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ON TROUVERA DANS CETTE PAGE LES FICHES SUIVANTES
* Introduction à la Renaissance; le protestantisme; la conversion des juifs; l'imitation des écrivains antiques (ex. Aemilius Ferretus) * Italianisation et francisation des patronymes * Les Illustres de Toulouse & les Amiel * Paulus AEmilius Veronensis *Amiel de Fontmeulas * Amiel de Brucelles * Amiel, consuls de Marseille * Les Amiel d'Albertas * Louis Amiel et Nicolas Amiel * Jacques Amiel dit Bouilhon et Nicolas son fils; Giovanni Amiel *Mr Amiel chanoine marseillais * Pierre et Jean Amiel de Villgailhenc (11) * Pierre Amiel, Seigneur de Rivals * A (?) Hamiel * Peyre (Pierre) Amiel à Montpellier (34) * Richard Amiel à Salins (25) * Jean Ameil à Parthenay (79) * Elio Quinzio Emiliano Cimbriaco à Vicenze (Italie) * Paulus Aemilius ("Romanus") à Ingolstadt (Bavière, Allemagne) * Georg Amelius de Mansfeld (Allemagne) * Alphonsus Aemilius * Antoine Aemilius d'Utrecht (part 1) * Un Amiel opposant à Calvin (Suisse) * Georges Amelius de Moravie * Martin Amelius à Baden (Allemagne) * Johannes Amelius à Paris * Joannes Amelius à Louvain * Jehanne Amyeu à Orange (84) * Gratien Amiel au temps du pastel à Montgiscard (31) * Les Amiel seigneurs de Puechaunou et Nougaret (81) * Sort des protestants en Provence- Les Amiel * Amiel protestants en Languedoc * Guibert Amiel horloger * Emilio degli Emili * Un Amyel transporteur * Géraud Amyel *La Renaissance commence déjà avec l'invention de l'imprimerie; cette nouveauté va enfin propager d'une façon pratique les connaissances comme celle de la Bible, ce qui facilitera l'expansion de la Réforme, mais permettra aussi la redécouverte des auteurs antiques et de l'Antiquité en général, grâce toutefois aux copies manuscrites qu'en auront fait les moines dans leurs abbayes et monastères au moyen-âge. C'est encore la période des Grandes Découvertes, notamment maritimes avec les Amériques, source de nouveaux produits, de nouveaux commerces, de colonisations...mais aussi d'esclavage. Dans la région qui nous occupe, le Languedoc, mot formé vers cette époque pour désigner ces contrées du sud de la France, désignant bien qu'on y parle encore (et pour longtemps) une autre langue que celle que voudra officiellement pour les actes de son royaume le roi François Ier, la langue françoise, l'expansion économique reprend avec la croissance démographique qui l'accompagne; c'est la culture du pastel en Lauragais qui lui vaudra d'être surnommé le Pays de Cocagne en référence à la boule, coque en occitan, qui donnera cette couleur bleue caractéristique, qui dotera Toulouse et la campagne de demeures et hôtels remarquables et fera la fortune des petits nobles locaux de la région pendant toute la période considérée comme celle de nombreux bourgeois. Parallèlement l'influence protestante va ici aussi gagner du terrain, et cette fois-ci cette hérésie moderne va prendre tant d'importance et de force qu'elle sera source de conflits importants pendant des décennies dans les Cévennes, l'Ariège ou le Tarn par exemple. Cette période va de ~1450 à 1600 et on l'inclue de nos jours avec l'époque moderne dont elle contient en effet tous les prémices. Pour ce qui concerne notre nom on ne s'étonnera donc pas de trouver ici de vieilles formes latines de celui-ci parmi essentiellement les écrivains protestants ou les historiens ou autres intellectuels de l'époque.
Le protestantisme :
Au plan théologique il n'y aura pas de totale rupture à tout bien considérer entre les hérésies du moyen-âge (catharisme, patarins, vaudois...) et l'émergence du protestantisme (voir dossier spécial sur ce sujet). Et les raisons fondamentales de leur développement seront similaires : l'autorité de l'Eglise contestée, des dogmes revisités sans compter avec les questions de pouvoir, d'argent et de luxe en contradiction avec les origines chrétiennes. On a vu que le mouvement moderne franciscain a produit ce que l'église a considéré comme une hérésie, le béguinisme, peu après la fin de la période cathare; quelques dizaines d'année plus tard seulement, en Angleterre, un théologien nommé John Wicliff (~1320-30, - 1384) rédigera les premières contestations essentielles qui aboutiront peu de temps plus tard à la Réforme; ses idées fondamentales seront reprises au début du XVème S. par le tchèque Jan Hus par ex., qui sera brulé pour hérésie en 1415, mais le mouvement ne pouvait en ces nouveaux temps pré-modernes du XVIème S. que s'amplifier et l'église sera alors bel et bien dépassée.
Tout comme la Renaissance profane est portée sur la redécouverte de l'Antiquité, de même le protestantisme redécouvre l'Antiquité Biblique dont elle abolit, par sa représentation, la distance des siècles qui l'en sépare : il s'ensuit une véritable contemporanéité avec les Hébreux comme avec le Christ. De toute façon il y a en ce XVIème S. un climat très particulier en Occident de tension eschatologique (cf. J. Delumeau "La peur en Occident", Paris, 1979). Apocalypse et fin du monde (une nouvelle fois) traduits par les confrontations religieuses sont là : un professeur de droit de la Faculté de Toulouse se fait même construire une arche en prévision d'un nouveau déluge universel ! (cf. Histoire de Toulouse, 1974, P.206) Pensons encore aux fameuses prophéties de Nostradamus.... L'humanisme quant à lui déjà en gestation auparavant, s'épanouit en ce même siècle grâce aux éditions des écrits des Pères de l'Eglise retrouvés et dont les protestants se serviront pour prouver l'ancienneté de leur foi. (cf. M. Jas "Braises cathares", Loubatières, Toulouse, 1992).
