Nous avons vu la dernière fois combien les Amelius-Amiel, très présents dans les strates supérieures de la société médiévale civile du sud de la France au haut moyen-âge (mais aussi dans les basses classes), étaient (grâce aux liens patrimoniaux et familiaux) présents tout autant dans la hiérarchie religieuse du même temps (les deux pouvoirs étant dans la pratique indissociables). Le cas de cet Abbé Amiel est à cet égard tout à fait emblématique: Sorti de l’une des familles de chevaliers de l’ancienne Montauriol (près de laquelle sera créée la ville neuve de Montauban (Tarn-et-Garonne), devenu abbé de l’ancienne abbaye de Montauriol en 1148 (jusqu’en 1174), sa nomination avait pour but de réconcilier la vieille et la nouvelle ville; il nomma un chapelain pour le représenter à la nouvelle église St Jacques de Montauban, la ville neuve des Comtes de Toulouse et c’est sous son abbatiat que Raymond V, fils d’Alphonse, répara complètement les torts de son père par une transaction qu’il passa avec lui en 1149. Par ailleurs son abbaye reçut à la même époque (vers 1170) beaucoup de donations. Les pouvoirs politiques et religieux s’entraident ainsi les uns les autres pour le bien des deux et d’autant plus logiquement (mais non nécessairement facilement) qu’il s’agit aussi de rapports et intérêts familiaux. Ainsi ira la vie des puissants dans le régime féodal….Et certains de ces potentats religieux locaux parvinrent à des postes très élevés dans la hiérarchie catholique.
La croisade contre les cathares a mis en scène sur le trône archiépiscopal de Narbonne Pierre Amiel; venu de Béziers, il fut auparavant Grand Archidiacre de St Just, il est nommé en 1225 et devient un ardent défenseur de la foi catholique. Il tient en 1227 le XVIème Concile de Narbonne où il règle le sort des hérétiques et surtout l’excommunication des comtes de Toulouse , Foix… et des vicomtes inféodés à eux; en 1235 il tiendra le XVIIème par lequel il donnera des canons (règlements) aux Inquisiteurs. Enfin il assistera et participera lui-même au siège et à la chute de Montségur en 1244, évènement qui signe la défaite non seulement de cette ‘hérésie’ mais aussi la défaite définitive des libertés occitanes et des pouvoirs régionaux du Languedoc, du Pays de Foix et de la Provence. La religion catholique qui a mené là, dans ces régions si anciennement évangélisées (n’oubliez pas que Narbonne a peut-être été chrétienne dès les temps apostoliques avec Paul-Serge, branche Paulii de la gens Aemilii romaine) la seule croisade contre des chrétiens, ce pouvoir-bis s’est alors installé (ou plutôt réinstallé en exclusivité doctrinale tout comme la royauté a pu mettre définitivement la main sur l’immense comté languedocien et accessoirement (le comte était le même) sur la non moins immense Provence.
Quelques dizaines d’années plus tard, au début du XIVème S. l’inquisition devenue institution principale de l’Eglise de Rome punit et remet dans le droit chemin (dans la ‘communion romaine’) tous ceux qui semblent vouloir s’en écarter en prenant leurs aises doctrinales envers le « dogme » officiel. On trouve ainsi un Amelius de Lautrec dans des Lettres adressées par Jean XXII à l’évèque de Mirepoix (Ariège), au sujet d’un différend survenu entre l’abbé Amelius, abbé de St Saturnin de Toulouse (St Sernin), et les Dames Chanoinesses. Accusé d’hérésie par Gautier de La Neuf-Ville, Viguier de Toulouse, il se disculpa de cette accusation et fut absous par le Parlement de Paris (l’hérésie est donc devenue un crime civil!). Si bien absous qu’il fut élevé l’an 1327 au siège épiscopal de Castres où il resta jusqu’en 1338. Il fut enfin en 1337 Gouverneur de la Marche d’Ancône
En ce même siècle on trouvera beaucoup d’Amiel proches des Papes.. Un grand pas est franchi là, il est vrai qu’il s’agit alors de papes français et qu’ils résident en Avignon; de plus ceux dont les Amiel sont proches sont du sud de la France (Ariégeois, Lotois). Il en va ainsi pour Ad(h)émar Amiel qui sera Trésorier Pontifical en 1316 (jusqu’en 1323) puis finira Archevêque de Marseille où il meurt en 1333. On pense qu’il était originaire du Diocèse d’Albi mais il y avait alors à Cahors une famille d’Amiel, ville d’origine du Pape Jean XXII (dont le règne commence en 1316). D’autres Amiel sont dans l’entourage de ce pape dont Jean Amiel, Clerc de la Chambre Apostolique en 1338, ou Jacques d’Amiel, ce qui pourrait confirmer cette hypothèse. Il y eut aussi un autre Amiel de Lautrec, descendant lui aussi d’une illustre famille tarnaise (et autrefois ‘albigeoise’ c’est à dire cathare ou au moins sympathisante comme les autres féaux des comtes de Toulouse), dans la deuxième moitié du XIVème S. Nous savons de lui qu’il fut étudiant, puis docteur ès-décrets chanoine et chancelier de l’Eglise de Toulouse; devenu évêque de Couserans (Ariège) en 1371 en poste à St Dizier, il fut transféré à celui de Comminges ( à St Bertrand l’antique cité gallo-romaine de Lugdunum Convenarum) en 1384 et il finit quand même Cardinal en 1385. Carrière magnifique et parfaite au sein de cette église que ses ancêtres avaient pourtant si combattu ! Mais soyons honnêtes, je dois ajouter qu’il y eut en cette année 1385 pas moins de huit promus à ce poste suprême (chargé entre autre d’élire le pape si besoin) fruit de la décision du pape Clément VII de pourvoir à une vague de décès.
Dans cette deuxième moitié du XIVème S. il faut remarquer Pierre Amiel, dit de Brénac (Aude) (car il y eut un autre Pierre Amiel, cardinal lui aussi et à la même période!); il fut Bibliothécaire du Pape en Avignon vers 1365 et certains auteurs s’intéressant au fameux « Mystère de Rennes-le-Château » pensent que par sa haute fonction il eut à connaître certains secrets touchant à l’existence même de l’Eglise Catholique; il est vrai qu’au temps de l’abbé Saunière (fin XIXème- début XXème), l’abbé Courtade, curé de Brénac, fit non seulement édifier une statue sur la place de ce village audois (au-dessus de la fontaine), mais peint lui-même (dit-on) des fresques le représentant dans l’église du lieu (c’est peut-être en effet beaucoup pour un illustre inconnu, qui ne l’est plus aujourd’hui!). Enfin à l’appui de ce que pouvait contenir de sulfureux cette bibliothèque les férus de ce mystère local (mais à portée planétaire, allez donc faire un tour à Rennes-le-Château!) certains ont remarqué qu’un livre en apparence anodin, intitulé « Histoire de la ville d’Avignon » écrit en 1638 par un religieux du non de Polycarpe de laRivière fut interdit par l’Eglise, ne serait-ce pas pour cacher certaines vérités? Ajoutons au mystère le fait que ce Pierre Amiel eut la main sur cette bibliothèque jusqu’en 1401 soit 36 ans et qu’ainsi il s’y maintint jusqu’au règne de Grégoire XI dernier pape français et dernier pape d’Avignon. Au cours de cette longue carrière près des papes français qu’il servit fidèlement, on le voit par exemple en 1387 délégué par le pape Boniface IX auprès du roi de France Charles VI pour le convaincre de l’imposture du pape Benoît XII. Son homonyme lui, s’opposera à la même époque et à côté de Clément VII à la réunion d’un concile consécutif au Grand Schisme d’Occident. Pierre Amiel de Brénac accompagnera le pape Grégoire XI pour le retour de la Papauté à Rome en 1376-77. On conserve de lui la relation de ce voyage, relation qui a été étudiée et dont je ne manquerai pas de vous parler, ainsi que le plus ancien rituel funéraire de la papauté qui rappelle à certains égards le rituel funéraire royal français. Un troisième Amiel dit du Breuil devient à l’extrème fin de ce XIVème S. Archevêque de Tours (de 1393 à 1414); il est aussi appelé Amelius de Maillé (de son origine noble). Il siège au concile de Paris et y prend la défense du pape avec Pierre d’Ailly. Il fait partie ensuite de l’ambassade du roi et de l’église de France vers les deux prétendants à la papauté et enfin porte la parole de ces derniers devant le pape ‘du moment’, on est durant le fameux Grand Schisme d’Occident, ne l’oublions pas, qui ne finira qu’en 1417 avec l’unique pape Martin V enfin élu par un seul conclave).
Au XVème S. et pour élargir encore notre champ d’investigation à ce sujet, le vénitien Petrus Aemilianus (l’usage pseudo-latin commence à s’installer, je reviendrai sur cet aspect de notre civilisation typique de al Renaissance), de son nom italien Pietro Miani connu pour avoir été un grand bibliophile, fut évêque de Vicenze a partir de 1409; il fut l’ami de Leonardo Bruni, de Francesco Barbaro et de Guarino et se réclamait de l’antique famille aemilienne (et il n’est pas le seul alors!) profitant d’une possible altération du nom originel faisant contracter le célèbre patronyme d’Aemiliani en Miani tout comme les célèbres monuments romains parvenus en de belles ruines. Un demi-siècle auparavant mais toujours en Italie Pietro III de Gratia connu aussi sous le patronyme d’Amiel ou Ameil dans les documents italiens fut evêque de Naples, entre 1363 et 1365; il s’agit de celui que l’on connait en français sous le nom de Pierre Amiel de Sarcenas, cardinal homonyme de celui dont je parle dans le § précédent. Enfin entre 1362 et 1375 un certain Sir Ralph Amyel fut chapelain de Little Oakley, diocèse de Londres…
C’est tout ce que je voulais vous dire sur ce moyen-âge religieux tout autant que politique et finalement de cette féodalité qui a organisé notre pays pour pas mal de temps. Nous verrons ce qu’il en est la prochaine fois pour cette question à la Renaissance, période où va aussi naître et résister cette fois plus efficacement une autre dissidence, je veux parler bien sûr du protestantisme, mouvement qui saura utiliser les mêmes leviers que l’église catholique, s’appuyant sur la pureté et la vérité biblique portées au plus haut point.
