en parler. Et dans ce contexte, aujourd’hui, nous allons voir les possibles relations de notre nom Amiel avec des racines occitanes. L’occitan est une langue romane formée à partir notamment du latin, parlée dans une large partie du sud de la France depuis le haut moyen-âge, langue de lettrés à cette époque-là mais aussi du peuple et reléguée au rang de patois par les envahisseurs français au fruit de leurs multiples conquêtes durant tout le régime royal puis républicain français, jusqu’à nos jours. Cette vieille langue est malgré cela toujours parlée et écrite, elle semble même renaître et c’est tant mieux. De plus l’occitan, décliné en parlers locaux (ou patois en tant que langue du père) est la langue qu’ont parlé la grande majorité des Amiel (y compris les juifs qui ont vécu dans ces régions sudistes de la France), car nous le verrons ce patronyme, en France est très largement représenté dans ces régions, notamment autour de l’arc du golfe du Lion, que ce soit en Provence ou en Languedoc-Roussillon. Ces régions qui bénéficient largement du climat méditerranéen et où s’épanouit une végétation adaptée, que l’on retrouvera tout autour de cette mer, mère de plusieurs civilisations antiques qui ont toutes leurs origines sur ces bords, que ce soit la très vieille Egypte, les peuples du Moyen-Orient, les Grecs, les Latins ou des civilisations qui leur ont succédé en se mêlant à d’autres peuples venus du nord de l’Europe ou d’Afrique sub-saharienne. En somme toutes régions périphériques de cette mer qui furent un perpétuel foisonnement de peuples aux grandes innovations civilisatrices. Le grand historien Fernand Braudel a su mieux que moi montrer ce que fut ce creuset méditerranéen. Parmi les toutes premières innovations techniques figure l’agriculture, et entre autre la culture des arbres fruitiers dont l’olivier et l’amandier. Si l’on parle souvent de l’olivier on parle beaucoup moins de l’amandier, cet arbre dont on récolte les amandes, et qui pourrait bien être aussi à l’origine du nom Amiel. Pourquoi ? En occitan l’amande se dit ‘ameilho’ (prononcer [ameillo]), ce qui est à rapprocher d’une forme occitane d’Amiel, Amielh. Mais ce n’est pas tout. Remarquons tout d’abord que cet arbre est tout à fait adapté aux régions dont nous venons de parler où il présent d’une manière sauvage depuis l’époque préboréale-boréale, soit ~depuis -6000 à -7500 ans av. JC., qu’il y est cultivé généreusement depuis la très haute antiquité, culture diffusée par les marchands et navigateurs grecs chez les peuples méditerranéens. Il intégra même leurs histoires mythiques ou pas; la Bible, toujours dans l’Ancien Testament y fait référence plusieurs fois: C’est par la base d’un amandier que l’on pénètre dans la ville de Luz (séjour d’immortalité). Luz est la ville où Jacob aurait eu sa vision des douze fils d’Israël (les douze tribus), et qu’il nomma Bethel (maison de Dieu). Ainsi l’amandier fut le symbole de l’immortalité du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob; cet arbre nous le montre bien en étant le premier à fleurir (dès la fin Décembre en Israël, à la mi-Février dans notre sud occitan); la langue hébraïque lui donne d’ailleurs un nom qui signifie fort justement « celui qui se réveille ». Il est aussi par ce prodige (dont ses fleurs font parfois les frais d’un gel) le symbole de la vie renouvelée dont la mythique Verge d’Aaron et la vision du prophète Jérémie. La verge d’Aaron c’est aussi le bâton de Moïse, le bâton des bergers qui tour à tour ont pris soin du peuple de Dieu jusqu’à Jésus pour les catholiques (et leurs chefs qui ont tous pour l’un des symboles d’autorité une crosse, bâton biblique revisité), et selon des mystiques juifs du VIIème siècle de notre ère (Apocalypse de Zerubavel dont nous reparlerons), jusqu’à une certaine Hepzibah, mère de Menahem Ben Ammiel (dont nous reparlerons aussi bien sûr), qui vaincra grâce a ce bâton d’amandier lors des batailles des derniers temps (à la fin des temps ou du monde). Ce bâton de direction du peuple était en bois d’amandier car il permit par sa floraison très précoce de désigner Aaron pour diriger le peuple hébreu: La Genèse (Nombres 17.8) nous le dit: Seul le bâton d’Aaron (parmi tous les autres) avait donné non seulement des bourgeons, mais aussi des fleurs et même des amandes. Et quelques années avant cette scène, alors que le peuple hébreu était encore en Egypte, ce même bâton d’amandier avait « englouti » les bâtons des sages et magiciens d’Egypte (Exode 7). Ce bâton représente la toute puissance et la fermeté de la parole divine. C’est enfin Dieu qui veille: c’est le sens de la vision de Jérémie le prophète (Jérémie 1,11). Sautons quelques Livres bibliques et arrivons au temps des rois d’Israël: Salomon désigne la chevelure blanche du vieillard sous l’image d’un amandier en fleurs (Ecclesiaste 12,7). Enfin la forme même de l’amande (et d’où vient son nom grec) fut choisie par les hébreux pour divers objets consacrés au culte, sans doute pour la raison que ce fruit oblong produit une huile très agréable et douce qui était fort estimée en Orient. L’amande fait d’ailleurs partie des présents les plus estimés des hébreux: Jacob, encore lui, ordonne à ses fils de préparer pour un présent à faire à Pharaon, du baume, du miel, des aromates, de la myrrhe (présent que l’on retrouvera au pied du berceau de Jésus), des dattes (toujours aussi délicieuses), des pistaches (idem) et des amandes (Genèse 43,11). Certains exégètes pensent même que la Menorah, ce fameux chandelier à sept branches du trésor du Temple, dont la lumière représente la vie-même, donc Dieu, figure en réalité un amandier. Dans les prescriptions indiquées dans le Livre de l’Exode, chap. 25, vers. 31 à34, le chandelier sera d’or et aura ses coupes, au sommet des branches et de la tige, en forme de fleurs d’amandier. Et pour les chrétiens n’est-ce pas la représentation de Jésus lui-même, c’est bien lui qui a dit qu’il était la lumière du monde, le Chemin, la Vérité et la Vie pour tout homme, pour tout le peuple de Dieu? Là nous retrouvons les origines hébraïques de notre nom Amiel, le peuple de Dieu, l’amandier de la vie que Dieu veut pour son peuple.