Le vaste mouvement religieux chrétien de contestation de l'Eglise de Rome, de retour aux origines et au texte biblique, porté en Allemagne par Luther et, dans une moindre mesure en Suisse par Calvin va bénéficier, contrairement aux hérésies précédentes, dont notamment celles du moyen-âge, de plusieurs avantages : la diffusion des idées par l'imprimerie, rapide, en nombre et très efficace, le soutien des princes électeurs des provinces allemandes malgré l'action de l'empereur Charles Quint qui se devait de montrer son attachement à Rome, la condamnation pour hérésie de Luther qui n'eut aucune prise sur le mouvement de contestation. Lorsque Luther eut l'idée d'écrire faire imprimer et diffuser ses 95 thèses de critique du catholicisme, portant surtout sur le trafic des indulgences, le "rachat des âmes du purgatoire" et les espèces sonnantes dont l'Eglise tirait profit pour bâtir magnifiquement la basilique St Pierre du Vatican, il était déjà trop tard pour redresser la barre comme cela put se faire en France quatre siècles plus tôt et encore grâce au bras armé du roi de France qui y trouva son propre intérêt. Cette fois-ci rien de tout cela : pas d'appui des princes-électeurs sur l'immense territoire, contestations sur les paroles même de l'Ecriture par rapport à la position officielle de Rome sur des points de doctrine précis, contestation des dogmes, des décisions papales, des pratiques, sans compter sur des différences radicales comme le culte de la Vierge et des saints, des sacrements, du décorum, du statut des officiers du culte....Cette hérésie eut tout pour réussir car elle est arrivée au bon moment au bon endroit, et force est de constater que le culte Réformé est toujours présent de nos jours même s'il est plutôt surtout implanté dans les pays anglo-saxons. Le mouvement après la disparition de Luther eut ses continuateurs dont le premier et principal fut Melanchton. On sait ce qu'il advint à ce sujet en Angleterre avec l'action du roi Henry VIII qui "montera" lui-même sa propre église réformée, l'église anglicane est toujours là et dirigée par la souveraine britannique.
Enfin on ne sera pas surpris d'apprendre (avec Michel Jas, voir dossier spécial sur la filiation patronymique cathares-protestants) que des Amiel furent protestants tout comme quelques siècles plus tôt de plus anciens furent cathares : U. de Robert-Labonthe (Histoire du protestantisme dans le Haut-Languedoc, le Bas-Quercy et le Comté de Foix, Ed. Grassart, 1896) indique bien le patronyme Amiel.
La conversion des juifs :
Plusieurs fois les juifs seront "cordialement invités" à rejoindre la religion catholique et beaucoup le feront (il ne faut pas non plus mésestimer parait-il les conversions de chrétiens pour le judaïsme dont acte) mais par contre il n'y aura pas de conversion pour le protestantisme car cela semble ne pouvoir se concevoir : Luther a d'abord courtisé lui aussi les juifs mais peine perdue car les protestants sont avant tout des chrétiens d'où une impossible allégeance; Luther devint alors l'un des plus virulents antisémites de l'histoire. Après un "Que J. C. était un juif" il écrira alors quelques années plus tard seulement le livre "Les juifs et leurs mensonges" en 1543; dans ce dernier livre il liste des actes anti-juifs souhaitables comme l'incendie des synagogues ou les tracasseries infligées aux juifs et autres solutions radicales dont s'inspirera quelque 400 ans plus tard un certain Hitler, lequel mettra systématiquement en application ces idées extrémistes, partie intégrante du nazisme; d'ailleurs ce livre de Luther connut une nouvelle édition dans les années 1930 et à nouveau il sera un best-seller dans cette Allemagne qui depuis très longtemps était donc foncièrement antisémite ! Il faut enfin préciser que cet homme, contrairement à d'autres hérétiques bien moins dangereux pour l'église, bien que jugé, ne fut pas brûlé, il put se réfugier en un endroit protégé par un prince électeur, et vivre tranquillement jusqu'à la fin de son existence !
(=> Cours d'histoire juive du rabbin Ken Spiro traduit et adapté par J. Kohn "La réforme et les juifs").
L'imitation et l'admiration des écrivains antiques : l'exemple d'Aemilius Ferretus :
Parmi les noms de cette partie (Renaissance I & II) certains écrivains, théologiens protestants, historiens, poètes, admiratifs de l'antiquité, changèrent souvent leur nom par imitation de grandes figures de la période latine dont furent les Aemilii. Voici par contre un cas rare de changement non pas du patronyme mais du prénom, celui de Dominique Ferret.
Dominique Ferret changea en effet son prénom et prit celui de Aemilius, peut-être en rapport avec son métier de jurisconsulte (Aemilius Papinianus fut un très célèbre maître de cette matière chez les latins). C'était en effet un bon spécialiste de cette discipline juridique. Il était né en Toscane en 1489, et devenu avocat dès l'âge de 19 ans il décide de ce changement de prénom, devient juriste et le secrétaire du pape Léon X pendant quelques années. Après quelques péripéties liées à la politique et ses influences d'alors il part enseigner à Valence. Son enseignement du droit est si réputé que sa notoriété parvient aux oreilles de François Ier lequel le nommera Conseiller au Parlement de Paris. Chargé de plusieurs missions diplomatiques auprès de Charles Quint et à Florence il se retirera à Lyon puis à Florence où il accèdera au rang de bourgeois de la ville. Mais l'envie d'enseigner à nouveau sera plus forte et on le retrouve ensuite en Avignon où il devient rapidement le maître le plus estimé de la ville et le mieux payé !. Il y mourut en 1552. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages juridiques et on a conservé de lui quelques lettres dont un éloge du fameux Décaméron de Boccace à la reine de Navarre.
(=> "Dictionnaire Historique et Critique" de Pierre Bayle T. VI; édition de 1820, Paris, Desoer).
Italianisation et francisation des patronymes :
Dans la suite de la Renaissance italienne, on peut voir la latinisation des noms d'auteurs mais aussi soit l'italianisation des noms de France soit la francisation des patronymes italiens, ce qui peut sembler paradoxal. C'est ainsi qu'à Albi les Amiel vont quelquefois devenir des Amielly et les Blanc des ....Blanchi, tandis que Martelli deviendra Martel et Tornabuoni...Tournabourg ! Les Amielly furent une famille de marchands plus connue au XVIIème S. mais l'un de leurs ancêtres se nommait Jehan Amielly, il était licencié en droits et consul de la ville en 1582-1583.
