Notre nom « Amiel » a une très lointaine origine. Non seulement porté par toutes les générations depuis le moyen-âge en Europe, formé dans un cadre gallo-roman pour sa définition habituelle, ce nom est également porté de nos jours par des individus et des familles d’origine juive. C’est de cette origine sémitique que je veux aujourd’hui vous entretenir.
S’il est bien des mots que nous prononçons dès que nous commençons à parler, et ce quelle que soit la langue de nos parents, c’est bien l’appellation de nos géniteurs soit « papa »et « maman ». Enfin il est plus exact de dire que c’est parce que ce sont ces syllabes répétées en regardant nos parents que beaucoup de langages ont ainsi désigné ceux qui nous ont mis au monde. Le radical signifiant « père » dans les langues indo-européennes et germaniques est « pa ». Dans les langues sémitiques du Proche-Orient c’est « ab » ou « ap »: l’une est inverse de l’autre rapport sans doute au sens de lecture qui l’est également mais il s’agit bien de la même définition. Est employée la lettre la plus facile de toutes pour un bébé, la labiale « p » ou « b », la seule différence étant dans la place de la voyelle utilisée pour sa prononciation. De plus le redoublement de son émission nous fait encore mieux sentir cette diversité: papa (d’où pape, père, des langues européennes) ou abba (père en hébreu d’où abbé, abbaye des mêmes langues). Et l’on retrouve cette même formation pour ce qui est de désigner la mère dans ces mêmes langues: « ma » et donc « mama », maman dans les langues indo-européennes, « am » et donc « amam, ammah », mère en hébreu. Avec ces radicaux « am, ma » et « ap, pa », chaque groupe linguistique a forgé, selon son génie propre, un certain nombre de termes, témoignant de leur unité phonique mais aussi de la diversité dans leur application.
Ainsi à partir de « pa » les langues indo-européennes et anglo-saxonnes en ont déduit nombre de mots exprimant l’idée de se nourrir, se protéger, paître (pa-bulum: paître, pastor: pasteur ou panis: pain). Le sémitique a fait de même avec « am » : aman (nourrir), amon (nourricier d’où le nom emprunté du dieu égyptien bien connu). D’ailleurs il est frappant de constater qu’un des rares sociétés matriarcales au monde nomme Ama la matriarche; c’est chez le peuple Mosuo vivant toujours avec ces traditions dans la Chine du sud-est que l’on trouve cette appellation; de même chez eux l’ancêtre est féminin, il ou plutôt elle est nommée « la mère », le nom familial est matronymique, transmis par la matriarche à sa fille et celle-ci gouvernera la maisonnée après elle sans que cela émeuve les hommes. Enfin tandis que grecs et latins nomment la réunion des familles en une cité du nom du père, d’où viennent les noms de pa-tria et po-pulus, l’hébreu l’appellera du nom de la mère, « aum’ soit nation, « am » signifiera « peuple » comme qui dirait matrie pour notre compréhension européenne; les anciens hébreux auraient-ils donc pu avoir été matriarcaux ?.
Il est certain en tous cas que « am » dans « Amiel » signifie bien « peuple » toujours aujourd’hui pour les personnes de tradition juive qui portent ce nom comme nom patronymique ou comme prénom, car il était seulement un prénom dans les temps bibliques et bien après, étant donné que les juifs n’ont véritablement adopté le principe du nom de famille comme nous l’entendons de nos jours que fort tard.
Dans ce contexte il nous reste à voir ce que signifie le reste du nom soit « iel », chose que nous verrons dans la suite de cet article.
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