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21 février 2013 · Pas de Commentaire
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En complément: Amiel & Co, patronymes apparentés 2 voisins et amis
16 avril 2012 · 2 Commentaires
Il est une variante du nom Amiel qui me semble constituer un moyen terme entre tous les nombreux patronymes apparentés dont je viens de vous parler pour ce qui concerne la France; ce énième nom de famille est Ameil obtenu par métathèse avec Amiel. Ces Ameil de plus sont originaires du centre de la France, de cette région de vieilles montagnes que nous appelons le Massif Central à juste titre, et du Puy-de-Dôme en particulier. Ce nom me semble être en effet le trait d’union entre les Amiel du Languedoc, les Ameilh (Amielh) de Provence et les Ameel de Flandres, les Lamielle de l’Est et les Amelin de l’Ouest, les Ameuil du Poitou et les Emiel de la Creuse, la bande des Millau de la moitié Sud et celle des Milly de la moitié Nord. La plupart sont les héritiers de la vieille gente latine aemilienne, quelques uns sont descendants des Amali goths tout comme quelques uns ont des origines juives ou simplement occitanes (par la langue romane). Il est temps de survoler maintenant, pour finir cette saga patronymique, les noms de famille apparentés ou voisins, amis, des pays européens qui ont aussi été dans la mouvance de l’Empire Romain et ceux dont la culture fut imprégnée durablement de cette si brillante civilisation. Il y en a tant, peut-être en raison de l’extraordinaire diffusion du prénom Emile, traduit et utilisé dans toutes les langues de la chrétienté du moyen-âge jusqu’à nos jours; simple énumération à la Prévert pour servir d’exemple à ces affirmations.
Près de la France d’abord avec les Amielo, Amilio et composés en Espagne; les Amielo encore mais aussi Amieli (Amielli) et autres Amiola en Italie; les Amiele (oui avec un seul ‘l’) en Wallonie (Belgique francophone); les Amieleke flamands qui côtoient les Ameele précédemment notés; au Royaume uni les Amiel (que l’on trouve déjà au Moyen-Âge) ont comme proches les Amielson (cela va de soi!) et toute une suite d’Emmie avec ses variantes comme prénom toutefois; dans les Alpes nous aurons des Amiez et autres Amiet (en Suisse où ils sont aussi près des Amiel); jusqu’en Pologne où sont les Amielski et autres Tramielski; l’Allemagne même si elle connaît les Amiel leur préfèrera bien entendu les dérivés d’Amal dont le prénom Amalia, souvent donné comme variante d’Amelia plus latine; pour Amiel lui-même on trouve les variantes Amyel, Hamiel, Hammiel, Ammiel voire Amieth; le Luxembourg, fidèle au latin a ses Hamilius dont je ne pense pas que l’origine soit à voir en Hamel, le ‘hameau’ dans le nord et l’est de la France. La grèce enfin reste fidèle a ses Aimilios des temps antiques. Les juifs si présents en Europe depuis au moins le moyen-âge ont un peu partout leurs Ben Amiel (Abenamiel), Tramiel, les Amoyel (et ses dérivés en Moyal- el) …
Revenons en France pour parler de quelques composés construits à partir de notre nom. Si le prénom français Emile a donné peu de variantes (Emiel, Emielot ou Emilion) on retrouve par ce prénom l’origine hébraïque dans Eliam, (patronyme rare), confondue souvent avec une forme accusative latine d’Elie (notamment dans la Bible ou le nom du grand prophète est très souvent cité, dans le Nouveau Testament entre autres); précisons toutefois que Eliam est littéralement employé dans l’Ancien Testament pour parler d’un Amiel proche du Roi David. La marque ‘de’ indiquant en général la provenance d’un individu (et pas seulement la noblesse qui n’en est qu’une application) a été aussi utilisée dans quelques patronymes comme Damiel (mm) Delamiel, voire les plus obscurs Demamiel Damamiel (féminin?), Dinamiel ou les curieux Amaniel, Ammaiel espagnols. Les préfixes géographiques utilisés dans quelques toponymes ont donné des Montamiel, Valamiel ou Peuchamiel. En Espagne nous aurons sur le même thème des Villamil et même des Villaamil!
A tout cela il faudrait encore ajouter les noms patronymiques composés avec Amiel comme Amiel de Tréville ou Amiel-Fourtas …, parler de l’incroyable variété orthographique de tous ces noms que quinze siècles de scribes, prêtres, notaires et autres agents chargés de les transcrire souvent au seul son de la voix de leurs porteurs ont constamment inscrit sur leurs actes suivant, disons leurs dispositions du moment ou leur idée; nous les relisons aujourd’hui comme nous portons les noms de nos ascendants: nous les constatons et les recevons comme ils sont. Ils portent en eux toute l’histoire humaine passée, transmise invariablement de génération en génération depuis presque l’aube de l’humanité, en tous cas depuis les débuts de l’histoire, le début de l’écriture. C’est bien le cas pour le patronyme Amiel que l’on trouve noté dès la période de l’Exode biblique, au temps de Moïse, mille deux cent à mille quatre cents ans avant notre ère, si répandu ensuite par l’antiquité romaine durant mille ans, très commun au moyen-âge comme nom ou prénom puis comme patronyme familial transmis de génération en génération, utilisé depuis par les Européens sous de multiples formes linguistiques, diffusé dans tout le monde occidental depuis les colonisations outre-atlantique, africaines… et toujours vivant de nos jours.
A bientôt pour une visite détaillée de notre patronyme (et toponyme) Amiel, par thèmes particuliers bien précis et plus fouillés.
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En complément: Amiel & Co, patronymes apparentés
2 avril 2012 · Pas de Commentaire
Tout comme pour notre « nomen » Amiel, les mêmes ascendances onomastiques ont produit durant les siècles postérieurs à la chute de l’Empire Romain de très nombreux patronymes (et toponymes) en Europe et en France particulièrement (on sait pourquoi et je n’y reviens pas). Si les étymologistes sont d’accord sur l’origine de beaucoup d’entre eux ce n’est cependant pas le cas de tous; la jeune science des noms propres a encore pas mal de travail pour s’accorder sur certains cas qui posent problème. Dans ce supplément à mon sujet principal j’essaierai de vous donner et les uns – que j’ai appelé ‘apparentés’, ceux dont on est certain qu’ils ont leur origine dans le nom latin d’Aemilius (et consorts, c’est-à-dire d’une des déclinaisons de ce nom) et les autres – que j’appellerai ‘voisins’ ou ‘amis’ (pour être encore plus proche de ce dénominateur commun dont je vous ai parlé dernièrement). Il y a le cas des patronymes à qui les spécialistes ont attribué deux origines sans avoir tranché. Il se peut aussi que je répète certains patronymes rencontrés ici ou là dans l’ensemble de mes précédents articles, ceux-là m’ayant servi à étayer mes dires à cet endroit-là. Enfin ne pouvant m’attarder longuement sur ce sujet annexe je m’en tiendrai aux patronymes rencontrés originaires de France pour l’essentiel.
Rencontré dans le Pas-de-Calais et en Belgique, Ameele (avec Ameel, Ameels, d’Amel ou Van Ameel…) est une forme flamande du nom de baptème Amel (et non pas Hamel qui lui, vient de hameau). Cet Amel a pour origine soit le latin Amelius par éventuellement la variante française Emile, soit le germanique et goth Amal.
Ameline très fréquent dans l’Ouest, en Normandie et aux confins de la Bretagne paraît être un matronyme par la forme féminine d’Amelin. Amelin, lui, a aussi les deux origines possibles d’Amelius ou d’Amal.
Dans ce même groupe on trouve encore , Amelon ou Amelong formes de diminutif ou de cas-régime d’Amel ou Ameel; Amelot et ses variantes Ameloot, Amolot, Melot par aphérèse et ses diminutifs Meloteau ou Melotteau trouvés toujours dans la moitié nord de la France. Par contre les Amiot Amyot et leurs dérivés peuvent eux avoir pour origine le nom propre mais aussi commun d’Ami. Ce nom Ami est lui, très disputé, étant donné son extraordinaire et universelle aura humaniste: quelques auteurs en font une apocope d’Amiel, vous savez maintenant que cette origine se défend au moins pour ce qui concerne le patronyme.
Pour Ameuil porté dans la Vienne et la Haute-Vienne et Amieux dans l’Isère et les Hautes-Alpes, zones tampon entre les parlers occitans et français au nord-ouest et à l’est de ces deux groupes linguistiques, l’origine commune avec Amiel (essentiellement occitane pour ce qui nous concerne) est indubitable.
Dans le Poitou et en Vendée on trouvera des Amilien qui est une variété du français Emilien (venant du latin Aemilianus, cognomen d’après Aemilius, Emile français ou Amiel occitan). La Creuse nous donne Emiel et son diminutif Emielot, eux aussi très français dans leur forme, lesquels correspondent exactement à Amiel et Amielet occitans.