(=> "Albi au XVIème S.: Gens de bien et autres "apparens" O. Cabayé & N. Lemaître, Presses du Centre Universitaire Champollion, 2008).
Les Illustres de Toulouse et les Amiel
Je ne parlerai pas ici de la fameuse "Salle des Illustres", la pièce d'apparat du Capitole toulousain mais de la noblesse des familles illustres de la ville; au moyen-âge et jusqu'à la Renaissance celle-ci reposait sur des titres inattaquables consignés dans les registres des délibérations de l'assemblée municipale des capitouls. Depuis le XIIème S. où les comtes avaient permis une telle administration locale et accordé des droits aux habitants comme celui de se gouverner par des représentants élus, ce qui était rare dans l'Europe d'alors et en pays d'oïl en particulier, il se forma alors toute une caste de gentilshommes souvent bourgeois et marchands de la cité. Une véritable noblesse de l'administration locale se forma là comme dans les autres villes du sud de la France. Une noblesse bien plus authentique que tout autre qui pouvait justifier de son statut dans tous les chapitres européens (conseils de notables) selon l'auteur. Mais, poursuit-il, vers le XVème S. la plupart des grandes maisons (qui s'étaient ainsi formées) s'éteignirent et presqu'à la même époque, au XVIème au plus tard, de nouvelles familles, peut-être rejetées de leur sol natal (immigrées donc) par les soubresauts de l'histoire moderne vinrent les remplacer. Il faut y voir à mon sens tout d'abord essentiellement la présence durable des familles françaises venues en conquérantes à la fin du XIIIème S. qui ont en effet remplacé les vieilles familles locales du moyen-âge; puis l'influence du développement extraordinaire des échanges autant sur le plan commercial, qu'économique et financier, non seulement avec l'Europe mais aussi avec les nouvelles terres d'Amérique ou les anciennes Indes qui commencèrent à prendre de l'ampleur. Parmi les vieilles maisons du moyen-âge qui s'étaient formé à Toulouse figurent les Amiel, bourgeois et marchands de Toulouse, capitouls de nombreuses fois (voir la liste que j'en ai dressé dans les pages du moyen-âge) qui avaient des attaches lauragaises, à Castelnaudary et à Tréville notamment (11) et que l'auteur en romancier historique des temps de la Restauration donc romantique, confond allègrement avec les Amelius proches des comtes toulousains comme d'autres puissants régionaux de Carcassonne, de Foix, d'Albi, ressortant du pouvoir civil comme du pouvoir religieux, qui ornent de leurs noms tant de chartes et de cartulaires du vieux temps de l'Occitanie et dont je me suis plu abondamment à faire revivre les noms.
(=> "Histoire de l'Inquisition en France" Baron de Lamothe-Langon 1829).
PAULUS AEMILIUS VERONENSIS ou Paul-Emile de Vérone en français: (voir dossiers spéciaux)
Historien d'origine italienne ayant écrit une Histoire de France, la première officielle, depuis les origines jusqu'au règne de Charles VIII. Il fut reconnu comme un des grands historiens de notre pays jusqu'au XIXème S. Il est vrai que dans cette matière comme dans d'autres sciences, c'est au XIXème S. que l'on mit au point de nouvelles méthodes de recherche qui balaieront le passé, en histoire comme dans les autres domaines de la pensée. Et encore au XIXème donc on connaissait ce vieil adage : "Paulus Aemilius Gallis condidit historias" par lequel on voulait affirmer que Paul Emile était le fondateur de l'histoire française. Il fut en effet le modèle le plus ancien des grands historiens des siècles suivants des Temps Modernes non pas qu'il fut un grand historien mais parce qu'il fut le premier à ouvrir la voie et à la déblayer. Un bel hommage en somme.
AMIEL DE FONTMEULAS:
En occitan "de Fontmelha", toponyme dérivé de Font Amelha soit Fontaine ameillenne ou quelque chose d'approchant, ce qui fait une espèce de tautologie entre les deux parties de son nom ; il est aussi appelé Amilhot diminutif d'Amiel en occitan. Il est cité dans les années 1444-1458 avec un orfèvre réputé à Toulouse du nom de Pierre de Clusel dont l'atelier se trouvait comme pour ses confrères, Rue des Argentiers ou d'Argentière (actuelle rue Gambetta). Il était le fils de Guilhem de Fontmeilhan (encore une autre orthographe qui confirme la signification du toponyme qui est bien amielien), lequel fut un argentier toulousain connu dans les années 1430 et 1er Bayle (chef) de sa corporation en 1466. Amiel de Fontmeilhan signe en 1444, le 3 Mars, un contrat d'apprentissage pour devenir comme son père, argentier, et son Maître sera Pierre Clusel. Il bénéficiera de ses enseignements jusqu'en ~1456. Il devint à son tour lui aussi Maître-Argentier. Nous n'avons conservé de son art que la Croix de Ciadoux (31, près de Montmaurin); c'est une croix d'autel en argent doré, repoussé, ciselé, gravé, décorée de lames de cristal de roche et d'émaux qui porte son poinçon (TOL+fleur de lys+ses initialesAF). Du reste de sa famille on sait que sa soeur épousa un maître artisan et que sa fille Guillaumette épousa Pierre Maynart, fils de Guillaume, maître-argentier de Toulouse, sis dans la même rue.
(=>pour partie "Les Toulousains dans l'histoire" Ph. Wolf Privat 1984)
(=> pour partie "Bulletin archéologique" du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques Imp. Nat. paris 1936).
AMIEL DE BRUCELLES:
Dans le même domaine artisanal qu' "Amiel de Fontmeulas" on note aussi des brebis galeuses; toujours au XVème S. et dans la même Toulouse, chez ces argentiers-orfèvres, les frères Amiel et Barthélémy de Brucelles furent jugés (et condamnés) pour avoir produit des pièces au titre d'argent insuffisant.
AMIEL, CONSULS DE MARSEILLE:
Le "Rolle" des Consuls de Marseille à la Renaissance nous a conservé les noms de :
- "Amiel d'Albertas" consul en 1530, 1543 & 1555; sa fille Anne épousera Jean Augustin de Foresta en 1553 dont seront issus 5 enfants; le dernier d'entre eux mort célibataire en 1596 se nommait Amiel de Foresta.
