Ce n’est plus une découverte pour vous sans doute, le nom Amiel est, par son histoire, un nom répandu du Proche-Orient à l’Europe, et de l’Afrique aux Amériques; couvrant l’Histoire Occidentale depuis les origines de l’écriture jusqu’à nos jours, accompagnant les peuples dans leurs migrations depuis la Palestine jusqu’aux plaines européennes de l’est dans l’Antiquité, s’installant durablement en Europe Occidentale de l’Ecosse et des Flandres jusqu’en Espagne et Italie dès cette même période puis plus amplement au Moyen-âge, débordant même en Afrique du Nord aux mêmes périodes, notre nom a traversé les mers jusqu’en Afrique du Sud et en Amérique du Nord et du Sud avec les bateaux d’émigrants souvent contraints aux Temps Modernes, entre les XVII et XXèmes siècles, à devoir vivre ailleurs. Comme pour tous les autres aspects abordés dans ces articles, je ne peux faire dans ce cadre que des survols destinés à montrer combien cela se vérifie par de nombreux exemples. Il se peut que je recoupe des informations déjà données mais il faut y regarder de plus près: des compléments parsèment ça et là ce que j’ai déjà écrit.
Commençons ce ‘tour du monde’ (occidental) des porteurs de notre nom insigne en Europe (c’est là où ils sont le plus nombreux et c’est de là qu’ils partirent en Amérique ou en Afrique). Et puis par les ancêtres de notre grand Henri-Frédéric Amiel: les Amiel de sa famille sont au XVIIème S. établis à Castres, en Languedoc où ils font traditionnellement le commerce des draps, spécialité de la région en ce temps-là. Comme beaucoup dans ce coin du Tarn ils « suivaient » la religion réformée; bien que tolérée depuis Henri IV, l’ Edit garantissant cette entorse à la religion de Rome fut révoqué sous la pression des intrigues de la contre-réforme catholique par son petit-fils le roi Louis XIV en 1685. Ces Amiel ne comptent pas devenir catholiques et ne voient leur salut qu’en allant se réfugier en un pays où leur religion est acceptée et même garantie; il y a à proximité essentiellement les Pays-Bas et la Suisse qui peuvent accueillir ces émigrés pour cause de religion. Ce sera pour eux la Suisse et Neufchâtel dans un premier temps, puis le Pays de Vaud et enfin Genève où Samuel Amiel, grand-père d’H. F. Amiel, deviendra ‘Bourgeois’ en 1790. Mais la Suisse eut d’autres Amiel dès la même période, comme cet Amiel ‘directeur’ de la Poste de Noyon et dépositaire de « La Gazette Littéraire et Universelle de l’Europe » (c’est alors le Siècle des Lumières je vous le rappelle), éditée à Lausanne en 1768. A la Révolution (Française) si des Suisses voulurent suivre cet immense élan, l’on voit aussi sous l’Empire beaucoup de Vaudois engagés dans les troupes pour se protéger de la contagion (la Suisse est depuis longtemps une Fédération de petites Républiques): Jean d’Amiel par exemple, né à Noyon en 1763 (parent du précédent?) ancien soldat ayant combattu la Révolution comme Lieutenant dans la Légion de Mirabeau en Juin 1791 puis comme Capitaine de Chasseurs en Janvier 1794, Lieutenant-Colonel ensuite dans le même corps au service de la Russie en Sept. 1797 devient enfin Adjudant-Général pour la République de Berne le 25 Janvier 1798 (cf. « Les Vaudois de Napoléon. Des Pyramides à Waterloo 1798-1815″ A.J Tornare Musée Militaire Vaudois de Morges. Cabedita Yens-sur-Morges 2003). C’est encore en Suisse que se trouve le siège de « Amiel Industries », à Gland: cette société d’automatismes postaux et fiduciaires diffuse ses appareils dans le monde entier. Ses automates distribuent des marques postales et vignettes d’affranchissement tandis que d’autres conditionnent, distribuent et gèrent la monnaie et autres valeurs fiduciaires (cartes magnétiques, jetons, tickets…).
