INDEX :
* D'El à Jupiter et à Dieu * L'évangélisation précoce de la Narbonnaise selon J. Aulagnier * Eliham (notes diverses) * Ameus de la Broqueira troubadour * Une tribu Amiel ? * De l'ordre à l'église, au nom de ... * Du nom Leima * L'Emil rivière mongole * Fanny Lasserre demi-soeur de Carlos Gardel * Le cheval Emilius * Amiel prénom universel, nom commercial ou d'épreuves sportives aux USA* Jules Amiel photographe au Mexique * Les Amiel qualifiés de nobles * Les Amiel protestants tarnais * Un Aemilius fonda t-il Valence (26) ? * Aemilianus héritier d'un moine d'Hippone * La "racine amiel" en vieux français * Une identification politique à un Amiel biblique * Amiel et l'ésotérisme chez les Francs-Maçons * Une généalogie réinventée ? : Lamothe-Langon * Ne pas confondre * Un poème si l'on veut * Ameliagoras * Une histoire de vol de reliques *
D'El à Jupiter et à Dieu :
Le vieux dieu sumérien El a traversé le temps et les peuples; il a vécu auprès des sumériens, puis des sémites hébreux; roi des dieux chez les grecs puis les latins, faisant une carrière nouvelle chez les chrétiens, il sera repris par les musulmans tardivement. Son nom a changé suivant les époques et ses adorateurs. Son qualificatif principal c'est certainement "l'Eternel"; il correspond à notre périphrase "celui qui est lui", l'être existant, le principe de la vie, le 'moteur' ou même 'le mouvement' donnant l'âme universelle des êtres.
L'usage confirmé par Diodore de Sicile, "appelle Iaw le dieu de Moïse" (Liv. I de Diodore de Sicile), Iaw et Iaouh (Yahveh) sont le même mot désignant le dieu unique désormais pour les juifs. Cette identité se continuera dans le nom de Ioupiter (le 'j' ne sera inventé qu'au XIIIème S.!) bien qu'il y soit le 'roi' des dieux chez les romains; quant au Zeus du sommet du panthéon grec, c'est lui qui donnera Théos et Deus, Dieu. Qui est ce Jupiter (ou Zeus)? Comment les grecs puis les latins expliquent-ils leur théologie ?
Diodore, d'après Manethon, prêtre de Menphis, dit que "les Egyptiens, donnant des noms aux cinq éléments, ont appelé 'l'esprit' ou éther, Youpiter à raison du sens propre de ce mot; car l'esprit est la source de vie, l'auteur du principe vital des êtres vivants, et c'est pourquoi ils le considèrent comme le père, le générateur des êtres". Le mot peut être vu comme l'union de 'piter', père, maître du principe, et 'You' la vie, et l'éternité. Voilà pourquoi aussi Homère le qualifie de 'père' et 'roi' des hommes et des dieux. (cf. Diodore de Sicile Liv. I, sect. I).
Chez les latins c'est ce que diront de même Macrobe ou Virgile (dans le Songe de Scipion dont j'ai eu l'occasion de parler dans la page mythes, ici c.17, dans les Saturnales aussi). Bien plus tôt, c'est ce que disent déjà les vers très anciens de la secte des Orphiques, nés en Egypte, vers recueillis par Onomacrite au temps de Pisistrate (VIème S. av. J-C) : "Youpiter est le commencement, l'origine, la fin et le milieu de toutes choses : puissance une et universelle, il régit tout." Porphyre ajoutera que Jupiter est le monde, l'univers; c'est aussi lui qui indique que les philosophes qui dissertaient sur lui finirent par se mettre d'accord pour le peindre sous l'apparence d'un homme assis, découvert sur la partie supérieure du corps parce que c'est dans les parties supérieures de l'univers (les astres du ciel) qu'il s'offre le plus à découvert; par contre on le voit couvert à partir de la ceinture car il est voilé dans ce qui concerne la terre, il tient un sceptre dans sa main gauche car c'est le côté du cœur, ce qui, chez les hommes, règle les actions. C'est ainsi que le représenteront généralement aussi les chrétiens dans les tympans des églises, la main droite avec trois doigts levés en signe de la Trinité et de bénédiction en plus ! Par contre on sait que chez les juifs il n'aura aucune représentation (comme chez les musulmans d'ailleurs) car cela, depuis Moïse est impossible; étant l'universalité il ne peut en être une partie sans le tout; Moïse décida que la divinité devait être adorée sans emblème mais ordonna qu'on lui élève un temple (qui longtemps, jusqu'à Salomon ne sera "que" l'Arche d'Alliance pérégrine et les tentes qui l'abritaient). Et Moïse pourrait bien avoir eu cette idée saugrenue pour l'époque par référence à ses origines égyptiennes. Car pour les latins ce dieu de Moïse vient de Thèbes, on a vu que ce n'est pas si faux que cela; Plutarque nous apprend que seuls les prêtres de Thèbes "ne payaient pas de peintres pour représenter leurs dieux-animaux parce qu'ils adoraient un dieu dont les formes ne tombent pas sous le(s) sens et ne se figure point". C'est ce dieu que Moïse aurait adopté car il fut élevé à Héliopolis, la ville du dieu-soleil, toujours selon les latins. Et pour terminer sachez que, très curieusement, le nom de Ei si proche de El est la monosyllabe qui fut inscrite sur la porte du temple de Delphes, en Grèce; Plutarque, le romain, en fit le sujet d'un traité.
