La Terre Sainte d'Israël a été donnée par Allah aux juifs.
Il ramènera les enfants d'Israël pour reprendre possession de leur terre, les rassemblant de tous les différents pays et nations... et nous disons ensuite aux enfants d'Israël de demeurer en sécurité dans le pays.
(selon la Sourate 5 du Coran dite La Table, versets 20 à 26);
(selon la Sourate 17 du Coran, verset 104)
L'HISTOIRE DE LA "VACHE ROUSSE" BIEN CONNUE PAR LE CORAN :
Cette histoire biblique est en effet bien connue dans le Coran ou elle est nommée expressément ainsi. C'est là la seule référence à un Amiel dans le livre saint des musulmans (Sourate II, versets 67 à 73) bien que son nom n'y soit pas textuellement indiqué. Cette sourate est par ailleurs la plus longue du livre saint des musulmans; ses 286 versets parlent de cette histoire mais aussi des prophètes hébreux ou des prescriptions essentielles des fidèles de cette religion. La plus récente de ses transcriptions est trouvée dans "Qis'as' el Anbyâ" de Eth Thâalibi, imprimé au Caire l'An 1298 de l'Hégire (soit en 1920), pp. 203-204, mais cette histoire était déjà racontée du temps d'Ibn Abbas, un homme qui connut le prophète Mohamed car il fut de ses proches (1er tiers du VIIème S. de notre ère). Une histoire citée proverbialement tout comme le bélier d'Ismâ'îl, le bélier immolé par Abraham à la place de son fils Ismâ'îl que les musulmans substituent à Isaac hébreu ou la chamelle de S'alih' que le prophète de ce nom fit sortir d'un rocher pour convertir les Thamondites; toutes situations et conclusions exceptionnelles, uniques même, voulues par Dieu, par Allah puisqu'il est ainsi nommé dans l'Islam. (cf. "Revue des traditions populaires" n°10 Oct. 1909 (T. XXIV), Contes & Légendes Arabes).
L'histoire de la vache rousse :
Dans la Bible cette histoire de la vache rousse est citée dans le Livre des Nombres, Ch. 19, versets 1 à 14. Dans la sourate coranique dite de La Vache il s'agit essentiellement après le verset 51, des versets 67 à 73, qui furent réécrits d'après le livre biblique précédent. Et c'est Albufeda, un historien arabe qui, vers les XIII-XIVèmes S. racontera cette histoire en mentionnant le nom d'Hammiel. Claude-Etienne Savary traduira le Coran en français au milieu du XVIIIème S. J'ai consulté la réédition de son ouvrage de 1783 publiée en 1821 (Amsterdam & Paris, Dufour), 1ère partie, ch. II intitulé : "La vache" qui précise tout aussitôt ceci : "donné à Médine, composé de 286 versets. Au nom de Dieu clément et miséricordieux."; le texte commence par les trois lettres A. L. M., dont la signification inconnue ne le fut parait-il que de Mahomet; j'ai notamment tenu compte de la note 6 de la relation qui précise le nom de la victime : Hammiel. Voici comment le récit peut être résumé :
Il y avait parmi les hébreux du temps de Moïse un homme très riche nommé Hammiel qui n'avait que des neveux pour héritiers; ceux-ci attendaient impatiemment sa mort afin de pouvoir enfin profiter de ses biens. L'un d'eux plus pressé que les autres se résolut à hâter enfin les choses et une nuit, le tua, laissant son corps sur la "voie publique", dehors. Le lendemain le meurtrier lui-même fut éploré, il joignit ses pleurs à ceux des autres neveux. L'évènement fut porté à la connaissance de Moïse (Musa dans le Coran) lequel pria Dieu (Allah) de lui désigner le meurtrier. Et Dieu demanda aux hébreux d'immoler une vache. Au début les hébreux prirent cette demande pour une plaisanterie mais devant la volonté manifeste divine ils se mirent alors à chercher des prétextes pour éluder ou contourner, retarder, voire rendre impossible la demande. Ils voulurent savoir, par l'intermédiaire de Moïse quelles devaient être les caractéristiques de cette vache : outre son âge et sa couleur, (c'est ce qui posera le plus de problèmes, rousse et sans tâche, même pas un poil d'une autre couleur !), le fait qu'elle n'ait pas été "approchée" par un mâle, qu'elle soit libre (qu'elle n'ait jamais porté de joug, donc qu'elle n'ait jamais travaillé pour les hommes), parfaite en somme et pure. Il fallait donc trouver "l'oiseau rare" et les hébreux n'en trouveront parait-il que neuf exemplaires durant tout le temps entre cet évènement et la destruction du second Temple (en +70) ! car cet ordre fut considéré comme une loi en pareil cas ensuite. Mais revenons à l'histoire. Quand ils l'immolèrent (tâche du grand-prêtre bien entendu) enfin après en avoir trouvé une parfaite, avec du bois précieux (cèdre), de l'herbe (hysope) et du tissu rouge (cramoisi), il leur fut demandé de frapper le corps cadavérique de ce pauvre Hammiel avec un morceau de l'animal (certains disent sa langue, on va voir pourquoi) et là se produisit un miracle : Le cadavre d'Hammiel se leva, ouvrit la bouche pour nommer son meurtrier et mourut à nouveau ! .
