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**LE PALAIS DE SCAURUS** :
Bien qu'il n'y ait pas à Rome de ruines de grands palais (hormis les palais impériaux du Palatin) on a toutefois la preuve de l'existence de palais privés par quelques écrivains antiques dont Varron. L'augure Aemilius avait bâti comme entrepreneur, une maison en -125 moyennant une somme très élevée.
La 1ère expédition d'Asie fut à l'origine du luxe et de la corruption qui y fut attachée, et qui à Rome firent de rapides progrès. Livius (L. 39, c.6) dit que c'est cette armée d'Asie qui apporta dans la capitale du monde un faste et des excès étranges. Depuis ce temps, l'orgueil des romains ambitieux s'accrut par de grandes conquêtes, et corrompit inexorablement leurs moeurs. Les richesses immenses accumulées dans les provinces conquises (subtilisées faut-il dire) furent souvent employées à bâtir de vastes palais embellis d'ouvrages rares pris dans ces pays. On sait que le 1er et plus connu à avoir cédé à la tentation du luxe fut Crassus, vers -100 puis en -68 ce sera Lépide qui aura la plus belle demeure romaine et à peine 35 ans plus tard il y en eut une centaine. Ciceron lui-même se permit d'acheter assez cher le fameux palais de Crassus, sur le Palatin et y employa encore l'architecte Chrysippe pour le parfaire. Et jusqu'à ce fameux Scaurus qui lui aussi entreprit son propre palais, certains disent sur le Mont Caelius, là où est de nos jours la Villa Mattei et le monastère St Georges.
Le roman archéologique de François Mazois (1819), plusieurs fois réédité pendant plus d'un demi-siècle présente ce que put être selon lui cette luxueuse résidence romaine édifiée dans le dernier siècle avant notre ère, celle d'un riche personnage de la gens Aemilia, en se fondant sur les notions exposées par les écrivains antiques. Il peut s'agir d'un Aemilius Scaurus né autour de -90, d'un mariage tardif d'Aemilius Scaurus consul de -115 avec Caecilia Metella. Une de ses sœurs Aemilia fut la malheureuse épouse que Pompée dut prendre en 2èmes noces mais qui mourut peu de temps après en couches, enceinte qu'elle était de son 1er mari. Il est certain que Marcus Aemilius Scaurus puisque tel fut son nom complet, posséda un très important patrimoine résultant en grande partie des héritages autant maternel que paternel. Il fut de plus, durant sa carrière Questeur de Pompée, Gouverneur de Syrie entre -63 et -61 où il soumit notamment le roi Aretas de la riche Petra; il a sans doute aussi été l'un des protagonistes d'une tentative de corruption durant la guerre en Judée auparavant. Par la suite il sera édile curule, eut le droit de battre monnaie, fut Gouverneur de Sardaigne car préteur en -56. A son retour il fut toutefois accusé d'avoir pillé cette île (mais ça se faisait beaucoup quand on était gouverneur !) et grâce aux talents de Ciceron il gagna son procès ! Une autre accusation suivit, celle d'ambitus mais finalement en -52 on ne parle plus de lui dans les Annales.
Il a commencé à faire construire sa "domus" de ville, un véritable palais en réalité, vers -60. Dans la défense qu'il fit lors du procès de -54 Ciceron essaie de minimiser l'importance et le luxe de cette demeure et ceci en constitue un des thèmes importants. Sans doute plutôt édifiée près du Forum Romain, la magnifique construction prit place sur une marge du Palatin, dans sa partie septentrionale, et il était facile d'y accéder depuis la Via Sacra; elle devait se situer au sud-ouest, entre la Domus Publica et l'Arc de Titus, ceci selon l'avis de la plupart des historiens actuels. Il est question notamment d'une colonne de l'atrium, en marbre, simple détail peut-être, mais qui est alors d'un luxe extrême, élément qui certifie à lui seul ce qualificatif de palais qui lui fut attribué. Les auteurs anciens disent aussi que son fils l'embellit encore en y ajoutant quelques parties.