Par aphérèse sur Amiel, la Bourgogne a ses Millot ou Milliot, le Lyonnais des Milhot (la forme ‘lh’ très occitane permet de se poser des questions sur les limites septentrionales de la langue romane d’oc). Ce dernier patronyme faisant immanquablement penser aux Millau et autres Milhau, Milliaud, Milhavet ou Milhaves qui font tous références à des originaires de la ville aveyronnaise de Millau, laquelle a pour origine toponymique un très vieil Amelianus des premières romanisations, plus d’un siècle avant notre ère. Presque dans la même région, dans l’Yonne et l’Isère nous aurons des Millon, Milion, Million, patronyme dérivé d’Emile ou du germanique ‘milo’ qui signifie bon, généreux, ce qui convient aux amis ou amoureux, vous en conviendrez avec moi! La forme rare de Milleau se trouve dans les Deux-Sèvres et en Aquitaine. Par contre Millet, plutôt du nord, est lui très fréquent mais il peut aussi avoir pour origine le « millet » (en occitan « milhet), la céréale qui était autrefois cultivée autant au nord qu’au sud de la Loire.
Plus certain est Milley de l’Aube et du Doubs, qui, tout comme Milly de la région lyonnaise désigne ceux qui sont originaires de l’une des multiples communes appelées Milly; ce toponyme de langue d’oïl s’est formé d’après la forme latine de Milliacum ou Miliacum que l’on trouve dans les textes du haut moyen-âge et qui désigne un domaine rural d’un Aemilius gallo-romain ou roman.
Encore dans le Pas-de-Calais nous trouverons des Milien et Millien dont l’origine est à rapprocher bien entendu d’Emilien, cognomen d’Emile comme Amilien par aphérèse.
Milon et ses dérivés diminutifs, sont en général considérés comme des hypocoristiques d’Emile ou venant du germanique ‘milo’ déjà vu, voire du vieux breton ‘mil’ désignant un soldat. Par contre Milot et sa variante Milo (rien à voir avec la Vénus du même nom) sont eux bien deux diminutifs d’Emile qui sont portés dans le Loiret et le Nord.
Vous le voyez beaucoup de ces patronymes ont pour origine la forme française d’Amiel soit Emile mais il y a les Lamiel et leur féminin Lamielle, ces derniers portés en Haute-Saône et Belfort pour lesquels il y a lieu de trouver les « L’Amiel » et « L’Amielle » des origines populaires, bien que ces formes aient plutôt une tournure plus méridionale.
Quant à Melly, là c’est une vraie curiosité: voilà un patronyme qui est présent en Alsace et dans l’Oise, mais qui est aussi très fréquent en Allemagne sous la forme Melis et Melliès; dans le Nord et en Moselle on a la forme Mély (Mely) et en Belgique une agglomération de ce nom existe. L’origine est toutefois unique: il s’agit bien du latin Amelius.
Et puis il y a le patronyme au doux nom de Melon; son origine est difficile à cerner. Bien que l’on pense au premier abord au fruit de l’été, cette origine est peu probable. On a un Saint Mellon, qui fut évêque de Rouen et dont l’exact patronyme se poursuit dans le Centre; on a encore le toponyme aquitain correspondant à la meule de foin (de l’occitan ‘molon’) ou sommet arrondi par métaphore (on a bien des Melon en Aquitaine). Le nom et le toponyme existent aussi en Espagne (Mélon en Galice, province d’Orense); en Belgique l’on peut y voir un dérivé d’ Amel par aphérèse et en Italie du Nord on a les formes diverses de Melone, Meloni, Mellone et Mellon. Voilà donc ce qu’on peut appeler se perdre en conjectures mais on ne peut en dire plus!
La suite verra quelques patronymes non typiquement français, il y en a bien quelques uns qui peuvent être notés dont l’origine est soit à rapprocher d’une autre langue européenne soit à trouver dans la tradition juive (la première origine de notre nom comme je l’ai maintes fois souligné) et enfin tous les patronymes dont la forme orthographique fait bien penser à quelques Amiel perdus dans les arcanes linguistiques ou toponymiques mais qu’il m’est impossible de détailler dans le cadre de cette présentation patrimoniale patronymique amielienne.
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Amiel, Aemilii, Amali, Ameilh, deux dénominateurs communs, l’Amour, la Septimanie.
27 mars 2012 · 1 Commentaire
Vous m’avez suivi tout au long de ces articles un peu comme l’on suit un guide dans une visite accompagnée d’une demeure de famille d’illustres personnages. C’est bien sous cet angle d’illustration par l’exemple que j’ai cherché, tout au long de ma prose, à montrer comment notre nom s’est rendu remarquable depuis la très haute antiquité. Vous avez ainsi progressivement et selon l’ordre chronologique de l’histoire occidentale (la question des mythes mise à part) depuis les premiers écrits de l’histoire « créant » la première partie de notre nom « Am » jusqu’aux Amiel les plus récents (personnes, lieux ou personnages de roman) mis les pas dans le cortège de tous ceux, dont certains trop peu connus, qui l’ont porté, que ce soit par dévolution patronymique, par volonté propre de changement de nom ou par référence à l’antiquité hébraïque, romaine, gothe voire à la période médiévale occitane. J’ai essayé de rendre mes informations aussi attrayantes que possible en parsemant ici et là mes dires de considérations personnelles qui n’engagent que moi bien entendu; ma recherche documentaire sur ces périodes historiques est sans doute fragmentaire mais je ne prétends pas à l’absolu en la matière: l’essentiel étant pour moi de ‘couvrir’ la grande majorité du sujet si vaste de l’histoire de notre nom et de ceux qui l’ont porté, essentiellement en Europe et particulièrement en France où se concentrent vous le savez la plupart des Amiel du monde (plus de quatre mille sur les cinq mille probables). Je n’ai pourtant pas oublié ces Amiel qui sont partis, par nécessité le plus souvent au cours de l’histoire de l’Europe, vivre en Afrique ou en Amérique. Je n’oublie particulièrement pas tous ceux qui ont eu à souffrir du régime effroyable nazi et consorts que la vieille Europe a engendré voilà seulement moins d’un siècle.
Lorsque l’on considère l’extraordinaire cohorte des Amiel de tous les temps, depuis les hébreux jusqu’aux noms actuels, il se trouve que l’on peut entrevoir une sorte de trait commun inscrit même dans leur nom, ce fameux phonème universel: « AM » qui en français et dans les autres langues latines est le constituant de la plupart des mots en relation avec l’Amour. Ce mot universel dont la provenance française est à voir dans l’occitan ‘amor’, repris tel quel par cette langue du latin, le plus beau mot de la langue selon beaucoup d’auteurs, peut en effet être retrouvé dans les différents significations sur l’origine du nom.
Chez les hébreux (comme chez les arabes qui ont aussi un langue sémitique) ce phonème est en relation avec ‘les hommes’ pris comme cette entité spéciale dans les êtres vivants comme étant ceux qui pensent, aiment, ont conscience de leur vie présente comme de leur mort future. D’ hommes à peuple, il n’y a qu’un pas mais ce pas désigne ceux qui ont des intérêts communs, qui donc s’épaulent, s’entraident, en un mot s’aiment. La dimension purement physique d’amour entre les êtres eux-mêmes n’a pas ici à être mise à part, elle en est une expression remarquable, je pense personnellement que l’une ne va pas sans l’autre. L’Ancien Testament, la Torah juive regorge d’exemple de cet amour qui lie les hommes entre eux et avec la Divinité. Le Coran pour ce qui le concerne doit faire de même, je n’en doute pas.
Retrouver cette relation particulière entre les humains dans l’antiquité latine n’est, à mon avis, pas plus compliqué. Les auteurs romains nous disent que l’origine du nom de l’illustre gens aemilienne est à trouver soit dans le grec « aïmilios » où il désigne la faculté de bien parler et avec facilité, soit dans le latin « aemulus » où il désigne celui qui cherche à imiter (celui qu’il admire) jusqu’à la rivalité même. Il faut bien voir que chez eux la rhétorique, art bien oublié de nos jours, ou art de bien parler, était une dimension essentielle de la vie publique; l’amour de la langue était un avantage certain, et la fameuse « Tribune aux Harangues » de Rome a vu passer beaucoup d’orateurs dont certains ont pu avoir là un piédestal pour leur carrière politique ou intellectuelle durant toute la période de près de cinq siècles de la République Romaine. Plusieurs aemiliens ont été de très bons orateurs. Bien que d’une classe patricienne, les Aemilii ont souvent cherché à se rapprocher des plébéiens pour le bien du peuple romain; c’est pour cet amour de la République que l’un d’eux, Consul en fonction, est mort sur la champ de bataille; c’est pour ce même amour que d’autres ont fait voter certaines lois, somptuaires entre autres, qu’ils ont établi des limites à certaines fonctions (censeur), qu’ils ont gouverné les provinces avec discernement (d’où la grande popularité du nom Aemilius dans ces provinces puis sous l’Empire)…Faut-il rappeler que c’est en raison de l’amour des lettres et de la philosophie grecques que cette civilisation a enfin eu droit de cité chez les intellectuels et politiques romains…Et cette reconnaissance est due à Aemilius Paulus, émule des idées et de la littérature grecques qu’il a lui-même introduit à Rome. Enfin les très nombreux aemiliens gallo-romains, italiens ou ibéro-romains témoignent bien de cette émulation latine, l’empire ayant quand même duré plusieurs siècles autour de la Méditerranée. Sa chute est surtout due aux incursions de plus en plus nombreuses des peuples d’Europe centrale et du nord, comme vous le savez entre autres des suivants.
