Les suffixes -on, -ac et -an sont dans les noms de lieux considérés de la région de l'antique Narbonnaise Romaine, des suffixes de propriété. Tous signifient 'domaine d'un tel', ici d'un Aemilius. Leurs équivalents à partir du moyen-âge seront en -enque, -erie ou -ière (cf. "Histoire de Servian" J Astor Ville de Servian, 1980).
En ce qui concerne Aemilius il faut noter la variante romane Amilius qui a prévalu dans les formes Amilhac, Amilhon, variante étudiée par F. R. Hamlin dans "Le suffixe -acum dans la toponymie de l'Hérault - Contribution à l'étude des noms de lieux du Languedoc", Birmingham, 1959).
MILLAU (12) :
Ville sous-préfecture de l'Aveyron elle existait déjà sous les Gaulois qui la nommaient Condatomagus. C'est suite aux premières conquêtes romaines en Gaule (victoire sur les Allobroges en -121 dans la vallée du Rhône) de ce qui deviendra la Province sénatoriale de Narbonnaise que cette ville doit son nom de Millau, sous la forme d'Aemilianum, formant avec le pont sur le Tarn établi à cet endroit, l'une des premières frontières cévenoles de l'arc latin du Golfe du Lion avec les gaulois Ruthènes et Arvernes. On sait que les romains, après la conquête de Jules César , y ont développé une fabrication originale de poterie d'argile très foncée, écarlate, diffusée dans une grande partie de l'Empire, à La Gaufresenque.
- On a longtemps ergoté sur l'origine du nom : de "milla aquis" pour ses ruisseaux qui se jettent dans le Tarn à "a muliorum via" pour un éventuel passage de mulets ! Il y a lieu quand même de noter un plus original "ab amigdalis" en raison des nombreux amandiers qui marquaient le lieu possiblement, une origine qui relie d'ailleurs ce toponyme à l'une des origines citées de notre nom patronymique. Mais l'origine la plus acceptée, bien que non certaine, est celle qui la relie à ce romain du dernier siècle de la République, Fabius Maximus Allobrogicus qui combattit les Ruthènes et Arvernes, ces deux peuples aveyronnais de Rodez et Auvergnats vers -121 ou -120, et qui hérita du surnom de sa gens d'origine les Aemilii en se surnommant aussi comme son père, Aemilianus. Dès 875 on trouve le premier toponyme de "vicaria Aemilianensis" désignant ce lieu où fut érigé peut-être dès le Ier S. av. J. C. un premier pont sur le Tarn, nécessaire en cet endroit pour faire passer la Via Romae d'accès au Pays Ruthénois. (cf. Mém. de la Soc. des Lettres Sc. & Arts de l'Aveyron T. X; Rodez, Ratery, 1874). Cette opinion d'éminents toponymistes comme Ernest Nègre ou Albert Dauzat est sans doute une relation plus linguistique qu'historique à proprement parler, le fondateur de la cité n'étant pas véritablement un Aemilius étant donné qu'elle existait déjà avant son arrivée. Certains s'engouffrent aussi dans l'hypothèse d'un gallo-romain ruthène tenancier du domaine qui, comme souvent ce fut le cas, avait pris ce nom de gens soit par suite d'un affranchissement soit en tant que citoyen, en référence à la célèbre gens romaine qui non seulement est à l'origine de l'apport de la civilisation mais qui gouverna un temps la Narbonnaise. Il est vrai que l'un des noms utilisés fut Aemilianum Ruthenorum. Il faut noter dans le cadre d'une propriété rurale d'une 'villae', que cette unité de production avait des agriculteurs mais aussi des ouvriers aux métiers diversifiés; Aemilius comme affranchi, devenu citoyen et ayant fait fortune, pourquoi pas jusqu'à pouvoir acquérir cette villae ruthénoise, figure sur une estampille de poterie de La Gaufresenque proche par le nom de Quintus Aemilius, mais ce n'est qu'une remarque.
Les autres formes anciennes postérieures livrent les noms de Amiliavense (912), Amilianensi (1061), Ameliano et 'in Amiliavo' (1079), Amiliano (1024), Amiliani (1249), ou Amilhanum lesquels renvoient bien à Aemilius latin. Milliadum s'appellera enfin Meilhau en 1286, l'aphérèse venant parachever l'évolution du nom pour ce qui est de la contraction de sa forme, avec toutefois un 'e' qui réapparait venant se glisser là où on ne l'attendait pas. Il y aura bien un retour provisoire avec Lamilhau en 1369 mais Milhau apparu subrepticement en 1251 finira par s'imposer.En domaine occitan la chute du 'a' initial résulte de sa fragilité dans cette position, et est provoquée par une mécoupure due à la confusion avec la préposition 'a' ou avec l'article 'la', d'où les nombreux Millac que j'ai recensé dans mes recherches, qui sont d'anciens Amillac réduits par les scribes pour l'une de ces raisons.
La controverse, qui dure encore, se situe autour du suffixe -avum qui semble rare pour avoir dérivé en -au, forme dont certains pensent qu'elle est plutôt gauloise.
AMIEL dans la VALLEE de L'ANNOU (12) :
Amiel était le nom de l'une des 4 ou 5 divisions territoriales d'un bois de plus de 500ha qui couvrait autrefois la petite vallée de l'Annou et qui appartenait à l'Abbaye aveyronnaise de Nonenque. L'Annou est une courte rivière de 8km simple affluent d'une rivière plus longue, la Sorgues qui, elle-même finit dans les eaux du Dourdou lequel se jette dans le Tarn, et ce dernier enfin dans la Garonne.
(=> rèf. : Bulletins des Sociétés Géographiques de Tours (Vol 30-31, 1911) et Toulouse (Vol 31-33, 1912) reprenant peut-être un article sur les anciennes forêts du Rouergue de P. Buffault paru dans "Le cultivateur aveyronnais ou du sud-centre" n°70 le 16 Mars 1909).
'BARAQUE AMIEL' (12) :
Nom d'une probable baraque de chantier liée à l'exploitation minière du bassin de Decazeville qui était connue dans la commune d'Aubin sur le territoire de laquelle se situaient plusieurs mines. Ce fut, comme beaucoup d'autres dans ce cadre, une construction légère destinée à protéger les ouvriers mineurs, un abri provisoire qui n'existe plus de nos jours; il n'y a même plus d'exploitation minière à Decazeville.
LES AMILLAUX (12) :
Ancienne chapellenie, de nos jours lieu-dit de Ste Eulalie d'Olt.