* Son interprétation pour les juifs :L'exemple donné par cette très vieille histoire dont la célébrité dans ces temps antiques fut donc jugée digne de figurer dans le Coran au VIIème S. a une certaine importance chez les juifs depuis très longtemps. Elle se situe semble-t-il après l'épisode plus connu du Veau d'Or (raconté en Exode, 32), cette idolâtrie mettant l'accent sur la non-exclusivité du monothéisme au temps de Moïse, au moment même où celui-ci monté au Mont Sinaï y recevait de Dieu les fameuses Tables de la Loi, ce qui le mit en colère, cassant les fameuses Tables d'origine avant de se ressaisir et en confectionner des copies; Dieu qui, bien peu connu en ce temps-là chez les hébreux, doit encore se faire sa place unique dans leurs âmes en combattant et détruisant toutes leurs divinités ancestrales (notamment la complémentarité du dieu et de son épouse-déesse). Et la vache rousse va en quelque sorte effacer définitivement cette fâcheuse histoire du Veau d'Or par son sacrifice expiatoire de purification (Deut. 21, 1-9 et Nomb. 19, 1-11), lequel s'imposera ensuite durant plus de mille ans mais s'arrêtera lorsque le temple sera détruit pour la seconde fois comme je l'ai déjà indiqué. De plus cette histoire est significative du rapport entre la vie et la mort, valorisant le bien sur le mal, annonçant, plus de mille ans avant, le message de Jésus pour lequel l'amour est plus fort que la haine. Il suffisait lorsque cela était nécessaire pour une purification d'un vivant ayant touché un mort, de mélanger une partie des cendres du sacrifice précédent avec de l'eau lustrale, courante, symbole de la vie et de la pureté. Ce rite majeur (qui ne fut même pas compris par le sage roi Salomon parait-il) prescrivait en effet de conserver les cendres de l'immolation de toute vache rousse dans un vase à l'abri du Temple. Je retiendrai le nom d'Hanameel dans le nombre de ceux qui furent les sacrificateurs d'une vache rousse; on le qualifie curieusement d'égyptien; il vécut au Ier S avant notre ère. Le second Temple ayant été détruit par les romains en +70, il ne peut plus y avoir de rite de purification car on ne peut conserver désormais ces cendres purificatrices. C'est d'ailleurs une question toujours actuelle pour les juifs : si le Temple venait à pouvoir être reconstruit (et certains y pensent) il serait possible d'y conserver à nouveau des cendres de l'immolation d'une vache rousse que certains éleveurs parait-il cherchent d'ores et déjà à sélectionner (la science moderne sait faire ce genre de manipulation, en Israël mais aussi aux Usa, l'autre pays des juifs). Le Coran quant à lui rattache simplement cet évènement à un meurtre et non à un tel sacrifice. Chez les juifs il s'agit véritablement d'un décret divin par excellence qui permet de rendre pur ce qui est impur. S'il est probable que cette loi fut insérée après l'épisode du Veau d'Or et à dessein, on peut aussi relier la vache rousse à sacrifier à l'antériorité du séjour des hébreux en Egypte. En effet on doit remarquer que les égyptiens adoraient parmi leurs dieux la déesse Hator qui était représentée par une "vache dont la chair était en or" ce qui rappelle immanquablement par analogie ce que nous venons d'écrire sur le caractère roux de l'animal. Elle était liée à la résurrection comme à la mise au monde, dans l'Egypte antique comme en terre de Palestine. De plus cette procédure de l'ouverture de la bouche d'un mort avec une partie de bovidé y était bien établie. Cette vache rousse représente en somme un pôle positif vis-à-vis du négatif représenté par le Veau d'Or; celui-ci rappelant Hator, déesse de la fertilité et de la protection, c'est précisément ce que demandaient les hébreux en s'en plaignant à Moïse qui les avait fait fuir dans le Désert, se trouvant sans confiance, sans avenir. Le Livre des Morts d'Ani décrit exactement le rituel dans l'Egypte antique et il est certain que c'est dans cette tradition que Moïse ou les hébreux l'y ont puisé; Ani aurait vécu sous Séthi Ier ou Ramsès II, c'est à peu près le même temps où les hébreux s'enfuirent, sous la conduite de Moïse, hors d'Egypte (voir ce sujet dans mes pages).
* Chez les musulmans :
Selon le contexte du récit coranique de cette vache rousse il semblerait que le mort en question, Hammiel, soit à considérer comme l'un des prophètes (le Coran en recense 1000, un nombre qui est à voir simplement comme significatif de l'importance que le livre attribue aux prophètes sans doute); un prophète tué injustement comme cela est évoqué dans les versets et dans le style biblique lui-même, décrivant longuement les persécutions de nombreux prophètes (Coran, II, 61). Et de même (selon le Coran, V, 24-25) il ne devait plus exister à la fin de l'Exode d'autres prophètes que Moïse et Aaron lorsque les tribus d'Israël furent aux frontières de la Palestine : Josué deviendra prophète et roi seulement après l'entrée en Palestine.