- "Jacques Amiel dict Bouillon" consul en 1575,
- "François Amiel" consul en 1588,
- "Amiel de Tournier" seigneur de St Victoret, consul en 1597,
- "Amiel sieur de St Victoret" (le même ?) avec
- "Jehan-Baptiste Amiel" et
- "Amiel II d'Albertas" sont "nobles et honorables" du conseil de la ville en 1598,
- "Maître Paul Amille d'Arène" consul assesseur en 1599 et
- "Pierre Amiel" consul en 1603.
ce qui indique, comme à Toulouse, l'existence d'au moins une famille bourgeoise consulaire de notre nom dans cette ville.
(=> Liber nationis provinciae provinciarum" Vol. 1 MM. Monflard Un. de Toulouse 1965).
Les AMIEL D'ALBERTAS :
On vient de voir qu'ils furent plusieurs fois consuls de Marseille. Ils sont de la branche des seigneurs de Villecroze dont le 1er du nom Suffren d'Albertas eut pour fils Amiel I d'Albertas, nommé aussi faussement Amédée (cf. Armorial de d'Hozier de 1764 par ex.). Son fils unique Nicolas est le père d'Amiel II d'Albertas. Cette branche se terminera avec l'arrière petit-fils de ce dernier nommé Gaspard, chevalier de Malte (cf. Dict. Hist. de Moreri 1759).
LOUIS AMIEL et NICOLAS AMIEL:
Ces deux personnages d'origine consulaire marseillaise (voir ci-dessus) sont parents: Ils sont des marchands bourgeois vivant à Tunis. Louis est agent consulaire dans cette ville. Voir dossier spécial sur les Amiel et le commerce à Tunis au XVIème S.)
(=> idem ci-dessus "Liber...").
JACQUES AMIEL dit BOULHON et son fils NICOLAS; GIOVANNI AMIEL : Voir aussi le même dossier spécial que ci-dessus.
Jacques (ou Jehan Claude selon certaines sources) est 3ème consul de Marseille en 1575-76 et le père de Nicolas Amiel cité ci-dessus; comme son fils après lui et Louis il sera dans le commerce à grande échelle, un commerce international via la Méditerranée. Bouilhon est encore le parent (le père ?) de François Amiel 2ème consul de Marseille en 1588-89. (cf. "Encyclop. départementale des Bouches-du-Rhône" P. Masson; Arch. Départ. 1931).
Dans ce même milieu on croise un marchand italien de Bologne nommé Gian (Giovanni?) Amiel.
Il arrivera aussi à Jehan Claude Amiel de racheter, pour la France, des chrétiens aux Maures. Ce fut une activité arabe traditionnelle qui s'est longtemps pratiquée en Méditerranée depuis le moyen-âge, un véritable trafic qui a outragé les chrétiens et fit l'objet de la création d'un Ordre religieux, celui de la Merci pour le Rachat des Chrétiens, par un saint du Lauragais, Pierre Nolasque, né à Mas Stes Puelles. Une procuration est faite par exemple à Jean-Claude Amiel le 5 Mars 1593 "par la nation françoise por rachepter ung Sarde". Boulhon meurt le 4 Février 1599.
Un nombre important de documents les concernant (comptes, lettres, requêtes, accords, reconnaissances ...) ont été publiés dans
(=> "La France en Tunisie à la fin du XVIème S. (1582-1600) par P. Grandchamp, de la Résidence de France en Tunisie, en 1920, Imp. Rapide, Tunis).
Mr AMIEL Chanoine marseillais :
C'est dans un "Journal d'un bourgeois de Marseille", celui d'Honorat de Valbelle (1498-1539; vol. I) écrit au temps de Louis XII ou François Ier que l'on a connaissance de Monsieur Amiel (prénom non indiqué), chanoine, peut-être parent de l'un des Amiel ci-dessus ? (p. 306; Ed. Lafitte, 1985).
PIERRE et JEAN AMIEL de VILLEGAILHENC (11):
Ce commerçant local qui tenait l'Hostellerie de La Pomme (métairie de nos jours), à peu de distance de la localité, au carrefour des routes de Mazamet et d'une voie (romaine) secondaire est-ouest parallèle à la voie principale Toulouse-Narbonne, dite "Chemin de l'Estrade" (halte qui existait depuis le moyen-âge), devint par cette activité très rémunératrice un riche bourgeois du lieu, et sans doute en partie du moins seigneur. De son nom complet Jean-Pierre mais toujours nommé Pierre, il fonde en 1502 une chapelle "en l'honneur de la glorieuse Vierge Marie près de l'Hôtellerie de la Pomme , juridiction de Conques", connue plus tard au XVIIème S. sous le nom de N.D. de Bonconfort (cf. Cartulaire de l'ancien diocèse de Carcassonne de Mahul), dont il pourvoit le chapelain en maison et terres pour son entretien. Son testament (du 2 juillet 1502, copie aux Archives communales) mentionne des dons qu'il voulut faire à sa communauté: il offrit à la paroisse l'unique cloche du village. Elle pesait 1160 kg et rythmera seule la vie de ses habitants jusqu'en 1883 par un 'sol naturel'; elle fut parsemée d'ornements dans le style de l'époque et eut une inscription en caractères romains (PIERE AMIEL MA; DONADA; EN L. MVXLVI DP. INS. AVE. MA. GRA. PLENA. INS. RECV.). Maintenue en 1791 "pour le service public", elle fut, tardivement rejointe par un vrai carillon de 14 cloches. Parmi ces dernières, baptisées par l'évêque, Mgr Billard, en l'année 1883, il y en eut une nommée Marie-Immaculée, de 344 kg, donnant le 'sol naturel' dont le parrain fut Mr André Amiel, organiste, et pour marraine son épouse, Augusta Amiel-Lapeyre, les parents de Denys Amiel (voir ce nom). A l'église Pierre offrit une imposante croix processionnelle en argent, gravée à son nom, qui servit jusqu'en 1791 où, comme tous les objets de culte de prix, elle fut confisquée par les autorités révolutionnaires; on y voyait gravé parait-il les 12 apôtres avec leurs symboles et elle pesait 17 marcs d'argent. Jean-Pierre Amiel a laissé un souvenir populaire tenace dans sa commune qu'il dota libéralement, à défaut de postérité, (selon Mahul, historien local du milieu du XIXème S.) de la fortune qu'il avait amassé durant sa vie par le travail et par l'épargne. Son testament est vraiment un modèle du genre; il décrit par le détail ses funérailles et les services religieux qu'il désire (et qu'il pourvoit bien sûr) ainsi que ceux à exécuter au décès de son épouse Dame Jeanne, les nombreux dons qu'il entend faire charitablement aux pauvres et malades, jusqu'à Carcassonne, il règle aussi tout ce qui concerne le devenir de sa chapelle, distribue ses biens très précisément pour en faire profiter sa communauté et particulièrement sa paroisse, pensant en bon chrétien de son temps, qu'il ne tenait sa fortune que du sort qu'avait bien voulu lui faire Dieu et qu'il voulait donc le rendre en l'affectant à ceux qu'il côtoyait tous les jours.