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Issus la plupart du temps de la société aristocratique régionale, ces hommes de Dieu du moyen-âge occupent beaucoup de hautes fonctions au sein de l’Eglise Romaine, ce véritable deuxième pouvoir de la féodalité. Nous ne serons donc pas surpris d’y trouver de nombreux Amélius-Amiel, toujours dans la période Xème-XIIIème voire XIVème S. Ils vont être abbés de monastères ou abbayes, prieurs, évêques, cardinaux, souvent proches des papes lorsque ceux-ci résideront en Avignon et seront français. Le nom de baptême est en effet repris tel quel lorsque un rejeton de grande famille accède à ces postes qui sont loin d’être honorifiques; les bénéfices ecclésiastiques ne seront jamais un vain mot jusqu’à la Révolution de 1789, le pouvoir politique issu de ces fonctions non plus.
Pour beaucoup d’entre eux, on ne trouve le nom que sur des listes de titulaires d’évêchés ou abbayes, listes composées d’après les chartes ou les présences aux conciles très nombreux alors, comme Amélius 19ème évêque d’Agde en 971 (jusqu’en 974), Amélius évêque d’Orléans en 549, Amélius 17ème évêque de Paris entre 533 et 541 ou 545, Elie Amiel Abbé de Lagrasse au XIIIème S., Amélius Ier (ou Ammelius) 12è ou 15è évêque de Toulouse etc…Mais d’autres sont un peu plus connus par tel ou tel fait marquant, en voici quelques exemples.
A Albi il y eut deux Amélius: Amélius Ier siégeait en 987. Ce fut à sa prière que Pons, Comte d’Albigeois, dota le monastère de St Eugène de Vieux. Il fit don de ce monastère à sa cathédrale. Amélius II lui succéda au début du XIème S. On sait qu’il assista par exemple à la dédicace (inauguration) de l’église St Sauveur de Limoges et de celle de Vendôme. Il fut l’instigateur de la construction du Pont d’Albi. Il assista au Concile de Bourges et a été un fervent partisan du mouvement de la « Paix de Dieu »(visant à obtenir une pacification du monde chrétien occidental et de maîtriser l’usage de la violence dans la société); il sera le premier à oeuvrer pour la restauration de cette paix. Actif dans ce but aux conciles de Limoges de 1028 et 1031, il paraît avoir vécu jusqu’en 1040. (cf E. d’Auriac « Histoire de l’ancienne cathédrale d’Alby » 1858 Paris Impr. Impériale).
Grégoire de Tours dans son Histoire de l’Eglise des Gaules (Hist., L. IX, chap. VI, P. 396) parle d’Amélius, (Ier car il y eut un autre Amélius II, dit de Lavedan év. de 1000 à 1036) évêque de Tarbes vers 580. Il assista au Concile de Braine dans le Soissonnais, et à cette époque-là (vers 585-587), toujours selon G. de Tours, un aventurier du nom de Désidérius remplissait alors l’Eglise de scandale: porteur de fausses reliques, il exigeait pour elles de grands honneurs et trompait le peuple par ses simagrées; chassé par Grégoire de son diocèse, il vînt insulter l’évêque de Paris qui le fit emprisonner: Amélius reconnut dans ce malheureux l’un de ses esclaves qui s’était enfui; il le réclama et le ramena chez lui,en Bigorre.(cf A. Davezac-Macaya « Essai historique sur la Bigorre » Bagnères. Dossun 1823).
Bien plus tôt encore, au temps des premières installations durables de la chrétienté en Gaule, l’église de Valence (Drôme) eût comme premier évêque un Aemilianus (c’est en tous cas le premier connu); bien entendu très peu de choses nous sont parvenues de cet homme de Dieu: on sait qu’il a ordonné avec St Eusèbe deVerceil le 1er évêque d’Embrun et l’on pense qu’il est celui qui a signé au Concile de Valence en 374.(cf L. Duchesne « Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule » rééd. Elibron Classics 2002).
A Toulouse quelque temps après Amelius (Ier) il y eut un autre Amélius (II) dit du Puy (ce surnom deviendra un nom patronymique, je vous en expliquerai la genèse) évêque; et celui-là est un descendant de cet Amelius Simplicius que nous avons vu la fois précédente comme ‘ancètre’ de nombreux Amelius-Amiel de l’entourage des comtes de Toulouse et de leurs vassaux directs. Amélius du Puy eut la charge de ce diocèse entre 1105-1106 et 1137. Son nom exact était Amiel Raymond du Puy mais il est appelé simplement Amiel dans les chartes, en général devrais-je dire, car tous ces noms n’étaient pas très fixés dans les écritures des scribes de l’époque; on trouve en effet pour ce même nom Emelius, Amelianus, Ammelius voire même Aurelius!
Une famille d’Amillan est connue en Languedoc au XIIIème S. Bernard Ier par exemple, est Abbé de monastère et veut acquérir, avec l’accord du comte de Toulouse, la juridiction de St Papoul (Aude) en 1230 ou 1233, qui devait être d’un bon rapport. Son évêque s’y oppose; que fait-il? Il résout de se venger! Comment? En ruinant le monastère avec l’aide d’une bande de brigands! Il fut quand même excommunié, c’est la moindre des choses…(cf De Vic & Vaissette « Hist. Gèn. de Languedoc » T. VII Paya Toulouse 1844).
Un cardinal quand même, en la personne d’Amélius de Lautrec, famille albigeoise liée aux autres Amelius-Amiel de ce Languedoc toulousain, cardinal en 1385, connu pour avoir composé le « Dialogus » (exposé des motifs contradictoires sur le conflit parisien de l’époque autour de « l’immaculée conception de Marie » (problème toujours difficile de nos jours, pour ceux que ce sujet intéresse…); une thèse a été consacrée à cette oeuvre à l’Université Pontificale St Thomas d’Aquin de Rome en 2007, thèse qui reçut un Prix attribué par l’Ambassade de France auprès du St Siège.
Et enfin une autre preuve de ces relations familiales dont ont usé non seulement les potentats féodaux entre eux ou pour placer certains des membres de leur famille dans l’Eglise, mais encore les hommes d’Eglise eux-mêmes pour garantir un emploi et des revenus à certains parents (et il y a beaucoup d’exemples, on y reviendra!), celle de Pierre III d’Assalit, qui fut évêque d’Alet (Aude) au début du XVème S. grâce à son oncle Pierre Amiel, évêque de Tarente et Patriarche d’Alexandrie. Et la meilleure c’est qu’il lui succéda dans les offices prestigieux de Bibliothécaire Apostolique, Secrétaire et Confesseur du Pape. (cf G. Jean « Dictionnaire Encyclopédique de l’Aude » Lacour Nîmes 2005).
Puisqu’il faut bien finir pour mieux reprendre la prochaine fois, voici ce que l’histoire a retenu aussi d’Amélius II l’évêque albigeois dont j’ai dit quelques mots aujourd’hui: on dit de lui au Concile de Limoges de 1031, « qu’il était respectable pour son âge et pour ses bonnes qualités, et que la blancheur de ses cheveux le rendait semblable à un ange »….Je ne suis ni un évêque ni un ange (à plus forte raison) mais j’ai bien des cheveux blancs et un certain âge (non pas un âge certain): je compte donc logiquement sur votre respect, au moins pour la qualité de mes informations sur notre nom Amiel, et peut-être puis-je espérer une certaine mansuétude pour la qualité de mes textes…
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Je vais ici vous montrer, toujours par quelques exemples, combien notre nom, s’il est très bien ancré dès les temps carolingiens (et nous avons vu pourquoi) en Languedoc et en Provence, n’est pas méconnu dès les mêmes époques dans les autres régions de cette France naissante. Je vous montrerai également combien il a pu traverser les siècles, non seulement comme patronyme simple, mais aussi composé.
