Le dix-neuvième siècle par la nouvelle profusion des recherches en tout genre voit l’éclosion de disciplines scientifiques authentiques; les anciennes sciences vont, elles, se remettre en question et prendre le virage de cette même modernité. Les savoirs vont également se diffuser plus amplement, se confronter plus largement, s’assurer et préparer leurs propres suites…
Nous allons le vérifier dans quelques domaines et bien sûr par l’exemple de quelques amieliens qui ont vécu dans cette période peut-être aussi foisonnante que le siècle qui suivra.
La médecine s’organise dans les régions; le régime napoléonien met en place des universités plus efficaces que par la passé, des écoles de médecine (qui deviendront des facultés) comme à Toulouse où les « pontes » locaux mettent en place des cours de formation: Le Docteur Antoine Amiel, chirurgien de son état, devient Professeur de cette école toulousaine en 1809 et le restera jusqu’en 1840, il y occupera la chaire de pathologie chirurgicale. Né à Aulon (au pied des Pyrénées haut-garonnaises) en 1779, il devint aide-chirurgien à l’Hôtel-Dieu à la place de Viguerie (promis à un grand avenir) dès l’an VIII (1799) et peu après chirurgien-chef à l’Hôpital de La Grave, il sera professeur suppléant dès la création de l’école en 1807; les carrières étaient alors d’une rapidité foudroyante, il est vrai que tout était à recréer quand ce n’est pas à créer. Et le plus curieux c’est qu’il y a un autre Docteur Amiel connu à la même époque à Toulouse et qui exerça aussi à La Grave, mais celui-là était ‘aliéniste’, il s’occupa des personnes atteintes de maladies mentales (nouvelle discipline médicale à cette époque). Il fut l’un des premiers spécialistes de la folie à Toulouse, après ses maîtres Pinel et Esquirol; il débuta à l’Hospice St Joseph de La Grave entre 1795 et 1809, période où il appliqua des techniques de soins toutes nouvelles et commença sous l’Empire à opérer des classements selon les affections constatées, déterminées par les nouveaux savants de cette nouvelle partie de la médecine. On se souvient de lui pour son écoute particulière du ‘délire des femmes’ dans ses inspections médicales. Enfin il y a lieu de noter en cette période post-révolutionnaire le Docteur Romain Amiel, toulonnais de naissance qui devint chirurgien des troupes britanniques stationnées à Gibraltar et pour lesquelles il eut à juguler une épidémie de fièvre jaune en 1814.
Mais revenons en France pour aborder un autre secteur de la société, celui de la culture et particulièrement celui des arts. Plusieurs Amiel sont cités dans les gazettes spécialisées de ce siècle; j’y ai trouvé les noms de Louis-Félix Amiel, né à Castelnaudary (Aude) pour lequel j’aurai une biographie à vous proposer, il fut l’un de ceux qui eurent plusieurs commandes officielles de portraits de la part du roi Louis-Philippe pour constituer son fameux « Musée de l’Histoire de France », galerie de tableaux à ce sujet qu’il voulut installer dans l’aile nord du Palais de Versailles (où l’on peut toujours voir ces oeuvres), manière pour lui de restaurer le prestige de la monarchie bien mise à mal par la période révolutionnaire; il participa aussi à tous les salons de son temps présentant des portraits, quelques scènes de la vie quotidienne pour lesquelles la critique reconnait ses dons pour le dessin sans pour autant en faire des chefs d’oeuvre. Un autre presque homonyme du nom de Louis Amiel , de St Malo, fut dans le même temps connu pour ses portraits de chevaux et ses qualités de professeur de l’Ecole de Dessin de sa ville natale; on y reviendra aussi. Et puis il y a encore un Jules Amiel dont nous ne savons que peu de choses, peut-être élève d’Ingres (c’est ce qu’il affirme!), copiste au Louvre en 1834 (il demande une carte de copiste cette-année-là), peut-être faussaire; il est certain par contre qu’il fut un ami du peintre et dessinateur romantique Chassériau (un « portrait de Mme Jules Amiel » réalisé en 1845 porte de plus une dédicace en ce sens à la mine de plomb).