(=> "Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne " M. Mahul Vol. II; Didon, Paris, 1857. Pour les cloches : "Le carillon de Villegailhenc" site internet officiel de la commune. Mémoires de la Soc. des Arts & Sc. de Carcassonne; 2ème série, T. II; Gabelle Carcassonne, 1909; mais aussi T. IX 1898, même imprimeur).
"La Pomme" est toujours un lieu-dit, un beau domaine de cette localité audoise proche de Carcassonne, situé à la sortie du bourg, et à droite sur la route de Mazamet; en revanche la chapelle semble avoir disparu.
- Jean Amiel qui ne peut être donc son fils mais peut-être un parent, est, lui, bourgeois de Carcassonne; le 26 juin 1561 il est encore engagiste de la seigneurie de Villegailhenc ; il revend ce jour-là cette part à S. M. le roi par devant Maître Figeac, notaire du lieu (Fonds Doat, vol.953, fol°781 r°).
PIERRE D'AMIEL, Seigneur de RIVALS :
Personnage noble cité en l'an 1555 comme seigneur de ce lieu et résidant à Carcassonne puis dans une ordonnance le concernant datée de 1566. Bourgeois de la ville il était marié à Jeanne de Grassalio, dont le nom de famille s'est perpétué dans le nom d'un quartier dominant la préfecture audoise, siège du fief, de nos jours colline de Grazailles. Plusieurs lieux de l'Aude portent le toponyme Rivals qui appartient plutôt à l'ouest du département; le Rival (s) désignait, dans le Lauragais, une condamine, une propriété foncière et ce nom était souvent suivi de celui de son propriétaire. Le seigneur dont il s'agit fut probablement seigneur du domaine actuel de Rivals, commune de Villemoustaussou, à peu de distance de Carcassonne. Enfin Rivals ou anciennement Rivalz est aussi dans la région un patronyme assez courant : une célèbre famille de peintres toulousains des XVII-XVIIIèmes S. originaire de Labastide d'Anjou, en Lauragais, porte ce nom.
(=> "Lois municipales & économiques du Languedoc...." T. VII J. Albisson; Montpellier, Rigaud & Pons 1780-87).
A(?) HAMIEL :
Cet artiste aurait été d'origine tudesque (germanique) et serait un dessinateur. On sait seulement qu'il aurait vécu entre le XV et le XVIème S.
PEYRE (PIERRE) AMIEL à MONTPELLIER (34):
Il aurait été "penheyre" (peintre) d'ornements au début du XVème S. Son mérite lui valut les honneurs de la ville dont il fut reçu bourgeois (citoyen) en 1423.
(=> "Dictionnaire des peintres de toutes les écoles" T. II A. Siret 1883).
RICHARD AMIEL, à SALINS (25) :
L'extraction du sel aux salines de Salins exigeait un nombre important d'employés, et à des postes bien précis. Parmi ceux-ci dans le compte-rendu d'un conseil tenu en ladite chambre des rolles (sic) en Mars 1466, on trouve le nom de Richard Amiel, avec la charge de "clerc du grant puis" (sic).
(=> "Le livre des délibérations de la grande saulnerie de Salins (1466 - 1481)" C. Bébéar Arch. Départ. du Doubs Thorbecke 2004).
JEAN AMEIL à PARTHENAY (79):
Cet architecte est probablement le maître d'oeuvre de l'église de La Lande à Parthenay, bâtie vers la même époque que l'église de Cours, dans la même région, en 1550 aussi par cet architecte; on peut d'ailleurs noter des similitudes entre les deux édifices.
(=> "Nouveau dictionnaire des architectes français" 1ère partie Ch. Bauchal Paris, André Daly 1887).
ELIO QUINZIO EMILIANO CIMBRIACO à VICENZE (Italie):
En latin "Quinti Aemiliani Cimbriaci" ou Quintus Aemilianus Cimbriacus suivant la déclinaison choisie, c'est le pseudonyme de Giovanni Stefani Emiliano, littérateur et poète originaire de Vicenze ou de Trévise (Frioul), né en 1449 et qui vivait encore en 1515. Un autre lettré de son époque parait parler de lui en indiquant qu'il fut du peuple Cénomane, et le surnom de Cimbre qui lui fut accolé a pu le faire passer par erreur pour allemand de naissance mais c'est en Allemagne qu'il fut reconnu. Après avoir étudié l'humanisme dans sa cité natale, il partit dans le Frioul pour y professer la latin. Ses poésies furent toutefois éditées à Francfort. Il fut couronné de lauriers comme excellent poète en 1469 pour des vers louant l'empereur Frédéric VI. En 1489 il va à Lindtz, à la cour de l'empereur autrichien Maximilien (dont le nom vient soit dit en passant peut-être de 'Maximus Aemilianus', un grand aemilien des Temps Modernes en somme!). Il fut couronné une 2ème fois pour une oeuvre dédiée à ce monarque. Il reçut le titre de Comte palatin cette même année. En 1490 il part pour Cividade del Friuli, dans son Italie natale où désormais il résidera et rimera jusqu'à sa mort. Les critiques de l'époque prétendent qu'il valait Pontanus et Strozza pour l'Epigramme et fut même meilleur qu'eux. Aemilianus a beaucoup d'agrément disent-ils mais il a encore plus de gravité. Ses œuvres les plus estimées furent "L'Astéride" ou "De la guerre de Rhodes" et les "Encomiastiques" dédiés aux empereurs Maximilien et Frédéric déjà indiqués, au nombre de cinq, composition majeure publiée dès 1488 à Bruges, dans les Flandres.