Partons de l’une des origines déjà vues: Amelius Simplicius, qui vivait vers la 2ième moitié du VIIIème S., est à l’origine des nombreux Amelius-Amiel, seigneurs féodaux des basses vallées de l’Ariège, Pays de Foix, Comminges, proches des Comtes de Toulouse et des Vicomtes de Carcassonne, possédant des terres en Fenouillèdes et Catalogne, certains s’alliant familialement ou politiquement avec des homologues provençaux; ces lignages méridionaux sont assez complexes et mériteront un développement ultérieur en ce qui concerne notre nom. Parmi tous ces Amiel, je prendrai l’exemple des Amiel du Mortier; leur nom apparaît lors de la Croisade contre les Albigeois, dans les années 1230, ils en sont acteurs en tant que chevaliers ‘faydits’ (défendant la cause des suzerains locaux, les comtes, et par là même celle de leur peuple, de leur libertés, de leur autonomie). Leur ‘qualificatif’ qui va s’ajouter à leur nom patronymique initial (et le compléter), ‘du Mortier’, est celui de leur ‘fief’ principal, la petite seigneurie ‘du Mortier’ située près du village de Lacassaigne (Aude), en Lauragais, non loin de Fanjeaux, ce centre de la reconquête religieuse catholique voulu par Dominique de Guzman, le futur St Dominique…Le Mortier est une terre très anciennement occupée, en 1973 on y a retrouvé des fours de potier du bas empire romain. Un ruisseau du nom poétique de Pamparamiel perpétue dans les environs le nom des seigneurs Amiel. Ils bâtirent sur leur terre un petit château qui leur fût enlevé (comme dans beaucoup d’autres cas) par les Croisés du nord, Guy de Lévis se l’attribua et le vendit avant 1314 au Prieuré de Prouille (près de Fanjeaux) (cf « Les droits seigneuriaux dans la sénéchaussée et le Comté de Lauragais (1553-1789) J Ramière de Fortanier). De cette époque nous connaissons Raymond Amiel du Mortier et un autre dont nous n’avons pas le nom de baptême. Mais ils firent souche et restèrent dans la région: en 1405 « Noble Amiel du Mortier » institue la fondation d’un prêtre à Villasavary (localité proche de Fanjeaux) pour dire des messes pour son âme. (cf « Cahiers de Fanjeaux » n° 13 Privat 1978).
Dans la région élargie, mais dans la même mouvance, chez les ‘Amiel de Penne’, en Albigeois,où l’on peut parler de ‘nom marqueur’ pour Amiel, on a encore aux XIIème et XIIIème S. des descendants à travers des seigneurs de Montaigut (où ‘Les Amiels’ est toujours un lieu-dit), Lisle sans oublier les Amiel de Villemur. Sans être pour autant nobles on note, vers 1275, jusqu’à sept Amiel à Cordes-sur-Ciel, cette petite ville très commerçante et industrieuse de la même région. Dans le Pays de Foix il faudrait parler des Amiel de Pailhès,des Amiel de Rabat (toujours présents au XVème S.), des Amiel de Montauriol (connus encore au XVIIIème S.) … Du côté provençal, à Nîmes d’abord, dans le dernier quart du Xème S., plusieurs Amiel (on sait que le nom y est ancien, porté par de multiples gallo-romains déjà) font des donations à la cathédrale: Pierro (sic) Amiel prêtre et son fils (eh oui on pouvait alors être aussi marié, vous voyez combien cette société que l’on croit sombre, triste … était très moderne sur certains points!) Pons Amiel donnent un jardin. En Provence même, les Amiel sont encore (ou toujours!) au XVème S. les nobles de Fos-sur-Mer; Noble Guillaume Amiel est Bailli et le plus riche des membres du Conseil de Ville en 1467 (cf « Histoire de Fos-sur-Mer » H. Gray Edisud 1977). A Marseille, Louis Amiel, issu d’une famille de Consuls (en 1577,1588), commerçant international, a un membre de sa famille, Nicolas Amiel, Consul à Tunis en 1591…(cf. « Liber nationis provinciae provinciarum » Vol. I MM Mouflard, Univ. Toulouse 1965). Je pourrai citer aussi les Amiel de Méounes, autre famille noble. Enfin à Biot, dont la création date de vers 1470, on note une famille Amiel, parmi la vingtaine à peine qui est à l’origine de son peuplement. Ils sont comme les autres, potiers, activité toujours à l’honneur dans cette ville de 8000 hab. aujourd’hui. Si, revenant en Languedoc nous nous dirigeons maintenant vers le nord , nous trouverons des Amiel en Sarladais et en Quercy, parents de ceux de l’Albigeois, connus par leurs multiples fonctions ecclésiales au moyen-âge: un grand nombre de bulles (actes de l’Eglise) montrent qu’ils furent exécuteurs testamentaires les uns pour les autres. La « Revue du Rouergue » (vol 19-20 1965) parlant de la vie rurale en Aveyron cite de nombreux Amiel, encore au XXè S. Et là aussi, ils y sont depuis le moyen-âge; les Archives de Villefranche-de-Rouergue possèdent le texte d’un procès de 1300 opposant Bernard Amiel de Ste Croix à un Pierre de Villeneuve; on peux aussi citer Amiel de Poulan, Lieutenant du Sénéchal de Rouergue en 1321 ou Jérôme Amiel, Chanoine de la Cathédrale de Vabres au début du XVIIIème S. et qui en fut l’historien.
Dans le reste de la France, sans doute sans rapports familiaux ou autres, nous allons aussi trouver des Amiel, souvent des familles. Ainsi à Limoges (Hte-Vienne) c’est le nom d’une très ancienne famille de marchands qui, aux XII-XIIIèmes S. habite le Château de Limoges et le bourg St Martin. Des Lettres d’Officialité de St Martial de Limoges (entre 1299 et 1309) nous font connaître P(?)ierre Amiel et ses fils Guy et Hélias. Un document épigraphique note cette inscription (en relation avec eux) sur un buste en argent de 1365: « Amiel de la Porta me feys far » (Amiel de la Parta m’a fait faire, m’a commandé) (cf « Nécrologue de la Frairie de la Courtine »). Une autre famille Amiel aurait pu transmettre ce patronyme à St Junien, toujours en Limousin; pourquoi donc parler ainsi? Eh bien parce que si c’était bien parti pour transmettre cet ancien prénom comme patronyme ce fut finalement l’autre qui a pris la primauté et je m’explique: Un premier Amelius Ier (l’ancêtre qui normalement aurait dû avoir cet honneur de transmission) meurt en 1286, laissant comme héritier du nom, Amelius II son fils aîné, qualifié de Chevalier en 1318 (tout cela est logique) mais la génération suivante, confirmée par les suivantes encore, vont faire volte-face et prendre l’autre prénom d’Amelius Ier comme référence patronymique et c’est ainsi que ce n’est pas un Amiel qui sera père de l’évêque Gaufridus d’Autun mais un David, car l’autre prénom de l’ancêtre c’était David et cette famille David se rencontrera jusqu’à la Révolution; voilà un bel exemple montrant combien la transmission patronymique a tenu à peu de choses dans l’histoire, non? A Clermont-Ferrand la cathédrale possède une épitaphe d’ Etienne Amiel, datée du 4 Septembre 1286, seule preuve d’Amiel auvergnats de quelque importance dans ce moyen-âge… Bien plus au nord, nous trouverons des Amiel chevaliers ou petits seigneurs très sporadiquement aussi tels ce seigneur du Château de Pierrepont, près de Laon, du nom d’Amelius. C’est aussi le cas dans l’ouest avec cet Amelius, au XIème S. dans la région de Rochefort-en-Aunis pour lequel on sait que Rochefort était son surnom localisateur, son prénom (nom de baptême) était Pons, là au moins c’est clair!
Je consacrerai certains articles à la narration de la généalogie de certaines familles dans lesquelles notre nom fut en honneur comme les Chambon, famille de Combrailles (plateau du nord du Massif Central), outre celles concernant les Amiel languedociens ou provençaux.
Nous verrons la prochaine fois combien les Amiel-Amelius furent aussi des hommes d’Eglise, souvent dans les hautes sphères, toujours durant le moyen-âge, période bénie pour notre nom, si j’ose m’exprimer ainsi!
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Comme je l’ai déjà indiqué, c’est au XIème siècle que l’habitude (en raison de la nécessité) de nommer les individus par un nom de baptême suivi d’un nom patronymique va se répandre d’abord dans le sud de la France puis au nord. Souvent le seul nom de baptême utilisé précédemment va devenir le prénom mais il arrive aussi que ceux qui portaient un double nom (de baptême toujours) aient vu la transformation de l’un d’eux en nom patronymique; ce sera le cas pour cet Amelius Simplicius que nous avons vu la dernière fois et qui sera la ‘source’ de nombreux Amiel proches des Comtes de Toulouse et de leurs parents dans les régions circumvoisines. Il est certain que cette ‘appellation’ Amiel que ce soit en tant que prénom ou nom est très répandue alors. Outre ces ‘nobiles’ que nous avons vu, Amiel est le nom de beaucoup d’individus, les preuves historiques ne manquent pas! Tel cet Amiel premier seigneur d’Arques, dans l’Aude, en 1011. ou ce Géraud Amelius seigneur de Lagrave, dans le Tarn, vers 1060, ou encore ces Amiel de Vilar, chevalier, seigneur de Beauteville (Haute-Garonne) et Poncii Amelii (Pons Amiel), seigneur de Capdenac (Aveyron) au milieu du XIIIème S.. Et pas seulement dans la terre d’élection de ceux-ci; au XIIème S. on trouve un Amiel, seigneur de Venisy, qui, par la dot de son épouse, reçut la seigneurie de Nangis, petite ville de Brie (Seine-et-Marne). Entre ces deux régions, dans le centre, le cartulaire de l’Abbaye d’Obazine cite un certain Géraud Amiel, possesseur de nombreux biens, dans une vente au profit des moines, biens provenant notamment de sa manse du Peuch (propriété rurale), vente confirmée par son fils et Hugues Amiel (son frère peut-être). On voit aussi par cet exemple que le second élément du nom est bien devenu patronymique (appartenant ou marqueur de cette lignée familiale). Il se peut aussi que cette propriété du ‘Peuch’ soit l’origine du nom patronymique « Peuchamiel » toujours porté actuellement, désignant ceux qui habitent le mont (pech) appartenant à Amiel ou aux Amiel. On connait le nom d’un des fils de ce Géraud, par le même cartulaire, car il donne à titre de dot monastique à l’Abbaye, des droits sur certaines terres, pour l’acceptation de Pierre Amiel parmi eux.(cf « Le cartulaire de l’Abbaye cistercienne d’Obazine (XII-XIIIè. S.) » Abb. d’Ob. & B. Barrière Presses.Univ. Blaise Pascal Clermont-Ferrand 1989). Parmi ces petits seigneurs locaux, beaucoup ont le titre de chevaliers (socle de l’état nobiliaire), je viens d’en citer un, en Provence on pourrait en citer aussi pas mal: Amiel d’Agoult, Amiel de Malval ou encore Amiel Gassoli, de St Maximin. Certains sont aussi Chevaliers d’un ordre religieux, l’Ordre de Malte par exemple; en 1183, à Toulouse, est cité le Chevalier Amiel Bernard du Falgar (lieu du Lauragais à l’est de la ville), il vient pour s’humilier devant le Prieur de l’Ordre… Quelquefois ce sont les sceaux, ces cachets de cire qui authentifient les signatures au bas des documents, qui nous renseignent; on possède d’ailleurs celui de cet Amiel de Capdenac cité plus haut, celui aussi de Amiel de Camlon (ou Camlong, Camplong, de Campolongo) daté de 1242, sur un acte dans lequel les habitants de Laurac (en Lauragais d’où provient le nom de cette région) jurent fidélité au roi de France, vainqueur de l’horrible croisade albigeoise et se soumettent à son autorité par la force des choses.
