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Bien avant l'écriture, bien avant la constitution patiemment élaborée des mythes et la symbolique qui y est attachée, l'homme est entré en communication directe avec ses semblables par la parole. Sans doute pendant longtemps ce ne fut que par des borborygmes exprimant le minimum des nécessités de la vie quotidienne que ces communications se sont effectuées, à la manière des langages des animaux vivant en groupe. L'oralité a accompagné ensuite tout notre développement jusqu'à la traduction par l'écriture selon un codage astucieux, fixant la parole et pouvant être repris par la lecture.
Bien qu'il soit très difficile de reconnaitre dans nos langages articulés et complexes ce que furent ces sons, leurs modulations, leurs associations, leur signification, il est possible de s'en faire une idée avec le langage des nourrissons. Ces nouvelles vies arrivent assez vierges parmi la communauté humaine; bien que ces petits êtres aient déjà dans le ventre de leur mère perçu les sons émis par celle-ci, il leur faudra quelques temps après la naissance pour acquérir le langage de leurs parents et comprendre, dans le sens premier d'assimiler, cette manière d'entrer en contact avec l'entourage. Un apprentissage par mimétisme qui devance ou suit d'assez près la station debout et la marche, par un développement plus ou moins coordonné des cellules du cerveau.
Quoi de plus merveilleux qu'entendre pour la première fois dans la bouche de nos enfants les premières syllabes qu'ils parviennent à émettre et quoi de plus merveilleux pour moi que pouvoir commencer l'histoire effective du nom Amiel en vous parlant précisément de ces premières syllabes. Comme je l'ai indiqué dans le "Monde des Amiel" il est particulièrement remarquable de voir que ces premières émissions de voix sont quasiment les mêmes chez les petits humains à travers toute la terre. Et ces premiers mots enfantins, car nous, les parents, nous les considèrerons ainsi, vont tout simplement nous désigner.
Revenons donc à nos plus lointaines perceptions : Après avoir ouvert la bouche pour exprimer par des cris, des sourires, ce qui nous était nécessaire, ce que le corps nous demandait comme sa satisfaction, nous nous sommes mis à désigner par des vocalises simples ce qui nous environnait et particulièrement ceux des êtres animés qui nous entouraient et portaient sur nous le plus d'attention, que nous voyions et qui nous parlaient, nos parents bien sûr, notre pa-pa et notre ma-ma(n); ceci du moins parce que nous évoluions dans les familles hétérosexuelles, traditionnelles ou immémoriales, pour les diverses et nouvelles associations parentales, il serait intéressant de voir publiée une étude sur ce sujet si anodin en apparence mais si lourd de sens !
Dans les langues sémitiques et européennes :
- Et ces syllabes de base se retrouvent ainsi prononcées par les jeunes enfants quel que soit la langue parlée par les parents; enfin il est plus exact de dire que c'est en raison de syllabes répétées à l'envie en regardant nos parents que beaucoup de langages ont ainsi désigné ceux qui nous ont mis au monde. Je m'intéresserai essentiellement, outre nos langues d'origine indo-européennes, aux langues sémitiques anciennes dans lesquelles est né lui aussi notre nom Amiel. Le radical signifiant 'père' dans les langues indo-européennes et germaniques est "pa". En passant on peut remarquer que notre alphabet, depuis les grecs et leur invention de la "lumière des voyelles" (on reparlera du 'i' d'ailleurs), semblant se conformer à ce b.a.-ba de base, a mis en tête de liste ces deux lettres a et b du ba-billement des origines; on a par ailleurs des consonnes dites 'bilabiales' : p, b et...m. Dans les langues sémitiques du Proche-Orient c'est "ab" ou "ap" qui désigne le père : cette curiosité est à mettre en parallèle avec le sens de lecture qui est aussi inversé mais il s'agit bien de la même définition! Le bébé qui émet ce son emploie pour ce faire la labiale 'p' ou 'b', la seule différence étant donc dans la place de la voyelle 'a' utilisée pour l'émettre. De plus, en général, cette émission est redoublée et cette répétition nous fait encore mieux sentir cette diversité : papa d'où la langue articulée fera les mots comme pape ou père, parrain des langues indo-européennes, les termes en 'patr-' (patron, patrie, compatriote, patrimoine, patrice (P- aussi prénom!)....)ou 'pater-' du français ou abba, père en hébreu et d'où l'occident tirera les termes comme baptême, abbé, abbaye ou abbatiale de nos langues. Evidemment on retrouve la même construction pour la syllabe de base 'ma' ou 'am' : "ma" et donc mama, maman, marraine dans les langues indo-européennes, des termes en 'mater-' ou 'matri-' (matricule, matrice...) du français, "am" et donc amam, ammah qui désigne la mère en hébreu. En français on remarquera que ces radicaux s'interpénètrent peu : si l'on peut avoir le prénom féminin Patricia, on ne trouve pas de matrimoine, bien qu'un comité "pour l'égalité HF" (comme ils disent !) veuille en promouvoir l'usage, et à contrario pas de patricule ! Une curiosité pour la langue occitane, la langue de tant d'Amiel, doit ici être notée: Il n'y a que le mot paírin pour désigner le grand-père et le parrain et que celui de maírina pour ceux de grand-mère et marraine. Avec ces radicaux "am, ma" et "ap, pa" chaque groupe linguistique a donc forgé, selon son génie propre, un certain nombre de termes, témoignant de son unité phonétique adaptée mais aussi de la diversité de ses applications et associations.