* L'histoire hébraïque et christique vue par le Coran :
De l'histoire hébraïque le Coran retient par exemple qu'il y eut selon lui 104 livres "descendus du ciel", révélés, pour être "remis" aux prophètes; parmi ces livres saints ceux de Seth, d'Enoch, du Pentateuque de Moïse, les Psaumes de David, l'Evangile de Jésus et bien entendu le Qor'ân de Mohamed (Mahomet). Le Coran résume par ailleurs l'histoire prophétique des juifs, depuis Abraham (et même Noé), parle de Job ou David, de Yahya (Jésus) ou d'Elie...comme aussi des douze tribus portant pour eux les noms de douze prophètes. Mais au-dessus de tous ces mille prophètes sont Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohamed, ce sont des Oûloû l-'azm, des hommes doués de constance selon l'expression du Coran (Ch. XLVI, vers. 34). Voilà qui nourrit encore les rapports évidents entre les trois religions monothéistes.
* A propos de Moïse :
Certains prétendent que El-Khidr présenté comme un proche de Moïse dont le Coran toutefois ne cite pas le nom mais qui semble être évoqué dans une sourate, fut un descendant d'Arphaxad, fils de Sem (l'ancêtre des sémites, autant des juifs que des ismaélites donc) et Sem lui-même fils de Noé comme on le sait. D'autres disent qu'il était "fils d'Amil" de la descendance d'Abraham : On a là un nom sumérien qui est souvent trouvé dans les écrits cunéiformes (cf. page sur Amil) ...notamment le roi Amil-Marduk bien connu ; c'est une référence inattendue à notre propre nom en tous cas, un nom aussi arabe sous cette forme.
(=> pour les deux derniers § "Le livre de la création et de l'histoire" T. III, manuscrit de Motahhar Ben Tahir El-Maqdisî et attribué à Abou-Zéid Ahmed Ben Sahl El-Balkhi, traduit par Cl. Huart; Paris, Leroux, 1903).
* On en parle aussi ailleurs :
- Le philosophe antique Apollonius : Au Ier S. de notre ère, ce néopythagoricien qui fut comparé à Jésus de Nazareth et adulé voire adoré, fut notamment un grand voyageur. Par Philistrate qui a écrit sur lui on sait qu'il arriva un jour à Ninive; là la 1ère chose qu'il voit c'est la statue d'Io, l'Isis de la Nature, mais représentée en son 1er état, celui d'une génisse, avec les deux cornes qui commencent seulement à poindre, d'où la fameuse vache de Moïse et Miriam, celle aussi qui sert d'exergue au Ch. V du Coran dont on vient de parler. C'est l'image animale de la Vierge, la vertu nourricière de la mère chrétienne du monde et le Veau d'Or correspond alors à une renonciation sacrilège à la promesse du Messie son fils.
- La "Revue des Traditions Populaires" (1909) p. 338, a repris récemment l'histoire biblique et coranique d'une façon analogique en l'enjolivant.
Un chasseur avait pris un moineau vivant et ce frêle animal se mit à invectiver le chasseur ainsi : Par Dieu, sot que tu es, par Dieu, quand (même) je serais la vache des Israélites ou la chamelle de S'alih ou le bélier d'Ismaïl, tu ne me parlerais pas ainsi ! Il faut savoir que le chasseur voulait littéralement dépecer le petit oiseau, pour utiliser toutes les parties de son corps, y compris son duvet pour des coussins, son bec comme gouttière pour recueillir la pluie ou ses griffes comme hameçons. Tu ne me parlerais pas ainsi car je ne puis en tout te fournir qu'une maigre bouchée, lâches-moi et tu t'en trouveras bien ! La légende finissant par cette morale : Je t'enseignerai trois paroles : la 1ère, ne regrette pas ce qui est passé; la 2ème, ne te réjouis pas de ce qui est en train d'arriver; et la 3ème, ne crois qu'à ce que ton œil a vu. Et le chasseur ayant réfléchi et étant devenu sage, relâcha l'oiseau qui s'envola....
Le texte précise qu'il s'agit bien de voir là l'histoire dont la trace est insérée dans le Qorân mais introduite différemment :
Un pauvre homme avait abandonné à la garde de Dieu sa vache dans le désert. Après sa mort, son fils étant devenu jeune homme, sa mère, qui était pauvre aussi, l'envoya chercher la dite vache; l'animal devenu sauvage se laissa attraper, ce qu'aucun n'avait réussi jusque là. Un ange lui conseilla de la garder et de ne la vendre que pour la quantité d'or que contiendrait sa peau (d'où sa couleur unique et l'allusion au Veau d'Or).
On a vu dans la relation initiale la suite qu'eut ce simple fait divers dont les conséquences religieuses furent essentielles. La fameuse vache fut la seule à répondre aux exigences divines imposées et les hébreux durent payer très cher cet animal afin de respecter les nécessités des rites relatifs aux morts.