Pour ce qui concerne les goths puisqu’il s’agit d’eux, il peut à priori être difficile de trouver quelque parcelle d’amour chez ces peuples que les romains appelaient barbares (en fait ils voulaient désigner par là les étrangers, c’est tout). Et pourtant, ces hordes sans foi ni loi de tribus arriérées se sont bel et bien fondu dans l’antique moule méditerranéen, adoptant avec les noms latins (qui fit des Amali des Aemilii par consonnance, admiration voire émulation) les moeurs latines et le haut degré de civilisation romain. Derniers venus sur l’arc méditerranéen entre les Alpes et l’Ibérie, ils vont développer une brillante civilisation en Espagne, après avoir colonisé (pour peu de temps) la moitié sud de la Gaule et plus durablement le Languedoc et surtout la Septimanie. Ils vont rester sur ce côté des Pyrénées pendant deux siècles et demi et beaucoup d’Amelius et autres Amiel du haut moyen-âge en sont sans doute des descendants directs. Sans doute aussi faut-il voir en eux les pères de la romanité moderne, la romanité post-romaine de la Gaule des Marches d’Espagne du temps de Charlemagne, dont la brillante expression s’épanouira dans la civilisation occitane des troubadours, des cours d’amour et de la religion des parfaits des IX, X, XI, XII et XIIIème S. La langue occitane dont le rayonnement va couvrir quasiment la moitié de la France actuelle, auquel il faut ajouter le Val d’Aran dans les Pyrénées et le Val d’Aoste dans les Alpes Italiennes me semble avoir pour origine ce Languedoc dont le nom traduit bien cette opinion. Ce Languedoc dont la partie plus littorale constitua la Septimanie du Royaume Wisigoth d’Espagne (Languedoc-Roussillon actuel moins la Lozère) me semble bien être le creuset de la majorité de ces familles Amiel.
C’est en grande partie exact pour ces derniers Amiel occitans (y compris des Amielh provençaux dont l’origine est soit latine, soit spécifiquement occitane, en rapport avec l’amandier de cette langue dont les références avec l’amour ont été notées au débuts de notre périple amielien), mais les juifs, les ibéro-latins voire les Arabes, que pourraient-ils venir faire dans cette Septimanie? Faut-il donc rappeler que Narbonne fut une ville où ont vécu de nombreux juifs durant ce haut moyen-âge et même ensuite (certains ont même du arriver avec les romains) ? Que les Arabes ont fait un séjour dans cette région durant environ un demi-siècle ? Que les ibéro-latins d’origine wisigothe et catholiques sont venus se réfugier dans cette région en-deçà des Pyrénées ( lorsque les Arabes se sont installés pour très longtemps en Espagne) et se sont mis sous la protection de l’Empereur Charlemagne (celui-ci leur concédant des terres dans la région)?
La Septimanie, terre d’élection des Amiel depuis les Romains, réunissant les différentes origines de notre nom et corroborant la très forte présence du nom sur ces terres encore de nos jours me semble être bien le dénominateur cette fois géographique de notre nom. Même si l’on doit ajouter que ces dénominateurs ne peuvent être exclusifs et ne pas concerner tous les Amiel d’origine juive, les Ham(m)yel ou El-Hamy arabes et autres Ameel néerlandais ou belges voire les Hamel Hamelin ou Miële allemands etc….
Notre nom Amiel réunit donc en ces lieux languedociens le bel amour médiéval et occitan il réunit aussi les trois religions du Livre (juifs, arabes et chrétiens que ces derniers soient catholiques ou protestants) autant par ce mot Am que par El, le dieu des hébreux ou Allah, nom du même Dieu chez les arabes, le Tout-Puissant, le Seigneur des chrétiens. Il est un modèle de la relation entre les hommes, et des hommes avec Dieu. Je tenais à vous le faire connaître, voilà qui est fait.
Pour terminer cette longue visite-conférence je terminerai en paraphrasant un court poème d’Henri-Frédéric Amiel et m’adressant aux Amiel de ce jour je veux dire:
Notre nom est en nous mais rien n’est à nous
Ils l’ont porté, d’autres le porteront. Ravisseur téméraire,
Au domaine commun bien loin de le soustraire,
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Le nom Amiel dans les lettres 7
19 mars 2012 · Pas de Commentaire
Dernière série sur la présence de notre nom (ou prénom exceptionnellement) dans la littérature moderne dans les langues ou cultures française, anglaise et américaine, espagnole et ..occitane (origine importante des Amiel oblige) et dans diverses formes littéraires comme on va le voir. Pour commencer un roman anglais narrant la vie de Constance Mordaunt; se passant dans les Caraïbes du coté des Iles au Vent,à St Vincent, les Barbades, une éducatrice du nom de Miss Amiel organise la vie et les études des jeunes filles dans ces Iles de l’Archipel de l’Ouest comme l’indique le sous-titre de ce roman de E. J. W. London Saunders édité par Otley & Co. en 1862.
« Amiel » tout court est le titre d’une nouvelle à caractère historique de Myrthe Johnston paru en 1941 (D. Appleton Century Ed.), titre désignant le personnage de Amiel Gilchrist, il peut s’agir donc ici du prénom Amiel mais ce n’est pas certain, l’habitude d’avoir des noms patronymiques composés n’étant pas rare chez les anglo-saxons. Cette utilisation courante en anglais, peut tout autant faire référence à l’un des Amiel de l’Ancien Testament Biblique, chez des peuples ou plutôt des civilisations empreintes des noms bibliques suite à la propagation des idées de la Réforme Protestante (toujours présentes et actives notamment aux Usa) comme aux Aemilius latins (où il s’agit bien d’un nom) ou encore aux saints aemiliens (qui de noms propres pour les premiers martyres ont ensuite été, mais pas avant le moyen-âge, des prénoms tout autant que des patronymes); en France on parlera de saints émiliens puisqu’il s’agit du prénom Emile comme dans les autres langues latines, même si l’on a aussi la présence de la forme Ameli-o,-a). Il n’est pas utile de rappeler la forte présence aussi des Emily, Emmy comme des Amelia et autres Amy chez les mêmes anglo-saxons: si chez eux c’est la forme féminine qui a été et est toujours fortement diffusée, il apparait que chez les latins c’est la forme masculine qui a (ou a eu) plutôt la côte (Emilio, Ameglio, Aimilios).
Fernando Arrabal, auteur espagnol contemporain d’avant-garde, surréaliste, dans ses pièces de théâtre, a notamment dénoncé le régime autoritaire du Général Franco dans l’Espagne du milieu du XXème S. Dans sa pièce « Et ils passèrent des menottes aux fleurs » écrite en 1955 on voit (et on participe) à la vie carcérale des prisonniers de ce régime. La cruauté se mêle à l’indigne, cauchemars, tortures qui forment le quotidien des prisonniers devient aussi le lot des spectateurs qui ne peuvent sortir de cette épreuve qu’avec un profond malaise. L’un des prisonniers du nom d’Amiel participe par son action théâtrale à cette sinistre ambiance, mais contrairement aux autres, il peut accéder au rêve, notamment érotique, et autres envies ou besoins d’ordre physique, je vous passe les détails, gratinés si je puis dire! on pourra y revenir.
Tout autre chose maintenant avec le monde de l’étrange, de l’inexpliqué. Une très curieuse histoire est arrivé en plein milieu du XXème siècle à une dénommée Christine Amyel: Souffrant d’un dédoublement de la personnalité elle se mit à errer dans les rues du quartier du Marais,à Paris,où se trouvait l’imprimerie Amyel, appartenant à la famille du même nom sur laquelle le sort paraît s’être acharné, croyant réellement revivre les angoisses et les menaces d’une aïeule nommée Calliste Amyel laquelle vécut les terribles évènements de la Révolution de 1789! L’histoire de ces deux jeunes filles Amyel ont fait l’objet de plusieurs publications durant la deuxième partie du XXème S. En voici quelques références: « Mythologie du fantastique- Les rivages de la nuit » de Francis Lacassin (Ed du Rocher 1991) et auparavant, du même, dans « Mondes noirs » (Un. Gén. d’Ed. 1980) ainsi que « Histoires fantastiques d’aujourd’hui » d’André Bay (Castermann 1965) et « Les filles de la nuit » de J. L. Bousquet (Marabout 1978).