A l’extérieur du royaume, sous l’autorité papale, on trouve aussi des Amiel qui, sans être pour autant des religieux (l’Eglise est aussi une puissance temporelle surtout en ce temps-là) jouissent de fonctions très importantes, soit dans l’entourage des Papes, soit pour l’administration des biens d’église; Jacques Amiel est l’un de ceux-là; Il est le premier maréchal (administrateur) du Duché de Spolète (Italie) que nous connaissions; il assure ce poste alors que son frère Jean est au ‘rectorat’, de 1323 à 1332. Auparavant il est Damoiseau de Cahors (Lot) , dès 1320 familier de son frère, alors Trésorier, et remplit pour lui diverses missions à Avignon (siège papal de 1309 à 1376) (rèf: « L’administration pontificale dans le Duché de Spolète (1305-1352) » Ch. Reydellet-Guttinger Ed. Olschki 1975). Je reviendrai sur ce Jean Amiel, le recteur, car il a été un mécène de cette ville… Bien plus au nord de l’Europe, dans la société civile, on pourra trouver quelques Amelius, tel ce noble ou bourgeois d’Utrecht (vieille ville commerciale des Pays-Bas) qui possédait des armoiries.
Mais revenons en France du sud. Au milieu du XIVème S. l’une des trois branches de l’illustre famille des Baux dont j’ai déjà parlé a donné Amiel de Baux-Avelino, sénéchal de Beaucaire et Nîmes pour le roi de France. Au XVème s. un chevalier du nom de Amiel de St Paul sert dans la Compagnie de Mr le Comte de Foix (1451); près d’un siècle auparavant, en 1368, on trouve à la même place un Amiel de Séguier, originaire de la région de Pau. Vous voyez ici que l’emploi d’Amiel comme prénom perdurera longtemps, alors que l’emploi de la version plus française d’Emile va se propager autant en français que dans les autres langues latines ou anglo-saxonnes, seulement aux temps modernes, au XVIIIème S. notamment avec le fameux « L’Emile » de Jean-Jacques Rousseau, oeuvre qui mérite un article à elle seule bien entendu.
Mais nous n’en sommes pas encore au Siècle des Lumières… Nous resterons pour quelques temps dans le moyen-âge, il y a tant et tant à dire!
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Nous avons vu que ce nom qui nous vient en premier lieu des Hébreux, chez qui il était un prénom comme tous les autres noms d’hommes, fut aussi celui d’une illustre gens romaine, copié par-là même par les peuples conquis, notamment en Gaule et en Hispanie, aussi par les goths qui s’installeront durablement en Espagne et en Septimanie, ce nom qui, sous l’influence des Franks (non, il n’y a a pas de faute) deviendra aussi un prénom plus tard francisé en Emile, ce nom enfin sera assez courant au Moyen-Âge. Popularisé comme nom de baptême (futur prénom), grâce aux saints de ce nom latin, sous la forme romane d’Amélius (ou Amilius) cette origine se rajoutera aux autres comme nom patronymique. Il faudrait ajouter à ces nombreuses origines celle qui lui provient sans doute de l’occitan, cette vieille langue romane déjà célèbre au haut Moyen-Âge, langue qui désigne dans cette appellation l’amande, fruit de cet arbre si commun dans l’aire d’origine des Amiel dont j’ai déjà parlé plusieurs fois. On le voit bien, et vous voudrez bien vous reporter à ce que j’en dis sur l’origine des noms et prénoms à propos des femmes Amiel, il y a une véritable coupure entre la fin de l’Empire Romain, qui met fin à l’Antiquité, et les débuts du Moyen-Âge, dans ces temps dits barbares qui verront l’installation dans les faits comme dans la civilisation, d’autres façons de gouverner, vivre et donc d’être nommé. C’est avec les temps carolingiens que va commencer cette grande période de la féodalité, nouveaux temps, nouvelles moeurs. Mais il ne peut pour autant être fait table rase du passé; surtout du passé récent ou de grandes institutions comme le droit romain par exemple; de la religion aussi d’autant plus que l’Eglise de Rome sut retourner sa veste vis-à-vis des institutions civiles et politiques à temps pour s’imposer chez ces nouveaux occupants. Le passé récent en Languedoc, terre de la Septimanie, c’est on l’a vu, les Goths et ce sont des Goths qui vont se fondre dans ce nouvel ordre carolingien: des comtes ameliens d’origine gothe sont ainsi repérés dans la région entourant Béziers, par exemple à Sérignan dès la fin du IXème S. On relève même, alors que ces noms sont encore rares dans les textes, plusieurs Amélius et Atto aux côtés des comtes de Carcassonne dans les Plaids (assemblée des notables) de Carcassonne en 883 et d’Alzonne en 898 (cf Hist. Générale du Languedoc t. V., testament du comte Acfred de 906, aussi donation à Montolieu, d’Amélius possessionné dans la région audoise, en 908). Un siècle plus tard, en 1002, un Amélius donne la ville de Pélissanne, en Provence, l’autre terre d’élection de notre nom, à l’Abbaye de Montmajour (près d’Arles). Sa descendance y est trouvée encore en 1060, un toponyme, « la Coste d’Amiel » près du castrum de Pélissanne nous confirme cette implantation amielienne. (réf: Cl. Duhamel Amado, « Genèse des lignages médiévaux » vol 2. CNRS Université du Mirail Toulouse). Dans le piémont pyrénéen un certain Amelius Simplicius est souvent nommé comme l’un des plus anciens de la même époque romane. On le trouve comme l’ancêtre en quelque sorte de nombreuses familles ameliennes de la grande région allant de l’Albigeois et Toulousain, au Comminges, Pays de Foix et Comté de Carcassonne. Ces noms, pour l’époque encore noms de baptême, sont aussi en usage dans le si proche Comté d’Urgel (de l’autre côté des Pyrénées, en face du Comté de Foix) à la fin du Xè. début du XIème S.: un Amélius est Abbé du monastère de St Saturnin (diocèse d’Urgel) en 973 (cf. Marca Hispanica col 405) et un Amélius est Evêque d’Urgel en 1027. (cf. idem col 434) (réf: E. Magnou-Nortier, A-M Magnou, CTHS 1996). En Albigeois seront connus les Amiel de Penne (un hameau de cette commune porte encore le nom d’Amiel), descendants peut-être des Amiel de Rabat et Pailhès indiqués pour la première fois en 1095, dans un traité du Comte de Foix, (et dont les descendants furent accusés d’hérésie, ayant participé selon l’Inquisition au Massacre d’Avignonet en 1243), parents eux-mêmes des Amiel du Comminges et, par-là même des Amiel proches des Vicomtes de Carcassonne (Amelii de Carcassona en l’an 1095 par exemple). Ainsi le château de Roquefixade qu’on sait être une propriété des Amiel depuis au moins les années 1050, famille que l’on voit par ailleurs toujours aux côtés des Comtes de Toulouse. Le Cartulaire des Trencavel (vicomtes de Carcassonne), dans une analyse détaillée faite par J. Dovetto, pour 617 actes, de la période 957-1214, fait apparaître plusieurs Amiel: Manfred Ameli, de Penne, et Guilhem, son frère, font hommage à Raymond Trencavel, fils de Cécile, pour leur château de Penne, en 1150; également à Roger de Béziers, frère de Raymond, l’an de l’Incarnation 1139. Un autre Amiel, fils d’Audiard, fait serment de fidélité à Ermengarde, fille de Rengarde, pour le château d’Auriac, toujours vers 1139. Encore à la même époque, Bernard Amiel, fils de Guille, jure fidélité, ainsi qu’à son fils Bernard Aton pour le château de Foix qui reviendrait à ladite Ermengarde en cas de mort du comte Roger de Foix.(réf: J. Dovetto « Cartulaire des Trencavel… Centre de Rech. et d’Inform. des Conférenciers de la Cité de Carcassonne 1997). Du côté du Gard, où l’on connait une forte implantation des Aemilius dans les temps gallo-romains, et outre quelques toponymes, on peut noter, dans le Cartulaire de Trinquetaille (Prieuré de St Gilles de l’Ordre de Malte), une famille Amiel dont Renaud Amiel qui, en Octobre 1182, donne pour le salut de son âme (ça se faisait beaucoup alors et c’était bien pratique), de celle de son épouse Rixende, et celle de leur fils Hugues Amiel, (après tout pourquoi pas!), tout ce qu’il possède au Mas Thibert, à l’Ordre Hospitalier. Connu donc dans toute l’aire traditionnelle des Amiel jusqu’à nos jours le nom est aussi présent dans l’aire périphérique mais aussi bien plus loin, plus rare toutefois. J’en veux pour preuve ces Amiel, famille de l’Isle, aujourd’hui L’Isle-Adam dans le Val d’Oise, dont le troisième du nom, Amiel III prît le surnom d’Adam, surnom qui ajouté au nom de lieu devînt le nom de la commune; on sait qu’il se croisa en 1239. A la même époque, un Amiel est coseigneur de Cavaillon (Vaucluse); et puis n’oublions pas les Amiel de Tréville, cette véritable dynastie de capitouls toulousains des XIIIè -XIVè et XVèmes S. dont j’ai déjà évoqué le nom, qui, bien qu’inquiétés durant la Croisade Albigeoise parvinrent à durer: L’Inquisition, la Sainte Inquisition doit-on dire, soumit certains d’entre eux à la Question (avec une majuscule, il s’agit ni plus ni moins que de torturer les malheureux pour qu’ils avouent tout ce que l’Inquisiteur veut) et ils furent jugés; Jean Amiel par exemple, en 1244, qui est peut-être le fils de Pierre, capitoul en 1207, c’est du moins ce que pensent les hagiographes des XVII et XVIIIè S.