Le domaine théâtral dont les prémices de développement sont dus à la Révolution retient le nom de Pierre-Jean Amiel, auteur de théâtre peu connu qui a notamment écrit « Scaramouche ou la statue du Commandeur », ballet-pantomime en deux actes représenté pour la première fois en 1826 au Théâtre de la Porte St Martin, c’est bien sûr la vieille histoire de Don Juan dont le domestique est le fameux Scaramouche; il a aussi écrit « Choix de Fables d’Esope, avec des notes … »
Dans le domaine de la découverte du monde, on commence enfin à explorer l’Afrique, immense continent que l’on ne connait encore que par ses franges, ses côtes. Les Français vont se tailler la part du lion dans ce domaine, explorant des contrées immenses qui vont devenir les colonies d’Afrique Occidentale et Equatoriale Française pour quelques decennies. Un explorateur va même donner son nom à une région, un pays, Savorgnan de Brazza, à l’origine du Congo Brazzaville et de sa capitale; et il ne suffisait pas de découvrir, encore fallait-il se donner les moyens d’y rester; toute une organisation de pionniers suivait l’explorateur; dans cette suite on trouve le nom d’un Amiel, de son métier Quartier-Maître Charpentier de Marine, qui fut naturellement chargé des constructions dans les ‘stations’ terrestres qui furent décidées pour coloniser durablement cette région congolaise. En métropole aussi il fallait établir de meilleures relations terrestres entre les communes et dans les communes même. A Perpignan par exemple, on voit agir dans le département Raymond Amiel, ingénieur des Ponts et Chaussées (il crée, après la Révolution, la belle route unissant l’Aude et les Pyrénées-Orientales par le Col de St Louis, à découvrir pour voir la solution trouvée pour franchir une forte dénivellation avec peu d’espace disponible que je ne vous dirai pas!);cet homme ingénieux fut encore Architecte de la ville de Perpignan poste auquel succèdera son fils Louis de 1815 à 1834. Et la créativité s’exerce aussi dans des domaines très particuliers mais qui concourent aussi à cette modernisation générale de la vie: Dans le domaine horloger il est utile de noter que plusieurs Amiel suisses s’illustrèrent par exemple dans ce secteur. Moquin et Amiel inventèrent de nouvelles pièces d’horlogerie, de nouveaux mécanismes horlogers et furent parmi les premiers industriels à exporter dans ce que l’on appelait encore les grandes Indes (Amériques); dans les années 1778-1821 une Compagnie Melly-Amiel est bien connue à Genève; elle fut fondée par Samuel-Frédéric Amiel, Maître-Horloger, reçu Habitant de Genève en 1788, bourgeois en 1791, c’est le grand-père du grand Henri-Frédéric Amiel. A la même époque l’un des meilleurs ouvriers du Maître-Horloger Bréguet fut un Amiel.
Dernier aspect de cette époque dans le même registre, un architecte: Jules Chambellan Amiel, Comte de Mérindol, dont la descendance toujours présente se nomme Chambellan Amiel de Mérindol et pour lequel j’ai une notice, né à Milan en 1814, mort vers 1890, il fut élève des Beaux-Arts, puis l’un des premiers collaborateurs de Viollet-le-Duc, le grand restaurateur des monuments historiques de ce siècle, et enfin Attaché aux Travaux de la Ville de Paris
Nous sommes loin encore d’avoir fait le tour, le survol de ce siècle fourmillant d’idées, de nouveautés, d’améliorations, d’organisations, inventions…Nous continuerons donc sur cette lancée la prochaine fois, si vous le voulez bien comme le disait naguère un animateur de radio publique bien connu.
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