On sait encore que les Assyriens et les Perses cultivaient l’amandier en évitant toutefois comme les autres peuples de mettre tous leurs soins à des pieds donnant bien une amande, mais amère; car cet arbre a aussi cette particularité: Gare à son fruit défendu! L’amande amère contient de l’acide cyanhydrique, responsable de son amertume et dont l’absorption est à éviter à hautes doses. On en extrait cependant une huile essentielle incolore pour l’essence d’amandes et pour fabriquer des liqueurs telle l’amaretto.
Chez les Grecs, l’amande pressée ou lait d’amande était comparée à la semence du dieu des dieux, Zeus, pris ici comme puissance créatrice. On dit même que l’amandier remonte directement à lui et que l’amande, l’amygdalus, peut féconder une femme vierge, tiens tiens, ça vous rappelle sans doute quelque chose, non? En tous cas nous voyons encore là le symbole de la vie même et sa transmission ininterrompue depuis la nuit des temps! Selon une croyance encore vive en Europe, une jeune fille s’endormant sous un amandier en rêvant à son fiancé peut se réveiller enceinte; traduction peut-être héritée aussi d’un autre mythe grec, celui de l’amour de Phyllis et Acamas (fils de Thésée): Phyllis ne voyant pas revenir son amant mourut de chagrin et Héra la transforma en amandier. Acamas finit par arriver mais dût reporter son amour sur l’amandier. Les mythes ont bien la vie dure!
Plus près de nous (dans le temps comme dans l’espace), au Moyen-Age, l’amande mystique, dans le langage ésotérique propre à ce temps-là, désignait bien la virginité de la Vierge Marie (le Am inversé de la mère des hommes des origines linguistiques que nous avons évoqué devenu le Ma de la mère insigne). D’ailleurs dans l’iconographie traditionnelle, en peinture comme en sculpture, fut utilisé cette amande mystique, motif appelé ‘mandorle’, pour encadrer les représentations de la Vierge et du Christ dits « en majesté » (régnants sur le peuple de Dieu). Toujours chez les mystiques chrétiens, l’amande invisible dans sa coque est le symbole de la réalité cachée, la vérité à découvrir, et le mystère de la vie toujours renouvelée, le symbole indestructible de l’être. Chez les troubadours, ces poètes chevaliers lettrés occitans, qui s’exprimaient dans ce Moyen-Age de très haute culture du sud de la France, la fleur d’amandier était subtilement associée à la pureté cathare, cette religion dualiste de la lutte du bien contre la mal (de l’amande douce face à l’amande amère) qui fleurit dans nos régions occitanes en ce temps-là et dont la destruction impitoyable par les hommes du nord, les francimans, liés à l’Eglise de Rome ont sonné définitivement le glas de cette brillante civilisation de la langue d’Oc. Tous les occitans connaissent par coeur un chant de cette belle période, un véritable hymne de nos jours qui personnellement me fait vibrer et me donne la chair de poule lorsque je l’entends et le chante, il s’agit bien sûr du « Se canto », composé par Gaston de Foix dit Phoebus, et qui aurait des paroles hermétiques à message cathare. Dans un des couplets il est question d’un amandier (ameilher, prononcer [ameillè]) qui fait des fleurs blanches, blanches comme du papier, et il est planté au fond du pré, comprenne qui pourra?! Je retiens seulement qu’il est question encore une fois de cet arbre quasiment magique et qu’il est pour moi fort possible que des hommes occitans aient voulu délibérément en porter le nom, en occitan bien entendu, traduit en français la seule langue désormais autorisée en France depuis bien longtemps et officiellement depuis la Révolution Française qui, sous prétexte d’égalité, puis pour l’éducation de ses enfants, a nivelé et ordonné le soit-disant foutoir des libertés locales antérieures. Quand l’histoire laboure elle n’y va pas de main-morte. Voilà pourquoi je m’exprime en français et que vous me comprenez de même. Mais il était utile de rétablir certaines vérités et partant de là, émettre certaines hypothèses jusqu’ici ignorées de tous, n’est-il pas, comme diraient les anglo-saxons (dont font partie, soi-dit en passant les français du nord de la Loire, descendants des Franks, ces envahisseurs de la fin de l’Empire Romain, Rome à qui les occitans doivent tant et les Amiel en particulier).
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