En Belgique maintenant: Au Moyen-âge suivant « Le Miroir des Nobles de La Hesbaye » (page 248) on peut lire que Messire de Haccourt qui épousa la dernière fille d’Otton de Lexhij eut, entre autres, Amiel de Wonck (où Amiel semble être un prénom?) mais celui-ci transmit cette première partie de son nom avec son nom patronymique non à son propre fils, mais au fils de ce dernier qui reçut le même nom que son grand-père; ce dernier Amiel de Wonck fut Bourgeois de Liège mais n’eut pas d’héritier et le nom amielien se perdit ainsi très rapidement dans cette famille. Toutefois une étude savante (« Les maîtres universitaires du diocèse de Liège: répertoire biographique… » Ch. Renardy Les Belles-Lettres Paris 1981) nous parle d’un Maître Amel de La Fize, clerc apparenté à Henri de Haccourt, abbé de St Laurent de Liège, fils d’Amel Polain de Wonck, Chevalier et Bourgeois de Liège, frère de l’abbé, qui reçoit du Pape Innocent IV un bénéfice vacant. Il est ensuite plusieurs fois cité comme Chanoine entre 1254 et 1268. Il est par la suite Official du Grand Prévôt Jean de Condé puis Doyen de St Denis de Liège en 1272. Il aura des fonctions juridiques jusqu’en 1283. On voit par là combien ces Amiel belges avaient d’entregent en ce haut moyen-âge même si certains en ont perdu le « i » de leur patronyme! A notre époque moderne je dois signaler un belge amielien de renom en la personne de François Amiel grand européen et militant notoire du Mouvement National Belge (et de l’Union Démocratique Belge) dont il fut l’une des chevilles ouvrières à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il dirigea à ses débuts l’Union des Résistants pour l’Europe Unie créée en 1952 (cf « La Résistance 1940-1945″ H. Bernard La Renaissance du Livre 1969).
En Italie outre ces Miani de Venise qui veulent descendre des Emiliani bien que le terme latin d’origine (Aemilianii) fasse référence à un agnomen et non aux Aemilii de la véritable origine gentile, on trouve par contre le patronyme Amielli, véritablement lui d’origine gentile latine; on le voit d’ailleurs utilisé en France, en latin, aux XIV-XVèmes S. pour le patronyme français (ou occitan) d’Amiel (cf « Armorial Général de France de d’Hozier »). Amielli est notamment le nom de l’une des deux tours penchées de Bologne (capitale de l’Emilie (Aemilia) – Romagne, la région où passe la fameuse voie émilienne de la République Romaine!). L’autre tour s’appelle Garisonda (cf Sociétés de Géographie de Tours et Toulouse 1889).
En Espagne où notre nom est si prégnant encore non seulement dans les patronymes mais aussi dans les toponymes comme on l’a déjà vu, quelques traces encore, comme ce blason d’un Amiel qui se lit ainsi « En plata, dos aves, de sable, puestas en palo » ( deux abeilles de sable mises en forme de pal), comme cette rue « Calle Amiel » près de la Plaza de los Porches à Cadiz, ou encore comme cet Amill (autre forme catalane d’Amiel, qui est aussi une forme catalane courante, quelquefois avec le redoublement du ‘l’ final) de son prénom Francesc (François) né à Trédos trouvé dans la liste des « Voluntaris Catalans » enrôlés dans la Légion Etrangère Française lors de la Grande Guerre de 14-18. De nos jours on peut citer le restaurant Amiel et Molins qui a ouvert il y a peu à Pont-de-Molins, province de Girona, ou le bijoutier-joaillier de Figueras Amiel qui possède (et fait visiter) une collection remarquable relative à son art.
Enfin un mot sur la présence amielienne en Allemagne avec cet aubergiste du nom de Paul Amiel né en 1657 dont on ne connaît que sa langue d’origine, le français, il pouvait donc être autant français que belge, suisse ou luxembourgeois; il partit enseigner sa langue d’origine en Allemagne, puis tient une auberge et décède enfin à Saarlouis. Il n’eut malheureusement (pour le nom) qu’une fille qui cependant fit souche en Allemagne. De nos jours on notera la holding de blanchisserie industrielle « Franz Amiel et Cie ».
Il nous faudra bien franchir l’Atlantique pour suivre nos cousins en Amérique et en Afrique, ce que nous ferons prochainement certainement plus vite qu’eux même si nous ne remonterons qu’au XVIIème siècle, l’histoire de ces contrées forgées au moule occidental étant tributaire de notre propre histoire européenne qui en est le creuset incontournable.
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