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**Amiel et l'amour, toujours l'amour....depuis la nuit des temps jusqu'à nos jours**
**UN CONTE DE NOEL : THE SAD SHEPHERD** :
Ce conte fut écrit par Henry Van Dyke (1852-1933), un prêtre et auteur américain, et publié en 1911. Il s'agit d'un récit revisité de l'histoire biblique du fils prodigue sur un thème de la naissance de Jésus bien entendu. En voici le résumé :
En ayant assez d'être traité comme un citoyen de seconde zone chez lui, à Bethsaïde, Ammiel demande le règlement par anticipation de son héritage à son riche père Jochanan et s'en va...Pendant un temps il vit ainsi dans la facilité, les plaisirs et enfin quand il s'en lasse, il se lie on ne sait comment avec le roi Hérode, devenant même son ami. Cela jusqu'à ce qu'Hérode l'envoie en mission vers l'empereur à Rome. Naïvement Il avait confié toute sa richesse au roi son ami pendant son absence; alors qu'il revient de son ambassade romaine il découvre avec stupeur qu'Hérode en avait profité pour confisquer ses précieux biens. L'accusant même d'être un étranger Hérode l'expulse sans autre forme de procès avec quelques moutons et des chèvres. Maintenant sans le sou et sur le point d'être attaqué par des bandits de grand chemin Ammiel erre tel un pauvre berger, abattu et en haillons jusqu'à ce qu'il rencontre quatre autres bergers comme lui qui guidaient leurs propres troupeaux vers Bethléem de nuit. Ammiel reçut d'eux du pain et il raconta ce qui lui était arrivé. Mais lorsque ces pâtres entendirent son histoire et découvrirent qu'il était un fils d'Israël qui avait perdu la foi en Dieu et qu'il préférait mourir, ils lui demandèrent instamment de se repentir et devant son refus ils le chassèrent.
Ammiel campa alors à une courte distance de là et s'endormit....Plus tard, l'un des bergers vint le réveiller et il lui annonça que les anges leur avaient apporté une bonne nouvelle à propos de l'espoir du peuple d'Israël dans son Messie, nouvelle réjouissante qui les unit pour partir vers Bethléem. Les quatre bergers conçurent beaucoup de compassion pour Ammiel et tout en joie ils se hâtèrent de cheminer vers la ville; ils crurent à ce qu'ils virent. Bien qu'il doute pour sa part encore un peu, Ammiel, dès l'aube, vint visiter la crèche dans une petite cave; là il observe Marie chantant une berceuse à son fils premier-né, Jésus. Et quand enfin il lui demande pourquoi elle l'aime autant, la vierge lui répond : "Je l'aime pour l'amour de l'amour, parce que Dieu me l'a donné". Et Ammiel se rappelle alors sa propre mère bien aimée et tout ce qu'elle avait fait pour lui; mais comme un enfant il n'avait rien fait pour l'amour qu'elle lui avait donné. Changeant son cœur radicalement Ammiel quitta la crèche et partit rejoindre la maison familiale en Galilée, se réjouissant par avance de retrouver ses parents.
(=> "The Christmas Encyclopedia" 3ème édition, W. D. Cramp; Mc farland & Co. , Jefferson, N. Carolina, Usa, & London, 1949).
**UN OPERA : LEGENDE PROVENCALE** :
Amiel est le héros de l'opéra de ce nom. C'est une oeuvre en trois actes mise en musique par la compositrice américaine Mary Carr Moor entre 1929 et 1935 sur un livret d'Eleanor Flaig. Le livret écrit en français situe la scène dans un cadre de même d'où son nom original pour cet opéra d'outre-Atlantique.
L'histoire se passe en effet en Provence et au XVème S. Elle raconte comment un sorcier maléfique amène le héros Amiel à se suicider, ce qui conduira son amante Rozanne elle aussi à mourir. Les âmes des amoureux se rencontreront lors du cortège funèbre de la jeune femme. L'oeuvre se terminant par un duo d'amour "Echange d'amour et la mort vaincue" qui fait pendant au "Dona eis requiem" chant funèbre chrétien des moines.
Il s'agit là pour la compositrice d'explorer la question de savoir ce qui se passerait pour une jeune femme (Roxanne) et son chevalier servant (Amiel) pris de nos jours dans les grandes déclarations de la tradition de l' "amour courtois" si ces envolées étaient prises d'une façon littérale, dans un cadre littéralement transposé à notre époque par une analogie faisant référence à la poésie de la Renaissance, et même de la pré-renaissance (on est en France). Une poésie qui fleurit encore alors sur les débris du moyen-âge qui en fut l'âge d'or notamment par les troubadours; on sait bien que ces derniers magnifièrent en langue d'oc, en Provence comme dans toute l'Occitanie, l'amour.