(réf: Et. Léon de Lamothe-Lançon « Histoire de l’Inquisition en France » 1829). Outre les familles déjà citées, il y eut d’autres Amiel dans des familles aussi nobles, en Provence (les Amiel d’Agout, les Amiel des Baux, ou ceux de Solliès par exemple) mais aussi en Rouergue, comme les nombreux Amiel du Puy dont je vous narrerai la généalogie. En Ariège encore, au XIè S., la plupart des ‘nobiles’ de la vallée de la Lèze appartiennent à la famille des Amelius issue de celle des comtes de Toulouse (réf: Ph. de Latour « la dynastie Amelius X-XIIè. », article paru in « Revue du Comminges » 2003, 3ème trim. p. 399). Au temps de Saint Louis (roi de 1226 à 1270), un seigneur de cette vallée, au Mas d’Azil s’appelait Guillaume Amilius.Toujours en Ariège, un auteur pourrait presque parler de ‘tribu Amelius’ en vallée de Sos aux XIè et XIIè. S., tant les grandes familles nobiliaires présentes sont en grande partie du « groupe Amelius » comme à Quié, Rabat (déjà noté) ou Marquefave (réf: Fl. Guillot, « Seigneurs et castra en Sabarthés au XI et XIIè S. ». Dans l’Aude citons les petits seigneurs locaux tels que, durant la fameuse croisade contre les cathares, Amiel de Villalier (mort peut-être dans sa prison de la Cité de Carcassonne, lors de la défaite d’Olivier de Termes, en 1240), Peire Amiel archevêque de Narbonne, Amiel de Rustiques.
Bien entendu, vu la place prise par l’église catholique dans cette société du moyen-âge (et qu’elle gardera encore durant pas mal de siècles), je n’ai pas pu parler des nombreux personnages liés à la religion et ce domaine fera l’objet d’un article en particulier pour cette même période. Poursuivant dans la société civile, nous verrons la prochaine fois, ce qu’il en est de notre nom dans des classes moins élevées.
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Pour ceux que cela étonnerait il faut préciser que la modernité a commencé il y a pas mal de siècles, au XVIIème plus précisément, alors que les grandes découvertes du monde commencent, que le nouveau monde nord-américain va s’émanciper, que le commerce va devenir mondial …Ce n’est pas pour autant une période d’émancipation des moeurs, des classes sociales, il faudra attendre pour cela le bouillonnement intellectuel du siècle suivant et les essais de sa mise en application à la fin seulement de ce même XVIIIème s. pour ce qui concerne la vie de la cité. Quant aux femmes, on ne notera que des phénomènes isolés concernant leur ‘libération’ de l’emprise masculine. En ce qui concerne les noms il est donc toujours aussi logique qu’au moyen-âge de voir ces filles, ces épouses n’exister légalement que par leur père ou mari, même si dans les faits, notamment au XIXème siècle on voit poindre certains caractères de libéralisation: essais du statut de divorce, reconnaissance d’autonomie pour les veuves, dans certains métiers, courant intellectuel comme Stendhal qui, dans sa dernière oeuvre, « Lamiel », essaie de libérer son héroïne du carcan viril, sujet à développer un de ces jours, bien sûr!…mais cette émancipation attendra encore…à peine si le XXème siècle en verra certaines applications concrètes que vous connaissez autant que moi.
Passons donc en revue quelques exemples significatifs de cette période qui ne peut, vous le comprendrez donc, remonter qu’à la période révolutionnaire, les XVII et XVIIIèmes S. n’étant pas très novateurs pour ce qui nous concerne, les femmes du nom d’Amiel ou allii n’étant pas issues des milieux favorisés de cette époque (même si l’on peut trouver des bourgeois portant le nom d’Amiel). Exception faite d’une Ursule Amiel qui épousa un émigré royaliste du nom de Jacques Scévola Cazotte et qui regarda avec lui la Révolution et l’Empire depuis l’Angleterre. Retouné en France à la Restauration des Bourbons, il fit paraître en 1839 (Ed. D’Adrien et Le Clère), à Paris, un livre sur cette triste période pour lui, pour eux devrais-je dire, « Témoignage d’un royaliste », dans lequel il consacre un § à son épouse, intitulé « Une Française, Ursule Amiel, épouse l’auteur et fait le bonheur de sa vie »; il loue cette femme ainsi: Elle a « versé le bonheur sur toutes mes journées », « Cette mère tendre a nourri quatre de mes enfants, consolé ma pauvreté, relevé mon courage… »; c’est une femme comme l’on n’en fait plus, n’est-ce pas? Son statut est celui des temps anciens, qui n’a guère évolué depuis des siècles et qui restera peu ou prou celui de pas mal de générations féminines encore…Autre exemple avec la marraine de Louis Pasteur, cet immense bienfaiteur de l’humanité qui était tout autant un homme de son temps; on a de lui une correspondance importante parmi laquelle des lettres à ses proches dont sa marraine, Mme Amiel, à qui il écrit par exemple le 23 Août 1879 depuis son village natal d’Arbois, dans le Jura. Un autre grand homme de cette fin du XIXème s. en la personne du premier Prix Nobel de Littérature, Sully-Prud’homme doit beaucoup à une femme du nom de Alice Amiel; il a trouvé près d’elle une grande confiance sur qui éprouver la valeur de ses créations littéraires, échangeant avec elle une volumineuse correspondance publiée en 1911 par « Le Livre Contemporain » dont je vous donnerai un aperçu forcément. De ce XIXème S. il faudrait aussi parler des femmes de la famille d’Henri-Frédéric Amiel, mais elles n’ont d’existence que celle que leur a donné leur illustre parent dans son immense ‘Journal Intime’; il ne faut pas les confondre avec « Les demoiselles d’Amiel » sorte de cénacle d’adulation féminine autour du professeur genevois. Arrivons au XXème s., dans le domaine toujours littéraire, notons dans une famille Amiel audoise, parente d’ailleurs de Henri-Frédéric, Augusta Amiel-Lapeyre, mère de Denys Amiel, auteur dramatique assez connu, qui publia en 1930 un recueil de maximes intitulé « Pensées Sauvages », un peu à la manière de H. Frédéric dont je tirerai à titre d’exemple, celle-ci: « Le parisien ne vit que dans le présent, le provincial vit surtout dans l’avenir et souvent avec ferveur dans le passé ». Plus connue sans doute est la danseuse Josette Amiel, née en 1930; Elle fut Danseuse Etoile de l’Opéra de Paris entre 1958 et 1971, Professeur à l’Ecole de l’Opéra de Paris ensuite jusqu’en 1996, Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur de l’Ordre du Mérite. Nous reviendrons sur tout cela dans une biographie qui lui sera consacrée. Enfin notons que le Prix Nobel de Littérature 1985 Claude Simon qui réside en Roussillon, région d’origine de sa mère, Suzanne Denamiel introduisit celle-ci dans plusieurs de ses romans, on en reparlera également.
Pour terminer et pour ne froisser personne, sachez que j’ai répertorié beaucoup de femmes Amiel contemporaines dans les domaines du cinéma, de la finance, des arts et de la médecine ainsi que dans les sciences, le commerce et l’industrie…ça y est elles sont bel et bien libérées et c’est tant mieux même si mon ego de méditerranéen en souffre un peu.
Je terminerai cette série consacrée à la gent féminine amiélienne par ces trois pensées d’Augusta Amiel-Lapeyre qui résument bien, il me semble, mes intentions sur ce site et pour chaque sujet que j’y aborde:
« Quand pour nous le jour baisse, nous devons allumer la lampe qui va montrer le passé aux jeunes qui nous entourent »; »De même que les archéologues reconstituent un monument avec une seule pierre, notre esprit peut revivre une époque avec un seul débris de souvenir »; « Epuiser son sujet c’est épuiser aussi… la patience de son interlocuteur ». Je m’arrêterai donc là pour cette fois!