En ces temps où une certaine décadence sociale accompagnait la dégradation politique de la république et les guerres civiles qui conduiront à l'empire, les romains (fortunés) ne cherchaient plus l'utilité de la seule distribution intelligente des pièces de leurs demeures mais tenaient à satisfaire surtout une passion effrénée et des extravagances pour lesquelles ils se livraient à une sorte de compétition au toujours plus. Ils n'ambitionnaient que l'éclat et le brillant et ne pensaient plus à l'amélioration des mœurs sociales des romains. Les salles de festin furent par ex. de plus en plus grandes (les 'veci') et de différentes sortes dans ces palais qui renfermaient souvent ....une basilique. Chaque palais vu sa grandeur occupait souvent tout un îlot, et était donc entouré par quatre rues. Les empereurs ne feront que copier dans des dimensions encore plus grandes ces premiers palais. Le rez-de-chaussée avait sur le dehors un portique au bord de la rue, constitué de piliers ou de colonnes surmontées d'arcades abritant des boutiques qui y étaient adossées, un peu comme dans nos bastides du moyen-âge. C'est encore de nos jours une façon de faire et de rentabiliser la valeur de ces façades en rez-de-chaussée, ce que l'on nomme des 'pas de porte'.
Sans pouvoir entrer dans les détails comme le fait Mazois avec minutie, on peut toutefois dire que c'est au rez-de-chaussée intérieur que la famille vivait et que l'on recevait. Les pièces y étaient distribuées symétriquement autour de plusieurs cours successives, la plus importante étant bien sûr la 1ère, celle située immédiatement après le vestibule, appelée l'atrium; c'était là que se tenaient les visiteurs, la clientèle de la maison; c'était une cour entourée de colonnes constituant un portique intérieur dont le toit incliné vers le centre ouvert recueillait l'eau de pluie et la versait dans l'impluvium central, élément souvent retrouvé dans les ruines comme à Pompéi. Les abbayes copieront à leur façon bien plus tard ce modèle par les cloîtres. Le maître, pater familias, y recevait ses hôtes dans des pièces réservées à cet effet, disposées autour, dont le tablinium sorte de musée familial, exposant les boucliers représentant les anciens et leur mérite; dans les ailes il y avait archives, bureaux et pièces d'apparat. L'atrium de Scaurus avait selon Mazois des colonnes de marbre de 38 pieds de haut; en son centre jaillissait une fontaine qui amenait en été de la fraîcheur. Les murs de ceinture étaient peints ou recouverts de plaques de marbre. Une 2ème cour, situé dans le prolongement de la cour d'apparat, abritait en général la vie privée, les pièces à vivre étant elles aussi distribuées tout autour.(cf. "Analyse architecturale de l'Italie et de l'Europe..." C. F. Von Wiebeking, 1838). Dans les plus ordinaires domus les chambres (cubiculae) étaient à l'étage.
Par l'entremise de Chrysippe qui est le cicérone guidant le visiteur (ce personnage, architecte, n'est pas le même que celui dont parle ...Ciceron) on visite successivement après l'area le vestibule et l'atrium publics, le péristyle, les appartements privés du maitre puis ceux de son épouse Lollia; mais plus encore la basilique (!, grande salle rectangulaire), puis la pinacothèque (autre musée ou collection d'œuvres picturales), la bibliothèque, les oeci (salons), l'Exèdre (salle de conversation), et le Sacrarium (ou lararium, le sanctuaire familial des dieux lares); enfin accessoirement les cuisines et les dépendances !!
Il est certain que ce palais surpassa en ce Ier S. avant notre ère ceux des autres patriciens, non seulement en grandeur mais surtout en beauté et en magnificence. Avec Aemilius Lepidus, Aemilius Paulus et Agrippa, ce Scaurus fut des plus distingués parmi les bâtisseurs privés de Rome comme Pausa le sera pour Pompéi. Pompéi, dont Mazois indique dans le Ch. III de son livre (partie "Area et vestibule") que ce fut une ville où //les Aemilius Scaurus eurent un grand nombre de possessions selon le Diction. di Antichita T. XVI de Pibro Ligonio (lettre S manuscrit)// précisant tout de suite //et il y avait à Pompéi une famille de ce nom qui était l'une des premières de la ville, si l'on en juge par les honneurs extraordinaires qui furent rendus à l'un de ses membres.// Mais il n'est pas précisé lequel !
Enfin il est vrai que Marcus Aemilius Scaurus fut surtout le beau-fils d'un certain Sylla, grande figure de la fin de la république. Son père, le Prince du Sénat, fut en effet l'époux de Caecilia Metella Dalmatica comme on l'a dit, mais elle se remaria avec Sylla et Scaurus héritera la très grande fortune de cet homme au destin exceptionnel. Sylla parvint à une position jamais alors atteinte à Rome; il obtint du Sénat des pouvoirs exorbitants dont la dictature à vie, ce qui ne s'était encore jamais vu; après avoir littéralement pillé la Grèce il put comme dictateur disposer à sa guise des fonds publics, lesquels passèrent de sa poche dans celle de Scaurus; celui-ci étant de plus édile, fut intendant des bâtiments (publics) de Rome et sut confondre de par cette position les avantages publics de sa charge avec sa fortune personnelle !
