Pour ceux que cela étonnerait il faut préciser que la modernité a commencé il y a pas mal de siècles, au XVIIème plus précisément, alors que les grandes découvertes du monde commencent, que le nouveau monde nord-américain va s’émanciper, que le commerce va devenir mondial …Ce n’est pas pour autant une période d’émancipation des moeurs, des classes sociales, il faudra attendre pour cela le bouillonnement intellectuel du siècle suivant et les essais de sa mise en application à la fin seulement de ce même XVIIIème s. pour ce qui concerne la vie de la cité. Quant aux femmes, on ne notera que des phénomènes isolés concernant leur ‘libération’ de l’emprise masculine. En ce qui concerne les noms il est donc toujours aussi logique qu’au moyen-âge de voir ces filles, ces épouses n’exister légalement que par leur père ou mari, même si dans les faits, notamment au XIXème siècle on voit poindre certains caractères de libéralisation: essais du statut de divorce, reconnaissance d’autonomie pour les veuves, dans certains métiers, courant intellectuel comme Stendhal qui, dans sa dernière oeuvre, « Lamiel », essaie de libérer son héroïne du carcan viril, sujet à développer un de ces jours, bien sûr!…mais cette émancipation attendra encore…à peine si le XXème siècle en verra certaines applications concrètes que vous connaissez autant que moi.
Passons donc en revue quelques exemples significatifs de cette période qui ne peut, vous le comprendrez donc, remonter qu’à la période révolutionnaire, les XVII et XVIIIèmes S. n’étant pas très novateurs pour ce qui nous concerne, les femmes du nom d’Amiel ou allii n’étant pas issues des milieux favorisés de cette époque (même si l’on peut trouver des bourgeois portant le nom d’Amiel). Exception faite d’une Ursule Amiel qui épousa un émigré royaliste du nom de Jacques Scévola Cazotte et qui regarda avec lui la Révolution et l’Empire depuis l’Angleterre. Retouné en France à la Restauration des Bourbons, il fit paraître en 1839 (Ed. D’Adrien et Le Clère), à Paris, un livre sur cette triste période pour lui, pour eux devrais-je dire, « Témoignage d’un royaliste », dans lequel il consacre un § à son épouse, intitulé « Une Française, Ursule Amiel, épouse l’auteur et fait le bonheur de sa vie »; il loue cette femme ainsi: Elle a « versé le bonheur sur toutes mes journées », « Cette mère tendre a nourri quatre de mes enfants, consolé ma pauvreté, relevé mon courage… »; c’est une femme comme l’on n’en fait plus, n’est-ce pas? Son statut est celui des temps anciens, qui n’a guère évolué depuis des siècles et qui restera peu ou prou celui de pas mal de générations féminines encore…Autre exemple avec la marraine de Louis Pasteur, cet immense bienfaiteur de l’humanité qui était tout autant un homme de son temps; on a de lui une correspondance importante parmi laquelle des lettres à ses proches dont sa marraine, Mme Amiel, à qui il écrit par exemple le 23 Août 1879 depuis son village natal d’Arbois, dans le Jura. Un autre grand homme de cette fin du XIXème s. en la personne du premier Prix Nobel de Littérature, Sully-Prud’homme doit beaucoup à une femme du nom de Alice Amiel; il a trouvé près d’elle une grande confiance sur qui éprouver la valeur de ses créations littéraires, échangeant avec elle une volumineuse correspondance publiée en 1911 par « Le Livre Contemporain » dont je vous donnerai un aperçu forcément. De ce XIXème S. il faudrait aussi parler des femmes de la famille d’Henri-Frédéric Amiel, mais elles n’ont d’existence que celle que leur a donné leur illustre parent dans son immense ‘Journal Intime’; il ne faut pas les confondre avec « Les demoiselles d’Amiel » sorte de cénacle d’adulation féminine autour du professeur genevois. Arrivons au XXème s., dans le domaine toujours littéraire, notons dans une famille Amiel audoise, parente d’ailleurs de Henri-Frédéric, Augusta Amiel-Lapeyre, mère de Denys Amiel, auteur dramatique assez connu, qui publia en 1930 un recueil de maximes intitulé « Pensées Sauvages », un peu à la manière de H. Frédéric dont je tirerai à titre d’exemple, celle-ci: « Le parisien ne vit que dans le présent, le provincial vit surtout dans l’avenir et souvent avec ferveur dans le passé ». Plus connue sans doute est la danseuse Josette Amiel, née en 1930; Elle fut Danseuse Etoile de l’Opéra de Paris entre 1958 et 1971, Professeur à l’Ecole de l’Opéra de Paris ensuite jusqu’en 1996, Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur de l’Ordre du Mérite. Nous reviendrons sur tout cela dans une biographie qui lui sera consacrée. Enfin notons que le Prix Nobel de Littérature 1985 Claude Simon qui réside en Roussillon, région d’origine de sa mère, Suzanne Denamiel introduisit celle-ci dans plusieurs de ses romans, on en reparlera également.
Pour terminer et pour ne froisser personne, sachez que j’ai répertorié beaucoup de femmes Amiel contemporaines dans les domaines du cinéma, de la finance, des arts et de la médecine ainsi que dans les sciences, le commerce et l’industrie…ça y est elles sont bel et bien libérées et c’est tant mieux même si mon ego de méditerranéen en souffre un peu.
Je terminerai cette série consacrée à la gent féminine amiélienne par ces trois pensées d’Augusta Amiel-Lapeyre qui résument bien, il me semble, mes intentions sur ce site et pour chaque sujet que j’y aborde:
« Quand pour nous le jour baisse, nous devons allumer la lampe qui va montrer le passé aux jeunes qui nous entourent »; »De même que les archéologues reconstituent un monument avec une seule pierre, notre esprit peut revivre une époque avec un seul débris de souvenir »; « Epuiser son sujet c’est épuiser aussi… la patience de son interlocuteur ». Je m’arrêterai donc là pour cette fois!
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