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A l’issue de cette période antique on peut affirmer que ce nom Amiel ou Aemilius s’est propagé dans tout le bassin méditerranéen, notamment dans la péninsule ibérique et la Provincia Romana (Languedoc-Roussillon et Provence actuelles). Il faut ajouter sans doute à ces origines les Amilius d’origine gothe ou qui ont voulu ce nom à cause des Wisigoths (dont les rois prirent le nom d’Amali si proche des Aemilii latins comme nous l’avons vu), ce peuple étant resté deux siècles (VI et VIIème s.) sur ce même sol languedocien et roussillonnais pendant le temps de leur royaume en Espagne (sur cette terre de Septimanie comme elle était alors appelée). Il n’en demeure pas moins que la chrétienté est toujours à l’oeuvre dans ces régions comme ailleurs en Europe, le pouvoir civil des rois carolingiens aidant; l’usage du nom du père ne va pas survivre à l’empire romain, selon les habitudes des nouveaux occupants, ces ‘barbares’ comme les nommaient les romains, l’usage du seul prénom devint la règle; parmi les prénoms de cette origine germanique on vit apparaître les prénoms d’origine chrétienne formés à partir des martyrs des temps apostoliques et des saints de l’église officielle. Pour quelques siècles cette dénomination très basique va suffire pour nommer les hommes (et les femmes) soit entre le VIème et la fin du IXème siècle. C’est en effet une période de stagnation de la population. La terreur de l’an mille passée la démographie va reprendre et il sera nécessaire alors d’ajouter au simple prénom (que l’on appellera désormais nom de baptême en référence aux origines indiquées plus haut) un nom supplémentaire (qui deviendra patronymique un peu plus tard) destiné à ‘reconnaître’ parmi les individus ayant le même prénom celui ou ceux qui sont l’appellation d’autres personnes. Ce sera l’apparition de nombre de patronymes liés au lieux de naissance ou de vie, aux caractéristiques de la personne (qualités, défauts, particularités physiques ou morales, métiers, peuplades etc…) toutes originalités qui font le bonheur des anthroponymistes depuis le XIXème s. Et l’anthroponyme Amiel passera par ces stades bien que son origine soit bien plus ancienne comme on l’a vu. Il a gardé de son illustre passé les deux versions de traduction possible en langue romane d’abord puis en français (ou en espagnol, italien, les langues anglo-saxonnes étant quelque part plus fidèles à cette origine latine); pour ce qui est du prénom nous aurons Emile, Emilie (et composés tels Emilien, -ne par exemple), le nom patronymique étant Amiel (et composés régionaux dont je vous ai déjà donné un avant-goût) en passant par un Amilius, compromis entre le latin et la langue romane, le latin du moyen-âge puis le français et les autres langues (dans une moindre mesure) voulant décidément supprimer cette double lettre initiale ‘ae’ qui toujours de nos jours est très peu usitée: c’est soit Am… soit Em… dorénavant! Quelquefois cependant nous aurons des Ham…(Hamilius au Luxembourg par exemple) mais pas de Hem…Hum! c’est bien compris!
Revenons à nos moutons et voyons ce qu’il en fût pour ces prénoms et noms féminins étant donné que les deux origines et traductions nominatives sont dès lors très liées. Dans le domaine des saintes émiliennes je citerai d’abord Sainte Amélie (plus amilienne d’ailleurs) l’une des chrétiennes de Lyon du temps de l’évêque Pothin aux temps apostoliques, qui fut martyrisée avec Sainte Blandine et d’autres, jetés en pâture aux fauves dans le grand amphithéâtre de cette ville durant l’été 177 de notre ère. Au Vè s. il faut noter Ste Eustoche qui, bien qu’elle ne porte pas le nom des Aemiliens est pourtant une descendante des Aemiliens et des Scipions, par sa propre mère Ste Paule, de la famille des Paulii, branche on l’a vu des Aemilii depuis au moins le IIIè s. av. J.C. Ces deux femmes ont été les disciples du grand Saint Jérôme, et le suivirent en Terre Sainte mais je vous raconterai ces vies plus tard. Enfin une Sainte Meille était au moins encore au XVIIème s. honorée dans le diocèse auscitain (Auch, Gers).
Le nom patronymique Amiel se répand donc en une nouvelle vague sur ses anciennes terres de prédilection (l’arc méditerranéen) mais on le trouve utilisé dans les autres régions également, souvent comme prénom (je rectifie légèrement ce que j’ai écrit plus haut, Amiel a aussi été un prénom usité au moyen-âge). Une sacrée affaire religieuse d’abord puis politico-religieuse va permettre indirectement de voir combien le nom d’Amiel fut porté dans le Languedoc, aux XII et XIIIèmes s. Je veux parler bien sûr de l’horrible croisade intentée par l’Eglise de Rome et les gens du nord de la France (les ‘francimans’ pour les gens du sud) à cette période-là. Par les récits des chroniqueurs de ce temps et par aussi les « Registres de la Sainte Inquisition » nous avons les noms de beaucoup de personnes de la région allant d’Albi aux Pyrénées, certaines nobles, des religieux et de simples habitants surtout que le bras de l’inquisition a inquiété pour ne pas dire plus: c’est une période malheureuse pour ce sud que j’aime tant mais les documents sont très nombreux et l’on peut suivre presque au jour le jour certains évènements ou situations. On y reviendra bien entendu; juste quelques noms de « parfaites » ou sympathisantes cathares que l’église s’est attachée à traquer opiniâtrement: Rixende d’Amiel, hérétique carcassonnaise; les Amiel du Mas Stes Puelles connus sous le nom ‘d’Amiel’, ‘d’en Amiel’ (père) ou ‘d’Alamaniel’ (de la mère Amiel), maison noble de ce bourg du Lauragais. Par un acte de Mars 1250, Guillaume Ferrel se porte caution pour Adalaïs Amiel et Raymonde, femme de Bernard Amiel, de Preixan (Aude) parmi bien d’autres….
J’aurai l’occasion de vous parler d’une famille de marchands toulousains qui eut plusieurs de ses membres élevés au rang de Capitouls de Toulouse, durant une longue période entre les XIII et XVIèmes s. Ils acquirent par mariage la petite seigneurie de Tréville, en Lauragais (quelques Km au nord de Castelnaudary); leur ultime descendante du nom de Claire d’Amiel au XVIème, entra dans la famille de Baderon et devint l’origine des seigneurs de Corneilhan (Hérault).
Ceci nous amène à la période moderne et contemporaine dont je vous parlerai la prochaine fois.
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Non, décidément, je ne peux quitter cette période antique sans vous parler des gallo-romaines en guise de transition entre les romaines et celles que nous devrions appeler les franco-gallo-romaines car héritières de ces trois origines sur le sol français, cadre de mes références suivantes.
Replongeons donc dans la romanité avec, pour commencer, cette Aemilia Lepida, fille de Lucius Aemilius Paulus, homme qui pouvait encore sous les débuts de l’Empire se targuer d’appartenir à la famille illustre que nous connaissons maintenant un peu. Cette position sociale, alors que les influences politiques semblaient désormais affaiblies, lui permit d’essayer de conserver au moins cet avantage en se mêlant à la puissante famille d’Auguste, le prestigieux premier empereur. Et cette descendante des Aemilii Paulii devint ainsi la petite nièce du grand empereur par des relations familiales entre ces deux familles; d’autres Aemilia s’agrègeront ainsi à cette famille augustéenne pour essayer de garder le rang de la si vieille famille patricienne mais ce sera finalement peine perdue (si je puis dire)…A noter deux exceptions: Aemilia Lepida (une autre) qui fut l’épouse de l’Empereur Galba mais celui-ci ne régna que de 68 à 69; et Clara Salvia Aemiliana (donc de la gens Aemilia mais adoptée dans la gens Salvia) qui a épousé en premières noces Petronius Didius Severus et fut la mère de l’Empereur Marcus Didius Severus (né en +/- 137, emp. en 193 et mort cette même année) selon l’Histoire d’Auguste; elle l’aurait eu alors qu’elle n’avait que dix-sept ans.