L'évangélisation précoce de la Narbonnaise selon J. Aulagnier :
La présence précoce des romains en Gaule Transalpine dès -122 et la création de la Provincia Narbona est un évènement qui allait avoir des conséquences bien méconnues de nos jours sur la naissance du christianisme en Gaule.
Il est utile de savoir que les légions d'occupation romaine en Judée dans les années +20 à +25, pas moins de quatre, étaient quasiment composées de "gaulois" transalpins d'origine (20.000 hommes). L'épouse du gouverneur Ponce Pilate était la narbonnaise Claudia Procula dont une lettre conservée à l'évêché de Carcassonne dit textuellement : tu sais que je rencontrai le centurion qui avait présidé à l'exécution de Jésus. (il s'agit de Longin, un éventuel Aemilius Longinus comme on l' a subodoré par ailleurs). Cette lettre a été publiée dans la Semaine Religieuse de l'évêché audoise en 1886 et reprise par l'auteur Ch. Doumergue dans un article sur "Claudia Procula, femme de Ponce Pilate" in Les Cahiers de Terre de Rhedae", n°2, mai 2008. Le nom même de Pilate, Pilatus, par le suffixe -atus est caractéristique des nouveaux habitants de la Narbonnaise, et c'est le nom d'une famille implantée dans la vallée du Rhône.
Comment ne pas penser que tout ce monde de Narbonnaise ne fut-il pas, en partie du moins, influencé par la nouvelle religion christique ?
Des preuves il y en a au moins une de solide : En 1837 fut découvert dans le bassin de carénage du port de Marseille une pierre funéraire érigée en l'honneur de deux martyrs chrétiens de la cité phocéenne, Volusianus et Fortunatus. Martyrisés par le feu, la stèle date des années +60 donc bien plus tôt que ce que l'on peut lire - de nos jours du moins - sur les premiers évangélisateurs de la Gaule. Donc, dès +60 le christianisme fut déjà bien implanté dans le coin pour justifier "l'utilité" psychologique d'une telle persécution. Il se peut même que cette présence affirmée de l'évangélisation ait eu avant celle de Paul qui était encore alors en Asie Mineure !
Il faut ajouter que dans la même région, on attribue traditionnellement à Trophime la fondation dès le Ier S. de l'église d'Arles. Ses évêques ont toujours estimé que les églises provençales (Aix, Avignon, Marseille) étaient dues à "un saint du groupe de Béthanie" donc venant de Palestine (dont Lazare). Il y a encore la tradition du débarquement de Marie-Madeleine dans la région et son installation à la Sainte-Baume; sa tombe fut découverte à St Maximin (lieu proche) le 9 décembre 1279 très précisément à la suite d'un songe de Charles II d'Anjou, frère du roi Louis IX.
Hors de la région il faut noter les Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, voire la retraite d'Hérode Antipas en exil au pied des Pyrénées, vers Tarbes ou Pilate en exil à Lyon.
(=> "Le premier siècle chrétien - Une approche scientifique de la naissance du christianisme" Jean Aulagnier, Ed. Résiac, 1989). On peut encore citer dans ce sens "Dissertation sur les origines de la foi chrétienne dans les Gaules" par l'abbé Corblet, de l'Art Chrétien in "Les Petits Bollandistes" 7ème éd. tome 14 pp. 655 à 677).
Quant à cette règle qui veut mettre cette évangélisation au milieu du IIIème S., elle ne repose que sur ce qu'a écrit Grégoire de Tours. Il nous dit que c'est à l'époque de l'empereur Dèce, pourtant important persécuteur des chrétiens, que "sept missionnaires furent envoyés en Gaule par les évêques de Rome" dont Trophime à Arles, Saturnin à Toulouse, Denis à Paris et Paul à Narbonne (en fait Paul-Serge ! bien avant). Mais Grégoire n'indique pour justifier cette date de 250 que la "Passio Saturnini" qui ne parle bien sûr que de Saturnin de Toulouse qui fut en effet martyrisé en ce temps-là auquel il a ajouté (il vit au VIème S. !) les six autres évêques qui évangélisèrent leur cité respective "dans des temps très anciens", recouvrant cette incertitude par ce faible moyen complètement gratuit ! Mais cela se comprend : son époque correspond au culte des saints qui était alors affirmé, ceci explique donc cela !