RUISSEAU DE MONTAMIEL (34):
Cours d'eau de l'Hérault du canton d'Olonzac, traversant notamment la commune de Cesseras. Ce nom dérive éventuellement de l'endroit de sa source, un Mont Amiel dont le qualificatif n'existe plus de nos jours.
L'AMELIADE et MAS D'AMILE(34):
L'Améliade est l'un des trois hameaux de Montpeyroux, près de St Guilhem-le-Désert dont l'origine du nom, Ameliadum, est très ancienne. Les deux autres hameaux sont aussi très anciens. De nos jours ce nom s'est encore transformé, on parle de "La Meillade". Il est situé au nord du village-centre (constitué d'une rue) de Montpeyroux (à l'est de St Jean-de-Fos). Cette rue unique est tracée sur une antique draille (voie de transhumance pour le bétail) reliant le centre de la Gaule à la Voie Domitienne par le Plateau du Larzac; le peuplement de ce passage essentiel est d'origine romaine.
Le "Mas d'Amile" qui se trouve dans cette commune est un domaine viticole dont le nom est récent; en voici la courte histoire : le grand-père aurait voulu voir naître un petit-fils mais la nature en a décidé autrement, c'est une petite-fille qui est née et il l'a surnommée Amile, mais seule la famille en connait les raisons. Quant à l'onomastique du (pré)nom, vous savez à quoi il se rattache.
MILHAU (34) :
Lieu-dit de ce département trouvé au nord de Puisserguier et à l'ouest de Cazouls-les-Béziers et Béziers (~17 Km).
Le CAUSSE DE MILLAN (34) :
Situé près du Pic St Loup, le "phare" des montpelliérains, c'est comme son nom l'indique un plateau rocailleux qui porta anciennement le nom d'Aemiliana; un nom lui venant d'un domaine gallo-romain ayant appartenu à un Aemilius (le suffixe -anum d'origine indiquant ce caractère foncier). On trouve aussi ce lieu sous la forme Milhou. (cf. "Balades & itinéraires autour du Pic St Loup" P. Macaire; Le plein des sens, N.D. de Londres, 1999).
MASAMIER (34) :
Ce toponyme semble résulter du nom de famille Amiel avec un glissement du 'l' final en 'r'. C'est un Mas (ferme, domaine) de la famille Amiel qui est situé commune de Cesseras; c'est aussi le nom du ruisseau traversant le territoire communal et d'autres.
(=> "Les noms de lieux du département de l'Hérault. Nouveau dictionnaire topographique et étymologique" Fr. R. Hamlin & A. Cabrol; Université Paul Valéry, Montpellier, 1983).
NB : Dans le même coin de ce Minervois (Olonzac, Cesseras) on trouve le domaine de Massamier, à Pépieux (11); les propriétaires-viticulteurs veulent y voir le mas, la propriété rurale d'un gallo-romain nommé Maximus et ils ont donné ce nom à l'un de leurs vins. C'est leur choix, économique disons, mais je ne pense pas qu'il aient bien cherché, historiquement du moins ! Ceci dit l'un de leurs vins a quand même été sacré en 2005 "Meilleur vin du monde" !!
MILHAUD (30) et ST GENIES-DE-LA-MILLAU (46) :
De nombreux documents donnent les formes anciennes suivantes pour Milhaud : Amiliau, Amiliavum (1112), Ecclesia de Amiglau (1156), Amiglavum (1161), Amilau (1232), Ameglavum (1245), Milhavum (1325), à nouveau Ameglavum (1384) et Meilhau (1435); des formes où la présence du 'g' et du 'v' est forte ce qui pourrait faire penser à 'amigdalis' latin déjà évoqué pour Millau (12). Ce qui relierait l'origine de cette commune à l'amandier et par cette origine à notre nom. On trouve ensuite aussi 'Amelhavo secus Nemausus' en 1461, Milhau en 1582, 1650 et Milhaud en 1694 seulement. Encore petite localité au XIVème S. elle arrivera en 1744 à 880h.; dépendance de la vicomté de Nîmes elle sera inclue au domaine épiscopal de la Croisade à la révolution. Je note un "Mas des Juifs" comme lieu-dit sur la voie romaine entre Milhaud et Nîmes, à la limite des deux communes.
Pour ce qui concerne l'aphérèse du 'a' initial, j'ai déjà par ailleurs expliqué un tel phénomène mais voici un autre exemple, celui de St Geniès-de-La-Millau; ce lieu nommé ainsi de nos jours appartient à la commune de Belfort-de-Quercy (46); une forme très ancienne l'appelait Ameglado (~800), il s'agit d'une même mécoupure de L'Amillau, forme tirée de ce nom roman. D'ailleurs et pour une fois, Lamilhau conserve cette origine par un patronyme rare.
MONTAMIEL (46) et MONTAMIL (16):
- Montamiel : En Quercy, à mi-chemin entre Gourdon et Cahors, canton de St Germain-du-Bel-Air. On y trouvait les tristes fourches patibulaires de la seigneurie, dont la création et le droit de tenir des assises de haute et basse justice furent concédées au roi d'Angleterre le 8 Avril 1289 par le roi de France Philippe le Bel. C'était durant l'ancien régime une seigneurie avec un château dans le village dit de Laroque-Montamel. Bien que la "Toponymie de la France" de A. Vincent (Librairie Générale 1937) indique que les premières mentions citent une "villa et parochia de Sancto Amello (Amalo, Amelius, Amelhio)", ce qui peut faire référence au culte d'un saint Amelius, il semble surtout qu'il s'agisse d'un toponyme lié à une famille quercynoise très influente, qui non content d'avoir été parmi celles des notables de Cahors, est bien connue auprès des papes d'Avignon (XIVème S.). Si cela était, il s'agirait ici d'un cas rare où le patronyme Amiel aurait une origine toponymique (avec ce détail quand même: l'hagiotoponyme est aemilien !) ! Les archives nous conservent ses noms anciens de "Montis Amelii", "Monte Amelhio" en 1287 (cf Annales du Midi 1912,61) ou Monteamelhii ainsi que "riparium de Camius & de Amelh" (Archives de l'église de Cahors lettre de 1287, in Histoire Politique ecclésiastique & littéraire du Quercy de Cathala-Coture T. II 1785); et les explicites "Monte Amelio" (Rôles gascons, 1320) et "Mons Amelius" en 1326 (cf. "Pouillès de la Province de Bourges" de Font-Réaux Paris 1961-2, not 406). Plus près de nous un acte de mariage daté de 1518 indique la graphie Montemelho qui est très occitane. Peut-être s'agit-il du même lieu pour le nom de "d'Amielhs" lui aussi proche de Cahors que l'on peut trouver dans les textes et pour celui de "Mels" qu'une note manuscrite dans l'exemplaire de la BNF d'un numéro de la revue de la Soc. Archeol. & Histor. de Périgord (Tome XXIX, 1902) rattache à Montamel indique avec cette précision: "hameau, commune de La Magdeleine, canton et arrondissement de Cahors (Lot)". De nos jours La Madeleine a été englobée dans la commune de Faycelles; il ne reste plus que le château à Montamiel.
