Revenons aux Guti que nous avons laissé dans les Monts Zagros, au Moyen-Orient. Aprés avoir séjourné dans cette région pendant un millénaire, nous les voyons suivre les Scythes, autre peuple pérégrin, sur de longues distances. Ils remontent avec eux en Europe de l’Est, vers l’Ukraine pour être précis. Puis, à partir de -550 eurent lieu des expéditions vers la Pologne et l’Allemagne de l’Est. Dans ces régions ils viennent en contact avec les Balthes et Amales, l’histoire les rassemblant ainsi à nouveau après une longue errance à travers l’Europe et le Moyen-Orient. Ce grand peuple gothique s’imposa alors des rives sud de la Baltique (qu’ils ont traversé) pour occuper les riches plaines de Suède (qui deviendront le Gotland. Mais il resta des Guti dans le Gutium babylonien. Nous avons des témoignages historiques qui indiquent que bien après, au VIème siècle de notre ère, les Goths du nord et les Guti du sud ne s’ignorèrent pas et se souvinrent de leur lointaine parenté: En 536 les Ostrogoths d’Italie demandèrent par exemple l’aide de leurs cousins perses contre les Byzantins. On sait aussi que les voyageurs goths, fidèles à leur histoire de pérégrins, allaient très loin: On a trouvé en Inde, dans une grotte, temple de Junnar, des inscriptions de type gothique.
Toute cette histoire montre bien les rapports antiques entre ces régions bien éloignées et pourtant si proches historiquement. Les peuples sémitiques des origines (du temps du patriarche Abraham) ont des similitudes historiques avec au moins une partie des peuples goths, dont notamment la migration du vieux dieu akkadien Amal qui devient chez les Ostrogoths le nom générique de leurs « reiks » (rois) par glissement du nom du dieu vers le nom mythique de l’ancêtre éponyme (procédure que reprirent pour leur compte les différentes dynasties européennes un peu plus tard!).
Tout est maintenant en place pour voir déferler ces peuples du nord de l’Europe vers l’Empire Romain (moribond pour celui d’Occident).Mais reprenons nos goths où nous les avions laissés; Les cinq derniers siècles précédant notre ère auraient pu continuer sans que les romains aient eu à s’inquiéter de leurs frontières d’Europe Centrale mais le temps, les conditions climatiques (encore une fois!) s’en sont mêlées; ver -50 il commence à faire frisquet dans la Baltique (l’étude des nécropoles gothiques de cette époque nous le prouve), voilà nos goths repartis, pour la énième fois vers des cieux plus cléments. Tout ce périple sera décrit par l’historien alano-goth Jordanès qui vivait vers 550 de notre ère. Cette migration sera à l’origine des différents peuples germaniques appelés barbares par les peuples civilisés (romanisés) du sud de l’Europe.
Il est amusant de constater que vers 1070 (ap. J.C.) le Gotland qu’ils durent fuir en raison du climat un millénaire auparavant, était redevenu, selon Adam de Brême, un ‘pays très fertile, riche en récoltes et en miel …’ (Gesta Hammaburgensis Ecclesiae Pontificum). Ce qui ne semble pas encore le cas au milieu du VIème siècle puisque Jordanès nous dit: ‘Jamais à cause des rigueurs du froid, l’on n’y rencontre les essaims d’abeilles fécondes en miel’. Quoi qu’il en soit, ils eurent donc à conquérir les peuples en place en Europe continentale et surtout ensuite les romains. Très grand peuple en nombre ils s’étendirent en Europe Centrale: l’Est échut aux Amales devenus pour cette raison les Ostrogoths (Ostlich Goten ou goths de l’est) l’Ouest revenant aux Balthes (Westlich Goten ou goths de l’ouest). Et les gréco-latins les craignirent, peut-être se souvenaient-ils d’Hannibal (2ème siècle av J.C.) ou même du sac de Rome par les Gaulois ~ -390, ce qui est certain c’est qu’ils amenaient avec eux la renommée d’une royauté puissante (d’où l’adoption du mot rex, roi, traduit de ‘reiks’ soit ‘chef suprême’, qui désigna dorénavant dans les différents pays de l’Europe monarchique les chefs incontestés de ces états);on pensait que leur force venait de cette aristocratie clanique. Et ils entrent en scène ‘romaine’ avant le milieu du IIIème siècle de notre ère. Les incursions sur le « limes » (frontière de l’Empire Romain en Europe continentale) se firent de plus en plus fortes et durables, allant jusqu’à chasser les peuples autochtones, persécutant les chrétiens nouvellement autorisés par Constantin Ier (Edit de 313). Mais en 375 l’Empire Ostrogoth s’effondre victime de la puissance non des romains (qui ne sont vraiment plus ce qu’ils furent, honte à eux!) mais par les Huns alliés il est vrai aux Alains (barbares d’Asie Centrale). Ce qu’il restait des ostrogoths rejoignit les wisigoths; deux reiks prirent en charge Vidéric, enfant infortuné descendant des reiks amales (Emenric se suicida et son fils, père de l’enfant périt en combattant) et ainsi le nom d’Amale passa-t-il chez les Wisigoths. Les attaques reprirent, les romains étaient harcelés sur leurs territoires orientaux, en Grèce et sur le Danube. Nous verrons d’ailleurs que le seul Empereur aemilien, Aemilius Aemilianus, conquit ses titres de gloire contre eux, en 253. Les romains faute de les soumettre essayèrent de les assimiler au moins culturellement (c’est tout ce qu’ils pouvaient mettre encore en avant). Ils reconnurent leurs ‘reiks’, leur attribuèrent des territoires, leur accordèrent le statut de peuples fédérés, pourquoi pas une mythique filiation romaine via les Aemili (nom très proche consonantiquement de leur nom insigne). Vous doutez sans doute un peu de mes dires; et bien je n’invente rien; voici mes références: « Race and language Chap. 2 de Edw. Aug. Freeman 1879″ et « Obras complétas XVIII : Estudios hellenicos de A. Reyes Letras Mexicanas 1966 Mexico » dans lesquelles on trouve cette affirmation. Ces deux noms de famille y étant même indiqués comme branches d’une seule et même famille (c’est à mon avis aller un peu loin) qui aurait été séparée avant la séparation des teutons et des italiens (ce qui est, vous en conviendrez, un peu vague). Le Baron de Coston dans son « Origine étymologique et signification des noms propres et des armoiries » note aussi cette possible origine pour notre nom Amiel, via les Amal ou Ameli, dit-il, « tiré d’un radical Amal, ayant le double sens de pur, brillant, sans tâche, et d’actif, infatigable », qualificatifs dont se targuaient les fameux reiks goths. Pour ma part je pense que les Amales soit se sont adjugés eux-même cette filiation ou parenté fictive par rapport à leur fierté et à leur besoin d’assise civilisatrice (ils prendront plus tard nombre de moeurs, lois, religion chrétienne, romaines) soit, comme nous l’avons vu plus haut, ce sont les romains eux-mêmes qui les leur ont attribué en les rattachant a l’une des plus illustres familles de leur longue histoire (il est vrai des temps de la République, temps si lointain qu’il ne devait pas choquer beaucoup de descendants réels de la tribu éponyme).
Dans une troisième partie sur ce sujet nous clôturerons cette incursion dans les peuples dits barbares pour sans doute ne plus y revenir, mais dans le souci d’être complet je me devais de vous en parler assez précisément.
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