Encore deux jeunes filles mais soeurs, anglaises, Miss Mary Amiel et Miss Fanny Amiel, filles d’un pasteur protestant, et bien loin de l’Europe. Avec un certain Nat Amiel, jeune frère d’un Harry, de leurs proches parents, ils voyagent dans le Pacifique dans ce roman de voyages. (cf: « The Cruise of the Dainty – Rovings in the Pacific W. H.G. Kingston First World Libr. Fairfield IA Usa 2007).
Encore un curieux nom d’oeuvre littéraire avec ce « Damiel ou les indifférents » d’André Tubeuf (A. MIchel 1999) roman où est célébré un Orient perdu, histoire de deux jumeaux aux prénoms de Damien et Daniel, fils d’une riche famille grecque. Ces prénoms si proches et l’état de ceux qui les portent me font penser aux Amis et Amile de cette geste du moyen-âge dont je vous ai touché quelques mots il y a quelques temps et qui est une apologie de l’amitié au temps de Charlemagne. Ici c’est tout autre chose; ces jumeaux au nom si proche qu’on ne les désigne que par un seul Damiel, mélange de Damien et Daniel bien entendu, contrirement à ce que l’on pourrait augurer, vont s’éloigner l’un de l’autre. C’est un roman sur la famille et la mémoire et non sur l’amitié ou l’amour de frères.
Dans « La diabolique mante religieuse » roman policier de Georges Teské paru récemment (2010), l’auteur introduit pour les besoins de son histoire un Docteur Amiel dont je ne peux résister à vous donner l’allure, tant il me fait penser à quelqu’un que je connais: « ..un homme…d’une cinquantaine d’années …de petite taille avec une tendance à l’embonpoint, plutôt chauve avec quelques fils argentés sur les tempes, ce n’était pas ce que l’on appelle un homme séduisant, mais il dégageait de sa personne une apparence imposante de chef… (il parlait) courtoisement avec une voix chaude » (Chap. V p. 69). Bon c’est vrai je ne suis pas médecin mais pour le reste ça me ressemble.
Dans le domaine de la littérature occitane, deux références: celle d’Yves Rouquette dans « La Sirventa » dans laquelle la dite servante appelle l’un des personnages « per son pitchot nom » Amiel (« par son petit nom ») et celle plus engagée de Robert Laffont, « La festa » dans laquelle le narrateur Amielh, mais son nom complet est Amielh Ribera, ancien directeur de collection littéraire parisien reconverti dans les années 1970 à la ruralité des origines familiales, revient dans le sud, s’installe dans les Causses. Sa demeure deviendra rapidement une des bases de préparation à la fameuse et inoubliable Marche des Paysans du Larzac, fondement politique et culturel du renouveau occitan toujours vivant, actif aujourd’hui. Puisse les pouvoirs publics français, ceux de Paris, reconnaître dans les faits cette volonté des peuples régionaux de France à plus de libertés locales dans ces secteurs de la vie quotidienne, de la culture, de l’histoire, de la langue et de leurs transmissions aux futures générations. Il ne suffit pas de signer une Charte des Langues et Cultures Régionales encore faut-il la mettre en application et donner aux régions les pouvoirs politiques et financiers de l’appliquer. C’est cela la démocratie et la décentralisation et pourquoi pas un référendum, c’est dans l’air du temps, je dis oui tout de suite à son principe mais « mèfi » pour le texte de la question! Qui vivra verra, proverbe français!
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Le nom Amiel dans les lettres 6
12 mars 2012 · Pas de Commentaire
Revenons donc à la fin de ce XVIIIème S. dit ‘des Lumières’ en raison de l’explosion des idées dont il vît l’éclosion en Europe, idées sociales, politiques, scientifiques, culturelles; cette fin de siècle va déjà en voir quelques applications avec le bouillonnement révolutionnaire français de 1789 qui va déteindre sur tout le continent au siècle suivant. Et les Amiel seront bien sûr de cette société en mouvement qui caractérisera depuis la marche des hommes.
Il est un mouvement, une organisation assez secrète qui prît naissance en Angleterre et qui va couvrir de son ombre et de son action tout le continent, accompagnant les théoriciens des idées, je veux parler de la Franc-Maçonnerie. Sans cette cheville ouvrière présente localement et agissant opiniâtrement peut-être les belles idées des penseurs de la société moderne n’auraient-ils pas trouvé l’écho nécessaire pour pouvoir entrer, quelquefois difficilement d’ailleurs, en application: Il fut de bon ton, normal que toute personne détenant une parcelle d’autorité ou de pouvoir, dans tous les domaines de la vie quotidienne ait son entrée dans une des innombrables loges maçonniques qui s’organisèrent durant la deuxième partie du fameux siècle des lumières. Cette véritable société de promotion des idées nouvelles avait ses codes, ses pratiques, ses secrets; l’ésotérisme n’en était pas exclu, on se référait souvent à l’histoire des hommes, à sa dimension religieuse aussi et la Bible avec ses personnages était une des références bien utiles (la « mort de Dieu », ne vous méprenez-pas n’est pas encore de ce temps, mais pour bien plus tard, on ne conçoit pas alors une société sans Dieu ou du moins sans un « Etre Suprême » qui d’ailleurs sera « porté sur les autels » par la Révolution). Encore aujourd’hui les Franc-Maçons, à tort ou à raison, là n’est pas la question, passent pour une association très fermée, même s’ils s’en défendent et n’hésitent pas à organiser des ‘portes ouvertes’ ou participer aux ‘Journées du Patrimoine’. On a trouvé dans les papiers du Maçon grenoblois Prunelles de Lière un curieux livre intitulé « Le Livre des Initiés ». Ce livre d’instruction écrit par un mystérieux « Agent Inconnu » entre 1785 et 1796 contient un texte presque illisible, étrange, délirant même, composé dans une langue originale mais complexe, accompagné surtout d’un lexique (heureusement!) commençant par le mot Amos et dont l’ensemble constitue pour les Initiés ‘la langue primitive’ des hommes. En voici un aperçu qui concerne directement notre nom: » la déclinaison d’Amros (avec Espos, Consuros, Imaos, Possos) répond aux consonances plus ‘fluides’ des Amiel (et autres Ael, Gabriel, Seliel) en leur opposant des ‘sous-âpres’ en ‘or’. L’oreille perçoit nombre de ces sonorités comme, (paraît-il), l’écho lointain des langues grecque, latine, parfois émaillées d’éléments sémitiques ». Dans Amiel nous avons largement vu toutes ces origines en effet, ici regroupées. Ces lointaines origines qui cimentent et relient solidement nos Franc-Maçons à l’origine de l’homme sur la terre, n’y apparaissent pourtant que par fragments car le texte était seulement destiné à être lu sans être dit (il y a même des graphes tout à fait imprononçables). Il s’agit là de parler d’un être sacré ou d’un sentiment pieux, dimension toujours actuelle et forte dans ce monde pourtant en révolution. Le terme même d’Amiel et plusieurs autres (Babilone, Gabriel, Seliel, Seth) sont à l’évidence puisés dans les textes ésotériques religieux, où ils désignent des anges (Amiel étant un des anges de la 8ème sphère du Ciel) ou des puissances dont le statut est d’ailleurs parfois réinventé. Il se peut que par ce livre son auteur ait peut-être voulu retrouver la « langue primordiale, adamique et unique » qu’auraient parlé les hommes avant le fameux « Déluge » et dont on retrouve trace dans la plupart des cosmogonies des peuples anciens. (rèf: « La Franc-Maçonnerie ésotérique au XVIIIème S. » Ch. Bergé Revue L’Homme 1997 Vol. 37 n° 144). Bien entendu je vous renvoie à ce que j’ai écrit auparavant sur les mythes dans lesquels notre nom apparaît en termes plus ou moins voilés.
Restons encore dans le mystère tout en rentrant dans le siècle suivant avec quelques mots d’un curieux écrivain du milieu du XIXème S., le Baron De Lamothe-Langon. Toulousain de naissance, le baron dans « L’homme de la nuit ou les Mystères » (1842) nous livre ses propres origines: Il a pour aïeule une dame « d’Amiel » dont la mère était une Varicléry-Carrare (on verra un jour que les Amiel de Tréville (en Lauragais) ont eu pour descendants des Varycléry). Ces Varicléry-Carrare étaient issus des souverains de Padoue, en Italie. Son aïeul, époux de cette dame d’Amiel, lieutenant-colonel de son état, est un personnage de Tuchant (sic) Tuchan dans l’Aude, terres très amieliennes comme on l’a vu souvent. Ce brave baron est bien connu pour avoir fourni de fausses biographies en serait-il de même pour ses propres origines? Qui sait? Il était en tous cas bien au courant des relations familiales de ces Amiel-Varicléry qui vivaient de son temps en Languedoc.
