Issus la plupart du temps de la société aristocratique régionale, ces hommes de Dieu du moyen-âge occupent beaucoup de hautes fonctions au sein de l’Eglise Romaine, ce véritable deuxième pouvoir de la féodalité. Nous ne serons donc pas surpris d’y trouver de nombreux Amélius-Amiel, toujours dans la période Xème-XIIIème voire XIVème S. Ils vont être abbés de monastères ou abbayes, prieurs, évêques, cardinaux, souvent proches des papes lorsque ceux-ci résideront en Avignon et seront français. Le nom de baptême est en effet repris tel quel lorsque un rejeton de grande famille accède à ces postes qui sont loin d’être honorifiques; les bénéfices ecclésiastiques ne seront jamais un vain mot jusqu’à la Révolution de 1789, le pouvoir politique issu de ces fonctions non plus.
Pour beaucoup d’entre eux, on ne trouve le nom que sur des listes de titulaires d’évêchés ou abbayes, listes composées d’après les chartes ou les présences aux conciles très nombreux alors, comme Amélius 19ème évêque d’Agde en 971 (jusqu’en 974), Amélius évêque d’Orléans en 549, Amélius 17ème évêque de Paris entre 533 et 541 ou 545, Elie Amiel Abbé de Lagrasse au XIIIème S., Amélius Ier (ou Ammelius) 12è ou 15è évêque de Toulouse etc…Mais d’autres sont un peu plus connus par tel ou tel fait marquant, en voici quelques exemples.
A Albi il y eut deux Amélius: Amélius Ier siégeait en 987. Ce fut à sa prière que Pons, Comte d’Albigeois, dota le monastère de St Eugène de Vieux. Il fit don de ce monastère à sa cathédrale. Amélius II lui succéda au début du XIème S. On sait qu’il assista par exemple à la dédicace (inauguration) de l’église St Sauveur de Limoges et de celle de Vendôme. Il fut l’instigateur de la construction du Pont d’Albi. Il assista au Concile de Bourges et a été un fervent partisan du mouvement de la « Paix de Dieu »(visant à obtenir une pacification du monde chrétien occidental et de maîtriser l’usage de la violence dans la société); il sera le premier à oeuvrer pour la restauration de cette paix. Actif dans ce but aux conciles de Limoges de 1028 et 1031, il paraît avoir vécu jusqu’en 1040. (cf E. d’Auriac « Histoire de l’ancienne cathédrale d’Alby » 1858 Paris Impr. Impériale).
Grégoire de Tours dans son Histoire de l’Eglise des Gaules (Hist., L. IX, chap. VI, P. 396) parle d’Amélius, (Ier car il y eut un autre Amélius II, dit de Lavedan év. de 1000 à 1036) évêque de Tarbes vers 580. Il assista au Concile de Braine dans le Soissonnais, et à cette époque-là (vers 585-587), toujours selon G. de Tours, un aventurier du nom de Désidérius remplissait alors l’Eglise de scandale: porteur de fausses reliques, il exigeait pour elles de grands honneurs et trompait le peuple par ses simagrées; chassé par Grégoire de son diocèse, il vînt insulter l’évêque de Paris qui le fit emprisonner: Amélius reconnut dans ce malheureux l’un de ses esclaves qui s’était enfui; il le réclama et le ramena chez lui,en Bigorre.(cf A. Davezac-Macaya « Essai historique sur la Bigorre » Bagnères. Dossun 1823).
Bien plus tôt encore, au temps des premières installations durables de la chrétienté en Gaule, l’église de Valence (Drôme) eût comme premier évêque un Aemilianus (c’est en tous cas le premier connu); bien entendu très peu de choses nous sont parvenues de cet homme de Dieu: on sait qu’il a ordonné avec St Eusèbe deVerceil le 1er évêque d’Embrun et l’on pense qu’il est celui qui a signé au Concile de Valence en 374.(cf L. Duchesne « Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule » rééd. Elibron Classics 2002).
A Toulouse quelque temps après Amelius (Ier) il y eut un autre Amélius (II) dit du Puy (ce surnom deviendra un nom patronymique, je vous en expliquerai la genèse) évêque; et celui-là est un descendant de cet Amelius Simplicius que nous avons vu la fois précédente comme ‘ancètre’ de nombreux Amelius-Amiel de l’entourage des comtes de Toulouse et de leurs vassaux directs. Amélius du Puy eut la charge de ce diocèse entre 1105-1106 et 1137. Son nom exact était Amiel Raymond du Puy mais il est appelé simplement Amiel dans les chartes, en général devrais-je dire, car tous ces noms n’étaient pas très fixés dans les écritures des scribes de l’époque; on trouve en effet pour ce même nom Emelius, Amelianus, Ammelius voire même Aurelius!
Une famille d’Amillan est connue en Languedoc au XIIIème S. Bernard Ier par exemple, est Abbé de monastère et veut acquérir, avec l’accord du comte de Toulouse, la juridiction de St Papoul (Aude) en 1230 ou 1233, qui devait être d’un bon rapport. Son évêque s’y oppose; que fait-il? Il résout de se venger! Comment? En ruinant le monastère avec l’aide d’une bande de brigands! Il fut quand même excommunié, c’est la moindre des choses…(cf De Vic & Vaissette « Hist. Gèn. de Languedoc » T. VII Paya Toulouse 1844).
Un cardinal quand même, en la personne d’Amélius de Lautrec, famille albigeoise liée aux autres Amelius-Amiel de ce Languedoc toulousain, cardinal en 1385, connu pour avoir composé le « Dialogus » (exposé des motifs contradictoires sur le conflit parisien de l’époque autour de « l’immaculée conception de Marie » (problème toujours difficile de nos jours, pour ceux que ce sujet intéresse…); une thèse a été consacrée à cette oeuvre à l’Université Pontificale St Thomas d’Aquin de Rome en 2007, thèse qui reçut un Prix attribué par l’Ambassade de France auprès du St Siège.
Et enfin une autre preuve de ces relations familiales dont ont usé non seulement les potentats féodaux entre eux ou pour placer certains des membres de leur famille dans l’Eglise, mais encore les hommes d’Eglise eux-mêmes pour garantir un emploi et des revenus à certains parents (et il y a beaucoup d’exemples, on y reviendra!), celle de Pierre III d’Assalit, qui fut évêque d’Alet (Aude) au début du XVème S. grâce à son oncle Pierre Amiel, évêque de Tarente et Patriarche d’Alexandrie. Et la meilleure c’est qu’il lui succéda dans les offices prestigieux de Bibliothécaire Apostolique, Secrétaire et Confesseur du Pape. (cf G. Jean « Dictionnaire Encyclopédique de l’Aude » Lacour Nîmes 2005).
Puisqu’il faut bien finir pour mieux reprendre la prochaine fois, voici ce que l’histoire a retenu aussi d’Amélius II l’évêque albigeois dont j’ai dit quelques mots aujourd’hui: on dit de lui au Concile de Limoges de 1031, « qu’il était respectable pour son âge et pour ses bonnes qualités, et que la blancheur de ses cheveux le rendait semblable à un ange »….Je ne suis ni un évêque ni un ange (à plus forte raison) mais j’ai bien des cheveux blancs et un certain âge (non pas un âge certain): je compte donc logiquement sur votre respect, au moins pour la qualité de mes informations sur notre nom Amiel, et peut-être puis-je espérer une certaine mansuétude pour la qualité de mes textes…
0 responses so far ↓
Il n'y a pas encore de commentaire, profitez-en !
Laisser un commentaire