"Allons ! Bâtissons-nous...une tour dont le sommet touche au ciel et faisons-nous un nom"
Attribuer un nom c'est conférer une mémoire, celle de nos prédécesseurs souvent et même si elle se réfère à un lointain imaginaire, familial, tribal ou religieux.
Genèse 11,4.
Les cultures de l'Egypte et de la Mésopotamie, si prégnantes dans la région de la Palestine dans la Haute-Antiquité comme on l'a vu, influeront notablement les récits bibliques de la Genèse, des textes écrits sur une longue période des derniers siècles précédant notre ère. Ils utiliseront les récits de leurs temps dont les cosmogonies mésopotamiennes (la création, Enuma Elish par ex. à Babylone). Mais il y a quand même une adaptation de ces vieux textes à la nouvelle théologie hébraïque dont évidemment le concept du dieu unique; concept lui aussi éventuellement repris d'autres cultures comme on l'a évoqué (égyptienne ou plus tard mazdéenne). De même le code social d'Hammurabi sera "traduit" pour être adapté à la vie sociale des hébreux. La sagesse biblique a également une origine extérieure, cette fois égyptienne; représentée par la déesse Maat, l'équilibre du monde, elle sera intégrée dans la sagesse de Salomon ou celle des Proverbes. Etre conscient de cela permet de mieux comprendre ces vieux textes bibliques qui pourraient, sans cela, être vus comme incongrus, étrangers totalement non seulement à leur époque antique mais autant à nos modes de pensée modernes.
D'ADAM AUX HEBREUX PAR ELAM :
Bien qu'appartenant à des textes plus symboliques que véritablement historiques, tout ce qui précède Moïse ne pouvant être compris qu'ainsi, il est utile de résumer ce qui est raconté dans la Genèse, ces textes reprenant les vieux mythes antiques déjà vus et les connectant par de multiples filiations à l'histoire plus palpable des hébreux à partir de l'Exode.
La Bible dans la Genèse distingue deux périodes dans la vieille histoire des premiers âges de l'humanité; celle des origines mêmes celle de la Création, d'Adam et de ses successeurs jusqu'à Noé; la coupure dénommée le Déluge Universel séparant cette période de la suivante, véritable renouveau consécutif à ce grand lessivage mais en quelque sorte bien appauvri, permettant d'expliquer notamment notre pauvre condition d'êtres provisoires sur la terre, on a vu cela en détail. N'ont survécu au cataclysme de l'inondation que la famille de Noé, essentiellement selon la Bible, ses trois fils; ils vont à eux seuls, réhumaniser toute la Terre : Japeth s'occupera de l'Europe, Sham ou Ham (l'homme repris dans le nom Amiel ?) de l'Afrique (d'où les anthropologues nous font sortir en tant que sapiens du moins), Shem, l'aîné aura quant à lui cinq fils qui vont être à l'origine des Sémites.
De ces fils de Shem il y a Elam (Dieu El + peuple, ensemble humain homogène), ancêtre des Elamytes, la plus ancienne tribu de Perse dont la ville principale fut Elymaïs, un nom et un peuple qui font penser énormément à notre nom Amiel, vous en conviendrez (tout simplement en le retournant, pratique commune des hébreux, El-i-am); autre fils, Asshur qui sera l'ancêtre des Assyriens avec leur ville de Ninive, ensuite Arphaxad qui sera celui des Chaldéens puis des Hébreux (cf. § suivant), Aram sera lui le premier Araméen (on sait que Jésus parlera araméen) et Lud enfin sera le premier Lydien. Les Chaldéens sont bien les plus vieux des occupants connus de la Palestine, les premiers d'Israël. De Sem viennent aussi les Arabes et les Ethiopiens ce qui conduit à affirmer qu'un palestinien antisémite agirait contre ses propres origines, et pourtant !
Le fils d'Arphaxad fut Eber qui donnera son nom aux Hébreux; à la 6ème génération après lui viendra Abram (que Dieu renommera Abraham) et nous voilà parvenus enfin à ces nomades menés par Abraham depuis la Mésopotamie jusqu'en Palestine, ces premières communautés qui deviendront les Douze Tribus du peuple hébreu. C'est du moins ce qu'affirme le livre saint.
Il y a bien un rapport étymologique entre le vieil et premier nom de l'homme, Adam et Elam, voire Amiel, ils sont tout simplement des versions successives et adaptées d'un même qualificatif, celui de "l'homme" pris selon le moment comme "tous les hommes" par le nom Adam qui signifie cela en hébreu, soit ensuite par Elam nom associant El, leur dieu avec eux, les hommes, soit Ben-Ami comme on va le voir, soit enfin pour ce qui nous concerne par Amiel, (ou Eliam, Dieu El + [mon] + peuple) les hommes constituant le peuple de leur dieu El.
D'ELAM à BEN-AMMI :
Abraham qui ne s'appelle encore qu'Abram va recevoir plusieurs ordres divins concernant sa vocation, son pouvoir, la vie du peuple qu'il conduisait...Et vint la séparation d'avec son neveu Lot qu'il avait pris comme son fils, afin de pouvoir vivre chacun des fruits suffisants de leur propre terre, ce sera pour Abram et les siens le pays de Canaan, pour Lot et les siens la plaine jusqu'à Sodome. Il y eut ensuite dans cette période abrahamique des faits mémorables : des batailles contre les rois en place, la capture de Lot et sa délivrance, sa servante Agar de qui naît Ismaël, lequel sera l'ancêtre des Musulmans, son épouse Sarah qui bien vieille pourtant donne naissance à Jacob, ou encore le changement du nom d'Abram en Abraham par Dieu lui-même, l'institution de la circoncision (commune aux deux peuples aujourd'hui ennemis) et enfin aussi l'une des entorses majeures au plan divin, l'histoire de Sodome bien connue.
Les villes de Sodome et Gomorrhe furent détruites en raison de la corruption des mœurs de leurs habitants comme on le sait mais cette malheureuse histoire semble avoir eu une réalité : L'archéologue américain Steven Collins pense avoir repéré des traces de cette destruction sur le site de Tall El-Hammam, site qui pourrait figurer parmi les grandes villes antiques de l'âge du bronze au Proche-Orient; une catastrophe qui pourrait être due à la chute d'une météorite, ce qui cadrerait avec le récit biblique, celui-ci parlant de destruction "par le soufre et le feu"; des recherches autour de ce vaste lieu prouvent que la plaine fertile qui l'occupe fut cultivée pendant au moins 2500ans (durant l'âge du bronze) avant d'être brusquement désertée 1700ans av. J-C et ce pour plusieurs siècles. Devenu mythique et raconté de génération en génération, repris et adapté religieusement par le texte biblique bien plus tard, cet évènement exceptionnel fut ainsi définitivement retenu.