- Montamil : Nom du cartulaire de l'abbaye St Etienne-de-Baigne, en Saintonge publié en 1868 par l'abbé Cholet, citant la charte de donation (n°419) de terres "ad Montem Amelium" de la fin du XIème .; ce toponyme a la même origine que Montamiel ci-dessus; c'est de nos jours un hameau de Baigne-Ste-Radegonde dans l'arrondissement de Barbézieux (Constantin de Montémil ou Montamel en est le seigneur au milieu du XIIIème S.). Lieu éventuellement proche de ladite abbaye.
(=> pour partie "Toponymie générale de la France" Vol 1 E. Nègre Droz 1998)
Sous la forme Montamel ce toponyme est aussi trouvé en Savoie.
MOLIN DAMYEL (46) :
Ce moulin dont le propriétaire était sans doute un Amyel est cité dans un acte du Présidial de Gourdon daté de 1549; il se situait donc dans cette juridiction.
"AMELESCA":
Nom inconnu de nos jours. Il s'agit d'une localité notée dans une charte du milieu du XIème S. du Cartulaire de Conques (12); Elle semble avoir été située près de Salles-Courbatiès. Son nom qui doit plutôt se lire "Amelisca" est un dérivé d'Amelius (variante romane d'Aemilius).
(=> "Recherches sur l'origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France" D'Arbois de Jubainville Paris, Thorin 1880).
FALAISE D'AMIEL (82):
Dominant le "Hameau d'Amiel" de ses 25 m de haut d'une manière abrupte parfaitement verticale, c'est une barre rocheuse de calcaire de 200 m de long en à-pic du plateau de Penne d'Albigeois. Son nom plus exact est "Roc de Biouzac-Amiel". Dominant les Gorges de l'Aveyron, la rivière qui l'a dégagée, elle constitue un beau terrain d'escalade doté d'un cinquantaine de voies (de niveau 4 à 7). Enfin le GR46 permet d'aller en randonnée du hameau au plateau sur son flanc. Une reculée de cette falaise dans le plateau est quelquefois dénommé "Canyon Amiel", c'est un bien grand mot !
HAMEAU D'AMIEL, GROTTE D'AMIEL, MOULIN D'AMIEL (82):
- Le hameau appartient à la commune de Penne, il possédait autrefois un moulin à eau et une chapellenie qui dépendait des paroisses de St Laurent-de-Soulègre et de St Julien de-Castelnau (citée dans un jugement de 1755).
- Une grotte située à l'extrémité méridionale des Causses du Quercy a été mise au jour lors de la construction du chemin de fer qui longeait l'Aveyron dans ses gorges (route de nos jours). Une rivière souterraine l'a creusée dans le bajocien dolomitique et elle se jette, après un parcours sous terre de quelques km seulement sous le Causse d'Anglars, dans l'Aveyron où elle déverse ses eaux après un court parcours d'une vingtaine de mètres, par un siphon. Elle constitue un cadre remarquable qui a été retenu en 2016 dans une liste préliminaire d'habitats souterrains d'intérêt national. Le réseau souterrain de ces eaux se déroule sur seulement 6km, l'origine étant une doline située au lieu de Palot (territoire de St Antonin) sur le Causse d'Anglars, entre Ste Sabine et Laussier (résultat de la coloration par fluorescéine en 2010); eaux qui ont été captées pour alimenter la commune. L'exploration de la grotte karstique a effectivement révélé un écosystème intéressant: Seize espèces de crustacés, des myriapodes, des insectes coléoptères, trois espèces de gastéropodes et des oligochètes. Pour la 1ère fois au monde les naturalistes y ont trouvé en 1995 un nouveau genre de crustacé de type stygobie, caractérisé par la longueur d'une paire de pléopodes, qu'ils ont nommé Karstogiella, unique encore à ce jour; toute cette faune pour un bassin versant de seulement 10km2. Ce peuplement représente le maximum de diversité des grottes de la bordure sud-ouest du Massif Central ! La grotte a aussi livré les restes modestes d'une occupation préhistorique (série de silex taillés); bien que de faible importance son gisement constitue avec celui de Penovaire, des jalons intermédiaires qui relient les sites de la région de Bruniquel à l'abri Fontalès en passant par la grotte de la Madeleine (à Penne toujours) dont les étonnantes gravures pariétales n'ont pas d'équivalent en Bas-Quercy. Il faut ici préciser enfin que la grotte voisine de Bruniquel, reconnue dans les années 1990 vient de donner au monde la plus vieille preuve d'intelligence humaine (176.000 ans) par la découverte (2016) d'un anneau de stalactites découpées et réunies en forme d'anneau, assez loin sous terre, dans une salle assez large et haute, véritable construction élaborée ayant nécessité une collaboration organisée de néandertaliens dont on s'est longtemps plu à dénigrer de telles facultés. Problème : l'homme moderne est censé jusqu'ici avoir émergé en Afrique, c'est l'homo "sapiens" ! Il faudra revoir tout cela, la preuve que nos néandertaliens étaient même en avance sur les sapiens est là, dans cette grotte, à quelques km de Penne, à peine !
(=> en partie d'après "Préhistoire ariégeoise" Bulletin de la Soc. Préhist. de l'Ariège Vol. 31 à 35 1976; "Les habitats souterrains et leur protection" Ch. Jubertie; Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1995; et l'actualité scientifique).
- Un récit plus que centenaire décrit le paysage de ces lieux, "Le Causse d'Anglars" ( in La Revue Hebdomadaire Vol. 4 n°33 Lib. Plon 1895) et de sa commune, Penne: Penne et son château, perché au-dessus du village et du beffroi, le pied au bord du roc comme pour un essor, son château fantôme aux baies descellées, béantes comme des yeux de mort. Arrivés au hameau des Amiels, un hameau de trois ou quatre masures accroupies, mirant leurs figures de vieilles au flot toujours plein de l'Aveyron, nous avions pris un raccourci de pâtres, un sentier rocailleux, qui, le long des ravins dénudés, ça et là tachés de la verdure soufrée des euphorbes grimpait vers le Causse.