Les Aemilia ne survivront que par leur nom; ce dernier (autant que leur équivalent masculin) est très présent dans les épitaphes des tombeaux, que ce soit en Italie, en Afrique du Nord, mais surtout pour les mêmes raisons que j’ai déjà indiquées, en Espagne et en France; la pierre nous a conservé les noms d’ un grand nombre de tendres épouses regrettées de leurs maris et de leurs enfants; je vous donnerai en son temps un large éventail de leurs noms et des statistiques à ce propos. Quelques exemples seulement ici: l’épitaphe d’Aemilia Bitugnata, citoyenne romaine, fille d’Ateuloibitis, datant de l’époque triumvirale ou augustéenne ( Ier s. av. J.C.), trouvée près de Bagnols/Cèze (Gard) qui par cette datation et sa filiation est parmi les premières familles gallo-romaines. En Aquitaine on garde toujours le souvenir du poète Ausone dont le grand-père s’appelait Aemilius Magnus Arborius et la mère de ce dernier (donc l’arrière grand-mère) avait pour nom Aemilia Corinthia; cette dame, originaire de Dax, eût pour filles Aemilia Hilaria qui fut connue comme médecin et Aemilia Eonia laquelle épousa Julius Ausonius médecin lui aussi et fut la mère de notre célèbre rhéteur bordelais. Nous savons cela par les écrits d’Ausone lui-même, consignés dans les « Parentalia », sur lesquels nous reviendrons. Je ne peux résister ensuite à vous citer cette épitaphe ibérique qui résume certains traits des relations familiales et sociétales de ces premiers siècles de notre ère, et sans commentaires tant le texte (traduit) suffit: « Aus dieux mânes. A Gaius Helvius Natalis, sévir augustal de la Colonie de Barcelone; à Aemilia Fidentina, son épouse; à Hiberalis et Marcella, leurs affranchies. Ce tombeau ne fait pas partie de l’héritage. N’y fais pas tes besoins » (sans erreur ou fantaisie de traduction!). Vers la fin du IVème S. un certain Aurèle Augustin, plus connu dans les milieux théologiques chrétiens sous le nom de St Augustin, Père de l’Eglise Latine (pas moins!), philosophe, théologien et … moraliste aurait eu à affronter la tentation féminine (pour un futur saint, alors, autant dire le diable) en la personne de la belle Flora Aemilia, son amour de jeunesse qu’il repoussa sans doute, choisissant définitivement l’ascèse de la religion du Christ … mais ce n’est là qu’un roman moderne de notre temps. Mais des chrétiennes aemiliennes il y en eût aussi, bien entendu; certaines sont proches de l’Eglise de l’Ombre (l’Eglise d’avant l’Edit de Constantin qui la légalise en 313), celle des Catacombes Romaines (dont nous avons des traces épigraphiques mais qui valent que l’on en parle spécialement)… Au IVème s. le culte chrétien non seulement éclate au grand jour mais, par le fruit de ses diverses implications dans le domaine politique romain (puis plus tard avec son revirement ou son accompagnement des évolutions dans ce même domaine), s’implante dans toutes les classes sociales et se répand sur tout le vieil et moribond empire romain. On se fait enterrer, quand on a les moyens, dans un sarcophage; tel celui de cette jeune Aemiliana de St Bertrand de Comminges (ville gallo-romaine de Haute-Garonne) datant de vers 350 et portant outre des inscriptions funéraires, un beau chrisme (monogramme du Christ formé des lettres X et P entrelacées). La religion chrétienne va devenir insensiblement le ‘fil rouge’ de la société européenne pour pas mal de siècles pour plusieurs raisons que nous ne verrons pas ici mais dont l’une des principales me semble être son organisation, qui doit être excellente puisque elle est toujours actuelle, pyramidale et sans faille, dont le sommet est bien entendu le Pape. Nous aurons l’occasion de remonter jusqu’aux temps apostoliques (Ier et IIème S.) mais je vous dirai plutôt ici un mot d’Aemilia et de sa famille, de l’entourage du saint et principal pape Grégoire-Ier le Grand (né vers 540, pape de 590 à 604). Cette famille aemilienne semble très proche de la papauté de ce temps. On trouve sur la tombe de Félix III prédécesseur et père de Grégoire, les noms de Paula ‘clarissima femina’, fille du diacre Félix, morte en 484 et Aemiliana ‘sacra virgo’ morte en 489. Cette dernière est, avec Gordiana et Tarsilla, tante de Grégoire car soeurs de son père Gordien. Décidées à consacrer leur vies à Dieu, elles firent l’objet d’une homélie de leur neveu (‘Evangile’ 38.15 et Dial. IV 16) pour illustrer un passage de l’Evangile de Mathieu concluant que « Beaucoup sont appelés mais peu sont choisis ».
Maxime que je devrais peut-être reprendre à mon compte en la mettant au féminin, pour ce qui nous concerne ici, car les lignes s’ajoutent et je m’aperçois que je n’ ai pas encore pu quitter cette Antiquité décidément si attachante par tous ses aspects; ferme résolution est prise de passer au moyen-âge la prochaine fois!
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Je dois d’abord expliquer ce que j’entends par ce titre; nos sociétés occidentales sont particulièrement et historiquement patriarcales: nous portons un nom patronymique, un nom transmis par notre père. L’histoire par conséquent a retenu essentiellement les noms d’hommes rarement ceux des femmes et encore moins ceux des enfants…Il faut que l’épouse, la fille ou l’enfant ait laissé une trace dans les textes pour que l’on puisse parler de nom personnel à l’égard de ces personnages, c’est donc dans ce cadre que peut se dérouler cet article.
Pour continuer sur la même méthode que précédemment, partons tout d’abord chez les hébreux, et plus de mille ans avant notre ère (soit il y a trois mille ans). Le peuple d’Israël est depuis peu un Royaume unifié (pour peu de temps) par le grand roi David, qui de roi de Juda (du sud) parvient à réunir toutes les tribus sous son nom et mettre en avant la ville de Jérusalem comme centre politique et religieux. David eut beaucoup de concubines (ça ce faisait alors!) et pas mal de descendants, mais alors qu’il était à Jérusalem, par un soir de printemps nous dit la Bible (2 Samuel 11), il découvrit une beauté qui se baignait sur la terrasse de sa maison tandis qu’il se promenait sur la sienne après avoir fait une sieste (eh oui, ça aussi c’était déjà courant). Mais cette belle personne était mariée et David commit sans problème un adultère notable pour un personnage aussi important que lui et que la Bible nous avoue pourtant. Bien obligée de l’avouer, les suites politiques étaient trop majeures pour l’histoire d’Israël, mais n’allons pas trop loin. Pourquoi vous parler de David et de cette créature de rêve me direz-vous? Et puis quel était son nom? Elle ne pouvait s’appeler Amiel(e) c’est un nom masculin, elle portait le nom de Bathsheba ou Bethsabée en français. Je vous dirai un jour les hypothèses sur la signification de ce nom mais le principal, ici, c’est que la Bible nous dit qu’elle était la fille d’Amiel, l’un des braves de David (de ses meilleurs et proches guerriers dont nous reparlerons également). Elle sera la mère de Salomon, au règne si merveilleux selon toujours la Bible, qu’elle parviendra à mettre en avant afin que son père lui laisse le trône. Nous verrons cela plus tard…
Sautons quelques siècles et traversons la Méditerranée (vous en avez maintenant l’habitude sans doute si vous me lisez régulièrement!) et posons-nous dans cette attirante romanité. Je vous ai dit que les femmes, dès leur naissance prenaient le nom de leur ‘gent’ mis au féminin, soit pour les filles aemiliennes, le nom d’Aemilia, complété lorsqu’elles se mariaient du nom de la gent de leur époux. Et vu la richesse des textes antiques romains vous ne serez pas étonnés de savoir que plusieurs Aemilia sont connues. Et toujours selon le cadre devenu habituel, à commencer par la mythologie; certains auteurs antiques ont directement remplacé le nom de Rhéa Sylvia, mère de Rémus et Romulus, par Aemilia, la donnant comme fille d’Enée le Troyen et Lavinie (fille du roi du Latium). Dans le domaine strict de l’histoire je ne peux ici vous les citer toutes (mais on les verra c’est promis); nous parlerons seulement de quelques figures essentielles qui ont marqué leurs contemporains. Plusieurs vestales pour commencer; les vestales étaient ces jeunes filles astreintes à l’entretien du ‘Feu Sacré’ du Temple de Vesta (situé près du Forum Romain) qui devaient rester vierges durant tout leur sacerdoce (qui ne se terminait heureusement pas trop vieilles pour convoler en justes noces) et vivaient recluses près de ce temple dans une Maison qui leur était dévolue. La plupart ont effectué ce temps sacerdotal sans problème malgré ces dures conditions, toutefois certaines n’ont pas précisément dirons-nous effectué leurs obligations. C’était très grave et elles risquaient bien entendu la mort pour cela. Parmi ces dernières on trouve Aemilia qui avec sa compagne Licinia eurent chacune le frère de l’autre pour amant! Quelle perversité! mais bien pratique quand même. L’intérêt du plaisir et cette espèce d’alliance les avaient unies; le changement de galant et l’émulation (caractère très aemilien je vous le rappelle) parvint à les faire se brouiller; elles se déchirèrent, cela finit par se savoir au dehors et se termina par leur condamnation à mort et un trouble important dans toute la ville selon Dion Cassius qui en fit la relation. Autre vestale: Aemilia qui, par imprudence, laissa le fameux ‘Feu Sacré’ s’éteindre (elle avait bêtement laissé ce soin à une autre vestale plus jeune et inexpérimentée). Là aussi toute la ville de Rome fut dans la consternation; sa négligence coupable fut découverte, je vous passe le détail des textes (pour le moment), toujours est-il que les Dieux entendirent sa supplique: Elle parvint sans flamme extérieure à ranimer le feu sacré, un vrai miracle païen dont l’ordre des Vestales s’est même prévalu pour la justification de l’entretien de ses vierges sans qui Rome ne survivrai pas! Je vous ai dit que l’un des personnages majeurs de la République fut sans conteste Aemilius Paulus Macedonicus, fils du non moins connu Lucius Aemilius Paulus. Il eut une soeur du nom d’Aemilia, bien entendu, qui fut mariée à Scipion l’Africain (le vainqueur du terrible Hannibal). Les auteurs antiques ont parlé d’elle, Plutarque comme Tite-Live. De ce couple naquit une fille qui se maria avec Tibérius Gracchus, cette Aemilia est donc la grand-mère des fameux frères Gracques dont vous avez peut-être entendu parler (ils ont essayé d’amener beaucoup de démocratie dans la fin de cette république sans y parvenir). Et cette ‘mamie’ était très à l’aise et laissa à sa mort une riche succession (les détails pour plus tard). Et puis il y a un peu plus tard cette Aemilia qui fut empêtrée malgré elle dans une histoire sordide de mariages entre Sylla et Pompée dont parle Plutarque. Elle a été une pauvre martyre des luttes entre ces deux dictateurs et mourut en couches très rapidement. Là aussi voilà une histoire sur laquelle je me dois de revenir. Et enfin sous l’Empire, je ne parlerai pas des intrigantes aemiliennes du premier siècle (il y a tant à dire que ce n’est pas le moment), seulement de cette Aemilia surnommée Musa qui mourut du temps de l’Empereur Tibère (14-37 ap. J.C.). Elle était, elle aussi, fort riche et ne laissa aucun testament vu l’absence d’héritiers. Les intendants du fisc revendiquèrent la succession par une espèce de droit d’aubaine (comme celui que se permettent les ‘rapaces’ de toutes sortes). Tibère que l’on connait plutôt sous un autre angle arrêta pourtant leurs poursuites et donna les biens vacants à un Aemilius Lépidus (de ses connaissances peut-être), à la maison (gent) de laquelle cette dame semblait appartenir comme nous le dit Tacite dans ses Annales (L. II C. 48). Parmi les enfants aemiliens notons la petite Aemilia fille de Aemilius Paulus futur Macedonicus, le vainqueur de Persée le Macédonien sans qui peut-être son père ne se serait pas décidé à partir combattre ce roi…Mais chut vous saurez bien un de ces jours pourquoi!