ELIHAM (Notes diverses) :
Eliam ou Eliham c'est le nom retourné d'Amiel dans la Torah comme on l'a vu. C'est aussi au moins un personnage de roman : "The mantle" de W. H. Stephens (1976), le nom d'un bourg anglais du comté de Kent à peu de distance de Londres et enfin un mot employé en franc-maçonnerie. D'abord mot de passe pour le Xème degré et désignant bien "le peuple de Dieu" il désigne plus tard, au XXVème degré la Triple Alliance accordée par l'Eternel, celle qu'il fit avec 'son peuple' dans le désert par l'entremise de Moïse (les deux autres étant celle qu'il fit bien avant avec Abraham scellée par la circoncision et celle qu'il fera bien après avec les hommes par la passion et la mort de son fils Jésus-Christ); ce mot est présent dans d'autres degrés. La nouvelle édition revue et augmentée du Dictionnaire étymologique des noms de famille français d'origine étrangère et régionale de Laurent Herz (L'harmattan, 2010) indique bien que il peut être traduit par "Dieu est mon parent" alors qu'un ouvrage anglais de 1819 un peu trop expéditif en restait à une explication puérile de 'Dieu avec moi' qui deviendra, toujours en anglais en 1887, 'l'ami de Dieu'.
AMEUS DE LA BROQUEIRA Troubadour :
Le prénom de ce troubadour pose un problème; on l'appelle généralement Amanieu alors qu'il serait plutôt nommé dans les manuscrits du moyen-âge Ameus. Ensuite Ameus pourrait bien être une déformation d'Amels, un prénom qui, lui, est connu comme une des multiples formes d'Amelius ainsi qu'on l'a vu dans la partie onomastique. De plus Amels est bien attesté en Comminges, la région de La Broqueira : il se peut enfin que la graphie occitane romane qui fait précéder le prénom de N' (monsieur) pour donner N'Ameus ait pu le désigner en Amaneus, Amanieu par réitération du A initial. Le saura t-on véritablement un jour ?
Une TRIBU AMIEL ? :
Un article du journal "L'Observateur du Maroc" de juillet 2014 cite une "tribu Amiel" sans plus de précisions. Suite à ma question un correspondant m'a fourni quelque précision sur cette éventualité (édition du 8/10/2014). Des communautés juives sont arrivées au Maroc non seulement avant les expulsions d'Espagne mais bien avant la conquête musulmane; elles y ont perduré accomplissant même des conversions de tribus nomades autochtones berbérophones; de petits 'royaumes' juifs ont pu exister comme celui de la mystérieuse reine berbère Kahena. Ils commercèrent avec les autres tribus indigènes puis avec les romains et ont ainsi prospéré. Une tribu Amiel peut alors tout à fait avoir existé dans ce cadre. Mais autre possibilité celle d'une famille grande et puissante de commerçants portuaires de ce nom (synonyme de tribu) qui était installée et commerçait à Salé-Rabat et qui, à l'instar d'autres tout aussi connues comme les Amzallag, Ben Tobo ou Moyal durent s'expatrier entre le XVIIIème et le début du XIXème S. et fondèrent des communautés à Gibraltar (1705), Mogador (1767), Lisbonne (1773), Mazagan (1825) ou même aux Iles des Açores (1820).