(=>récit repris dans "Pays et paysages" E. Pouvillon Plon, Nourrit 1895 ; "Le Miroir de la France: Géographie littéraire des grandes régions françaises" Ed. Delagrave 1923).
"PUY D'AMIELH" (33): voir Pech d'Ameilh page lieux occitans autres.
Ce nom est cité en latin ("podium") dans un vieux document du moyen-âge et parait en ce temps-là se situer en Gironde, dans la région de Lesparre ou Blaye. Voir au sujet de ce toponyme l'histoire du moyen-âge d'Amis et Amille (dossiers spéciaux).
PRIEURE D'AMILHAC à SERVIAN et AUMELAS ? (34):
Ce domaine viticole du "Pays des Côtes de Tongue" précisément nommé St Martin d'Amilhac s'étendant de nos jours sur 160 ha de terrasses villafranchiennes à Servian, entre Béziers et Montpellier, a pour origine un villa gallo-romaine, une propriété rurale d'un Aemilius déjà producteur de vin pour la consommation romaine des premiers siècles de notre ère. On y a trouvé des débris d'amphores confirmant que ses vins étaient expédiés à Rome. La villa Ameliaco ou Amiliaco est citée ensuite dès 1036 dans un acte de l'évêque Etienne qui l'attribue à son église cathédrale (cf. Gallia Christiana T. VI, p. 307); puis encore sous ce nom dans une bulle du pape Alexandre III qui confirme sa possession par l'église de Béziers (cf. même source, p. 140). D'autres noms encore dont en 1154 Terminio de Amiliaco; en 1162, Roveris de Ameliaco mais aussi la même année ou en 1163 Territoris de Amilliaco, Ameliaco puis un peu plus tard, en 1190, simplement Amilac. La Gallia Christiana indique qu'encore en 1178 c'était une "villa". On trouvera aussi les appellations de Ameliacum, Amillacum ou Amillarum. Il restera possession de l'église biterroise jusqu'en 1789 ! De nos jours ses vins sont toujours réputés; on visite la propriété laquelle abrite un musée, une chapelle du XIème S. ou un pressoir du XVIème S. et on déguste aussi ses vins bien sûr. Près de ce lieu se trouve le Mas Amillon ou Amilhou, ferme à 2,5km à peine, notée sur la carte de Cassini, avec alors une église au titre de St Félix; il se peut qu'il s'agisse d'une ancienne dépendance du Prieuré.
La forme moderne d'Amilhac dont le 'lh' traduit l'occitanité est dérivée du roman Amilius forme attestée du latin Aemilius dont il en constitue une suite toponymique (cf. W. Schulze p.121 et F.R. Hamlin, p.27-28, §13). Ameliaco a pu aussi donner dans la même région Amelas, forme peut-être à l'origine d'Aumelas, a l'O. de Montpellier. Un autre Ameliaco était connu chez les Gabales en sud Vivarais (voir ce nom). (rèf. voir * ci-après).
Un ouvrage indique à son propos que le gentilice Aemilius figure bien dans les inscriptions (gallo-romaines) de Béziers avec cete référence notamment CIL XII, 4257. Il est ajouté qu'un autre hameau de Servian se nomme Amilhon, hameau de St Félix du Mas.
(cf. Béziers et son territoire dans l'antiquité, M. Clavel, Coll. de l'Institut des Sc. & Techn. de l'Antiquité, 1970 / 112).
MILIAC à ST PARGOIRE (34) :
Vieux toponyme de cette commune, ce fut un tènement dans le haut moyen-âge que l'on trouve cité dès 807 :"Aemilius l. fiscus Miliacus cam villa". Il fut plus tard nommé aussi St Guillem et Mieusses (cf. "Revue Intern. d'Onomastique" Vol. 8-9 1956). Le Dictionnaire ci-après indique quant à lui qu'il s'agit avant le XIIème S. du village lui-même de St Pargoire qui se nommait alors Miliacum ou Milianum (cf. "Dictionnaire Général & Administratif de la France & de ses colonies" T. VI, P. Joanne; Hachette, Paris, 1902). On trouve dans les archives les noms de Milieianum, Miliaciacum, Milicianum et Militianus (ce qui n'a plus rien à voir pour ce dernier, très militarisé!).
(=> * "Dictionnaire topographique du département de l'Hérault" E. Thomas; Paris, Imp. Impériale, 1865).
COUMO D'AMIEL à LABASTIDE-DE-SEROU (09) :
Coumo en occitan est un mot pyrénéen désignant une combe, le haut d'un vallon; c'est sur le territoire de cette commune un lieu-dit à ne pas confondre avec le toponyme de la Coumo d'Amyel ci-après.
'RUISSEAU de NA MELIA' (09):
Ce ruisseau coulait, au moyen-âge, dans la seigneurie de Mirepoix, juridiction des Pujols, près du chemin qui allait de Pamiers à Mirepoix. Il existait aussi un lieu-dit de ce nom dérivant d'une dame Amiel où probablement ce ruisseau prenait sa source. Le nom respectueux de cette dame a subi une élision de son nom, il aurait fallu retenir bien entendu Na Amelia.
COL de la COUMO D'AMYEL (09) :
Aussi indiqué "Anyell" sur les cartes, ce col situé à 2470m d'altitude n'est franchissable qu'à pied, il est situé sur le GR 10 aux confins des départements de l'Ariège et des Pyrénées-Orientales, quelque part à mi-chemin entre Mérens l'ariégeoise et le Lac des Bouillouses des limites de la Cerdagne catalane, au niveau du Pic Carlit qui domine cette région isolée à près de 3000m; à l'ouest nait le fleuve Aude, à l'est s'insèrent la Principauté d'Andorre et la haute vallée de l'Ariège, au sud commence l'Espagne. La combe dont fait référence ce col ne peut être la même que la précédente; ici c'est sans doute une estive, un fond de vallée destiné aux près pour les vaches en été.
PIC D'AMEILLE (09) :
Situé dans les Pyrénées ariégeoises, entre St Girons et Bagnères-de-Bigorre (65) le Pic d'Ameille culmine plus modestement à 1272m.
L'AMIEL à LUZENAC (09) :
C'est le nom d'un hameau de cette commune proche d'Ax-les-Thermes, en Haute-Ariège, qui possédait en 1896 six maisons et treize âmes. On peut penser que durant le haut moyen-âge toute une famille Amiel habitait déjà là; un Pierre Amiel de Luzenac est cité encore en 1715. De nos jours on parle de "Quartier Lamiel" à Luzenac.
