L’essor de l’imprimerie à la Renaissance va favoriser la diffusion du savoir, des idées dans toute l’Europe dans la langue internationale de l’époque (elle l’est depuis mille ans alors!) le latin. On l’a vu les noms des auteurs vont aussi être soit traduits dans cette langue antique soit empruntés comme pseudonymes à l’Antiquité. La religion dite protestante saura particulièrement en tirer bénéfice pour sa diffusion rapide sur une grande partie du continent, relayée pour sa diffusion extra-continentale par les voyageurs de commerce que cette nouvelle façon d’être chrétien avait séduit: au catholicisme privilégiant l’ostentation , le culte des reliques, l’égalité de tous dans le peuple de Dieu, la hiérarchie ecclésiale et la nécessité du filtre de l’ Eglise pour atteindre la divinité, le protestantisme proclamait la simplicité, l’accès direct et individuel à Dieu, le rejet du décorum et des reliques, une certaine liberté de culte favorisant un épanouissement religieux individuel et dans la vie de tous les jours un certain volontarisme individuel commercial, industriel, technique, financier, palpable jusqu’à nos jours dans ces mêmes domaines. On ne sera pas donc surpris de trouver parmi tous les Amilius de cette époque, plusieurs protestants…
A commencer par Georg Aemilius (1517-1569) pseudonyme de Georgius Aemilius Oemler (d’après le Lexicon Pseudonymorum de Emil Weller). Il était allemand et eut comme beaucoup de lettrés de son époque plusieurs cordes à son arc: botaniste, pédagogue, mais surtout théologien réformateur protestant. Il a une notoriété certaine (cité dans les Archives d’Histoire de la Réforme, dans le Dictionnaire de la Littérature Allemande de H-G Roloff et le Dictionnaire de Littérature de W Killy. Il n’est pas le même que cet homonyme, allemand lui aussi mais de la génération antérieure, jurisconsulte (spécialiste du droit), qui fut professeur de droit à Fribourg-en-Brisgau et le père de Martin Amelius né au même endroit en 1526 Docteur en Droit Civil et Canonique de l’Université de Vienne, protégé de l’Empereur Ferdinand. Il devint ensuite Chancelier de Bade, se mêla d’architecture (il bâtit de nombreuses demeures et la forteresse de Niefernbourg). On sait aussi que cet éclectique personnage écrivit vers 1556 des oeuvres de la réforme. (cf Dictionnaire de Moreri T. 1). Devant la déferlante protestante la vieille Eglise Catholique et Romaine se devait de réagir: Il y eut la Contre-Réforme et aussi l’Inquisition, cette fameuse justice religieuse instaurée au moyen-âge, rappelez-vous, à l’occasion de la trop célèbre croisade albigeoise (contagion à éradiquer par l’élimination comme la peste), il y eut surtout la « mise à l’index » (non on n’était pas « montré du doigt » il s’agissait de l’interdiction de certains écrits comme étant attentatoires aux croyances officielles de l’église de Rome) créée pour l’occasion nouvelle (on avait déjà bien compris l’influence, mauvaise pour le cas, des livres). Cette mise à l’index se traduit par des listes de livres et d’auteurs interdits et les premiers dont nous ayons les noms parmi ceux qui nous intéressent sont notre Georg Aemilius le premier cité ci-dessus; il fut condamné à cette peine de Rome en 1554. Il mériterait plus ample développement, une autre fois! Condamné peu de temps ensuite Alphonsus Aemilius, pseudonyme de Alphonsus Sébastus, pour ses écrits eux aussi réformateurs, entre 1559 et 1564.
Mais il y a toujours une vie en dehors de la Réforme. Petit florilège des aemiliens de la société civile de la Renaissance: Hector Aemilius, auteur d’ouvrages de droit de la fin du XVIème S. allemand d’Heidelberg on a souvent réédité son « Tractabus de testibus et universitate … » de droit public. Joannes Amelius, jésuite (nouvel ordre créé pour accompagner la contre-réforme) et belge (pourquoi pas!) connu sous le nom d’Amelen (ça rappelle Amelius tout en ayant une tournure flamande (normal!); il a publié un épitre à Géraldus Mululus avec d’autres textes en 1519 à Paris ainsi qu’un « Alphabetum Sacerdotum » en 1547. Johannes Aemylianus, auteur naturaliste, il a notamment écrit « Naturalis de Ruminantibus historia » publiée à Venise en 1584. Un autre juriste, Nicolaus Aemylius allemand qui présente sa thèse de droit civil et canonique pour l’accès à la dignité de Docteur en 1599. Et puis ce français (il y en a!) du nom de Carolus Aemilius qui fut un traducteur grec-latin de poésies. Ou cet italien Francesco de Aemilis Veronensis, physicien de Parme, plutôt du XVIIéme mais bon!, de la famille peut-être de cet Aemilius correspondant d’Erasme un siècle plus tôt (il lui écrivait de Brescia en 1529) ou encore parent de Paulus Aemilius de Vérone, cet historien de France sous Charles VIII et Louis XII dont je vous ai déjà parlé, à moins que ces derniers ne soient qu’un seul et même personnage car nous savons que ce dernier rencontra le dit Erasme à Paris entre 1495 et 1500. Erasme appréciait ses études et sa piété dans ses lettres et dans son « Ciceronianus ».
La renaissance eut des prolongements jusqu’aux temps modernes, ce XVIIIéme s. ou siècle des Lumières qui aboutira aux libérations des peuples européens mettant un terme plus ou moins radical avec le global « Ancien Régime » regroupant tous les siècles entre la chute de l’Empire Romain et la fin du XVIIIéme S. La langue latine va devenir une langue accessoire, supplantée par les langues nationales et surtout par le français qui sera pour un temps la langue internationale de l’Europe. Les noms de personnes qui s’étaient latinisés à la redécouverte de l’Antiquité et en son hommage vont prendre eux aussi des tournures plus conformes à la langue usitée dans chaque pays.C’est ainsi que nos Aemilius et autres apparentés latinisés vont recouvrer des consonnances plus modernes. On aura quelques attardés en Waramundus Amelius (auteur catholique allemand du XVIIé.) en Théophile Amelius (pseudonyme de Peter Zorn, il a publié en 1711 une étude sur les passages les plus difficiles du Nouveau Testament) ou en François Milianus (jésuite auteur d’une philosophie naturelle publiée à Rome en 1652. Mais nous aurons beaucoup d’Amiel, un seul exemple avec Amiel Prat, notaire de Marseille au début du XVIIéme S. qui est aussi l’auteur de la relation du siège de la ville de 1524, d’après Jean Thierry. Et puis enfin des noms apparentés au notre prouvant la floraison et le bourgeonnement de la langue française; je citerai ici Jean Amelin (ou d’ Amelin) gentilhomme de Sarlat (Lot) lettré qui publia une traduction de Tite-Live ,des ouvrages en vers français et latins (le latin conservera ses lettres de noblesse longtemps encore!) et même une Histoire de France dont Ronsard a parlé. Un dernier l’Abbé Hubert -Pascal d’Ameilhon, érudit, académicien français (1730-1811) de Paris, il fut pourtant un Révolutionnaire pour laquelle il apporta ses connaissances culturelles; il sauva une multitude de bibliothèques privées et religieuses et organisa la fameuse bibliothèque parisienne de L’Arsenal. Mon goût des livres lui doit donc peut-être beaucoup, peut-être est-ce grâceà cet homme courageux, lettré et dont l’abnégation ne peut être mise en doute que je suis à même d’avoir pu trouver tout ce que je vous livre depuis le début.
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1 Kim // mai 5, 2012 at 10:58
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