AYMARD AMIEL EVEQUE DE MARSEILLE
Originaire de Monteils près de Cahuzac dans le Tarn cet homme proche de la papauté avignonaise fut d'abord Chanoine et sous-chantre, 'succentor' d'Albi, puis à Amiens encore Chanoine au début du XIVème S. et termina sa carrière ecclésiastique comme Evêque de Marseille une trentaine d'années plus tard. Son nom est écrit quelque fois Aymar et il est aussi nommé Adhémar dans quelques textes. Le diocèse d'Albi touche à celui de Cahors, il n'est pas improbable que cet Amiel fut apparenté aux Amiel quercynois proches du pape cahorsin.
Sa carrière suit celle de Gausbert Du Val qui était originaire de la même région: il lui succédera comme Trésorier Pontifical en 1316 alors que le 1er devenait Camerlingue du Pape; à ce sujet on a attribué jusqu'à nos jours au 1er la gloire d'avoir réformé la fiscalité pontificale en cette année de passation de pouvoirs mais en examinant le travail méticuleux qui fut effectué alors dont témoigne les fragments préservés d'un précieux "Livre Vert" de Pierre de la Jugie, archevêque de Narbonne qui fait là l'inventaire de sa fortune, plusieurs études universitaires récentes portent à croire maintenant que la Chambre Pontificale a agi sous la direction d'Aymar Amiel. Il succèdera enfin à Gausbert du Val comme évêque de Marseille quand l'autre accédait à la charge d'Archevêque d'Arles, tout en demeurant près de son protecteur le pape Jean XXII à Avignon (le pape cahorsin dont ils furent tous deux des familiers), au palais même d'où il veillera cependant sur son diocèse, auquel il parait avoir été très attaché et dont il soigna toujours les intérêts. Il sont de ces fonctionnaires pontificaux cahorsins ou gascons, français pour tout dire pour lesquels Pétrarque et les ecclésiastiques italiens avaient une particulière haine. Les deux prélats vivaient côte à côte, comme on peut le voir dans un acte de 1326, fait au Palais, sur la terrasse de la maison habitée par l'archevêque d'Arles, camerlingue, et par l'évêque de Marseille, Trésorier du Pape. C'est lorsque Gausbert de La Val est nommé Archevêque d'Arles que sa nomination à Marseille intervient, le jour même, le 26 Août 1323; l'un comme l'autre vivront cependant près du pape en Avignon. Le roi Robert Ier de Naples qui régnait alors sur la Provence reçut son hommage de fidélité le 8 Mars 1326 et le dernier jour de ce mois Aymar va ordonner à ses officiers d'exiger dans son diocèse les hommages, reconnaissances et serments de fidélité qui lui sont dus par les nobles, communautés et particuliers, dans les châteaux qui appartenaient à son église. Cet ordre fut exécuté et les nobles de Mallemort, Alleins et St Cannat s'empressèrent de remplir à son égard leurs devoirs de féodaux. Il parait avoir eu une santé peu florissante à en juger par les comptes de remèdes que l'on peut voir dans ses papiers. Ses achats et loyers sont relatés dans les archives. On connait aussi beaucoup d'actes de son administration permettant de la suivre d'assez près pour avoir une idée suffisante de ce qu'elle fut. Dès 1325 il va devenir seigneur de Signes dans le Var en rachetant les titre et biens qu'un seigneur de Cabriès, Bertrand de Porcelet possédait en ce lieu, pour la somme rondelette de 700 livres coronats qui était importante pour l'époque; une somme qu'il put réunir, avec l'autorisation du pape, par un subside imposé à tout le clergé de son diocèse. Et ce territoire devint alors l'un des principaux pourvoyeurs de la manse épiscopale (recettes du diocèse). L'année suivante il est parmi ceux qui assisteront au Concile de St Ruf d'Avignon réunissant tous les évêques provençaux au cours duquel il fut décidé d'importantes choses comme l'interdiction lorsque l'on est une homme d'église, de porter les armes et de fortifier les églises sans y être autorisé par son évêque, l'obligation de fermer à clé les fonts baptismaux (?!) ou plus important l'obligation (et cela n'est pas nouveau ailleurs, en France ou en Espagne) de porter, pour les juifs, un signe distinctif. On sait qu'il vécut alors très bien de ses revenus fonciers. Courant 1333 qui sera sa dernière année de vie, sentant peut-être sa mort prochaine comme dit la fable, il fonde pour son âme, celle de ses parents et des évêques ses successeurs, une chapellenie perpétuelle dans sa cathédrale. Il dictera ses dernières volontés le 23 Décembre 1333 et dès le 9 Janvier 1334 on réglait les frais de ses funérailles ! Ses faits et gestes ne comprennent pas moins de 44 pièces aux Archives Archiépiscopales de Marseille.