MESTRE AMIEL (09):
La commune de Lapenne, en Ariège (près de la limite avec l'Aude) possède plusieurs lieu-dits qui commencent par Mestre dont un nommé "Mestre Amiel". Ces différents 'Mestre" indiquent une activité particulière, celle de 'Maître-verrier'; une activité qui permettait d'accéder à la noblesse, seule activité possible pour cette classe sociale avec le métier des armes. Une famille bien connue alors ici et dans la Montagne Noire audoise (il était nécessaire de déménager les fours verriers lorsqu'on avait épuisé la réserve de bois d'une forêt) fut celle des De Robert dont l'un s'appelait Amiel de Robert. Ils s'enracineront dans le terroir ariégeois vers la fin du XVème S. et encore de nos jours le nom de Robert est porté dans toute la partie occidentale du département.
Cet Amiel de Robert est semble t-il l'ancêtre de la souche patronymique, attesté vers 1485, il était originaire de Revel, dans le nord du Lauragais. Noble Amiel installera ses fours en 1500 près du Mas d'Azil, à Gabre, la région de son épouse, région fortement "infestée" par la religion protestante et qui subira durement les guerres de religion, la génération suivante sera protestante. On suppose que cette lignée s'était installée en Montagne Noire, autour des Cammazes vers 1300 et c'est le notaire d'Arfons qui enregistrera le testament d'Amiel en 1542, il revint donc dans cette région des origines. Son fils retournera à Gabre, (au lieu-dit Les Garils) et l'on sait que Pierre le suivant à son tour fera lui aussi le chemin inverse, revenant en 1581 à Arfons ! L'auteur cité en référence ajoute Une telle cohésion des générations aux mêmes lieux et à travers les siècles parait bien incarner ce que les sociologues appellent la "famille souche", exclamation qui pour nous est une simple évidence. Et pourtant cet Amiel a probablement laissé plutôt son "pichot nom" comme on dit en occitan, son seul "petit nom" (prénom) et non son patronyme à ce lieu ariégeois.
(=> "La légende de Gabre" Michel Bégon, site internet ariegeparmichelbegon.blogpost.fr, art. du 8/11/2009).
"CASAL D'AMIEL" (65) :
Un casal est au moyen-âge, en Occitanie, d'abord soit une maison ou masure rurale pouvant comporter un jardin soit un jardin seulement et plus tard une ferme autonome complète.
-1- Appelé aussi "Cassé", cité dans un Cartulaire du Pays de Foix (don par Arnaud Bafet de Montpezat aux Templiers) ce lieu objet du don est indiqué se situer à St Quentin en Ballongue (la 'vallée longue' est situé autour de St Lary, extrémité ouest du département), près du Château de La Barre, localité disparue de nos jours. C'était en ce temps éloigné une part de la seigneurie d'un Aton Amiel qui la possédait encore apprends-t'on en 1163.
-2- D'après cette fois le cartulaire de Monsaunès, abbaye de Gascogne située près de St Gaudens, ce "casal" aurait été acquis par les Templiers en 1177 et 1178 de divers seigneurs dont un certain Amiel de St Quentin qui lui-même aurait acquis ce comdominium (part de seigneurie) quelques années plus tôt, en 1171, de celui dont on dit dans la citation -1- qu'il fut le donateur, Arnaud Bafet de Montpezat. Cette opinion -2- semble plus étayée que la -1- mais ?
-3- Le "casal" de la région sous-pyrénéenne deviendra, au XIIIème S. une véritable exploitation agricole familiale qui continuera à être nommée par le nom de celui qui l'exploite. Le "Casal Amelii Sancti Quintini" se nommera plus tard aussi Casal d'Atamiel (d'Aton Amiel, acte de 1236 en gascon des Archives Dép. de la Hte Garonne Fonds Ordre de Malte (Montsaunès) liasse 1 n°11).
-4- On peut enfin citer le casal de "Johanne de Semeag et de Amelio", "suo frater cum omnibus pertinenciis" ( de Jeanne de Séméac ? (65) et d'Amiel son frère, 'en toute pertinence') indiqué lui aussi dans le Cartulaire des Templiers de Montsaunès (cf. introduction à ce cartulaire par Ch. Higounet); on note encore le nom de Amelz (Ameilz) d'Ardeia ou d'Ardiga, Raymond de son prénom, dans ce même cartulaire, peut-être s'agit-il de ce frère.
"CASSé D'AMIEL" (09) :
Le nom rappelle le ou les "cassé" précédent(s) cité(s) par le cartulaire du Pays de Foix mais il ne peut être confondu vu sa localisation. Un lieu ariégeois a bien porté aussi ce nom; il était situé à l'ouest de Castillon-en-Couserans, la vallée du Couserans étant au sud-ouest de St Girons.
TENURE DES AMIELS à MIREPOIX (09):
C'est le Cartulaire civil de la ville de Mirepoix qui indique ce lieu appartenant à une famille Amiel, sis sur le territoire de la bastide ariégeoise il s'agit d'une terre agricole concédée à un particulier par le seigneur à titre précaire mais en réalité héréditaire d'où le nom patronymique mis au pluriel (habituel en occitan) indiquant la famille des Amiel. Le texte étant écrit en latin la citation est exactement "Ameliorum Tenencia" terme assez curieux pour exprimer le nom de la famille amielienne en question!
Présence des AMIEL dans le TARN :
S'il faut une preuve de la très ancienne présence du nom latin dans la région on peut la trouver entre autres par la découverte de plusieurs pièces de monnaie à l'effigie d'Aemilii des premiers temps de la présence romaine : A St Paul-Cap-de-Joux par exemple, au lieu-dit Viterbe, dans la basse vallée de l'Agout, on a trouvé un nombre important de pièces consulaires en argent dont une de Aemilius Paulus Lepidus à la tête diadèmée et voilée, une d'un Paulus à la figure le représentant debout en toge avec trois captifs près d'un trophée, et deux autres encore citant des Aemiliens.(cf. "Revue Hist. Sc. & Litt. du département du Tarn" 5ème Vol. E. Jolibois, Nouguiès, Albi, 1885).