De l'ordre à l'église, au nom de .... :
C'est l'histoire vraie d'un prêtre missionnaire de son état qui eut fort à faire lors d'une de ses missions. L'histoire se passe à Sète (34) paroisse St Joseph, un document authentique (registre BMS 1677à 1721) rédigé par cet homme de Dieu en fait foi. Il relate une curieuse pénitence qu'il dut infliger à trois paroissiennes de ce lieu alors qu'il assurait la propagation de la foi en 1684. Elles ont du se présenter au balustre (balustrade de communion devant le chœur) à genoux, pendant la messe du dimanche 7 juillet de cette année-là pour réparer le scandale qu'elles avaient causé dans l'église, "s'étant querellées et outragées par des paroles fort inconvenantes", "l'une ayant même haussé la main pour donner un soufflet à celle qui l'avait outragée". Un comportement inadmissible vous en conviendrez (surtout en ce temps-là) en un tel lieu, pour lequel elles eurent à demander pardon non seulement à Dieu et à l'église mais à tous ceux qui étaient présents (et il dut y avoir foule pour ce spectacle rare!). En foi de quoi le prêtre dressa ce procès-verbal conservé "pour servir à l'avenir de règle", authentifié par des personnes de mérite qui signèrent avec lui: Il signe en premier "Amiel" (évidemment !) "prêtre, doctrinaire et missionnaire". Ce fut sans doute d'autant plus grave que cela se passa lors d'une mission censée recadrer la foi et sa pratique ! Le Père Amiel qui était accompagné d'un acolyte était sans doute un oratorien venu de la ville alors nouvelle de Cette (oui il n'y a pas de faute), terminus du moderne et nouveau Canal des Deux Mers inauguré en 1681, où les mœurs marinières comme maritimes étaient assez libres et qui, en plus accueillait alors des calvinistes; il y avait de quoi faire !
Du nom LEIMA :
Comme on peut le constater Leima est le mot inversé, constitué des mêmes lettres à leur même position mais lues à l'envers du nom Amiel; on appelle cela en langue française un anacyclique.
- Comme patronyme (rare) il semble évident qu'il soit d'origine juive; il est assez courant chez eux de porter leur nom par ce subterfuge, méthode dont la pratique leur fut souvent nécessaire durant l'histoire; on peut citer par ex. Reb Leima, de Bischheim, en Alsace, cité en 1781 dans une affaire interne juive de taxe par tête (cf. Rev. des Etudes Juives, vol.59, 1910). Ce nom propre est aussi connu en hydronymie, la toponymie appliquée aux cours d'eau.
- La Lemme, rivière du Jura, portait cet ancien toponyme en 1213 (Laima en 1304-05) formes encore latinisées, puis elle se nomma Laisme, première forme romane connue et francisée puis Leyme en 1374. La voyelle 'y' s'affadissant on dit finalement Lemme. Cet hydronyme Leima est présent dans d'autres régions : La Lemance (Dordogne), Le Lemmet (Cantal) ainsi qu'en Allemagne par les nombreux Leimbach dont celui du bassin de la Lahn mentionné dès 1270 sous l'apellatif latin de "duorum fluminum Leyme et Hene". L'on pourrait trouver l'explication du mot 'limon' donné au mot leima : en effet ces cours d'eau sont tous assez lents, marécageux....et donc limoneux. Le nom de la ville audoise de Limoux correspondrait bien à cette définition: le fleuve Aude qui la traverse atteint là la plaine après sa descente fougueuse des Pyrénées et il commence à déposer dans son lit ses limons arrachés aux majestueux défilés de Pierre-Lys et St Georges situés en amont. C'est exactement le même cas pour la Limagne, vaste plaine au débouché de l'Allier dévalant du Massif Central où il nait. Il en est de même encore pour le Lac Léman en une dimension supérieure, c'est un 'lac limoneux' dans lequel le Rhône se repose avant de contourner les Alpes françaises après être passé par le défilé de l'Ecluse, une vaste étendue d'eau qui fut déjà citée par Jules César en -58 comme Lacus Lemanus. C'est peut-être le cas encore pour le nom de la cité de Limoges qui se situe au débouché du bassin supérieur de la Vienne, descendant elle aussi du Massif Central ?
(=> "Répertoire archéologique du département du Jura"; Besançon, 1954, p.31, pour La Lemme; "Hydronimia Germaniae" M. Faust Relhe A., Lief 4, Wiesbaden, 1965, p.47 pour le Leimbach de la Lahn).
L'EMIL Rivière MONGOLE :
Je l'ai mainte fois dit, notre nom est d'origine hébraïque ou latine, et porté en occident (Moyen-Orient, Europe, Amérique, Afrique); c'est donc pour l'anecdote que je cite ce toponyme. L'Emil est en effet une rivière de Mongolie, coulant dans la province de Dzoungarie, qui naît dans les Monts Tchamar-Daban et tombe dans le Lac Kiourgha après quand même 520km de cours.
(=> "Dict. Universel d'Histoire et de Géographie..." T. I M. N. Bouillet; Paris, Hachette, 1857).
FANNY LASSERRE Demi-soeur de CARLOS GARDEL :
Les relations familiales sont souvent assez compliquées; c'est le cas pour ces deux-là. On le sait peut-être l'argentin Carlos Gardel, universellement connu pour avoir été le promoteur principal du tango, avait des origines toulousaines. Son père supposé se nommait Paul Lasserre et sa mère de qui il hérita le nom fut Berthe Gardès ou Gardel. Ce père indigne les abandonna tous deux avant même la naissance du petit Carlos qui eut lieu le 11 Décembre 1890. On sait que Paul Lasserre, ensuite, se maria en 1898 mais son épouse meurt en 1916; on le retrouve dès 1919 à Blagnac où il déclare officiellement la naissance de Fanny, sa fille qu'il eut de Clémentine Amiel sa 2ème épouse. Mais ce n'est qu'en 1995 que Fanny déclarera être donc la demi-soeur de Carlos Gardel !
