Vous l’avez donc compris: Il se peut fortement qu’une partie des Amiel soient d’origine gothe, wisigothe pour ceux qui ont leurs racines (très profondes!) dans la vieille Septimanie (région Languedoc-Roussillon de nos jours); ce d’autant plus que notre nom, je vous le rappelle est concentré, pour une part, depuis le haut moyen-âge dans cette région (et les zones circum-voisines). Mais les romains et leur extraordinaire aura y sont pour beaucoup. L’historien romain Cassiodore (VIème siècle) qui a aussi rédigé une histoire des Goths, a plus ou moins établi une hypothétique généalogie de la série des Princes Amales. En réalité son but était d’inscrire l’origine des Goths dans l’Histoire Romaine: il dit avoir puisé dans des sources telles que celles de Trogue Pompée (gallo-romain du Ier siècle auteur d’une Histoire Universelle perdue) et d’Ablavius (historien des Goths peu connu). Et l’on a ainsi une origine très mythique de cette ‘famille’, ni plus ni moins comparable à celle des grandes familles patriciennes de la Rome Antique dont celle des Aemilii que nous aborderons bientôt; mais Rome n’était plus au faîte de sa renommée, et depuis longtemps, les Romains s’éteignaient tandis que les Goths prenaient leurs places; aux Empereurs (qui continuaient bel et bien la fameuse République Romaine même si leurs actes ne le montrent pas beaucoup) succèdent (en Occident seulement) de vrais Rois (reiks) goths. Pour l’anecdote, les Balthes (qu’on avait oublié) sont tout aussi hypothétiquement à l’origine d’une famille, très provençale cette fois, la famille très illustre des Baux (chez laquelle on trouvera d’ailleurs des Amiel au moyen-âge). Je vous rappelle que l’autre grand foyer d’origine de notre nom est cette même Provence.
Et ce que fait Cassiodore en tant qu’historien, c’est ce qu’ont fait jusques il n’y a pas longtemps tous les peuples civilisés: tout immigré, prié de se fondre dans la communauté qui l’accueille voyait de gré ou de force son nom (et prénom) « traduit » en termes locaux; cela faisait partie de son intégration nécessaire à son adoption nationale. Et cela part de constatations et déductions assez évidentes autant utiles à l’arrivant qu’à la communauté qui l’accueille; pour le nom, on essaiera de le modifier sans le rendre méconnaissable à ceux qui en feront usage et on cherchera chez le peuple d’arrivée le ou les noms les plus rapprochés de ceux que l’on veut changer. C’est ce qu’on fait peut-être les Amali en se rattachant aux Aemilii, volontairement ou par l’utilité des romains, c’est ce qu’a fait bien avant eux Saül qui se fit appeler Paul (il s’agit de l’Apôtre disciple du Christ) et dont nous reparlerons, car il fallait s’adresser plus directement à ceux que l’on devait convertir en convertissant d’abord son propre nom. C’est ce qu’a fait Yahweh dans l’Ancien Testament à plusieurs reprises à propos de noms d’individus ou de peuple (Abram qu’il nomma Abraham par exemple et un autre qui nous concerne plus directement mais on y reviendra). C’est ce qu’ont fait, d’une manière inverse et par vanité, ceux qui se cherchèrent à travers leurs noms modernes des noms anciens qui parurent par là altérés, ainsi les Miani de Venise qui prétendirent s’appeler Emiliani (en référence aux Aemiliani romains) alors que le suffixe ‘ani’ correspond non pas à un nom de famille (gente romaine) mais à un agnomen qui y fait référence.
Ainsi donc se peut-il que, contrairement à ce que nous dit Cassiodore, ce soit la vanité des rois goths, parvenus à supplanter et ‘hériter’ des romains, qui fit qu’ils voulurent continuer l’antique gloire de Rome (et de la Grèce avant elle) par ce rattachement patronymique. Ainsi aussi les peuples de la Méditerranée qu’ils conquirent acceptèrent-ils leurs nouveaux maîtres et ce nom d’Amali-Amelius puis Amiel fut-il progressivement propagé en sus des Aemilius gallo-romains et purement romains (voire juifs) des débuts de la Provincia Romana (Provence et Golfe du Lion). L’ancêtre mythique n’était plus dès lors qu’un vague souvenir; quant au dieu Amal on n’y pensait plus: Un seul Dieu et une seule foi, celle du Christ. Car Saül-Paul a bien travaillé (et ses disciples avec lui dont un certain Paul-Serge que nous reverrons aussi), la foi chrétienne, malgré les persécutions romaines, les hordes barbares qu’il fallut convertir (St Rémi, un saint aemilien comme nous le verrons, y est pour beaucoup en ce qui concerne la future France) est désormais bien installée, les futures dynasties européennes (et leurs peuples) devront compter avec la volonté de l’Eglise et donc du Pape, véritable chef d’état transversal de l’Europe. L’Antiquité est bien terminée, place aux temps nouveaux de la féodalité et à d’autres articles…
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