Le Nassi BEN AMIEL :
Le rabbinat au moyen-âge en Palestine était bien organisé; des "nessim" se propagèrent, dirigeant des Beth-Din : ainsi à Damas, en 1085 le nassi Ben Amiel Ben Azarya le préside. Le titre de 'nassi' signifie en hébreu 'prince'; de nos jours il peut qualifier un 'président'. Dans la religion juive c'est le titre honorifique du président du tribunal des affaires religieuses, le beth-din étant un tribunal religieux ordinaire local.
(=> "Etudes sur l'origine et le développement du rabbinat au moyen-âge" S. Schwarzfuchs, Lib. A. Bontemps, 1957. "Mémoires de la Société des Etudes Juives" Vol. II 1957, Durlacher).
Les ABENAMIEL :
Les Abenamiel sont des 'fils d'Amiel'; c'est essentiellement au moyen-âge un nom sépharade qui est trouvé notamment dans les documents médiévaux du royaume de Murcie. On peut citer au XIVème S. Yahuda Abenamiel qui est un propriétaire juif espagnol de la région de Carthagène (Murcie).
SAMUEL BEN AMIEL :
C'était un juif lettré de Tolède qui vécut dans la 2ème moitié du XIIIème S. Judéo-espagnol donc il fut un commentateur de la Loi Juive dans cette ville jusqu'à sa mort, en 1291.
Quelques JUIFS DU LANGUEDOC de PROVENCE et de FRANCE :
On trouve certes plusieurs juifs narbonnais ou provençaux qui portent le prénom Amiel mais pour ce qui concerne le patronyme c'est plus difficile; il est vrai que ce n'était pas dans leurs traditions propres et souvent ce nom fut diversement écrit ou adapté. Voici toutefois quelques noms de ces juifs connus en Languedoc, Provence durant le moyen-âge :
A Escales, ce village audois du narbonnais qui fut très anciennement habité par une communauté juive on trouve le nom de Guillaume Amiel. Ailleurs dans la région on a les noms de Barthélémy Amiel, juif de Narbonne et de Raymond Amiel juif de Toulouse. La revue des Etudes Juives cite Sen Amiel à Narbonne au XIVème S. (rèf. REJ IX, 215), En Samiel à Perpignan en 1413 (rèf. REJ XIV, 72) ou Amyal de Tours en Dauphiné toujours au XIVème S (1308 selon le BPH de 1965 p.136). Pour ce dernier cité par Prudhomme, 12, Serror dit qu'il peut avoir pour origine soit le nom biblique Amiel soit être une forme d' "Ami" selon Dauzat, 8 . A Carpentras, ville juive s'il en est au moyen-âge, il y eut les Bonamie ou Bonamia, noms dont l'onomastique juive fait des dérivés d'Amiel via Ben ou Buen (Bon) Amiel (Amial).
A Narbonne on note Adélaïde Carbonel, fille d'Amiel, qui fit une donation aux templiers de Douzens le 10 avril 1173 d'une vigne au terroir de St Vincent à Carcassonne qu'elle tenait de quatre frères juifs nommés Caravita; mystère sur l'origine de cette relation. Quasiment un siècle plus tard le nom d'un autre Amiel cette fois catholique est cité dans cette ville mais me direz-vous que vient-il faire dans cette page consacrée aux juifs ? Amiel Mercier, c'est son nom, est lié à un problème concernant la juridiction à laquelle devaient être soumis ces juifs narbonnais du moyen-âge. Cet homme, après avoir été chanoine de Laon, était alors chanoine de Lodève, près de Béziers et il fut appelé à être juge-arbitre le 20 avril 1276 à ce propos; les pouvoirs entre le vicomte narbonnais Aymeric V et l'archevêque étaient partagés; mais à qui devaient obéissance les juifs ? Il entendit les parties et le 13 mai suivant il rendit sa sentence en latin et en langue provençale (occitan) : Après avoir déclaré que les juifs étaient soumis au droit romain et que son jugement se fondait sur l'accord précédent il rendit une décision tendant plutôt à faire relever cette population spéciale de la justice vicomtale suivant leur résidence (permanente, déménagement, mariages et sort de l'épouse, délais...). (cf. "Les juifs du Languedoc antérieurement au XIVème S." G. Saigé, Paris, Picard, 1888).
Ailleurs en France on peut citer Amis Hérupé La Juye (le juif) à Provins en 1275 (rèf. REJ L,280) si l'on considère le rapprochement Amis- Amiel, voire un Bunemite en Bourgogne en 1315 (rèf Gauthier, 149) suivant ce qui est indiqué ci-dessus à propos des Bonamia; par contre on peut inclure sans crainte dans la parenté onomastique les Meliam, Milo, Amelin (cf. page onomastique). Je cite partiellement ces noms par ailleurs, dans les pages des périodes suivantes, comme aussi d'autres.
NB : REJ correspond à la Revue des Etudes Juives, suivi du n° de volume + page, et BPH 1965 : Bulletin Philologique & Historique de 1965, publié par le Comité des Travaux Historiques & Scientifiques, Paris.
(=> "Les noms des juifs de France au Moyen-Age" S. Seror, Ed. du CNRS, Paris, 1989)
ABRAHAM AMIELLO et ZAHIR AMIEL en ESPAGNE :
Abraham Amiello fut un juif aragonais qui vécut à Epila au XVème S.; on connait son nom par le testament conservé de son épouse rédigé en sa faveur en 1462, par lequel il reçoit d'elle ses biens propres sous réserve qu'il paye durant 10ans après sa disparition "quatro dineros annales para las lamparas de la sinagoga", à l'exemple des catholiques sans doute qui, souvent prévoyaient la même chose, la fourniture de chandelles étant en ce temps-là assez dispendieuse.