Jean Giono, l’auteur provençal bien plus connu que le baron précédent, parle lui, dans plusieurs de ses nouvelles de personnages truculents de la Haute-Provence et notamment de tout un ‘clan’ Amiel dont le plus ancien est dénommé « le Père Amiel », chef d’une famille dont la terre ancestrale est à « Piedgros », une ferme sise au milieu de châtaigniers (in « Faust au village »). Dans « Le dernier feu », roman où il raconte la vie quotidienne dans sa Provence des altitudes un siècle auparavant, vers 1830 donc, on lit les noms d’Augustine et Hilarion Amiel.
A la Belle Epoque, le très british Sir Arthur Conan Doyle, père littéraire du célèbre Sherlock Holmes fait paraître en 1908 ‘The leather funnel » (« L’entonnoir de cuir »), conte fastantique qui décrit par le détail les tortures infligées à la « Brinvillers », l’empoisonneuse fameuse du temps de Louis XIV. Il y est question aussi d’un personnage nommé « Le Père Amiel ».
Enfin pour terminer une oeuvre d’un anglais qui ausculte une famille française: « The French » de Théodore Zeldin. La famille c’est bien entendu les Amiel, ils sont audois c’est logique et nous sommes au XXème S. Leur histoire familiale fait l’objet d’un chapitre: Depuis au moins cent-quinze ans les Amiel sont audois; le plus vieux d’entre eux, le patriarche, Pierre Amiel, a 95 ans. Son nom dit l’auteur, rappelle celui d’un arrière-grand-père qui revînt de Moscou avec les débris de l’Armée Impériale de Napoléon en 1813. Ses prédécesseurs étaient notaires Pierre aurait dû leur succéder mais la vie en décida autrement: il rate ses études et devient producteur-négociant en vins, la production étant alors à son maximum; mais il fait faillite, les vignes sont vendues l’une après l’autre! Les Amiel ne s’en sauvent que de justesse. Pierre décide alors de devenir écrivain mais personne ne voulut éditer son oeuvre naissante. La poisse sur toute la ligne! Il se mit à aider les autres, à éduquer ses enfants et voulant prévenir des confrontations familiales et propager une certaine philosophie de la vie, il laisse à sa fille Colette, la grand-mère qui fait l’objet du chapitre, la place de chef de famille, attitude rare de lucidité comme d’intelligence de la part d’un homme, sans doute attaché à ses prérogatives ancestrales héritées des coutumes mais ouvert et moderne, un Amiel quoi !! les pieds dans le passé sans quoi on ne peux se situer et s’arrimer mais la tête dans l’avenir pour avancer.
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Le nom Amiel dans les lettres 5
5 mars 2012 · Pas de Commentaire
Les Temps Modernes qui font suite à la Renaissance sont effectivement une période qui tranche avec le passé: période de grandes innovations, de grandes découvertes, c’est aussi une période d’idées nouvelles, sur la religion chrétienne notamment mais aussi sur la société. On commence à discuter beaucoup chez les intellectuels de l’époque, les salons font le plein de tous ceux qui cherchent à comprendre leur temps et l’on écoute avidement ceux qui ont quelque chose à proposer pour améliorer l’existence des hommes; l’humanisme de la Renaissance a fait son oeuvre, les guerres de religion sont terminées, on accepte des idées différentes sur la religion et en conséquence sur les autres opinions. L’Europe s’ouvre au monde, on accepte que d’autres sociétés émergent ailleurs, notamment en Amérique du nord et ces nouveaux venus vont même jusqu’à devancer la vieille Europe pour mettre en oeuvre, par exemple de nouveaux modes de gouvernement, nés dans le chaudron des idées européennes, la démocratie remise au goût du jour va s’épanouir là-bas d’abord. Il est vrai que les terres d’outre-Atlantique étaient vierges, une fois les liens de colonisation rompus et que tout était à construire. Pendant ce temps en France, comme ailleurs en Europe il allait falloir s’émanciper du poids de l’Histoire, ce qui n’était pas une mince affaire et allait prendre quasiment un siècle: comme il fut dur pour les privilégiés (dont étaient ceux qui ‘consultaient’ dans les salons littéraires!) de mettre en pratique ce qui devenait de plus en plus une évidence! Les bourgeois qui déjà poussaient la société à l’évolution et tenaient beaucoup de rênes de celle-ci vont parvenir à bouleverser l’ordre (naturel pour les nobles et le clergé) des choses par la grande Révolution de 1789: le couvercle de la marmite qui chauffait un peu partout va sauter à partir de cette date durant les XIX et XXèmes S. dans tous ces pays dont deux mille ans d’histoire forcément commune avaient forgé les identités et les limites.
Déjà du temps du Roi-Soleil Louis XIV la diplomatie devient extra-européenne, les Arabes par exemple sont à surveiller, ils sont si près et si imprévisibles! Et les espions sont à l’oeuvre dans les cours auprès des puissants ottomans: Un livre de fiction composé de lettres fictives fait voir à ses lecteurs du milieu du XVIIIème S. comment il y a lieu de se comporter devant ces Arabes. Un certain Hassan Amiel Zucharava présenté comme l’ « Aga des Janissaires » (chef militaire) est courtisé par ces espions du roi: Une lettre lui est adressée vantant les mérites du Roi, son éclat, sa force, ses manoeuvres politiques en Europe, tout en n’oubliant pas de considérer avec respect les ‘oeuvres’ des Arabes contre les Juifs, sachant bien que ces marques ne pouvaient que flatter l’égo de son lecteur et de son peuple. C’est par ce genre d’oeuvre tout à fait fictive que l’on pouvait se faire une idée, ici sur la politique, là sur les autres peuples, et sur leurs civilisations.
Parmi toutes les idées nouvelles qui vont émerger durant ce XVIIIème S. celles concernant l’éducation est primordiale (elle l’est toujours aujourd’hui et le sera toujours dans une société qui met en avant le développement de l’individu pour en faire un homme ou femme libre). Mais en ces temps la réflexion à ce sujet ne va pas jusqu’à inclure les femmes (encore moins les jeunes filles), on ne parlera que des garçons et jeunes hommes. C’est du moins dans ce cadre, même s’il nous paraît de nos jours désuet que Jean-Jacques Rousseau va écrire son traité de l’éducation (publié en 1762) et nommer son personnage à éduquer Emile. Je vous ai dit combien ce nom, qu’il va donner à son traité, va occuper les esprits qui réfléchissent sur ce sujet durant tout le XIXème S. et ce dès l’époque révolutionnaire. Pourquoi ce nom (ici et à cette date prénom) pour parler d’éducation? Les spécialistes sont d’accord pour affirmer qu’il s’agit pour ce penseur pétri, comme tous ses collègues de culture antique, de faire référence à un Aemilius de l’antiquité latine, mais lequel? On évoque le nom d’Aemilius Paulus Macédonicus, le vainqueur de Persée, vous savez, celui qui amena la première bibliothèque à Rome, ce féru de culture grecque, celui enfin qui voulut donner une haute éducation à ses fils et dont le grand Plutarque a écrit la vie. D’autres penchent pour ce Quintus Aemilius, consul romain, par l’intermédiaire duquel Rousseau imagine la dénonciation des vices de l’Empire Romain dans le Premier Discours: Il se réfère à Tacite lequel décrivant l’histoire des moeurs de Drusilla parle de l’écroulement des moeurs sous l’empereur Tibère et remarque une exception dans le déclin général « Les Aemilii ont toujours produit de bons citoyens » (Tacite, « Annales » VI, 27). L’Emile de Rousseau devient ainsi digne de devenir un ‘bon citoyen’ quelque soit l’époque ou le lieu! Il devient l’archétype du genre, le modèle à ‘imiter’ (clin d’oeil à l’une des origines, lexicale latine ici, de notre nom, aemulor, émule). (cf « Jean-Jacques Rousseau, a friend of virtue » Joseph R. Reisert Cornwell Univ. Press New-York 2003). Cet Emile aura alors une popularité infiniment supérieure à celle de « Sophie », autre oeuvre de Rousseau, sa contrepartie féminine. Il considère quand même que c’est à l’homme qu’ appartient l’activité et la force tandis que la femme est passive et faible (comme quoi notre cadre de référence est essentiel!). C’est cette dernière vision que voudra changer Henri Beyle dit Stendhal dans sa dernière oeuvre (posthume) qu’il appellera peut-être par référence à Rousseau Lamiel ou L’Amiel(le). Mais avant de vous dire quelques mots sur cette oeuvre du XIXème S. je veux vous citer deux oeuvres qui prouvent déjà la popularité de l’oeuvre de Rousseau en plein XVIIIème: « Der kluge Emil » du poète allemand Gellert (1715- 1769) qui est bien dans cette vague littéraire française (c’est je vous rappelle le siècle d’or de notre langue ‘françoise!’) et « Emilia Galotti » de Lessing (1772).