(=> "Généalogie d'un mythe ou la famille toulousaine de Carlos Gardel" Christiane Bricheteau, 2004; conférence "Carlos Gardel fils de Toulouse" à l'Alliance Française de Medellin, 2005).
Le CHEVAL EMILIUS :
Le nom célèbre de l'antiquité a été donné à des chevaux de course comme, on l'a vu aussi, à des attributions scientifiques. Au début du XIXème S. fut célèbre l'étalon Emilius dont voici ce que l'auteur en dit : "Un célèbre et admirable étalon Emilius est la perle du Haras de Riddlesworth (Angleterre). Ce noble animal est toujours frais et dispos. Je l'ai trouvé en très bon état; et cependant né en 1820, il a maintenant 23ans. Un bien petit nombre d'étalons présentent d'aussi brillantes performances qu'Emilius." On apprend ensuite que sa carrière débuta brillamment dès l'âge de 3ans, qu'il fut alors le père de nombreux vainqueurs dont une pouliche nommée Lady, de Priam ou Euclide qui nous rappellent aussi l'antiquité, et d'un Young-Emilius pour enfin lui succéder dans cette noble tâche.
(=> "Institutions hippiques ...." Cte A. de Montendre, T. II; Paris, 1844).
AMIEL Prénom universel, nom commercial ou d'épreuves sportives aux USA :
- Plus orthographié Ammiel c'est surtout aux USA un prénom autant masculin que féminin et, de plus, porté par les blancs, les blacks les métis et même les asiatiques !
- En tant que nom commercial outre les Editions Léon Amiel on peut citer "The Amiel Publications Project" pour la diffusion des études rabbiniques juives, et dans le domaine "culinaire" les "Amiel's Original Submarine", sorte de sandwich créé en 1963 à Rochester (NY) ou l' "Amiel Island Fire" venant du Canada, spécialité d'Amiel Leblanc, sauce très épicée pour pimenter un peu cet ordinaire assez roboratif.
- Tout au contraire d'autres veulent à tout prix entretenir leur aspect physique et leur santé en faisant du sport. C'est le cas des policiers qui eux sont tenus d'être en forme et non pas en formes; ils pratiquent beaucoup ce genre d'activité et notamment le plus utile pour eux, à part le maniement des armes, la course à pied; deux épreuves les concernant portent le nom de "Robert Amiel" : "The Robert Amiel Mémorial Triathlon" à Long Beach (Californie) et le "Robert Amiel Public Safety Telethon" (humanitaire ?) sponsorisé par Malibu Shériff's Station (Los Angeles, Californie). Robert Amiel fut un des shérifs de Malibu, capitaine attaché à la condition physique de ses agents comme à la sienne parait-il mais on sait aussi que le sport est très pratiqué sur la côte ouest, région des stars, d'Hollywood et des belles plastiques autant masculines que féminines.
Des COURSES pédestres AMIEL en FRANCE :
Au moins deux courses sont dénommées ainsi; l'une se déroule annuellement à St Martin-de-Crau (13) sur 4,5 Km; l'autre est en Normandie, c'est le "Paris-Camembert"...
JULES AMIEL Photographe au Mexique :
Aussi nommé Julio, artiste photographe au Mexique, ce belge d'origine établi à Mexico enseigna la photographie, art encore balbutiant, à François Aubert, un français, qui lui succèdera en 1864 et à qui il revendra son matériel. Aubert est connu pour avoir photographié l'exécution du pseudo-empereur Maximilien en 1867.
(=> "Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du nord" D. Karel, Musée du Québec, 1992; "Les Belges et le Mexique..." F. Loriaux Avisos, de Flandres 3, Leuven Univ. Press, Louvain, 1993).
Les AMIEL qualifiés de NOBLES :
On ne va pas ici répéter ce qui a pu être dit des seigneurs rencontrés au fil des siècles de l'ancien régime à ce propos mais simplement ajouter ceux des seigneurs locaux qui, sans avoir fait parler d'eux furent pourtant nobles et nommés ainsi.