(=> "La villa aragonesa de Epila en el siglo XV" Marin).
Zahir Amiel fut lui un juif cité en Castille en 1330 (rèf. REJ vol. 140). (voir NB notice précédente).
Des juifs de GRASSE :
Au XIVème S. la place commerciale de Grasse, en Provence, attire les préteurs juifs à la fin du règne troublé de la Reine Jeanne. Cette activité dont ils détenaient le monopole en pratique est le motif de leur présence dans nombre d'actes notariés. Dans les papiers du notaire Jusberti, de nombreuses dettes et quittances sont enregistrées dans les années 1380, correspondant à des prêts d'argent. On peut y lire notamment le nom de (du) Rabbin Mayre, "juif de Castellane habitant Grasse", avec celui de ses fils Jassono, Judéo et Amiel, dans les années 1377 à 1386 (cf. "Archives médiévales des notaires des Alpes-Maritimes" 1ère partie XIVème S. J. B. Lacroix).
Une famille juive AMIEL en PROVENCE :
Une famille juive nommée Amiel fut connue à Arles au XIVème S. En 1345 il est question dans des réclamations au sujet du bornage de l'étang littoral du Vaccarès de Guillaume et Jacques Amiel, fils de Charles Amiel, damoiseau d'Arles, et surtout "cresque des enfants, juif et neveu de Salomon..." (cf. "Revue des études juives", Vol.133, p.39, collectif, Société des Etudes Juives, 1974). On remarquera que ces Amiel peut-être convertis au catholicisme ont des prénoms chrétiens bien qu'il soit affirmé que l'origine du père est juive; la signification de cresque me semble devoir se référer au verbe occitan traduisible en français par croître, désignant qu'il élevait, (éduquait) des enfants.
LEHO SAMIEL converti du Roussillon :
Les Archives Dép. des Pyrénées-Orientales (édition 1858) ont conservé une reconnaissance de dettes contractée en 1410 envers Leho Samiel et Ysach Salomon, qui étaient des juifs convertis; ce document est intéressant car ces hommes, selon les us de ce temps-là, convertirent avec leurs prénoms aussi leurs patronymes pour prendre des nominations plus catholiques : pour l'un Honoré Pera et l'autre (semblable toutefois) d'Honoré Serra !
Des AMIS d'AMIEL noms juifs :
Selon le livre de Simon Seror, "Les noms de juifs de France au moyen-âge" paru aux Ed. du CNRS en 1989, le diminutif Amilhot (dont celui qui suit, diminutif d'Amiel cf. page onomastique) est à associer à d'autres dérivés comme Amis, Amiete et, par une déduction assez fragile, plus curieusement il me semble pour le moins, avec Benamia(s) ou Bunemite, citant : Amiete, à Paris en 1296; Amis Herupe La Juye, Bonamia à Carpentras, et Bunemite déjà notés plus haut. Il est vrai que le radical Ami est quelquefois présenté comme un abrégé d'Amiel mais peut-être pas avec cette origine hébraïque ! L'auteur ajoute enfin Amyal, un nom qui fait aussi penser aux Amoyal ou Amoyel d'origine sépharade, un nom qui se trouve être également un nom arabe du moyen-âge; il cite Amoyal de Tours (de Turonis, Tours dans le Val de Loire ?) en 1306 qui établit une banque à Grenoble avec un certain Morel d'Amboise.
AMILHOT DE SALSES:
Ce juif catalan demeurant en Catalogne-nord est déjà un multirécidiviste lorsqu'il est à nouveau arrêté avec une quarantaine de ses congénères alors qu'il passe la frontière au Grau de Salses, limite méridionale du Royaume de France. Ils viennent de Catalogne et tentent de passer en France sans payer le droit de leude (passage) aux seigneurs locaux vers 1280. Ils sont conduits devant les juges-châtelains de Leucate et interrogés. Condamnés à payer une amende, Amilhot, un 'petit Amiel' est lui, en plus, condamné à de la prison car récidiviste; un seul d'entre eux parce qu'il était narbonnais et donc quitte de la leude fut remis en liberté et n'eut pas à payer l'amende.
(=> art. "Examen d'une enquète sur la limite méridionale de la Vicomté de Narbonne, du côté du Roussillon" in "Bulletin de la Commission Archéologique de Narbonne" T. IX 1906 p.115 & "Revue des Etudes Juives" T.61 p.246 1936 Paris).
Quelques autres AMIEL de confession JUIVE en LANGUEDOC :
On peut citer outre les noms de Amiel dit de St Sébastien (nom de son quartier) à Narbonne, Barthélémy Amiel, Guillaume Amiel d'Escales, ce village audois qui fut un foyer juif important et Raymond Amiel de Toulouse vus au début de cette sous-page, un Amiliavo car venant peut-être de Milhau (12) ou Milhaud (30) et un Jean Amilhot, un audois encore.
(=> "Les juifs du Languedoc antérieurement au XIVème S." p.351, Gustave Saige, Lib. A. Picard, Paris, 1881).
Dans les Alpes comme en Castille :
La Revue des Etudes Juives (t. VI, p.299) donne la source hébraïque des Amiel; dans son vol. 140 cette même revue cite les noms de Raymond Amiel trouvé en 1308 à Val-de-Chanan dans les Alpes (rèf. B. P. H. 1965 p.136) et Zahir Amiel en Castille en 1330 (rèf. S. E. P. 1975 p.139).