(=> "Notizie delle vite ed opere scritte da letterati del Friuli" Vol. I, pp 382-394 , G. G. Liruti, Venezia 1760; "Jugemens des savans sur les principaux ouvrages des auteurs" A. Baillet, T. III, Amsterdam, 1725).
Mais il a aussi signé de son nom de naissance, Johannes Stephanus Aemilianus, au moins deux oeuvres religieuses, une "Biblia Latina" avec Franciscus Moneliensis édité en 1483 et une "Historia Beati Simonis Tridentini" édité à Winterberger en 1493.
PAULUS AEMILIUS ("ROMANUS") à INGOLSTADT (BAVIERE, ALLEMAGNE):
Né en 1510 à Rodelsee (Allemagne), il est bibliographe d'hébreu, écrivain, éditeur et professeur d'hébreu à l'Université de cette ville. D'origine juive, il se convertit au catholicisme à Rome et prend alors le nom de l'apôtre Paul (dont le vrai nom est Saül, voir l'histoire du changement du nom de l'apôtre dans la partie d'antiquité romaine, empire) et le surnom de "romain" ce qui ne fait que confirmer sa volonté manifeste de se relier à l'antiquité romaine par le patronyme aemilien comme beaucoup d'intellectuels de la Renaissance. Il copie des manuscrits en hébreu, visite pour ce faire les bibliothèques de Paris, Louvain et Rome. Dès 1543 il imprime à Augsbourg une Bible; et en 1544 au même endroit, une traduction en judéo-germanique du Pentateuque biblique. Il épousera Anna Augsburger (d'Augsbourg) de laquelle il aura 17 enfants nés vivants! Il enseignera l'hébreu à partir de 1547 à l'Université et il y obtiendra un "Baccalauréat en médecine" selon l'épitaphe de sa tombe, située dans l'église paroissiale d'Ingolstadt. En 1562 il éditera une traduction du Livre de Samuel et à la fin de sa vie, en 1574 il réalisera et révisera pendant 46 semaines la section hébraïque de la Bibliothèque de Munich dont il restera le 1er bibliographe.Il meurt le 9 juin 1575.
GEORGIUS AEMILIUS de MANSFELD (ALLEMAGNE):
Il naît en 1517 à Mansfeld; son nom patronymique véritable est Oemler, Aemilius est donc son pseudonyme. Parent éloigné de Luther le réformateur allemand, il étudie de 1532 à 1540 à Wittenberg, ville où il forma avec quelques amis un cercle de poètes néo-latins; à 19ans à peine il publia une ode à l'image de St Georges puis des vers latins, des épigrammes et une paraphrase latine. Ce fut un élève doué mais oublié de Philip Melanchton, le continuateur de Luther (cf. Archives d'Histoire de la Réforme, n°73, p. 94-122). Il devint Recteur de l'Ecole de Grammaire de Siegen de 1540 à 1553 puis Premier Surintendant de Stolberg de 1553 à 1569, année de sa mort. Musicien, il écrivit des cantiques en allemand, traduisit des chorals de Luther en latin et s'intéressa aussi à la botanique.
Quelques œuvres de sa main : "Icones mortis..., praeter epigrammata e Gallicis a Georgio Aemylio in latinum versa;..." concernant les beaux-arts; "Orationes ad Deum et Christum" sur la religion; "Paracelsis ad periculose decembentes" sur la médecine, tous édité à Cologne vers 1547; "Biblicae Historiae" sur l'histoire biblique, édité lui à Francfort en 1539. Evidemment son œuvre théologique protestante fut condamnée et "mise à l'index" des ouvrages interdits à Venise en 1554.
Quelquefois il est indiqué qu'il aurait eu un jeune frère nommé Christophorus Aemilius, lui aussi protestant; son nom apparait dans une 'disputatio' qui eut lieu à Mulhausen au tout début du XVIIème S. éditée en 1631 par Fabricius.
(=> "La littérature allemande. Dictionnaire biographique et bibliographique" Série II (1450-1620) Glossaire des auteurs, s/s la direc. de H. G. Roloff, Berne; "Dictionnaire de littérature - auteurs de langue française" Vol. I Gütersloh. Munich p. 59-60 s/s la direc. de W. Killy).
ALPHONSUS AEMILIUS :
Pseudonyme d'Alphonse Sébastus; protestant allemand comme le précédent, ses écrits furent aussi condamnés par Rome entre 1559 & 1564.
(=> "Index de Rome : 1557-1559-1564. Les premiers index romains" Centre d'Etudes de la Renaissance; Ed. Univ. de Sherbrooke-Droz par J. M. de Bujanda, Canada, 1990).
ANTOINE AEMILIUS de UTRECHT :
Professeur d'Histoire à l'Académie d'Utrecht, aux Pays-Bas, il est né à Aken (Aix-la-Chapelle) en 1589, fils de Iano (Jean) Aemilio et de Elisabeth de Hobraeck; selon certains il se serait nommé Antoine Melis(z), un patronyme aussi lié à l'antique Aemilius. Il fit ses études sous la direction de Gérard Vosius, le recteur de Dordrecht, à qui il succèdera. Il a notamment rédigé un commentaire et une explication d'une partie des "Annales" de Tacite "Dissertatio Politica Ad Cap. V. Annl II Taciti..." en 1643. Il fut lié à Descartes dont il partagea la philosophie et l'un de ses correspondants. Professeur d'histoire comparée à l'Académie d'Utrecht, il a écrit un recueil de harangues et de vers latins qui ne furent pas sans mérite en son temps ainsi qu'un discours d'hommage à la mémoire d'un philosophe hollandais nommé Henrik Renerius lors de sa mort en 1639 et qui fut publié. Lui, qui fut l'un des plus ardents partisans du cartésianisme de son temps, est mort en 1660.
Curieusement une autre source le donne Professeur de Médecine, il aurait établi une prescription pour traiter les douleurs intercostales ? Pourquoi pas, on a vu précédemment que les intellectuels de ce temps ont été curieux de cette matière !