- noble Amiel de Bras, du Luc en Provence (lieu qui vit partir des Amiel en Afrique du sud);
- noble Amiel de Vilar, seigneur de St Michel-de-Lanès au début du XIVème S. en Lauragais (11);
- noble Amiel de Pujol, seigneur de la région d'Alos, en Provence, au début du XVIIème S.;
- noble Amiel Giozelas, de la fin du XIIIème S..(qui semble juif ?)
Les AMIEL PROTESTANTS tarnais :
Au vieux château de Ferrières dans le haut-Tarn se trouve un rare musée du protestantisme car la région fut très touchée par ce mouvement de contestation du catholicisme entre les XVI et XVIIIèmes S. Sans rappeler le catharisme ou les autres hérésies du moyen-âge il est proposé par plusieurs auteurs de voir en ces deux mouvements différents de profonds sentiments sociaux similaires inhérents à ces populations autochtones ne serait-ce que par la généalogie démontrée par la similitude des patronymes des tenants ou sympathisants de l'une et de l'autre période; ce qui est vérifié pour le patronyme Amiel. Comme il a été trouvé tant d'Amiel impliqués dans le catharisme nous pouvons aussi voir qu'il y eut de nombreux Amiel protestants. Certains comme on l'a décrit ont émigré dans des terres moins hostiles (Suisse, Pays-Bas, Angleterre, Afrique du Sud, Canada, Caraïbes, (futurs) Etats-Unis) quand d'autres ont subi; les registres du Musée de Ferrières conservent les noms de onze Amiel parmi ces derniers dont trois du XVIIIème S. un entre ce dernier siècle et le suivant, et sept au XIXème, tous originaires du Tarn.
Un AEMILIUS fonda t-il VALENCE ? (26) :
Beaucoup d'historiens modernes attribuent à Fabius Aemilianus Maximus Allobrogicus, le vainqueur des Allobroges en -121 dans la vallée du Rhône, la fondation à proximité du lieu de la bataille qu'il remporta, de la ville de Valence. On sait que la tradition attribue le nom de Valence comme nom secret de Rome. Ce tout premier colonisateur de la Gaule d'au-delà les Alpes italiennes voulut-il ainsi honorer sa capitale romaine par la reproduction de son nom initiatique afin de s'accommoder par cet honneur un heureux présage sur ces terres nouvelles hors de la péninsule? ou bien peut-être voulut-il honorer la "valeur" romaine des armées qui livrèrent par cette victoire éblouissante la Provincia du golfe du Lion à la République, lui permettant une liaison terrestre directe avec ses nouvelles possessions en Hispanie ? (cf. Bulletin de la Soc. Archéol. & Statistique de la Drôme T. 47; Valence, 1913).
AEMILIANUS héritier d'un moine d'HIPPONE :
Au temps de St Augustin (354-430), au monastère d'Hippone qu'il avait fondé au nord-est de l'Algérie antique, mourut un moine du nom de Privatus qui laissait une somme importante de 30 solidii; ce moine avait un frère nommé Aemilianus; on peut affirmer qu'alors, et dans cette région, Aemilianus fut un nom chrétien courant (car nom d'un martyr local). St Augustin, appliquant la règle qu'il avait lui-même fixé pour le monastère (lettre à Alypius) fit remettre à ce parent proche la succession sonnante et trébuchante laissée par le défunt frère (cf. lettre de St Augustin "Ep." LXXXIII, 4; P. L., t. XXXIII p. 293).
La "RACINE AMIEL" en vieux FRANCAIS :
On connaissait en vieux français, durant l'ancien régime plusieurs mots ayant comme "racine" le mot "amiel" ce qui peut paraitre paradoxal de nos jours : amieldrir : verbe synonyme en ce temps-là d'améliorer, devenir meilleur; amieldrissance : synonyme d'amélioration; amieler : verbe synonyme d'allécher, séduire, au participe passé on disait emmiellé, c'est à dire doux comme le miel, et non pas amiélé.
(=> "Lexique de l'ancien français" F. Godefroy; Paris, Honoré Champion, 1990).