- A partir de "pa" les langues indo-européennes et anglo-saxonnes ont déduit nombre de mots exprimant l'idée de se nourrir, de se protéger, des mots liés au verbe paître (du latin pa-bulum) via pastor (pasteur) et le ...pain (panis) aux significations symboliques fortes. En revanche, on suppose que les premiers sémites hébreux ont probablement été d'abord de tradition matriarcale avant d'être soumis par de possibles invasions de peuples migrateurs venant d'Asie centrale à la tradition patriarcale; il se peut fort que leur langue ait gardé leur vieille tradition et ait mis en avant le radical "am" : aman, se nourrir, amon (nourricier) qui fait penser, bien entendu, au nom d'un dieu égyptien dont nous reparlerons dans pas longtemps. D'ailleurs n'oublions pas que la judéité est transmise par la mère, toujours aujourd'hui. Enfin notons que, alors que grecs puis latins nommeront la réunion des familles en une cité du nom du père, d'où viennent les noms de pa-tria et po-pulus, l'hébreu les appellera pour sa part du nom de la mère, 'aum' soit nation et 'am' finira par signifier peuple comme qui dirait matrie si l'on voulait le comprendre dans nos façons de parler européennes, j'y reviendrai.
On verra qu'en effet 'am' dans Amiel signifie finalement peuple en hébreu dans la tradition juive jusqu'à nos jours; dans les temps antiques on a vu qu'il signifiait "l'homme" et cet 'am' sera souvent relié à une divinité dont Ilu, puis El; par une généralisation très lente, l'homme des vieux temps finira par s'assimiler au peuple hébreu puis juif et deviendra enfin le patronyme que nous connaissons bien.
Saviez-vous que Marie, en hébreu c'est Myriam ? C'est le nom de la mère par excellence, celle qui porta le messie selon les chrétiens. Cet homme, Jésus, enseigna à ses semblables la seule valeur qui vaille entre eux, venue par lui du bouddhisme indien selon certains, l'amour, valeur essentielle que la philosophie de ce sous-continent propageait depuis longtemps auparavant. On a là avec ce nom Marie courant chez les femmes hébraïques, aussi épelé Mariam, l'un des multiples exemples de cette vieille langue qui permettait ce genre de fantaisie linguistique. Les noms en hébreu ancien sont ainsi : non seulement les voyelles n'y étaient pas retranscrites mais les consonnes pouvaient éventuellement être inversées sans que le sens en soit changé. Nous verrons que c'est le cas pour le nom biblique Amiel. Voilà une preuve supplémentaire de ce que je viens d'écrire pour l'expression de Ma qui est comme Am ou de Pa qui est comme Ap.
- La catégorie AM appartient linguistiquement à la famille "or, our" qui regroupe les sens généraux de lumière, bonheur, sérénité. Le 'm' est signe de multitude et de force. Ce groupe équivaut aux groupes 'em,om' venant de 'om' soit chaleur, rouge se caractérisant par les significations de brûlement, bouillonnement, colère, passion vive, amour (et on le vérifie facilement dans nos langues latines modernes pour tout ce qui touche aux passions humaines et culminant pour ce qui est de notre tradition en l'amour christique universel); c'est enfin dans le même ordre d'idées, le désir. Cette racine majeure a donné par exemple en hébreu les mots : amam : être chaud, ardent; iaam : s'enflammer (remarquez la présence du même 'am' dans notre verbe moderne); amad : désirer; dam : sang; adamah : la terre rouge venant de adom, rouge, terme essentiel dans la bible désignant la terre rouge dont sera tiré Adam; amar : bouillonner; amal : avoir pitié; naam : s'apitoyer, consoler; également amets : se lever, fermenter comme le fait la pâte d'où tsama : foisonner (on rejoint là le terme peuple); aiam : ardeur; peam : charbon; baam : aimer (en vieux français amé pour aimé).