Par sa volonté il eut sa sépulture près de ses ancêtres, dans l'église N-D de Monteils; on sait qu'il prit soin du devenir de ses serviteurs après sa mort et que des messes furent dites dans sa cathédrale, aussi à Signes et Saint-Cannat (possession traditionnelle de l'évêché marseillaise) pour le repos de son âme. Plusieurs membres de sa famille eurent des charges ecclésiales (ce qui se faisait alors et toujours de nos jours dans d'autres milieux) ou qui héritèrent de lui : son neveu Adhémar Amiel qui fut Recteur de St Mitre d'Aubagne meurt avant lui, avant la mi-1332; Jean Amiel, autre neveu, frère du précédent le remplacera à la même charge (et surtout aux mêmes revenus); Bernard Amiel, son héritier fut, lui, Prieur de Valmoisine; enfin 'Guillelmo Amelii...clericis albiensis' (Guillaume Amiel, clerc d'Albi) figure dans la procuration de ses légataires le 2 Janvier 1334.
(=> "Armorial et sigillographie des Evêques de Marseille avec des notices historiques sur chacun de ces Prélats" M. Olive, Marseille 1884 pp. 67-69; "Le diocèse de Marseille" J-R. Palanque, Letouzey & Ané, Paris 1967, pp. 53-54; "Le Frère de Pétrarque & le livre du Repos du Religieux" H. Cochin, Paris, Lib. Bouillon, 1903; note 6 concernant Jean Amiel, clerc de la Chambre Apostolique, p. 206 de l'article "Quelques unes des dernières volontés de Jean XXII" de E. Albe in Bull. de la Soc. Litt. Sc. & Artist. du Lot, T. XXVII, 1902).
Sa bibliothèque fut à l'origine de celle de l'Archevêché de Marseille et comportait 76 articles. Par son testament de 1329 on connait les legs de livres qu'il fit à des institutions religieuses de Marseille mais aussi d'Albi et de St Jean de Monteils où on l'a vu il est né. Il en légua aussi à son neveu (de même nom et prêtre), et quelque somme d'argent fut attribuée à 4 étudiants pour qu'ils puissent s'acheter des livres. L'inventaire de ses biens après décès effectué début 1334 a été conservé : on l'y voit laisser 33 livres et 10 caisses ou sacs de pièces (documents) diverses. A la fin 1334, 13 livres sont restitués à l'église de Marseille par son autre neveu et héritier, Bernard Amiel, prieur de Valmoisine, son exécuteur testamentaire. Encore fin 1334 le même Bernard Amiel remet deux livres à Bertrand Rostaing, chanoine de Marseille, et un Missel Pontifical à Jean Artaud, son successeur à l'évêché (qui meurt dès 1335) et aux chanoines de la cathédrale. En Mars 1335 eut lieu l'inventaire des meubles du Palais Episcopal, il y aurait manqué 7 livres d'Adémar. En 1364 enfin on sait par une quittance de l'évêque Guillaume Sudre (mort en 1373) concernant les livres de l'évêché, que, sur 48 articles, 17 (encore) avaient appartenu à Adémar Amiel.