Tout comme pour notre « nomen » Amiel, les mêmes ascendances onomastiques ont produit durant les siècles postérieurs à la chute de l’Empire Romain de très nombreux patronymes (et toponymes) en Europe et en France particulièrement (on sait pourquoi et je n’y reviens pas). Si les étymologistes sont d’accord sur l’origine de beaucoup d’entre eux ce n’est cependant pas le cas de tous; la jeune science des noms propres a encore pas mal de travail pour s’accorder sur certains cas qui posent problème. Dans ce supplément à mon sujet principal j’essaierai de vous donner et les uns – que j’ai appelé ‘apparentés’, ceux dont on est certain qu’ils ont leur origine dans le nom latin d’Aemilius (et consorts, c’est-à-dire d’une des déclinaisons de ce nom) et les autres – que j’appellerai ‘voisins’ ou ‘amis’ (pour être encore plus proche de ce dénominateur commun dont je vous ai parlé dernièrement). Il y a le cas des patronymes à qui les spécialistes ont attribué deux origines sans avoir tranché. Il se peut aussi que je répète certains patronymes rencontrés ici ou là dans l’ensemble de mes précédents articles, ceux-là m’ayant servi à étayer mes dires à cet endroit-là. Enfin ne pouvant m’attarder longuement sur ce sujet annexe je m’en tiendrai aux patronymes rencontrés originaires de France pour l’essentiel.
Rencontré dans le Pas-de-Calais et en Belgique, Ameele (avec Ameel, Ameels, d’Amel ou Van Ameel…) est une forme flamande du nom de baptème Amel (et non pas Hamel qui lui, vient de hameau). Cet Amel a pour origine soit le latin Amelius par éventuellement la variante française Emile, soit le germanique et goth Amal.
Ameline très fréquent dans l’Ouest, en Normandie et aux confins de la Bretagne paraît être un matronyme par la forme féminine d’Amelin. Amelin, lui, a aussi les deux origines possibles d’Amelius ou d’Amal.
Dans ce même groupe on trouve encore , Amelon ou Amelong formes de diminutif ou de cas-régime d’Amel ou Ameel; Amelot et ses variantes Ameloot, Amolot, Melot par aphérèse et ses diminutifs Meloteau ou Melotteau trouvés toujours dans la moitié nord de la France. Par contre les Amiot Amyot et leurs dérivés peuvent eux avoir pour origine le nom propre mais aussi commun d’Ami. Ce nom Ami est lui, très disputé, étant donné son extraordinaire et universelle aura humaniste: quelques auteurs en font une apocope d’Amiel, vous savez maintenant que cette origine se défend au moins pour ce qui concerne le patronyme.
Pour Ameuil porté dans la Vienne et la Haute-Vienne et Amieux dans l’Isère et les Hautes-Alpes, zones tampon entre les parlers occitans et français au nord-ouest et à l’est de ces deux groupes linguistiques, l’origine commune avec Amiel (essentiellement occitane pour ce qui nous concerne) est indubitable.
Dans le Poitou et en Vendée on trouvera des Amilien qui est une variété du français Emilien (venant du latin Aemilianus, cognomen d’après Aemilius, Emile français ou Amiel occitan). La Creuse nous donne Emiel et son diminutif Emielot, eux aussi très français dans leur forme, lesquels correspondent exactement à Amiel et Amielet occitans.
Par aphérèse sur Amiel, la Bourgogne a ses Millot ou Milliot, le Lyonnais des Milhot (la forme ‘lh’ très occitane permet de se poser des questions sur les limites septentrionales de la langue romane d’oc). Ce dernier patronyme faisant immanquablement penser aux Millau et autres Milhau, Milliaud, Milhavet ou Milhaves qui font tous références à des originaires de la ville aveyronnaise de Millau, laquelle a pour origine toponymique un très vieil Amelianus des premières romanisations, plus d’un siècle avant notre ère. Presque dans la même région, dans l’Yonne et l’Isère nous aurons des Millon, Milion, Million, patronyme dérivé d’Emile ou du germanique ‘milo’ qui signifie bon, généreux, ce qui convient aux amis ou amoureux, vous en conviendrez avec moi! La forme rare de Milleau se trouve dans les Deux-Sèvres et en Aquitaine. Par contre Millet, plutôt du nord, est lui très fréquent mais il peut aussi avoir pour origine le « millet » (en occitan « milhet), la céréale qui était autrefois cultivée autant au nord qu’au sud de la Loire.
Plus certain est Milley de l’Aube et du Doubs, qui, tout comme Milly de la région lyonnaise désigne ceux qui sont originaires de l’une des multiples communes appelées Milly; ce toponyme de langue d’oïl s’est formé d’après la forme latine de Milliacum ou Miliacum que l’on trouve dans les textes du haut moyen-âge et qui désigne un domaine rural d’un Aemilius gallo-romain ou roman.
Encore dans le Pas-de-Calais nous trouverons des Milien et Millien dont l’origine est à rapprocher bien entendu d’Emilien, cognomen d’Emile comme Amilien par aphérèse.
Milon et ses dérivés diminutifs, sont en général considérés comme des hypocoristiques d’Emile ou venant du germanique ‘milo’ déjà vu, voire du vieux breton ‘mil’ désignant un soldat. Par contre Milot et sa variante Milo (rien à voir avec la Vénus du même nom) sont eux bien deux diminutifs d’Emile qui sont portés dans le Loiret et le Nord.
Vous le voyez beaucoup de ces patronymes ont pour origine la forme française d’Amiel soit Emile mais il y a les Lamiel et leur féminin Lamielle, ces derniers portés en Haute-Saône et Belfort pour lesquels il y a lieu de trouver les « L’Amiel » et « L’Amielle » des origines populaires, bien que ces formes aient plutôt une tournure plus méridionale.
Quant à Melly, là c’est une vraie curiosité: voilà un patronyme qui est présent en Alsace et dans l’Oise, mais qui est aussi très fréquent en Allemagne sous la forme Melis et Melliès; dans le Nord et en Moselle on a la forme Mély (Mely) et en Belgique une agglomération de ce nom existe. L’origine est toutefois unique: il s’agit bien du latin Amelius.
Et puis il y a le patronyme au doux nom de Melon; son origine est difficile à cerner. Bien que l’on pense au premier abord au fruit de l’été, cette origine est peu probable. On a un Saint Mellon, qui fut évêque de Rouen et dont l’exact patronyme se poursuit dans le Centre; on a encore le toponyme aquitain correspondant à la meule de foin (de l’occitan ‘molon’) ou sommet arrondi par métaphore (on a bien des Melon en Aquitaine). Le nom et le toponyme existent aussi en Espagne (Mélon en Galice, province d’Orense); en Belgique l’on peut y voir un dérivé d’ Amel par aphérèse et en Italie du Nord on a les formes diverses de Melone, Meloni, Mellone et Mellon. Voilà donc ce qu’on peut appeler se perdre en conjectures mais on ne peut en dire plus!
La suite verra quelques patronymes non typiquement français, il y en a bien quelques uns qui peuvent être notés dont l’origine est soit à rapprocher d’une autre langue européenne soit à trouver dans la tradition juive (la première origine de notre nom comme je l’ai maintes fois souligné) et enfin tous les patronymes dont la forme orthographique fait bien penser à quelques Amiel perdus dans les arcanes linguistiques ou toponymiques mais qu’il m’est impossible de détailler dans le cadre de cette présentation patrimoniale patronymique amielienne.
0 responses so far ↓
Il n'y a pas encore de commentaire, profitez-en !
Laisser un commentaire