Bien qu'il n'y ait pas à Rome de ruines de grands palais (hormis les palais impériaux du Palatin) on a toutefois la preuve de l'existence de palais privés par quelques écrivains antiques dont Varron. L'augure Aemilius avait bâti comme entrepreneur, une maison en -125 moyennant une somme très élevée.
La 1ère expédition d'Asie fut à l'origine du luxe et de la corruption qui y fut attachée, et qui à Rome firent de rapides progrès. Livius (L. 39, c.6) dit que c'est cette armée d'Asie qui apporta dans la capitale du monde un faste et des excès étranges. Depuis ce temps, l'orgueil des romains ambitieux s'accrut par de grandes conquêtes, et corrompit inexorablement leurs moeurs. Les richesses immenses accumulées dans les provinces conquises (subtilisées faut-il dire) furent souvent employées à bâtir de vastes palais embellis d'ouvrages rares pris dans ces pays. On sait que le 1er et plus connu à avoir cédé à la tentation du luxe fut Crassus, vers -100 puis en -68 ce sera Lépide qui aura la plus belle demeure romaine et à peine 35 ans plus tard il y en eut une centaine. Ciceron lui-même se permit d'acheter assez cher le fameux palais de Crassus, sur le Palatin et y employa encore l'architecte Chrysippe pour le parfaire. Et jusqu'à ce fameux Scaurus qui lui aussi entreprit son propre palais, certains disent sur le Mont Caelius, là où est de nos jours la Villa Mattei et le monastère St Georges.
Le roman archéologique de François Mazois (1819), plusieurs fois réédité pendant plus d'un demi-siècle présente ce que put être selon lui cette luxueuse résidence romaine édifiée dans le dernier siècle avant notre ère, celle d'un riche personnage de la gens Aemilia, en se fondant sur les notions exposées par les écrivains antiques. Il peut s'agir d'un Aemilius Scaurus né autour de -90, d'un mariage tardif d'Aemilius Scaurus consul de -115 avec Caecilia Metella. Une de ses sœurs Aemilia fut la malheureuse épouse que Pompée dut prendre en 2èmes noces mais qui mourut peu de temps après en couches, enceinte qu'elle était de son 1er mari. Il est certain que Marcus Aemilius Scaurus puisque tel fut son nom complet, posséda un très important patrimoine résultant en grande partie des héritages autant maternel que paternel. Il fut de plus, durant sa carrière Questeur de Pompée, Gouverneur de Syrie entre -63 et -61 où il soumit notamment le roi Aretas de la riche Petra; il a sans doute aussi été l'un des protagonistes d'une tentative de corruption durant la guerre en Judée auparavant. Par la suite il sera édile curule, eut le droit de battre monnaie, fut Gouverneur de Sardaigne car préteur en -56. A son retour il fut toutefois accusé d'avoir pillé cette île (mais ça se faisait beaucoup quand on était gouverneur !) et grâce aux talents de Ciceron il gagna son procès ! Une autre accusation suivit, celle d'ambitus mais finalement en -52 on ne parle plus de lui dans les Annales.
Il a commencé à faire construire sa "domus" de ville, un véritable palais en réalité, vers -60. Dans la défense qu'il fit lors du procès de -54 Ciceron essaie de minimiser l'importance et le luxe de cette demeure et ceci en constitue un des thèmes importants. Sans doute plutôt édifiée près du Forum Romain, la magnifique construction prit place sur une marge du Palatin, dans sa partie septentrionale, et il était facile d'y accéder depuis la Via Sacra; elle devait se situer au sud-ouest, entre la Domus Publica et l'Arc de Titus, ceci selon l'avis de la plupart des historiens actuels. Il est question notamment d'une colonne de l'atrium, en marbre, simple détail peut-être, mais qui est alors d'un luxe extrême, élément qui certifie à lui seul ce qualificatif de palais qui lui fut attribué. Les auteurs anciens disent aussi que son fils l'embellit encore en y ajoutant quelques parties.
En ces temps où une certaine décadence sociale accompagnait la dégradation politique de la république et les guerres civiles qui conduiront à l'empire, les romains (fortunés) ne cherchaient plus l'utilité de la seule distribution intelligente des pièces de leurs demeures mais tenaient à satisfaire surtout une passion effrénée et des extravagances pour lesquelles ils se livraient à une sorte de compétition au toujours plus. Ils n'ambitionnaient que l'éclat et le brillant et ne pensaient plus à l'amélioration des mœurs sociales des romains. Les salles de festin furent par ex. de plus en plus grandes (les 'veci') et de différentes sortes dans ces palais qui renfermaient souvent ....une basilique. Chaque palais vu sa grandeur occupait souvent tout un îlot, et était donc entouré par quatre rues. Les empereurs ne feront que copier dans des dimensions encore plus grandes ces premiers palais. Le rez-de-chaussée avait sur le dehors un portique au bord de la rue, constitué de piliers ou de colonnes surmontées d'arcades abritant des boutiques qui y étaient adossées, un peu comme dans nos bastides du moyen-âge. C'est encore de nos jours une façon de faire et de rentabiliser la valeur de ces façades en rez-de-chaussée, ce que l'on nomme des 'pas de porte'.