EN AMIEL ou NAMIEL (81):
Lieu-dits de Damiatte (au nord-ouest) sur la rive droite de l'Agout, en face de St Paul-Cap-de-Joux et de Lavaur. Rappel: le préfixe accolé ou pas "En" ou "N" désigne dans le Lauragais particulièrement la qualité de "Monsieur" par l'abréviation de l'occitan "Senhe" (seigneur, monseigneur en français qui a donné le moderne 'monsieur'). Cette manière de nomination se retrouve particulièrement en toponymie dans ce comté languedocien : On ne peut que rapprocher les Amiel et En Amiel ou Namiel de : Auriol avec En Auriol (St Sernin-les-Lavaur 81) et Nauriol (Calmont 31); Amat avec Namans (Briatexte 81), Namat (Saïx 81) et En Amat (Azas 31) et les exemples sont nombreux ! (cf. "Etudes de linguistique romane et toponymie" d'Ernest Nègre, Collège d'Occitanie, 1984; "Bulletin philologique et historique" du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Paris, Imprimerie Nationale, 1955,; revue "Onoma" vol. 14, 1969).
CAMP-AMIEL (81):
Lieu-dit qui dépendait de l'ancienne paroisse de St Aularie, dont le territoire est aujourd'hui compris avec celui de la commune de St Paul-Cap-de-Joux (à ne pas confondre donc avec celui de Damiatte). Le terme de 'camp' désignant une terre agricole, champ.
(=> "Revue Historique, Scientifique et Littéraire du Tarn" Vol. 15 1898 & Vol 11 1893, Vol. 12 1895) .
AMIEL (81):
Lieu-dit situé dans le canton de Rabastens dont la localisation plus précise est inconnue; on le cite aussi sous les noms de "al Mas des Amielz" en 1561 et "als Amyelz" en 1593. Il ne fait aucun doute qu'habitèrent là toute une dynastie d'Amiel.
(=> "Toponymie du canton de Rabastens (Tarn)" E. Nègre , D' Artrey 1959).
"MAS D'EN AMIEL" (81) :
Mas est l'abréviation de "masage", ensemble des bâtiments d'une exploitation agricole rurale; il s'agit d'une métairie disparue située autrefois à Cuq (Cuq-les-Vielmur depuis 1900), localité proche de Vielmur-sur-Agout, à l'est de Castres. Cuq était au moyen-âge une véritable petite ville mais le château brûla en 1565 emportant avec lui une partie conséquente des maisons....Il ne reste plus grand chose de ces temps d'avant la renaissance sur le plateau, seuls résistent des pans du château et l'église.
LES AMIELS et PARC DES AMIELS (81):
Lieu-dit de la commune de Lisle-sur-Tarn situé sur l'ancien hameau de St Etienne de Vionan et doté d'un étang du même nom (Parc des Amiels). Il faut remarquer que cet endroit se situe à moins de 2km au nord de l'église de Montaigut, site primitif de la future bastide de Lisle, or on sait que les Amiel figurent parmi des chevaliers de Montaigut vers 1190. De nos jours c'est un lieu agréable avec un sentier de randonnée qui le traverse. Rappel : En français le pluriel des noms propres reste invariable ce qui n'est pas le cas en occitan, il y a bien lieu d'écrire "Les Amiels".
LAMILLARIé (81) :
Le féminin utilisé en toponymie est courant dans le Tarn de même que la terminaison en 'arié' marquant un toponyme, lequel désigne un domaine et correspond aux termes en -ie (ex La Martinerie) en pays d'oïl. Mais il est possible qu'il s'agisse du masculin "L' " contracté avec le nom latin Amill(ar)ius d'un Aemilius antique dont on a perdu la trace, bien que l'on ait découvert toutefois en 1969 un habitat gallo-romain sur le territoire communal. C'est une commune à mi-chemin de Castres et d'Albi, d'origine gallo-romaine (autel votif découvert et voie romaine d'Albi à Lombers). Jusqu'à la Révolution son nom s'écrivait Lamilharié (forme occitane). Le "Mas de Millarès" est déjà mentionné entre 972 & 974 dans le codicille de Garsinde, comtesse de Toulouse et de l'Albigeois.
LES AMIALLES (81) :
Lieu-dit de la commune de Castres comme le précédent et comme le suivant dont l'orthographe cache un probable et plus exact "Les Amielles" désignant des habitations de membres féminins d'une même famille Amiel, soit "las Amielas" selon la coutume occitane en pareil cas, puis francisé.
LAMEILHé (81) :
Autre quartier de la ville de Castres qui se signale dans la voirie par une allée, un rond-point, un chemin, une avenue ainsi qu'une division, celle de Lameilhé Haute. Son nom aurait pour origine celui d'un consul de la ville, Amiel, qui était implanté en cet endroit.
(=> "Essai sur la toponymie des rues de Castres" Guy Viala; Société Culturelle Occitane, 2004).
EN PEYRE-AMIEL (81):
C'est l'union de deux familles, les Peyre et les Amiel qui a sans doute permis l'établissement conjoint dans un domaine situé près de la Forêt de Grésigne. Toutefois un internaute m'a fait remarquer qu'il peut tout aussi bien s'agir de voir en 'Peyre' le prénom Pierre, ce qui, en effet est tout à fait possible, la traduction en français donnant "chez Pierre Amiel", dont acte.
MAISON AMIEL à ALBI (81) :
Vieille maison du centre historique classé au patrimoine de l'humanité, elle est située Rue Neuve-Ste Cécile. On pouvait y voir encore à la fin du XIXème S. (de nos jours ?) une belle plaque de cheminée historiée par la gravure d'une bergère gardant ses moutons et décorée de feuillages, d'un dauphin et d'une coquille, forgée selon le style à l'époque de Louis XIV. (cf. Bulletin archéologique & histor. de la Société Archéol. du Tarn-et-Garonne" T. LXI 1933; Montauban, Forestié 1934).
Les PECH MILAN du CASTRAIS (81):
On sait par l'onomastique que Milan est ici un diminutif d'Aemilianus latin; il s'agit de deux éminences (pech) rythmant le paysage moutonnant la plaine castraise et qui curieusement se trouvent à proximité de la ville de Castres : l'un au N-O, commune de Jonquières, l'autre au S-E, commune de Valdurenque.
MELIES (81) :
Bien que spécifique à l'Aude en tant que toponyme et patronyme (Georges Méliès descendait d'un audois de Chalabre) on trouve un lieu-dit de ce nom amelien à Milhars (par contre ce dernier toponyme n'a rien à voir avec notre nom).
"BORIO D'AMIEL" (82):
"Borio" signifie 'ferme' en occitan; celle-ci était située à Montricoux avant la Révolution.
(=> "Bulletin Archéologique, Historique et Artistique de la Soc. Archéo. du Tarn-et-Garonne" Tome LXXI 1943 Montauban, Forestié 1944).
