Les AMIEL et le COMMERCE à TUNIS à la fin du XVIème. S. :
-1- Le contexte commercial :
Le royaume de France jouit depuis 1588 sur les côtes de Tunisie d'une 'pêcherie de corail' dont le marseillais J-B de Nicollo avait obtenu la concession du sultan de Tunis. Henry IV eut quelques années plus tard à faire face à une couteuse campagne militaire dans la Marne et évidemment, comme souvent, le Trésor était vide ! Qu'importe : les marchands de toutes nations qui naviguent sous pavillon français en feront les frais et payeront 2 % sur les marchandises transitant au Levant (Orient et côtes sud de la Méditerranée). Louis d'Aix et De Cazaulx, pour en "confisquer les rentrées" (prélever la taxe), formeront le 23 juillet 1591 une 'société par actions' ou "carats" et leurs agents & intendants, Antoine Vernet et Jean-Claude Amiel dit Bouilhon opèreront à La Fumaye Sallatte ou Oued Mellah et à Bizerte, en Tunisie. Trois ans plus tard la société sera dissoute par ses actionnaires et sur place, à la Chancellerie du Consulat de Tunis on assistera alors au dialogue poignant du procureur chargé de la 'vérification des comptes' avec les agents de la dite compagnie dissoute. Loin de souscrire à l'aveu d'impuissance de cette dissolution, le capitaine Jean-Claude Amiel en appela à Messieurs de la Compagnie qui, advertys, changeront d'opinion car il a signé un engagement avec les patrons corailleurs et tient à ce que l'on "attende l'issue de l'amprise" (sic) Et il gagne son procès car, deux ans plus tard, il est toujours à Tunis comme capitaine de ladite compagnie dont Vernet est le surintendant....Mais le sort de ce commerce du corail déclinera au début du XVIIème S. et finira par disparaître rapidement en 1613; notre drapeau va continuer pourtant à flotter sur le Bastion de France car bientôt la création d'une savonnerie à Tunis, financée à parts égales entre marseillais et tunisiens, renflouera notre influence commerciale à partir de 1624. (cf. pp. 168-169 du livre référencé en fin de page (2)).
-2- LOUIS AMIEL et NICOLAS AMIEL:
Ces deux personnages d'origine consulaire marseillaise sont parents: Ils sont des marchands bourgeois vivant à Tunis fin XVIème - début XVIIème S. Louis y est agent consulaire en raison des rapports anciens et étroits entre ces deux villes portuaires et commerciales dont nous venons de tracer les grandes lignes.
-3- JACQUES AMIEL dit BOULHON et son fils NICOLAS; GIOVANNI AMIEL :
° Jacques (ou Jehan Claude selon certaines sources) est 3ème consul de Marseille en 1575-76 et le père de Nicolas Amiel cité ci-dessus; comme son fils après lui et Louis il sera dans le commerce à grande échelle, un commerce international via la Méditerranée. Selon les documents il est Capitaine, sans doute faut-il comprendre aussi armateur; il fera donc dans le commerce du corail et son extraction puis dans celui du savon, on le verra administrateur, gouverneur ou superintendant de la Compagnie du Corail de Tunis puis commis dans celle du savon. Nicolas Amiel de Iérosme deviendra même Chancelier en 1589 puis Vice-Consul représentant la France à Tunis et Tripoli après 1589; ce fils remarquable devient même Consul en titre en Janvier 1591 en lieu et place de Nicolas Borilly dont il paiera les dettes dès Mars de la même année. Enfin Bouilhon est le parent (le père ?) de François Amiel 2ème consul de Marseille en 1588-89. (cf. "Encyclop. départementale des Bouches-du-Rhône" P. Masson; Arch. Départ. 1931).
° Dans ce même milieu on croise un marchand italien de Bologne nommé Gian (Giovanni?) Amiel.
° Il arrivera aussi à Jehan Claude Amiel de racheter, pour la France, des chrétiens aux Maures. Ce fut une activité arabe traditionnelle que je n'hésite pas à qualifier de "commerciale"; un véritable commerce qui s'est longtemps pratiquée en Méditerranée depuis le moyen-âge, un trafic qui a outragé les chrétiens et fit l'objet de la création d'un Ordre religieux, celui de la Merci pour le Rachat des Chrétiens, par un saint du Lauragais, Pierre Nolasque, né à Mas Stes Puelles. Une procuration est faite par exemple à Jean-Claude Amiel le 5 Mars 1593 "par la nation françoise por rachepter ung Sarde". Boulhon meurt le 4 Février 1599.
Un nombre important de documents les concernant (comptes, lettres, requêtes, accords, reconnaissances ...) ont été publiés dans
(=> (1) "La France en Tunisie à la fin du XVIème S." par P. Grandchamp, de la Résidence de France en Tunisie, en 1920, Imp. Rapide, Tunis; (2) "La France en Tunisie au temps d'Henri IV et de Louis XIII" article de Ch. de La Ronchère sur les documents inédits publiés par P. Grandchamp sous les auspices de la Résidence de France à Tunis également, Imp. Barbier, Tunis, 1920-1926).