Cet opéra de 1929 complété en 1935, écrit dans un style plus moderne que les précédents, fut, selon les critiques, pour Mme Moor le meilleur travail qu'elle ait jamais produit, son travail majeur, bien que son aria d'amour exacerbé, écrit en un français actuel, ne puisse exister qu'en poésie comme l'indique l'avertissement inscrit sur les billets de concert. L'aria se terminant par le rêve de l'amour sans fin décrit dans des lignes chantées par Rozanne sur la mort de son Amiel : "L'étoile du soir monte pour la veillée ! / Brillante comme une gemme sereine / Sur le front du crépuscule. / Il n'y a qu'un an ce soir / Amiel m'a une fois dit, / "L'âme revient après la mort, / Vient comme une colombe en deuil."
Mais au fur et à mesure que l'opéra continue, après que Rozanne suive Amiel dans la mort, on peut entrevoir qu'il n'y a pas de connexion éternelle sans amour éternel. En effet sa chanson est alors très triste car "elle ne le connait pas". Dans cet opéra, Moor considère ainsi les attentes romantiques et les réalités derrière les versions féériques de l'amour en mettant le mythe face à la réalité.
Il y a cependant un plus grand malheur encore si je puis dire : cet opéra n'a jamais été représenté en tant que tel et c'est le seul de cette compositrice a avoir subi ce sort funeste; seul l'un de ses aria a été joué de nombreuses fois, celui dont je parle plus haut ! Initialement nommé "Macabre" la composition musicale a de plus, depuis, été perdue, seuls sont restés les aria; un disque a été enregistré dont "L'étoile du soir" in "The songs of Mary Carr Moore" par Cambria Records (1948).
(=> d'après plusieurs notices : "Operas in English - A dictionary" Margaret Ross Griffel p.270, Scarecrow Press Inc., Usa, 2013; "Women, Art & the New Deal" Katherine H. Adams & Michael L. Keene, Chap. 3 "The individual Art Programs, the Women Involved" pp 46-47, McFarland & Cie Inc. Publ., Jefferson, North-Carolina, Usa, 2016).
**UN CONTE DE NOEL : THE SAD SHEPHERD** :
Ce conte fut écrit par Henry Van Dyke (1852-1933), un prêtre et auteur américain, et publié en 1911. Il s'agit d'un récit revisité de l'histoire biblique du fils prodigue sur un thème de la naissance de Jésus bien entendu. En voici le résumé :
En ayant assez d'être traité comme un citoyen de seconde zone chez lui, à Bethsaïde, Ammiel demande le règlement par anticipation de son héritage à son riche père Jochanan et s'en va...Pendant un temps il vit ainsi dans la facilité, les plaisirs et enfin quand il s'en lasse, il se lie on ne sait comment avec le roi Hérode, devenant même son ami. Cela jusqu'à ce qu'Hérode l'envoie en mission vers l'empereur à Rome. Naïvement Il avait confié toute sa richesse au roi son ami pendant son absence; alors qu'il revient de son ambassade romaine il découvre avec stupeur qu'Hérode en avait profité pour confisquer ses précieux biens. L'accusant même d'être un étranger Hérode l'expulse sans autre forme de procès avec quelques moutons et des chèvres. Maintenant sans le sou et sur le point d'être attaqué par des bandits de grand chemin Ammiel erre tel un pauvre berger, abattu et en haillons jusqu'à ce qu'il rencontre quatre autres bergers comme lui qui guidaient leurs propres troupeaux vers Bethléem de nuit. Ammiel reçut d'eux du pain et il raconta ce qui lui était arrivé. Mais lorsque ces pâtres entendirent son histoire et découvrirent qu'il était un fils d'Israël qui avait perdu la foi en Dieu et qu'il préférait mourir, ils lui demandèrent instamment de se repentir et devant son refus ils le chassèrent.
