Pour pénétrer dans la péninsule ibérique il nous faut traverser les Pyrénées, par exemple par le Pont d’Espagne, là où la Garonne entre, elle, en France. Dans le proche département des Hautes-Pyrénées, près de la belle église de Saint-Savin, proche d’Argelès-Gazost, il y avait dans les temps gallo-romains, le « Palatium Aemilianum » d’un riche patricien sans doute. Le Val d’Aran, où naît notre belle Garonne, pays montagnard très particulier toujours aujourd’hui, voit encore naître de nombreux « Amiell » qui parlent, comme au Moyen-Age, Occitan (langue nationale). Je vous l’ai dit, l’Espagne a conservé de nombreux patronymes liés aux Aemilius mais aussi de nombreux toponymes; je n’en citerai ici que quelques uns, ils sont présents sur tout le territoire, mais plutôt toutefois en Catalogne, Cantabrique et Centre. Ainsi on trouvera plusieurs Villamiel, plusieurs Amil, plusieurs San Millan (il est l’autre patron de l’Espagne, à l’égal de Santiago). Il y a aussi Amiella (Prov. d’Oviedo), l’Amilladoyro (‘les eaux ou canal d’Aemilius’), Amillano, en Navarre, Las Casas de Amillan dont le ruisseau se jette dans le Tage, Millana (Cuenca), Millanes (Caceres) ou La Resclosa de l’Amiel, au sud de Figueras (Catalogne), Millà (toujours en Catalogne)….Et puis enfin le très curieux Muchamiel dont on ne sait que penser, n’est-ce pas!, petite ville près d’Alicante (Prov. de Valence). Au Portugal, l’autre pays ibérique, on trouvera le toponyme de Verdemilho, qui, bien que très trituré par l’histoire, a bien pour origine une Villa Aemilii.
Traversons donc l’Océan Atlantique pour parvenir d’abord dans les Caraïbes, où plusieurs îles et non des moindres ont quelques toponymes amieliens. Cuba, avec ce qui me semble être un nom de grand domaine: « E. Amiel » (lat. 22.6794, long. 80.5450). le lieu-dit de Gayle, en Jamaïque d’Amiel-Town ou celui de Lamielle, en Haïti. Gagnons l’Amérique Centrale, encore un lieu-dit Amiel, près du centre ville de Quetzaltepeque, dans l ‘état de El Salvador. Aux USA l’essentiel des toponymes rencontrés fait référence au prénom Amelia, qui avec Emily et ses variantes est très populaire parmi les Américains: les Amelia en tant que localités, points géographiques y sont nombreux; deux exemples, l’île d’Amelia, sur la côte orientale de la Floride, dans l’Océan Atlantique, et en Alaska, la pointe méridionale de la Baie des Iles, côte occidentale du Roi Georges, du nom de Point Amelia (en l’honneur d’une Princesse de ce nom, fille du roi indiqué), à ne pas confondre avec un autre Point Amelia, qui avec Amelia Island sont à relier à un autre Amelius (nom latin d’un Amiral du XIXème siècle). Le Canada n’est pas en reste, notre nom y est autant porté qu’aux USA, proportionnellement, et nous y noterons deux toponymes: Amelias Burgh, district du Haut-Canada, le plus occidental du Comté du Prince Edouard, sur le Lac Ontario, et toujours près de la frontière américaine, le village au curieux nom de Saint-Amiel (il n’y a pas de saint de ce nom), situé au bord de la Dépot River, dans la région des confins de Beauce et Maine…peut-être un vague souvenir de France pour les immigrés des temps passés.
Retraversons l’Atlantique et rendons-nous sur une autre terre d’émigration historique, l’Afrique du Sud. Au Cap, existent toujours certaines propriétés d’anciens émigrés protestants chassés par la révocation de l’Edit de Nantes dans la deuxième moitié du XVIIème siècle. Situées dans le village de Franschoek (‘le coin des Français’), ce sont dès l’origine des domaines viticoles (encore de nos jours) qui ont gardé les noms de leurs premiers défricheurs. On y trouve trois domaines « de Villiers » et un du nom de « Mathieu Amiel ». Dans cette grande Afrique du Sud il faut remonter vers le Transwaal et voir à Newcastle un monument historique protégé du nom de « Fort Amiel » (nom du colonel anglais qui l’a fait construire en 1877-79). Remontons dans cet immense continent, de très rares toponymes ressemblent bien à notre nom mais il n’y a pas de preuves formelles, sauf en Afrique du nord, où les historiens latins nous parlent d’un fleuve de Maurétanie appelé Amulus ou Amilio. Le Maroc a été le refuge de nombreux juifs persécutés s’ils restaient en Espagne, du temps d’Isabelle la Catholique notamment. Beaucoup ont trouvé refuge chez les Marocains, mais aussi en Algérie ou en Tunisie, pays où l’on trouve encore notre nom. Quelques rues notamment à El Jadida (Maroc), Hussein-Dey (Algérie) l’ont retenu…Sur la route du retour un peu de délassement à Malte, où le site d’Hammiel peut être utilement utilisé, sera la dernière étape avant de fermer cette brève boucle hors d’Europe. Nous finirons donc avec un survol de l’Europe du Nord (non méditerranéenne).
Dans le Royaume-Uni, la ville anglaise de Watford posséde une rue du nom d’Amiel Street (hommage au père de Barbara Amiel, la journaliste américaine dont nous traiterons un jour, qui sauva durant la ‘Bliitzkrieg’ des centaines de personnes). Au Pays de Galles Porthamel fait sans doute référence à un Porth Aemil même s’il y a d’autres explications possibles. En Irlande la ville d’Emmely (Emelia) dans le Comté de Tipperari, près de Cashel est à rattacher toponomyquement à notre groupe étymologique (nom latin Aemelicum). Repassons le Channel; en Belgique, terre des Ameel, une école juive porte le nom de « Yeshiva Harav Amiel » (nom du grand rabbin de Tel-Aviv qui l’a fondée). Un peu plus au nord, en Hollande se trouve l’ile d’Ameland (autrefois Amelan, ce qui confirme l’origine latine), dans le groupe des Iles de al Frise. En Allemagne on retiendra bien sûr l’origine gothe Amali trouvée dans la ville d’Amelungen par exemple. Les pays de l’est ont quelques toponymes faisant penser a la même origine …
Il est temps de revenir en France et d’achever ce périple toponymique. Pèle-mêle encore une fois les toponymes divers suivants: Lamielle en Franche-Comté, Pilmil face à Nantes, au-delà de la Loire (de Paul-Emile peut-être), Milhanges sur la commune de Chastel-Marlhac, en Haute-Auvergne, Hamielle (ou Hamiville) dans le Duché de Luxembourg, la Villa Amiel à Versailles (demeure de Gabriel Monod, professeur au Collège de France), le lieu-dit d’Ambly (l’Amelianum Bituricum des anciens temps gallo-romains) commune actuelle de St Oulchard dans le Cher, et enfin dans le nord, un Pont d’Amillan qui existait au Moyen-Age à Calais.
Vous voyez donc que notre nom est quasiment universel, si l’on se limite toutefois au monde occidental!
0 responses so far ↓
Il n'y a pas encore de commentaire, profitez-en !
Laisser un commentaire