Une IDENTIFICATION politique à un AMIEL biblique :
C'est dans une satire de l'anglais Dryden, au XVIIème S., "Absalom & Achitophel" que l'on trouve l'identification de l'homme politique Sir Seymour à un Amiel biblique. Il s'agit de comparer celui qui était alors orateur (président) de la Chambre des Communes (1673 - 1678) et Trésorier de la Marine (1673 - 1691) à un Amiel du temps du roi biblique David; mais il y en eut comme on l'a vu plusieurs : de quel s'agit-il ? Il y eut le père de Machir, celui qui apporta des subsides au roi d'Israël, celui qui fut Portier du Temple (gardien de l'Arche) et le plus important, le père de Bethsabée et l'un des gardes du fameux roi. Il s'agit en vérité de voir dans cette relation une allégorie mettant en parallèle l'histoire de la rébellion d'Absalom contre David avec les intrigues du comte de Shaffesbury qui souhaitait écarter le duc d'York (futur Jacques II) de la succession au trône d'Angleterre et lui substituer le Duc de Montmouth, au moment de la succession de Charles X. Quelle fut la position de Seymour dans cette affaire pour "mériter" cette comparaison biblique ? Il fut un habile et astucieux orateur; le nouveau Parlement mis en place en mars 1679 élit son speaker, et Seymour ne fut pas reconduit par opposition du roi; il proteste de cette exclusion. C'est de cela dont parle Dryden dans sa satire à mots couverts par l'allusion biblique de la rébellion du fils opportuniste au cours de laquelle Achitophel, père d'Amiel (et là il s'agit du beau-père de David) se donna la mort car il avait choisi le mauvais camp, par dépit envers David dont il était le conseiller écouté mais qui avait déshonoré sa petite-fille Bethsabée. Comme Achitophel fut longtemps écouté de David, Seymour fut pareillement écouté du roi Charles X, aimé même par lui tant il faisait voter ses mesures politiques. Comme lui il n'hésitait pas non plus à dire sans détours au souverain lorsqu'il n'était pas d'accord avec l'un de ses projets, lorsque sa conscience n'y adhérait pas. La comparaison était vraiment parfaite. (cf. "The poetical works of John Dryden..." J. Dryden, J. & J. Warton, vol I, London, Law & Gilbert, 1811; "The works of John Dryden : Poems, 1681-1684" J. Dryden, H. T. Swerdenberg, 1972).
En réplique fut publié en 1682 un "Anti-Achitophel" dans lequel les allusions vont changer; Amiel sera alors par analogie le 2ème Duc de Buckingam. Et cette histoire retentira encore longtemps après puisque Lord Seymour réapparut dans un poème élégiaque sur la mort du roi, écrit par un "freshman of Clare-Hall" en mai 1738 (cf. "The London Magazine" vol. 7, I. Kimber, 1738, London Astley).
AMIEL et l'ESOTERISME chez les FRANCS-MACONS :
L'ésotérisme à toujours fasciné la Franc-Maçonnerie; on trouve encore de nos jours des loges se mêlant de cette discipline. On a retrouvé à ce sujet un curieux "Livre des Initiés" dans les papiers d'un maçon grenoblois, Prunelle de Lière. Ecrit entre 1785 & 1796 il contient un charabia quasiment illisible fruit d'une pseudo-langue complexe (avec heureusement un lexique !) dont l'ensemble veut constituer pour ces initiés la "langue primitive", écho lointain des vieilles langues à la base de nos langues modernes occidentales (grec, latin, sémitique antique). Ne pouvant être prononcée à voix haute, seulement lue, il s'y trouve même des graphes imprononçables. Elles semble servir à parler d'un être sacré ou tout au moins d'un sentiment pieux. Le terme même d'Amiel comme plusieurs autres (Gabriel, Seliel, Seth, Babylone) sont puisés dans du pur ésotérisme des anges ou puissances dont le statut est parfois d'ailleurs réinventé. Sans doute l'intention fut-elle de retrouver la "langue primordiale, adamique" et unique, mais en tant qu'initié il s'agissait surtout de la langue sacrée. Dans une autre étude du même auteur consulté reprenant ces écrits mystiques de "l'Agent Inconnu" bien mystérieux quant à lui, on évoque dans ce contexte l'éventualité que cet Amiel soit l'ange de la 8ème sphère dont j'ai parlé dans la partie mythologie.
(=> "La Franc-Maçonnerie ésotérique au XVIIIème S." Ch. Bergé, Revue L'Homme Vol. 37, n°144, 1997).
Une généalogie réinventée ? : LAMOTHE-LANGON :
Le baron E. Léon de Lamothe-Langon, méridional de naissance, fut connu pour avoir écrit pas mal de faussetés au XIXème S. avec la plus grande assurance. Dans son roman "L'homme de la nuit ou Les mystères" il parle de lui-même et de sa famille à travers son personnage principal. Il lui fait dire que son aïeule, une "d'Amiel" eut pour mère une Varicléry Carrare, issue des souverains de Padoue (et pour une fois il ne raconte pas de bêtises); elle épousa son aïeul lieutenant qui se retira du service pour s'occuper "d'un moulin dont la seigneurie se perd dans la nuit des temps" dit-il. Cet homme est ou plutôt devient un meunier de Tuchan(t) dans les Corbières audoises; initiant une sorte de dynastie meunière (il parle de 4 siècles !), "Maitre Régis Noran, tel est son nom", qualificatif habituel pour cette profession. Et il est lettré, il connait ses classiques car il les lut étant "jeune dans la bibliothèque du curé". Comme quoi ce brave baron bien connu pour avoir fourni de fausses biographies n'a pas écrit que des fadaises, enfin totalement que des fadaises. (cf. "L'homme de la nuit ou Les mystères" Baron de Lamothe-Langon, Paris, Schwartz & Gagnot, 1842).