La parution de l’oeuvre ultime de Stendhal fut annoncée en 1839 sous le titre Amiel et non Lamiel. On lit en effet, au verso de « La Chartreuse de Parme » par l’auteur de « Le Rouge et Le Noir », à la suite des oeuvres parues de l’auteur: « Sous presse, Amièl (avec cet drole d’accent sur le ‘e’) ». Ce nom encore plus curieux vous en conviendrez que « L’Emile » vient d’où? On sait que le jeune Beyle a vécu dans sa jeunesse l’éducation tardive d’un Emile rousseauiste et il semble que c’est dans « Lamiel » que, à l’instar de son ilustre prédécesseur il ait voulu lui répondre par son propre traité de l’éducation naturelle (et non pas dans « Le Rouge et le Noir »). Dans le manuscrit inachevé qui nous est parvenu Lamiel est la contraction d’Amable Miel, fillette des Enfants Trouvés de Rouen. Les notes sur les personnages donnent le prénom de l’enfant qui est Amiel (A. Miel), au village il devient L’Amiel (l’article défini venant souligner la symétrie avec L’Emile). Sans entrer dans les détails qu’y-a-t-il de différent dans ces deux façons d’éduquer (à part le sexe de l’enfant)? Stendhal propose une éducation moins rigide que Rousseau (l’époque encore une fois n’est plus la même), avec Beyle l’élève n’est plus assujetti au précepteur par de bons sentiments, il (elle en l’occurence) apprend de quatre éducateurs en conservant une indépendance de jugement mais aussi une certaine candeur; la modernité continue en somme son travail. Stendhal voulait que ses personnages « montrent leur caractère comme une suite de leur éducation » et soient formés par la conversation, il les fit ainsi, dont particulièrement Lamiel.
J’ai eu l’occasion de vous parler des autres oeuvres moins connues traitant d’éducation au XIXème S. et nommées aussi en référence à cet Emile de Rousseau, j’y reviendrai plus longuement un jour sans doute mais pour terminer sur ce sujet et vous montrer que décidément cet éducation d’un Emile du XVIIIéme est toujours à l’esprit de nos contemporains, deux siècles et demi plus tard il est paru, en 1980, »Emilien: Illustration d’une éducation au Québec » de Paul Beaupré.
Le XIXème S. a connu toutefois dans sa littérature d’autres références amieliennes que celles liées à l’éducation et le XXème n’est pas en reste pour l’utilisation de notre nom dans de nombreux romans ou nouvelles, en français ou d’autres langues, des oeuvres quelquefois d’auteurs prestigieux comme Jean Giono, le parfait romancier provençal bien connu, les occitanistes Yves Roquetta et Robert Laffont, l’anglais créateur de Sherlock Holmes, Sir Arthur Conan Doyle ou le très controversé auteur de théâtre espagnol Fernando Arrabal… C’est pour la prochaine fois!
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Le nom Amiel dans les lettres 4
27 février 2012 · Pas de Commentaire
Les historiens du XIXème S., Michelet par ex., redécouvrent (et réécrivent) l’histoire de notre France, localement des érudits de toutes origines, historiens autodidactes souvent, entreprennent de fouiller les archives de leurs régions. Que ces archives soient privées ou publiques, ces dernières se constituant en Archives Départementales, il n’est pas un coin de France qui échappe à leur recherches; je l’ai déjà écrit c’est un siècle de fourmillement scientifique dans tous les domaines du savoir, un siècle qui prépare et met en place tous les outils de base pour les bonds scientifiques du siècle suivant et dont nous sommes les héritiers. En Languedoc nos rats d’archives et de bibliothèques redécouvrent, entre autres périodes et progressivement, l’importance du haut moyen-âge pour la connaissance de nos ancêtres: ce sera d’abord les faits avec surtout la Croisade contre les Cathares, puis à travers l’immense patrimoine laissé (et redécouvert) de l’oeuvre des troubadours, la connaissance du haut degré de civilisation atteint par une véritable civilisation occitane durant cette période: Les Cathares l’avaient prédit: « Au terme de sept-cents ans notre histoire refleurira » et en effet, l’intérêt va croissant à partir de la fin du XIXème S. jusqu’à nos jours pour cette période fondamentale de l’histoire du sud de la France, autant pour l’histoire pure et simple des faits (horribles de la Croisade mais glorieux pour ce qui concerne la société féodale des pays de langue d’oc de l’ Aquitaine à la Provence, du Languedoc et Pays pyrénéens à l’Auvergne) que pour l’histoire de la civilisation occitane (littérature, poésie, arts, vie quotidienne, moeurs, rapports de pouvoir…). Il aurait été surprenant que, dans un pareil contexte, les écrivains locaux ne s’emparent pas de ces faits et ne les utilisent pas dans la création littéraire de notre époque. Que ce soit en occitan moderne (ce qu’est déjà l’occitan du moyen-âge à bien d’égards) ou en français (la langue du colonisateur) les oeuvres sont nombreuses, voici quelques exemples qui incluent notre nom si souvent rencontré dans l’histoire réelle en ce temps-là.
« Les bûchers du paradis » de Gérard Raynal qui fait du personnage d’Amiel Estanhol, son narrateur pour raconter l’histoire cathare: Amiel fuit Durfort (des Corbières, dans l’Aude) son village, au moment où l’ost (armée) du nord, celle des chevaliers français venus surtout ‘rafler’ des terres facilement, commence ses ravages; il devient devant ces exactions, comme beaucoup de ses compatriotes languedociens, cathare (simple sympathisant ou véritable parfait) et il raconte son périple (dangereux désormais) à travers le pays dévasté jusqu’au pog de Montségur, dans les montagnes ariégeoises du Pays de Foix, le réduit ultime avant l’assaut final de Mars 1244 par le Sénéchal du Roi de France, Hugues des Arcis amplement aidé par l’Archevêque de Narbonne pour ce qui est du devoir de la foi de Rome, Pierre Amiel (eh oui! il y eut de tristes sires qui portèrent notre nom, j’en ai déjà parlé).
Une chronique cathare avec « Le paon » de Jean-Côme Noguès ensuite. Nous sommes toujours au XIIIème S., le chapitre 2 intitulé « Jordi » (Jourdain en français, prénom en usage alors) parle des aventures de ce personnage dans la Montagne Noire. On le suit, il est accompagné d’un certain « Baron Amiel », et vers le Gouffre de Malamort, il apprend que l’enfant abandonné qu’il avait recueilli et confié à Ragonne (objet du chapitre 1) est, à nouveau sans protection, ledit Ragonne étant mort. Jordi demande au seigneur Amiel qui, en droit est le seul à pouvoir décider du sort de l’enfant, de lui donner sa liberté. En échange, dit le seigneur, tu dois dénicher un faucon tiercelet hors de mon fief. La suite de l’histoire, maintes fois rééditée car support de cours auprès des élèves de collège dans toute la région, permet à de nombreux jeunes de découvrir outre ce moyen-âge si souvent décrié, avec la religion cathare, l’histoire de leur région.
Un roman historique de Robert Azaïs « Requiem pour un comte défunt » se passant dans le Pays de Foix met, lui, en scène, des personnages aux noms connus de l’histoire réelle comme cet Amiel Othon de Roquefixade, de la nombreuse et ancienne famille des Amiel de ce pays, celle des Amiel de Pailhès, de Rabat, de Marquefave, qui ont marqué ce coin de l’occitanie durant le haut-moyen-âge.
Un roman d’histoire-fiction ensuite avec « L’épée d’Amelius » de Didier Bernard (ED. Lucien Souny 1999) se déroulant à la fin du XIIème S. et qui a pour cadre le Limousin et l’Aquitaine, régions occitanes qui virent fleurir de nombreux troubadours et non des moindres.
Enfin pour revenir à notre époque mais en référence à cette riche mais triste période cathare, « Nouveaux cathares pour Montségur » roman de Saint-Loup (Presses de la Cité 1969) laquelle oeuvre parle de la vie rurale dans ces terres imprégnées du sang de la conquête française, aujourd’hui toujours rouges, non plus de ce sang mais de celui du vin qui a envahi (depuis cent-cinquante ans) la plupart de ces terres et tend à régresser de nos jours.
L’esprit de non-conformisme aux idées de Paris est toujours vivant sur ces terres: comme au moyen-âge ses habitants, souvent descendants directs de ces hérétiques osent relever la tête, revendiquer, manifester, s’opposer (souvent avec force comme lors de l’accession au pouvoir de l’empereur Napoléon III, lors de la suite de la proclamation de la IIIème République en 1870-71, temps de la Commune de Narbonne, de Toulouse, encore lors des « évènements de 1907″ ou plus près de nous de Montredon-des-Corbières dans les années 1970). Le drapeau des Comtes de Toulouse, cette Croix du Languedoc (croix pommetée tracée en jaune d’or sur fond rouge) est de nos jours de toutes les sorties revendicatrices comme il l’est des rencontres festives qu’elles soient sportives ou culturelles. Cette croix figure sur les emblèmes de nombreux départements et régions occitanes, comme au moyen-âge même les élus s’en réclament et font ainsi une juste place à la mémoire collective de cette histoire si lointaine pourtant, mais si proche paradoxalement.