Sans pouvoir entrer dans les détails comme le fait Mazois avec minutie, on peut toutefois dire que c'est au rez-de-chaussée intérieur que la famille vivait et que l'on recevait. Les pièces y étaient distribuées symétriquement autour de plusieurs cours successives, la plus importante étant bien sûr la 1ère, celle située immédiatement après le vestibule, appelée l'atrium; c'était là que se tenaient les visiteurs, la clientèle de la maison; c'était une cour entourée de colonnes constituant un portique intérieur dont le toit incliné vers le centre ouvert recueillait l'eau de pluie et la versait dans l'impluvium central, élément souvent retrouvé dans les ruines comme à Pompéi. Les abbayes copieront à leur façon bien plus tard ce modèle par les cloîtres. Le maître, pater familias, y recevait ses hôtes dans des pièces réservées à cet effet, disposées autour, dont le tablinium sorte de musée familial, exposant les boucliers représentant les anciens et leur mérite; dans les ailes il y avait archives, bureaux et pièces d'apparat. L'atrium de Scaurus avait selon Mazois des colonnes de marbre de 38 pieds de haut; en son centre jaillissait une fontaine qui amenait en été de la fraîcheur. Les murs de ceinture étaient peints ou recouverts de plaques de marbre. Une 2ème cour, situé dans le prolongement de la cour d'apparat, abritait en général la vie privée, les pièces à vivre étant elles aussi distribuées tout autour.(cf. "Analyse architecturale de l'Italie et de l'Europe..." C. F. Von Wiebeking, 1838). Dans les plus ordinaires domus les chambres (cubiculae) étaient à l'étage.
Par l'entremise de Chrysippe qui est le cicérone guidant le visiteur (ce personnage, architecte, n'est pas le même que celui dont parle ...Ciceron) on visite successivement après l'area le vestibule et l'atrium publics, le péristyle, les appartements privés du maitre puis ceux de son épouse Lollia; mais plus encore la basilique (!, grande salle rectangulaire), puis la pinacothèque (autre musée ou collection d'œuvres picturales), la bibliothèque, les oeci (salons), l'Exèdre (salle de conversation), et le Sacrarium (ou lararium, le sanctuaire familial des dieux lares); enfin accessoirement les cuisines et les dépendances !!
Il est certain que ce palais surpassa en ce Ier S. avant notre ère ceux des autres patriciens, non seulement en grandeur mais surtout en beauté et en magnificence. Avec Aemilius Lepidus, Aemilius Paulus et Agrippa, ce Scaurus fut des plus distingués parmi les bâtisseurs privés de Rome comme Pausa le sera pour Pompéi. Pompéi, dont Mazois indique dans le Ch. III de son livre (partie "Area et vestibule") que ce fut une ville où //les Aemilius Scaurus eurent un grand nombre de possessions selon le Diction. di Antichita T. XVI de Pibro Ligonio (lettre S manuscrit)// précisant tout de suite //et il y avait à Pompéi une famille de ce nom qui était l'une des premières de la ville, si l'on en juge par les honneurs extraordinaires qui furent rendus à l'un de ses membres.// Mais il n'est pas précisé lequel !
Enfin il est vrai que Marcus Aemilius Scaurus fut surtout le beau-fils d'un certain Sylla, grande figure de la fin de la république. Son père, le Prince du Sénat, fut en effet l'époux de Caecilia Metella Dalmatica comme on l'a dit, mais elle se remaria avec Sylla et Scaurus héritera la très grande fortune de cet homme au destin exceptionnel. Sylla parvint à une position jamais alors atteinte à Rome; il obtint du Sénat des pouvoirs exorbitants dont la dictature à vie, ce qui ne s'était encore jamais vu; après avoir littéralement pillé la Grèce il put comme dictateur disposer à sa guise des fonds publics, lesquels passèrent de sa poche dans celle de Scaurus; celui-ci étant de plus édile, fut intendant des bâtiments (publics) de Rome et sut confondre de par cette position les avantages publics de sa charge avec sa fortune personnelle !