Un AMIEL opposant à CALVIN :
Si l'un des précédents fut un parent de Luther en Allemagne, nous avons là en Suisse vis-à-vis du réformateur alpin Calvin un farouche opposant non purement théologique mais politique. Calvin avait parait-il un esprit autoritaire, doctrinal, sombre et son jugement était inexorable; il fit bannir cet Amiel de la ville de Genève comme tous ses adversaires, cet homme étant de plus un des chefs de l'opposition politique du grand penseur de la Réforme, au milieu du XVIème S.
(=> "Dieu (Famille, Patrie, Liberté)" C. Bouilloud; Lyon, Ville & Perussel 1889).
GEORGES AMELIUS de MORAVIE:
Le nom de ce personnage est (encore) un pseudonyme, son nom de naissance étant Achtznicht ou Achisnit, un nom bien difficile à écrire en tous cas, à prononcer et ...à retenir. Né morave il devient étudiant à Bologne en 1518 puis poursuit son cursus à Fribourg-en-Brisgaw en 1521, ville où il résidera longtemps pour y enseigner le droit. Il deviendra un jurisconsulte célèbre de son temps. Le dictionnaire Moreri précise bien que ce changement de nom était une pratique courante dans le milieu des gens de lettres du XVIème S (cf l'admiration et l'imitation des anciens via leur redécouverte au XVIème S) (rèf. voir notice du fils ci-après). Son fils Martin suivit la même voie et, pour prix des services qu'il rendit parait-il à l'empereur Ferdinand, en reçut des lettres de noblesse; voir ci-après sa courte notice.
MARTIN AMELIUS à BADEN (ALLEMAGNE) :
Il fut un professeur allemand de droit civil à l'Université de Vienne et devint Chancelier ou Régent de Bade; né à Fribourg-en-Brisgau le 30 Octobre 1526, mort en 1590, il était le fils de George Amelius le jurisconsulte cité ci-dessus dont le célèbre nom d'emprunt fut donc repris par le fils. Il parvint d'abord au grade de Docteur en droit canon et civil de l'Université de Vienne et fut protégé par l'empereur Ferdinand; lorsqu'il fut chancelier de Bade il se piqua d'architecture, bâtit dans cette ville de nombreuses maisons et la forteresse de Niefernbourg. Vers 1556 il s'occupa aussi de littérature en écrivant des œuvres de la réforme dont il fut un zélé partisan.
(> "Encyclopédie catholique...." T. II sous la dir. de l'abbé Glaire...,; Parent-Desbarres, Paris, 1848; "Dictionnaire de Moreri" T.I édité aux Pays-Bas en 1760).
Il fut également chancelier du célèbre théologien protestant wurtembergeois Jacques Andreae.
JOHANNES AMELIUS à PARIS :
Selon quelques références c'est un pionnier de l'édition: cet homme aurait été éditeur à Paris dès la 1ère moitié du XVIème S; c'est toutefois le pseudonyme (décidément la mode ne s'est pas arrêtée aux auteurs!) de Joannes Amelen (un Amiel d'origine belge). Certains le disent prêtre et citent quelques œuvres comme l' "Alphabetum Sacerdotum" publié en 1520 et 1547, l' "Instructio virorum ecclesiasticorum" aussi publié en 1520, ou le "Libellus extractus a sacris canonibus..." en 1535, toutes éditions et rééditions faites chez des imprimeurs dont les noms n'ont rien à voir avec le sien, pas plus qu'avec son nom patronymique, à Paris ou à Troyes; sans doute faut-il concevoir déjà la séparation éditeur - imprimeur. Voir sur page suivante un autre homonyme proche de l'édition comme du sacré; sans doute les trois noms n'en font-ils qu'un seul.
JOANNES AMELIUS à LOUVAIN (Belgique) :
Théologien belge (1554-1589); jésuite il fut professeur à Louvain en 1587; élève et confrère de Lessius au Collège des Jésuites, ses thèses furent proscrites; elles étaient relatives à des commentaires sur la grâce divine de la "Somme Théologique" de St Thomas d'Aquin, docteur dominicain, et sur la doctrine de la prédestination.
JEHANNE AMYEU à ORANGE (84) :
Seul autre exemple trouvé, avec Amyeu Cabirol de Gaillac (XIVème S.), d'un Amiel noté de cette façon. Cette orthographe rare pour notre patronyme est bien celle de Jeanne Amiel ou Amyel à la rigueur, qui vécut au milieu du XVème S. dans la principauté d' Orange avec son époux Jehan Dagout dit Manobre dont on a des actes et qui meurt en 1555.
GRATIEN AMIEL au temps du PASTEL à MONTGISCARD (31, 11) :
Gratien Amiel fut l'un des consuls de Montgiscard durant le règne d'Henri IV (autour des années 1600). Et en ce temps-là la grande culture de l'époque en Lauragais c'était le pastel. De nombreux Amiel paysans ou petits propriétaires et bourgeois y ont sans nul doute participé comme lui. En effet la couleur bleue des tissus ne pouvait, pour être durable, être obtenue que par cette plante. Sa culture fit la fortune de nombreuses familles toulousaines qui possédaient des terres: les très beaux hôtels construits alors à Toulouse sont là pour en témoigner, mais la campagne elle-même conserve de beaux châteaux, de belles et grosses demeures souvent de briques. Cette culture est d'ailleurs à l'origine de l'expression "pays de Cocagne" affectée au Lauragais en raison d'une exclusivité européenne de sa production, essentielle jusqu'à ce que l'indigo ne vienne la détrôner; la cocagne n'étant simplement à l'origine que la boule de feuilles de pastel (coque, cocagne, gâteau en occitan) constituée par deux fermentations des feuilles de la plante dont l'une dans, tenez-vous bien, l'urine humaine; une urine qui s'achetait à prix d'or. Heureusement le séchage dans des séchoirs aérés étant nécessaire ensuite pour son utilisation en poudre finissant la préparation, l'odeur soumise aux vents forts coutumiers de la région disparaissait. De nos jours tout cela n'est plus que de l'histoire que l'on peut découvrir cependant au Musée-château de Magrin (31), l'odeur de l'urine en moins!
