LA BRASSERIE AMIEL à ST GIRONS (09) :
Jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale la bière comme la limonade étaient produits dans tous les coins de France et consommée localement. L'Ariège possède encore de nos jours ce qui est la plus ancienne limonaderie artisanale de France. Il y avait des brasseries dans tous les départements, ainsi en Ariège on n'en comptait pas moins de huit. La Brasserie Amiel créée en 1867 était l'une d'entre elles et elle fut la dernière à fermer ses portes à la fabrication à la fin des années 1960, alors que la société française allait connaître un saut dans la modernité avec l'énorme développement des transports par exemple. Seule brasserie du Couserans, la région ariégeoise dont St Girons est la petite capitale, située Place du 8 mai 1945, elle fermera ses portes au houblon en 1967 mais demeurera une société de vente en gros de boissons pour les débits de la région pendant un temps.
Et c'est une vieille histoire d'un siècle qui commence avec le 'Café' comme il y en eut tant dans toutes les bourgades de France. Il y eut tôt une petite brasserie adjointe au café et au fur et à mesure des générations de la famille Amiel cette petite brasserie prit de l'importance. La Bière Amiel commençait à être connue, on n'utilisait d'ailleurs que de l'eau (composant les 90 % de la boisson) tirée d'une source appartenant à la famille et qui était contrôlée nous dit-on chaque jour. Il y avait encore dans les années 1960 une vingtaine de personnes qui travaillaient dans la brasserie avec un maître-brasseur. La côte de popularité de la Brasserie allait croissant et les anciens disent que même si le café était assez anonyme par rapport à la brasserie, il était aussi connu qu'elle dans la région et, ajoutent-ils il y régnait une ambiance chaleureuse. Il y eut bien des moyens de transport pour diffuser le produit toujours plus loin, plus souvent et plus rapidement mais le modernisme a tué progressivement par ses concentrations, ses méthodes industrielles, ses prix de plus en plus serrés toutes ces petites industries locales; on pourrait prendre de nombreux exemples comme le textile par exemple (et en Ariège on en sait quelque chose avec la région de Lavelanet): tout ce tissu (!) industriel local a irrémédiablement disparu. A la Belle Epoque, (dans tous les sens du terme!), les conditions de transport étaient loin d'être une panacée et chez les Amiel on a utilisé la traction animale : un cheval nommé 'Bijou' fut le transporteur fidèle des produits de la maison pendant très longtemps; puis on utilisa le tranway (ce tortillard qui, suivant les routes sur leur bord, irriguait à allure assez lente une bonne partie des vallées) puis quand ceux-ci disparurent, en train, la bière rangée sur de la paille, allait alors jusqu'aux Mines du Bentaillou, à Sentein, pour régaler les travailleurs et compenser leur dur labeur; et enfin on utilisa le camion mais là ce fut la porte ouverte aux produits d'ailleurs et ce fut le début de la fin.
Pourtant la Brasserie Amiel suivit le temps en utilisant ce nouveau mode de propagande des produits que fut et qu'est la publicité. Oh elle se limitait à des éléments utiles aux cafés tels que sous-verres en carton, affiches, cendriers etc... comme certains s'en souviennent encore dans la région mais la renommée fut bel et bien là pendant plusieurs décennies. On produisait plusieurs sortes de goûts et de qualités comme la Bière Blonde de Luxe, l'Amiel Pils, Le Bière Bock, la Silva ou la Vickbourg. Il y avait un café nommé 'La Cloche' qui était renommé pour sa bière, la bière Amiel bien entendu et on conserve des clichés qui montrent sa devanture dans l'entre-deux-guerres ou juste après sur lesquels on voit sur la toile de l'auvent outre le nom du café, la publicité de la 'Bière Amiel'.
Mais donc à cause de la concurrence amenée par la modernité cette brasserie un temps devenue Amiel-Lasserre Père & Fils en 1947, puis Amiel Sarl, dut fermer ses portes à la fabrication locale en 1967, un siècle après sa fondation. En 1977 un homme décida de reprendre l'affaire: Mr Hébrail acquit les locaux importants de la brasserie mais se cantonna au commerce en gros des boisssons. Lors des journées du Patrimoine, en Septembre on a pu voir ces lieux où tant de litres de bière furent brassées; on y donne maintenant des concerts mais Mr Hébrail a le secret désir paraît-il d'en faire un musée, tant il a compris que cette Brasserie Amiel constitue un souvenir heureux des habitants du Couserans.