Ammiel campa alors à une courte distance de là et s'endormit....Plus tard, l'un des bergers vint le réveiller et il lui annonça que les anges leur avaient apporté une bonne nouvelle à propos de l'espoir du peuple d'Israël dans son Messie, nouvelle réjouissante qui les unit pour partir vers Bethléem. Les quatre bergers conçurent beaucoup de compassion pour Ammiel et tout en joie ils se hâtèrent de cheminer vers la ville; ils crurent à ce qu'ils virent. Bien qu'il doute pour sa part encore un peu, Ammiel, dès l'aube, vint visiter la crèche dans une petite cave; là il observe Marie chantant une berceuse à son fils premier-né, Jésus. Et quand enfin il lui demande pourquoi elle l'aime autant, la vierge lui répond : "Je l'aime pour l'amour de l'amour, parce que Dieu me l'a donné". Et Ammiel se rappelle alors sa propre mère bien aimée et tout ce qu'elle avait fait pour lui; mais comme un enfant il n'avait rien fait pour l'amour qu'elle lui avait donné. Changeant son cœur radicalement Ammiel quitta la crèche et partit rejoindre la maison familiale en Galilée, se réjouissant par avance de retrouver ses parents.
(=> "The Christmas Encyclopedia" 3ème édition, W. D. Cramp; Mc farland & Co. , Jefferson, N. Carolina, Usa, & London, 1949).
**UN OPERA : LEGENDE PROVENCALE** :
Amiel est le héros de l'opéra de ce nom. C'est une oeuvre en trois actes mise en musique par la compositrice américaine Mary Carr Moor entre 1929 et 1935 sur un livret d'Eleanor Flaig. Le livret écrit en français situe la scène dans un cadre de même d'où son nom original pour cet opéra d'outre-Atlantique.
L'histoire se passe en effet en Provence et au XVème S. Elle raconte comment un sorcier maléfique amène le héros Amiel à se suicider, ce qui conduira son amante Rozanne elle aussi à mourir. Les âmes des amoureux se rencontreront lors du cortège funèbre de la jeune femme. L'oeuvre se terminant par un duo d'amour "Echange d'amour et la mort vaincue" qui fait pendant au "Dona eis requiem" chant funèbre chrétien des moines.
Il s'agit là pour la compositrice d'explorer la question de savoir ce qui se passerait pour une jeune femme (Roxanne) et son chevalier servant (Amiel) pris de nos jours dans les grandes déclarations de la tradition de l' "amour courtois" si ces envolées étaient prises d'une façon littérale, dans un cadre littéralement transposé à notre époque par une analogie faisant référence à la poésie de la Renaissance, et même de la pré-renaissance (on est en France). Une poésie qui fleurit encore alors sur les débris du moyen-âge qui en fut l'âge d'or notamment par les troubadours; on sait bien que ces derniers magnifièrent en langue d'oc, en Provence comme dans toute l'Occitanie, l'amour.
Cet opéra de 1929 complété en 1935, écrit dans un style plus moderne que les précédents, fut, selon les critiques, pour Mme Moor le meilleur travail qu'elle ait jamais produit, son travail majeur, bien que son aria d'amour exacerbé, écrit en un français actuel, ne puisse exister qu'en poésie comme l'indique l'avertissement inscrit sur les billets de concert. L'aria se terminant par le rêve de l'amour sans fin décrit dans des lignes chantées par Rozanne sur la mort de son Amiel : "L'étoile du soir monte pour la veillée ! / Brillante comme une gemme sereine / Sur le front du crépuscule. / Il n'y a qu'un an ce soir / Amiel m'a une fois dit, / "L'âme revient après la mort, / Vient comme une colombe en deuil."
Mais au fur et à mesure que l'opéra continue, après que Rozanne suive Amiel dans la mort, on peut entrevoir qu'il n'y a pas de connexion éternelle sans amour éternel. En effet sa chanson est alors très triste car "elle ne le connait pas". Dans cet opéra, Moor considère ainsi les attentes romantiques et les réalités derrière les versions féériques de l'amour en mettant le mythe face à la réalité.
Il y a cependant un plus grand malheur encore si je puis dire : cet opéra n'a jamais été représenté en tant que tel et c'est le seul de cette compositrice a avoir subi ce sort funeste; seul l'un de ses aria a été joué de nombreuses fois, celui dont je parle plus haut ! Initialement nommé "Macabre" la composition musicale a de plus, depuis, été perdue, seuls sont restés les aria; un disque a été enregistré dont "L'étoile du soir" in "The songs of Mary Carr Moore" par Cambria Records (1948).
(=> d'après plusieurs notices : "Operas in English - A dictionary" Margaret Ross Griffel p.270, Scarecrow Press Inc., Usa, 2013; "Women, Art & the New Deal" Katherine H. Adams & Michael L. Keene, Chap. 3 "The individual Art Programs, the Women Involved" pp 46-47, McFarland & Cie Inc. Publ., Jefferson, North-Carolina, Usa, 2016).