MAS AMIEL du Gard (30):
Domaine situé à Barjac à ne pas confondre avec son homonyme bien plus connu de Maury (66). Un mas est soit une maison isolée, un domaine ou un groupe de maisons dans le milieu rural du sud de la France.
EN AMIEL (31):
Hameau important de nos jours de la commune de Gardouch (avant la Révolution il dépendait de Lagarde) possédant trois rues nommées "Souleilla d'En Amiel" (exposée au soleil), "Hyversent d'En Amiel" (exposition du versant à l'ombre?) "Enceinte Amiel" (?) et "En Amiel" tout court. Il y avait seulement un moulin autrefois, de nos jours c'est la "zone d'activités" de la commune qui a pris son nom!
LES AMIELS (31) :
Ferme, lieu-dit de la commune de Montgeard, près de Nailloux, à ne pas confondre avec le précédent du même coin (S-E de Toulouse). Il faut dire qu'il y a des Amiel ici depuis longtemps : En 1524 par ex. est cité Jean Amiel dit Le Vieux qui était syndic des paroissiens et cette année-là il signe un bail donnant la charge de poursuivre la construction de l'église de la communauté locale au maître-maçon Jean d'Escalquens après le décès, cette même année du maître-maçon initial de 1522. C'est alors le riche temps du pastel et cette église peut être qualifiée d' "église du pastel" tant sa décoration intérieure bénéficiera des largesses des maîtres pasteliers, son clocher-donjon également. A visiter.
L'AMIEL (31) :
Lieu-dit de la commune de Gargas, près de Castelnau d'Estretefonds, au N. de Toulouse.
AMIEL (34):
Lieu-dit important de la commune de Montblanc qui possèda au XIXème S. une distillerie (1860) (réf 1), où une famille Amiel existe toujours, et où Raoul Amiel a fondé son entreprise RAM (RAoul Amiel) de remorques à vendange puis de véhicules utilitaires avec bennes utilisés par de nombreuses sociétés de nettoyage par ex. Il se trouve aussi à Montblanc le "Domaine des Amiel", domaine viticole exploité de nos jours par trois Amiel qui rappellent sur leur site que les Amiel en ces lieux, c'est de l'histoire ancienne: Il y a dans la plus ancienne partie de l'église du village un tombeau des Amiel, témoin d'un nom présent là depuis au moins 1490. L'ancêtre serait arrivé ici, accompagnant le roi de Navarre François Phébus sur la terre de sa seigneurie héraultaise et y serait resté. Le Compoix de 1605 indique une possession par Jehan Amiel d' ~2 ha de terres au lieu-dit de Mourèses, un endroit qui appartient toujours aux Amiel viticulteurs de nos jours. (rèf 2); ces Amiel-là sont aussi connus pour être de fervents amateurs d'occitan et de football, passions qu'ils vivent dans l'équipe occitane de football dont ils sont (on m'excusera le terme rugbystique) des piliers, le père par l'entraînement sportif et linguistique, les deux fils par leur jeu dans cette équipe qui joue internationalement pour la Coupe du Monde des peuples qui n'ont pas d'état. Plusieurs membres de la famille Amiel se sont fait remarquer enfin lors de la Révolution de 1789: Cette période trouble a retenu les noms d'un "bourgeois Amiel", et de Jean-Baptiste Amiel qui aurait assassiné un certain Blaise Feuillé pour le vol de raisins muscat !
(=> réf 1 :"Dictionnaire géographique, topographique, statistique et postal de la France" M-A Peigné Paris, Cosse, Marchal & Co. 1863; rèf 2 : site internet du "Domaine des Amiel" de Montblanc; émission FR3 région Sud "Viure al pais", reportage sur "Les Amiel passaïres" de mars 2015).
MILHAVET (81) :
On trouve anciennement le même toponyme latin que celui de Millau (12) soit Amiliavo. Il s'agit bien de voir dans ce nom celui d'Amelius auquel a été ajouté le diminutif occitan '-et' soit "le petit Millau"(cf. "Les noms de lieux du Tarn" E. Nègre; Ed. d'Artrey, 1959). En 1229 Pierre Amiels, Etienne de Paders et plusieurs autres rendent hommage pour le fief qu'ils tenaient et que leurs prédécesseurs avaient tenu de l'évêque d'Albi comprenant le château et vallée de Monestiés et plusieurs villages ou forts dont Milhavet, près de Cordes (collec. Doat 105, f°304). Peu de temps ensuite ces biens firent l'objet de confiscations pour cause d'hérésie de ces vassaux. Ce n'est qu'en 1585 que l'on peut lire pour la première fois le nom de Milhavet correspondant au nom de Millavois (habitant) agrémenté d'un suffixe diminutif, soit les habitants du petit Millau. (cf. Noms de lieux su Tarn E. Nègre; D'Artey, 1972).
MAZAMET (81):
L'histoire de la création de cette ville lainière vaut d'être contée. Ce serait suite à la ruine par la conquête de la citadelle d'Hautpoul (sur la croupe nord de la Montagne Noire) par Simon de Montfort lors de la Croisade contre les Albigeois au XIIIème S. que la population misérable de ce lieu dût se résoudre à descendre dans la vallée pour s'y fixer. Les récentes fouilles du site de St Sauveur, quartier d'habitation d'Hautpoul viennent en tous cas de prouver que le cimetière n'est plus utilisé à compter du XIVème S., époque des débuts de Mazamet. Ces pauvres gens s'installèrent au bas de la rivière de l'Arnette et auraient formé le hameau de "Mas-Aïmat" (maisons aimées ainsi nommées pour conjurer le mauvais sort?); cette implantation devint prospère et fin XIXème s'y développa une importante industrie de délainage utilisant l'eau dure de l'Arnette, qui fit sa fortune; le mauvais sort aurait-il été effectivement conjuré? Mais pour l'auteur Mas-Aîmat serait plutôt le nom patois déformé de "Mas Amiel". Où se cache la vérité? Qui pourrait le dire, l'histoire est belle gardons-là ainsi!
(=>"Lou Milou" roman historique de Isabelle Bonnet, Paris, Publibook, 2009).
Un petit film de 1951 "Lou Mas Aïmat" (A. Paul, collection INA) conte très précisément l'origine et l'ascension industrielle de la petite cité tarnaise.
