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**L'ARCHEVEQUE DE NARBONNE VU PAR NAPOLEON PEYRAT** :
Napoléon Peyrat est un vrai romancier historique de la fin du XIXème S. Très au fait de l'histoire régionale des contreforts pyrénéens à cette époque, il décrivit à merveille la vie et les évènements comme ils purent selon lui se passer durant la longue croisade albigeoise. Dans son "Histoire des Albigeois : Les Albigeois et l'Inquisition" (édité à St Germain & Paris en 1870) il dresse un portrait peu flatteur mais sans doute réaliste, probable (!) de l'archevêque de Narbonne Pierre Amiel qui dirigea l'archidiocèse du (ou sévit en?) Languedoc entre 1225 & 1245. Voici ce qu'il écrivit sur ce triste personnage, véritable fer de lance de l'église qui présida et organisa la lutte contre les cathares :
//Pierre Amiel successeur d'Arnaud Amalric fut aussi terrible que lui; mais l'archiprêtre de Narbonne, ancien sacriste de Béziers était moins romain que l'abbé de Citeaux et plus français, plus dévoué aux intérêts capétiens. Jeune, fougueux, farouche, inexorable, le nouveau primat de la Narbonnaise terrorisa les Corbières, la Montagne Noire, effraya Narbonne, Castres, Albi, effara sur leurs cimes Termes, Cabaret, Minerve, Hautpoul, Rocafeuil, les inexpugnables donjons, en poussa les consuls, les barons, portant les clefs de leurs forteresses au camp d'Avignon...// (il s'agit du pape sans doute mais il n'est pas encore installé au bord du Rhône!). Ailleurs il en rajoute encore :
//Le primat Pierre Amiel, guerrier sans doute moins savant //(que l'évêque d'Albi d'alors nommé Durand)// était un fougueux batailleur. Le chapitre de Narbonne l'avait jugé. //(négativement cf. HGL T.VI, p.28 & 428)// En discorde avec son église, comme avec tout le monde, il venait d'être semoncé comme **prodigue, incapable, vindicatif, débauché et scandaleux** //(c'est l'auteur qui a ainsi souligné). Effectivement c'était moins un évêque du Christ qu'un chef de malandrins. Pourtant il avait à l'exemple d'Arnaud Amalric son prédécesseur, conduit vaillamment l'ost narbonnais contre les Maures d'Espagne. Nous l'avons vu concourir glorieusement à la conquête du royaume de Valence et il a sa strophe éclatante dans l'épopée du Conquistador espagnol// //(cf. la relation que j'en ai faite)//. Et maintenant il vient, comme légat du pape dans l'ost catholique du Thabor (Montségur) assister à l'assaut de cette Roche fameuse qui, seule dans le monde, ose tenir tête au Vatican.// Il dirigera les parfaits vers un immense bûcher dans lequel ils durent par eux-mêmes se précipiter du haut des échelles qu'ils montèrent sans réticence aucune. C'était le dernier acte important mais bien triste du personnage qu'aucun dans la région n'oubliera. Le "Prat dels Cremats" force d'un toponyme s'il en est nous l'a remis en mémoire vive depuis plus d'un siècle maintenant.
(=> "Histoire des Albigeois (les Albigeois et l'inquisition)" de Napoléon Peyrat; Paris, Lacroix & al. 1870).
Les archives de la métropole toulousaine conservent un mandement de Pierre Amiel édicté vers 1230 qui énumère un nombre conséquent de défenses, obligations, avertissements, punitions, révocations, amendes et autres vexations pour les non-chrétiens et juifs, hérétiques touchant non seulement au domaine religieux mais aussi au domaine civil de l'immense archidiocèse, conduisant à des confiscations, destructions, saisies, punitions et poursuites diverses et variées : un véritable exemple pratique de ce que put produire ce représentant de l'église pour éradiquer l'hérésie cathare (et les autres). Il y a en tout pas moins de vingt prescriptions.
(=> "Trésor des Chartes" vol. II, p. 248 Compilation et renouvellement de 'statuts' édictés par les légats du pape).
**PIERRE AMIEL en ARAGON** :
Outre sa lutte contre les cathares et ceux qui les soutenaient, Pierre Amiel s'est aussi distingué au siège de Valence, en Espagne, en 1238. Il s'agissait d'aller soutenir la lutte anti-musulmane du roi Jacques d'Aragon. Et il soutint efficacement la cause en amenant non seulement un fort contingent mais aussi un appoint financier élevé. "L'un des premiers, " dit dans sa Chronique le roi espagnol, "arriva l'archevêque de Narbonne avec onze chevaliers et onze cent hommes à pied, il avait pour nom P. Amyell". Et plus loin " sur ce, l'archevêque de Narbonne, qui était homme courageux, nous demande pourquoi nous restions là comme qui ne fait rien". Ce prélat qui se montre déjà là plus un homme d'armes, voire même un capitaine, qu'un homme d'église, reçut pour ses faits d'armes de nombreuses donations dans le royaume d'Aragon qu'il contribua à libérer du joug musulman, dont la seigneurie de Pia (Apiano) située entre Perpignan et Salses; c'est ce que prouve une lettre du roi Jacques Ier dit le Conquérant en date du 5 des ides de janvier 1252.
(=> "Revue nobiliaire historique et biographique" Vol. 2 Louis Sandret; Paris, Dumoulin, 1866).
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