LE MIME JEAN-PIERRE AMIEL :
Il nait en 1948 à Aarau, chef-lieu du canton suisse d’Argovie, dans le Mittleland, au nord de la confédération mais il grandit au Maroc et dans divers pays d’Afrique. Il descend des nombreux Amiel de Mazagan par son père juif portugais et espagnol; par sa mère il est suisse et tchèque d’origine. Dès sa jeunesse, il suit des cours d’expression théâtrale, est influencé par les danses africaines et l’art du masque. Rentré en Suisse, à Lausanne, à l’âge de 18 ans, il devient l’élève de Paul Pasquier, puis pour trouver un style plus corporel, il étudie la danse classique avec Simone Suter, et à Paris la danse moderne avec Karine Wahner. Il apprend le mime avec Marcel Marceau (1970-72) dont il sera un brillant élève, avec aussi Étienne Decroux, et à Prague avec Ladislav Fialka. En Tchécoslovaquie, il s’initie à l’art de la marionnette avec Jiri Trnka. Ce polyglotte que l‘on dit fonceur et entier, multipliera les échanges internationaux.
Dans ses spectacles, il s’appuie sur ces divers arts scéniques (théâtre, jeu burlesque, mime, danse, marionnette, musique), et croise les différentes traditions européennes avec les cultures d’Afrique et d’extrême-orient, du Vietnam ou du Cambodge où il séjourne souvent. Il devient l’un des mimes les plus célèbres au monde, présentant ses spectacles dans pas moins de 72 pays. Parmi ses réalisations, on se souviendra notamment de son premier spectacle et premier succès Un jour la terre (1988), mais aussi de Ulysse, Ulysse (1990) ou Spirale (1993), sans oublier sa chorégraphie composée pour le film de Jim Henson Dark Cristal (1982). Metteur en scène et comédien, il sera aussi le marionettiste du Muppet Show. En 1997, il présente La Belle et la Bête, qu’il tourne en Suisse romande puis, en version bilingue, en Suisse allemande et en Allemagne (1999/2000).
Il s’oriente de plus dès ses débuts vers un travail pédagogique, cherchant à développer chez les enfants et adolescents la création artistique par le biais de l’expression corporelle. En France, il fonde ainsi, en 1986, au Fort de Tour Neville du Havre, la "Compagnie Amiel-Théâtre du corps", avec son épouse Claude Godefroy. Elle dirigera à ses côtés la scène dévolue au jeune public créée en 1991, mission d’état que le mime assurera avec passion. La même année, il ouvre un atelier d’art dramatique dans le cadre du Centre culturel français de Pointe-Noire au Congo, qu’il nommera simplement "Compagnie Punta Negra" dont il assurera la direction artistique, faisant construire un espace approprié avec du matériel récupéré dans divers théâtres d’Europe. En Suisse, "l’Aiglon College" de Villars organise chaque année depuis 1974 un stage sous sa direction accueillant une cinquantaine de jeunes pour divers ateliers de mime, théâtre, jeu burlesque, danse africaine, percussion, voix, arts du cirque.
Comme principales distinctions, il a reçu en 1988 le premier prix au Festival d’Édimbourg, en 1990 la médaille d’or au Festival de Belgrade, en 1993 le prix du Public au Festival de théâtre de Séoul.
Enfin il est le père d’Elsa Amiel ci-après.
(=> écrit d’après : Borgeaud, Claude-Anne: Jean-Pierre Amiel, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 45–46. Article de L’Express - Vie culturelle - A la une - 28/06/2001).
ELSA AMIEL Réalisatrice de cinéma : (article complémentaire)
Fille du mime Jean-Pierre Amiel, elle nait en France en 1979. D'abord actrice ("La Chose Publique" (2003) film de Mathieu Amalric) elle s'intéresse à la réalisation. Elle devient l'assistante de M. Amalric, puis 1ère assistante dès 2004 sur les films "Le Pont des Arts" d'Eugène Green et "Le Silence" d'Orso Miret. Elle a travaillé aussi sur "Cache-Cache" en 2005. En 2008 elle participe à "Nulle Part, Terre Promise" d'Emmanuel Finkiel. Elle tourne quelques courts métrages et se lance dans la réalisation d'un long métrage en 2016 avec comme l'un des acteurs... Mathieu Amalric. En janvier 2019 sort de sa main sur les écrans, "Pearl" dont voici le thème: Léa Pearl s’apprête à concourir pour le prestigieux titre de Miss Heaven. Son entraîneur, Al, espère, grâce à elle, revenir sur le devant de la scène et rien ne pourra les détourner de cet objectif… Mais à quelques heures de la finale, Ben, l’ex-mari de Léa débarque avec Joseph, leur enfant, qu’elle n’a pas vu depuis 4 ans...Une oeuvre de l'étrange, sombre et fascinante, dont l'intensité psychologique dépasse largement l'exercice de style téméraire. Bouleversant. (critique cinéma, site internet "à voir à lire, 148/01/2019).