AIMARGUES (30) :
Il est rapporté par les auteurs anciens qu'un tribun de Nîmes, un Aemilien sans doute vu le prénom donné à sa fille, avait une résidence en cet endroit, que pour défendre la ville il y fit construire un 'château' et entoura le site de murailles. On sait encore par les mêmes que ce tribun aurait donné ce lieu en dot à sa fille Aemilia tout en souhaitant qu'il soit nommé Aemilianum soit "la terre d'Aemilia". Le nom doté du suffixe local très utilisé en '-argues' traduit le terme latin 'ager' (domaine) ou le suffixe latin -acum (qui évolue localement plus souvent en -anum); quant à Aim- il est possible que ce radical traduise la racine lui venant d'Aemilia mais ce n'est pas prouvé. Les mêmes disent encore qu'Aemilia y fit construire un temple qui, par suite de l'évangélisation d'un certain Probus, disciple de l'apôtre Simon vers 44 (ce qui est quand même bien tôt!) aurait servi d'église; ce serait sans doute parmi les plus vieux lieux de culte chrétien de Gaule si cela n'était pas une légende, une légende qui devait être notée.
La variation régionale en -argues est concentrée dans ce coin de l'Hérault et du Gard; on peut citer les toponymes (et leur origine latine) suivants : Caissargues (Cassis Ager); Domessargues (Domitii Ager); Fabiargues (Fabii Ager); Gallargues (Galii Ager); Dassargues (Dassii Ager) et 25 autres tous dans le Gard (cf. H.G.L. T.I, p.99; "Antiquités de Nîmes" Deyron, p.71 et suiv.; "Histoire de la ville de Nismes" Ménard, T.I, L.I).
(=> "La Gaule poétique..." L.A.F. de Marchangy; Patris, Paris, 1819).
Les MILHAC; LOU MILLAC (12) et MILHAC (46) :
Bien que les Milhac, forme occitane de Millac (plus français) soient listés dans la partie "Noms français" j'y ajouterai ici les hameaux Milhac des communes aveyronnaises de Calmont d'Olt, Villeneuve, Toulonjac et Mograzès et le Millac hameau de St Christophe-Vallon. Et puis il y a le curieux Lou Millac toujours en Aveyron, hameau de Castelnau-de-Mandailles qui représente un cas typique de mauvaise coupure; il s'agit en réalité de La Millac venant de L'Amillac qui se retrouve de plus masculinisé (Lou : Le) ! Enfin une précision sur Milhac (46) : C'était à l'origine un oppidum romain puis la petite capitale du Pays de la Bouriane; véritable place-forte il reste de sa forteresse bâtie au XVème S. un fier édifice avec une tour en à-plomb de la falaise qu'elle domine.
"MILICIAN" et "MILHAU" près de BEZIERS (34) :
- Un lieu proche de Béziers se serait ainsi nommé Milician; déjà en 814 est trouvé le nom de Miliciacus puis en 1146 Miliacus, au XIIIème S. ce sera Milicianus mais ces noms sont aussi présents dans les chartes, bulles ou testaments de cette villa gallo-romaine devenue un fiscus au haut moyen-âge. Se pourrait-il qu'il faille le confondre avec le Prieuré cité plus haut et situé à Servian ? Cette villa Milicianus fut en tous cas à partir de 1036 une propriété de l'église locale; l'évêque de Béziers Etienne en fit don au chapitre de son église-cathédrale St Nazaire de qui ce lieu dépendit dès lors jusqu'en 1789. La plus ancienne référence relative à l'attribution de cette propriété est bien de 1036 : "Quistas, census, placitos, in Ameliaco".
(=> "Géographie de l'arrondissement de Béziers" in Bull. de la Soc. Arch. Sc. & Litt. de Béziers, 2ème série, T. III, Béziers, Millet, 1863).
- En plus de ce lieu et/ou celui de Servian, de la ferme de Mas Amilhon, il existe encore dans la proximité de cette cité la ferme de Milhau sur la commune de Cazouls-les-Béziers dont on peut citer cette référence : "Baxanus et Malianus, villae quae sunt ultra Ponte Septimo" datée de 788 dans un jugement des commissaires de Charlemagne en faveur de Daniel, archer de Narbonne (cf. HGL T. I p.25). Entre le Pont Septime et l'Orb on ne trouve que le domaine de Baissan (Baxanus) et Milhau (qui serait donc ce Malianus) rappelant le texte de cette vieille charte. Ce lieu est nommé Milhac sur la carte de Cassini. (cf. même rèf. que pour Milician).
LA VALLEE DE MILIAC ou AMILHAC près d'UZES (30) :
La vallée de Miliac en Uzège portait le nom de domaine "Amiliacum" ou Miliacensis. En son sein prend naissance et coule le Tave, dans le Comitatus Uzeticus (comté d'Uzès); c'est le nom du lieu de la source. On a de nombreux témoignages de son nom dans les chartes de St Victor de Marseille comme "vallis Milianensis" en 1210; et bien avant, au début du XIème S. "Valle Milcianense, in comitatu uzetico" (charte n°198 de 1010) puis de même en 1047, 1050 (charte n°193), 1060 (charte n°1070); le Dict. Topog. du Gard cite bien cet Amilhac au hameau de Fontarèche, de nos jours Fontarèches, commune du canton de Lussan (cf Dict. du Gard n°6, vol.10 E. Germer-Durand, Acad. de Nîmes, 1868).
(=> "Mémoires de la Soc. Archéol. Sc. & Arts de l'Oise" Vol. 13; Beauvais, Père, 1886).
LES AMELIERS à MONOBLET et SOUSTELLE (30) :
Ce toponyme est connu dans ces deux communes gardoises; mais sur la carte des Etats de 1789 leur orthographe est différente : Celui situé sur la commune de Soustelle (près d'Alès) porte le nom de Les Amiliens, celui de la commune de Monoblel (près de St Hippolyte-du-Fort) s'y lit Les Amellies. Dans les archives départementales "Les Ameillens" est la bergerie de Soustelle citée ainsi en 1733. Des noms forts différents donc de ceux qui leur sont donnés de nos jours mais qui peuvent relier ces appellations à l'origine occitane signifiant amandiers et/ou à l'origine latine aemilienne.
(=> "Dictionnaire topographique du département du Gard" n°6, vol. 10, Académie de Nîmes, 1868).
Un quartier de Nîmes porte aussi ce nom ainsi qu'à Draguignan (83) et une rue à Avignon (84, cf. page toponymie Provence).
LES AMEILHENS à LES SALLES DU GARDON (30) :
De même nature que le précédent et orthographié quasiment de même, ce toponyme est bien différent : hameau isolé de cette commune également proche d'Alès aussi écrit Amelhens, ce fut un refuge de maquisards lors de la dernière guerre mondiale (Maison de la Résistance) lesquels furent de nombreux cheminots.