La suite de ces articles sur notre nom en littérature nous ramènera dans l’histoire des idées philosophiques et sociales qui se font jour dès le XVIIIème S. à l’époque des temps modernes dont nous sommes héritiers, qui se poursuivent au XIXème en s’étendant dans la société, se mondialisent au XXème. et paraissent se démocratiser enfin maintenant à tout un chacun grâce à la technologie dont j’use notamment ici pour vous faire savoir ce que je sais sur notre nom.
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Le nom Amiel dans les lettres 3
20 février 2012 · Pas de Commentaire
L’Antiquité est bien oubliée, les hordes barbares du nord et du centre de l’Europe ont tant labouré la vieille terre romaine de l’immense empire latin qu’une nouvelle civilisation va émerger, faite du terreau de cette remarquable culture sur lequel va s’épanouir lentement la féodalité et le Moyen-Âge. Contrairement à l’idée généralement répandue ces sept siècles qu’englobe cette période n’ont pas été un obscur repliement, un âge sombre, triste, de stagnation ou même de recul pour les peuples du vieux continent. Le génie propre à ces héritiers des celtes, des gaulois, des grecs, des romains ont su s’agréger aux nouveaux venus qu’ils soient francs, goths ou même vikings ou arabes. On retrouvera dans tel ou tel domaine les apports des uns et des autres se mêlant au vieux substrat antique. Le cas de la nomination des individus est un exemple frappant à ce sujet. Je l’ai déjà évoqué mais il est important de savoir comment nos noms (et prénoms quelques temps après) se sont formés; sans voir cela en détail je rappelle que notre nom Amiel fut d’abord au moyen-âge un simple prénom (ce quelque soit son origine) diversement écrit (selon les langues parlées plus ou moins romanisées donc suivant les implantations géographiques des locuteurs et des scribes) et qu’il devint un nom patronymique progressivement, au plus tôt à partir de la fin du Xème S. (là aussi même remarque). On ne sera pas étonné de le retrouver dans plusieurs oeuvres littéraires de ce temps dont la forme est propre à cette période, période donc originale et nouvelle pour la création culturelle. C’est à travers les fabliaux, histoires, ballades, chansons de geste, chroniques, mystères ou passions (ces derniers étant spécifiquement à thèmes religieux) que se sont exprimés les auteurs du moyen-âge. Souvent à but d’éducation ou d’édification ces oeuvres généralement présentées à tous devant les parvis des églises ont eu des succès importants, certaines étant connues en quelques années dans une bonne partie de l’Europe et donc traduites. Voici quelques exemples qui font voir notre nom (j’ai utilisé la graphie la plus souvent rencontrée pour chaque oeuvre).
Le nom d’Aemilianus abrévié en Melianus fut un personnage de fabliaux : il est un des chevaliers du Roi Arthur (vous savez ces chevaliers de la Table Ronde) qui, avec Bérius, autre chevalier, va chasser une bête sauvage non dans le Gévaudan (ça c’est au XVIIIème!) mais dans les Alpes, plus précisément au Mont du Chat (d’où le nom du lieu). Ce Mélianus aurait, après la mise en pièces (c’est le cas de le dire!) de la bête, fondé la ville de Montmélian (!) tandis que son compagnon aurait, lui, fondé la ville de Chambéry (!!) localités distantes d’une quinzaine de kilomètres ou comment l’histoire peut s’accommoder de légendes, belles quant à faire. (cf. « Les environs de Chambéry: guide historique et archéologique » G. Pérouse La Fontaine de Siloé. Les Marches. Montmélian 1993). Un autre chevalier, cette fois-ci du nom d’Alexandre Amiel est cité avec d’autres dans les Chroniques de Jean Froissart, ce peintre du monde féodal de la deuxième moitié du XVème S., chroniques dont le titre à rallonge précise que l’auteur y traite des « Merveilleuses emprises, nobles aventures et faits d’armes advenus en son temps en France, Angleterre, Bretaigne, Bourgogne, Ecosse, Espagne, Portugal et ès autres parties… ». Encore au XVème S. mais sans doute au tout début, un certain Nicolas de Padoue a composé ou plutôt compilé à partir de poèmes français une chanson de geste qui eut un succès considérable en Italie: « L’entrée en Espagne » qui a pour cadre l’époque de Charlemagne et son épopée en Espagne avec son fidèle Roland (oui, celui de Roncevaux). C’est l’oeuvre d’un contemporain de Dante dans laquelle se mêle au style militaire une érudition curieuse, une certaine connaissance de l’antiquité (rare encore alors mais bien annonciatrice de la Renaissance) qui éclate presque à toutes les pages: On y voit les noms de Fabius, Titus, Tarquin, Vénus et dans le vers 1417 un Amilius (« Che ne fu Amilius pour le primier roman » parlant sans doute de cet Amilius roi d’Albe lié dans la légende de Rome au premier des Romains, Romulus, revoyez ce que j’en dis) (cf. « Les épopées françaises » L. Gautier Vol 2 Paris Palmé 1867).
Depuis sa reconnaissance par l’empereur Constantin Ier au début du IVème S. l’Eglise a su utiliser tous les nouveaux moyens pour propager la foi et asseoir ainsi son emprise sur la société. Ce fut vrai du temps qui suivit la chute de l’Empire (476) temps des envahisseurs auprès des Mérovingiens puis des Carolingiens et des Capétiens. On ne peut s’étonner de voir représenter des scènes bibliques devant ou dans les églises : tout comme l’architecture des lieux de culte, le déroulement des offices, la ponctuation systématique de la vie quotidienne par quelque commémoration religieuse, les prescriptions diverses concernant les moeurs ou les nourritures… toute la vie était religieuse. Ainsi dans ce cadre sont représentés les mystères et autre passions. Deux exemples de ces spectacles destinés, comme les sculptures, scènes bibliques ou statues, à situer toute vie humaine dans ce cadre incontournable. Le « Mystère de la Passion » drame religieux datant d’avant 1452 (déjà célèbre alors car représenté à Abbeville et venant de Paris), narrant la Passion du Christ (les derniers jours avant sa condamnation, sa mise en croix, sa mort prélude à sa résurrection) dans lequel on voit des romains côtoyer sans difficulté un chevalier du moyen-âge (la vie présente entre ainsi dans cette lointaine antiquité et les distances sont effacées, la Passion c’est aujourd’hui et ici). Ecrite par Arnoul Greban, un « faiseur de mystères » qui travaillait sur commande de l’Eglise, ce genre de représentation biblique eut lieu entre 1450 et 1550 et celui dont on parle fut le premier des plus grands: il durait quatre jours, faisait intervenir deux-cent-vingt personnages et on sait qu’il fut joué dans tout le nord, l’ouest et le centre de la France! On y trouve un personnage du nom d’Aemilius, vendeur d’oiseaux. Curieusement d’autres « Passions » font référence aussi à des ‘pigeons’ et à des Aemilius, sans être identiques pour autant. Une Passion dite d’Arras, antérieure a pu servir de modèle à moins que les deux se soient inspirées de sources identiques. La Passion dite de Valenciennes introduit, elle, dans une scène, un vol de pigeons par Barrabas (l’un des deux voleurs crucifiés avec Jésus) et, alors qu’il s’apprête à les manger en bonne compagnie, voilà qu’arrive le guet (assurant le calme et la tranquillité des habitants). C’est un chevalier de Pilate le procurateur romain qui a pour nom … Emilion; il emmène les bandits lesquels figureront dans les scènes du jugement et de la passion sur la croix. Cette scène n’est pas dans la Passion de Greban; par contre outre le vendeur d’oiseaux Emilion (Aemilius), qui est un des ‘marchands du Temple’ chassé par Jésus, un autre Emilion est aussi présent et bien chevalier de Pilate. (cf. « Le mystère de la Passion en France du XIV au XVIème S. E. Roy Dijon Damidot 1903).
L’édification passe aussi par l’exemplarité des martyrs et saints que l’église montre et met en avant depuis très longtemps; outre les reliques véritables preuves de la vérité évangélique (talismans utilisés comme guérisseurs divers et improbables, objets de grande vénération, de pèlerinages et d’ostentations réguliers) on met en images si je puis dire les faits et gestes qu’on leur prête, lesquels sont évidemment empreints de miraculeux et d’extra-ordinaire lesquels ne pouvant être que d’origine divine et spéciale. Il en va ainsi pour l’histoire merveilleuse d’Amis et Amile (leur nom fut adapté aux langues de l’Europe entière dans lesquelles cette histoire fut traduite: allemand, anglais, breton, italien et même islandais!). L’histoire-type, le fond paraît provenir d’Orient par les Byzantins, puis via le latin en France.. La pièce française est du XIVème S. tirée donc de l’histoire d’Amicus et Aemilius, un poème antérieur et mise en vers latins vers le XIIIème S. Elle a fourni le sujet à un drame italien du XVème S., d’une tapisserie historiée du roi Charles V (1364-1380) ainsi qu’un tableau d’Assise en Italie. Reprise en français elle fut rimée en vers au XIVème S. sous le titre de « Dit des Trois Pommes », mise en prose au XVème et enfin, après avoir été imitée en Espagne, descendit dans la rue sous la forme d’une Ballade. Le peuple put alors se l’approprier après avoir charmé la noblesse autant que le clergé. On trouve les appellations diverses de Amico et Amelio (Italie), Amys et Amille (nord de la France), Amys et Amylon (Amilion, Amille) en Angleterre voire Amiloun (Milou étant de nos jours non seulement le nom d’un chien de BD mais aussi un patronyme dérivé, diminutif affectueux d’un Milien, lui même parent par aphérèse d’un ancien Amilien). Cette fameuse histoire si diffusée alors (Gutenberg n’a pas pourtant pas encore inventé l’imprimerie!) raconte l’amitié indéfectible de deux amis, Ami et Amiel que je vous conterai, et qui sont vénérés comme saints à Mortara (Italie) sous les noms d’Amicus (St Amique) et Amelius (St Amèle) tous les 12 Octobre.
