Parmi les plus beaux noms
Leurs noms sont les plus beaux
Inscription en lettres d'or gravée dans le marbre du monument
aux morts du petit village de Nébias (Plateau de Sault, Aude).
aux morts du petit village de Nébias (Plateau de Sault, Aude).
NB : Il est difficile de noter tous les soldats de notre nom inscrits sur les monuments de nos villes et villages; à travers les quelques noms ci-après je rends hommage à tous.
Cette 1ère guerre dite mondiale puisqu'elle a touché de nombreux pays, a vu en France directement envahie par les allemands, la participation obligatoire de tous les français en âge de "porter les armes" comme l'on disait. Il est patent de dire qu'ils venaient des "quatre coins" du pays mais ce furent surtout des pauvres gens originaires de deux régions principalement, non touchées directement par le conflit : la Bretagne et l'Occitanie. Dans ces deux régions les particularismes, notamment linguistiques étaient encore très forts; on en a une pleine conscience lorsque l'on sait que ces soldats ne parlant pas français (eh oui !) mais leur langue ancestrale, ne comprenaient pas nécessairement les ordres qui leur étaient donnés et sont souvent morts de ce fait ! Cela est peu su mais devait être dit.
Parmi ces occitans, de nombreux Amiel sont inscrits en lettres d'or sur beaucoup de monuments aux morts de France, surtout dans la moitié sud bien entendu. Dans l'Aude j'ai pu noter au moins 15 porteurs du nom, les voici : Joseph de Labastide d'Anjou, Antoine Jean de Villarzel-du-Razès, Augustin (ci-après notice) un autre Augustin, Henri et Albert Jean tous de Lézignan-Corbières, François Esprit de Caunes-Minervois, Jacques dont on ne sait rien, de même Jean-Baptiste, Jules Emile de St André de Roquelongue, Joseph Camille inconnu lui aussi, Paul de St Martin-Lalande, Joseph Antoine Aristide de Puichéric, Vincent de Brézilhac, Marius Clément François de Belflou, René Joseph Marius de Cuxac-Cabardès. Il faudrait parler aussi de ceux qui sont revenus mais souvent déchiquetés à vie dans leur chair, tous dans leur âme et ne pas oublier non seulement les veuves qui ont dû faire face, mais surtout leurs enfants, devenus pupilles de la Nation et il y en eut dans toutes les communes.
Le conflit s'est déroulé essentiellement sur le sol du nord et de l'est de la France entre Août 1914 et le 11 Novembre 1918, date de l'Armistice. Cette date fatidique de la défaite allemande aura de graves conséquences par l'application du Traité de Versailles. Les termes de ce traité exacerberont la superbe allemande et conduiront à un autre conflit mondial d'une ampleur encore impensable alors, deux décennies plus tard à peine.
Une SALE GUERRE :
Comme tous les hommes en âge d'être mobilisés, ce simple agriculteur de Lézignan-Corbières dans l'Aude dut partir défendre son pays, la situation politique internationale européenne ayant conduit à la nécessité de contrecarrer l'hégémonie de l'Empire allemand Austro-Hongrois, et pour ce qui concerne en particulier la France, de réparer l'insulte de la guerre précédente, celle de 1870-71 au cours de laquelle, défaite et humiliée, elle perdit une partie de son territoire, l'Alsace-Lorraine. Un seul mot d'ordre pour les Français, "Il faut récupérer l'Alsace et la Lorraine !" annexée par les allemands depuis trop longtemps. On connait la suite, l'invasion par la Belgique, des massacres de soldats comme on n'en avait encore jamais vu de la Somme à la Champagne et la Lorraine, des blessés en nombre par des armes nouvelles à la puissance décuplée dont des chars et les premiers avions, des gaz mortels, la guerre de position et des tranchées, l'anéantissement sur des surfaces énormes, un front immense, la participation d'armées du monde entier pour enfin arracher la victoire des démocraties et imposer la paix aux teutons....
AUGUSTIN AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1918 :
Augustin est le fils d'Auguste Hippolyte Amiel et de son épouse Elodie qui résidaient à Lézignan-Corbières où ils étaient probablement déjà eux-mêmes viticulteurs; la viticulture régnait alors en maître dans la majeure partie du département, s'imposant comme monoculture elle faisait vivre toute la population de ce temps-là, ce n'est plus le cas de nos jours. Il naît le 12 à moins que ce ne soit le 25 Novembre 1879. On sait que lui-même fut propriétaire à Lézignan en 1899. Il effectue son service militaire de 1900 à 1903 (eh oui non seulement c'était alors et pour longtemps encore obligatoire mais ça durait en plus 3 ans) notamment à l'Etat-Major de son régiment, le 99ème Régiment d'Infanterie. Il a donc 35 ans lorsque le conflit armé s'ouvre et les hommes étaient mobilisables encore pendant une grande partie de leur vie : Il sera mobilisé dans différents régiments d'infanterie. Bien que l'on connaisse ses différentes affectations je ne vois pas trop l'utilité de donner ces détails administratifs. Retenons seulement qu'il fut blessé le 29 Juin 1917 à l'avant-bras par une balle allemande de shnarpel; soigné pendant près de 9 mois, une fois guéri il dut repartir se battre et il rejoindra l'Infanterie le 23 Mars 1918. Il participera alors à l'Offensive de l'Avre pour la libération de Roye dans la Somme. Blessé à nouveau mais cette fois très grièvement, le 5 Septembre 1918, il meurt exactement 2 mois avant l'Armistice, soit le 11 Septembre 1918, dans une ambulance de fortune dressée à Andéchy (Somme).
