dosspe10:AU NOM DE TOUS LES AMIEL

*Le MOULIN D'AMIEL à OMERVILLE* (95) :
Ce toponyme lié à la présence d'une installation meunière utilisant la force motrice du cours d'eau nommé L'Aubette, situé dans la partie nord de la commune, est connu depuis au moins le milieu du XVème S. Si la tradition meunière a aujourd'hui à peu près disparu du Vexin français il n'en reste pas moins que l'activité métallurgique légère qui a pris sa suite au milieu du XIXème S. y est toujours présente.
Un vieil acte de vente donne une description précise des lieux : "Item, un moulin à eau tournant et travaillant faisant farine siz au Hameau de Hamiel Paroisse dudit Omerville, avec une Maison attenant, consistant en une estable à vaches attenant ledit Moulin couvert de chaume, avec un corps séparé consistant en un bassier & grenier au-dessus, & cave dessous, un cellier et petite écurie à costé, le tout couvert de chaume; avec un petit jardin derrière ...". En 1834 cet ensemble commença à être sous-utilisé, comme beaucoup d'autres dans la région, c'est l'époque du développement plus industriel des minoteries, véritables usines qui accapareront tout le travail et qui seront à l'origine de ces disparitions. Mais le Moulin d'Amiel sut là aussi comme d'autres, se reconvertir : En 1852 il est transformé pour fabriquer des objets divers en métal poli et cette activité qui se limitera à partir de 1891 à des tire-bouchons se poursuivra jusqu'en 1958.
Un article assez dithyrambique d'un journaliste parisien donne à la manière d'un véritable reportage visuel l'aspect que présentait le coin d'Omerville et Amiel peu après cette transformation : "Au fond d'une vallée étroite et d'un aspect presque sauvage, à 6km de Magny-en-Vexin, s'élève, au milieu de frênes et de peupliers, un bâtiment qui ne brille ni par l'élégance, ni par la régularité, ni même par l'aspect extérieur de sa construction..., une simple habitation à un étage; sur la même ligne un vaste atelier à toiture de verre; sur une ligne parallèle un autre corps de bâtiments, servant de communs, de magasin, etc; une cour entre les deux constructions, le tout formant un carré irrégulier, fermé d'un côté par un mur percé d'une porte cochère et de l'autre par le ruisseau qui donne le mouvement à l'usine; le tout ne couvrant pas une superficie d'un demi arpent : voilà Amiel.
Tour à tour moulin farinier, filature de coton, Amiel a été brûlé, détruit, reconstruit et finalement est devenu....une importante manufacture d'objets en métal poli".
Plus loin et avec une certaine poésie le journaliste-écrivain va pénétrer dans ces lieux de l'industrie nouvelle.
"Quand on est arrivé sur la place du village d'Omerville, près de la ferme où Ninon de Lenclos passa, dit-on, quelque temps, ... et que l'on quitte la grand-route pour s'aventurer dans un chemin ...montant, sablonneux, malaisé, et de tous côtés au soleil exposé....rappelant ainsi celui de La Fontaine, ...l'on se demande où conduit cette incommode voie, qui semble plutôt mener à un désert qu'à un lieu habité.
Rien ne vient flatter agréablement la vue: des côtes arides semées ça et là de bouquets de bois; sur les bords du ruisseau, de maigres prairies que bordent de vieux saules; mais d'habitation nulle trace. Enfin à l'un des nombreux détours du dédale, ....l'on aperçoit une colonne de fumée passer à travers les peupliers; puis apparait un toit gris sur lequel s'étend un vaste tapis de mousse.
Peu à peu, à mesure que l'on descend dans la vallée, la vie semble renaître, le ruisseau resserré dans un lit artificiel bouillonne et frémit; un bruit sourd d'abord, puis plus fort, puis bruyant, annonce que l'industrie a établi là un de ses temples".
Enfin ensuite l'usine est décrite, notamment ses rouages dont les mouvements mis en branle par l'éternelle chute d'eau de l'Aubette, produisent un force motrice de 20 chevaux; une énergie distribuée à des machines servies par plus de cinquante ouvriers.
(=> d'après "Mémoires de la Société Historique & Archéologique de Pontoise, du Val d'Oise & du Vexin, 1987 p.28; et le long article-reportage de Charles Plisson paru dans "La célébrité" du 25 Mai 1865, n°18, Paris).

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