UN AMIEL MIRACULE :
Les temps anciens où la religion avait une importance essentielle dans la vie de tous, furent des temps où les miracles n'étaient pas si exceptionnels que cela; les manifestations divines voulues ou supposées permettaient d'expliquer des situations inconnues ou fatales, de solutionner des cas désespérés et de manifester surtout régulièrement la sagesse comme la puissance divine. Parmi ces manifestations figurent en première place les miracles. Et il y en eut sous de multiples formes, en tous lieux et à toutes les époques même si certaines périodes y furent plus favorables, en raison aussi des nécessités pratiques en la matière de l'Eglise. Souvent reliés à des intercesseurs divins qui permettent par leur prière de demander une faveur du ciel ces miracles étaient attribués à des saints ou des bienheureux déjà ou en passe d'être reconnus officiellement par l'Eglise. La Vierge Marie figure en bonne place dans ces intercesseurs, la mère du Christ, si favorisée pendant sa vie terrestre, est la plus proche du propre fils de Dieu, lequel ne peut qu'écouter ses prières. Les innombrables sanctuaires mariaux qui couvrent l'Europe, et la France en particulier sont toujours là pour nous le rappeler. Il en est un très ancien, placé dans le lieu insigne de la falaise calcaire de Rocamadour, toujours visité de nos jours non seulement des touristes mais aussi des pèlerins, dont ceux de St Jacques de Compostelle.
Notre-Dame-de-Rocamadour, n'est donc pas en reste parmi ces lieux écoutés du ciel grâce à la présence de sa vierge noire somptueusement habillée, majestueusement présentée, pieusement invoquée, et qui fit tant de miracles pour apaiser la misère humaine. Un livre dit "des Miracles" résultat du registre ouvert en 1172 relatant les prodiges ayant eu le cadre quercynois au XIIème S. et comportant 126 procès-verbaux de faits merveilleux dont 90 sont liés directement à des guérisons fut diffusé et encore réédité en 1907. Originellement écrits en latin ils content ce qui est arrivé d'extra-ordinaire à chacun de ces miraculés. Voici la traduction du miracle opéré sur la personne d'un Amiel qui vivait donc au XIIème S; 49ème miracle de la 2ème partie de cette recension intitulé "49- L'homme tombé d'un arbre" :
Amiel, des environs de Toulouse, était monté sur un noyer pour abattre des noix. Avec une gaule il frappait les plus hautes branches et les fruits tombaient à terre. Tout à coup, par son imprudence, le pied lui manque. L'arbre était haut de plus de 60 pieds. Craignant de s'écraser dans cette horrible chute il invoquait dans son cœur la Reine des reines dont sa bouche à peine pouvait prononcer le nom. Il tomba avec un grand fracas, mais il ne fut blessé dans aucun de ses membres, si ce n'est à une main où il éprouva une douleur bientôt passée. Ainsi protégé, le corps sain et sauf, le cœur joyeux, il aurait dû rendre grâce à sa bienfaitrice. Il l'oublia complètement et pour son malheur.
En effet, quelque temps plus tard, il venait à un moulin chargé d'un sac de blé. Comme il allait entrer, sans doute poussé par le démon, il roule dans l'eau. Il se fut certainement noyé si on ne l'eut promptement retiré. Alors il revînt à lui et comprit la méchanceté du démon tentateur. Le démon en effet, irrité contre les bons, essaie par la persuasion, des conseils, de les faire tomber.... Chaque jour il tente leur chair, la chair fait impression sur l'esprit, et qui consent à la pensée impie passe vite à l'action mauvaise. Ainsi la chair se prépare à une place dans le feu qui ne s'éteint jamais. Notre jeune homme, craignant une nouvelle attaque du démon...ne tarda plus à venir à l'église pour rendre grâces. Car c'est par les mérites de Notre-Dame qu'il avait pu, il le sait bien, échapper par deux fois aux attaques du malin esprit, par la permission et le secours de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec le Père et l'Esprit, en un seul Dieu, ayant même essence, même puissance, même gloire et même dénomination, dans les siècles des siècles. Amen
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(=> "Le Livre des Miracles de Notre Dame de Rocamadour" Chanoine Albe, Bulletin Scientifique, Historique & Archéologique de la Corrèze, T. 29; 1907).
On remarquera que la narration insiste sur le démon tentateur et ses méfaits dont un bon chrétien doit se garder, et sur l'unique rédemption possible dans le seul Dieu en trois personnes. Le miracle devient ainsi une leçon de foi, de confiance et de mise en garde si l'on s'écarte de la volonté divine. C'est enfin une assurance en puissance pour l'église qui est sur la terre de garder ses prérogatives en matière de religion.
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