Il aura donc effectué pas moins de 49 mois de guerre pour finalement y sacrifier sa vie. Son lieu de sépulture ne semble pas connu des autorités et archives militaires. Son décès au Champ d'Honneur, c'est ainsi que l'on disait alors, ne sera noté dans les registres de l'Etat-Civil de Lézignan que le 2 Avril 1920, et de plus dans de curieuses conditions: "après un jugement de constat de décès" daté du 3 Mars 1920 rendu par le Tribunal Civil de Narbonne; il était pourtant d'usage de réserver ce genre d'acte pour officialiser la mort de soldats disparus, ce qui ne fut pas son cas. Tout aussi curieusement son nom figure sur deux Monuments aux Morts, celui de Lézignan où il était né mais aussi celui de Trèbes, près de Carcassonne où il s'était probablement installé.
(=> "Trèbes et la Grande Guerre, Mémorial d'un village de l'Aude dans la Grande Guerre 14-18" Blog internet, article du 9 Mars 2013).
MARIUS JEAN AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1914 :
Il était né à St Thibéry (34) en 1892. Il est mort le 2 Novembre 1914 à la ferme de Metz, commune de l'Aisne; il était un simple soldat de 2ème classe du 2ème Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs; il a été atteint par l'ennemi au désastreux Chemin des Dames.
ANTOINE AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1916 :
Il était né en 1872 à Alger, dans ce département d'Algérie qui était français depuis 1830. caporal au Ier Régiment de Zouaves, il est mort le 17 novembre 1917 à l'Hôpital de Valence (Drôme) à la suite d'un "accident en service commandé", motif indiqué sur sa fiche signalétique qui lui a valu cette triste distinction honorifique.
JACQUES AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1917 :
De son nom complet Jacques Désiré Amiel est né en 1885 à Larouin (64); adjudant au 218ème Régiment d'Infanterie, il est tué par un éclat d'obus le 15 juillet 1917 dans l'Aisne, près du Chemin des Dames. On ne sait rien de ses restes.
ARNAUD AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1917 :
Arnaud Amiel est natif d'Auragne (31); simple soldat de 2ème classe, il appartint au 332ème régiment d'Infanterie et de lui on ne sait que peu de choses : il décède à l'ennemi lors de "l'offensive Nivelle" du 16 avril 1917. Seule la transcription de son décès faite en 1920 dans la commune de Montbrun (31) où il devait avoir son domicile est connue.
RENE AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1916 :
C'est par le journal L"Express du Midi du 15 septembre 1916 (doc. Bibliothèque de Toulouse) que je retranscris ici qu'à l'instar d'autres journaux régionaux sans doute, les décès de soldats furent connus localement. La chronique régionale pour l'Ariège donne avis de la mort au combat d'un jeune soldat de Mirepoix ainsi : "Notre jeune compatriote René Amiel est mort au champ d'honneur dans la Somme. Engagé volontaire à 17ans pour la durée de la guerre, il brûlait du désir de se battre. Soldat au ...ème d'Infanterie, versé ensuite dans un régiment du ...ème Corps, il est tombé le 1er jour de l'offensive glorieuse de la Somme." Les .... ne veulent pas signifier que le journal ne connaissait pas ces renseignements mais surtout qu'il était interdit de les indiquer ! Secret militaire oblige; c'est d'ailleurs lors de cette guerre que fut inventé par un soldat postier le système d'adressage par secteur postal qui permettait d'envoyer (et recevoir) du courrier à destination ou en provenance des zones de combat sans que les familles sachent où se trouvait leur parent soldat; le courrier (lettres et colis) fut le seul lien que les soldats purent entretenir avec leur famille et ce courrier contrôlé par les autorités ne devait contenir aucune référence à la zone de combat ni aucune opinion sur les engagements militaires comme politiques.
JEAN BASILE AMIEL MORT POUR LA FRANCE EN 1915 :
Jean Basile Amiel était adjudant. Il est mort pour son pays en 1915 et son nom est inscrit sur trois monuments aux morts : à Mercus-Garrabet (09) où il est probablement né, mais aussi dans le Morbihan, à Vannes et à Cléguérec où il devait demeurer. Il appartenait au 168ème régiment d'infanterie.
Citation dans un roman :
C'est dans le roman "Une enfance au-deçà des Pyrénées" de Louis Soler (L'Harmattan, 2000) que cet auteur raconte un hommage annuel aux morts de la Grande Guerre devant un monument aux morts, un 11 novembre, anniversaire de l'armistice; chaque nom inscrit en lettres d'or est cité suivi invariablement du titre posthume "Mort pour la France"; parmi ces noms il cite celui de Hyacinthe Amiel.
MORT POUR LA FRANCE et Décoré à titre posthume :
De telles marques de reconnaissance de la nation furent attribuées à des soldats bien après leur décès et même bien après la fin de la guerre : un journal officiel de 1927 cite Albert Amiel qualifié par le décret de "brave soldat" mort au combat en 1915 à qui est attribuée la Croix de Guerre.