Mais me direz-vous vu l’horrible période cathare qui a bouleversé le sud de la France dans ce même moyen-âge, il serait bien extraordinaire que des auteurs ne se soient pas emparés du sujet pour développer par des romans historiques voire philosophiques ce thème, et il n’en parle pas? Rassurez-vous c’est pour la prochaine fois!
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Le nom Amiel dans les lettres 2
14 février 2012 · Pas de Commentaire
Le rêveur sous hypnose que fut Edgar Cayce, capable par ses voyances dans le passé très lointain de l’humanité de laisser aller ses « révélations » jusqu’à la ‘création’ ni plus ni moins ne pouvait s’adresser qu’à des populations fortement imprégnées de la Bible et notamment de l’Ancien Testament, la Genèse en particulier. Je précise que ses voyances ont été enregistrées (on leur donne le nom de lectures) et largement publiées, commentées et étudiées aux USA. C’est dans le premier livre de la Torah que sont résumés et repris l’essentiel des mythes des débuts de l’homme sur la terre, condensé des histoires que l’on se racontait depuis la nuit des temps dans cette région du monde, comme le Paradis perdu ou la chute des anges qui, se mêlant aux hommes ont inculqué à ceux-ci ce qui les fait depuis différents et supérieurs aux autres êtres vivants. Le fait de relier ces connaissances bibliques à quelques connaissances extérieures comme l’Atlantide dont parlaient déjà des auteurs antiques ou des noms visiblement de l’antiquité comme cet Amilius primordial pour la construction de toute l’histoire biblique qu’il revisite en le réincarnant, à toute la lignée des prophètes et rois d’Israël, d’Adam à Jésus est assez stupéfiant mais demeure somme toute un rêve, une pure vision rétro-fictive. Et pourtant, un autre mythe des origines humaines dont je veux vous parler ici crée un parallèle tout aussi stupéfiant.
Il faut dire d’abord que là on sort du contexte biblique strict et l’on passe dans une certaine histoire au moins littéraire. Cette ‘histoire’ fut racontée par un chaldéen hellénisé qui vivait du temps d’Alexandre le Grand (milieu du IVème S. av. J.C.). La Chaldée c’est la très vieille Sumer (la plus vieille de toutes les civilisations) puis la terre de Babylone (brillante civilisation antique). Bérose, notre chaldéen recueillit dans sa « Babyloniaca » les vieux écrits de Babylone, son histoire et il dresse notamment une table des rois de Chaldée qui dirigèrent cette cité avant le fameux Déluge dont parle la Bible (le lien avec la Genèse montre qu’il s’est sans doute produit un gros cataclysme au moins dans cette région du monde dans des temps immémoriaux). Nous n’avons plus ces écrits mais nous les connaissons par plusieurs auteurs antiques qui les ont copiés: Apollodore, Africanus et Abydénus. Cette liste de rois peut, d’autre part, être rapprochée de la suite d’Adam à Noé, les personnages de la Genèse anté-déluviens. Et nous trouvons comme 3ème successeur d’Adam (l’Amilius de Cayce), un certain Amelon (correspondant à l’Enosh biblique, petit-fils d’Adam donc). Cet Amelon qui est appelé Amillarius par Abydénus confirme assez bien cette parenté lexicale commune d’autant plus que son successeur dans la liste royale s’appelle Ammenon. Sans entrer dans les détails de ce qui est dit sur ce roi et qui fera bien sûr l’objet de notice tout comme le récit des origines de l’humanité selon les plus anciens textes de l’humanité (cunéiformes et sumériens) on peut voir là, à travers ces noms peut-être moins mythiques qu’il n’y paraît, les débuts de l’histoire de notre nom, au moins en partie.
Mais nous avons par ce mythe abordé les écrits non hébraïques qui concernent notre nom. Vous le savez, l’autre origine principale de notre nom est l’antiquité latine. Je ne vais pas citer ici tous les auteurs de l’antiquité romaine, gallo-romaine, hispano-romaine …(Tacite, Plutarque, César, Jordanès, Tite-Live, Julien, Ovide, Suétone, Virgile …) qui ont parlé de notre nom latin, que ce soit pour expliquer les origines mythiques des Aemilius ou parler des très nombreux personnages qui l’ont illustré régulièrement pendant les cinq siècles de la République ou plus modestement mais régionalement durant les cinq siècles de l’Empire. Il y aura bien entendu les notices pour cela, comme il y en aura pour les auteurs de la Renaissance et des temps modernes. Juste quelques jalons pour vous montrer la diversité des inspirations: Rabelais dans « Gargantua » par exemple fait référence à ces beaux-parleurs de l’Antiquité dont un « Aemilius des temps passés »; Pascal dans ses « Pensées » parle lui d’Aemilius Paulus le vainqueur de Persée qui amena la Grèce et sa brillante culture à Rome ou les vers du hollandais Huygens écrits en 1608 qui, dans une épigramme parle de l’état de pauvreté de quelque Aemilius. Montaigne fait aussi des références à ce nom insigne de Rome tout comme Shakespeare. Un poète de la fin du XIXème S. encore un peu romantique, se lamente sur les ruines antiques ainsi: « Pas un fort, un château des vieux temps n’est debout, Pas un toit des romains pour porter témoignage Des grands noms, des grands faits du prodigieux âge; Plus rien des Scipions, rien des Emiliens; Des monuments tombés ont péri les liens » (Ch. des Guerrois 1817-1916) in « Demi-tons à demi-voix » Paris Lemerre 1891). Le nom Aemilius est employé dans nombre d’oeuvres romanesques se déroulant dans cette antiquité comme dans « Sacrilège à Rome » de J. Maddox Roberts où l’on voit le meurtre de Mamercus Aemilius Capiton, riche patricien romain ou dans des romans historiques réels comme « The grass crown » de Colleen Mc Cullough de la série Masters de Rome dans lequel évolue Mamercus Aemilius Lépidus Livianus. Certains mêlent histoire et géographie comme « Vie et mort d’Ammonius, centurion romain: voyage dans l’ Empire Romain au Ier S. de notre ère » de Cl. Dumas dans lequel apparaît un jeune Tribun Militaire du nom d’Aemilius Crispinus, tout droit arrivé de Rome en Gaule au temps de Néron et par lequel on voyage de la Calédonie (Ile de Bretagne) à l’Espagne via la Gaule. La vie administrative de ce temps-là (si importante alors) est aussi narrée, par ex. dans « L’hibiscus rouge » de D. Lançon qui décrit le périple du Chevalier Amelius Cassius, archiviste-bibliothécaire au Tabularium (les Archives de Rome) en un poème « retrouvé », traduit, accompagné d’un glossaire, de cartes et de commentaires du traducteur. Une BD. enfin avec « The comic history of Rome » dans lequel John Leech croque la vie et des personnages romains comme ce Scipion Aemilianus dont le nom ne m’est pas inconnu.
Enfin une chronique liégeoise du moyen-âge « Ly Myreur des Histors » (comprenez « le miroir des histoires ») de Jean des Preis dit d’Outremeuse publiée par Borgnet (Bruxelles) en 1864 fait référence à Rémus qui aurait fondé la ville de Reims ! mais reprend aussi à son compte l’histoire mythique des débuts de Rome alors qu’Amulius, fils du roi Procha était roi d’Albe (durant 60 ans!) et de ses rapports avec les deux frères Rémus et Romulus; mais la relation s’arrête là car l’on voit ensuite cet Amulius, qu’il appelle plutôt Amilius Oderne, roi des Latins, guerroyer non plus dans la plaine du Latium mais en Allemagne et Grande-Bretagne et ce, tenez-vous bien au temps du Roi David !! Il est vrai qu’au moyen-âge l’histoire était comme toute autre science, très approximative et aléatoire, et se confondait allègrement avec « les histoires ». Cela pour introduire le prochain article concernant particulièrement l’exploitation littéraire de notre nom au moyen-âge à travers chroniques, chansons de geste et autre mystère, genres littéraires propres à cette époque.