JEAN AMIEL EDITEUR-LIBRAIRE:
Jean Amiel naît à Limoux, la capitale de la Haute-Vallée de l'Aude, de la Blanquette et du Carnaval authentique, le 9 Février 1882. Le Dictionnaire des Audois le fait naître pour sa part à Bellegarde-du-Razès, c'est à côté ! Il est le fils de Jean Amiel, tailleur d'habits et de Françoise Labadie. Comme son père, après de brillantes études aux Ecoles Chrétiennes de Carcassonne, il sera tailleur d'habits mais se tournera vers le journalisme. Ses premières chroniques paraissent dans "Le Télégramme".
Il se marie à Carcassonne en 1906 et s'y installe. C'est dans la ville préfecture qu'attiré par l'histoire et la littérature, il va ouvrir après la fin de la Grande Guerre une librairie. C'est à Carcassonne aussi qu'il va créer une association catholique dénommée "Comité Saint-Régis" en 1919; ce saint prédicateur qui deviendra le patron des Jésuites de France. Jean Amiel contribuera à populariser le nom de St Jean-François de Régis dans son Aude natale, notamment au lieu de Fontcouverte où il est né en 1599; il publiera d'ailleurs une plaquette à destination des pèlerins locaux. Mais il n'en poursuit pas moins sa carrière journalistique dans plusieurs journaux comme "L'Ami du Peuple", "L'Echo de l'Aude" ou "Le Courrier de l'Aude". Il fut encore Directeur de l'Annuaire de l'Aude. Son fils Frédéric étant mort en déportation lors de la 2ème Guerre Mondiale, il s'en va à Toulouse reprendre son atelier de reliure et formera ses petit-fils à cette activité artisanale. Il n'en continue pas moins à écrire, réveillant pour quelques années la vieille revue régionale "Mosaïque du Midi", organisant des conférences et surtout fondant parallèlement à l'atelier de reliure, une 2ème librairie, avec édition sous l'enseigne "Au livre du Pays".
Dès 1909 il publie une série de plaquettes intitulées "Mes veillées littéraires" bientôt suivies, en 1911, par une présentation de "La Bibliothèque Publique de Carcassonne" qu'il lui serait bien difficile de reconnaître de nos jours diluée qu'elle est dans une Bibliothèque de l'Agglomération ! En 1919 il révèlera le 1er autographe du poète révolutionnaire et audois, André Chénier; celui-ci n'avait que 9 ans lorsqu'il apposa "d'une main déjà sûre" sa signature sur un acte de baptême le "12ème de Juin 1771". Il se fera connaître vraiment en 1928 en republiant une oeuvre d'histoire locale "L'Histoire des Antiquités et Comtes de Carcassonne" de Guillaume Besse qui ne se trouvait qu'en de rares exemplaires chez les érudits ou les bibliothèques locales. Pensez! La 1ère édition datait de 1645; on y trouve, entr'autres la légende de Dame Carcas, fondatrice mythique de la fameuse Cité quasiment bi-millénaire. Après son recueil biographique narrant la vie de "Six Ataciens célèbres" en 1929 (voir détail ci-après), il poursuivra la même année avec "La vie amoureuse et tragique d'André Chénier" et "Le fait de Fontcouverte" sur son saint préféré, puis il publiera "La maison de St André" en 1931, sur l'hôtel particulier de François II de St André, bourgeois drapier, sis 65, rue de la Préfecture à Carcassonne, qui hébergea un temps l'évêché carcassonnaise et qui abrite maintenant la préfecture audoise, puis "La Vie & les Mémoires de Delphine Roumieux 1830-1911" en 1936 aux Méridionales à Nîmes et un certain nombre d'opuscules et ouvrages sur ce fameux Saint Jean François (de) Régis qu'il admirait tellement "Avec St Jean-François de Régis....", "Petite vie illustrée de St J-F de Régis", "Album souvenir de Fontcouverte" et sur des personnalités audoises comme l'écrivain Henri Bataille (de Moux) ou le fantasque et génial Charles Cros (l'inventeur et poète de Fabrezan) (in "Dans un même coin lumineux du vieux pays atacien, un curieux et fameux trypyique...." (1956)), sur "Le révérend-père Clément Cathary S. J. (1828-1863) Missionnaire de Madagascar" (1957), sur d'autres encore. Dans "Six Ataciens célèbres" il brosse des biographies rapides de Guillaume Besse, historien ancien de Carcassonne, André Chénier, le poète et révolutionnaire guillotiné, Guillaume Peyrusse le Trésorier Général du Ier Empire, Charles Cros (à nouveau), Edouard Ourliac, écrivain leste estimé de Balzac et Achille Rouquet, écrivain régionaliste carcassonnais. Mais on l'aura compris il vouait vraiment un culte particulier à cette grande figure de l'Eglise que fut St J-F de Régis, qui partit réévangéliser le Vivarais, cette région montagneuse assez isolée de l'Ardèche, au XVIIème S.; mort à La Louvesc, son tombeau y est toujours l'objet de pèlerinages importants; son village natal non plus ne l'a pas oublié et le célèbre tous les ans pour sa fête en Juin.
Jean Amiel fut un brillant autodidacte, très attaché à son sol natal et sans doute un peu déçu dans ses ambitions littéraires. Quoi qu'il en soit il fut surtout un publiciste forcené soucieux de défendre et de faire connaitre la Belle Aude. Il tira de l'oubli, comme je viens de l'écrire, plusieurs figures de l'histoire audoise et d'autres encore comme "Le libraire Jean-Baptiste Lajoux et ses fils (1786-1873)" une famille carcassonnaise de l'édition, ou analysa certains rapports de personnalités, comme "St Jean-François Régis et le St Curé d'Ars" qui ne parut qu'après sa mort, en 1969. Il fit aussi des communications diverses, dans les années 1930 surtout, à la Soc. d'Etudes Scientifiques de l'Aude dont il était un fervent membre, comme celle sur "Le nom des tours de la Cité" en 1929, article réédité d'ailleurs en 1981, des biographies résumant certaines de ses publications (Charles Cros, Labouisse-Rochefort poète de l'hymen, Pauline Fourès maîtresse de Napoléon....) voire des rectifications de l'histoire comme celles sur Mahul. Il avait même choisi le surnom littéraire de "Jean d'Atax" soit Jean l'Audois, ou de l'Aude, Atax étant le vieux nom pré-romain (Aldae sous les romains) du fleuve éponyme qui lie toutes les facettes de ce département dont on dit, avec juste raison (j'en sais quelque chose) qu'il est un résumé de la France. Pour le Dictionnaire "Les Audois" il est l'un des principaux érudits audois du XXème S. Il fut nommé Officier de l'Instruction Publique en 1932.
Il meurt à Toulouse le 15 Février 1964.
(=> notamment le "Dict. Encycl. de l'Aude" s/s la direction de G. Jean, T. I, Carcassonne, 2010; Dictionnaire "Les Audois" s/s la direction de R. Cazals & D. Fabre, Carcassonne, FAOL, 1990).