Les AMIEL Seigneurs de PUECHAUNOU et de NOUGARET (81) :
Au début du XVIème S. on connait François d'Amiel seigneur de Puechaunou, (hameau de la commune de Miolles) il était le fils d'André lui aussi seigneur du même lieu et avait un frère nommé Jacques; ils étaient tous deux capitaines d'armes. Ils vendent des biens fonds (fonciers) à Jean Matha bourgeois de Miolles, baronnie de Curvalle. La famille portait le nom de la seigneurie : Amiel de Puechaunou ou Pechaunou. A la fin du XVIIème S. un autre André de cette famille tentera par plusieurs offres de racheter la seigneurie plus importante d'Alban (de nos jours le chef-lieu de canton du même endroit) mais sans succès. Toutefois par le rôle de capitation de St Alban on sait que ces Amiel étaient seigneurs haut-justiciers de Nougaret (dont le château aujourd'hui disparu se dressait à 2km à peine au nord d'Alban), et d'origine bourgeoise. De cette branche on connait messire André d'Amiel-Nougaret, mestre de camp qui meurt en 1602 à l'âge de seulement 23 ans. L' existence des d'Amiel se poursuivra au XVIIIème S. avec Pierre d'Amiel. (cf. Arch. Dép. du Tarn, série E. Titres de famille). Nougaret n'est pas à confondre avec Nogaret (31).
Sort des PROTESTANTS en PROVENCE - Les AMIEL
Lors des guerres de religion qui ont assombri la Renaissance, dans le ressort du parlement de Provence, beaucoup de protestants furent pendus, précipités dans le vide, lapidés et massacrés: En 1562 par exemple on trouve Amiel de Grâce (lire Grasse) qui, après avoir été 'outrageusement tourmenté et tiré rançon d'icelui' (frappé et volé) à Antiboul (Antibes), 'mourut bientôt après', il est qualifié de 'martyr'; ou celui d'Amiel de Mallesartre, en Arles, qui fut lui aussi 'tourmenté' et 'meurtri' avec trois autres dont Jacques Dumet, apothicaire, sur le Pont de Trau, dans la Plaine de Crau, près du Rhône, mais lui, par contre, le méritait un peu car il fut un persécuteur des catholiques d'Arles.
(=> "Histoire des Eglises Réformées au royaume de France" Th. de Bèze (1519-1605) T. II Lille Leleux 1841; ce livre a été commenté ensuite par R. Reuss en 1889 Ed Fischbacher, Paris 1889).
Les AMIEL PROTESTANTS en LANGUEDOC :
Dans cette région à la même époque on peut signaler :
- Un Amiel (le prénom n'est pas indiqué) qui, condamné en son absence, fut pendu en effigie (exécution fictive par contumace) en 1561 comme plusieurs autres dont deux avocats, un ministre du culte et un marchand, tous de Montauban, foyer protestant notable. Ils avaient été condamnés à mort par le Parlement de Toulouse, celui-là même qui condamna le protestant Calas dont le sort émouvra Voltaire.
- Pierre Amiel, Licencié en droit, cité dans un acte du 30 novembre 1561, comme député de la ville de Limoux (11) au Synode (assemblée) de Castres (81) convoqué par le roi Charles IX pour établir la reconnaissance des droits accordés à la communauté protestante du Haut-Languedoc (cf. vol. 14 du Bull. de la Soc. d'Histoire du Protestantisme Français, Paris, 1861);
- et toute une famille Amiel de Castres (haut lieu de la Réforme en Languedoc avec les Cévennes) à laquelle se rattachent : Daniel Amiel, maure (maître?) couturier ~1620 à 1680; Michel Amiel-Montserrat né ~1681 à Vilgourdon (près de Castres), Jean le fils de ce dernier, né à Castres en 1706 et qui partit en Suisse se réfugier, c'est l'ancêtre d'Henri-Frédéric Amiel; Pierre Amiel enfin qui fut cardeur et connu ~1625.
(=> "La France Protestante" T.I Paris, Sandoz & Fishbacher 1877).
GUIBERT AMIEL HORLOGER :
La Place de l'Horloge à Avignon doit son nom à l'horloge de ville installée au XVIème S. dans la tour louée alors aux religieuses du couvent St Laurent qui dominait l'ancien Hôtel de Ville gothique. La tour et son campanile ont été conservés et cette horloge est ensuite dotée d'un mécanisme sonnant les heures (avec un jacquemart qui fonctionne toujours) créé par le maitre serrurier Guibert Amiel.
EMILIO DEGLI EMILI humaniste et traducteur :
Deux fois émilien donc, cet homme italien d'une famille noble est né à Brescia en 1480 et mort en 1531. On le nommait aussi de Milii ou Miglii, en latin de la renaissance Aemilius de Aemiliis. Marié avant 1517 à Chiara Soraga, noble elle aussi, il fut lié à Pietro Bembo, galant cardinal italien célèbre pour son esprit tout autant qu'avec l'humaniste hollandais Erasme. Il est connu pour avoir traduit pour la 1ère fois l'Enchiridion de ce maître, "Enchiridion militis christiani" le manuel du chevalier chrétien, de la langue latine à l'italien, traduction qui fut publiée en 1531 et rapidement rééditée en 1539 et 1542 à Brescia. L'édition originale de Venise comporte en fin une chanson de sa main pour "sa pénitence". Il réussit en 1529 à se faire élire chancelier communal de sa ville natale.
(=> "L'écrivain face à son public en France et en Italie à la Renaissance" Ad. Ch. Fiorato & J. C. margolin, Lib. Vrin, 1989).
Un AMYEL transporteur :
C'est par un état de dépense de Jeanne d'Albret, reine de Navarre du 1er septembre 1571 pour un voyage à Langon et autres lieux que l'on a connaissance de "François Amyel, conducteur des mullets (sic) des coffres" qui reçoit "pour sa despence (re-sic) six sols (cf. Arch. historiques de la Gironde, T. 6, 1864). Il est peut-être le même que celui cité page suivante.
GERAUD AMYEL :
Géraud Amyel possédait des terres au lieu-dit Villaudy, près du Fresquel, sur le territoire de la ville de Carcassonne en 1597 selon le Livre des Estimes de Carcassonne, de la Commanderie des Religieux de St Antoine.
(=> "Bulletin de la Soc. d'Etudes Sc. de l'Aude" T. XXXVIII de 1934).