C’est sans doute un truisme que de dire que les Amiel ont suivi le sort des peuples auxquels ils ont appartenu: il en va pour eux comme pour tous les autres. C’est entendu mais il se trouve que ce nom a suivi les destinées de groupes très différents: vous les avez suivis avec moi des contrées moyen-orientales d’il y a trois millénaires aux rives du Tibre latin de la République Romaine, dans toutes les régions de l’immense Empire qui suivit (particulièrement dans ces contrées méridionales du Golfe du Lion et d’Ibérie), de ces mêmes contrées où ils sont encore très présents à l’Europe de l’ouest, d’Europe centrale et de l’est jusqu’en Amérique. Tour à tour ils furent hébreux puis juifs il y a trois mille ans et plus, ailleurs païens croyants des panthéons grecs ou romains durant l’Antiquité, parmi les premiers chrétiens durant les temps apostoliques de l’Eglise, pendant le moyen-âge certains furent cathares dans cette contrée de prédilection pour eux que fut l’Occitanie, tout comme quelques siècles plus tard leurs descendants furent protestants. C’est souvent à cause de leur religion, du moins la religion fut-elle souvent un bon prétexte politique pour qu’ils subissent avec les leurs des persécutions. La Bible dans l’Ancien Testament raconte le sort des hébreux face à Pharaon, Babylone, les autres peuples de la région et enfin les Romains; les hagiographes des martyrs de l’Eglise des premiers siècles racontent les persécutions que ces hommes et femmes endurèrent au nom du Christ de la part de l’administration impériale romaine, implacable et à l’organisation qui ne se retrouvera que près de deux millénaires plus tard; l’histoire de l’Europe dans ses états modernes est pleine des luttes des juifs, protestants et catholiques. On n’est pas donc surpris de trouver des victimes amiéliennes dans toutes ces persécutions, luttes, expulsions et vexations diverses que les politiques n’ont pas hésité à utiliser régulièrement durant tous les âges de notre ère pour asseoir leur pouvoir contre tous ceux qui n’étaient pas dans la ligne du moment, celle du Prince et de ses sbires. Et malgré tout les hébreux, les chrétiens, les cathares, les protestants ne baissèrent pourtant pas la tête et conservèrent leur foi particulière, j’en suis convaincu même si certains feignirent de s’en remettre au plus fort: je vous ai donné le nom de quelques martyrs amiéliens chrétiens, cathares ou protestants, certes ces persécutions furent atroces mais elles sont sans aucun doute loin d’égaler la persécution nazie qui, elle visait l’élimination systématique de onze millions d’humains, femmes et enfants compris, simplement parce qu’ils étaient juifs et vivaient dans cette Europe que la barbarie allemande voulait s’accaparer au nom de la sois-disant race supérieure aryenne pour y installer un règne absolu de mille ans. En quelques années les vexations (déjà quand même dans l’air du temps en Europe depuis plusieurs décennies) furent de plus en plus nombreuses et graves contre ce peuple pourtant installé en Europe depuis tant de siècles, qui avait si souvent été déjà l’objet de multiples tracasseries, rejets, expulsions mais jamais comme ce qui se produisit il y a à peine soixante-dix ans; six millions de juifs furent tués selon une planification toute germanique dans sa conception et son organisation; tout était noté, les noms, prénoms et matricules, le rendement (horrible donnée bien réelle) des camps d’extermination, les convois, le personnel affecté (juif lui-même, jusqu’où pouvait-ils aller dans l’horreur!) et … le coût de tout cela. Le Mémorial de Yad Vashem (nom tiré de l’Ancien Testament, Isaïe, Chap. 56, vers. 5: « Je donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom …,je leur donnerai un nom impérissable à jamais ») en Israël, conserve de nos jours le nom (et les portraits) de quelque trois millions de ces martyrs innocents (soit donc la moitié de ceux qui ont péri); on y trouve les noms de soixante-seize Amiel (on peut donc penser qu’environ cent-cinquante de notre nom ont vu leur vie anéantie dans ces années apocalyptiques parce qu’ils étaient juifs de l’Europe mais il faudrait ajouter les Amiel non-juifs qui ont aussi péri dans ces camps de la mort). Tous ces Amiel dont je vais vous donner simplement les prénoms pour leur rendre hommage sont autant de vies interrompues, d’avenirs anéantis, de lignées familiales supprimées; eux ou ceux qui auraient été leurs descendants ne seront pas dans ces Amiel de la fin du XXème-début du XXIème S. dont je vous esquisserai une vue générale en suivant.
Ces victimes juives et amiéliennes de l’Holocauste sont originaires de trois régions: Thessalonique en Grèce pour quarante-cinq d’entre elles, seize de Pologne, de Bialystok, quatorze du Dodécanèse italien et une de Paris. Ceux et celles qui venaient de Bialystok s’appelaient Szyfra, Natan, Shlomo, Elba, Taibel, Baruk, Chasza, Michle, Mickala. Ceux et celles qui venaient de Thessalonique, en Macédoine, avaient pour prénom Redzina, Sarina, Sarra, Sterina, Dzhakos, Isaak, Ester, Yakov, Buena, Yuda, Moson, Perla, Iosif, Luna, Lutza, Mari, Menahem, Moïs, Natan, Delisia, Dudun, Olga, Pepo, Plata, Raül, Rasel, Aron, Elvira, Yacov, Irena, Yoseph, Ida, Brakha, Reina, Rikula. Les Amiel juifs d’Italie se nommaient Léon, Maurice, Vidal, Matilda, Rakhel, Yitzhak, Abram, Rachel, David, Issak, Mathilde Ammiel, Isaac et Rachel Ammiel. La française, elle, portait le prénom de Fanny. Bien entendu des plaques apposées localement rendent hommage à tous ces juifs morts par la folie d’une conception inhumaine de l’humanité: L’une d’entre elles fixée à l’entrée de la synagogue Kahal Shalom sur l’île de Rhodes, comporte les cent noms de famille de cette communauté qui ont péri dans cette folie meurtrière dont celui d’Amiel. Le monde libre, humaniste, normal quoi, a eu raison de cette idéologie faite de supériorité raciale et d’avilissement des autres races dites inférieures (il n’y eut pas que les juifs à pâtir des bourreaux hitlériens) et leurs combats, leurs sacrifices pour la dignité humaine et la liberté n’est pas prêt de s’éteindre; il n’y a pas de plus grand sacrifice que de donner sa vie pour ceux que l’on aime dit l’Evangile chrétien à propos de Jésus, c’est aussi vrai pour tous ceux qui nous ont libéré du joug nazi en 1944. Puissions-nous ne rien oublier!
Et ce nom Amiel comme beaucoup d’autres, est toujours bien vivant en Israël comme il l’est en Amérique et en Europe, il est porté par de nombreux juifs mais aussi par d’autres croyants, catholiques comme protestants et des « sans religion » même si ces derniers ont nécessairement des ascendants de l’une ou l’autre de ces religions auxquels d’ailleurs il faut ajouter les croyants de religion musulmane (avec une orthographe différente toutefois et dont je reparlerai dans une partie consacrée aux patronymes apparentés). Finalement tout comme il paraît vain de s’attaquer à une quelconque croyance et vouloir la détruire, il apparaît aussi vain de croire qu’au nom d’une idée il soit possible d’écraser une partie de l’humanité: la vie, d’où ou de qui nous pensons qu’elle vienne, est bien la plus forte parce qu’il se trouvera toujours des humains et l’humanisme pour la défendre, j’en suis convaincu.
0 responses so far ↓
Il n'y a pas encore de commentaire, profitez-en !
Laisser un commentaire