Ne pas confondre :
Il n'est pas toujours évident d'attribuer au bon auteur telle ou telle œuvre même en ayant le prénom, l'époque et le lieu. Il ne faut donc pas confondre entre autres :
- "Le Canal des Deux Mers" ouvrage de Jean Charles Amiel-Cros édité en 1936 et "Le Canal des Deux Mers" étude historique et documentaire de Jean Amiel (1882-1964) libraire-éditeur.
Un poème, si l'on veut :
Sans pour autant jeter la pierre à ce poète africain, il me semble quand même qu'il ne connait pas trop la versification et l'art que l'on peut y montrer. Cet auteur est d'origine burundaise, diplômé de l'Université du Rwanda en lettres françaises et contemporain, il a pour nom Dieudonné Bacinoni. Bien que piètre poète il parait bien connaitre par contre l'ancien testament biblique. Voici quelques vers de son long poème intitulé "Dieu de l'Humanité" qui commence ainsi : Ce ne sont pas seuls les Israélites / D'entre lesquels tu as élu les élites / Ce ne sont pas seuls les Rubénites / Lesquels tu as immergé dans les eaux bénites / Ce ne sont pas seuls les fils d'Amiel / A qui tu as promis un pays ruisselant de miel / Ce ne sont pas ....etc etc ... tous les peuples de l'antiquité sont ainsi pauvrement passés en revue puis certains pays, villes et continents pour se terminer enfin (!) par : Avec tous les hommes tu as scellé des pactes / Mais, chaque homme sera jugé de ses actes. En voilà un qui n'aura pas le prix Nobel de Littérature; oui je sais c'est mauvais, non, c'est très mauvais, pourtant ces vers puérils mais rimés ont pu être publiés dans le recueil "Les portraits de la société" édité par la Société des Ecrivains, Coll. Découverte en 2008.
AMELIAGORAS :
Auteur antique dont le nom pourrait signifier qu'il fut originaire d'une cité Amelia (celle d'Italie?), il est cité uniquement par le scholiaste (commentateur de l'œuvre) d'Euripide sur "L'Alceste" de ce dernier auteur, lequel avait dit qu'Esculape, le dieu médecin qui ressuscitait les morts, avait été frappé par la foudre de Jupiter pour avoir ressuscité Claucus, fils de Minos (selon Joan Meursus, Biblioteca Graeca) ? (cf. Dictionnaire de Moreri, 1724).
Une histoire de vol de reliques :
J'ai déjà eu l'occasion de souligner combien, au moyen-âge, les reliques c'était très précieux. Un texte légendaire parle du rapt des reliques d'un saint important, St Mathieu l'Apôtre par des bretons qui auraient voulu les ramener chez eux, à l'abbaye de nos jours ruinée, de St Mathieu de Plougonvelin (pointe du Finistère) mais ces bretons vont être doublés par des italiens qui, pourtant ne connaissaient rien sur ce corps saint. Amelius est un clerc breton et il sera fait prisonnier avant le terme de l'expédition bretonne sur le bateau de Gabinius. Cela est censé se passer au IXème S. et le préalable veut que les bretons aient été battus par les italiens dans une de ces batailles dont le nom et l'endroit n'ont pas été retenus. Voici la traduction de ce vieux récit : On emmenait les prisonniers bretons les mains liées derrière le dos. C'est alors que l'un d'entre eux, un clerc du nom d'Amelius, prisonnier et enchaîné comme les autres, se mit à implorer le secours de St Mathieu du fond de son cœur et avec force larmes. Le capitaine Gabinius l'entend, il s'en approche et l'interpelle, lui demandant quelle est cette prière et ce Mathieu mais Amelius ne répond pas. Gabinius promet de le libérer lui et ses compagnons de leur captivité; Amelius une fois assuré de la promesse révéla en détail tout ce qu'il savait sur le corps du bienheureux apôtre qu'ils pensaient recueillir chez eux. Son récit terminé il lui montra le mausolée où reposait encore le saint; on l'ouvrit et l'on découvrit le précieux corps. C'est ainsi que les ossements sacrés et les objets précieux trouvés dans la basilique de la cité furent emportés par les italiens, chargés sur leurs navires et ramenés en grand triomphe jusqu'en Italie.