Et lorsque le terme 'am' rejoint celui de 'ab' car on l'a bien vu ces termes sont intimement liés, passant de l'élément féminin des origines (on verra qu'il y eut dans la plupart des croyances une mère primordiale) à l'élément masculin de l'apprentissage de la vie, celui de l'antique domestication et de la sédentarisation, 'ab' marquera l'enveloppement, l'union et rappellera, outre le père, les mots comme : leb : le cœur (lieben en allemand !); aab, abab : aimer, chérir dans lesquels leb vient aussi de labat, laab : flamme, vie, courage; aba, tsaba : vouloir; iaab : désirer (ces mots sont à relier aux mots semblables en am) !
Voilà un exemple linguistique frappant de la "traduction" dans les mots de l'histoire des hommes....
Dans les langues du monde :
En arabe, l'autre vieille langue sémitique on peut citer hamar, hamra : rouge; tamanny : désir; sammaa : ciel (curieusement on peut penser ici au mot ciel en allemand : himmel, terme que l'on rattachera à l'ancêtre des wisigoths bien plus loin dans cette étude). En hébreu le mot qui correspond à ciel est shamain, mot assez proche de l'arabe. Idem pour le soleil qui se dit shams en arabe et shemesh en hébreu. Quant à jour, ce mot se dit yaum en arabe et iom en hébreu ! Le tout étant proche de som : été (jours longs et chauds) en copte. Vous me direz ces langues sont parentes (sauf l'allemand mais ces syllabes lui sont sans doute parvenues via les goths!), pourtant si l'on élargit la recherche voilà ce que l'on peut trouver : demam : mot malais désignant la fièvre ou damar qui signifie lumière; en tonkinois dom c'est la flamme et tham, la couleur rouge; en kabyle timoca veut dire bouillir quand en groenlandais auma c'est la braise !
Revenons aux langues d'Europe, d'hier et d'aujourd'hui, celles des Amiel. En langue finno-ougrienne la déesse de l'amour se nomme Sukkamieli; elle est censée fléchir le cœur des jeunes filles et triompher de la fierté des garçons; elle correspond à la Vénus grecque sans toutefois le sensualisme propre aux peuples de la Méditerranée. Dans les langues anglo-saxonnes, sumer c'est l'été (sommer allemand, summer anglais): muthen : désirer (proche de mother ou muther, la mère); sham : honte (shame en anglais) mot venant de rougeur, également schaum : écume, bammerung : crépuscule (ciel rougi par le soleil couchant); bampsen : fumer ou emsig : ardent, actif. En grec plusieurs mots dont le sens est sang, âme (sacrée racine et racine sacrée signifiant ce qu'il peut y avoir de plus élevé chez l'homme et de plus noble, notion inconnue toutefois des anciens hébreux); aussi 'se mettre en fureur', désirer, encenser (là on est proche d'une définition latine, celle de l'aemulia dont notre nom peut tirer l'une de ses origines latines); le mot désignant le potage (ce n'est pas une erreur) car il s'agit de signifier simplement la chaleur qui s'en dégage; enfin jour et rendre brillant (termes liés au soleil bienfaisant).
Quelques mots à ce sujet sur le latin, la langue-mère des langues d'Europe du sud, celles de la majorité des Amiel : humus, la terre fertile, chaude, matrice de la vie végétale, que je cite aussi pour sa lointaine relation avec l'Adam biblique, c'est un mot qui a donné celui d'homme; ambô qui désigne tout ensemble de deux éléments, proche de l'occitan ambe, avec, prélude à toute une cohorte de mots commençant par 'am' relatifs à l'amitié, à l'amour, à l'a(d)miration (l'aemulatio encore) voire à la rivalité en passant par la vile jalousie (eh oui !) ou à la seule ambition, plus acceptable moralement sans doute.
Cette dimension qui fait du rapprochement humain une association, une communion, un couple, un corps, se concentre dans les racines latines encore : amo, com, cum, concuctus (de cungo-jungo, joindre) comme dans le grec ama, le sanscrit sam, samon, l'anglo-saxon samo (same, égal à, idée de communion), le français ami, ensemble, le danois san, le germanique sammt ou encore l'arabe aram équivalant à l'hébreu am. Et l'on pourrait en trouver d'autres......
(=> "Jone's Dictionary of Old testament. proper Names" A. Jones Kregel, 1997; "Panorama des langues: clef de l'étymologie" A. Latouche, Paris, 1836).
Notre nom Am-i-el réunit ces premiers babillements de chaque enfant au nom cunéiforme de l'homme et de son ou ses dieux, puis au nom premier de Dieu, du moins dans son origine hébraïque. A travers les vieux mythes et les symboles qui y sont attachés, puis par la linguistique, il porte en lui ce feu de Vénus devenu celui de Dieu, la lumière, la chaleur, le désir et l'amour, le début de toute vie humaine y est relié au principe divin de la vie, c'est ce que nous avons subodoré dans la partie des symboles et que nous verrons confirmé bientôt par le nom primitif de dieu, El.