C’est suffisant pour cette fois, pour ce sujet, en ce qui concerne l’antiquité. La prochaine fois nous survolerons ces personnages féminins ou enfantins depuis le haut moyen-âge jusqu’à nos jours.
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Si la toponymie est un bon vecteur de la conservation et de la diffusion des noms d’origine patronymique, comme nous venons de le voir en ce qui concerne notre nom Amiel, ce n’est rien en comparaison de l’extraordinaire création patronymique elle-même. En effet, la constante progression en nombre des hommes sur la planète, notamment en Europe, continent qui nous intéresse plus particulièrement pour nos recherches historiques, liée à la grande variété de langues parlées depuis des siècles sur ce même territoire ainsi qu’à l’apport des peuples immigrants venus d’autres continents, tout cela a abouti à un nombre faramineux de patronymes. Car il fallait bien arriver à dénommer tous ces individus, le mot nom lui-même vient de ‘nomen’, lui-même abréviation de ‘notamen’ qui signifie marque, signe et en effet, le propre du nom est de désigner ce qui est nommé, surtout lorsqu’il s’agit de ses semblables. Le champion du monde en ce domaine étant la France, ce pays ‘finisterre’ de tout ce continent européen dont l’accès fut naturel durant toute l’histoire, bien plus que ses voisins. Il y a paraît-il en France plus de 900.000 noms de famille différents; précisons toutefois que cette variété prend en compte les différences orthographiques telles que inversions de lettres, accents et autres signes spéciaux, mais quand même cela fait beaucoup! On ne s’étonnera pas donc de trouver dans cette langue la plus grande diversité non seulement dans les diverses variations de notre nom mais également dans ses nombreuses déclinaisons. Nous n’oublierons pas pour autant les autres langues européennes ni les langues sémitiques (qui font aussi partie de cette Europe, tant leurs locuteurs ont été nombreux durant notre ère), par lesquelles nous allons commencer d’ailleurs.
On l’a vu le nom hébreu Amiel s’est transmis tel quel, après traduction, à nos peuples des rives de la Méditerranée. Il faut lui ajouter les variations suivantes: Ahmiel ou Amhiel, Ammiel, Ami-El ou Ami’el (que je n’ai trouvé cependant qu’en Israël), Eliam (déjà dans la Bible), Ram’amiel et peut-être les noms arabes de Elami et Amel (pour la racine Am dont j’ai longuement parlé au début de mes articles). Pour les déclinaisons nous noterons encore les Benamiel et Abenamiel (fils et père des Amiel) ainsi que le groupe des Amoyal et Amoyel chez les juifs d’Afrique du Nord (qu’on appelle sépharades) regroupant les Amouyal Amouyel (ou ‘i’ à la place du ‘y’), les Mouyal, Mouyel, Moyal, Moyel (même remarque pour le ‘y’) le changement de voyelles étant assez fréquent dans cette région. Je dois préciser pour être honnête que ce groupe Amouyal est, pour certains auteurs, non pas à mettre en relation avec Amiel mais aurait pour origine une localité ibérique d’où ces Amouyal auraient été expulsés (avec les autres juifs dont les Amiel) vers l’Afrique du Nord, lors des reconquêtes catholiques. Et que dire du curieux Amaniel; il s’agit là d’une procédure bizarre appelée « réitération » du nom Amiel avec la particule initiale et signifiant « Dieu est mon seigneur »; la lettre ‘m’ est volontiers doublée dans ce cas.
Venons-en donc à ces langues européennes parmi lesquelles notre nom s’est diffusé, adapté, a été traduit. Je ne vous rappellerai pas les différentes origines de celui-ci mais il faut les avoir en tête pour bien apprécier ces adaptations et combinaisons linguistiques. En France, tout comme dans les autres pays, les parlers locaux sont nombreux, de véritables langues locales y sont parlées encore aujourd’hui (je ne reviendrai pas non plus sur ce que j’ai déjà écrit). Un tour de France s’impose donc; hormis les Amiel d’origine juive que nous venons de voir, vous savez que les Amiel sont originaires principalement du sud de la France et plus particulièrement de cet arc méditerranéen, entre Perpignan et Nice! Mais il faut y ajouter les Amiell et les Denamiel catalans et des contreforts pyrénéens, les Amielh provençaux et autres Amelha (amande en provençal) , les Millau et compagnie (Milhavet, Amillau, Milhat, Amillat (le ‘h’ est interchangeable avec un 2ème ‘l’ pour l’équivalence occitan/français)), les diminutifs tels que Amiguet ou Amielet contracté en Amiet. Dans le reste de la France on trouvera plus volontiers les Amielle, les Ameil ou Amieil dans le Massif Central, voire Lamiel et Lamielle dans l’est. Les parlers d’oïl (de la moitié nord) ont donné les déclinaisons Amiard, Amiot, Amieux, Amelin, Amelot, Amilien, les noms avec aphérèse de la deuxième partie du nom regroupés dans Ami (Amy), mais surtout les dérivés du prénom Emile tels que Emielot, le curieux Emiel, ou Emilion ainsi qu’avec l’aphérèse du ‘E’ et peut-être plus nombreux, les Millan, Millien, Milin, Melly, Mille (?) voire Mellon. Dans les noms qui sont passés entre-temps par la toponymie notons les patronymes de Peuchamiel (de ‘Pech Amiel), les Millau déjà vus bien sûr, Millac.
On peut de nos jours trouver des Amiel un peu partout en Europe mais les pays limitrophes de la France ont eu leurs déclinaisons bien à elles. En Espagne nous trouverons essentiellement en Catalogne (région la plus peuplée), les dérivés suivants: Amelgus, Amélio, Amelyus, Amil, Amello et autre Amilia ou Amillan dans l’ouest. En Italie, les Emilio, Miliani, Ameli ou Amelotti, Ameglio. En Grande-Bretagne outre de nombreux Amiel, on aura des Amias, les dérivés d’Emily et Amelia, Amy, Amlot et Emlot indiqués comme hypocristiques d’Ameline et d’Ecosse, nous vient un très sérieux MacN’Amiel rattaché au Clan des MacMillan avec les MacElmeel et autre MacMeil.Les pays au nord de la France ne sont pas en reste; en Belgique, si les Hamel sont sans doute à rattacher au ‘hameau’ français, les nombreux Amel et dérivés Ameel sont bien des Amiel locaux. La langue flamande a aussi produit les Ameeltje et Amelytje et avec aphérèse, Melletje ou Melyke. A noter encore ici, Meleyns, Meelen et les Ameelot Tout comme en Ecosse, il y a lieu d’ajouter, enfin, les Van Ameele, bien entendu. En allemand outre les Amelung, nous aurons des Melia et Mehle. La Finlande nous garde les souvenirs de Amiliana Amilius et Ammiel que j’ai trouvé pour le XIXème siècle. En Pologne outre Emil, décidément universel, nous aurons des Emilek, Mila et Milcia. Et pour revenir en France, un dernier pour la route: Mélique, patronyme originaire de l’Oise, notamment à Thiescourt, où une rue de ce nom existe: L’origine probable de ce nom de famille paraît être un Amelius, l’autre origine possible étant une plante poacée (graminée) du même nom mais c’est peu probable; la science patronymique a toujours, vous le voyez, des incertitudes, comme d’autres, et c’est son charme.
Je terminerai cet aperçu patronymique lié à notre nom par une citation, une fois n’est pas coutume, d’Eugène Ritter (« Revue contemporaine » tome 61 Paris 1868):
« Notre nom est une propriété de famille, c’est une partie de notre être, il nous est tombé en partage, …, il revêt quelque chose du caractère de celui qui le porte ». Pour être un peu plus actuelle il suffit de remplacer ‘partage’ par ‘héritage’ et le verbe ‘revêt’ par ‘révèle’ et vous aurez parfaitement compris ce qui m’anime dans ces articles!
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